Devarim
Le livre Devarim est entièrement consacré au discours de Moïse au peuple d’Israël dans les plaines de Moab, avant leur entrée en Terre promise. Moïse leur raconte comment Dieu les a accompagnés 40 ans dans le désert. Gardien de la mémoire, il transmet les valeurs du passé pour appréhender le présent : “Partez, poursuivez votre marche, dirigez-vous vers les monts amorréens et les contrées voisines, vers la plaine, la montagne, la vallée, la région méridionale, les côtes de la mer, le pays des Cananéens et le Liban, jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate. Voyez, je vous livre ce pays ! Allez prendre possession du pays que l’Éternel a juré à vos pères, Abraham, Isaac et Jacob, de donner à eux et à leur postérité après eux.” (Devarim 1 ; 6-8).
Il incite le peuple à nommer de nouveaux juges et de nouveaux chefs de tribus. Puis il reprend les défaites infligées au roi Amorréen Og et au roi de Bachan Si’hon pour montrer comment ces moments ont façonné l’identité collective : “Nous partîmes du Horeb, nous traversâmes tout ce long et redoutable désert que vous savez, nous dirigeant vers les monts amorréens, comme l’Éternel notre Dieu nous l’avait prescrit, et nous atteignîmes Kadêch-Barnéa.” (Devarim 1 ; 19). Il rappelle l’exploit des explorateurs et l’attitude du peuple : “…Je choisis parmi vous douze hommes… Ils partirent… atteignirent la vallée d’Echkol… prirent de ses fruits, qu’ils nous apportèrent, et nous rendirent compte en disant : “Il est bon, le pays que l’Éternel, notre Dieu, nous donne.” Mais vous refusâtes d’y monter, désobéissant ainsi à la voix de l’Éternel, votre Dieu… (Devarim 1 ; 23-26)
Moïse mentionne aussi les plaintes des enfants d’Israël : “C’est par haine pour nous que l’Éternel nous a fait sortir de l’Egypte ! C’est pour nous livrer au pouvoir de l’Amorréen, pour nous anéantir ! “. (Devarim 1 ; 27). Il leurs racontent que seuls Caleb fils de Yefounné et Josué fils de Noun verront ce pays grâce à leur courage et à leur foi. Il donne la liste des peuplades à ne pas combattre : “Ne moleste pas Moab et n’engage pas de combat avec lui…”. (Devarim 2 ; 9). Il donne également l’attitude à adopter envers Ammon et Moab.
A la fin de la paracha Moïse explique au peuple que Dieu leur promet son soutien et sa protection dans leurs conquêtes : “…ainsi fera l’Éternel à tous les royaumes où tu vas pénétrer. Ne les craignez point, car c’est l’Éternel votre Dieu, qui combattra pour vous.” (Devarim 3 ; 21-22). Cette déclaration renforce la confiance du peuple en la puissance divine. La paracha Devarim est lue le chabbat précédant le jeûne du 9 Av, qui commémore la destruction du Temple de Jérusalem.
Matot Massei
Moïse aborde les lois concernant les vœux et leur annulation : “Si un homme fait un vœu au Seigneur, ou s’impose, par un serment, quelque interdiction à lui-même, il ne peut violer sa parole : tout ce qu’a proféré sa bouche, il doit l’accomplir.” (Nombres 30 ; 3). L’homme doit respecter sa parole, car les mots qu’il prononce l’engagent. En respectant ses engagements, il renforce son intégrité et contribue à éviter les conflits.
Dieu ordonne à Moïse de se venger de Midian suite au péché des enfants d’Israël avec les filles de Midian : “Qu’un certain nombre d’entre vous s’apprêtent à combattre ; ils marcheront contre Madian, pour exercer sur lui la vindicte de l’Éternel. ” (Nombres 31 ; 3). Les Israélites remportent la victoire, détruisent leurs villes, tuent les rois de Midian ainsi que Balaam. Les guerriers sont ensuite ordonnés de se purifier de leur impureté après le retour du combat.
Alors qu’ils sont en train de reprendre leur terre les tribus de Gad et de Reuben demandent à rester à l’est du Jourdain. Moïse accepte leur demande lorsqu’elles promettent de se battre pour la conquête de Canaan : “…Nous, nous irons en armes, résolument, à la tête des enfants d’Israël, jusqu’à ce que nous les ayons amenés à leur destination… Nous ne rentrerons pas dans nos foyers, que les enfants d’Israël n’aient pris possession chacun de son héritage.” (Nombres 32 ; 16-18). La moitié de la tribu de Manassé se joint à elles.
La paracha Massei recense les 42 étapes de l’errance des enfants d’Israël dans le désert et donne des commandements pour l’entrée en Terre Promise : destruction de l’idolâtrie, frontières de la terre, répartition de la terre : “Voici les noms des hommes qui doivent prendre, pour vous, possession du pays : Eléazar le pontife, et Josué, fils de Noun…” (Nombres 34 ; 17), les lois concernant les villes lévitiques et les villes refuges.
A la fin de la paracha, les membres de la tribu de Manassé craignent que les terres des filles de Tseloph’had soient transférées à une autre tribu par mariage. Moïse accepte leurs arguments et décrète : “Voici ce que l’Éternel a prescrit au sujet des filles de Tseloph’had : elles pourront épouser qui bon leur semblera ; toutefois, c’est dans une famille de leur tribu paternelle qu’elles doivent contracter mariage. ” (Nombres 36 ; 6)
Pin’has
Pin’has reçoit sa récompense pour avoir tué Zimri, fils de Salou, et Kozbi, fille de Tsur. Dieu choisit sa descendance pour exercer le sacerdoce : “L’Éternel parla ainsi à Moïse… C’est pourquoi, tu annonceras que je lui accorde mon alliance amicale. Lui et sa postérité après lui posséderont, comme gage d’alliance, le sacerdoce à perpétuité ; parce qu’il a pris parti pour son Dieu et procuré expiation aux enfants d’Israël.” (Nombres 25 ; 10-13). La Torah précise que le zèle de Pin’has était voulu par Dieu, car il venait de l’amour pour Israël. En voyant la peste se répandre parmi le peuple, Pin’has comprit que l’acte de Zimri en était la cause.
Le livre des Nombres commence par un recensement : “Faites le relevé de la communauté entière des enfants d’Israël, depuis l’âge de vingt ans et au-delà, par familles paternelles ; de tous ceux qui sont aptes au service en Israël.” (Nombres 26 ; 2). En plein recensement, Dieu définit les règles de répartition de la terre : par tirage au sort et selon les héritages, avec une répartition par famille paternelle.
Les filles de Tseloph’had viennent à Moïse pour argumenter que, comme la répartition des héritages se fait aux hommes de chaque famille, elles risquent de ne pas hériter du tout : “…les filles de Tseloph’had… se présentèrent devant Moïse, devant Eléazar le pontife, devant les phylarques et toute la communauté… disant : “Notre père est mort dans le désert. Toutefois, il ne faisait point partie de cette faction liguée contre le Seigneur, de la faction de Kora’h : c’est pour son péché qu’il est mort, et il n’avait point de fils. Faut-il que le nom de notre père disparaisse du milieu de sa famille, parce qu’il n’a pas laissé de fils ?” (Nombres 27 ; 1-4). Moïse consulte Dieu, qui répond que les filles de Tseloph’had ont droit à une part de la terre. Si une famille n’a pas de fils, l’héritage revient à un proche parent, comme un frère ou un oncle. Ainsi, Dieu établit une nouvelle loi : en l’absence de fils, les filles hériteraient.
Moïse est à la fin de sa vie. Myriam est décédée cette année, tout comme Aaron, et maintenant l’Éternel lui ordonne : “…Monte sur cette hauteur des Abarîm, pour contempler le pays que j’ai donné aux enfants d’Israël. Quand tu l’auras contemplé, tu iras rejoindre tes pères, toi aussi, comme l’a fait Aaron ton frère ; parce que vous avez contrevenu à ma parole dans le désert de Cîn, lors de la querelle soulevée par la communauté, au lieu de faire éclater devant eux ma sainteté par les eaux.” (Nombres 27 ; 12-14). En raison de son péché aux eaux de Meriba, Moïse n’entrera pas en terre d’Israël. Dieu ordonne à Moïse de nommer Josué, fils de Noun comme son successeur.
Enfin, Dieu prescrit à Moïse les offrandes perpétuelles quotidiennes et les offrandes supplémentaires pour le chabbat et les fêtes.
Balak
L’histoire se déroule après les guerres contre Si’hon, roi des Amorréens, et Og, roi du Bachan, lorsque les enfants d’Israël s’installent près de la frontière de Moab. Balak, roi de Moab, est effrayé par le campement des Israélites à sa frontière. Après avoir consulté les anciens de Midian, il envoie des messagers pour appeler Balaam, afin qu’il maudisse Israël, car il était réputé que les bénédictions et malédictions de Balaam se réalisaient. Au début, Dieu refuse à Balaam de partir, mais après que les messagers soient revenus et que le désir de Balaam de partir soit évident, Dieu lui permet de partir à condition qu’il ne dise que ce que Dieu lui ordonnerait.
En chemin, alors que Balaam monte son ânesse, un ange se place sur leur route et bloque leur passage. L’ânesse voit l’ange, mais pas Balaam. Lorsque l’ânesse dévie de la route pour contourner l’ange, Balaam la frappe. La deuxième fois que l’ânesse voit l’ange, elle se serre contre un mur, écrasant le pied de Balaam, qui la frappe à nouveau. La troisième fois, l’ânesse s’assoit et ne bouge plus, et Balaam la frappe une troisième fois. Alors, un miracle se produit : Dieu ouvre la bouche de l’ânesse, qui reproche à Balaam de l’avoir frappée. À ce moment, Balaam voit l’ange, se repent et promet à nouveau de ne dire que ce que Dieu lui ordonnera.
Lorsque Balaam arrive chez Balak, celui-ci lui reproche son retard. Balaam répond qu’il est bien arrivé, mais qu’il ne dira que ce que Dieu lui ordonnera. Balak emmène ensuite Balaam à trois endroits différents d’où il peut voir le camp d’Israël : à Bamot-Baal et à Sede-Tsophim, d’où il ne voit que l’extrémité du peuple, et au sommet de Peor, d’où il voit tout le peuple. À chaque endroit, Balak construit sept autels et offre un taureau et un bélier sur chacun. Mais Dieu ordonne à Balaam de bénir Israël plutôt que de le maudire, et Balaam bénit toujours Israël. Finalement, Balak se met en colère contre Balaam, qui lui rappelle qu’il avait dit dès le début qu’il ne dirait que ce que Dieu lui ordonnerait.
Balaam prononce ensuite des prophéties sur l’avenir de différentes nations et retourne dans son pays, tout comme Balak retourne dans le sien.
