Arts du visuel

Nous remercions pour le soutien à la publication de cet ouvrage : Ezra venture, La Fondation du Judaїsme Francais, Le Fonds Social Juif Unifié, Le Fonds Myriam. Nous exprimons notre reconnaissance à la famille Gross et au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme pour avoir mis leur collection à notre disposition. Nous exprimons notre reconnaissance pour leurs contributions , remarques et conseils à : Déborah Elalouf, Gilles Elalouf, Daniel Elalouf, Nathalie Serfaty, Philippe Levy, Jean Jacques Wahl, Michèle Fingher, Edith Sidi, Agnès Eliakim, Denise Berrebi, Michel Elbaz, Michel Rottenberg, Corinne Kalifa, Aline Schapira, Colette Goldberg, Norbert Taїeb. 2 Editions ADCJ – Le Voyage de Betsalel 2022 ISBN : Auteur : Florence Soulam Graphisme et illustrations : David Soulam Tous droits de traduction, reproduction ou représentation intégrale ou partielle sont réservés pour tous les pays. Editions ADCJ, 56 rue Hallé, 75014 Paris, France contact@adcj.org www.adcj.org www.levoyagedebetsalel.org Sommaire p.6 – p.23 Antiquité – 3000 à 476 Moїse sauvé des eaux, Doura Europos, Syrie, 244-1245 Mardochée sur le cheval du roi, Doura Europos, Syrie, 244-245 Moїse devant le buisson ardent, Doura Europos, Syrie, 244-245 p.24 – p.41 Moyen âge 476 à 1492 Mosaïque de Beit Alpha, Erets Israël, 517-5l8, Bible de Cervera, Espagne, 1300 Haggadah de Rylands, Espagne, 1330 p.42 – p.59 Temps modernes 1492 à 1789 Méguilat Esther, Ferrare, Italie, 1618 Ketouba de Bordeaux, France, 1748 Haggadah de Pessah, Pays Bas, 1695 p.60 – p.77 Epoque contemporaine 1789 à aujourd’hui Mizra’h, Lituanie, 1877-1878 Alphonse Levy, Birkat ha-Levana, France, 1883 Isidore Kaufmann,Vendredi soir, Autriche, 1920 La nouvelle collection Facettes d’art Juif est publiée par ADCJ-Le Voyage de Betsalel. Elle fait part du travail d’artistes dans le domaine de l’art du visuel, de l’espace, du quotidien et du spectacle. Chronologiquement la présentation de ces oeuvres couvre quatre périodes : l’antiquité de l’an -3000 à l’an 476 l’année de la chute de l’empire romain ; le moyen âge de l’an 476 à 1492 date de la découverte de l’Amérique ; les temps modernes de 1492 à 1789 date de la révolution française ; l’époque contemporaine s’étend de 1789 à nos jours. Témoignages d’artistes, de leur histoire, de leur vécu, en Israël ou en Diaspora les arts du visuel présentés dans cet ouvrage s’expriment par diverses techniques comme la fresque, la céramique, l’enluminure, la gravure, la peinture, le dessin, la photographie, la sculpture…Ces œuvres nous dévoilent les différentes interprétations liées à la représentation de l’image dans le judaïsme : une image en perpétuel devenir pour un peuple en perpétuel questionnement. L’art des communautés juives, dans les écoles, permet l’apprentissage de la lecture d’une image replacée dans son contexte. Il aiguise le regard et développe une dimension analytique et critique. Cette approche autorise l’élève à toucher au sensible et surtout à s’approprier 4 autrement des moments de l’histoire des diverses communautés ainsi que leur adaptation au monde environnant sans perdre leur identité. L’antiquité est représentée par les fresques de la synagogue Doura Europos découverte en 1932, découverte qui a changé l’approche de certains historiens selons lesquels les Juifs vivaient sans images. Le moyen âge est marqué par l’art de l’enluminure. Particulièrement fécond en Espagne, dans la région de Barcelone, vers 1300 qui voit l’essor de la Haggadah de Pessa’h enluminée. L’époque des temps modernes, connaît vers 1470 l’invention de l’imprimerie qui va révolutionner la transmission de la connaissance. Dans les communautés juives l’apparition du livre imprimé ne va cependant pas supplanter les manuscrits et les enluminure L’époque contemporaine, à la fin du 18e 5 siècle, en Europe, donne la possibilité à de nombreux artistes juifs de s’exprimer autrement. de sortir des frontières de leurs communautés. Les académies d’art leurs sont accessibles. Dessiner, peindre, sculpter, photographier avec des artistes non juifs ne représente plus un danger. Au 19e siècle certains participent aux mouvements artistiques de l’époque tels l’expressionisme, l’impressionnisme sans rien laisser transparaître de leur judaïsme. D’autres, pressentant le déclin d’une époque, vont choisir de témoigner de la vie des communautés juives en Europe en représentant les fêtes juives, ou la vie de tous les jours dans les petits villages. Arts du Antiquité Moїse sauvé des eaux La fresque décrivant Moїse sauvé des eaux est située sur le mur ouest de la synagogue de Doura Europos. Douze personnages disposés en 4 groupes de trois se tiennent en dehors des murailles de la ville. De droite à gauche : dans le 1er groupe Pharaon est assis sur son trône entouré de ses hommes. dans le 2e groupe trois femmes sont au bord du Nil. Au premier plan les deux sages-femmes : Chiffra et Poua, à qui Pharaon avait ordonné de tuer tous les nouveau-nés hébreux de sexe masculin. A leurs pieds, c’est sans doute Jochebed, penchée sur le Nil, elle éloigne le berceau de Moїse. dans le 3e groupe trois femmes jouent de la musique. dans le 4e groupe Bithia la fille de Pharaon prend son bain dans le Nil. Elle tient un jeune enfant sur sa hanche. Près d’elle, flotte le panier où elle a trouvé l’enfant. Sur la berge, près de trois servantes, Miriam, la sœur de Moïse et Jochebed sa mère, soutiennent un enfant que vient de leur confier Bithia. Communauté La ville de Doura est située à l’est de la Syrie, à 400 km de Néhardéa où vivait une grande communauté juive de Babylonie. Elle est fondée, en l’an 303 AEC, par le général grec Séleucos Ier, successeur d’Alexandre III, sur les vestiges d’une forteresse gréco-romaine. En 113 AEC, la ville est conquise par les Parthes. C’est une ville fortifiée et une colonie militaire qui contrôle et exploite la vallée de l’Euphrate. Doura est reprise par les Romains en l’an 163 et vidée de ses habitants par les Sassanides en l’an 256. La petite communauté de Doura, composée de marchands prospères, 7 ne semble pas être la seule à avoir eu une synagogue décorée de la sorte. Elle est cependant la seule à avoir été retrouvée pour l’instant. Moïse : prophète qui a fait sortir le peuple hébreu d’Egypte. Synagogue : lieu d’étude et de prière. Doura Europos : ville de Syrie découverte par des soldats anglais en 1920. En 1932, les archéologues mettent au jour la synagogue de Doura Europos. Jochebed : mère de Moïse. Nil : le plus long fleuve d’Afrique, il traverse la Tanzanie, l’Ouganda, l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte pour se jeter en Méditerranée. Néhardéa : ville de Babylonie, dont la population est essentiellement juive et où se trouve une importante académie d’études juives. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Séleucos Ier : général macédonien, fondateur de la dynastie des Séleucides. Alexandre III : Alexandre III, dit Alexandre le Grand, roi de Macédoine, est un conquérant de l’antiquité dont le règne dure 11 ans. Parthes : peuple semi-nomade d’origine iranienne. Euphrate : fleuve qui naît en Turquie, traverse la Syrie et l’Irak. Sassanides : dynastie iranienne qui règne de 226 à 651 sur un vaste empire, du Khurasan à la Mésopotamie. Art Pour l’historien Ernest Namenyi, les artistes juifs, dès le 3e siècle veulent exprimer la volonté divine : ce qui est en marche vers le devenir. Ils s’appliquent à décrire l’action. La beauté des personnages reste secondaire. Ainsi, sur la fresque, l’enfant est représenté plusieurs fois de manière à donner au spectateur une action continue signe de la réalité divine. 8 Ernest Naményi : 1888-1957, originaire de Hongrie Ernest Naményi est économiste et historien de l’art. Il étudie à Budapest, à Bruxelles et s’installe à Paris en 1949 où il rédige son dernier livre L’esprit de l’Art Juif publié en 1957. Histoire La synagogue de Doura Europos est inconnue des historiens jusqu’en 1932. La découverte des peintures de cette synagogue va modifier l’idée ancrée chez de nombreux historiens de la fin du 19e siècle pour qui les Juifs ne possèdent pas de modèle visuel. Les fresques de la synagogue sont le témoignage de l’existence d’un lieu de prière juif, au 3e siècle, décoré de fresques bibliques, antérieur à tous vestiges chrétiens. Les murs de la synagogue de Doura Europos étaient recouverts de fresques. Elles ont été visibles, pendant onze ans, de 245 à 256 jusqu’à la prise de la ville par les Parthes. Judaïsme Dans le livre de l’Exode, c’est une servante de Bithia qui descend dans le Nil pour récupérer le berceau et Moïse. Dans le Targoum d’Onkelos, illustré ici, la princesse se baigne dans le Nil et aperçoit un berceau qui flotte. Elle l’ouvre, décide de prendre le nouveau-né et le confie à Miriam. Exode : Chemot. Deuxième livre du Pentateuque. Targoum d’Onkelos : traduction et commentaire rédigé par Onkelos (2e siècle) qui a traduit la Torah en araméen. Le Talmud de Babylone le cite comme étant : Onkelos fils de Kalonikus, fils de la sœur de Titus, il se convertit au judaïsme. Contexte 165-256 : les Romains occupent Doura Europos. 244-245 : fin de la construction de la seconde synagogue. 250-251 : réalisation des peintures de la synagogue. Ils ont marqué l’époque Samuel, fils d’Idaeus : prêtre à Doura Europos, a construit la synagogue. Samuel, fils de Sapharas : prêtre à Doura Europos, a construit la synagogue. Abraham Arsaches, Silas et Salmanès : ont aidé à la construction de la synagogue de Doura Europos. Technique La fresque est une technique de peinture murale qui consiste à appliquer des pigments colorés sur une paroi enduite d’un mortier frais. Le fait de peindre sur un enduit frais permet aux pigments de pénétrer dans la masse et aux couleurs de durer plus longtemps. Le terme vient de l’italien a fresco qui signifie dans le frais. 9 Activité A tes crayons ! Imagine, dans un même dessin, ce verset où 5 évènements sont rapportés ! Ne pouvant le cacher plus longtemps, elle lui prépara un berceau de jonc qu’elle enduisit de bitume et de poix, elle y plaça l’enfant et le déposa dans les roseaux sur la rive du fleuve. Exode 2 ; 3 Œuvre liée Fresques de la synagogue de Doura Europos. Mots clés Doura Europos ; fresque ; synagogue. 10 F r e s q u e d e D o u r a E u r o p o s S y r i e 11 2 4 5 – 2 4 6 M u s é e d e l a D i a s p o r a ( r e c o n s t i t u t i o n ) Arts du Antiquité Le triomphe de Mardochée Cette fresque est située sur le mur ouest de la synagogue de Doura Europos. Le dessin se lit de gauche à droite. La première scène représente Aman promenant Mardochée sur le cheval du roi dans les rues de Suse. Un groupe de 4 hommes accueillent l’arrivée de Mardochée en le saluant de la main. Ils représentent le peuple d’Israël assistant à la défaite d’Aman et à la gloire de Mardochée. Encore plus à droite le roi Assuérus et la reine Esther sont assis sur le trône royal. Les escaliers du trône sont décorés d’aigles et de lions. Au bas des escaliers un messager, peut être Mardochée lui-même, tend un pli au roi. Sans doute le décret permettant aux Juifs de se défendre, décret avalisé par Assuérus. Communauté La ville de Doura est située à l’est de la Syrie, à 400 km de Néhardéa où vivait une grande communauté juive de Babylonie. Elle est fondée, en l’an 303 AEC, par le général grec Séleucos Ier, successeur d’Alexandre III, sur les vestiges d’une forteresse gréco-romaine. En 113 AEC, la ville est conquise par les Parthes. C’est une ville fortifiée et une colonie militaire qui contrôle et exploite la vallée de l’Euphrate. Doura est reprise par les Romains en l’an 163 et vidée de ses habitants par les Sassanides en l’an 256. La petite communauté de Doura, composée de marchands prospères, 13 ne semble pas être la seule à avoir eu une synagogue décorée de la sorte. Elle est cependant la seule à avoir été retrouvée pour l’instant. Synagogue : lieu d’étude et de prière. Doura Europos : ville de Syrie découverte par des soldats anglais en 1920. En 1932, les archéologues mettent au jour la synagogue de Doura Europos. Aman : premier ministre du roi Assuérus. Mardochée : Mordekhaï. Fils de Yaïr de la tribu de Benjamin, il élève Esther jusqu’à ce qu’elle entre au harem du roi Assuérus. Suse : ville de l’empire perse située au sud de l’Iran actuel. Esther : d’origine juive, elle sauve son peuple du massacre fomenté par Aman. Elle est la deuxième épouse du roi Assuérus. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Séleucos Ier : général macédonien, fondateur de la dynastie des Séleucides. Alexandre III : Alexandre III, dit Alexandre le Grand, roi de Macédoine, est un conquérant de l’antiquité dont le règne dure 11 ans. Assuérus : A’hachveroch, roi de Perse identifié à Xerxès Ier. Parthes : peuple semi-nomade d’origine iranienne. Euphrate : fleuve qui naît en Turquie, traverse la Syrie et l’Irak. Sassanides : dynastie iranienne qui règne de 226 à 651 sur un vaste empire, du Khurasan à la Mésopotamie. Néhardéa : ville de Babylonie, dont la population est essentiellement juive et où se trouve une importante académie d’études juives. Art Les 12 personnages représentés ont une attitude figée.Tous sauf le messager et Mardochée sont représentés de face. Seul le messager est dessiné complètement de profil. Le roi et Mardochée sont vêtus d’un costume iranien. Ils portent une tunique serrée à la taille, un pantalon large, une cape et une coiffe. Les 4 personnages accueillant Mardochée sont les représentants du peuple. Ils sont vêtus d’un manteau drapé dont un pan est replié sur 14 le bras gauche. L’habit d’Aman est simple, semblable à celui du messager. Tous deux annoncent un changement de situation : Aman n’est plus le détenteur du pouvoir – les Juifs ont le droit de se défendre. Histoire Doura signifie forteresse en Akkadien. Elle existait déjà à l’époque assyrienne. Son emplacement est stratégique car elle surplombe le fleuve de l’Euphrate. A la fin du 4e siècle AEC, Nicanor, général du roi Séleucos 1er, décide d’y rétablir une nouvelle ville qu’il nomme Europos, nom du village natal de Séleucos 1er, en Macédoine. Doura Europos s’étend sur 75 hectares. Judaïsme La scène décrite ici, illustre le verset : Aman prit donc le vêtement et le cheval, il habilla Mardochée et le promena à cheval par la grande place de la ville, en s’écriant devant lui : voilà ce qui se fait pour l’homme que le roi veut honorer ! Esther 6 ; 11 Akkadien : langue sémitique écrite en cunéiforme. Elle a été parlée en Mésopotamie par les Akkadiens. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Contexte 113 AEC – 165 : conquête de Doura par les Parthes. 165 – 256 : Doura est sous domination romaine. 256 : les Sassanides s’emparent de la ville et déportent les habitants. Ils ont marqué l’époque Samuel, fils d’Idaeus : prêtre à Doura Europos, a construit la synagogue. Samuel, fils de Sapharas : prêtre à Doura Europos, a construit la synagogue. Abraham Arsaches, Silas et Salmanès : ont aidé à la construction de la synagogue de Doura Europos. Technique La fresque est une technique de peinture murale qui consiste à appliquer des pigments colorés sur une paroi enduite d’un mortier frais. Le fait de peindre sur un enduit frais permet aux pigments de pénétrer dans la masse et aux couleurs de durer plus longtemps. Le terme vient de l’italien a fresco qui signifie dans le frais. Activité A tes crayons ! Comment dessinerais-tu ces versets ? Va vite, dit le roi à Aman, prendre le vêtement et le cheval dont tu as parlé, et fais comme tu as dit à l’égard du juif Mardochée, qui est assis à la porte du roi ; n’omets aucun détail de tout ce que tu as proposé. Aman prit donc le vêtement et le cheval, il habilla Mardochée et le promena à cheval par la grande place de la ville, en s’écriant devant lui : Voilà ce qui, se fait pour l’homme que le roi veut honorer ! Esther 6 ; 10-11 Œuvre liée Fresques de la synagogue de Doura Europos. Mots clés 15 Doura Europos ; fresque ; synagogue. 16 F r e s q u e d e D o u r a E u r o p o s S y r i e 17 2 4 5 – 2 4 6 M u s é e d e l a D i a s p o r a ( r e c o n s t i t u t i o n ) Arts du Antiquité Moїse devant le buisson ardent Cette fresque est située sur le mur ouest de la synagogue de Doura Europos. Moїse, debout, de face, est représenté sur un fond dénudé. Il est vêtu d’un manteau drapé dont un pan est replié sur le bras gauche. Deux bandes bleues décorent le haut de l’habit. C’est le manteau des notables grecs. Moїse est déchaussé près du buisson ardent et les petites flammes qui en émanent ne semblent pas le brûler. Synagogue : lieu d’étude et de prière. Doura Europos : ville de Syrie découverte par des soldats anglais en 1920. En 1932, les archéologues mettent au jour la synagogue de Doura Europos. Moïse : prophète qui a fait sortir le peuple hébreu d’Egypte. Néhardéa : ville de Babylonie, dont la population est essentiellement juive et où se trouve une importante académie d’études juives. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Séleucos Ier : général macédonien, fondateur de la dynastie des Séleucides. Alexandre III : Alexandre III, dit Alexandre le Grand, roi de Macédoine, est un conquérant de l’antiquité dont le règne dure 11 ans. Communauté La ville de Doura est située à l’est de la Syrie, à 400 km de Néhardéa où vivait une grande communauté juive de Babylonie. Elle est fondée, en l’an 303 AEC, par le général grec Séleucos Ier, successeur d’Alexandre III, sur les vestiges d’une forteresse gréco- romaine. En 113 AEC, la ville est conquise par les Parthes. C’est une ville fortifiée et une colonie militaire qui contrôle et exploite la vallée de l’Euphrate. Doura est reprise par les Romains en l’an 163 et vidée de ses habitants par les Sassanides en l’an 256. La petite communauté de Doura, composée de marchands prospères, 19 ne semble pas être la seule à avoir eu une synagogue décorée de la sorte. Elle est cependant la seule à avoir été retrouvée pour l’instant. Parthes : peuple semi-nomade d’origine iranienne. Euphrate : fleuve qui naît en Turquie, traverse la Syrie et l’Irak. Sassanides : dynastie iranienne qui règne de 226 à 651 sur un vaste empire, du Khurasan à la Mésopotamie. Art Deux mains retiennent notre attention. Elles ne sont pas dans le même registre temporel. Celle parallèle à la tête de Moїse est la main de Dieu. Elle est sur le même niveau que la tête de Moїse et révèle son don de prophétie comme il est écrit : Or l’Éternel s’entretenait avec Moïse face à face, comme un homme… Exode 33 ; 11 La main de Moїse est celle qui transmet la Loi au peuple par le biais du buisson ardent. 20 Elle ne craint pas les flammes et invite le peuple à ne pas avoir peur. Est-ce que l’attitude de Moïse sur la fresque correspond à celle du verset ? Histoire En 1920 les troupes britanniques du capitaine Murphy, chassés de Deir-ez- Zor par des tribus arabes, se réfugient dans les ruines d’une forteresse en plein désert, près du village de Salihiyeh surplombant le fleuve de l’Euphrate. Ils sont à Doura Europos. Pour se protéger des tirs les soldats creusent un retranchement quand soudain la terre se dérobe. Quelques soldats tombent dans un trou et décrivent au capitaine Murphy les dessins des fresques. Ce dernier comprend l’ampleur la découverte et convainc l’archéologue américain James Henry Breasted en mission dans la région de Bagdad de venir constater la découverte. Judaïsme Dans le livre de l’Exode lorsque Moïse s’approche du buisson ardent il est écrit : Moïse se dit : Je veux m’approcher, je veux examiner ce grand phénomène : pourquoi le buisson ne se consume pas. L’Éternel vit qu’il s’approchait pour regarder; alors Dieu l’appela du sein du buisson, disant: Moïse ! Moïse ! Et il répondit : Me voici. Il reprit : N’approche point d’ici ! Ote ta chaussure, car l’endroit que tu foules est un sol sacré ! Il ajouta : Je suis la Divinité de ton père, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob… Moïse se couvrit le visage, craignant de regarder le Seigneur. Exode 3 ; 3-6 Exode : Chémot. Deuxième livre du Pentateuque. Contexte 165-256 : les Romains occupent Doura Europos. 244-245 : fin de la construction de la seconde synagogue. 250-251 : réalisation des peintures de la synagogue. Ils ont marqué l’époque Samuel, fils d’Idaeus : prêtre à Doura Europos, a construit la synagogue. Samuel, fils de Sapharas : prêtre à Doura Europos, a construit la synagogue. Abraham Arsaches, Silas et Salmanès : ont aidé à la construction de la synagogue de Doura Europos. Technique La fresque est une technique de peinture murale qui consiste à appliquer des pigments colorés sur une paroi enduite d’un mortier frais. Le fait de peindre sur un enduit frais permet aux pigments de pénétrer dans la masse et aux couleurs de durer plus longtemps. Le terme vient de l’italien a fresco qui signifie dans le frais. 