Moché ben Abraham Pescarol, résidant à Ferrare en Italie au 17e siècle, provient d'une famille impliquée dans l'édition de livres hébraïques. Il se distingue en écrivant et en illuminant des Méguilot Esther, marquant une première en Italie par sa méthode de décoration des textes avec des scènes dynamiques de personnages en action. Ses illustrations s'inspirent non seulement de l'histoire d'Esther et de Midrachim mais intègrent également des éléments historiques relatifs à la vie de la communauté juive de Ferrare au début du 17e siècle.
La scène illustre le verset : Va rassembler tous les Juifs présents à Suse et jeunez à mon intention ; ne mangez ni ne buvez pendant 3 jours... Esther 4;15.
Elle capte le moment où la communauté juive de Suse jeûne et prie pour Esther avant sa périlleuse rencontre avec le roi Assuérus, sachant que se présenter non convoqué devant le roi pouvait valoir la peine de mort.
Dans cette représentation, dix hommes se sont assemblés tôt le matin dans une synagogue de Ferrare. Quatre d'entre eux sont drapés d'un Talith blanc et portent des Téfilines, signalant que la scène se déroule le matin. Cette mise en contexte révèle non seulement la ferveur religieuse de la communauté mais aussi l'urgence et l'importance de leur prière pour le succès et la sécurité d'Esther.
Cette synagogue, de petite taille et sans fenêtres, avec ses murs blancs, est illuminée par des lampes à huile pendues au plafond. Au 17e siècle, l'utilisation de lampes à huile était courante dans toutes les synagogues. Bien que l'huile d'olive fût préférée pour l'éclairage, d'autres huiles comme celles de noix, de poisson ou de navet étaient également acceptées.
Mordekhaï exhorte Esther à s'adresser au roi : Et qui sait si ce n'est pas pour une conjoncture pareille que tu es parvenue à la royauté ? Esther 4;14. À sa demande, Esther appelle la communauté à jeûner pour elle.
Devant l'Arche d'alliance, Mordekhaï prie, entouré par les hommes de la communauté. Au premier plan, trois hommes sont assis, signe d'attente et de réflexion, tandis que d'autres se tiennent debout derrière eux, tous unis dans l'espoir qu'Esther réussisse à sauver leur peuple et à contrer Aman. Cette scène traduit une communauté en suspens, mobilisée par la foi et l'espoir en l'intervention divine.
Mordekhaï est debout devant l'Arche sainte, qui abrite les rouleaux de la Torah, traditionnellement orientée vers l'est, en direction de Jérusalem. Le moment capturé n'est ni celui de la prière formelle, mais plutôt celui qui la précède ou la suit, suggérant une période de méditation ou de réflexion personnelle. Au-dessus de l'Arche, un tissu est suspendu, identifiable par ses franges visibles.