Après son échec à maudire les enfants d’Israël et alors que de sa bouche sortaient des bénédictions, Balaam élabore un autre plan qui réussit. Il propose que des femmes moabites séduisent les hommes israélites et qu’après les avoir piégés dans le péché, elles les incitent à adorer des idoles. Vingt-quatre mille personnes meurent dans une peste qui frappe immédiatement le peuple : ” Quoi! Vous avez laissé vivre toutes les femmes? 16 Ne sont-ce pas elles qui, à l’instigation de Balaam, ont porté les enfants d’Israël à trahir l’Éternel pour Baal-Peor, de sorte que la mort a sévi dans la communauté de l’Éternel? 17 Et maintenant, tuez tous les enfants mâles; et toute femme qui a connu un homme par cohabitation, tuez-la. ” (Nombres 31 ;16).
Balaam décrit Israël en disant : ” Oui, je le vois,… je le découvre : ce peuple, il vit solitaire, iI ne se confondra point avec les nations. ” (Nombres 23 ; 9)
‘Houkat
La paracha ‘Houkat traite du deuil, de la perte et de la purification par la vache rousse, dont les cendres purifient les personnes contaminées par un cadavre.
Le premier décès est celui de Myriam, qui meurt dans le désert de Tsin et est enterrée à Kadêch. La disparition de Myriam coïncide avec un manque d’eau pour le peuple, qui s’ameute contre Moïse et Aaron. L’Éternel dit à Moïse : “Prends la verge et assemble la communauté, toi ainsi qu’Aaron ton frère, et dites au rocher, en leur présence, de donner ses eaux…” (‘Houkat 20 ; 8) Moïse, en deuil de sa sœur, agit impulsivement. Au lieu de parler au rocher comme l’Éternel l’a ordonné, il le frappe : “…Et Moïse leva la main, et il frappa le rocher de sa verge par deux fois ; il en sortit de l’eau en abondance, et la communauté et ses bêtes en burent.” (‘Houkat 20 ; 10-11)
En conséquence, l’Éternel punit Moïse et Aaron en leur interdisant d’entrer en Terre Promise : “Puisque vous n’avez pas assez cru en moi pour me sanctifier aux yeux des enfants d’Israël, aussi ne conduirez-vous point ce peuple dans le pays que je leur ai donné.” (‘Houkat 20 ; 12) Israël demande ensuite au roi d’Édom la permission de traverser son territoire, mais il refuse. Israël préfère ne pas se battre contre Edom et quitte la frontière. Alors qu’ils sont aux confins du pays d’Edom l’Éternel s’adresse à Moïse lui dit qu’Aaron n’entrera pas en terre promise. Aaron meurt sur le mont Hor et est remplacé par son fils Eléazar : “La communauté voyant qu’Aaron avait cessé de vivre, toute la maison d’Israël le pleura trente jours.”(‘Houkat 20 ; 24-29)
Lorsque le roi cananéen d’Arad apprend qu’Israël s’est approché de son territoire, il part en guerre contre eux. En réponse, le peuple d’Israël fait vœu que si l’Éternel les aide à vaincre le roi d’Arad, ils dédieront le butin de la guerre à l’Éternel. Israël remporte la victoire et consacre le butin de la guerre.
Les plaintes du peuple persistent, et l’Éternel envoie des serpents venimeux qui tuent de nombreux Israélites. Moïse fabrique un serpent de bronze pour guérir ceux qui le regardent. Ensuite, le peuple chante un chant de gratitude pour le miracle du puits de Myriam, qui leur a fourni de l’eau pendant leurs pérégrinations dans le désert. Israël vainc ensuite Si’hon et Og, roi de Bachan, se préparant à revenir sur sa terre.
Les premières guerres commencent pour Israël. Unis et solidaires, le peuple se prépare à revenir sur sa terre.
Kora’h
Kora’h, fils de Kehat, fils de Lévi, se rebelle contre Moïse et Aaron, les accusant à tort de manipuler les lois divines à des fins personnelles. Accompagné de Dathan et Abiram, il s’entoure d’hommes influents et affirme que toute l’assemblée est sainte : “Ils s’avancèrent devant Moïse avec deux cent cinquante des enfants d’Israël, princes de la communauté, membres des réunions, personnages notables ; …et leur dirent : ‘… Toute la communauté, oui, tous sont des saints, et au milieu d’eux est le Seigneur ; pourquoi donc vous érigez-vous en chefs de l’assemblée du Seigneur ?” (Korah 16 ; 2-3) Moïse répond : “… enfants de Lévi. C’est donc peu, pour vous, que le Dieu d’Israël vous ait distingués de la communauté d’Israël, en vous admettant auprès de lui pour faire le service du tabernacle divin…vous réclamez encore le sacerdoce! (Kora’h 16; 8-10). Moïse propose que les hommes de Kora’h ainsi qu’Aaron offrent de l’encens à l’Éternel pour déterminer qui est choisi par Dieu pour le servir: “…Prenez chacun votre encensoir, mettez-y du parfum et apportez, devant le Seigneur, chacun votre encensoir, deux cent cinquante encensoirs ; toi aussi et Aaron, chacun le sien.” (Kora’h 16 ; 17) Ceux qui ont offert l’encens sont consumés par le feu divin, et la terre s’ouvre pour engloutir Kora’h et ses partisans.
Les intentions de Kora’h diffèrent de celles de Dathan et Abiram. Dans les deux cas il s’agit d’un besoin de reconnaissance. Kora’h, en tant que Lévite, remet en question la hiérarchie établie, ne voyant pas pourquoi il devrait y avoir une distinction entre les Lévites. Dathan et Abiram, descendants de Ruben, ressentent une frustration de ne pas être reconnus à leur juste titre.
Pour leur démontrer qu’il ne décide de rien et que seul l’Éternel est le véritable décideur, Moïse dit : “Par ceci vous reconnaîtrez que c’est l’Éternel qui m’a donné mission d’accomplir toutes ces choses, que je n’ai rien fait de mon chef : … si l’Éternel produit un phénomène ; si la terre ouvre son sein pour les engloutir… et qu’ils descendent vivants dans la tombe, vous saurez alors que ces hommes ont offensé l’Éternel.” (Kora’h 16 ; 28-30). A peine finit-il sa phrase que le peuple est englouti. Le peuple continue de se plaindre et accuse Moïse et Aaron, d’être responsables de la mort des partisans de Kora’h : “C’est vous qui avez tué le peuple de l’Éternel !” ( Kora’h 17 ; 6). En réponse, l’Éternel appelle Moïse et Aaron : “Eloignez-vous du milieu de cette communauté, je veux l’anéantir à l’instant !” (Kora’h 17 ; 8 ). Une épidémie éclate parmi le peuple. L’Éternel demande ensuite à Moïse de réaliser une nouvelle épreuve pour prouver qu’Aaron est son élu. Tous les bâtons des chefs des tribus sont placés dans la Tente d’assignation, y compris celui d’Aaron, et l’Éternel dit : “Or, l’homme que j’aurai élu, sa verge fleurira, et ainsi mettrai-je fin à ces murmures contre moi, que les enfants d’Israël profèrent à cause de vous.”(Kora’h 17 ; 20). Le lendemain, le bâton d’Aaron fleurit, et l’Éternel ordonne de le conserver dans la Tente d’Assignation comme témoignage de son choix.
La paracha mentionne ensuite que le peuple se plaint que quiconque s’approche du Tabernacle meurt. En réponse, l’Éternel ordonne aux prêtres d’empêcher le peuple d’entrer dans le lieu saint. Puis elle se termine par les lois concernant les dons pour les prêtres et les lévites, incluant la dîme, les prémices, le premier-né des animaux purs, la première dîme et la dîme que les lévites doivent donner aux prêtres.
Chla’h Lekha
Moïse envoie douze chefs explorer Canaan. Dix rapportent que la conquête est impossible, créant une panique. Dieu interdit à cette génération d’entrer dans la Terre promise pour leur manque de foi. Seuls Josué et Caleb, après avoir exploré la vallée d’Echkol et ramené une grappe de raisin, croient en la fertilité de la terre, et la décrivent comme une terre où ruissellent le lait et le miel.
Les Bibliques au théâtre
Introduction
Transposer la vie des héros de la Bible à notre époque ? Quelle idée ! Et en plus les transformer en vulgaires personnages de théâtre !
Eh bien, oui ! Ces grandes figures de l’histoire juive, qui sont à bien des égards des
modèles, nous nous sommes permis de les transposer à notre époque.
Les mêmes situations, mais dans des contextes différents : la société de consommation, le pouvoir de l’argent, les médias, la sécurité informatique, et même le pouvoir dictatorial de l’ex-URSS…
Bien entendu, nous nous sommes permis de n’aborder qu’une des dimensions de la personnalité de ces grands hommes et ces grandes dames de notre tradition, tant il est difficile de rendre justice à leur stature.
Pourquoi les mettre en scène ?
Rien ne vaut le théâtre pour comprendre un personnage, l’analyser, se l’approprier.
Qu’ils soient comédiens, accessoiristes, couturiers, éclairagistes ou régisseurs, tous les participants à cette aventure en tirent bénéfice, sont amenés à approfondir le récit biblique et en comprendre les multiples facettes.
Riches de cet élan collectif, les enfants peuvent, avec l’aide de leurs enseignants,
faire vivre la Bible dans toute sa profondeur et sa sagesse.
La lecture préalable des commentaires, agrémentée d’une discussion en classe sur les différentes orientations du texte, permet à l’élève de se poser des questions sur la quintessence des héros bibliques.
Quelles sont les idoles de nos jours par exemple ? Les téléphones mobiles, les jeux
vidéo ou des chanteurs pop ?
Abram et son père Terah vont vous répondre.
Introduction
Abraham et Loth, des bergers qui décident de se séparer, comment les transposer à notre époque ?
Samson est fort, mais de nos jours, qui qualifierait-on ainsi ? Comment associer
morale et force, éthique et puissance ?
Qui pourrait symboliser les Philistins aujourd’hui ?
David a vaincu un géant avec une simple fronde. Comment le mettre en scène
aujourd’hui ?
Quelles sont les caractéristiques de Ruth ? Et comment les traduire sur scène ?
Quels statut ou profession peuvent être comparés à ceux d’une reine ? La femme d’un Président, sûrement pas! Une reine de beauté ? Évidemment non ! Quelle profession confère du pouvoir ? Est-ce qu’une journaliste ou une présentatrice télé a les moyens d’orienter l’opinion publique ?
Et la belle Judith qui a décapité Holopherne pour sauver sa ville de Béthulie, ne peut-on pas la transformer en une vieille dame qui dénonce son oppresseur sur les réseaux sociaux ?
Toutes ces recherches destinées à effectuer un parallèle entre les personnages bibliques et leurs alter ego contemporains visent à approfondir la compréhension du texte.
Bien sûr, l’enseignant peut également élaborer des textes et les faire jouer en
utilisant les propositions de ses élèves.
Le Voyage de Betsalel se fera un plaisir d’en publier des extraits filmés sur son site ! Un, deux, trois, partez !