21 Activité A tes crayons ! Moїse est près du buisson ardent. Il a la capacité d’entendre Dieu et d’être à l’écoute des hommes. Comment l’imagines-tu parler à la voix qui sort du buisson ? Œuvre liée Fresques de la synagogue de Doura Europos. Mots clés Doura Europos ; fresque ; synagogue . 22 F r e s q u e d e D o u r a E u r o p o s S y r i e 23 2 4 5 – 2 4 6 M u s é e d e l a D i a s p o r a ( r e c o n s t i t u t i o n ) 24 Hélios sur un quadridge Trois pavements de mosaïque décorent le sol de la synagogue de Beit Alpha. En entrant dans la synagogue, sur le premier panneau figure le sacrifice d’Isaac. Le panneau central comprend les signes du zodiaque. Sur le troisième panneau, l’Arche d’alliance apparaît entre deux rideaux écartés. Au centre de la composition du panneau central, Hélios coiffé d’un diadème est sur un quadrige tiré par quatre chevaux. Il est entouré des douze signes du zodiaque. Chaque signe est notifié en hébreu. Aux quatre coins de la mosaïque les allégories des saisons de l’année :Tichri,Tevet, Nissan et Tamouz. Elles apparaissent sous les traits d’un buste de femme ailée couverte de bijoux. Communauté Après la conquête du royaume de Judée, en 586 AEC, et à part une brève période indépendante sous la dynastie hasmonéenne, Erets Israël passe successivement sous domination perse, grecque, romaine, byzantine et arabe. 25 Synagogue : lieu d’étude et de prière. Arche d’alliance : coffre en bois fabriqué par Betsalel pour contenir les Tables de la Loi. Hélios : personnifie le soleil et la lumière. Son rôle est de conduire le char du soleil pour amener la lumière du jour dans les différentes contrées de la terre. Quadrige : un char attelé de quatre chevaux. Royaume de Judée : après la mort du roi Salomon, vers 931 AEC, les douze tribus d’Israël se séparent. Les tribus de Juda et de Benjamin forment le royaume de Juda. La capitale du royaume est Jérusalem. Le royaume de Judée disparaît lors de la destruction de Jérusalem par le roi Nabuchodonosor en 587 AEC. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Dynastie hasmonéenne : fondée en l’an 140 AEC, après l’indépendance de la Judée, par Simon Maccabée. Simon est le frère de Juda Maccabée qui prit le commandement de la révolte contre les Séleucides en 166 AEC. La dynastie hasmonéenne s’achève avec le règne de Matthathias Antigone en l’an 37 AEC. Art La nef centrale de la synagogue de Beit Alpha est entièrement pavée de mosaïques. Deux inscriptions en araméen indiquent les noms des mosaïstes, Marianos et son fils ‘Hanina. Il semblerait que ces deux artisans aient également exécuté le pavement de la synagogue de Beit Chéan. Histoire Les fondations de l’ancienne synagogue de Beit Alpha ont été découvertes en 1928 par les archéologues Sukenik et Avigad. Les fouilles ont débuté en 1929. L’avis des archéologues diffère quant à la datation. Sukenik date les mosaïques du règne de Justin Ier (518-527) alors que Gutman les date de Justin II (567-578). Judaïsme La synagogue est de plan basilical à trois nefs et trois portes. Au bout de la nef est construite une abside où devait se trouver le Aron ha-kodech dans laquelle étaient déposés les rouleaux de la Torah. 26 Nef : allée centrale qui, en architecture, traverse un lieu de prière. Dans une synagogue, c’est l’espace qui va de l’entrée au Aron ha-Kodech. Araméen : langue sémitique, de la même famille que l’hébreu qui lui a emprunté son alphabet. Sukenik Eléazar : (1889-1953) archéologue israélien. Il a contribué à ce que l’Etat d’Israël achète les rouleaux de la mer morte. Avigad Na’hman : (1905-1992) archéologue israélien. Il a participé aux fouilles de Beit Chéarim, de Massada et a découvert avec Yigal Yadin les rouleaux de la mer morte. Gutman Shmarya : (1909-1996) archéologue israélien. Il a participé aux fouilles de Massada et a été l’initiateur des fouilles de Gamla. Plan basilical : édifice rectangulaire qui se termine par une abside. Abside : extrémité en demi-cercle d’une construction. Aron ha-kodech : niche où armoire où sont conservés les rouleaux de la Torah à la synagogue. Torah : pentateuque. Les cinq premiers livres de la Bible : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Contexte 500 : clôture du Talmud de Babylone. 508-509 : mosaïque de la synagogue de Gaza. 512 : établissement d’un Etat juif indépendant en Babylonie. Asie Mineure : péninsule à l’extrémité occidentale de l’Asie qui correspond à l’Anatolie. Bichromie : impression en deux couleurs. Ils ont marqué l’époque Mar Zutra II : (496-520) fils de Huna, roi de l’exil, il règne de 512 à 520. Il fomente une révolte contre les Perses puis est tué par le roi sassanide d’Iran Kavadh I. Mar Zutra III : né en 520 il est le fils de Mar Zutra II. Il arrive secrètement à l’âge de 18 ans en Erets Israël. Il devient membre de l’Académie de Tibériade connu sous le nom de Rech Pirka. Tesselle : petit morceau de pierre ou de céramique servant de matériau pour la composition d’une mosaïque ou d’un pavement. Polyédrique : qui a la forme d’un polyèdre ; une forme géométrique à trois dimensions planes. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Technique La mosaïque de pavement apparaît autour du 8e siècle AEC, en Asie Mineure. C’est une composition réalisée par un assemblage de galets. Elle est caractérisée par sa bichromie et son contraste de motifs clairs sur un fond sombre. Cette technique se diffuse en Grèce. A la fin du 2e siècle AEC, l’utilisation des tesselles supplante celle du galet. Les tesselles ou tessères sont assemblées en petits éléments polyédriques. Cette innovation permet de réduire 27 les interstices, de reproduire plus fidèlement les modèles et de se rapprocher des rendus picturaux. Activité A tes crayons ! Les poissons représentent le mois d’Adar. Imagine deux poissons colorés pour évoquer le mois qui doit marquer des manifestations de joie ! Œuvre liée Synagogue de Beit Chéan. Beit Chéan : une des plus anciennes villes d’Israël datant de la préhistoire. Elle est située à 30 km du lac de Tibériade. Mots clés Beit Chéan ; Mosaïque ; synagogue. 28 M o s a ï q u e d e B e i t A l p h a E r e t s I s r a ë l 29 5 1 7 – 5 1 8 A u t o r i t é d e s a n t i q u i t é s d ‘ I s r a ë l 30 La vision de Zacharie La Bible de Cervera est un manuscrit de 451 feuillets sur parchemin. Un chandelier en or, sur fond bleu nuit, composé de sept branches illustre la vision de Zacharie annoncant les temps messianiques. Des oliviers encadrent le chandelier. Leurs branches alimentent 3 fioles qui, à leur tour, alimentent le chandelier. Le manuscrit échappe à la destruction des communautés juives d’Aragon et de Castille en 1391 et aussi à l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492 et du Portugal en 1498. Contexte 1263 : une disputation a lieu à Barcelone autour du thème de la venue du messie. En présence de Jaime 1er d’Aragon elle oppose Moїse ben Na’hman de Gérone, appelé Na’hmanide, à Pablo Christiani un Juif converti. 1305 : suite aux controverses liées à l’étude de certains textes de Maїmonide, Salomon ben Aderet fait interdire l’étude de la science et de la philosophie avant l’âge de 30 ans. 1360 : Samuel ha-Levi Aboulafia, trésorier du roi Pierre 1er, fait construire de nombreuses synagogues dont celle de El-Transito à Tolède. Il est accusé par Pierre 1er de conspiration et emprisonné à Séville. Communauté Au 12e siècle, en Espagne, la situation des Juifs évolue d’un Etat à l’autre en fonction de la disposition du souverain. Les Juifs sont la propriété du roi. Dès que le roi doit financer une guerre, ou faire face à une crise économique, il puise ses fonds au sein de la communauté juive. Au 13e siècle, les Juifs de Catalogne sont riches et lettrés. Les désordres politiques et sociaux de la province rendent leur situation précaire. L’église impose ses règles vis-à-vis de la communauté juive, elles sont appliquées à la convenance des souverains régnants. 31 Parchemin : peau de mouton, d’agneau ou de chèvre préparée pour l’écriture. Zacharie : prophète qui prononce sa première prophétie durant le règne de Darius 1er et incite le peuple à la reconstruction du Temple. Catalogne : région située au nord-est de la péninsule ibérique. Elle est autonome depuis juin 2006. Maїmonide : (1135- 1204) rabbin, philosophe et médecin né à Cordoue. Connu sous le nom du Rambam, il compile le Michné Torah, le plus grand code de la loi juive. Art Certains spécialistes s’accordent à dire que Joseph ha-Tsarfati aurait été le maître de l’atelier d’enluminure de Soria. La qualité de son travail place l’atelier de Soria au premier plan des ateliers d’enlumineurs juifs espagnols du début du 14e siècle. Histoire La Bible de Cervera a été rédigée dans la ville de Cervera, en Catalogne, en Espagne. Sa rédaction a commencé le 30 juillet 1299 et s’est terminée le 19 mai 1300 comme l’indique le colophon. Elle a été achetée, en 1804 à la Haye, par António Ribeiro dos Santos (1745−1818) alors bibliothécaire en chef de la Bibliothèque publique royale de la cour de Lisbonne. Judaïsme La Bible de Cervera inclut la Massorah qui permet une lecture correcte du texte en notant l’accentuation, la ponctuation, la disposition du texte sur la page, et un traité de grammaire : Sefer ha-Nikoud écrit par le rabbin David Kimhi. Colophon : placé à la fin d’un texte, 32 le colophon donne des indications sur les noms de l’auteur, du copiste, de l’enlumineur et la date de l’ouvrage. Antonio Ribeiro de Santos: (1745-1818) bibliothécaire de la Bibliothèque de Lisbonne il écrit l’histoire des Juifs portugais jusqu’au 15e siècle. Ses ouvrages portent sur l’état-civil et politique des Juifs au Portugal. Il lègue ses écrits à la bibliothèque, fait brûler ses archives et ne publie pas ses recherches de peur d’être soupçonné de pratiquer le judaïsme. Massorah : massore. Notes sur l’écriture, les voyelles, la prononciation, les formes des lettres et autres signes accompagnant les lettres. Sefer ha-Nikoud : livre de la vocalisation, connu sous le titre Et Sofer, littéralement Plume du scribe. David Kim’hi : (1160−1235 env.) grammairien et talmudiste. Il est connu sous le nom de Radak. Il traduit de nombreux textes philosophiques de l’arabe à l’hébreu. Ses textes sont connus des chrétiens qui se basent sur ses recherches pour leur traduction de la Bible en latin. Ils ont marqué l’époque Salomon ben Aderet : ( 1235-1310) originaire de Barcelone, il est connu sous le nom de Rachba. Féru de Halakha, il dirige la communauté de Barcelone où il exerce comme banquier. Moїse ben Chem Tov de León : (1240-1305) rabbin et cabbaliste, originaire de Guadalajara, il est supposé être l’auteur du Zohar. Abraham Crescas : (1325-1387) cartographe du roi Juan 1er d’Aragon. Il crée L’Atlas Catalan dans les années 1375- 1377. Juan 1er offrira cet ouvrage à Charles V. Technique Le texte est écrit sur deux colonnes de 31 lignes chacune. La reliure, faite de chemises cartonnées recouvertes de cuir rouge, de gravures dorées et de pages de garde marbrées, date du 18e siècle. Josué ben Abraham ibn Gaon et Samuel ben Abraham ibn Nathan sont les scribes qui ont participé à l’écriture de la Bible. Cartographe : personne qui conçoit des cartes de géographie. Atlas Catalan : carte du monde conservée à la Bibliothèque nationale de France. Composée de 6 feuillets elle a été réalisée, en 1375, par Abraham Crescas, de Majorque. Elle est accompagnée d’un calendrier perpétuel. Halakha : partie juridique du Talmud. Cabbaliste : adepte de la cabbale, courant intellectuel juif, venu d’Orient. La cabbale s’épanouit en Languedoc et en Espagne au moyen âge. Elle a pour but d’accéder à la connaissance du monde divin par une interprétation mystique et allégorique de la Bible hébraïque. Zohar : ouvrage de cabbale compilé par Moїse de Léon et ses disciples, 33 rédigé en araméen entre 1270 et 1280. Activité A tes crayons ! L’olivier est symbole de paix et d’abondance. Il a des feuilles en hiver comme en été. Le tronc de l’olivier est noueux. Ses feuilles pointues et dures sont vertes d’un côté et gris clair de l’autre. Imagine ton propre olivier ! Œuvres liées Bible de Kennicott ; Haggadah d’or ; Haggadah de Sarajevo. Mots clés Espagne ; Bible enluminée ; Ecole de Soria. 34 B i b l e d e C e r v e r a E s p a g n e 35 1 3 0 0 B i b l i o t h è q u e n a t i o n a l e d u P o r t u g a l 36 Moїse et le bâton En quatre scènes, l’enlumineur nous présente les cinq épisodes suivants : -Moїse berger, -Moїse se déchaussant devant le buisson ardent, -Moїse un bâton à la main, -Moїse transformant le bâton en serpent, -Moїse reprenant son bâton. Il est habillé comme un Catalan du 14e siècle. Il porte une tunique rouge retenue par une ceinture à la taille. Les manches sont étroites sur les avant-bras. Ses bas-de-chausses et ses chaussures sont noires. Ses cheveux sont longs et ondulés. L’arrière-plan est entièrement décoré comme cela se faisait dans les ateliers d’enlumineurs en France et en Catalogne à la même époque. Catalan : habitant de la Catalogne, située au nord-est de l’Espagne. Samuel ha-Levi Aboulafia : (1320-1361) ministre des finances, conseiller privé du roi Pierre le Cruel de Castille. Il signe de nombreux documents royaux de son sceau, en hébreu. Il encourage le pouvoir de la monarchie et meurt torturé sous l’ordre de Pierre le Cruel. Pierre le Cruel : (1334-1369) roi de Castille et de León. Il est appelé Pierre le justicier par ses partisans. Communauté Au moyen âge la communauté juive de Castille et d’Aragon, en Espagne, entretient de bonnes relations avec les autorités. Les Juifs pratiquent toutes sortes de métiers : commerçants, artisans, forgerons, négociants en textiles, fermiers, armateurs mais ils ne pratiquent pas le prêt d’argent comme les Juifs d’Europe du nord. Certains occupent des postes élevés et sont médecins, mathématiciens, astronomes ou traducteurs. Samuel ha-Levi Aboulafia de Tolède, devient le ministre des Finances de Pierre le Cruel, roi de Castille. Cependant, cet âge d’or bascule au 14e 37 siècle et la vie de la communauté cesse d’être florissante. Art Les caractéristiques de l’enluminure gothique apparaissent nettement sur cette miniature : l’histoire est racontée en épisodes ; les couleurs sont contrastées ; Moїse dessiné tout en courbe apparaît sur un arrière fond entièrement décoré. Sa tunique rouge, forme des plis ondulants et contraste avec le noir de ses bas-de-chausses. 38 Haggadah (plur. Haggadot) : recueil composé de textes liturgiques extraits de la Bible hébraïque, de la littérature rabbinique, de poèmes et de chants célébrant la sortie d’Égypte et lus pendant le Séder. Histoire La Haggadah, en devenant un livre distinct, c’est-à-dire indépendant du livre des prières quotidiennes, va devenir un livre abondamment illustré. Jusque-là, les décors étaient discrets, ils vont occuper des pages entières. En Catalogne, au 14e siècle, les décors illustrent les textes des livres de la Genèse et de l’Exode. Sur la haggadah de Rylands sont décrits des passages du livre de l’Exode et du déroulement de la célébration de Pessa’h en Egypte et en Catalogne. Genèse : Béréchit, premier livre du Pentateuque. Exode : Chemot, deuxième livre du Pentateuque. Rylands : La John Rylands Library est la bibliothèque universitaire John Rylands de Manchester. Judaïsme Les scènes de ce feuillet illustrent des passages du Livre de l’Exode. La première scène en partant du haut correspond au verset : Or, Moïse faisait paître les brebis de Jéthro son beau- père, prêtre de Madian. Il avait conduit le bétail au fond du désert et était parvenu à la montagne divine, au mont Horeb. Exode 3 ; 1 La seconde scène correspond au verset : L’Éternel vit qu’il s’approchait pour regarder ; alors Dieu l’appela du sein du buisson, disant : Moïse ! Moïse ! Et il répondit : Me voici. Il reprit : N’approche point d’ici ! Ôte ta chaussure, car l’endroit que tu foules est un sol sacré ! Exode 3 ; 4,5 Le Seigneur lui dit : Qu’as-tu là à la main ? La scène du bas correspond au verset : Il répondit : Une verge. Il reprit : Jette-la à terre ! Et il la jeta à terre et elle devint un serpent. Moïse s’enfuit à cette vue. Le Seigneur dit à Moïse : Avance la main et saisis sa queue ! Il avança la main et le saisit et il redevint verge dans sa main. Exode 4 ; 2, 3, 4 Contexte 1348 : des bruits courent que les Juifs du sud de la France ont empoisonné les puits et sont responsables de la Peste noire. La rumeur s’étend à la Catalogne et l’Aragon. 1371 : Henri II de Castille impose la rouelle. Les Juifs d’Aragon et du midi de la France la porte dès le début du 14e siècle. 1391 : le 5 août la communauté juive de Barcelone est massacrée. Dans d’autres villes, on oblige les Juifs à se convertir au christianisme. Ils ont marqué l’époque Moїse ben Na’hman : (1194- 1270) connu sous le nom de Na’hmanide. Chef spirituel de la communauté de Catalogne, médecin, il met sa vie en danger en participant à une controverse devant le roi Jacques Ier. Il se sauve d’Espagne et parvient en Erets Israël où il réorganise la communauté d’Acre – Akko. Salomon ben Abraham Adret: (1235-1310) connu sous le nom de Rachba, il est originaire de Barcelone où il a travaillé en tant que rabbin. Il est l’auteur de nombreuses Responses. Moїse de León : (1240-1305) kabbaliste, Moїse ben Chem Tov de León est l’auteur d’une partie du Zohar qu’il rédige entre 1270 et 1300. Technique La Haggadah de Rylands est écrite sur du parchemin. Les enluminures sont à la gouache et à l’encre. Les fonds sont rehaussés d’or. 13 enluminures en pleine page décorent la Haggadah. Les personnages ont tous la tête penchée comme cela se faisait à l’époque gothique. 39 Peste noire : épidémie de peste qui tue, dans le monde, 25 millions de personnes de 1346 à 1352. Elle se propage en Sicile, en France, en Italie, en Espagne, en Europe centrale et gagne même la Scandinavie. Activité A tes crayons ! Le bâton de Moїse se transforme en serpent ou en crocodile. Comment dessiner une action en cours ? Comment dessines-tu la transformation ? Rouelle : petite pièce de tissu découpée en anneau que les Juifs devaient porter comme signe distinctif. Pessa’h : Pâque. Fête célébrant la sortie d’Egypte et le passage des Hébreux de l’état d’esclavage à la liberté. Œuvres liées La Haggadah Dorée ; la Haggadah de Barcelone. Responses (Responsa) : réponses des rabbins aux questions posées en matière de Halakha. Halakha : ensemble de textes regroupant les obligations religieuses auxquels les Juifs doivent se soumettre ; désigne aussi le corpus de la jurisprudence rabbinique. Mots clés Catalogne ; Haggadah de Rylands ; Pessa’h. 40 H a g g a d a h d e R y l a n d s E s p a g n e 41 1 3 3 0 W i k i m e d i a C o m m o n s 42 Pri’ère des Juifs de Suse Le scribe enlumineur Moché Pescarol met en image le verset de la Méguila d’Esther : Va rassembler tous les Juifs présents à Suse… Esther 4 ; 16. Il décrit le moment où les Juifs de Suse prient pour que l’intercession d’Esther auprès du roi Assuérus réussisse. Il représente l’intérieur d’une synagogue italienne, aux murs blancs, sans fenêtres. Des hommes aux épaules recouvertes d’un Talith sont assis sur des bancs, d’autres sont debout. L’officiant est devant l’Arche d’alliance, dirigé vers Jérusalem, vers le Temple. Cette scène n’est décrite que sur les Méguilot de Moché Pescarol. Communauté Au 16e siècle, en Italie, les rabbins s’ouvrent au monde non religieux sans pour autant cesser d’étudier les textes Juifs. Parmi eux, le talmudiste Benjamin Récanati, le poète Emmanuel Salomon de Rome, le commentateur de la Michna Ovadia de Bertinoro, les philosophes Elija Delmedigo et Yo’hanan Alemmanno, le poète Don Isaac Abravanel. De 1600 à 1800, les papes Paul IV, Pie IV et Pie V imposent les ghettos dans différentes villes italiennes. Les murs des ghettos tomberont avec l’entrée de l’armée napoléonienne. 