Israël Meïr de Heidelberg est identifié comme le scribe de la Haggadah de Darmstadt, mais il se pourrait qu'il n'en soit pas l'enlumineur. Le commanditaire de la Haggadah semble être à l'origine des illustrations qui, loin d'évoquer la sortie d'Égypte, dépeignent plutôt des scènes de femmes assises aux côtés de maîtres, souvent leurs aînés. Cette représentation des femmes est peu commune dans les Haggadot. À l'époque de la Michna, le repas du Seder était essentiellement une affaire d'hommes. La destinataire de cette Haggadah était donc probablement une femme érudite, capable de lire l'hébreu, ce qui la distingue dans son contexte historique et culturel.
Au 13e siècle, la Haggadah s'est affirmée comme un ouvrage indépendant. De taille modeste, les Haggadot étaient souvent richement enluminées, destinées à être offertes en cadeau. Sur un feuillet de la Haggadah de Darmstadt, datant du 15e siècle, trente-deux personnages sont représentés à l'intérieur d'un édifice de style gothique, plongés dans l'étude et la discussion, la plupart tenant un livre en main.
L'architecture du monument, de style gothique, se distingue par son élévation. Les arcades, complétées par des rangées de petites arcades, les croisées d'ogives et les piliers qui montent du sol jusqu'aux clés de voûte, renforcent la verticalité de l'édifice. Cette conception illustre l'aspiration spirituelle du gothique, cherchant à élever le regard et l'esprit vers le ciel.
La Haggadah de Darmstadt se distingue par la représentation prédominante de femmes, une première pour une haggadah de Pessa'h. Leur présence dominante dans une enluminure pleine page suscite l'interrogation : s'agit-il d'un cadeau d'un père à sa fille, ou d'un mari à sa femme ?
Au 15e siècle, les tenues masculines et féminines sont similaires, caractérisées par des robes ajustées à la taille qui allongent la silhouette. Certains ajoutent une cape par-dessus leur robe. Les hommes portent des calottes ou des toques, tandis que les Juifs se distinguent par des chapeaux juifs spécifiques, reconnaissables à leur forme d'entonnoir. Les femmes mariées, quant à elles, couvrent leur tête d'un voile blanc.
La Haggadah de Darmstadt présente une page sans référence directe à la sortie d'Égypte. Toutefois, en bas de celle-ci, une scène rassemble neuf personnes autour d'une table. Les figures âgées y mènent un débat vigoureux, sous le regard attentif de trois jeunes. Un quatrième jeune, en touchant un livre ouvert, se joint à leur discussion. Ce tableau suscite la réflexion : représente-t-il le Sage en train d'enseigner, ou des disciples interrogeant les cinq grands Sages de Bnei Brak sur la récitation du Chema ?