Sommaire
Introduction… p. 4
Abraham et son père Terah……………………………p. 9 Abraham et son neveu Loth …………………………..p. 23 Joseph à Moscou……………………………………….p. 37 Samson lutte contre la pollution……………..…………p. 49 Les six facettes de Ruth ……………………………….p. 65 David livreur de pizza……………………………………p. 81 Esther à la télévision………………………………..….p.97 Judith contre Holopherne …………………………….p.111
Résumé de la pièce
Le Covid-19 sévit.Terah, le père d’Abram, le futur Abraham, est impresario de chanteurs pop. Il assure leur promotion, organise leurs enregistrements, les fait passer sur les réseaux sociaux. Et il s’octroie un bon pourcentage sur leurs recettes. Son fils Abram n’est pas intéressé par les affaires. Ce qu’il aime, c’est étudier la Bible. Mais voilà qu’un des trois chanteurs pop les plus rentables décide d’arrêter
sa carrière et de devenir Hazan. Abram invente un stratagème pour que les deux autres chanteurs cessent de figurer sur les téléphones portables. C’est la fin des idoles.
Vérifier la compréhension du texte
Pouvez-vous citer d’autres idoles que les chanteurs pop ? D’après vous, est-ce qu’un objet peut être une idole ?
Pour les élèves plus avancés :
Les réseaux sociaux génèrent-ils des « idoles » ?
Quelles sont les limites de la publicité ?
Parallèles entre l’intrigue de la pièce et le récit biblique
Expliquons aux élèves que si les personnages de notre pièce de théâtre portent les noms de personnages de la Bible, ce n’est pas un hasard, car nous nous sommes inspirés d’un récit biblique.
Comparons donc le récit biblique à cette histoire inventée de toutes pièces.
Abram dans la tradition biblique : un briseur d’idoles
D’après le Midrach (Berechit Rabba 38.19),Terah, le père d’Abram (à l’époque Abraham s’appelait encore Abram) était marchand d’idoles : il vendait des statuettes représentant de prétendus dieux et déesses.
Pour prouver que celles-ci n’avaient aucun pouvoir, Abram s’introduisit dans la boutique de son père en son absence et les cassa toutes sauf une. Puis il plaça un bâton entre les mains de celle qui était restée intacte.
Lorsque Terah entra dans sa boutique et vit les idoles brisées, il se mit en colère
contre son fils et lui demanda :
Qui a fait ça ?
C’est cette idole, répondit Abram. Regarde ! Elle a encore un bâton à la main. C’est idiot ! Une statue ne peut pas bouger !
Quoi ! Toi qui fais le commerce d’idoles, tu affirmes qu’elles n’ont pas de
pouvoir !!! C.Q.F.D.
Lexique
Midrach : Littéralement, interprétation, explication d’un verset biblique se basant sur l’analyse d’un ou plusieurs de ses mots et visant à en tirer un enseignement. Le midrach peut être un commentaire, mais aussi une légende ou une parabole.
Our Kasdim : Ville d’une région du sud de la Mésopotamie correspondant à l’Irak d’aujourd’hui.
Talith : Châle de prière porté par les hommes lors de la prière du matin
en semaine, le shabbat et lors des fêtes juives.
Hazan : Chantre à la synagogue.
Bon à savoir
Terah est un commerçant. Il fabrique ou fait fabriquer des statuettes et les vend
avec bénéfice.
Chaque époque a ses idoles : au temps d’Abram/Abraham, les gens croyaient à toutes sortes de divinités ; ils les représentaient par des statuettes et s’imaginaient que s’ils leur faisaient des offrandes, celles-ci leur apporteraient toutes sortes de bienfaits : la fertilité, la fécondité, la paix…
Aujourd’hui, les gens ont d’autres idoles, moins puissantes certes, mais de nature à créer une dépendance : vêtements de marque, smartphones ou visionnage immodéré des derniers tubes sur les réseaux sociaux.
Tous ces comportements nous paraissent nécessaires pour faire partie du monde moderne.
Les vêtements à la mode ou les derniers smartphones prennent notre temps et
notre énergie, mais ce ne sont que des objets et nous en sommes conscients.
Par contre, les chanteurs pop ont une tout autre influence : on regarde à l’infini leur dernier succès sur son smartphone, quitte à être déconnecté de la vie réelle et de ses amis.
Similitudes et différences entre les personnages bibliques et ceux de la pièce
Abraham et Terah de la Bible
Terah est le père d’Abraham.
Terah est un commerçant. Il fabrique ou fait fabriquer des statuettes et les vend
avec bénéfice.
Abram s’oppose aux activités commerciales de son père.
Abram casse toutes les idoles sauf une pour montrer qu’elles sont inutiles. Abram épouse Saraï (la future Sarah).
Abram et Saraï partent en Eretz Israël.
Abraham et Terah de la pièce Idem. Terah est le père d’Abraham.
Terah assure la promotion de chanteurs pop sur les réseaux sociaux. Il prélève un pourcentage sur les recettes des concerts.
Idem. Abram s’oppose aux activités commerciales de son père.
Abram simule une bagarre entre deux chanteurs pour qu’ils cessent d’apparaître
sur les réseaux sociaux.
Idem. Abram épouse Saraï (la future Sarah).
Idem. Abram et Saraï partent en Eretz Israël.
Personnages
Quelques jeunes.
Un récitant,
3 hommes :Terah, Abram, Boby,
2 femmes : Une secrétaire, Saraï (la future Sarah).
Matériel et décor
Photocopies du texte de la pièce de théâtre – à distribuer à chaque élève de la classe.
Un écran représentant la terrasse d’un café. Devant, quelques tables et des chaises. Un bureau ultra moderne,
Des ordinateurs et des téléphones portables,
Un canapé, Un fauteuil.
Prologue
Le Récitant : Vous connaissez peut-être l’histoire de Terah…
Terah était vendeur d’idoles dans la ville d’Our Kasdim. Le Midrach nous raconte que Terah avait un fils, Abram (vous le connaissez, plus tard il sera appelé Abraham). Bref, son fils Abram ne supportait pas que son père fasse de l’argent en vendant des idoles. Parce qu’il faut que je vous dise qu’à cette époque-là, les gens aimaient avoir chez eux toutes sortes de « poupées » qui détenaient, selon eux, des pouvoirs magiques. Ils achetaient ces « poupées » en magasin. Madame la marchande, donnez- moi s’il vous plaît une poupée pour que ma récolte soit bonne. C’est combien ? Ah et je vais prendre aussi celle-ci, pour que ma femme réussisse enfin à faire un bon couscous… Bref, c’était n’im-por-te-quoi !
Une nuit, alors que les bonnes gens d’Our Kasdim dormaient, Abram entra dans la boutique de son père et fracassa toutes les idoles ! Sauf une. Puis il mit un bâton entre les mains de celle qui était restée intacte.
Le lendemain matin, son père Terah vit le… « massacre ». Il devint fou de rage.
Abram tenta bien de lui expliquer que c’était l’idole au bâton qui avait tué toutes les autres, mais Terah s’énerva encore plus :
-Tu me prends pour qui ? lui dit Terah, une idole, ça ne bouge pas, c’est bien
incapable de faire tout ce charivari !
-Alors tu vois bien, répondit Abram que tout ça, c’est débile !
Bien sûr, ce que je vous raconte, c’est un Midrach, mais imaginons que Terah et Abram vivent de nos jours.
Quel serait le métier de Terah ? De quelles idoles ferait-il commerce ? Moi, je pencherais pour des idoles vivantes… Regardez…
Acte I
Un grand écran dans le fond de la scène montre la devanture d’un café. Devant, une terrasse avec quelques tables et des chaises. On est en période de Corona. Des jeunes portant des masques traversent lentement la scène. Ils sont tous absorbés par leur téléphone portable. Certains s’assoient par terre. Ils jouent visiblement à des jeux vidéo. Parfois, ils se saluent rapidement, puis reviennent aussitôt à leur téléphone portable. Peu à peu, ils disparaissent de la scène.
Terah est assis à la terrasse avec sa secrétaire. Il est habillé à la dernière mode. Les yeux dissimulés derrière des lunettes noires, il parle au téléphone. Sa secrétaire prend des notes.
Terah : Oui, pour demain soir, 7 heures précises au studio Kolever.
As-tu vérifié la sono ? Alors… (Un temps mort) Ah ! au fait ! Tu as bien les applaudissements préenregistrés ? Tu feras le même montage que d’habitude. Et nos trois bonshommes, ils sont en forme ? Ils ont répété ? Je veux qu’ils aient l’air naturel pendant l’interview. Qu’ils aient l’air décontractés.Tu as fait gaffe à ce qu’ils ne forcent pas trop sur l’alcool au moins ? Bon, c’est tout. Ah si ! Tu as joint Facebook, Instagram et compagnie ? Je veux un maximum de « J’aime ». C’est avec ça que je gagne ma croûte.
Terah s’avance sur le devant de la scène, redresse sa cravate, regarde le public et commence à parler.
Terah : Salut, les copains ! Je m’appelle Terah et je suis impresario. En ce moment, je m’occupe de trois chanteurs rock :Tommy, Boby et Samy. Je les ai créés de A
à Z. La voix, le maquillage, le costume, la mise en scène… (D’une voix plus basse) Entre nous, mais ne le répétez à personne, ils me donnent 60% des recettes, et moi je leur assure le succès. J’ai inventé un slogan : « Star tu deviendras si tu vas chez Terah ! ».
La secrétaire s’approche, son carnet à la main. Terah : Un instant, vous voyez que je suis occupé. La secrétaire se rassoit.
Acte I
Terah : Ah ! Où en étais-je ? Bref. C’est moi qui fais tout : je leur apprends à s’habiller, à répondre aux journalistes. Je peux prendre n’importe qui dans la
rue, enfin quelqu’un qui a des tripes tout de même, une bonne sono, je le filme comme s’il était sur scène et hop, j’envoie aux réseaux sociaux, et hop ! À nous les bénéfices avec les pubs, les jeux vidéo, les tee-shirts…
La secrétaire indique du fond de la scène qu’une personne désire voir Terah.
Terah : Encore un instant, je n’ai pas fini !
Terah : J’aimerais bien que mon fils me succède, mais vous voyez, ce n’est pas son truc. Lui, c’est un rêveur, un idéaliste, il s’appelle Abram.Tenez, le voilà qui arrive.
Regardez-moi cette dégaine !
Abram rejoint son père. Il est barbu avec de longues papillotes. Il tient un livre qu’il lit tout en s’avançant vers son père.
Abram : Bonjour p’pa. Ça boume ?
Terah : Oui, ça boume, ça boume… Qu’est-ce que tu lis, là encore, la Bible ? Tu ne veux pas m’aider plutôt ? Je dois tout préparer pour le prochain enregistrement.
Abram : Papa, j’aime lire l’histoire de nos ancêtres. Abraham, surtout.Tu sais qu’il s’appelait Abram comme moi avant de s’appeler Abraham ? J’aime bien l’histoire où il casse les idoles.
Terah : Et alors, qu’est-ce qu’il y avait de mal! Moi aussi, je fabrique des idoles, des idoles pour les jeunes ! Et ils en redemandent !
Abram : Je sais, mais cela ne peut pas continuer ainsi… Ce n’est pas joli-joli, ce n’est pas « clean », quoi !
Terah : Môssieu me fait des reproches, maintenant! Mais tout marche comme ça maintenant, mon gars : le « marketing », le « consulting » « l’advertising »…
Abram : C’est vrai, mais ce n’est pas une raison. Allez, à demain, p’pa.