43 Méguila d’Esther (plur. Méguilot) : rouleau d’Esther. La Méguila d’Esther raconte comment, à l’époque du roi Assuérus, la reine Esther aidée de son oncle Mardochée déjoua les plans du premier ministre Aman qui voulait exterminer tous les Juifs du royaume. Suse : ville de l’Empire perse. Esther : d’origine juive, elle sauve son peuple du massacre fomenté par Aman. Elle est la deuxième épouse du roi Assuérus. Assuérus : A’hachveroch, roi de Perse identifié à Xerxès Ier. Talith : châle de prière rectangulaire à franges. Arche d’alliance : coffre en bois fabriqué par Betsalel pour contenir les Tables de la Loi. Michna : du verbe lechanen – répéter, signifie au sens propre apprendre par cœur une tradition orale. La Michna a été retranscrite au 2e siècle par Rabbi Yehouda ha-Nassi. Ghetto : quartier où les Juifs étaient forcés de résider. Art Le rabbin Léon de Modène écrit au sujet de l’intérieur des synagogues italiennes, du début du 17e siècle, que leurs murs étaient blancs et que de nombreux luminaires étaient accrochés au plafond comme le représente Moché ben Abraham Pescarol. 44 Aman : premier ministre du roi Assuérus. Mardochée : Mordekhaï. Fils de Yaïr de la tribu de Benjamin, c’est lui qui élève Esther jusqu’à ce qu’elle entre au harem du roi Assuérus. Torah : pentateuque. Les cinq premiers livres de la Bible : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Histoire Moché ben Abraham Pescarol, scribe enlumineur originaire de Ferrare dans le Piémont, a écrit et enluminé trois Méguilot d’Esther entre 1618 et 1624. Il est le premier enlumineur en Italie à dessiner sur une Méguila d’Esther des scènes où entrent en jeu des personnages. De plus, il signe et date deux de ses Méguilot. Judaïsme Aman le premier ministre du roi Assuérus convainc ce dernier de se débarrasser des Juifs du royaume. Esther, à la demande de son oncle Mardochée, intercède auprès du roi sans avoir été conviée. Le jeûne du 13 Adar, appelé Taanit Esther, a lieu la veille de Pourim en souvenir du jeûne proclamé par la reine Esther avant d’intercéder auprès du roi Assuérus : Va rassembler tous les Juifs présents à Suse, et jeûnez à mon intention ; ne mangez ni ne buvez pendant trois jours ; moi aussi avec mes suivantes, je jeûnerai de la même façon. Et puis je me présenterai au roi, et si je dois périr, je périrai ! Esther 4 ; 16 Contexte 1616 : le rabbin Azriel Alatini tient un débat public avec le Jésuite Alfonso Caraccioli. Le sujet du débat est l’identification du Messie. Devant 2000 personnes, le rabbin Alatini explique pourquoi la Torah ne reconnaît pas Jésus comme le Messie juif. 1618 : le rabbin Léon de Modène édite une pièce de théâtre sur Esther. 1624 : le rabbin Azriel Alatini fait partie de la délégation qui demande au pape de ne pas instaurer un ghetto à Ferrare. La négociation échoue. La communauté juive est contrainte de vivre dans un ghetto. Ils ont marqué l’époque Abraham Colorni : (1544-1599) ingénieur et mathématicien il travaille à la cour d’Alphonse d’Este, duc de Ferrare. Léon de Modène : (1571-1648) Yehouda Arié de Modène est un rabbin né à Venise en 1571. Il écrit un livre sur les rites et coutumes juives, destiné à faire connaître le judaïsme aux chrétiens. Sara Copio Soulam : (1591- 1641) poétesse et écrivaine juive née à Venise en 1592. Œuvres liées Méguila d’Esther Technique La Méguila utilisée pour la lecture publique de Pourim à la synagogue est écrite à l’encre noire sur parchemin. Les lois régissant la rédaction de la Méguila sont presque les mêmes que celle d’un Sefer Torah pour la forme des lettres, les espacements à respecter, la régularité des lignes et l’usage de recopier la Méguila à partir d’un modèle existant en prononçant chaque mot avant de le retranscrire. Selon les communautés, les parchemins de la Méguila sont collés ou 45 cousus entre eux. Ici les bandes de parchemin sont cousues et collées. Le scribe enlumineur a pensé sa Méguila en trente et une colonnes, comprenant chacune un texte rédigé sur de Pescarol : Fonds de treize lignes. Activité A ton appareil photo ! A la synagogue, devant l’Arche d’alliance, place des personnes, aux épaules recouvertes du Talith, la bibliothèque nationale de l’université hébraïque, Jérusalem. Méguila d’Esther de Pescarol : Fonds de la bibliothèque John Rylands, Manchester. Mots clés Au-dessus de chaque texte prend place un décor. Des frises décoratives encadrent chaque colonne. de manière identique et photographie la scène ! Suse ; Italie ; Assuérus, Aman, Esther ; Pourim. 46 , M e g u i l a d ‘ E s t h e r I t a l i e 47 1 6 2 4 C o l l e c t i o n F a m i l l e G r o s s 48 Kétouba au décor floral Sur la Ketouba de Bordeaux, un trait noir sépare le texte du décor. Une frise florale, composée de tulipes et de fleurs décoratives, entoure l’ensemble de la composition. En France, la tradition d’orner des contrats de mariage remonte aux 18e et 19e siècles et provient de certaines communautés séfarades établies dans les villes de Bordeaux, Bayonne et Carpentras. De dimensions réduites à Bordeaux et à Bayonne, elles sont en général écrites sur parchemin. Communauté La communauté juive de Bordeaux était tolérée, en 1550 sous Henri II, en vertu de lettres patentes renouvelées sous Henri III et confirmées par Louis XV en 1723. Cette tolérance est maintenue sous réserve d’acquitter une forte somme toujours réévaluée par le trésor royal. La bourgeoisie leur est accessible. Mais ils ne sont pas admis dans les corporations et ne peuvent pas s’engager dans l’armée. L’Académie leur est fermée et l’accès au grand théâtre interdit. En 1787, Louis XVI accorde la liberté de culte aux Juifs de Bordeaux par un Edit de Tolérance. 49 Ketouba (plur. Ketoubot) : acte de mariage. La Ketouba est lue publiquement lors du mariage. Edit de Tolérance : une déclaration faite par un chef d’état, par laquelle Elle signée par deux témoins et a le statut les membres d’une religion donnée d’un accord légal liant les deux époux. Séfarade : Juif originaire d’Espagne ou du Portugal. Après les expulsions, les Juifs Séfarades se sont répartis sur le pourtour du bassin méditerranéen. Lettre patente : texte par lequel le roi rend public un privilège. ne seront pas persécutés pour la pratique de leur religion. Art Les motifs floraux sont parmi les plus utilisés dans l’illustration des Ketoubot. Leur dessin n’est pas tenu d’être précis. Il est souvent le produit de l’imagination de l’enlumineur. La fleur est utilisée car elle symbolise la vie. Une fois éclose, elle s’épanouit et produit des graines que le vent sèmera, donnant naissance à d’autres plantes, d’autres fleurs. Histoire Le mot Ketouba vient de la racine hébraïque כתב- KTV (écrire). C’est l’acte de mariage qui protège la femme en cas de veuvage ou de divorce. La Ketouba est rédigée en araméen. Le traité Ketoubot du Talmud attribue l’origine de la Ketouba actuelle au rabbin Chimon Ben Cheta’h, un Tanna. Judaïsme La Ketouba, manuscrite en une copie unique, nous renseigne sur le lieu où se contracte le mariage. Selon la coutume séfarade, la mention de la ville était toujours accompagnée de celle du fleuve ou de la mer se trouvant à proximité. Sur cette Ketouba, il est écrit que le mariage est contracté à Bordeaux, situé près de la Garonne. 50 Araméen : langue sémitique couramment parlée, par les Juifs au 2e siècle. Chimon Ben Cheta’h : rabbin du 1e siècle AEC qui décrète que le douaire ne serait plus une valeur payée au moment de la conclusion du mariage mais lors de son éventuelle dissolution. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Tanna : signifie Qui enseigne en araméen .Titre donné aux rabbins dont les enseignements sont consignés dans la Michna. Séfarade : Juif originaire d’Espagne ou du Portugal. Après les expulsions, les Juifs Séfarades se sont répartis sur le pourtour du bassin méditerranéen. Exil de Babylonie : déportation des juifs du Royaume de Juda sous Nabuchodonosor II, roi de Babylone, en 586 AEC. L’exil prend fin avec la prise de Babylone par les Perses. L’empereur Cyrus II libère les Juifs et leur permet en 538 AEC de retourner dans leur pays, et d’y reconstruire le Temple de Jérusalem. Activité A tes crayons ! Les fleurs décorent souvent les contrats de mariage. Comme ici elles ne sont pas toujours identifiables. Imagine une grappe florale, colorée, pour orner une Ketouba. Œuvre liée Collection de contrats de mariage enluminés au Musée du MAHJ. Mots clés Bordeaux ; Ketouba ; enluminure. Contexte 1701 : Pierre Bernadau nous informe dans les Annales politiques de Bordeaux que les Juifs ne sont pas admis au Théâtre de la ville. 1734 : vivent à Bordeaux 350 familles juives tant portugaises qu’avignonnaises, soit quelque 1500 personnes. 1780 : visite solennelle des princes de Bourbon et de Condé à la synagogue de Bordeaux un soir de Chabbat. Ils ont marqué l’époque David Gradis : (1665-1751) écrivain, marchand et armateur, il fait du commerce avec l’Angleterre, la Hollande, le Canada, les Indes, la Martinique au moment de la guerre de sept ans. Sous Napoléon 1er il est conseiller municipal et président du consistoire de la ville de Bordeaux. Isaac Pinto : (1717-1787) né à Amsterdam, il vit à Bordeaux et écrit en 1762 son Apologie pour la Nation Juive contre Voltaire. Israël Bernard de Valabrègue : (1720-1779) savant attaché à la bibliothèque du roi. Surnommé Vidal d’Avignon il est nommé interprète de langues orientales de Louis XV. Technique Le premier support de Ketoubot utilisé par le scribe a été le papyrus. Il a été remplacé par le parchemin, puis par le papier. L’encre utilisée est généralement noire mais elle peut aussi être brune ou violette. Le travail du scribe est important car, si un mot venait à manquer, le sens du contrat en serait faussé. Les corrections et les rajouts sont interdits. Le scribe choisit l’emplacement du texte, il procède, ensuite, à la 51 réglure du support, il y appose le texte et, enfin, en décore les contours. Le contrat de mariage est normalement de forme rectangulaire. Cette Ketouba, écrite sur parchemin est décorée à l’encre et à la gouache. Guerre de sept ans : conflit européen qui opposa, de 1756 à 1763, l’Angleterre et la Prusse à la France, l’Autriche, la Russie, la Suède, l’Espagne et des princes allemands. Papyrus : plante des bords du Nil en Egypte. Avec les tiges de cette plante, les Egyptiens fabriquaient des feuilles pour écrire. Parchemin : peau de mouton, d’agneau ou de chèvre préparée pour l’écriture. Papier : support pour l’écriture fabriqué à partir de fibres végétales réduites en pâte étendue, aplatie et séchée. 52 K e t o u b a d e B o r d e a u x F r a n c e 53 1 7 4 8 C o l l e c t i o n F a m i l l e G r o s s 54 Moïse et Aaron Abraham bar Jacob a gravé la page-titre de cette Haggadah. Familier de l’iconographie des Bibles chrétiennes, il s’inspire des illustrations bibliques de Matthäus Merian dont le cycle d’images est publié à Strasbourg de 1625 à 1630. La gravure représente Aaron et Moïse debout, devant des colonnes cannelées, portant leurs attributs. Ils encadrent le titre de l’ouvrage et les descriptifs de son contenu. Tout au bas de la feuille figurent la ville et l’année de la parution. La partie supérieure de la composition est occupée par six médaillons représentant divers épisodes bibliques. Abraham bar Jacob : (1669-1730) graveur sur cuivre, originaire d’Allemagne. Il travaille à Amsterdam. Connu pour les gravures de la présente Haggadah, il collabore avec Mattheus Merian sur les Icones Biblicae. Page-titre : première page qui présente et donne des informations sur l’ouvrage. Matthäus Merian : (1593-1650) graveur, cartographe originaire de Bâle. Il travaille à Francfort et devient Communauté Parmi les marchands portugais des Pays-Bas au 17e siècle, beaucoup sont Marranes. En 1604 à Alkmaar, en dehors de la juridiction d’Amsterdam, les Juifs obtiennent le droit de pratiquer leur religion, à condition d’obéir à leur bourgmestre. A Haarlem en 1605, les marchands portugais obtiennent le droit d’élire leurs dirigeants communautaires. L’époque est favorable pour la communauté juive portugaise. En 1647, Rembrandt effectue les portraits d’Ephraïm Bueno, Saül Levi Morteira et Isaac Aboab da Fonseca. A partir de la deuxième moitié du 17e siècle, de nombreux achkénazes 55 originaires de Pologne et de Lituanie viennent s’installer principalement à Amsterdam, Rotterdam et La Haye. Ils parlent le yiddich, mêlé à de plus en plus de mots hollandais. bourgeois de Francfort en 1626. Aaron : frère de Moïse et de Myriam. Moïse : prophète qui fait sortir le peuple hébreu d’Egypte. Marrane : nom donné par les espagnols aux Juifs convertis de force au catholicisme par l’Inquisition. Rembrandt : (1606-1669) peintre originaire de Leyde, connu pour ses portraits et ses scènes bibliques. Il marque le 17e siècle Hollandais. Ephraïm Bueno : (1599-1665) élève de son père, Joseph Bueno également physicien. Il publie une traduction du livre des Psaumes en Espagnol. Saül Levi Morteira : (1596-1660) rabbin Hollandais d’origine portugaise. Il fonde l’école Keter Torah où sont enseignés le Talmud et la philosophie juive. Isaac Aboab da Fonseca : (1605- 1693) rabbin de la communauté séfarade d’Amsterdam. Il inaugure la synagogue séfarade d’Amsterdam Esnoga le 2 Août 1675. Achkénaze : terme désignant depuis le moyen âge la culture des Juifs d’Europe. Yiddich : langue parlée dans les communautés achkénazes. Art Dans le médaillon supérieur sont représentés Adam et Eve expulsés du jardin d’Eden. Ils sont raccompagnés par un ange ailé qui porte une épée. Le paradis est isolé du reste du monde par une architecture. Devant Adam et Eve la nature se révèle, rappelant à Adam l’obligation de travailler la terre de ses mains pour se nourrir. 56 Histoire Cette Haggadah est parmi les plus importantes dans l’histoire de l’évolution du livre hébreu imprimé. Elle a été éditée chez Acher Anschel ben Eliezer. Elle est la première à présenter des illustrations gravées sur métal. Pendant de nombreuses années, des livres ont repris les dessins de la Haggadah conçus par Abraham bar Jacob. Une carte de la terre sainte est jointe à la Haggadah, ce qui ne s’était jamais fait auparavant. Judaïsme Avant la première des dix plaies se déroule la scène du miracle. Aaron accompagné de Moïse jette son bâton par terre. Celui-ci se transforme en serpent. Pharaon, impassible, fait appel à ses magiciens égyptiens dont les bâtons se transforment également en serpents. Ils sont engloutis par le bâton d’Aaron mais Pharaon s’obstine. Moïse et Aaron se rendirent chez Pharaon et firent exactement comme l’avait prescrit le Seigneur. Aaron Haggadah (plur. Haggadot) : recueil composé de textes liturgiques extraits de la Bible hébraïque, de la littérature rabbinique, de poèmes et de chants célébrant la sortie d’Égypte et lus pendant le Séder. Exode : Chemot. Deuxième livre du Pentateuque. jeta sa verge en présence de Pharaon et de ses serviteurs et elle devint serpent Pharaon, de son côté, manda les experts et les magiciens; et les devins de l’Égypte en firent autant par leurs prestiges. Ils jetèrent chacun leurs verges et elles se transformèrent en serpent, mais la verge d’Aaron engloutit les leurs. Exode 7 ; 10 – 12 Contexte 1636 : fondation d’une communauté allemande à Amsterdam. 1656 : publication de Justice pour les Juifs de Menasseh ben Israël. 1671 : construction de la synagogue séfarade d’Amsterdam. Activité A tes crayons ! Dessine un Moїse contemporain debout avec ses attributs. Mots clés Pays bas ; Pessa’h ; Haggadah ; Abraham bar Jacob. Œuvre liée Haggadah de 1758 de Sulzbach en Allemagne. Ils ont marqué l’époque Olivier Cromwell : (1599- 1658) homme politique anglais qui ré-autorise en 1656, à la demande de Menasseh ben Israël, le retour des Juifs en Angleterre. Menasseh ben Israël : (1604- 1657) rabbin, imprimeur et éditeur à Amsterdam vers 1626. Baroukh Spinoza : (1632- 1677) philosophe issu d’une famille marrane d’Amsterdam. Il publie trois livres de son vivant. La plupart de ses ouvrages sont publiés après sa mort dont L’Ethique. Le 27 juillet 1656 il est excommunié de la communauté juive d’Amsterdam. Technique Le dessin de la Haggadah est une gravure sur cuivre au burin. Cette technique, apparue dans les ateliers des orfèvres du 15e siècle, permet de nombreux tirages à partir d’une seule plaque de cuivre. En gravure, l’impression en creux est aussi appelée taille douce. Le dessin est gravé directement sur une plaque de métal. Les sillons creusés reçoivent l’encre lors de l’impression. Cette opération est réalisée à la main à l’aide d’un tampon. Le surplus d’encre est délicatement enlevé. 57 La plaque de métal est ensuite recouverte d’une feuille de papier. La plaque et la feuille sont passées entre les rouleaux d’une presse. Lorsqu’on soulève la feuille, on découvre l’image imprimée, qui restitue en sens inverse celle gravée sur la plaque. La plaque de cuivre laisse sur le papier tout autour du dessin une empreinte appelée cuvette. 58 H a g g a d a h d e P e s s a ‘ h P a y s – B a s 59 1 6 9 5 C o l l e c t i o n F a m i l l e G r o s s 60 Moïse, Aaaron, David et Noé Moïse et Aaron, représentés de face, encadrent la Ménorah du Temple. Une frise intermédiaire où sont représentés les signes du zodiaque marque une séparation avec la scène supérieure. Un lion et un cerf encadrent le roi David assis, qui joue de la harpe. En regard, Noé prépare un sacrifice. Au-dessus de leur tête, le mot Mizra’h est encadré par deux lions. Le sommet de la composition est occupé sur le côté gauche par Moïse se déchaussant devant le buisson ardent et sur le côté droit par Noé dans l’arche. Ce dernier accueille la colombe qui tient dans son bec une feuille d’olivier. Communauté A partir du début du 19e siècle, en Lituanie, vivent près d’un million et demi de Juifs qui constituent un huitième de la population totale. Ils sont répartis en trois courants formant la société juive du moment : les Mitnagdim, les ‘Hassidim et les Maskilim. Les Mitnagdim sont ultraorthodoxes et s’opposent aux ‘Hassidim. Ils voient dans la Haskala la lente disparition du judaïsme. Les ‘Hassidim sont mystiques et s’opposent au judaïsme académique de l’époque. Les Maskilim, représentent ceux qui veulent moderniser le statut des Juifs. 61 Moïse : prophète qui a fait sortir le peuple hébreu d’Egypte. Aaron : frère de Moïse et de Myriam. Ménorah : nom du candélabre à sept branches dont le prototype est confectionné pour le Tabernacle du désert. Temple : construit par le roi Salomon sur le Mont Moriah à Jérusalem, il est détruit par Nabuchodonosor II en 586 AEC. Il est reconstruit par les Juifs qui reviennent de captivité de Babylonie en 538 AEC. Le roi Hérode le remanie et l’agrandit en l’an 19 AEC.Titus le détruit en l’an 70. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Signe du zodiaque : au nombre de douze, ces signes sont le bélier, le taureau, les gémeaux, le cancer, le lion, la vierge, la balance, le scorpion, le sagittaire, le capricorne, le verseau et les poissons. David : second roi d’Israël, a régné au 10e siècle AEC, pendant plus de quarante ans. Noé : père de Sem, Cham et Japhet, il bâtit sur les ordres de Dieu une arche pour échapper au déluge. Mizra’h : Est. Le Mizra’h est une œuvre (tableau, affiche, gravure, panneau de bois…) qui indique la direction de Jérusalem vers laquelle on se tourne à un moment de la prière. Haskala : mouvement des 18e et 19e siècles qui préconise la modernisation du judaïsme. Art Six personnages sont représentés sur ce Mizra’h. Tout en haut à gauche, Moїse se déchausse devant le buisson ardent ; à droite, Noé est dans son arche. Au milieu à gauche Noé, fait une offrande ; à droite, le roi David joue de la harpe. En bas à gauche, Aaron tient un encensoir et Moїse, à droite, s’appuie sur un bâton.Tous les hommes portent la barbe. Histoire Les papiers découpés étaient confectionnés exclusivement par des hommes : élèves au ‘Heder, étudiants en Yéchiva, enseignants. Parfois, dans les villages, les personnes agées fabriquaient des papiers découpés lorsqu’ils avaient du temps libre. Judaïsme Dans les temps anciens le mot Mizra’h, qui désigne l’Est, indiquait à qui voulait prier, la direction de Jérusalem et du Mont du Temple. A la synagogue, il désignait aussi le mur oriental où était placée l’arche renfermant les rouleaux de la Thora. 62 ‘Heder : littéralement pièce. Nom donné à la pièce où étudient les enfants en cours élémentaire. Yéchiva : centre d’étude du judaïsme. Mont du Temple : l’endroit où ont été construits le Premier et le Deuxième Temple. Temple : construit par le roi Salomon sur le Mont Moriah à Jérusalem, il a été détruit par Nabuchodonosor II en 586 AEC. Il est reconstruit par les Juifs qui reviennent de captivité de Babylonie en 538 AEC. Le roi Hérode le remanie et l’agrandit en l’an 19 AEC.Titus le détruit en l’an 70. Synagogue : lieu de prière. Torah : pentateuque. Les cinq premiers livres de la Bible : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Contexte 1808 : fondation d’une école inspirée par le mouvement de la Haskala à Vilna, où sont enseignés la Bible, le Talmud, les langues, l’histoire, la géographie et l’arithmétique. 1815 : fondation de la Yéchiva de Mir, en Biélorussie. 1897 : lors du recensement, on compte 757,038 Juifs en Lituanie. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Activité A tes crayons ! Le roi David sur ce Mizra’h joue de la harpe. Dans quelle autre situation peux-tu le dessiner de manière à vite le reconnaître ? Ils ont marqué l’époque ‘Haїm de Volozhin : (1749–1821) est un disciple du Gaon de Vilna. En 1803, il établit un nouveau style de Yéchiva à Volozhin. La Yéchiva, caractérisée par une rigueur intellectuelle, est soutenue par des donateurs étrangers. Israël ben Zeev Wolf Lipkin : (1809-1883) père du mouvement orthodoxe Moussar fondé vers 1850. Yehouda Leib Gordon : (1831-1892) poète et dirigeant important du mouvement de la Haskala en Russie. Œuvre liée Collection de Mizra’h au MAHJ. Mots clés Lituanie ; Mizra’h ; papier ajouré. Technique Ce Mizra’h est en papier découpé, coloré à la gouache. La technique du papier ou du parchemin découpé est connue dans plusieurs cultures. Elle est utilisée en Chine depuis au moins 100 ans AEC. Elle gagne l’Orient et c’est au moyen âge que cette technique commence à être utilisée en Europe. Au 14e siècle, en Espagne, le rabbin Chem Tov ben Isaac ibn Ardotiel, Don Sentob de Carrion, consacre à cette technique un essai rédigé en hébreu, en lettres ajourées, 63 dont le titre est : La guerre des plumes et des ciseaux. L’utilisation du papier découpé devient populaire aux 19e et 20e s

Doura Europos

Doura Europos Construction de la ville de Doura Europos Les Séleucides Les différentes occupations de Doura Europos Campagnes de fouilles à Doura Europos La synagogue de Doura Europos La niche L’art juif après la découverte de Doura Europos Lexique Pour en savoir plus… D O U RA EU R O P Os Les ruines de la ville de Doura Europos se situent sur la rive droite de l’Euphrate, dans la province de Deir ez Zor, à 35 km de la frontière irakienne. L’emplacement est stratégique : il domine d’une quarantaine de mètres la vallée de l’Euphrate. Deux ravins au nord et au sud, ainsi qu’une enceinte à l’ouest, en font un espace protégé. Doura Europos s’étend sur 75 hectares. Différentes populations vont l’habiter pendant 6 siècles. Les fouilles de la ville débutent en 1920. En 1932, on y découvre une synagogue aux murs recouverts de fresques. Le fleuve de l’Euphrate, image Domaine public La ville de Doura existait déjà à l’époque assyrienne sous forme de forteresse. Lorsque Nikatôr, connu sous le nom de Séleucos 1er, conquiert Doura, il lui rajoute le nom Europos qui était le nom de son village natal en Macédoine. C’est ainsi que Doura devient Doura Europos. Nous sommes en 303 AEC. Doura Europos est placée sur la rive droite du fleuve de l’Euphrate qu’elle domine de 40 mètres. Le climat y est aride mais la vallée est une oasis de verdure. La ville a été construite sur le plateau de Shamiyeh au bord de la falaise. L’emplacement est stratégique. Il surplombe la vallée qui a de tous temps été le domaine des nomades et de leurs troupeaux. Elle a également été l’un des passages les plus empruntés pour aller de Syrie en Babylonie. La localisation permettait d’avoir le contrôle militaire de la région mais aussi assurait à la ville une protection naturelle sur trois côtés. Ainsi à l’est la falaise était à pic, et au nord et au sud les ravins courts et abrupts. CO nsTR UCTI O n D E LA VILLE D E D O U RA EU R O P Os Séleucos 1er, général de l’armée d’Alexandre le Grand, veut faire une colonie macédonienne pour contrôler le mouvement de la vallée et des deux capitales de l’empire qu’il vient de construire : Antioche et Séleucie du Tigre. Il fait bâtir un bastion militaire entouré de remparts sur le côté est du plateau qui est le point culminant du site. Au 2e siècle AEC, on y construit une ville selon le principe hippodamien, en îlots rectangulaires identiques de 35 mètres sur 70 mètres. Les rues sont à angles droits. Cette manière de construire est encouragée par Alexandre le Grand et reprise plus tard par les Romains. Le mot hippodamien vient du nom de l’architecte Hippodamos de Milet. Avec lui apparaît le tracé géométrique des villes au 5e siècle AEC. Considéré comme l’un des pères de l’urbanisme, il met au point des plans d’aménagement caractérisés par des rues rectilignes et larges qui se croisent à angle droit. Plan hippodamien de la ville de Doura Europos, image Domaine public Compte tenu de sa forme, ce plan est également appelé en damier. On retrouve la même trame dans les villes d’aujourd’hui. Lors de sa construction, la ville de Doura Europos est organisée autour d’une agora et comprend une allée centrale de 12 mètres de large. Les Grecs construisent la ville en pierre de taille provenant du site. Le seul matériel employé pour l’édification de la muraille destinée à protéger la ville-forteresse de Doura Europos des invasions étrangères est de la pierre équarrie. Construite par des ingénieurs militaires, Doura Europos comprend une muraille qui suit la sinuosité de la falaise. Pour ce faire ils utilisent un tracé en dents de scie. L’enceinte en bordure du fleuve a été emportée par les eaux avec la falaise. L’enceinte sud le long du ravin est bien conservée. C’est à l’époque des Parthes que l’agora de la ville est comblée d’habitations. Les ouvriers se servent de mortier, de briques et de plâtre pour la construction. Lorsqu’ils rebâtissent le tronçon de la muraille occidentale, sur le côté Nord, ils utilisent de la brique. Devant se protéger au plus vite des troupes ennemies, la brique, beaucoup plus rapide dans sa préparation que la pierre taillée, a été la solution. En effet, avec la chaleur, le séchage des briques a permis d’édifier la muraille en un temps record. Tout au long de son histoire la ville de Doura Europos a été : Une ville mixte, où vivaient Grecs, Parthes et Romains, une ville marchande, une garnison militaire. LEs SÉLEUC ID Es Alexandre, par ses conquêtes, réussit à unir l’orient et l’occident. Les lieux conquis deviennent des foyers de culture et de langue grecque. Il rêve d’un état puissant, allant de l’Indus à la mer Égée, au sein duquel vivent des hommes de toutes origines gagnés à la culture grecque. A sa disparition, ses généraux se disputent l’empire, et la Judée devient l’enjeu de conflits entre l’Egypte contrôlée par les Lagides et la Syrie contrôlée par les Séleucides. Séleucos 1er (358 – 281 AEC) fondateur de la dynastie des Séleucides, est né à Europos. Il est satrape de Babylonie de 321 à 305 AEC et entreprend comme Alexandre une campagne jusqu’en Inde. Il érige la ville d’Antioche, qu’il appelle ainsi en l’honneur de son père Antiochus, et en fait sa capitale. Antiochus appartient à la cour d’Alexandre le Grand. Il l’accompagne dans ses campagnes pour conquérir l’Asie. Antioche est le nom donné à 13 souverains Séleucides. Antioche III (242 – 187 AEC) va reprendre, en 198 AEC, la Judée jusque- là sous contrôle de l’empire Lagide d’Egypte. Rome s’inquiète des victoires d’Antioche III et se vexe de ses maladresses politiques. L’historien Flavius Josèphe nous informe que le roi Séleucide protège, par un décret, les Judéens et les sujets juifs. Y est stipulé le caractère sacré de Jérusalem. L’accès au Temple est interdit aux étrangers et aux Juifs non purifiés. De plus, les animaux impurs sont interdits dans la ville. Le décret prend la forme d’une lettre adressée à l’un de ses officiers : Le roi Antiochus à Ptolémée, Salut. Comme les Juifs, dès que nous sommes entrés dans leur territoire, nous ont témoigné leurs bonnes dispositions à notre égard, comme à notre arrivée dans leur ville ils nous ont reçus magnifiquement et sont venus à notre rencontre avec leur sénat, ont abondamment pourvu à la subsistance de nos soldats et de nos éléphants et nous ont aidé à chasser la garnison égyptienne établie dans la citadelle, nous avons jugé bon de reconnaître de notre côté tous ces bons offices, de relever leur ville ruinée par les malheurs qu’entraîne la guerre, et de la repeupler en y faisant rentrer les habitants dispersés. Tout d’abord nous avons décidé, en raison de leur piété, de leur fournir pour leurs sacrifices une contribution de bestiaux propres à être immolés, de vin, d’huile, et d’encens, pour une valeur de vingt mille drachmes, … artabes sacrées de fleur de farine de froment, mesurées suivant la coutume du pays, quatorze cent soixante médimnes de blé, et trois cent soixante-quinze médimnes de sel. Je veux que toutes ces contributions leur soient remises, suivant mes instructions, que l’on achève les travaux du Temple, les portiques, et tout ce qui pourrait avoir besoin d’être réédifié. Les bois seront pris en Judée même ou chez les autres peuples, et au Liban, sans être soumis à aucune taxe ; de même les autres matériaux nécessaires pour enrichir l’ornementation du Temple. Tous ceux qui font partie du peuple juif vivront suivant leurs lois nationales ; leur sénat, les prêtres, les scribes du Temple, les chanteurs sacrés, seront exemptés de la capitation, de l’impôt coronaire et des autres taxes. Et pour que la ville soit plus vite repeuplée, j’accorde à ceux qui l’habitent actuellement et à ceux qui viendront s’y établir jusqu’au mois d’Hyperberotaios une exemption d’impôts pendant trois ans. Nous les exemptons en plus pour l’avenir du tiers des impôts, afin de les indemniser de leurs pertes. Quant à ceux qui ont été enlevés de la ville et réduits en esclavage, nous leur rendons la liberté à eux et à leurs enfants, et nous ordonnons qu’on leur restitue leurs biens. Mais l’attitude vis-à-vis de la communauté juive va changer suivant le rythme incessant des guerres entre les deux dynasties. Comme toute guerre demande des fonds, la Syrie Séleucide a besoin d’argent pour continuer à se battre contre l’Egypte Lagide. Certains états grecs demanderont une alliance avec Rome. En 188 AEC, les Séleucides sont battus par les Romains et sont contraints à verser une indemnité à Rome. Antioche IV (215 – 164 AEC) convoite le trésor du Temple de Jérusalem et viole le décret instauré par Antioche III. Il va procéder à une hellénisation forcée de la Judée. C’est la première fois que les Judéens seront confrontés à l’hellénisme dans leurs propres frontières. Le livre des Maccabées I décrit comment Antioche IV, en 168 AEC, de retour d’Egypte, instaure un décret par lequel les Juifs de Judée : ne peuvent plus pratiquer la circoncision, ne doivent plus respecter le Chabbat et les fêtes, ne doivent plus se réunir pour lire la Torah, ne doivent plus faire de sacrifice, les Juifs doivent se prosterner devant les Temples païens et manger du porc. Il espère ainsi faire en sorte qu’ils abandonnent leur foi et que la culture helléniste soit implantée en Judée. Deux ans plus tard, il pille le Temple de Jérusalem et ravage la ville dont les habitants ont du mal à quitter les coutumes ancestrales. Le livre des Maccabées II nous informe que c’est aux prêtres Jason et Ménélas que revient l’introduction des mœurs grecques en Judée. LEs D IFFÉREnTEs O CCU P A TI O ns D E D O U RA E U ROP O s Située dans une province de l’empire Séleucide, elle est d’abord un bastion militaire. Elle deviendra plus tard une ville construite selon le modèle des cités grecques. Elle restera grecque durant deux siècles. A l’époque grecque, deux Temples sont construit à Doura Europos : l’un dédié à Zeus, l’autre à Artémis. En 113, la ville est conquise par le roi parthe Arsacide Mithridate II le Grand. De 113 à 165, elle est occupée par les Parthes. L’enceinte de la ville est reconstruite, de nouvelles tours s’élèvent. Doura reprend son ancien nom et devient un poste frontière de l’empire Parthe. La ville est prospère. Elle est habitée par des populations d’origines diverses. C’est ainsi qu’aux Grecs d’origine, se mélangent des Latins, des Hébreux, des Syriaques, des Iraniens, des Araméens, des Palmyriens. Doura vit dans la paix et met en place des relations commerciales avec des villes de la vallée de l’Euphrate. A force de s’enrichir, la ville est convoitée par les Romains. Ainsi Trajan conquiert la ville et y fait construire un arc de triomphe pour marquer son entrée dans la ville et commémorer son exploit. Les Parthes ne peuvent se résoudre à l’idée de ne plus posséder Doura Europos et, en 121, le roi Khosro I reprend la ville. Doura Europos redevient parthe mais, en 160, elle est frappée par un tremblement de terre qui la détruit en grande partie, l’affaiblit et ne lui permet pas de se préparer à lutter contre la prochaine invasion. En l’an 164, le Romain Lucius Verus reprend et réoccupe la ville. Les Romains vont se servir de la ville comme base de lancement d’expéditions militaires pour conquérir les territoires de l’est. Ils construisent un Temple dédié à Mithra. En 256, Doura Europos tombe sous l’assaut des Sassanides. Pour se défendre, les Romains renforcent les murs de la ville du côté ouest. Ils remplissent les pièces de sable pour soutenir les murailles. C’est grâce à ce sable entassé que les fresques ont été protégées depuis l’an 257, soit depuis 17 siècles ! En 256, après un long siège, la ville de Doura Europos est conquise par les Sassanides. Châhpuhr I déporte la population. En 360, l’empereur Julien, de passage à Doura, témoigne de l’abandon de la ville. CAm P A gn Es D E FO U ILLEs à D O U RA EU R O P Os Les opérations militaires suivant la première guerre mondiale sont à l’origine de la découverte de la ville de Doura Europos. En effet, le capitaine britannique Murphy fait face à la révolte arabe consécutive à la défaite de la Turquie, en 1918, et se réfugie au milieu de ce que tout le monde pensait être un château arabe. Il demande à ses hommes de creuser des tranchées pour y placer une mitrailleuse. Un pan de sable s’écroule et un soldat tombe dans une pièce aux murs recouverts de fresques. Murphy demande au soldat de lui décrire ce qu’il voit. Le soldat lui répond que les murs sont recouverts de fresques. Prévoyant une découverte archéologique importante, Murphy annonce la découverte à l’état-major. Ce dernier en fait immédiatement part à l’archéologue américain James Henry Breasted (1865- 1935) alors en visite à Bagdad. James Henry Breasted n’a qu’une journée devant lui avant son retour. Il rassemble le plus de détails possibles sur le lieu et sur ce qu’il voit dans la pièce. Nous sommes le 4 mai 1920. En 1922, la nouvelle est annoncée. La première mission française est confiée, en 1923, au Belge Franz Cumont sous l’égide de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Franz Cumont est spécialiste des religions orientales dans l’empire romain. La campagne de 1923 dure du 3 octobre au 7 novembre. Franz Cumont écrit que les fouilles sont exécutées par des légionnaires syriens et qu’il fait lui-même toutes sortes de tâches comme archéologue, épigraphiste, photographe… Chaque campagne de fouilles dure environs 6 mois. Les fouilles de Doura Europos entre les deux guerres se sont déroulées dans un contexte de guérilla difficile. La seconde mission franco-américaine est confiée au russe Michael Rostovzeff. Elle est menée conjointement par l’Académie des inscriptions et belles-lettres et par l’université de Yale. Dans le cadre de cette mission franco-américaine, dix campagnes de fouilles sont menées entre 1928 et 1937. Sur place, travaillent des ouvriers recrutés parmi la population locale qui n’a aucune notion des fouilles archéologiques. Les archéologues ne sont pas tous sur place durant les fouilles. Le matériel retrouvé est envoyé aux chercheurs afin qu’ils les étudient. Découverte de la synagogue de Doura Europos en 1932, image Domaine public En 1934, les fresques de la synagogue de Doura Europos sont enlevées du site pour être déposées au musée de Damas. En 1937, à la fin de la mission, seul un tiers de la superficie de la ville a été dégagé. En 1986, plus de 50 ans après l’abandon des fouilles par l’université de Yale, une troisième mission franco syrienne est dirigée par Pierre Leriche. LA sYnA gO g U E D E D O U RA E U ROP O s Intérieur de la synagogue de Doura Europos Pour les archéologues, la surprise est grande. Jamais jusque-là les murs d’une synagogue recouverts de fresques n’ont été découverts. L’origine de la communauté juive de Doura est peu connue. Elle est sans doute composée de marchands faisant le commerce entre la méditerranée et l’Orient. La ville contrôle les caravanes de marchandises et les convois militaires qui se déplacent de satrapie en satrapie. C’est une ville cosmopolite mais excentrée par rapport aux autres villes comme Palmyre, Alep ou Damas. Les murs de la synagogue sont entièrement recouverts de fresques. Dieu n’est pas représenté. Les sujets des scènes sont tirés de la Bible et du Midrach. Plan de la premiere synagogue La première synagogue, construite dans une maison privée, est de dimension réduite. Elle est orientée d’est en ouest dans le sens de la largeur. Deux portes donnent accès au vestibule situé sur le côté. Un banc en maçonnerie longe les 4 murs comme dans les premières synagogues antiques. Une niche vers laquelle se tourne le fidèle, lors de la prière, est orientée vers Jérusalem. La synagogue de Doura Europos a connu deux stades dans son architecture et sa décoration. La première synagogue est déjà décorée de fresques. C’est ainsi qu’au-dessus de la niche est dessiné un arbre de vie qui atteint le plafond. La synagogue est agrandie 50 ans plus tard, en 245, alors que la ville est sous contrôle romain, sans doute parce que la communauté s’est développée. La salle fait 14 mètres de long sur 7 mètres de large. Elle a 7 mètres de haut, comprend 26 rectangles dans lesquels sont représentés 58 épisodes bibliques et commentaires rabbiniques. Cela nous apprend quels épisodes de la Torah et commentaires sont étudiés à cette période. Plan de la seconde synagogue Le plafond est recouvert de tuiles et parmi les morceaux de tuiles retrouvés certains étaient dessinés. On a découvert des têtes de femmes, des symboles astrologiques, des animaux, des fruits. Une inscription sur une des tuiles a permis de dater la reconstruction du lieu en 244-245 et nous renseigne sur le nom des architectes. Sur le mur ouest où se trouve la niche en direction de Jérusalem, 18 scènes sont dessinées sur 3 niveaux. Sur le premier niveau en partant du haut : La fresque du premier rectangle au sommet du mur est effacée, Salomon et la reine de Saba (seule la partie inférieure du dessin subsiste), Moïse au mont Sinaï, Moïse devant le buisson ardent, Sur le second niveau : Joseph et ses frères, La sortie d’Egypte. Moïse fait jaillir l’eau d’un puits, Le prêtre Aaron, Abraham ou Moïse, La bénédiction de Jacob, Moïse ou Ezra lisant la Torah, Le Temple, L’Arche chez les Philistins et son retour à Jérusalem. Sur le niveau du bas : Elie ressuscite le fils de la veuve, Samuel oint David, Mordekhai sur le cheval blanc du roi, Assuérus et Esther, Moïse sauvé des eaux. Sur le mur sud, 4 scènes dessinées sur 2 niveaux ont résisté au climat aride : La dédicace du Temple, Les prophètes de Baal au mont Carmel, Elie à Sarepta, Elie au mont Carmel. Sur le mur nord, 3 scènes ont résisté en partie sur 3 niveaux : Le songe de Jacob, La bataille de Eben ha-Ezer, La vision de Ye’hezkel. Sur le mur est, 2 fragments de scènes sont parvenus jusqu’à nous : David et Saül, Le festin de Balthasar. Le style général est narratif. Le dessin raconte une histoire. Pour l’historien Ernest Naményi, le problème posé aux artistes de Doura Europos est non pas de représenter Dieu, qui ne peut pas se manifester par des formes, mais de représenter la Volonté Divine révélée. Pour donner l’effet de l’enchaînement de l’action, du mouvement, l’artiste va, dans une même scène, représenter le même personnage dans un mouvement différent. L’action est ainsi saisie dans son déroulement et le spectateur ressent la Volonté Divine. Ernest Naményi nomme ce procédé le principe de la narration continue. L’exécution du dessin a sans doute été faite par un atelier de peinture sous la direction d’un maître et d’apprentis. Il n’y a pas de perspective classique dans le dessin. Les personnages importants sont grands, les personnages mineurs sont de dimensions réduites. Ils sont représentés la plupart du temps frontalement, de manière hiératique et sans expression particulière. Certaines postures de personnages sont identiques comme si le dessin avait été fait à partir d’un même modèle. Les vêtements des personnages importants sont travaillés minutieusement. Un trait noir souligne les contours de chaque personnage. Les animaux, et en particulier le cheval de Mordekhaï, sont très expressifs et dessinés avec un souci de réalisme. Plusieurs styles vestimentaires nous renseignent sur l’aspect cosmopolite des habitants de Doura Europos. Le style grec se reconnaît par : La tunique, le manteau drapé dont un pan est replié sur le bras gauche, la position du contrapposto (attitude corporelle où une des deux jambes porte le poids du corps, l’autre étant légèrement pliée). Le style romain se reconnaît par : Le port de la toge. Le style perse se reconnaît par : L’habit porté par Ye’hezkel, un caftan serré à la ceinture, des pantalons et parfois des capes et des coiffes. Le style sémite ancien se retrouve avec la rosette qui revient dans le décor comme un leitmotiv et les arbres stylisés. Les fonds à couleur unique et la présentation de chaque scène dans un cadre défini relèvent d’une influence romaine byzantine. LA n I C HE Niche de la synagogue de Doura Europos Les détails et la scène, dans le haut de la niche, nous informent sur les symboles utilisés pour se rappeler Erets Israël en terre d’accueil. Elle nous apprend également comment à cette époque les Juifs lisaient la Torah déjà enroulée sur deux axes. Au-dessus de la niche, est représenté le Temple évoqué par l’arche sainte dans laquelle sont déposés les rouleaux de la Torah. Au-dessus de la niche sont représentés des motifs symboliques : le Temple, le Loulav, la Ménorah, l’Etrog, Une scène figurative représentant le Sacrifice d’Isaac est peinte dans la partie droite du fronton de la niche. A l’époque du Talmud et de la Michna, il n’y avait pas encore dans la synagogue d’endroit fixe pour poser le Sefer Torah. Celui-ci était mis dans une arche portative près de la salle de prière. C’est dans les communautés de Diaspora que va naître l’idée d’un endroit fixe pour déposer le Sefer Torah dans la synagogue. Au 4e siècle, en Erets Israël, l’arche portative disparaît pour être remplacée par une niche construite. Le Temple est dessiné juste au-dessus de l’arc. Il apparaît comme sur les pièces de Bar Kokhba appelées tétra drachmes. 