Acte 2
Le bureau de Terah. Abram ouvre la porte qui se trouve sur l’arrière de la scène. Boby entre. Il est habillé très simplement — un pantalon noir et une chemise blanche — et porte une kippa sur la tête. Il s’assied sur le canapé, se frotte les yeux. Il a l’air épuisé.
Abram :Tu veux un verre d’eau, Boby ? Tu ne m’as pas l’air très en forme ?
Boby : Oui, je veux bien.
Abram lui sert un verre et s’assoit à côté de lui.
Abram : Bois un bon coup et dis-moi ce qui se passe.
Boby : À toi, je peux tout te dire, on se connaît depuis si longtemps.Voilà, il m’arrive une drôle de tuile.
Abram :Vas-y !
Boby : Eh bien c’est simple : j’ai surpris mon fils à trafiquer une application pour faire payer mon passage sur les réseaux sociaux demain. Avec toute la promo que ton père fait, les jeunes n’en peuvent plus.Tu sais qu’ils ne regardent plus les cours en zoom. Au lieu d’écouter leur prof parler de littérature, biologie ou je ne sais quoi, ils passent leurs journées à jouer à des jeux vidéo dont je suis le héros. Ils participent à des concours… Et tu sais, en fait, un héros, ça vit tout seul. Ma femme et mon fils ne vivent plus avec moi. Je suis seul, absolument seul… Alors j’ai pris une décision.
Abram : C’est quoi ?
Boby : Je veux tout arrêter, les enregistrements, les jeux vidéo, tout…
Abram : Même l’enregistrement de demain ? C’est papa qui va être content ! Et que disent Tommy et Samy ?
Acte 2
Boby : Ils ne le savent pas encore. Dis-leur Abram, moi j’en suis incapable.Y faut que je m’occupe de mon fils. C’est plus important.
Boby : Bon alors, je me charge de Tommy, de Samy et des réseaux sociaux.
Acte 3
Le bureau de Terah.Terah entre, suivi d’Abram.Terah tient son smartphone à la main. La secrétaire apporte du café aux deux hommes et se retire.
Terah (Furieux) : Qu’est-ce que c’est cette histoire ? Boby refuse de chanter de la musique pop ? Il veut étudier la Bible ! Devenir Hazan ? C’est un véritable désastre. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Et qui a tuyauté les réseaux sociaux ?
Abram : C’est moi, papa.
Terah : Je te reconnais bien. C’est toi qui lui as soufflé cette idée ? Être Hazan ?
Et Tommy et Samy qui se bagarrent hier soir.Tommy a le nez cassé ? Facebook ne parle que de ça ! Tu te rends compte qu’ils assuraient 70% de mon chiffre d’affaires ? Je suis ruiné, ruiné… (Il pleure).
Abram (Il passe un bras sur l’épaule de son père) : Oui, mais tu comprends, Boby, Tommy et Samy en avaient assez de cette vie. Je leur ai conseillé de simuler cette bagarre, j’ai même utilisé une application pour qu’on les voie avec le nez amoché. Et j’ai tout balancé sur les réseaux sociaux…
Terah : Mais tu es fou ! Ils devaient enregistrer ce soir ! Je ne peux même pas faire
jouer mon assurance ! Abraham, je te parle !
Abram : C’est pour que tu cesses de « produire» des idoles, papa.
Terah :Tu veux me ruiner, c’est ça ? Que j’aille mendier dans la rue. C’est ma mort que tu veux ? Mais qu’est-ce que je vais faire de toi ?
Abraham ouvre grand les bras et sourit.
Abram : Je ne veux rien, papa. Je veux juste que tu nous bénisses. J’ai rencontré une jeune fille. Elle s’appelle Saraï.Tu sais, elle est merveilleuse. Saraï, viens nous rejoindre !
Saraï entre.
Acte 3
Abram : Papa, on voudrait se marier. La seule chose que nous te demandons, c’est ta bénédiction – le Talith et la bague, on les a déjà. (Il pose un voile blanc sur la chevelure de Saraï, puis se retourne vers Terah.) Et puis si tu venais avec nous en Eretz Israël…
Terah : Quoi !? Et mon affaire alors ? Qu’est-ce que j’en fais ?
Abram :Tu la vends et tu viens avec nous.
Terah : Je vais réfléchir… mais je crois que je vais rester ici, je ne sais pas… Lech
lecha !
Il marche de long en large en se caressant le menton. Pendant ce temps Abram et Saraï se rapprochent l’un de l’autre et avancent sur le devant de la scène en se regardant. Une lumière les illumine.
Rideau
Résumé de la pièce
Abraham et son neveu Loth sont deux Israéliens qui reviennent au pays après avoir passé plusieurs années aux États-Unis. Ils ont ramassé là-bas un petit magot et décidé de s’associer pour ouvrir un hôtel aux alentours de Beer Cheva.
L’hôtel est construit. Il a deux ailes, l’une appartient à Loth, l’autre à Abraham. Leur établissement remporte un franc succès et les clients doivent réserver plusieurs mois à l’avance pour louer une chambre. Le personnel est surchargé de travail, mais les bénéfices importants.
Pourtant les employés de Loth responsables de l’entretien ne sont pas tous honnêtes et volent des vêtements, de l’argent et des bijoux dans les chambres des clients.
La réputation de l’hôtel en souffre. Abraham et Loth décident de se séparer. Ils vendront l’hôtel et chacun investira à l’endroit qui lui convient. Abraham laisse le choix à Loth qui préfère la région proche de la mer Morte, tandis que lui s’installera à Hébron.
Abraham décide de créer une sorte de kibboutz où les hôtes résidents travaillent quelques heures par jour dans la cuisine, les champs, les vergers… pour payer
les frais de leur séjour. Loth, lui, prend la décision de créer un complexe hôtelier luxueux, avec piscine, massage, bain de boue, golf et terrain d’aviation privé.
La séparation a eu lieu. L’hôtel-kibboutz et le complexe hôtelier ont de nombreux clients. Ceux de Loth, très riches, demandent à ce dernier de garder leurs bijoux dans un coffre sécurisé.
Des malfrats apprennent rapidement que Loth a un coffre-fort contenant des bijoux de valeur. Ils le prennent en otage pour qu’il leur ouvre le coffre-fort.
Heureusement, un employé de Loth réussit à se sauver et rejoint Abraham qui
accourt au secours de son neveu.
Abraham et Loth fêtent leur victoire devant une bouteille de champagne.
Vérifier la compréhension du texte
En quoi, l’idée du kibboutz peut se comparer à la tente d’Abraham ouverte aux voyageurs ?
À quel genre de clients s’adresse-t-elle ?
Pour les élèves plus avancés
La notion de partage est récurrente dans la Bible :
Eve mange le fruit de la connaissance et en donne à Adam,
Jacob partage ses biens avec Ésaü…
Pouvez-vous citer d’autres cas… Quelle attitude adoptent généralement les
personnages de la Bible devant la question du partage ?
Parallèles entre l’intrigue de la pièce et le récit biblique
Expliquons aux élèves que si les personnages de notre pièce de théâtre portent
les noms de personnages de la Bible, ce n’est pas un hasard, car nous nous sommes inspirés d’un récit biblique.
Comparons donc ledit récit avec cette histoire inventée de toutes pièces.
Abraham et Loth dans la Bible
L’histoire d’Abraham et Loth est relatée au chapitre 13 du livre de la Genèse. Suite à une famine dans le pays, Abram, qui n’est pas encore Abraham revient d’Égypte accompagné de sa femme Saraï (qui s’appellera bientôt Sarah) et de son neveu Loth.
Abraham et Loth sont tous deux très riches en troupeaux, en argent et en or. Une querelle éclate entre les bergers du troupeau d’Abraham et ceux de Loth. Abraham propose donc à son neveu de se séparer à l’amiable et lui donne le choix de l’endroit où résider. Loth choisit la vallée du Jourdain. Abraham s’établit à Hébron.
Mais Loth se rend compte rapidement que la vie dans la vallée du Jourdain n’est pas aussi agréable qu’il l’avait espéré. Les rois des différentes cités de la région se battent sans cesse.
Une nuit, un homme tout essoufflé d’avoir tant couru arrive chez Abraham. Il lui révèle que quatre rois venus de l’autre rive du Jourdain ont attaqué les villes de Sodome et Gomorrhe. Loth et sa famille ont été faits prisonniers.
Abraham réunit ses fidèles en toute hâte. Il attaque par surprise les armées des rois ennemis, les met en déroute et les force à retraverser le Jourdain. C’est ainsi qu’Abraham sauve Loth.
Lexique
Jourdain : Fleuve qui prend sa source sur le mont Hermon et se jette dans la mer Morte. Long de 250 kilomètres, il sert de frontière entre Israël et la Syrie, et, plus au sud, entre Israël et la Jordanie.
Sodome et Gomorrhe : Anciennes villes de Canaan situées près de la mer Morte détruites par Dieu à cause de la perversité de leurs habitants.
Mer Morte : Mer fermée particulièrement salée qui se situe sur la frontière entre
Israël et la Jordanie.
Hébron : Ville de Canaan située au sud-ouest de Jérusalem. Abraham y ensevelit Sarah. Plus tard Hébron deviendra la capitale de David quand il régnera sur la Judée.
Le kibboutz (du mot kvoutza, groupe) : Communauté à vocation essentiellement agricole où il n’existe pas de propriété privée. Le kibboutz préconise l’égalité entre tous. Le premier kibboutz est Degania créé en 1909 sur les rives du lac
de Tibériade. La population des kibboutzim ne représentait en 2020 que 1 % de la population israélienne. On comptait 90 kibboutzim à la veille de la création
de l’État juif le 14 mai 1948 ; aujourd’hui, 268 localités ont le statut juridique de kibboutz.
El Al : Compagnie aérienne israélienne.
Tsahal : Armée de défense d’Israël.
La Femme de Loth : Le Livre de la Genèse (19 ; 26) décrit comment la femme de Loth s’enfuyant de Sodome est changée en statue de sel : elle a regardé
en arrière alors que les anges le lui avaient formellement interdit.
Similitudes et différences entre les personnages bibliques et ceux de la pièce
Abraham et Loth de la Bible
Loth est le neveu d’Abraham.
Abraham et Loth reviennent d’Égypte, riches de troupeaux, d’argent et d’or. Les bergers de Loth empiètent sur le territoire d’Abraham.
Abraham et Loth se séparent. Abraham laisse le choix à Loth de s’installer où il le désire. Abraham s’installe à Hébron.
Loth choisit la rive ouest du Jourdain, près de la mer Morte.
Quatre rois attaquent Sodome et Gomorrhe et font Loth prisonnier. Abraham réunit ses fidèles. Il attaque les rois et délivre son neveu Loth.
Abraham et Loth de la pièce Idem. Loth est le neveu d’Abraham.
Abraham et Loth reviennent des États-Unis. Ils ont amassé là-bas une petite fortune et décidé de construire et d’exploiter un hôtel.
Les employés de Loth responsables de l’entretien volent des objets appartenant
aux clients.
Idem. Abraham et Loth se séparent. Abraham laisse le choix à Loth de s’installer où
il le désire.
Abraham fonde, près de Hébron, un kibboutz hôtelier où les clients paient les frais de leur séjour en participant aux travaux.
Loth fonde un complexe hôtelier de luxe près de la mer Morte. Des malfrats attaquent l’hôtel de Loth et le font prisonnier.
Abraham demande à ses clients de l’aider à extirper Loth des mains des malfrats.
Abraham et Loth fêtent leur victoire avec une coupe de champagne.
Personnages
Le régisseur, Abraham, Loth,
Un serveur au 1er et au 4e acte, lequel pourra jouer également le rôle de porteur
dans le deuxième acte,
Un couple, clients de l’hôtel appartenant à Abraham et Loth,
5 clients de l’hôtel d’Abraham (des soldats et soldates de Tsahal), 1 client dans l’hôtel de Loth,
4 malfrats.
Matériel et décor
Photocopies du texte de la pièce de théâtre – à distribuer à chaque élève de la classe.
Acte 1 : Une table, deux chaises, des valises ; si possible un enregistrement audio de départ ou d’arrivée d’un aéroport.
Acte 2 : Un comptoir, une table et une chaise, deux valises, des dossiers. Acte 3 : Côté gauche : deux chaises ; côté droit un canapé.
Acte 4 : Une table, deux chaises, un seau à champagne avec une bouteille, deux
coupes de champagne.
Acte 1
Abraham et Loth sont assis à une petite table. De nombreuses valises sont disposées autour d’eux.
Le régisseur : Allez, on commence! Lumières ! Vous êtes à l’aéroport et vous commandez une boisson.
Abraham : On l’a échappé belle avec le supplément de bagages. Ouf ! J’ai eu peur.
Loth : Oui ! Ils ont été sympas chez El Al. Bon ! C’est pas tout ça ! Qu’est-ce que tu prends ? Garçon ! On peut avoir un café ? Et toi, qu’est-ce que tu veux ?
Abraham : Un thé, ce sera parfait ! Bien ! Tu n’oublies pas le rendez-vous avec l’architecte ? Demain matin à 10 heures pour parler de notre hôtel. Comment on va l’appeler ?
Loth : Je ne sais pas moi! Abraham-Loth ? « Bramot » ? « Ramot » ? Qu’est-ce que tu
en penses ?
Le régisseur fait signe au garçon d’apporter les boissons.
Abraham :Très bon « Ramot » ! (S’adressant au garçon) Merci bien ! Ah oui ! Est- ce que tu es d’accord pour qu’on construise l’hôtel avec une partie centrale et une aile de chaque côté ? Comme ça, on pourra mettre en commun la réception, la terrasse, la salle à manger.Tout ça au centre. Et de chaque côté, les chambres : à gauche les tiennes, à droite les miennes par exemple.Tiens, j’ai fait un croquis pour le montrer à l’architecte. (Il sort un papier de son porte-documents)
Loth : Moi, ça me semble bien !
Abraham : Alors c’est bon ! Une fois les travaux finis, nos épouses pourront venir. Rien ne vaut la vie en Israël !
Loth :T’as raison, tonton !
Le régisseur : C’est bon! Éteignez les lumières, débarrassez les tables, les chaises
et les valises !
Acte 2
Le régisseur : Bon, maintenant, on est au deuxième acte. L’hôtel est construit ; il y a des clients. Apportez le comptoir, un tabouret.Voilà, au centre. Et puis à gauche,
une table et une chaise en retrait pour Abraham. Mettez des papiers sur la table.Toi, tu portes les valises du client. Loth, tu accueilles le nouveau client. Abraham, tu es assis à gauche et tu consultes des registres.Vous êtes prêts ? C’est bon ! Lumières ! Ah oui ! J’oubliais ! Pendant la conversation entre Loth et le client, Abraham, tu reçois un coup de téléphone, discret bien sûr. Et c’est seulement après le départ du client que tu parles à Loth.
Loth : Bonjour madame, bonjour monsieur ! Bienvenue à l’hôtel « Ramot » ! Vous avez fait bon voyage ?
Le client : Oui, merci ! Mais dite donc, j’ai dû attendre trois mois avant d’avoir une chambre ! C’est toujours complet chez vous ?
Loth : Dieu merci ! Nous faisons de notre mieux pour satisfaire notre clientèle. Nous vous avons réservé la chambre 364. C’est l’une de nos meilleures, au troisième étage avec vue sur le désert.Voulez-vous remplir notre fiche ? Vous restez deux nuits n’est-ce pas, pension complète ?
Le client : Oui ! C’est exact !
Loth : Signez ici et bon séjour à l’hôtel « Ramot ».
Le portier et les clients s’éloignent et font semblant d’appuyer sur un bouton et d’attendre l’ascenseur. Abraham fait signe à Loth, dès que le portier et le client disparaissent de la scène.
Abraham : Dis donc, Loth, je viens de recevoir un coup de téléphone d’un de nos clients. La chambre 124. C’est une chambre sur l’aile gauche. Il dit que certains de ses bijoux et vêtements ont disparu…
Loth : C’est possible, je suis désolé. Mais le personnel responsable du nettoyage est débordé ! Et je n’ai pas trouvé d’autres employés. Qu’est-ce que je peux faire ?
Acte 2
Abraham : Écoute ! On va faire simple ! Pour que cela ne se reproduise plus, je propose de vendre « Ramot » et de monter deux hôtels séparés. Le personnel que tu as engagé ne me semble pas fiable. Et je ne veux pas de querelle entre nous.
Qu’est-ce que tu en penses ?
Loth : Bon ! C’est une idée qui en vaut une autre. C’est un peu dommage ! On s’entend bien !
Abraham :Tout va continuer comme avant… On se verra le Chabbat… Ne t’en fais pas ! Où veux-tu monter ton hôtel ?
Loth : Puisque tu me laisses le choix, je préfère les rivages de la mer Morte. Je suis sûr que la proximité de la mer attirera des clients. Je pourrai proposer des bains de boue, des massages… Vendre des produits de la mer Morte.
Abraham :Très bien ! Eh bien, moi, je m’installerai à Hébron. Je ne sais pas pourquoi, je suis attiré par cette ville. La ville de nos ancêtres… Topons là !
Le régisseur : C’est bon ! Éteignez tout !
Acte 3
Le régisseur : Bon, toi, Alex, tu as préparé ton matos? Tu te souviens : quand je lèverai la main droite tu éclaireras la partie droite de la scène, l’hôtel de Loth, et bien sûr, quand je lèverai la main gauche, tu éclaireras la partie gauche. Compris ? (On entend une voix : OK) Bon : pour la droite un tapis, un canapé et une table basse. Samuel, tu as préparé le plateau avec les boissons ? (On entend une voix : Oui !) Abraham, pour toi, on fait spartiate : deux chaises qui resteront vides. On commence ? (On entend un « oui » collectif) Le régisseur lève la main gauche.
Les projecteurs illuminent le côté gauche de la scène.
Abraham : Les amis ! Les amis (Quatre soldats et une soldate s’approchent. Personne ne s’assoit) Tout d’abord je tiens à vous remercier et à vous dire que je suis fier d’accueillir dans notre modeste kibboutz des soldats de Tsahal en permission.Vous êtes arrivés hier en autobus, pour certains après un long trajet, et vous voilà déjà à l’œuvre. Merci encore.
Alors, comme vous le savez, notre hôtel kibboutz fonctionne seulement sur la base du volontariat. C’est grâce à ce système que nous pouvons assurer les dépenses de votre séjour et de vos repas. Sachez que nous ne faisons aucun bénéfice.
Aujourd’hui, pour le travail, vous avez le choix : la vigne, l’oliveraie, la cuisine, la salle à manger, l’entretien du jardin… Qui veut la vigne? Toi, OK ! Toi, les oliviers ? Parfait. Et toi tu choisis la cuisine ? Bravo. La salle à manger, c’est toi. Ah ! Et toi le jardin. (Chaque soldat a levé les mains pour indiquer son choix) Bien sûr, la voiture du kibboutz vous ramènera à l’autobus, quand vous voudrez repartir, comme à l’aller. Des questions ?
Les clients (Ensemble) : Non !
Abraham : Alors au boulot mes amis, mais d’abord, on se voit à la salle à manger pour le déjeuner !
Les acteurs se dispersent. Le côté gauche s’éteint doucement. Le régisseur lève la main droite. Le responsable de l’éclairage met pleins feux sur le côté droit de la scène.
Acte 3
Loth (S’adressant au client qui vient d’entrer) : Très cher monsieur, asseyez-vous, je vous en prie. Le voyage en avion n’a pas été trop pénible ?
Le client : Non, c’était très court. J’ai apprécié la piste d’atterrissage que vous avez construit tout près de l’hôtel. Cela évite tous les transferts habituels avec les valises…
Loth : Vous avez dû apercevoir notre terrain de golf et notre splendide piscine d’eau douce. Comme vous pouvez l’imaginer, c’est un véritable défi dans cette région !
Le client : Oui ! J’espère en profiter dès maintenant.
Loth : Et si vous voulez vous reposer, votre chambre habituelle est prête. Nous vous y avons déposé vos bagages.
Le Client : C’est bien, j’y vais. Chambre 856, n’est-ce pas ? Je vous confie ma montre, et mon portefeuille, comme d’habitude. Prenez-en soin.Vous les mettez au coffre ?
Loth : Bien sûr, je m’en charge personnellement.
Le client prend l’ascenseur. Loth ouvre un coffre derrière le comptoir. Au même moment, quatre malfrats surgissent des coulisses. Ils sont masqués et armés de revolver. Loth a eu le temps de refermer le coffre.
Un des malfrats : Haut les mains ! Ouvre le coffre et vite !
Loth : Je ne peux pas l’ouvrir, il faut un code.
Un des malfrats : Ne me raconte pas d’histoires.Tu as des employés, appelle-
les !
Acte 3
Loth : Samuel, David, Moshe… Vous pouvez venir s’il vous plaît ?
Un des malfrats : Celui qui est sur la terrasse, quand on est entré, où est-il ?
Loth : Je ne sais pas… Je ne sais pas où il est passé… peut-être il est parti chercher des produits d’entretien, il en manque…
Un des malfrats : Bon. Alors tout le monde dans la réserve. Allez ! Plus vite que ça.Vous n’en sortirez que lorsque vous m’aurez donné le code.
Les malfrats emmènent les quatre personnes hors de la scène.
Acte 4
Le régisseur : Bon, vous enlevez tout et vous mettez une petite table au centre avec deux chaises. Samuel, tu apportes une bouteille de champagne dans un seau et deux coupes. Allez, c’est parti ! Lumières !
Loth : Je ne sais pas comment te remercier. Quel coup de bol ! Des clients soldats !
Ils ont réglé ça en trois coups de cuillère à pot! Vraiment, j’ai eu de la chance !
Abraham : C’est bon ! On n’en parle plus !
Loth : Bien, je dois retourner à l’hôtel. On m’attend et j’ai une tonne de travail en
retard.
Abraham :Tu es sûr que tu veux repartir ? J’ai entendu dire que les gens qui habitent près de ton hôtel ne sont pas particulièrement sympathiques.
Loth : Oui, je sais. Mais je n’ai rien à voir avec eux. Et j’ai hâte de revoir ma femme ; elle doit s’inquiéter après tout ça.