4 colonnes portent une architrave et encadrent l’arche dont les portes sont fermées. Au-dessus de l’arche, une conque. A gauche du Temple, la Ménorah faite de branches, de boutons, de calices est fidèle à sa description. Elle tient sur 3 pieds. Près du pied de la Ménorah, l’étrog et le loulav, symboles de la fête de Souccot. A droite du Temple, le sacrifice d’Isaac. Les diverses composantes de l’histoire sont présentes. Chaque motif ou sujet se rapporte au Mont Moriah. C’est sur le Mont Moriah qu’Abraham amène son fils pour le sacrifier ; c’est le Mont Moriah que David élit comme lieu pour construire le Temple ; c’est sur le mont Moriah que l’arche est amenée ; c’est au mont Moriah que se déroulent les fêtes de pèlerinage, dont Souccot. L ‘ AR T jU IF APRès LA D ÉCO UVER TE D E D O U RA E U ROP O s Les fresques de la synagogue de Doura nous donnent le premier exemple d’iconographie juive. Jusque-là les historiens d’art du début du 20e siècle méconnaissent le sujet et sont persuadés : que l’art juif n’existe pas, qu’il apparaît au 13e siècle en Rhénanie et en Espagne au moment où le métier de l’enluminure se laïcise, que les Juifs s’inspirent de l’art local des terres d’accueil pour créer un art, qu’ils ne possèdent pas de registre iconographique, qu’ils s’inspirent de l’art figuratif chrétien et l’adaptent à leur histoire. La découverte archéologique de la synagogue de Doura Europos ébranle les idées reçues. Certains historiens étaient persuadés, par manque de preuves, que les Juifs ne possédaient pas d’expression visuelle. A la lueur de la découverte, il semblerait que le judaïsme ait précédé le christianisme dans le développement d’un art figuratif. La qualité du dessin et le choix iconographique portent à croire que les fresques de Doura Europos n’étaient pas uniques. Les artistes avaient un programme iconographique bien établi. D’autres synagogues aujourd’hui disparues ou bien pas encore retrouvées ont dû avoir des décors semblables. LExI q U E AEC : abréviation de avant l’ère commune. Agora : place publique. Alexandre le Grand : (356-323 AEC) Alexandre III, dit Alexandre le Grand, est roi de Macédoine. Grand conquérant de l’Antiquité, son règne dure 11 ans. Antioche III : (242 AEC – 187 AEC) souverain de la dynastie séleucide. Antioche IV : (215 AEC-164 AEC) fils d’Antioche III, pour helléniser la Judée, il installe Jason comme grand prêtre. Puis il décide une hellénisation totale de la Judée en effaçant toute trace de judaïsme. Araméen : population semi- nomade établie dans la Syrie actuelle. Arsacide : dynastie des Parthes, qui a émergé en Asie centrale au milieu du 3e siècle AEC et qui a pris le nom de son souverain, le roi Arsace. Artémis : dans la mythologie grecque, elle est la divinité de la chasse. Bar Kokhba: Simon bar Kokhba mène la révolte contre les Romains. Châhpuhr I : (241-272) roi sassanide, il règne sur l’Arménie et la Mésopotamie. Diaspora : dispersion du peuple juif à travers le monde. Erets Israël : terre, pays ou Etat d’Israël. Etrog : cédrat. Ancêtre du citron, utilisé pendant la fête de Souccot. Hippodamien : plan de ville dans lequel les rues sont rectilignes et se croisent à angle droit. Hippodamos de Milet : (498 AEC – 408 AEC) architecte originaire de Milet, il a aussi été météorologue. Il est considéré comme celui qui a révolutionné l’urbanisme grec. Judée : région située entre la mer Morte et la Méditerranée. Julien : (331-363) Flavius Claudius Julianus, empereur romain, a régné 2 ans. Il admire le peuple Juif et veut reconstruire le Temple de Salomon. Lexique 23 Khosro I : (501-579) roi de l’empire sassanide de l’an 531 à 579. Lagides : dynastie hellénistique, située en Egypte, de 323 AEC à 30 AEC. Elle descend du général Ptolémée fils de Lagos. Loulav : branche de palmier. Lucius Verus : (130-169) coempereur avec Marc Aurèle à la mort d’Antonin le Pieux. Macédoine : petit état qui apparaît au 7e siècle AEC. Il contrôle la majeure partie des Balkans. Ménorah : nom du candélabre à sept branches dont le prototype est confectionné pour le Tabernacle du désert. Mer Egée : mer située entre l’Europe et la Grèce à l’ouest, et l’Asie et la Turquie à l’est. Michna : du verbe lechanen : répéter, qui signifie au sens propre apprendre par cœur une tradition orale. Elle désigne l’ensemble des traditions religieuses developpées jusqu’en l’an 200. Midrach : commentaire rabbinique de la Bible qui revêt différents genres littéraires comme un récit, une parabole ou une légende. Mithra : divinité indo iranienne. Mithridate II : (124 AEC – 90 AEC) roi des Parthes, il rétablit le pouvoir parthe en Mésopotamie. Mont Moriah : mont où a eu lieu le sacrifice d’Isaac et sur lequel ont été construits le Premier et Second Temple. Nikatôr : le vainqueur. Agé de 24 ans, Séleucos Nikatôr Ier est nommé lieutenant d’Alexandre le Grand. Palmyrien : habitant de Palmyre. Parthe : peuple semi-nomade d’origine iranienne. Pierre équarrie : pierre taillée à angles droits qui permet un appareillage régulier. Sacrifice d’Isaac : Abraham est mis à l’épreuve. Dieu lui demande de sacrifier son fils. Au moment propice, un ange arrête son geste et le sacrifice n’a pas lieu. Sassanide : dynastie iranienne qui a régné de 226 à 651 sur un vaste empire, du Khurasan à la Mésopotamie. Satrape : responsable d’une satrapie ou d’une région. Sefer Torah : copie manuscrite de la Torah sous forme d’un rouleau. Séleucos Ier : Général d’Alexandre le Grand, il est roi de Syrie et fonde la dynastie des Séleucides. Séleucides : dynastie hellénistique fondée par Séleucos qui régna de 312 à 64 AEC. Souccot : fête qui rappelle les 40 ans d’errance dans le désert avant le retour en Erets Israël. Syriaque : peuple antique du Proche et du Moyen-Orient. Talmud : ensemble de commentaires et de discussions rabbiniques. Temple : allusion au Temple de Jérusalem construit par le roi Salomon sur le Mont Moriah à Jérusalem, il est détruit par Nabuchodonosor II en 586 AEC. Il est reconstruit par les Juifs qui reviennent de captivité de Babylonie en 538 AEC. Le roi Hérode le remanie et l’agrandit en l’an 19 AEC. Titus le détruit en l’an 70. Torah : enseignement. Regroupe les cinq livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Trajan : (53-117) empereur romain. Sous son règne a lieu la révolte de Bar Kokhba contre l’empire romain. Zeus : roi des dieux dans la mythologie grecque. Pour en savoir plus 25 PO U R En s A V O IR PLUs… -Mireille Hadas-Lebel La révolte des Maccabées Illustoria, 2012 -Ernest Naményi L’Esprit de l’art Juif Les Editions de Minuit, 1957 -Pierre Prigent L’image dans le Judaïsme Labor et Fides, 1991 -Gabrielle Sed-Rajna L’art Juif Arts et Métiers Graphiques, 1975 -Mathilde Couronné (2013). «Fouilles archéologiques anciennes et problèmes de datation : le cas de Doura-Europos ». Annales de Janua, n°1 -CUMONT FR., « Fouilles de Doura-Europos » (1922-1923), Paris, 1926 -Mathilde Gelin La Terre au secours de la pierre. Délais d’un chantier de construction Hellénistique en briques crues à Doura Europos sur l’Euphrate, CNRS, UMR 7041, Archéologie et sciences de l’Antiquité, Nanterre. PH O TO g RAPHIEs – P. 4 : Le fleuve de l’Euphrate par Marsyas ; Domaine public ; https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Doura_Europos_Euphrates.jpg – P. 5 : Plan hippodamien de la ville de Doura Europos par Marsyas ; Domaine public ; https://commons.wikimedia. org/w/index.php?title=Special:Search&limit=500&offset=0&ns0=1&ns6=1& ns12=1&ns14 =1&ns100=1&ns106=1&search=Dura-Europos&advancedSearch- current={}#/media/File:Dura_Europos_synagogue_ location.png – P. 11 : Découverte de la synagogue de doura Europos en 1932 ; Domaine public ; Maurice Le Palud – L’Illustration, 29 July 1933 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/45/Illustration_29071933_457.jpg – P. 12 : Intérieur de la synagogue de Doura Europos photographie Gabrielle Sed-Rajna. – P. 17 : Niche de la synagogue de Doura Europos photographie Gabrielle Sed-Rajna. Graphisme : David Soulam Publié par les Editions ADCJ Association pour la Diffusion de la Culture Juive (Association loi 1901) 56 rue Hallé, Paris 75014, France www.levoyagedebetsalel.org Courriel : contact@adcj.org Jan vier 2015 mise à jour Août 2021 © Florence Soulam Les ruines de la ville de Doura Europos se situent sur la rive droite de l’Euphrate, dans la province de Deir ez Zor, à 35 km de la frontière irakienne. L’emplacement est stratégique : il domine d’une quarantaine de mètres la vallée de l’Euphrate. Deux ravins au nord et au sud, ainsi qu’une enceinte à l’ouest, en font un espace protégé. Doura Europos s’étend sur 75 hectares. Différentes populations vont l’habiter pendant 6 siècles. Les fouilles de la ville débutent en 1920. En 1932, on y découvre une synagogue aux murs recouverts de fresques.

De ‘Hanoukka à Pourim

L’Art en fête de ‘Hanoukka à Pourim Ecrit par Michèle Fingher et Florence Soulam Illustré par Tamar Hochstadter Le temps est passé si vite depuis les fêtes de Tichri ! Les pages du calendrier annoncent déjà ‘Hanoukka, puis viendra un autre nouvel an, celui des arbres, Tou bi-Chevat, et au galop Pourim. Tourne les pages du temps et admire les exploits des Maccabées et de Judith. N’oublie pas de planter un arbre à Tou bi-Chevat et regarde comment les artistes ont dépeint Mordekhaï sur le cheval du roi. Pour te donner une idée de la façon dont on fêtait et fêtons encore ‘Hanoukka, Tou bi-Chevat et Pourim, Betsalel, Oholiab et Abigaël se sont rendus dans des communautés du monde entier. Pour toi, ils sont partis à la recherche de ‘Hanoukkiot conservées dans des musées. Ils ont visionné des films anciens, assisté à la première de pièces de théâtre, et bien entendu ont écouté la Méguila, déguisés en fleur ou en girafe ! Ne perds pas un instant et rejoins-les ! Ils t’ont préparé un merveilleux Voyage… de Betsalel. Nous remercions pour leur soutien à la publication de cet ouvrage : Ezra Venture La Fondation du Judaïsme Français La Fondation Sitcowsky – sous l’égide de la FJF L’Institut Alain de Rothschild * Nous exprimons notre reconnaissance à la famille Gross, au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme et au Musée de Tel-Aviv, qui nous ont autorisés à utiliser les photographies de leurs fonds. * Nous remercions pour leur contribution, remarques et conseils, Shalom Tsabar, Yehouda Moraly, Elisheva Revel, Laurence Sigal, Déborah Elalouf, Gilles Elalouf, Laurent Edel, Nathalie Serfaty, Nelly Hansson, Isabelle Cohen, Jean-Jacques Wahl, Chantal Mettoudi, Richard Sitbon, Corinne Kalifa, Edith Sidi, Amandine Saffar, Joyce Krief. * © Editions ADCJ – Le Voyage de Betsalel, 2012 et 2013 ISBN : 978-965-91970-0-2 Auteures : Michèle Fingher et Florence Soulam Illustration : Tamar Hochstadter Tous droits de traduction, reproduction ou représentation intégrale ou partielle sont réservés pour tous les pays. Editions ADCJ, rue Hallé 56, Paris 75014, France. contact@adcj.org www.adcj.org L’Art en fête de ‘Hanoukka à Pourim Ecrit par Michèle Fingher et Florence Soulam Illustré par Tamar Hochstadter Sommaire L’Art en fête 6 De ‘Hanoukka à Pourim 7 ‘Hanoukka 10 Mattathias 12 Juda et Judith 14 La Ménorah à travers les âges 16 ‘Hanoukkiot en terre glaise et en pierre 18 ‘Hanoukkiot en bois et en métal 20 ‘Hanoukkiot en argent 22 De la ‘Hanoukkia à la Ménorah 23 ‘Hanoukka en famille ! 24 Sevivon Sov Sov Sov ! 26 Judith au théâtre 28 Abraham Goldfaden 30 Tou bi-Chevat 34 Des arbres en bronze 35 Plantons un arbre pour Tou bi-Chevat 36 Pourim 40 La reine Esther 42 L’histoire d’Esther à Doura Europos 44 La Méguilat Esther 46 Une Méguila enluminée 48 Un décor gravé 50 Moché Pescarol : un scribe enlumineur 52 La pendaison des fils d’Aman 54 La fille d’Aman 56 Affiches de Pourim 58 Michloa’h Manot 60 Des crécelles 62 Une soirée de Pourim à Tel-Aviv 64 Adloyada à Tel-Aviv 66 Quiz 68 Réponses 72 Dico 76 Crédits photographiques 83 L’Art en fête L’Art en fête comprend quatre livres. Le premier livre présente les cinq fêtes du mois de Tichri : Roch ha-Chana, le Nouvel An, Kippour, le jour du Grand Pardon, Souccot, la fête des Cabanes, Hochana Rabba, le 7e jour de Souccot, Sim’hat Torah, la fête de la Torah. Le second livre évoque les fêtes de ‘Hanoukka, Tou bi-Chevat et Pourim : ‘Hanoukka, le 25 Kislev, fête la résistance spirituelle du judaïsme, Tou bi-Chevat, le 15 Chevat, est évoqué dans la Michna comme le nouvel an des arbres, Pourim, le 14 et 15 Adar, rappelle comment les Juifs du royaume d’Assuérus ont échappé à un massacre. Le troisième livre regroupe les six fêtes du printemps et de l’été : Pessa’h, la Pâque juive, tombe le 15 Nissan, Yom ha-Choah et Yom ha-Zikaron, les jours du souvenir et Yom ha-Atsmaout, le jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël, Lag ba-Omer, le 33e jour de l’Omer se rattache à Rabbi Akiva, Chavouot, la fête du don de la Torah sur le mont Sinaï, Ticha be-Av, le 9e jour du mois d’Av, pour se souvenir de la destruction du Temple, Tou be-Av, le 15e jour du mois d’Av où à l’époque du second Temple les jeunes gens choisissaient leur fiancées. Le quatrième livre aborde Chabbat et Roch ‘Hodech. 6 De ‘Hanoukka à Pourim Après les fêtes du mois de Tichri, abordons celles des mois d’hiver : ‘Hanoukka ou la fête des Lumières, à la fin du mois de Kislev, ֲחנוּ ָכּה; ִכּ ְס ֵלו Tou bi-Chevat ou la fête du réveil de la nature, le 15 du mois de Chevat, ָבט ְשׁ ְשׁ ָבט; ִבּ וּ”ט Pourim ou la fête des sorts, à la moitié du mois d’Adar. ‘Hanoukka et Pourim sont deux fêtes qui commémorent un moment de l’histoire où le peuple juif a failli disparaître. וּפּ ִרים; ֲא ָדר A ‘Hanoukka, on célèbre la victoire du peuple de Judée contre Antioche Epiphane qui veut imposer le culte des dieux grecs. Antioche Epiphane pille le Temple de Jérusalem, y place une statue de Zeus et détruit les rouleaux de la Torah. Ceux qui observent le Chabbat et les fêtes ou pratiquent la circoncision risquent désormais la mort. ַשׁ ָבּת ְיהוּ ָדה וֹתּ ָרה; A Pourim, on se rappelle le moment où les Juifs de l’ancien royaume de Perse ont été sauvés. Sans Esther, venue plaider la cause de son peuple devant le roi Assuérus (A’hacheveroch) au péril de sa vie, Aman, le conseiller du roi, aurait réussi à faire tuer tous les Juifs du royaume. Entre ces deux fêtes, Tou bi-Chevat traduit le lien du peuple d’Israël à sa terre. ָה ָמן ֶא ְס ֵתּר ֲא ַח ְשֵׁור;שׁוֹ 7 ‘Hanoukka חנוכה ‘Hanoukka La fête de ‘Hanoukka dure huit jours. Elle débute le 25 du mois de Kislev et commémore la victoire des ַח ְשׁמוַֹנ ִאים ֶרץ ִי ְשׂ ָר ֵאל ֶא Asmonéens sur les Grecs en Erets Israël de 167 à 165 AEC. Elle est appelée la « fête de la Dédicace » ou la « fête des Lumières ». ‘Hanoukka est la plus populaire des fêtes juives. Elle célèbre trois évènements historiques : le miracle de l’huile, la victoire des Asmonéens, la restauration de la royauté en Erets Israël. Us et coutumes De nos jours, l’usage est d’allumer une lumière le premier soir de ‘Hanoukka, deux lumières le second et ce ainsi de suite jusqu’au huitième soir. 10 Livre des coutumes, Hollande, 1724 L’Ecole de Chamaï et l’Ecole d’Hillel ont développé deux façons d’allumer les ַשׁ ַמּאי; ֵבּית bougies de ‘Hanoukka. L’Ecole de Chamaï allume huit flammes dès le premier soir et supprime une lumière chaque soir, pour terminer la fête par une seule lumière. L’Ecole d’Hillel commence par une seule lumière le premier soir pour arriver à huit lumières le huitième soir de ‘Hanoukka. La synagogue A la synagogue, on allume les bougies entre la prière de Min’ha et la prière d’Arvit en présence de dix hommes. Le vendredi, l’allumage a lieu avant la prière de Min’ha. La maison Le Choul’han Aroukh insiste sur l’obligation d’allumer les lumières de ‘Hanoukka. Dans chaque famille, hommes et jeunes garçons allument les lumières de leur ‘Hanoukkia après la prière d’Arvit. S’ils sont absents, c’est la femme qui procède à l’allumage. Les membres de la famille s’abstiennent de s’affairer tant que les flammes brûlent. Puisque la fête a un rapport avec l’huile, la coutume est de manger des mets frits à l’huile. ֵבּית ִה ֵלּל ִמנְ ָחה ַע ְר ִבית וּשׁ ְל ָחן ָערוּ ְך ֲחנֻ ִכָּיּה 11 Mattathias Mattathias, Lion Antolkolski, Erets Israël, 1894 L ion Antokolski représente Mattathias sous les traits d’un personnage barbu vêtu d’une longue robe blanche. Cinq personnages sont au devant de la scène. Ce sont sans doute les fils de Matthatias : Jean, Simon, Juda, Eléazar et Jonathan. 12 Mattathias, prêtre de la maison d’Asmon, mène une lutte acharnée contre Antioche Epiphane qui veut imposer le culte des dieux grecs aux habitants de la Judée. En 1900, Boris Schatz présente une sculpture de Mattathias à l’Exposition universelle de Paris. Il s’intéresse beaucoup à ce personnage et le représente âgé, en train d’haranguer les foules, debout sur le corps d’un soldat grec. Coiffé d’une toque et vêtu d’une longue cape nouée, il brandit de sa main droite une épée et désigne le chemin à suivre de sa main gauche. Mattathias a inspiré de nombreux artistes. Ils l’ont le plus souvent représenté sous les traits d’un vieil homme menant la révolte contre les oppresseurs. Le bras levé, on l’imagine ici s’adresser au peuple : Que celui qui a du zèle pour la Torah et maintient l’Alliance me suive ! (Premier livre des Maccabées, 2, 27) Que traduit en sculpture ou en peinture le geste du doigt pointé ? Mattathias, Boris Schatz, Erets Israël, 1895 Juda et Judith Le manuscrit de Rothschild est un manuscrit sur parchemin de 948 pages décoré en 816 miniatures. Réalisé dans la région de Ferrare, en Italie, il réunit des textes bibliques, rituels et littéraires. C’est Moïse ben Yekoutiel ha-Cohen qui l’a commandité en 1479. Cette enluminure provient du livre de Josippon, qui relate l’histoire des Juifs depuis les temps bibliques jusqu’à la destruction du Second Temple. יְהוּ ָדה ַה ַמ ַכּ ִבּי ְמנוֹ ָרה L’inscription hébraïque מכבי – Maccabée désigne le soldat Juda Maccabée représenté de plein pied et revêtu d’une cotte de mailles. Son bouclier est frappé de l’image du lion symbole de la tribu de Juda. L’histoire de Juda est rapportée dans le premier livre des Maccabées. Il y est écrit que Juda a instauré la fête de ‘Hanoukka trois ans après avoir reconquis le Temple. Ainsi, la Ménorah fut rallumée le 25 Kislev de l’an 165 AEC. Manuscrit de Rothschild, Italie, 1470 L’histoire de Judith a été très populaire dans les milieux juifs. La tradition la date de l’époque des Maccabées. Sur le côté droit de la page, Judith vient de trancher la tête du général Holopherne envoyé par Nabuchodonosor pour détruire la ville juive de Béthulie. Devant une tente majestueuse, elle tient d’une main une épée et de l’autre la tête d’Holopherne. Elle est vêtue d’une longue robe rouge plissée à partir de la taille. Elle est coiffée d’un voile blanc qui lui entoure le cou. A quelle époque les femmes se coiffaient-elles comme la Judith qui figure sur cette enluminure ? 