Abraham : Bon ! Je ne te retiens pas. Eh ! Au fait, tu as trouvé un cuisinier ?
Loth : Oui, excellent. Le problème c’est qu’il met trop de sel dans les plats. Mais
ma femme adore sa cuisine.
Abraham : Elle aime ce qui est salé ?
Loth : Oui. Si elle pouvait, elle lécherait les plats. Elle mange tellement, qu’après les repas, elle s’endort sur place. Impossible de la faire bouger !
Abraham : Comme la femme de Loth de la Bible !
Loth :Tu plaisantes, j’espère ?
Abraham : Bien sûr. Garçon ! Encore un peu de champagne !
Le régisseur : Éteignez les lumières ! Rideau !
Rideau
Résumé de la pièce
Joseph est un jeune homme tranquille qui vit à Tel-Aviv. Il vient d’être reçu dans l’une des meilleures universités d’Israël. Spécialiste des sciences politiques, il provoque la jalousie de ses frères Juda et Benjamin, car son père, Jacob, nourrit une préférence à son égard et lui fait toutes sortes de cadeaux. Le dernier en date est un complet veston de chez Dior.
Juda et Benjamin décident de se débarrasser de leur frère Joseph. C’est l’époque où la Russie est sous régime communiste, avec à sa tête un dictateur : Pharaotchov. Ils endorment Joseph avec un somnifère et le font embarquer dans la cale d’un avion à destination de l’URSS qui, à cette époque, n’entretient pas de relations diplomatiques avec Israël.
Joseph se retrouve sans un sou à Moscou, en plein hiver. Il cherche du travail
et en trouve dans un hôtel de luxe. Là, il rencontre Petifour, le responsable de l’établissement ainsi que de nombreux kolkhozes. La femme de Petifour lui fait des avances. Il résiste. Et pour le punir, elle accuse Joseph d’avoir essayé de la séduire. Petifour le dénonce aux autorités comme anticommuniste.
En prison, il tombe malade par manque de nourriture. Il est transporté à l’hôpital. C’est là qu’il se lie d’amitié avec un proche de Pharaotchov.
Très vite, Joseph devient le Premier ministre de Pharaotchov. Grâce à lui, l’URSS n’est plus une dictature. Le régime s’assouplit. Joseph fait venir son père et ses frères à Moscou.
Vérifier la compréhension du texte
Donnez plusieurs raisons qui permettent de comparer l’ex-URSS à l’Égypte de la
Bible.
En quelle année pouvez-vous situer la pièce ?
Le fait que Joseph puisse trouver du travail à Moscou, à l’époque communiste, vous paraît-il vraisemblable ?
Quel pourrait être, d’après vous, le véritable nom de Pharaotchov.
Parallèles entre l’intrigue de la pièce et le récit biblique
Expliquons aux élèves que si les personnages de notre pièce de théâtre portent les noms de personnages de la bible, ce n’est pas un hasard, car nous nous sommes inspirés d’un récit biblique.
Comparons donc le récit biblique à cette histoire inventée de toutes pièces.
Joseph et ses frères dans la Bible
De tous ses fils, Jacob préférait Joseph qui ressemblait à sa mère, Rachel. Un jour, Jacob fit un merveilleux présent à Joseph : une tunique de toutes les couleurs comme en portaient les princes. Aucun de ses frères n’en avait de semblable.
Lorsque ces derniers virent leur frère ainsi vêtu, ils se mirent en colère et
murmurèrent entre eux : « Habillé de cette façon, Joseph a l’air d’être notre chef ».
Joseph fit deux rêves qu’il raconta à ses frères. En l’écoutant, ceux-ci se mirent encore plus à le haïr : dans le premier rêve, ils étaient au champ pendant la moisson. La gerbe de blé de Joseph se dressait toute droite alors que les gerbes de ses frères qui l’entouraient s’inclinaient vers la sienne. Le lendemain matin, il raconta son deuxième rêve : le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant lui.
Ses frères décidèrent de le tuer. Mais Ruben vint à son secours et proposa de le jeter dans un puits. En voyant une caravane d’Ismaélites, Ruben persuada ses frères de leur vendre Joseph. Ils racontèrent à leur père que Joseph avait été dévoré par une bête sauvage.
Les marchands ismaélites étaient sur le chemin de l’Égypte. Joseph s’y installa et travailla chez Putiphar. Mais la femme de son maître voulait charmer Joseph qui résistait. Elle se mit en colère et raconta à son mari que Joseph voulait la séduire. Putiphar le fit mettre en prison.
Dans la même geôle, l’échanson de Pharaon, tombé en disgrâce, eut des rêves que
Joseph interpréta
Deux années plus tard, Pharaon fit deux rêves qu’aucun devin ne put interpréter. L’échanson de Pharaon, qui entre temps avait été libéré, se souvint de Joseph et intervint pour le faire sortir de prison. Joseph interpréta les rêves de Pharaon : il y aura sept années de récoltes abondantes puis sept années de disette.
Que faire ? demanda Pharaon
Joseph lui expliqua qu’il fallait mettre de côté du blé pendant les sept années d’abondance et que, pendant les sept années de famine qui suivraient, Pharaon pourrait ouvrir les réserves afin de nourrir son peuple.
Pharaon trouva que Joseph était sage et lui confia la mission de gérer son royaume.
Lexique
Alya : Entre 1990 et 2005, près d’un million de juifs originaires de l’ex-Union soviétique ont émigré en Israël.
Communisme : Organisation économique et sociale fondée sur la suppression de la propriété privée au profit de la propriété collective.
Échanson : Officier d’une maison royale ou seigneuriale dont la fonction était de
servir à boire à la table du prince.
Guerre froide : Période de tension entre l’ex-URSS et les États-Unis d’Amérique alliés aux démocraties libérales d’Europe occidentale. La guerre froide débuta après la Deuxième guerre mondiale et se termina en 1991.
La Loubianka : Immeuble célèbre pour avoir abrité la prison où furent enfermés et exécutés des centaines de prisonniers « politiques » pendant la période du régime communiste.
Kolkhose : En ex-URSS, exploitation agricole collective dans laquelle la terre, les
bâtiments, le matériel et une partie du bétail sont mis en commun.
Putiphar : Officier de Pharaon qui prit Joseph à son service comme esclave.
Refuznik : Pendant la guerre froide, les Juifs soviétiques qui désiraient immigrer en Israël étaient considérés comme des traîtres potentiels. Pour faire une demande de visa, tous les membres de la famille devaient abandonner leur travail et se plaçaient ainsi dans une situation de « parasitisme social » considéré alors comme une infraction pénale. Un Comité de soutien aux Juifs russes (Refuznik) s’était constitué afin d’influer sur l’opinion publique.
Sharansky (Nathan) : Né en 1948. Un des plus célèbres opposants au système soviétique. En 1973, il se voit refuser son visa de sortie pour Israël. Il devient porte- parole du mouvement juif refuznik. En 1977, il est arrêté et condamné à 13 années de travaux forcés pour trahison et espionnage pour le compte des États-Unis. Il est envoyé en Sibérie où il travaille 9 ans. Sa condition attire l’attention des diplomates occidentaux. Il est libéré en 1986 et émigre en Israël.
URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques) : État à cheval entre l’Europe orientale et l’Asie ayant occupé un sixième des terres habitables. L’URSS fut fondée en 1922 lors du Congrès des soviets et dissoute en 1992. C’était à l’époque le plus grand État du monde. Elle se caractérisait par un régime politique comptant un parti unique : le Parti communiste de l’Union soviétique.
L’URSS apporta son aide à Israël de 1948 à 1951. Mais bien vite, la politique antisémite de l’URSS, son refus de laisser les Juifs russes émigrer en Israël et le rapprochement du Kremlin avec les pays arabes (et notamment l’Égypte de Nasser) amenèrent des tensions entre les deux pays.
Bon à savoir
Les relations diplomatiques entre Israël et l’ex-URSS : Après vingt-quatre ans de rupture diplomatique, Mikhaïl Gorbatchev rétablit les relations entre l’URSS et Israël, permettant ainsi l’émigration des Juifs soviétiques en Israël.
La libéralisation du régime communisme : Mikhail Gorbatchev, dirigeant de l’ex- URSS de 1985 à 1991, est l’initiateur de la libéralisation économique et politique de son pays. Ses objectifs étaient d’intégrer la propriété privée, ainsi que de favoriser le pluralisme politique et donc la démocratie.
L’immigration massive des Juifs de l’ex-URSS : Dans les années 90, près de 770 000 Juifs de l’ex-URSS émigrent en Israël. Ces immigrés ont souvent un niveau culturel et professionnel élevé (médecins, scientifiques, artistes) et s’installent de préférence dans les grandes villes.
Similitudes et différences entre le personnage biblique et celui de la pièce
Joseph de la Bible
Jacob a 12 fils.
Jacob offre à son fils une tunique multicolore qui provoque la jalousie de ses frères.
Les frères de Joseph décident de le jeter dans un puits. Ils le vendent à des Ismaélites qui font route vers l’Égypte.
Joseph travaille chez Putiphar en Égypte.
La femme de Putiphar s’éprend de Joseph qui repousse ses avances. Elle l’accuse d’avoir essayé de la violer. Putiphar le fait jeter en prison.
Joseph est jeté en prison.
Joseph interprète le rêve de l’échanson.
Pharaon fait deux rêves que les devins n’arrivent pas à interpréter.
Sous les conseils de son échanson, Pharaon prend Joseph pour gérer l’économie de l’Égypte.
Joseph de la pièce
Jacob a 3 fils : Benjamin, Ruben et Joseph.
Jacob offre à Joseph un costume de grande marque qui provoque la jalousie de ses
frères.
Les frères de Joseph décident de droguer Joseph et de le mettre dans la cale d’un avion à destination de l’URSS.
Joseph travaille chez Putiphar en URSS
Idem. La femme de Putiphar s’éprend de Joseph qui repousse ses avances. Elle l’accuse d’avoir essayé de la violer. Putiphar le fait jeter en prison.
Idem. Joseph est jeté en prison.
Joseph interprète les rêves d’un proche du président Pharaotchov Pharaotchov fait deux rêves que les devins n’arrivent pas à interpréter. Pharaotchov choisit Joseph pour redresser l’économie de l’URSS. Personnages
Cinq hommes : Petitfour, Joseph,
Le boulanger, Un garde, Pharaotchov.
Matériel et décor
Photocopies du texte de la pièce de théâtre – à distribuer à chaque élève de la classe.
1er acte : un salon avec un bureau et un canapé.
2e acte : une cellule de prison avec une cuvette de WC.
3e acte : un bureau avec des chaises.
Acte 1
Petifour : Comment, qu’est-ce que j’entends ? Ma femme m’a dit que tu lui avais fait des avances? Après tout ce que j’ai fait pour toi ! C’est dingue ! Je ne peux pas y croire ! Quand je pense que je t’ai accordé toute ma confiance ! C’est une honte, Joseph, et tu vas me le payer très cher !