15 La Ménorah à travers les âges Pourquoi la Ménorah est-elle devenue le symbole national et religieux d’Erets Israël ? Pièce en bronze, Israël, 40-37 AEC La dynastie asmonéenne s’achève avec le règne de Mattathias Antigone en 37 AEC. Mattathias Antigone est le premier dirigeant à faire figurer un motif juif sur les pièces de monnaie. La Ménorah du Temple devient symbole national et religieux. Elle remplace la corne d’abondance, la fleur de lys et les couronnes de fleurs symboles de la Grèce. 16 Au moyen âge, à Cervera, en Espagne, Joseph ha-Tsarfati écrit et enlumine une Bible. Il représente le chandelier dont a rêvé le prophète Zacharie en revenant de l’exil de Babylone en 537 AEC. C’est un chandelier en or. Des branches d’olivier alimentent trois fioles qui, à leur tour, nourrissent le chandelier. Lors du premier Chabbat de ‘Hanoukka, on lit la Haftara concernant les huit visions de Zacharie. ַה ְפ ָט ָרה Bible de Cervera, Espagne, 1300 Au 19e siècle, les marchands ambulants vendent aux pélerins venus visiter Erets Israël pour les fêtes, des feuilles volantes. Celle-ci, imprimée chez Isaac Nahum Levi, à Jérusalem, comprend des bénédictions en rapport avec ‘Hanoukka. On y voit la représentation du Temple, divers lieux saints d’Erets Israël et la Ménorah allumée. Identifie les sept lieux entourant le Temple ! 17 Prière pour ‘Hanoukka, Erets Israël, 1900 ‘Hanoukkiot en terre glaise et en pierre La ‘Hanoukkia est un objet très populaire que l’on trouve dans chaque foyer. Elle revêt différentes formes et peut être fabriquée en divers matériaux : en terre cuite, en céramique, en bois, en pierre, en métal et même en verre. Sa spécificité est que les flammes soient séparées les unes des autres pour ne pas donner l’impression d’une seule lumière. L’historien Juif Flavius Josèphe raconte l’histoire des Maccabées. Il est le premier à nommer ‘Hanoukka la Fête de la Lumière, lumière d’espoir pour le peuple. Les premières lampes en terre glaise n’ont pas de style particulier. Elles s’inspirent des luminaires en usage à cette époque. Placées devant les maisons, elles répondent à leur fonction : faire connaître le miracle de ‘Hanoukka. Lampe à huile, Erets Israël, 160 AEC 18 Les lampes de ‘Hanoukka en pierre retrouvées au Maroc et dans le sud de la France (en Avignon) se ressemblent. On allume les mèches à l’intérieur de chaque arche. Sur cette ‘Hanoukkia on peut lire le nom de son propriétaire gravé dans la partie supérieure de la lampe : Yossef Cohen. Au Yémen les lampes en pierre ont une forme différente. Elles sont rondes, en albâtre, une pierre claire qui devient translucide lorsque la mèche est allumée. Lampe à huile, Maroc, 1800 Lampes à huile, Yémen, 20e siècle A quoi te fait penser la partie supérieure de cette ‘Hanoukkia ? 19 ָמֵגן ָדּוִד שׁמָּ שַׁ נְחוֹ ֶשׁת ‘Hanoukkiot en bois et en métal Cette ‘Hanoukkia en forme de Maguen David est en bois et provient de la région d’Alibag, dans le sud de l’Inde. Ce modèle existe également en métal. Les huit godets en verre sont placés devant le dosseret en forme de Maguen David. C’est à partir de la flamme du neuvième godet, le Chamach, situé dans la partie supérieure de la ‘Hanoukkia, que sont allumées les autres flammes. Les lampes métalliques apparaissent vers le 13e siècle. Rav Mordekhaï ben Hillel est le premier à expliquer l’utilisation du cuivre dans la fabrication de la Ménorah. Les lettres du mot cuivre, Ne-‘Ho-SheT en hébreu, ְחנֻ ָכּה ֵנר sont les initiales de : Ner ֶשׁ ֶמן ת ְד ִליק 20 Quelle huile utilise t-on pour allumer les lumières de ‘Hanoukka ? ‘Hanoukkia, Inde, 20e siècle ‘Hanoukka Shemen Tadlik qui signifie : Tu allumeras la ‘Hanoukkia avec de l’huile. Influencé par les décors classiques de la renaissance italienne, l’artiste a décoré le dosseret de cette ‘Hanoukkia d’un mascaron entouré de part et d’autre d’un animal fantastique. A l’origine, cette ‘Hanoukkia était dorée à la feuille. Le dosseret de cette ‘Hanoukkia, de Bagdad, est en ‘Hanoukkia, Italie, 1700 forme d’arche. Il est décoré de motifs de lunes, d’étoiles et de mains, motifs utilisés par les communautés juives et musulmanes. Huit anneaux prêts à recevoir les godets en verre remplis d’huile sont soudés à la base du dosseret. On repeignait cette ‘Hanoukkia en doré chaque veille de fête. ‘Hanoukkia, Irak, 1900 Cette ‘Hanoukkia en verre et en métal est typique des ‘Hanoukkiot fabriquées par des artisans de l’île de Djerba. Son dosseret triangulaire est en verre moulé. 21 ‘Hanoukkia, Tunisie, 1925 ‘Hanoukkiot en argent Vers le 16e siècle, on commence à créer des ‘Hanoukkiot différentes. On peut, au choix, les poser sur un meuble ou les accrocher au mur. Cette ‘Hanoukkia, réalisée par Ludwig Nast a sur En quelle matière sont les mèches qui servent à l’allumage de la ‘Hanoukkia ? son dosseret une Ménorah entourée de deux griffons, créatures chimériques moitié aigles dans la partie supérieure et moitié lions dans la partie inférieure. L’orfèvre a placé une couronne au-dessus de la Ménorah. Huit godets sont soudés à la base du dosseret. ‘Hanoukkia, Pologne, 1845 A la fin du 19e siècle, l’Autriche est le centre de l’orfèvrerie en Europe centrale. Sur cette ‘Hanoukkia apparaissent deux têtes de lion de chaque côté d’une couronne. 22 ‘Hanoukkia, Bohème, 1875 A Vienne le paon qui fait la roue est un motif à la mode. Il se répand dans les communautés voisines comme sur cette ‘Hanoukkia fabriquée à Prague par l’orfèvre Franz Stephan. ‘Hanoukkia, Autriche, 1890 ַתּ ְלמוּד De la ‘Hanoukkia à la Ménorah Le Talmud autorise la fabrication de chandeliers à cinq, six ou huit branches pour ‘Hanoukka mais interdit l’utilisation de chandeliers à sept branches, symbole de la Ménorah du Temple. Au moyen âge, il n’était pas encore question de fabriquer des ‘Hanoukkiot en forme de chandelier. Ce chandelier de ‘Hanoukka en argent a la forme de la Ménorah avec un pied central, un modèle qui était à la mode en Europe à partir de 1750. L’orfèvre qui l’a créé, Heinrich Kommerell, était un des rares orfèvres à travailler dans la ville de Tübingen, en Allemagne. Chandelier, Allemagne, 1825 23 ‘Hanoukka en famille ! Un Maguen David à fond bleu est dessiné sur le coffre où est posée la ‘Hanoukkia. A l’intérieur du Maguen David, s’inscrit la lettre ש. A ton avis pourquoi ? ‘Hanoukka, Arthur Szyk, Etats-Unis, 1948 A l’intérieur d’une petite pièce aux murs bleus, les membres de la famille et les voisins sont réunis pour assister à l’allumage des lumières de ‘Hanoukka. Arthur Szyk imagine l’ambiance de la fête dans un Schtetl en Pologne. Le plus grand des enfants a allumé la dernière bougie et tient encore le Chamach à la main. Les regards de chacun sont dirigés vers une personne que nous ne voyons pas et à laquelle le grand-père au premier plan répond. Sur la table, on aperçoit un chandelier allumé en l’honneur de la fête. Sur la table, un chandelier est allumé en l’honneur de la fête. 24 Le peintre Moritz Oppenheim décrit l’intérieur classique et rangé d’une famille juive allemande émancipée du 19e siècle. Dans la première pièce, deux hommes jouent aux échecs tout en fumant la pipe. Un jeu de cartes est posé sur la table. Par terre, des enfants font tourner une toupie. Près de la fenêtre, un autre enfant allume une ‘Hanoukkia sous la surveillance d’un adulte. Il tient un livre de prières à la main. Plusieurs ‘Hanoukkiot sont posées sur le rebord de la fenêtre. Les rideaux ont été relevés. Certaines ‘Hanoukkiot sont déjà allumées, d’autres pas encore. Quelques marches mènent à une autre pièce où un groupe d’hommes assis conversent. Sur quoi les toupies tournent-elles ? Allumage des bougies de ‘Hanoukka, Moritz Oppenheim, Allemagne, 1880 25 ִביבוֹן ְס ִביבוֹן ְס סֹב סֹב סֹב ֵנס ָגּדוֹל Sevivon sov sov sov ! A ‘Hanoukka les enfants jouent à la toupie. En hébreu moderne la toupie est appelée « Sevivon » . Sov signifiant « tourne ». Les enfants s’amusent à faire tourner leur toupie sur l’air de « Sevivon, sov sov sov » (Toupie tourne, tourne, tourne !). On faisait déjà tourner des toupies à ‘Hanoukka à l’époque du Second Temple. Bien plus tard, dans les communautés d’Europe, certains rabbins jouaient à la toupie durant les huit soirs de ‘Hanoukka. En Diaspora, les lettres hébraïques « Noun », « Guimel », « Hé » et « Chin » sont inscrites sur les quatre faces de la toupie. Ce sont les premières initiales de la phrase : « Nes Gadol Haya Cham » (un grand miracle s’est produit là-bas). ָשׁם ָהָיה En Israël, la dernière lettre est changée en « Pe ». Ce qui donne : ֵנס ָגּדוֹל ָהָיה פֹּה « Nes Gadol Haya Po » (un grand miracle s’est produit ici). Le jeu consiste à savoir sur quelle lettre la toupie va tomber. Il existe des toupies de toutes sortes, en bois, en métal, en céramique et en plastique. 26 Cette toupie, dessinée par Olga Hatskevich, est une miniature dont la technique rappelle celle de l’Ecole de Palekh en Russie. L’artiste a peint, à la demande du commanditaire de l’objet, des épisodes de la vie de Jacob et d’Esaü. Les scènes sont peintes sur un fond noir et recouvertes de sept à huit couches de laque. ַיֲעקֹב ֵע ָשׂו Toupie, Israël, 2000 Toupie de ‘Hanoukka, Israël, 2001 27 Judith au théâtre En 1922, Henry Bernstein demande à Léon Bakst de créer les costumes de sa nouvelle pièce de théâtre : Judith. Lev Samoïlovitch Rosenberg, dit Léon Bakst, est né à Grodno, en Biélorussie, en 1866. Il change son nom après sa première exposition de peinture et devient célèbre pour ses costumes de scène. Léon Bakst est un spécialiste des pièces de théâtre biblique. Grâce à une juxtaposition originale de couleurs, il fait revivre le faste légendaire des cours royales. Le style de Léon Bakst dans les costumes et les décors qu’il crée respecte scrupuleusement les sources historiques. L’utilisation des ors, des pierreries, des étoffes aux couleurs vives provoque un choc chez les spectateurs. Pour la pièce de Judith, Henry Bernstein commande à Bakst des costumes simples et stricts pour Judith et sa servante Ada. En revanche, il demande que les costumes d’Holopherne et des généraux de Nabuchodonosor soient somptueux. 28 Costumes pour la pièce Judith, Paris, 1922 29 Abraham Goldfaden ְשׂ ָכּ ָלה ַה Abraham Goldfaden est né en Ukraine en 1840. Il est élevé dans une famille imprégnée par la Haskala et reçoit des cours privés d’allemand et de russe. Après avoir fréquenté une école rabbinique, il devient tour à tour enseignant, journaliste, poète, et pense même entreprendre des études de médecine. Mais, à 36 ans, il débute sa carrière d’auteur et de directeur de troupe de théâtre. Commence alors pour lui une vie errante où il se déplacera de ville en ville en Russie pour monter des pièces de théâtre essentiellement écrites en yiddish. En Russie, le théâtre yiddish est florissant. Mais l’année 1881 est marquée par des pogroms. Goldfaden se met à utiliser le théâtre pour appeler à des changements. Ses tragédies, basées sur des thèmes bibliques : Judith et Holopherne, Judas Maccabée, ont pour sujet la révolte. En 1883, les autorités russes interdisent le théâtre yiddish. Goldfaden quitte la Russie. Ses pièces sont jouées dans le monde entier. Pourtant, il vit dans la misère. A New-York en 1906, il écrit David en guerre, la première pièce en hébreu à être représentée en Amérique. 30 Abraham Goldfaden, Angleterre, 1890 31 Tou bi-Chevat ט”ו בשבט Tou bi-Chevat Tou bi-Chevat, le 15 du mois de Chevat, traduit le lien du peuple d’Israël à sa terre. כֹּ ֵהן Les habitants d’Erets Israël déterminaient à Tou bi-Chevat le montant de la dîme à verser sur les arbres fruitiers. Les bourgeons fleurissent en Erets Israël vers le 15 du mois de Chevat. C’est donc à cette date précise, à partir de la quantité de bourgeons, qu’on décide de calculer la dîme à donner aux Cohen et aux pauvres. Livre des coutumes, Hollande, 1707 ָפ ַר ִדּים ֵעץ ָה ָדר ְס ְפּ ִרי La fête de Tou bi-Chevat disparaît après la destruction du Second Temple mais au 15e siècle, à Safed, Isaac Louria réintroduit la coutume de manger des fruits d’Erets Israël à Tou bi-Chevat. Au 17e siècle, les communautés séfarades publient un recueil de prières intitulé « Pri Ets Hadar » (les fruits de l’arbre de la splendeur). A qui était destinée la dîme sur les arbres fruitiers ? 34 Des arbres en bronze Arbres, Lev Stern, 1995 Lev Stern, architecte de métier, sculpte les arbres de Jérusalem. Ces arbres en bronze de 10 à 20 cm de hauteur sont soudés à des bases métalliques carrées. Est-ce que les lois de la dîme sur les fruits des arbres s’appliquent en dehors d’Erets Israël ? A l’époque de la Michna, l’Ecole d’Hillel observe que, vers le 15 du mois de Chevat, les pluies commencent à diminuer d’intensité, la sève des arbres reprend son ascension et les bourgeons se forment. ִמ ְשָׁנה 35 Plantons un arbre pour Tou bi-Chevat En 1908, on décide que tous les enfants des écoles d’Erets Israël planteront un arbre le 15 du mois de Chevat. ֶא ֶרץ ְבּ ִביב אָ Vingt ans plus tard, Joseph Gläser tourne un film, Aviv be Erets Israël, Printemps ְשׂ ָר ֵאל ִי en Erets Israël, financé par le Fonds national Juif, le KKL. Né à Vienne en Autriche, en 1890, Joseph Gläser change son nom en Joseph Gal-Ezer en arrivant en Erets Israël. Ami du peintre et sculpteur Boris Schatz, il monte, sur les conseils de ce dernier, une société de production de films à sujets bibliques. Dans ses premiers films, il montre comment les nouveaux immigrants travaillent la terre. Il insiste sur l’effort de reconstruction, le travail agricole et les valeurs socialistes qui guidaient les dirigeants de l’époque. En 1884, les habitants du village de Yessod ha-Maala en Galilée décident de replanter les espèces qui poussaient autrefois en Israël. Quelles espèces ont-ils replanté d’après toi ? 36 Aviv be Erets Israël, Erets Israël, 1928 37 Pourim פורים Pourim Pourim est appelé la Fête des sorts, car c’est par tirage au sort qu’Aman s’apprêtait à fixer la date du massacre des Juifs : …car Aman, fils de Hamedata, l’Agaghite, persécuteur de tous les Juifs, avait formé le dessein d’anéantir les Juifs et consulté le Pour, c’est-à-dire le sort, à l’effet de les perdre et de les détruire… (Esther 9, 25) ַתֲּענִית ְס ֵתּר ֶא On célèbre Pourim pendant trois jours : le 13 Adar : jeûne d’Esther Taanit Esther, le 14 Adar : Pourim, le 15 Adar : Pourim est célébré dans les villes entourées de remparts, comme Jérusalem. Livre des coutumes, Allemagne, 1692 ְמגִ ָלּה 40 Us et coutumes Pendant la lecture de la Méguila, chaque fois qu’est prononcé le nom d’Aman, les fidèles tapent du pied ou encore font tourner des crécelles, pour effacer son souvenir. La synagogue Avant de lire la Méguila, chacun donne le Ma’hatsit ha-chekel, un demi-chekel, destiné aux pauvres. Cette somme est un rappel de l’impôt versé à partir du 1erAdar pour la maintenance du Temple. ַה ֶשּׁ ֶקל ַמ ֲח ִצית La Méguila est lue deux fois : le premier soir de Pourim après la prière d’Arvit et le matin de Pourim. Hommes, femmes et enfants ont l’obligation d’écouter la lecture de la Méguila. L’officiant prononce trois bénédictions à l’intention de l’assistance qui répond Amen : al mikra méguila (sur la lecture de la Méguila) ְמגִ ָלּה ְק ָרא ִמ ַעל che assa nissim (qui a fait des miracles) che He’heyanou (qui nous a fait vivre) A la synagogue, l’histoire d’Esther est lue sur un rouleau de parchemin. La maison A la maison c’est par un grand festin, le 14 ou le 15 Adar, pendant lequel on doit s’enivrer au point de confondre Aman et Mordekhaï que la fête prend fin. Durant la fête, chaque famille donne à ses voisins, à ses amis et aux pauvres de la nourriture car il est écrit : …des jours de festin et de réjouissances et une occasion d’envoyer des présents l’un à l’autre et des dons aux pauvres… (Esther 9, 22) ֶשׁ ָע ָשׂה נִ ִסּים ֶשׁ ֶה ֱחָינוּ ָמ ְרֳדּ ַכי 41 La reine Esther La Méguilat Esther se présente sous la forme d’un parchemin enroulé autour d’un pivot. Elle relate la tentative de massacre fomentée par Aman et déjouée par la reine Esther. Cet épisode s’est passé en Perse à l’époque du roi Assuérus (A’hachveroch). On pense qu’il s’agit du roi Xerxès. Sur cette feuille volante, l’artiste a dessiné deux moments importants de l’histoire d’Esther : en haut de la feuille, la demande d’audience d’Esther devant le roi symbolisé par le sceptre royal, au bas de la feuille, Mordekhaï promené par Aman sur le cheval du roi. C’est Yaacov Sofer qui a réalisé les dessins et l’encadrement de la feuille en micrographie à Tibériade, en Erets Israël. La micrographie est l’écriture d’un texte en lettres hébraïques minuscules formant parfois un dessin. Les scribes des communautés orientales sont les premiers à l’utiliser à partir du 9e siècle. 42 Le moyen âge est l’âge d’or de la micrographie. Sur les marges ou à la fin des Bibles, les scribes écrivaient en micrographie les règles d’écriture de l’hébreu biblique : la préparation du parchemin, la forme des lettres, l’espace entre les lettres et les mots. Ces indications sont connues sous le nom de massorètes. Esther, Erets Israël, 1887 Que risquait Esther en se présentant devant le roi sans avoir demandé audience ? L’histoire d’Esther à Doura-Europos La première mise en image de l’histoire d’Esther date de l’an 245 et provient de la synagogue de Doura Europos en Syrie. Elle illustre le verset : Aman prit donc le vêtement et le cheval, il habilla Mardochée et le promena à cheval par la grande place de la ville, en s’écriant devant lui : voilà ce qui se fait pour l’homme que le roi veut honorer ! (Esther 6, 11) Le dessin de la fresque se lit de droite à gauche et est composé de quatre parties : ןשָׁ וּשׁ à droite, le roi et Esther sont assis sur le trône royal. Les escaliers du trône sont décorés d’aigles et de lions. un messager remet un pli au roi. Il s’agirait du décret permettant aux Juifs de se défendre. quatre hommes vêtus de toges romaines accueillent Mordekhaï en le saluant de la main. Aman promène Mordekhaï dans les rues de Suse. 44 La découverte des peintures de la synagogue de Doura Europos en 1932 a incité les chercheurs à admettre l’existence d’un art juif. Quel roi avait un trône dont les escaliers étaient décorés d’aigles et de lions ? Fresque de la synagogue de Doura Europos, Syrie, 245 45 La Méguilat Esther L’écriture de la Méguilat Esther répond à des règles précises. Si, lors de la copie, le scribe oublie une lettre ou un mot, la Méguila est inutilisable, car pas conforme au texte. Les scribes recopient leur texte de manière à avoir constamment le même nombre de lignes du début jusqu’à la fin du rouleau. Méguilat Esther, Bohème, 1750 Méguilat Esther, Tunisie, 1920 L’étui en argent de cette Méguilat Esther a été réalisé à Brno, en République Tchèque. Il est gravé de scénettes, de motifs géométriques et floraux. Au sommet de l’étui se tient un petit personnage debout, un bras à la taille, le second tendu comme s’il tenait un objet. 46 Cette Méguilat Esther provient de Djerba. Le parchemin est fixé sur un axe en métal. L’étui de la Méguila est en bois. Dans certaines communautés aisées, comme celles d’Izmir en Turquie, des particuliers se faisaient fabriquer des étuis de Méguila en or. Cet étui, en or 22 carats, exécuté pour David Ben Isaac Léon, a été travaillé en filigrane. Dans la partie haute trois couronnes se chevauchent. Une perle décore le sommet de l’étui. Méguilat Esther, Turquie, 1873 Combien de versets y a-t-il dans une Méguilat Esther et par quelle lettre commence et finit ce récit ? 47 Une Méguila enluminée Aucune règle n’interdit de décorer une Méguilat Esther lorsqu’elle est destinée à un particulier. Au fil du temps, les décors floraux et géométriques qui se trouvent dans l’artisanat local occupent l’espace libre laissé par le scribe. Il est rare de voir la représentation d’un personnage sur une Méguilat Esther réalisée dans une communauté de terre d’Islam. Cette Méguila dessinée à Essaouira est plutôt grande pour une Méguila enluminée au Maroc. Ses motifs géométriques et végétaux se retrouvent dans l’artisanat marocain. L’arabesque, le losange, le cercle, le triangle, le rectangle sont des motifs courants des tapis et des tatouages du Maroc. 48 Méguilat Esther, Maroc, 1775 49 Un décor gravé En Europe, les scribes-enlumineurs dessinent, gravent ou peignent des personnages sur leur Méguila, et ce, depuis la fin du 16e siècle. Le support de cette Méguila est en parchemin. Le décor a d’abord été gravé puis imprimé en de nombreux exemplaires. Dix-huit colonnes blanches ont été laissées au scribe pour qu’il y appose son texte. Produites à Amsterdam, ces Méguilot ont été vendues un peu partout en Europe. Sur la première page, en haut, le roi et la reine, assis sur un trône, sont encadrés par leur cour : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. ְג ָתן; ֶת ֶרשׁ ִבּ Au centre de la page, entre le dessin de la pendaison des fils d’Aman et celui de la pendaison des deux chambellans du roi, Bigtan et Terech, le scribe a écrit les bénédictions de la Méguila. Le bas de la feuille est occupé par trois scénettes : à droite, Mordekhaï, aux portes de la ville, avertit Esther du danger. au centre, Mordekhaï est promené par Aman dans la ville de Suse. à gauche, Esther et Mordekhaï rédigent un courrier aux communautés juives pour leur annoncer le renversement de la situation. 50 51 Méguilat Esther, Hollande, 1700 Moché Pescarol : un scribe enlumineur Moché ben Abraham Pescarol compte parmi les rares scribes-enlumineurs qui ont signé et daté leurs œuvres. Il a vécu et travaillé en Italie à Ferrare en 1618, après le départ des ducs d’Este. Trois de ses Méguilot nous sont parvenues. Inspiré par son époque, Pescarol a vêtu les soldats du roi Assuérus (A’hachveroch) à la mode de son temps. Tous les personnages portent la moustache. Au-dessus de la tête des soldats, les panoplies témoignent de leur grade. L’histoire d’Esther indique que le roi avait offert un festin aux officiers de son armée : … il donna, dans la troisième année de son règne, un festin à l’ensemble de ses grands et de ses serviteurs, à l’armée de Perse et de Médie, aux satrapes et aux gouverneurs des provinces [réunis] en sa présence… (Esther 1, 3) Quel lien peut-on établir entre la main du roi posée sur l’épaule du premier personnage et le chien qui saute sur la jambe du personnage au visage de profil ? Méguilat Esther, Italie, 1620 D’après toi, pourquoi ne voit-on pas de fenêtres aux murs de la synagogue ? Méguilat Esther, Italie, 1620 Cette manière d’illustrer le verset n’appartient qu’à Pescarol : Va rassembler tous les Juifs présents à Suse, et jeûnez à mon intention; ne mangez ni ne buvez pendant trois jours- ni jour ni nuit- moi aussi avec mes suivantes, je jeûnerai de la même façon. Et puis je me présenterai au roi, et si je dois périr, je périrai ! (Esther 4, 16) Nous voyons ici l’intérieur d’une synagogue à Ferrare avec les nombreuses lampes à huile accrochées au plafond. L’officiant est devant l’Aron. Seuls les trois hommes assis au premier plan sont recouverts de leur Talith. Les coiffes des hommes diffèrent. Certains portent un béret aplati, d’autres un béret à rebord. ֲארוֹן ַט ִלּית 53 La pendaison des fils d’Aman Le roi ordonna de procéder de la sorte : un édit fut publié à Suse, et on pendit les dix fils d’Aman. (Esther 9, 14) Sur chaque Méguila, un feuillet entier est laissé au scribe pour écrire les noms des dix fils d’Aman. Selon les lois d’écriture l’espace central doit rester vide. Mais cette règle a rarement été respectée sur les Méguilot écrites pour des particuliers. Méguilat Esther, Allemagne, 1700 La potence est dessinée chaque fois de manière différente. Sur cette Méguila, dont le texte est inscrit dans un espace arrondi et entouré d’un décor fantastique, onze personnes sont pendues à la même potence. Il s’agit d’Aman et de ses dix fils. Leurs corps sont comme agités par le vent. 54 Cette Méguilat Esther a été écrite et enluminée par Arié Loeb ben Daniel de Goray. Originaire de Galicie, il émigre à Venise en Italie vers 1740 où il enlumine une quinzaine de Méguilot. En reprenant des motifs de Galicie et d’Italie et en utilisant la couleur sépia, Arié Loeb ben Daniel de Goray développe un style personnel. La pendaison des fils d’Aman est dessinée dans un médaillon en bas de page. Le lion est très utilisé parmi les motifs décoratifs. De quelle tribu est-il le symbole ? 55 Méguilat Esther, Italie, 1745 La fille d’Aman Le texte est écrit dans un cadre octogonal. C’est sans doute pour laisser de la place au décor. Les costumes, les coiffures des personnages et l’architecture nous renvoient aux environs de 1700 et l’écriture séfarade indique la communauté d’Hambourg. ְד ָרשׁ ִמ La fille d’Aman n’apparaît pas dans l’histoire d’Esther. Le Midrach nous raconte qu’elle se pencha à la fenêtre et versa le contenu d’un pot de chambre sur celui qui tenait la bride du cheval. Lorsqu’elle s’aperçut de son erreur et qu’elle comprit que c’est sur la tête de son père qu’elle avait déversé les eaux sales, elle se jeta par la fenêtre et se tua. Cette scène se retrouve sur de nombreuses Méguilot. Sur la Méguila d’Hambourg on peut voir de haut en bas quatre moments de l’histoire d’Esther : la communauté de Suse se venge de ses ennemis, la fille d’Aman déverse le contenu d’un pot de chambre sur la tête de son père, la fête dans la ville de Suse, le roi et la reine, une fois le calme revenu. 56 Pourquoi les personnages ne sont-ils pas habillés à la mode perse ? Méguilat Esther, Hambourg, 1700 57 Affiches de Pourim Abraham Leib Monsohn ouvre le premier atelier de lithographie à Jérusalem en 1892. Il imprime cette affiche trois ans après son installation. Pour sa réalisation, Monsohn s’est servi à la fois de dessins originaux et d’illustrations sur Pourim qui existaient déjà. On peut y voir : l’audience d’Esther, Mordekhaï sur le cheval du roi, la pendaison d’Aman. 58 Affiche, Erets Israël, 1895 Le dessin de cette affiche a été réalisé par Moché chah Mizra’hi, l’un des premiers artistes à essayer de vivre de son art au début du 20e siècle à Jérusalem. En habillant ses personnages de l’uniforme porté par les soldats turcs de son époque, il donne un style personnel à ses compositions. Cette affiche a été publiée chez Monsohn. Quels sont les épisodes les plus marquants de l’histoire d’Esther que tu retrouves sur cette affiche ? Affiche, Erets Israël, 1902 59 Michloa’h Manot A Pourim, aussi bien en Israël qu’en diaspora, les familles s’échangent des mets, comme il est écrit : … une occasion d’envoyer des présents l’un à l’autre et des dons aux pauvres. (Esther 9, 22) Dans certaines communautés, on disposait les mets sur des assiettes ou dans des boîtes en bois. Sur le fond de cette assiette en faïence, l’artiste a reproduit Aman et Mordekhaï. Celui-ci a tous les attributs royaux : le cheval du roi, le manteau rouge et le sceptre. Seules les rues de Suse ont pris l’allure d’un paysage verdoyant. Autour de la scène centrale est écrit : Faïence, France, 18e siècle Voilà ce qui se fait pour l’homme que le roi veut honorer ! (Esther 6, 9). Sur le bord de l’assiette on peut lire le verset 9, 22. 60 Feuille volante, Hongrie, 1900 On joignait une feuille imprimée pour accompagner les mets qu’on échangeait à l’occasion de Pourim. Celle-ci provient de Hongrie dans le village de Miskolc. Joindre En haut de l’affiche, de chaque côté d’une étoile de David, l’artiste a dessiné deux barils de vin pour rappeler qu’à Pourim, il faut s’enivrer jusqu’à ne une feuille imprimée au Michloa’h Manot ne se pratique plus de nos jours. On peut voir sur cette feuille deux poissons à droite et à gauche d’une table. Ce sont les symboles du signe astrologique correspondant au mois d’Adar. plus différencier Aman de Mordekhaï. En bas, est écrit le chant le plus populaire de Pourim : Chochanat Yaacov qui se lit dans les communautés achkénazes à la fin de la lecture de la Méguilat Esther. ָמנוֹת ִמ ְשׁלוֹ ַח וֹשׁ ַשַנּת ַיֲעקֹב ְשׁ ְכַּנז אַ 61 Des crécelles Lors de la lecture de la Méguilat Esther, ont fait tourner sa crécelle à chaque fois que l’officiant prononce le nom d’Aman. אוֹ ַרח ַחיִּים Ce sont les rabbins achkénazes qui ont instauré la coutume de faire du bruit lorsque le nom d’Aman est prononcé. Cette coutume figure dans le Ora’h ‘Haïm. Pourquoi Aman et Amalec sont-ils liés ? Crécelles, Etats-Unis, 20e siècle Crécelle, Israël, 20e siècle 62 Cette coutume d’effacer tout souvenir d’Aman trouve sa source dans le verset du Deutéronome concernant Amalec : Crécelle, Europe, 20e siècle ֲע ָמ ֵלק Souviens-toi de ce que t’a fait Amalec, lors de votre voyage, au sortir de l’Egypte; comme il t’a surpris chemin faisant, et s’est jeté sur tous tes traînards par derrière. Tu étais alors fatigué, à bout de forces, et lui ne craignait pas Dieu. Aussi, lorsque l’Eternel, ton Dieu, t’aura débarrassé de tous tes ennemis d’alentour, dans le pays qu’il te donne en héritage pour le posséder, tu effaceras la mémoire d’Amalec de dessous le ciel : ne l’oublie point. (Deutéronome 25, 17-19) 63 Une soirée de Pourim à Tel-Aviv Ce billet d’entrée, pour une soirée de Pourim à Tel-Aviv, décrit avec beaucoup d’ironie un monde où tout est idéal. Hitler distribue des autorisations d’émigrer en Erets Israël, tandis que dans la voiture, transformée pour l’occasion en landau, un jeune homme sioniste entoure de ses mains protectrices un Juif du ghetto et un Arabe. Le landau sur lequel est inscrit le mot « prospérité » en anglais écrase un crocodile qui porte le mot « dépression ». Au loin, une pancarte proclame que les Juifs sont invités à immigrer en Erets Israël. La soirée est organisée par l’Union des nouveaux immigrants originaires d’Autriche. L’artiste qui a signé du nom de May prend le contre-pied des événements politiques de l’époque : Hitler a interdit aux Juifs allemands et autrichiens de quitter leurs pays et les portes d’Erets Israël ont été fermées. La situation économique est désastreuse. Les relations sont tendues entre les immigrants adeptes du socialisme, les Arabes et les riches capitalistes. 64 Billet d’entrée d’une soirée de Pourim, Tel-Aviv, 1939 Quels moyens l’artiste utilise-t-il pour montrer sa sympathie envers le jeune travailleur ? 65 « Adloyada » à Tel-Aviv Le premier défilé de Pourim, appelé à l’époque carnaval, s’est déroulé à Tel-Aviv en 1912. Selon les témoignages, beaucoup de monde y ont assisté. Des poupées géantes ont été confectionnées et des centaines d’enfants étaient déguisés pour l’occasion. ַע ְדלֹאָי ַדע En 1932, l’écrivain Berkovitch proposa de nommer le défilé Adloyada, en se référant à une explication rabbinique où il est conseillé de boire à Pourim jusqu’à ne plus distinguer entre Béni soit Mordekhaï et Maudit soit Aman. Le mot Adloyada est alors entré dans le langage courant. Ce programme du défilé qui date de 1955 porte le sceau de la ville de Tel-Aviv Jaffa. Il montre Mordekhaï sur un cheval tiré par Aman. L’artiste a choisi de placer ses deux personnages sur un fond jaune. La position penchée d’Aman, son visage gris contrastent avec la position droite de Mordekhaï. 66 67 Programme des festivités de Pourim, Tel-Aviv, 1955 Quiz 1. Texte p. 10 Pourquoi nomme t-on aussi ‘Hanoukka la fête de la Dédicace ? a. car Mattathias avait dédicacé de son vivant tous les livres des Maccabées. b. car la célèbre chanson de Maoz Tsour chantée à l’occasion de ‘Hanoukka est dédicacée pour Mattathias et ses fils. c. car le Temple qui avait été profané par Antioche Epiphane avait été à nouveau mis en usage par les Maccabées et dédicacé. d. car dédicace est le surnom de Juda Maccabée. 2. Texte p. 11 De nos jours, on ajoute chaque soir de ‘Hanoukka une lumière supplémentaire pour arriver à un total de 8 bougies au dernier soir. Suivons-nous l’Ecole de Chamaï ou celle d’Hillel ? a. l’Ecole de Chamaï. b. l’Ecole d’Hillel. c. ni l’une, ni l’autre. d. les deux. 3. Texte p. 15 Quelle héroïne des temps bibliques est liée à la fête de ‘Hanoukka ? a. Esther. b. Judith. c. Myriam. d. Déborah. 4. Texte p. 16-18 Quelle est la différence entre une Ménorah et une ‘Hanoukkia ? a. l’une est en terre cuite, l’autre en pierre. b. l’une est le symbole de l’Etat d’Israël, l’autre du Consistoire de France. c. l’une est utilisée le soir de Chabbat, l’autre seulement à ‘Hanoukka. 68 d. l’une a sept branches, l’autre huit branches plus une pour le Chamach. 5. Texte p. 17 Sur l’enluminure de Joseph Ha-Tsarfati, la Ménorah est entourée de deux oliviers. A quoi font-ils référence ? a. à Israël, pays où l’on trouve beaucoup d’oliviers. b. à l’un des sept fruits d’Erets Israël. c. à la prophétie de Zacharie. d. au symbole de la ville natale de Joseph Ha-Tsarfati. 6. Texte p. 24 Dans le tableau d’Arthur Szyk, quel plat typique de ‘Hanoukka est servi à table ? a. du poisson pané. b. des gâteaux secs. c. du blanc de poulet. d. des beignets frits. 7. Texte p. 25 Quel jeu célèbre, pratiqué particulièrement pendant les soirées de ‘Hanoukka, se retrouve sur la peinture de Moritz Oppenheim ? a. un jeu de dés. b. un jeu de toupie. c. un jeu d’échecs. d. un jeu de l’oie. 8. Texte p. 34 Tou Bi-Chevat est l’un des quatre « Nouvel An » juifs. Pour qui est-ce une nouvelle année ? a. pour tous les hommes. b. pour les enfants. c. pour les arbres. d. pour les impôts. 69 Quiz 9. Texte p. 34 Depuis quand a-t-on recommencé l’usage de consommer des fruits d’Israël à Tou Bi-Chevat ? a. au 15e siècle avec R. Isaac Louria de Safed. b. aux premiers siècles sous l’influence de l’Ecole d’Hillel. c. au 20e siècle avec la création du Fonds national juif, le KKL. d. au 17e siècle avec la sortie du livre « Pri Ets Hadar ». 10. Texte p. 36 Quelle organisation juive favorise la plantation d’arbres sur la Terre d’Israël ? a. l’Alliance israélite universelle, AIU. b. le Fonds national juif, KKL. c. l’Organisation mondiale sioniste, OMS. d. le Fonds social juif unifié, FSJU. 11. Texte p. 44-45 A Doura Europos, les habits des personnages rappellent… a. l’époque égyptienne. b. l’époque grecque. c. l’époque romaine. d. l’époque du roi Louis XIV. 12. Texte p. 46 Quelle est la responsabilité du scribe dans l’écriture de la Méguila ? a. écrire à l’encre bleue. b. écrire en faisant des pleins et des déliés. c. écrire avec un stylo à quatre couleurs. d. écrire sans oublier un mot. 70 13. Texte p. 54 Qui sont les pendus que l’on retrouve dans certaines illustrations de la Méguilat Esther ? a. les brigands de la ville de Suse. b. les Juifs de Babylone. c. Aman et ses dix fils. d. Amalec. 14. Texte p. 58-59 Dans les illustrations de la fête de Pourim, qui représente-t-on chevauchant un cheval ? a. Assuérus. b. Antioche Epiphane. c. Aman. d. Mordekhaï. 15. Texte p. 60 Pourquoi trouve-t-on des assiettes, des boîtes en carton ou en bois décorés aux motifs liés à la fête de Pourim ? a. pour faire le Michloa’h Manot. b. pour organiser un déménagement le jour de Pourim. c. pour offrir à de jeunes mariés. d. pour décorer sa maison. 16. Texte p. 62 A quoi servent les crécelles ? a. à faire des beignets pour ‘Hanoukka. b. à faire du bruit lorsque le nom d’Aman est prononcé. c. à faire du bruit lorsque l’on apporte le Michloa’h Manot. d. à faire de la musique pendant le festin de Pourim. 71 Réponses Page 13 Une image est composée de personnages ou d’objets, un peu comme une phrase est composée de mots. En Europe au moyen âge, la peinture et la sculpture informaient les personnes qui ne savaient pas lire. Divers gestes permettaient de traduire des faits ou des idées. Le doigt pointé signifiait : donner un enseignement, affirmer, refuser ou, comme avec cette sculpture de Boris Schatz : montrer le chemin. Page 15 Au 12e siècle les femmes mariées se couvraient la tête et le cou d’une écharpe ou d’un voile fin. Sous le voile les cheveux étaient épars ou nattés. Page 16 La Ménorah est le plus vieux symbole juif. Elle a été utilisée sur les pièces, les murs et les sols des synagogues, de l’antiquité à nos jours. Le 11 Chevat 72 5709, soit le 10 février 1949, l’Etat d’Israël opte pour la Ménorah comme symbole d’Israël. Page 17 La vignette centrale représente l’emplacement du Temple. Elle est entourée de sept autres vignettes décrivant le Mur occidental, la maison royale de David, la tour de David, le tombeau de Rachel, le tombeau d’Absalon, la ville de Safed, Tibériade. Page 19 Au couronnement triangulaire en haut d’un édifice, appelé fronton en architecture. Page 20 Toutes les huiles sont autorisées mais on utilise en général de l’huile d’olive en souvenir de l’huile contenue dans la fiole retrouvée au Temple. Page 22 Toutes les mèches ainsi que les bougies en cire sont autorisées. L’usage des mèches en coton reste le plus courant. Page 24 ש est l’initiale du nom de l’artiste. Szyk s’écrit en hébreu : שיק. Page 25 Les toupies tournent dans les alvéoles d’un support en bois. Page 34 Les habitants d’Erets Israël devaient prélever la dîme des arbres fruitiers pour les pauvres ainsi que pour les Cohen et les Levi qui travaillaient au Temple. Page 35 Non, et c’est pour cela que la fête a disparu après la destruction du Second Temple, car le prélèvement de la dîme était destiné en particulier pour les prêtres qui travaillaient au Temple. Page 36 Des grenadiers et des cédratiers. Page 43 La peine de mort. Page 45 Le roi Salomon. Un Midrach raconte qu’Assuérus utilisait le trône volé au roi Salomon. Page 47 Toutes les Méguilot ont 167 versets. Elles commencent et se terminent par la même lettre : le Vav. 73 Réponses Page 52 En art chrétien, le chien symbolise la fidélité. Moché ben Abraham Pescarol veut montrer que l’armée est fidèle au roi Assuérus. C’est pourquoi il dessine, à gauche, le roi posant la main sur un de ses officiers en signe de confiance, et, à droite, un chien sautant sur la jambe de l’officier. Page 53 Au début du 17e siècle, les fenêtres des habitations étaient construites en hauteur tout près du plafond. Page 55 La tribu de Juda. Page 57 Les personnages ne sont pas habillés à la mode perse parce que l’enlumineur a dessiné les costumes qu’il avait l’habitude de voir dans sa communauté d’accueil. Page 59 Le couronnement de la reine Esther, le triomphe de Mordekhaï, les messagers, la pendaison d’Aman et de ses dix fils. Page 62 Amalec est un chef de tribu qui attaqua les enfants d’Israël lors de la sortie d’Egypte, alors qu’ils étaient sans défense. Or Aman est un descendant d’Agag, roi d’Amalec. Il représente donc l’ennemi type de tous les Juifs. Page 65 Le jeune travailleur placé entre le Juif du ghetto et l’Arabe les entoure d’une large main protectrice. Il est moins caricaturé que ses deux compagnons. 74 Dico A Abraham Goldfaden : (1840-1908) auteur dramatique du 19e siècle considéré comme le père du théâtre yiddish. Achkénaze : terme désignant depuis le moyen âge la culture des Juifs vivant en Europe. Adar : le mois d’Adar coïncide avec février-mars. AEC : abréviation de avant l’ère commune. A’hachveroch : Assuérus roi de Perse, identifié à Xerxès Ier. Amalec : petit-fils d’Esaü dont il est dit qu’il est l’ancêtre d’Aman. Aman : premier ministre du roi Assuérus. Antioche Epiphane : (215-164) roi séleucide. Arié Loeb ben Daniel de Goray : originaire de Galicie, il s’établit en Italie au 18e siècle. Aron : arche sainte. Arthur Szyk : (1894-1951) né en Pologne, Arthur Szyk est un artiste graphique et un caricaturiste. Arvit : office du soir. Asmon : l’origine du nom n’est pas claire. On suppose que c’est le prénom du père ou du grand-père de Mattathias, ou bien le nom donné à toute une famille. Cela peut aussi être le nom du village d’Asmon situé en Judée du Sud. Asmonéen : descendant d’Asmon, famille sacerdotale qui dirigea la résistance aux Séleucides. Av : le mois d’Av coïncide avec juillet-août. B Berkovitch : (1885-1967) écrivain originaire de Biélorussie, il s’installe aux Etats-Unis où il écrit en hébreu et en yiddish. Béthulie : ville située en Judée. Bigtan : eunuque de l’empereur Assuérus. Boris Schatz : (1867-1932) il fonde en 1906 une école d’art qui deviendra, Betsalel, l’Ecole des beaux arts de Jérusalem. C Chabbat : samedi. Septième et dernier jour de la semaine. Ce jour-là, les Juifs s’abstiennent de travailler. Chamach : neuvième godet dont la flamme sert à allumer les huit autres bougies de la ‘Hanoukkia. 