Joseph : Mais, monsieur Petifour. C’est une erreur ! Vous avez dû mal comprendre votre femme. Je n’ai jamais voulu…
Petifour : Pas un mot de plus ! Ingrat ! Tu ne travailles plus chez moi ! Je me rappelle quand tu m’as supplié de venir travailler à l’hôtel.Tu étais transi de froid dans ton joli costume trois-pièces de chez Dior.Tu ne parlais pas un mot de russe. Tu baragouinais juste ton hébreu incompréhensible. Je t’ai nourri, logé…
Joseph : Et je vous en remercie, monsieur Petifour. Je me souviens à peine de mon voyage en avion. J’aurais été trouvé dans la cale, avec les valises. On a dû me droguer. Ce dont je me souviens c’est le froid quand je suis arrivé à Moscou. Un froid que je n’avais jamais connu. Un froid horrible… horrible…
Petifour : Oui, et tu t’es jeté sur la nourriture comme si tu n’avais pas mangé pendant huit jours. Je t’ai demandé de t’occuper de ma maison, de l’hôtel que je gère et des kolkhozes de la région, et j’avoue que tu as accompli ta tâche à
merveille. Je n’avais rien à redire sur toi… Jusqu’à ce que ma femme me révèle tes manigances…
Joseph : Je n’ai rien manigancé, monsieur Petifour, croyez-moi ! J’ai toujours été votre fidèle serviteur.
Petifour : Oui ! Mais ce que tu as osé dire à ma femme est impardonnable et tu vas aller en prison. J’en appellerai aux membres du Parti et je te dénoncerai pour activités anticommunistes.
Joseph : Monsieur Petifour, vous faites une grave erreur…
Petifour (Il téléphone) : Oui… Immédiatement. Directement à la Loubianka. (A Joseph) Ils arrivent tout de suite.Tu vas voir de quel bois je me chauffe !
Acte 2
Joseph (Il tape au mur en morse) : Amnonshik tu m’entends ? Ah ! Fais attention, j’entends les gardes dans le couloir. Fais semblant de dormir.
Amnonshik (On l’entend très faiblement de la cellule voisine) : Oui, j’ai entendu. À tout à l’heure.
Joseph (Il s’allonge sur sa paillasse. On entend des bruits de bottes dans le couloir. Une fois le danger éloigné, Joseph s’agenouille et met la tête dans la cuvette des WC.) :Tu m’entends mieux Amnonshik? Mets la tête dans la cuvette. Les tuyaux d’évacuation communiquent entre nos deux cellules.
Amnonshik (Un peu plus fort) : Oui, c’est parfait comme ça !
Joseph : Alors tu dis que les kolkhozes ne suffisent pas à nourrir la population ? Qu’il faut importer du blé ? Mais pourtant les champs sont immenses, les tracteurs en quantité suffisante et la population agricole très importante. Que se passe-t-
il pour qu’on manque de nourriture ?
Amnonshik : Écoute, je ne sais pas, je ne suis pas économiste. Mais, ce que je sais, c’est qu’il y a des files d’attente devant les boulangeries de Moscou et de toutes les grandes villes et qu’il est pratiquement impossible d’acheter un morceau de poulet.
Joseph : Il faut changer de système économique. Les agriculteurs qui travaillent dans les kolkhozes ne sont pas intéressés à produire. Rien ne leur appartient.
Qu’ils travaillent peu ou beaucoup, ils sont payés autant. Ce que je suggère, c’est de scinder une partie des terres des kolkhozes en petits lotissements privés. Chaque agriculteur sera propriétaire de son lotissement, vendra pour son propre compte et aura donc tout intérêt à produire au maximum.
Amnonshik : Chut, j’entends les gardes. Attention, ils entrent dans ma cellule.
On entend le bruit de bottes des gardes puis un bruit de clés.
Le garde : Allez, Amnonshik , du vent, tu es libre, quelqu’un est intervenu en ta
faveur.Tu peux sortir.
Amnonshik (Très fort pour que Joseph l’entende) : Merci, je vous revaudrai ça les
amis.
Acte 3
Pharaotchov : Joseph, je t’ai fait venir dans mon bureau pour te dire que le Comité s’est mis d’accord pour te décerner la médaille du Parti.
Joseph : Merci, monsieur le Secrétaire général. Je suis très honoré.
Pharaotchov :Tu as fait un long chemin depuis ta sortie de prison. Je voulais
faire venir Amnonshik pour qu’il assiste à la cérémonie, mais il ne peut pas. Il est en voyage. C’est dommage! C’est lui qui m’avait parlé de toi. C’est grâce à lui que tu es sorti de prison. Et ça s’est très bien trouvé. Grâce à toi, l’économie de l’URSS s’est relevée. J’avoue que nous étions au bord de la faillite. C’est toi qui as eu l’idée de faire cesser la course aux armements avec l’Amérique. C’est toi qui as eu l’idée de privatiser les kolkhozes. La République soviétique te doit beaucoup.
Joseph : C’est tout le peuple russe qui s’est relevé. La Russie va redevenir une nation forte. De plus, j’ai entendu que des personnages haut placés dans le Parti seraient favorables à une émigration des Juifs d’Union soviétique en Israël.
Pharaotchov : J’y suis moi-même favorable.Voir constamment ces manifestations de Juifs américains demander la « libération » des Juifs russes ça fait désordre et c’est très mauvais pour notre politique de rapprochement avec les États-Unis. Sans compter ce Sharansky qui nous a cassé la tête pendant des années.
Joseph : Et si vous donnez la permission à des centaines de milliers de Juifs russes de sortir du pays, vous serez considéré comme un grand homme d’État. Un homme d’État qui a marqué l’histoire ! N’est-ce pas les enfants ? (On entend un oui du public) Plus fort! Plus fort encore ! Vive Pharaotchov! Allez, il mérite qu’on le porte en triomphe !
Des enfants se lèvent et portent Pharaotchov sur une chaise. On entend une musique russe !
Rideau
S a m s o n S a m s o n
S a m s o n
S a m s o n S a m s o n S a m s o n
S a m s o n S a m s o n
S a m s o n S a m s o n
S a m s o n S a m s o n
Résumé de la pièce
Samson est un homme riche. Propriétaire d’une chaîne de magasins de vêtements connue dans le monde entier, les vêtements « Sasso ». Il court sur un tapis de course et donne des ordres à ses employés tout en écoutant de la musique hassidique entre deux conversations téléphoniques.
Samson s’apprête à inaugurer une nouvelle succursale à Singapour quand un pauvre homme malade vient lui quémander de l’aide. Il habite un immeuble qui donne sur le boulevard périphérique et la pollution atmosphérique est telle qu’il a une tumeur aux poumons. Il n’a pas les moyens de se faire soigner à l’hôpital. Samson prend les choses en main et s’occupe de rembourser les soins.
Avant son départ, il engage une nouvelle secrétaire Dalila, dont les cousins sont des hommes malhonnêtes propriétaires d’usines fabriquant des voitures très polluantes : les usines « Intoxo ».
Ces cousins incitent Dalila à obtenir les codes bancaires de Samson. Celle-ci y parvient : Samson lui révèle que c’est grâce à des puces électroniques collées à l’intérieur de sa perruque qu’il passe ses ordres de virement à la banque.
Les cousins de Dalila s’emparent des puces électroniques, crèvent les yeux de Samson, et vident ses comptes en banque !
Pendant les mois qui suivent, Samson, grâce aux magasins « Sasso », a regagné un peu de sa fortune sans que les cousins de Dalila y prêtent attention.
Un jour, pour se divertir et le narguer, ceux-ci invitent Samson (qui est toujours aveugle) à un gala organisé pour célébrer la sortie de leur millionième voiture. Samson s’y rend.
Un journaliste est là pour couvrir l’événement et Samson en profite pour faire une déclaration fracassante : « Les usines Intoxo fermeront dès demain !
La chaîne de production s’arrêtera, car plus personne désormais ne voudra y travailler ». Samson a, en effet, lancé une grande opération : il offre aux ouvriers des stages qui leur permettront de devenir des fabricants de matériel médical et de gagner confortablement leur vie. Les candidats affluent. Pour financer ces formations, Samson devra utiliser tout l’argent qu’il a regagné. Il se ruine, mais
« c’est pour la bonne cause ».
Vérifier la compréhension du texte
En quoi force et richesse se confondent-elles ? Pourquoi Samson porte-t-il toujours une perruque ?
La pollution atmosphérique est liée en grande partie à l’émission d’un gaz s’appelant le dioxyde de carbone (couramment dénommé par sa formule chimique CO2).
Selon des sources officielles, la pollution atmosphérique serait responsable chaque année du décès prématuré de 6 500 à 9 500 personnes en France, à la suite notamment d’affections du système respiratoire. La circulation automobile émet beaucoup de ce CO2 nocif dans l’air que nous respirons.
Des recherches sont menées afin de créer des véhicules plus écologiques, c’est-à-dire moins nocifs pour notre environnement.
Parallèles entre l’intrigue de la pièce de théâtre et le récit biblique
Expliquons aux élèves que si les personnages de notre pièce de théâtre portent les noms de personnages de la Bible, ce n’est pas un hasard, car nous nous sommes inspirés d’un récit biblique.
Samson de la Bible
L’histoire de Samson est racontée dans les chapitres 13 à 16 du Livre des Juges. Deux éléments sont relatés dès les premières lignes : les Philistins sont les maîtres du pays et la mère de Samson est stérile.
Un ange apparaît à la mère de Samson et lui promet qu’elle concevra un fils ; celui-ci devra être Nazir, c’est-à-dire se consacrer à Dieu en s’abstenant de consommer du vin et en ne se coupant jamais les cheveux.
Samson devenu adulte affiche deux caractéristiques : une attirance pour les femmes
philistines et une force surhumaine.
Un jour, il va jusqu’à incendier des champs de blé appartenant aux Philistins en y envoyant trois cents chacals dont il a enflammé les queues.
Les hommes de la tribu de Yehouda, craignant une revanche de leurs ennemis, le ligotent et le livrent aux Philistins, mais Samson se délivre aisément de ses liens et, avec pour toute arme une mâchoire d’âne, met en déroute un millier d’entre eux.
Samson s’éprend d’une femme philistine : Dalila. Les Philistins convainquent cette dernière de lui soutirer le secret de sa force. Par deux fois, Samson lui ment. La troisième fois, il lui révèle la vérité : sa force réside dans sa chevelure qu’il n’a jamais coupée. Il suffirait de lui couper les cheveux pour que sa vigueur l’abandonne.
Dalila endort Samson et appelle les Philistins. Profitant de son sommeil, l’un d’entre eux lui coupe sept mèches de cheveux. Puis ils l’immobilisent et lui crèvent les yeux.
Après quelque temps, sa chevelure a repoussé. Les Philistins n’y prennent pas garde et, pour se divertir, conduisent Samson aveugle au Temple de Dagon. Samson invoque alors Dieu et, à l’aide de ses seuls bras, fait s’effondrer les colonnes qui soutiennent le temple.Tout l’édifice s’écroule, tuant des milliers de Philistins et Samson lui-même.
Lexique
Le Livre des Juges : Ce livre de la Bible raconte la période pendant laquelle les Hébreux furent gouvernés par des Juges.
Samson : Samson fut l’un de ces juges dont parle le Livre. Il est particulièrement
connu pour sa force prodigieuse.
Hassidique : Se rapporte au mouvement religieux fondé au XVIIIe siècle en Europe
de l’Est par Israël Ben Eliézer, surnommé le Baal Shem Tov.
Philistins : Peuple antique ennemi d’Israël occupant la bande côtière située entre les villes actuelles de Gaza et de Tel-Aviv.
Dagon : Dieu des Philistins.
Périphérique : Boulevard autoroutier ceinturant Paris
Similitudes et différences entre les personnages bibliques et ceux de la pièce
Samson de la Bible
La puissance réside dans la force physique. Samson est capable de tuer un lion de
ses mains.
Les Philistins sont les ennemis jurés d’Israël.
Samson épouse Dalila (qui est une espionne des Philistins), laquelle finit par connaître tous ses secrets sauf un : l’origine de sa force.
Le secret de la force de Samson réside dans sa chevelure qui n’a jamais « connu le rasoir ».
Dalila trahit Samson.
Après avoir endormi Samson, elle lui coupe sept mèches. Samson qui a maintenant perdu toute force est livré aux Philistins, lesquels lui crèvent les yeux.
Samson est prisonnier.
Ses cheveux repoussent tout doucement…
Personne ne réalise que Samson est en train de retrouver une partie de sa force.
Les Philistins organisent une fête païenne pour célébrer la défaite de Samson. Samson fait tomber les colonnes du Temple de Dagon ; tous les princes philistins meurent.
Samson aussi meurt sous les décombres.
Mais il a neutralisé (pour un temps) les ennemis d’Israël.
Samson de la pièce
La puissance réside dans la richesse. Samson a ouvert une chaîne de magasins à l’enseigne « Sasso » dans le monde entier. Il y vend toutes sortes de vêtements.
Des industriels fabriquant des voitures et des camions extrêmement polluants sont
les ennemis jurés de la santé publique.
Le personnage de l’homme malade est amené pour souligner les méfaits des émissions carbone des voitures et illustrer la richesse et la générosité de Samson.
Samson engage Dalila, une nouvelle secrétaire, laquelle en fait espionne pour le compte des industriels. Elle a accès à tous ses secrets, sauf un : comment activer ses codes bancaires.
Le secret de Samson réside dans les puces électroniques cachées sous sa magnifique perruque.
Grâce à elles, il peut entrer ses codes bancaires et gérer sa fortune. Dalila trahit Samson.
Avec la complicité de Dalila, ses cousins lui volent sa perruque et vident ses comptes en banque.
Ils lui crèvent ensuite les yeux.
Samson se retrouve sans argent et avec des dettes.
Mais les magasins Sasso continuent à générer des bénéfices. Peu à peu, Samson refait fortune.
Les industriels fêtent la mise sur le marché de leur millionième voiture.
Samson annonce que tous les ouvriers des usines appartenant aux cousins de Dalila ont démissionné. Ceux-ci sont ruinés.
Samson est vivant, mais a investi tout son argent dans l’aménagement d’un stage rémunéré pour les employés de l’usine de voitures. Il est ruiné, mais a empêché la fabrication de nouveaux véhicules polluants et sauvé énormément de gens de différentes maladies dues à la pollution.
Personnages
Le récitant,
Samson en tenue de sport, puis revêtu d’un costume chic et portant des chaussures
élégantes. Il porte une perruque.
Golan Guedj (un homme malade),
Dalila (en corsage blanc échancré, jupe noire droite très ajustée et escarpins à hauts talons),
Deux cousins de Dalila, en costume et lunettes noires,
Un journaliste équipé d’un appareil photo, Des invités (rôles de figuration).
Matériel et décor
Photocopies du texte de la pièce de théâtre – à distribuer à chaque élève de la classe.
Une perruque dans laquelle on aura collé des puces électroniques et quelques fils
électriques,
Une table qui fera office de bureau,
Deux chaises,
Un ordinateur portable, Un bloc-notes,
De la paperasse,
Deux téléphones portables.
Prologue
Le récitant :Vous vous souvenez de l’histoire de Samson ? Samson, vous savez, le costaud. Samson qui tue un lion de ses mains, Samson qui tient sa force de sa chevelure et qui, trahi par Dalila, provoque l’écroulement du temple idolâtre des Philistins et meurt sous les décombres.
Eh bien moi, je vous demande : Quelle tête aurait ce Samson s’il vivait à notre époque ? Quel métier exercerait-il ?
Ce ne serait sûrement pas un haltérophile ou un boxeur. La force physique n’est plus aussi importante de nos jours. On peut maintenant creuser des étangs et aplanir des montagnes en utilisant des machines.
Pour moi, la force de nos jours, c’est l’argent ; et Samson, c’est un homme
ultra-riche. Et les Philistins d’aujourd’hui, contre lesquels notre Samson se bat, qui sont-ils ?
Je vous laisse deviner.
Acte 1
Lever de rideau : Samson est un homme jeune et musclé. Il semble courir sur un tapis de course. Il a une serviette autour du cou et s’essuie régulièrement le front. Devant lui, à
portée de main, un ordinateur portable. Il écoute de la musique hassidique à plein volume. On entend une sonnerie. Il arrête la musique et se gratte la tête.
Samson : Mais oui, je t’ai dit que j’étais d’accord pour ouvrir une succursale à Singapour. Même enseigne, « Sasso ». Je leur ai envoyé tous les vêtements invendus de la succursale de Barcelone… Oui, oui, je serai là pour l’inauguration.
Le narrateur : Et puisque Samson aime les jolies filles, mettons-en une dans
notre histoire.
Samson parcourt le public du regard, puis va chercher dans le public la comédienne qui jouera Dalila.
Samson :Tenez, mademoiselle, oui, là, vous, au premier rang. Voulez-vous m’accompagner à Singapour ?
La jeune femme monte sur scène. Elle minaude un peu. Samson : Comment vous appelez-vous, mademoiselle ? Dalila : Dalila, monsieur.
Samson emmène Dalila vers la table placée à gauche de la scène, tout en lui expliquant sa tâche et lui tend un bloc-notes.
Samson : C’est parfait, mademoiselle Dalila, c’est parfait, je vous engage comme secrétaire et voici votre bureau. Il y a une tonne de trucs en retard. Mon ordinateur est là.Vous pouvez vous installer. Commencez par m’imprimer la liste de mes rendez-vous pour la semaine, elle est là, dans mes données personnelles. Et puis,
là, sur le bureau, vous trouverez les dossiers que j’ai préparés pour emporter à Singapour. Ah oui… Il faut prévenir le pilote de mon jet privé. Il s’appelle Aaron. Vous trouverez son numéro dans mon agenda. On décolle dans deux heures. C’est bon ? Si vous avez des questions, je suis là.
Acte 1
On entend une sonnerie.
Beha’alotkha
Après un long séjour dans le désert du Sinaï, les enfants d’Israël se préparent à entamer la deuxième partie de leur périple vers la terre promise. Pour cela, un recensement organise chaque tribu autour du Tabernacle. Ils confectionnent la Ménorah du Temple et fabriquent des trompettes d’argent pour rassembler le peuple et marquer le départ. Toutefois, alors que le voyage commence, des plaintes émergent parmi le peuple, et un incendie ravage l’extrémité du camp : « Le peuple affecta de se plaindre amèrement… Le Seigneur l’entendit et sa colère s’enflamma, le feu de l’Eternel sévit parmi eux… » (Nombres 11 ; 1) Mais le peuple implore Moïse. Ce dernier intercède auprès de l’Eternel et le feu s’éteint. Ce lieu est connu sous le nom de Tabera.
Le peuple continue de se lamenter : « …les enfants d’Israël se remirent à pleurer, et dirent : ‘Qui nous donnera de la viande à manger ? Nous nous souvenons du poisson que nous mangions en Égypte gratuitement, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et de l’ail. Maintenant nous sommes exténués… nous sommes exténués. » (Nombres 11 ; 4-6) Les enfants d’Israël ont rapidement oublié leur passé douloureux en Égypte, où ils étaient réduits en esclavage et leurs enfants tués. Ils ne se souvenaient que du poisson qu’ils mangeaient gratuitement, oubliant que cette « gratuité » leur coûtait leur liberté. Cette idéalisation récente de leur passé et leur ingratitude face aux sacrifices consentis pour leur libération frustraient profondément Moïse. Désespéré, Moïse s’adresse à l’Éternel : « Pourquoi as-tu rendu ton serviteur malheureux ? Pourquoi…m’as-tu imposé le fardeau de tout ce peuple… ? …Je ne puis moi seul, porter tout ce peuple… ? » (Nombres 11 ; 11-14) L’Éternel lui conseille de désigner soixante-dix anciens pour l’assister.
Nasso
La paracha Nasso, qui tire son nom du verbe hébreu « Nasso » signifiant « porter » ou « pardonner », est la plus longue de la Torah avec 176 versets. Elle aborde divers sujets, notamment les rôles des fils de Lévi, Gerchon et Merari, responsables du transport du Tabernacle et de ses accessoires.
Pour Gerchon : « Voici ce qui est imposé aux familles nées de Gerson, comme tâches et comme transport : elles porteront les tapis du Tabernacle…sa couverture… » (Nasso 4 ; 24-25). Pour Merari : « Les enfants de Merari… sont tenus de porter …les solives du tabernacle ses traverses ses piliers et ses socles… » (Nasso 4 ; 29-31).
Font suite les mesures contre les impurs frappés par la lèpre : « Ordonne aux enfants d’Israël de renvoyer du camp tout individu lépreux, ou atteint de flux, ou souillé par un cadavre. » (Nasso 5 ; 2). Pour les cas de malversation, il est stipulé : « Si un homme ou une femme a causé quelque préjudice à une personne et, par-là, commis une faute grave envers le Seigneur, mais qu’ensuite cet individu se sente coupable, il confessera le préjudice commis, puis il restituera intégralement l’objet du délit, augmenté du cinquième, et qui doit être remis à la personne lésée. » (Nasso 5 ; 6-7). En cas d’adultère : « Si la femme de quelqu’un, déviant de ses devoirs, lui devient infidèle…cet homme conduira sa femme devant le pontife …Et le pontife la fera approcher, et il la placera en présence du Seigneur… » (Nasso 5 ; 12-16). En ce qui concerne le naziréat : « Si un homme ou une femme fait expressément vœu d’être abstème, voulant s’abstenir en l’honneur de l’Éternel… » (Nasso 6 ; 2). Vient ensuite la bénédiction des Cohanim : « Parle ainsi à Aaron et à ses fils : Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël ; vous leur direz : ‘Que l’Éternel te bénisse et te protège ! Que l’Éternel fasse rayonner sa face sur toi et te soit bienveillant ! Que l’Éternel dirige son regard vers toi et t’accorde la paix !’ Ils imposeront ainsi mon nom sur les enfants d’Israël, et moi je les bénirai. » (Nasso 6 ; 23-26). La paracha se termine par les offrandes des princes.
La paracha Nasso examine les défis auxquels fait face une communauté en développement, montrant comment chaque membre doit être assigné à son rôle spécifique pour construire une société cohérente. Elle souligne que l’harmonie au sein de la communauté dépend de l’engagement de chacun à suivre les règles établies.