75 Dico Chamaï : (50 AEC – 30AC) Chamaï, appelé le Av Beit Din fut président du sanhédrin. Chamaï : Chamaï fut président du sanhédrin. Il était appelé le « Av Beit Din ». Chavouot : semaines. C’est la fête qui célèbre le don de la Torah. Chekel : monnaie utilisée à l’époque de la Bible. Chevat : le mois de Chevat coïncide avec janvier – février. Choul’han Aroukh : codification de la « Halakha », loi religieuse rédigée par Joseph Caro à Safed au 16e siècle. Cohen : prêtre issu de la tribu de Levi. D Deutéronome : Devarim, cinquième livre du Pentateuque. Diaspora : dispersion d’un peuple à travers le monde. Dîme : la Torah cite trois dîmes sur tous les fruits d’Erets Israël. La première, appelée « Térouma », est donnée au Cohen; la seconde appelée « Maasser Richon » est donnée à un Levi et la troisième est donnée aux pauvres. 76 Doura Europos : ville de Syrie découverte par des soldats anglais en 1920. En 1932 est mise à jour la synagogue de Doura Europos. Ducs d’Este : la famille des ducs d’Este régne sur Ferrare de 1240 à 1597. Ils sont chassés de Ferrare par le pape Clément VII. A leur départ la partie de la communauté qui leur est le plus attachée les suit. E Ecole de Palekh : école de peinture, de miniature sur laque, située à une centaine de kilomètres de Moscou. Erets Israël : terre, pays ou Etat d’Israël. Esaü : frère de Jacob et fils aîné d’Isaac. Esther : deuxième épouse du roi A’hachveroch. Exil de Babylone : déportation des juifs du royaume de Juda sous Nabuchodonosor II roi de Babylone en 586 AEC. Il prend fin avec la prise de Babylone par les Perses. L’empereur Cyrus II libère les Juifs et leur permet, en 538 AEC, de retourner dans leur pays, devenu une province perse de Judée, et d’y reconstruire le Temple de Jérusalem. Exode : Chemot. Deuxième livre du Pentateuque. F Fête de la Dédicace : ‘Hanoukka. Fête des Lumières : ‘Hanoukka. Flavius Josèphe : (37-100) historien lié à la monarchie des Asmonéens par sa mère. Il a écrit La Guerre des Juifs contre les Romains (75-79). Franz Stephan : orfèvre viennois du 19e siècle. G Galilée : région du Nord d’Israël. H Haftara : passage du livre des Prophètes lu le Chabbat après la lecture de la Torah. Halakha : partie juridique du Talmud. ‘Hanoukka : fête célébrée le 25 Kislev (novembre-décembre) qui commémore la victoire de Juda Maccabée sur le roi syrien Antioche Epiphane. ‘Hanoukkia (plu. – ‘Hanoukkiot) : lampe de ‘Hanoukka. Haskala : mouvement juif des 18e et 19e siècles qui préconise la modernisation du judaïsme. Ha-Tsarfati, Joseph : scribe-enlumineur qui vécut au moyen âge en Espagne. Henry Bernstein : (1876-1953) écrivain et dramaturge français. Hillel : Hillel était Nassi c’est-à-dire président du Sanhédrin. C’était un sage venu de Babylonie. Hitler : (1889-1945) dictateur allemand responsable de la mort de millions de Juifs. Hochana Rabba : dernier des sept jours de Souccot. Holopherne : (VIe siècle AEC) général assyrien, sous Nabuchodonosor II, assassiné dans son sommeil par Judith. I Isaac Louria : (1534-1572) rabbin et kabbaliste du 16e siècle considéré comme le fondateur de l’école kabbalistique de Safed. Isaac Nahum Levi : éditeur à Jérusalem au 19e siècle. 77 Dico J Jacob : fils d’Isaac et de Rebecca, père de garçons qui donneront leur nom aux douze tribus d’Israël. Jacob : fils d’Isaac et de Rebecca, père de douze enfants qui donneront leur nom aux douze tribus d’Israël. Joseph Gal-Ezer : (1890-1945) originaire de Vienne, il monte en 1921 la première compagnie de films à sujets bibliques en Erets Israël. Josippon : (livre de Josippon) histoire des Juifs, de la chute de Babylone à la destruction du Temple de Jérusalem, rédigée par un auteur anonyme d’Italie du Sud en 953. Juda Maccabée : fils de Mattathias. Il règne sur la Judée de 166 à 160 AEC. Judée : région située entre la mer Morte et la Méditerranée. Judith : héroïne juive qui, pour sauver la ville de Béthulie, séduit le général ennemi assyrien Holopherne et lui tranche la tête durant son sommeil. K Keren Kayemet le Israël (KKL) : Fonds National Juif créé en 1901 par Théodore Herzl. Keter Torah : couronne de la Torah. Kippour : jour de jeûne, appelé aussi jour du Grand Pardon. Kislev : le mois de Kislev coïncide avec novembre-décembre. L Lag ba-Omer : 33e jour de l’Omer. Léon Bakst : (1866-1924) peintre, décorateur et costumier de théâtre. Levi : les lévi n’étaient pas prêtres mais avaient pour fonction d’assister les cohen dans l’entretien du Temple. Lion Antokolski : (1872-1942) artiste lituanien. Lithographie : procédé d’impression d’un dessin tracé sur une pierre calcaire. 78 Livre des coutumes : Sefer ha-Minhaguim. Livre contenant les horaires de prières, la manière de prier, les habitudes alimentaires, le déroulement et la signification des principaux évènements de la vie. Le livre des coutumes permet aux fidèles de perpétuer les traditions. Ludwig Nast : orfèvre du 19e siècle en Pologne. M Maccabée : surnom de Juda Maccabée, qui fut attribué par extension à ses 4 frères : Jean, Simon, Eléazar et Jonathan qui combattirent contre Antioche IV. Maguen David : bouclier de David, par extension, étoile de David. Manuscrit de Rothschild : de 1832 à 1855, il fait partie de la collection de Salomon Parente à Trieste. La famille Rothschild l’acquiert plus tardivement. Il est volé sous l’occupation nazie et réapparaît après la guerre à New-York. Il est restitué à James de Rothschild qui en fait don au Musée d’Israël en 1957. Mardochée : (voir Mordekhaï). Mascaron : un masque fantastique décorant habitations ou objets. Massorète : ensemble de règles et d’annotations permettant la transmission correcte de l’orthographe biblique. Mattathias : chef d’une famille sacerdotale. Il engage la lutte armée contre l’oppresseur et les Juifs hellénisés. Mattathias Antigone : dernier souverain de la dynastie Asmonéenne. Méguilat Esther : Rouleau d’Esther, (pluriel : Méguilot). La Méguilat Esther relate comment, à l’époque du roi Assuérus, la reine Esther aidée de son oncle Mardochée déjoua les plans du premier ministre Aman qui voulait la destruction de tous les Juifs du royaume. Ménorah : nom du candélabre à sept branches dont le prototype fut confectionné pour le Tabernacle du désert. Michna : du verbe lechanen : répéter, signifie au sens propre apprendre par cœur une tradition orale. La Michna désigne l’ensemble des traditions religieuses developpées jusqu’en l’an 200. 79 Dico Michloa’h Manot : échange de nourriture entre connaissances, voisins ou amis. Midrach : commentaire rabbinique de la Bible qui revêt différents genres littéraires comme un récit, une parabole ou une légende. Min’ha : office de l’après-midi. Moché ben Abraham Pescarol : (17e siècle) scribe enlumineur qui vécut en Italie, dans le Piémont. Moché chah Mizra’hi : artiste originaire de Téhéran qui arrive en Erets Israël, à Jérusalem en 1880, où il travaille en tant que scribe enlumineur. Moïse ben Yekoutiel ha-Cohen : commanditaire du manuscrit, écrit et enluminé au 15e siècle en Italie du Nord, appelé le Manuscrit de Rothschild. Monsohn : (1871-1930) Abraham Leib Monsohn étudie la lithographie à Frankfort. Il revient en Erets Israël en 1892 et ouvre avec son frère la première imprimerie en couleur à Jérusalem. Mordekhaï (Mardochée) : fils de Yaïr de la tribu de Benjamin ; c’est lui qui élève Esther jusqu’à ce qu’elle entre au harem du roi Assuérus. 80 Moritz Oppenheim : (1800-1882) originaire de Hanau, il est appelé le premier peintre juif. Il étudie l’art à l’académie de Munich, à Paris et à Rome, puis il revient à Francfort où il termine sa vie. Mur occidental : connu sous le nom de Mur des Lamentations ou de Kotel. Le Mur occidental date de la construction du Temple d’Hérode et est un mur de soutènement de l’esplanade du Temple. N Nabuchodonosor : roi de Babylone. Il détruit Jérusalem et le Temple et déporte la population à Babylone. Ne’hoshet : cuivre. Nissan : le mois de Nissan coïncide avec mars-avril. O Ora’h ‘Haïm : nom donné à une section du Choul’han Aroukh qui traite des lois journalières de la vie juive, des bénédictions, du chabbat, des fêtes et des jeûnes. P Panoplie : ensemble d’armes présenté sur un panneau. Pessa’h : pâque. Fête commémorant la sortie d’Egypte et le passage des Hébreux de l’état d’esclavage à la liberté. Pourim : Sorts. La fête de Pourim a lieu le 14 et le 15 Adar. Elle commémore la victoire des Juifs sur leurs ennemis. Pri Ets Hadar : le fruit de l’arbre majestueux. Ce livre, écrit par un auteur anonyme, apparaît à Venise en 1728 sous forme de pamphlet. R Rabbi Akiva : (50-135) un des plus célèbres maître de la Michna. Rav Mordekhaï ben Hillel : (1250-1298) originaire d’Allemagne, il est l’élève de Meïr ben Baroukh de Rothenburg au 13e siècle. Roch ha-Chana : Nouvel An juif. S Sanhédrin : constitué de 71 anciens, le Sanhédrin était la haute cour de justice d’Erets Israël. Salomon : 3e roi d’Israël. Fils du roi David, il construit le Temple de Jérusalem. Schtetl : bourgade ou quartier juif de l’Europe de l’Est avant la seconde guerre mondiale. Scribe-enlumineur : personne qui écrit et décore un manuscrit. Sefer Torah : copie manuscrite de la Torah sous forme d’un rouleau. Séfarade : Juif originaire d’Espagne ou du Portugal. Expulsés de leur pays ils se répartissent sur le pourtour du bassin méditerranéen. Sépia : couleur brune extraite de la seiche. Sevivon : toupie. Sim’hat Torah : joie de la Torah. Jour où l’on achève la lecture du Pentateuque. Souccot : fête qui rappelle les 40 ans d’errance dans le désert avant le retour en Erets Israël. Suse : ville située dans l’actuel Iran du Sud. L’histoire d’Esther s’y déroule. T Talith : châle de prière rectangulaire à franges. Taanit Esther : jeûne d’Esther. 81 Dico Talmud : ensemble des lois et traditions juives accumulées pendant sept siècles : depuis 200 AEC jusqu’à l’an 500. Temple de Jérusalem : construit par le roi Salomon sur le Mont Moriah, il est détruit par Nabuchodonosor II en 586 AEC. Il est reconstruit par les Juifs qui reviennent de captivité de Babylonie en 538 AEC. Le roi Hérode le remanie et l’agrandit en l’an 19 AEC. Titus le détruit en l’an 70. Terech : eunuque de l’empereur Assuérus. Terre glaise : argile. Ticha be-Av : 9e jour du mois d’Av. Jour de jeûne qui commémore la destruction du Premier Temple en 586 AEC et du Second Temple en l’an 70. Tichri : le mois de Tichri coïncide avec septembre-octobre. Torah : Enseignement. Regroupe les cinq livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Tou be-Av : le 15e jour du mois d’Av. Tou bi-Chevat : nouvel an des arbres dans le calendrier agricole. 82 X Xerxès : roi qui régne, de 485 à 465 AEC, en Perse. Y Yaacov Sofer : scribe enlumineur qui travaille la micrographie à Tibériade au 19e siècle. Yessod ha-Maala : village situé dans la vallée de ‘Houla. Il a été construit en 1881 par les membres de la première Aliya. Yiddish : langue parlée dans les communautés achkénazes. Yom ha-Atsmaout : jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël. Yom ha-Choah : jour du souvenir de l’Holocauste. Yom ha-Zikaron : jour du souvenir des victimes de guerre. Z Zacharie : prophète qui prononça sa première prophétie durant le règne de Darius 1er et incita le peuple à la reconstruction du Temple. Zeus : roi des dieux dans la mythologie grecque. Crédits photographiques Couverture © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 8-9 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 10 : © Collection Famille Gross. Page 12 : © Collection Famille Gross. Page : 13: © Photo Musée d’Israël. Page 15 : © Musée d’Israël © Photo Musée d’Israël, Jérusalem, David Harris. Page 16 : © Musée d’Israël © Photo Musée d’Israël Page 17 : © Bibliothèque nationale du Portugal. Page 17 : © Collection Famille Gross.

Le Baptême

Le Baptême Une pièce d’Alfred Savoir et Fernand Nozière Présentation de Michèle Fingher A la redécouverte du théâtre juif Le Baptême Une pièce d’Alfred Savoir et Fernand Nozière A Monsieur Lugné-Poe A la redécouverte du théâtre juif Nous remercions pour leur soutien à la publication de cet ouvrage : La Fondation du Judaïsme Français La Fondation pour la Mémoire de la Shoah Le Fonds Social Juif Unifié Nous remercions pour leurs contributions, remarques et conseils : Yehuda Moraly, Nathalie Serfaty, Isabelle Cohen, Daniel Elalouf, Déborah Elalouf, Gilles Elalouf, Richard Sitbon, Aline Schapira, Colette Goldberg, Edith Sidi, Florence Soulam, Maurice Fingher. © Editions ADCJ – Le Voyage de Betsalel, 2018 ISBN : 978-965-91970-6-4 Auteurs : Alfred Savoir et Fernand Nozière Introduction : Michèle Fingher Tous droits de traduction, reproduction ou représentation intégrale ou partielle réservés pour tous pays. Editions ADCJ, 56 rue Hallé, Paris, 75014, France. contact@adcj.org Alfred Savoir, 1931 Le Baptême Alfred Savoir et Fernand Nozière En 1907, juste après la réhabilitation d’Alfred Dreyfus, deux ans après le vote de la loi instaurant la séparation de l’Eglise et de l’Etat et un an après la suppression de la censure préalable au théâtre, deux auteurs juifs, Alfred Savoir (1883-1934) et Fernand Nozière (1874- 1931), font jouer une pièce où, décidément, personne n’est épargné. Les Juifs sont représentés par les membres d’une riche famille juive qui sont prêts à tout pour se faire accepter par la bonne société et ne trouvent rien de mieux pour cela que de se faire baptiser. Le clergé y est symbolisé par un archevêque fort occupé à assurer son élection à l’Académie et à organiser ses prochaines vacances. Quant à l’aristocratie, c’est dans la pièce un noble ruiné devenu vendeur de voitures et chasseur de dot ! Mais si la pièce se veut légère, elle pose des questions qui nous concernent encore aujourd’hui, celles de l’identité juive dans une société où l’on est facilement tenté par l’assimilation. Le judaïsme est-il une religion ? N’est-il que cela ? Le judaïsme se réduit-il à un ensemble de comportements dictés par une expérience historique commune ? N’est-on juif qu’à travers le regard des autres, des non-Juifs ? Renoncer au judaïsme permet-il de se faire accepter par les non-juifs ? Un Juif ayant accepté le baptême reste-t-il un Juif ? On connaît le mot du général De Gaulle, catholique pratiquant, qui avait dix-sept ans quand fut jouée la pièce. Apprenant qu’un de ses Compagnons s’était converti (par conviction, d’ailleurs), il déclara : « Cela fait un catholique de plus mais cela ne fait pas un Juif de moins ! » La conversion, vue par le Général, ne gommerait donc pas la judéité. On « resterait » juif même après s’être converti. Qu’en était-il il y a un siècle et qu’en est-il aujourd’hui ? Le contexte historique Depuis les années quatre-vingts du 19ème siècle et leurs scandales politico-financiers, après la publication de La France juive de Drumont, les antisémites tenaient le haut du pavé, surtout à droite et chez les catholiques. L’Affaire, qui avait éclaté dans cette ambiance délétère, n’avait fait qu’aggraver les choses et les Juifs, pour la plupart, adoptaient un profil bas, surtout quand ils étaient fortunés. On attaquait les synagogues, certains cafés et restaurants leur interdisaient l’entrée. Des rixes éclataient. La police intervenait, certes, mais il arrivait qu’elle ignore les fauteurs de troubles et conduise au poste les Juifs insultés. Rares étaient les rabbins, nommés et rémunérés par l’Etat (jusqu’à la loi de séparation), qui osaient réagir publiquement. Le Grand Rabbin Zadoc Kahn était l’exception. Lorsqu’Alfred Dreyfus est gracié puis réhabilité, les Juifs français qui, ces dernières années, s’étaient sentis rejetés par la France, reprennent confiance. Délivrés de ce cauchemar, soulagés et reconnaissants, ils ne songent qu’à s’assimiler. Au théâtre, la suppression de la censure préliminaire (1906) donne aux dramaturges juifs l’occasion d’évoquer des thèmes qu’on évitait jusqu’alors. Dans Le Baptême, Savoir et Nozière font rire aux dépens de l’Eglise, de l’aristocratie mais surtout de ces Juifs qui croient pouvoir acheter leur admission dans la bonne société en consentant au baptême. Les auteurs Plus personne ne se souvient aujourd’hui d’Alfred Savoir (né Alfred Poznanski et originaire de Lodz en Pologne), ni de Fernand Nozière (né Fernand Weyl). Ce dernier a pourtant été un auteur extrêmement prolifique. Critique de théâtre, auteur de plusieurs livres, il a, en 1924, sept ans avant sa mort, une cinquantaine de pièces à son actif. Alfred Savoir, quant à lui, est venu étudier le droit en France et signe sa première pièce à vingt-trois ans, Le Troisième couvert, jouée au Théâtre de l’Œuvre. C’est un échec. Sifflets et hurlements interrompent la représentation. La première collaboration théâtrale entre les deux auteurs se fait autour du Baptême où le personnage de monsieur Bloch est interprété par Lugné-Poe. La pièce ne tient que sept représentations suite à l’intervention d’un Juif influent, non pas parce que la pièce était antisémite, mais parce qu’elle pouvait choquer un public non-juif. Cette collaboration se poursuit par une adaptation d’un roman de Tolstoï, La Sonate à Kreutzer, jouée à nouveau par Lugné-Poe. Cette fois, la pièce remporte un grand succès. La pièce S’assimiler – et comment ? – ou ne pas s’assimiler, voilà la question. L’assimilation a toujours été une préoccupation essentielle chez les Juifs de Diaspora. De tous temps, les Juifs ont dû choisir entre rester à l’écart du reste de la population ou bien s’intégrer à la société ambiante en renonçant à leur judéité. L’assimilation est donc, par définition, un abandon volontaire de l’identité juive, de la pratique religieuse, naturellement, mais aussi de tous les comportements considérés comme « juifs » par les antisémites, comme l’âpreté au gain et la volonté féroce de s’élever socialement. Jusqu’au début du 20ème siècle, le marqueur proprement religieux était socialement très significatif : si l’on souhaitait s’assimiler, il fallait commencer par se convertir formellement. En fait, si la conversion était « nécessaire », elle devait être confirmée, sauf exception, par le passage du temps, par le mariage avec des non-juifs, par le changement de nom et par l’adoption d’une profession « non juive ». Le processus devait donc s’étaler sur deux ou trois générations. Dans Le Baptême, les Bloch sont manifestement trop pressés et leur conversion sera globalement un échec. La seule conversion immédiatement reconnue – par les Bloch eux-mêmes, par l’évêque et l’aristocrate, représentant la société dans son ensemble… tout comme par les auteurs eux-mêmes – est celle d’Hélène, la fille de la famille, du fait de son évidente sincérité, même si cette sincérité était absente initialement. Depuis un siècle, la conversion est sans doute bien moins indispensable à qui veut s’assimiler, la société environnante n’attachant guère qu’une importance symbolique à l’appartenance à une église. Le mariage, la rupture sociale accompagnant souvent la mobilité géographique ou professionnelle suffisent en général et sont immédiatement « enregistrés ». Qu’en pensent Savoir et Nozière ? Et d’abord, selon Bloch, qu’est-ce qu’être juif ? Il suffit de l’écouter. A la fin de chaque acte, il se livre en quelques courtes scènes : le ton de la comédie disparaît. Bloch : Hélas ! De père en fils, éternellement nous éprouvons le même malaise. Etre juif, mon enfant, je vois bien maintenant ce que c’est. Lucien : C’est une religion ? Bloch : Non ! Lucien : C’est une race ? Bloch : Non, mon petit Lucien, c’est un malheur, un grand malheur. Pour Bloch, les Juifs sont les victimes « éternelles » des antisémites et des préjugés hostiles : là se trouve la cause du « malheur » des Juifs. Se pourrait-il que les Juifs en soient en partie responsables par leur refus de s’assimiler ? Ou du moins, comment faire pour échapper à la malédiction ? La question n’est pas explicitement posée mais on la lit en filigrane. A l’acte II, quand Bloch annonce à Lucien que toute la famille se convertit, Lucien proteste : Lucien : Est-ce que [le baptême] me redressera le nez ? Et mes jambes qui sont arquées… Et mes oreilles […] Je suis laid… abominablement… si laid que je voudrais me cacher, disparaître […] La laideur des autres, c’est un accident : les passants la déplorent ; la laideur juive, c’est une malédiction, on en rit. Cette soi-disant laideur se retrouve dans le théâtre juif contemporain de la pièce, dans Le Nouveau ghetto (1894) de Herzl, comme dans celle de Bernstein – Israël (1908). Elle reste d’actualité : dans certains de ses sketches, Gad Elmaleh fait rire à ses propres dépens en se comparant au « grand blond » à l’aise dans la piscine ou sur des skis. Les Juifs intériorisent si bien l’antisémitisme qu’ils se voient à travers le regard non des autres en général, mais des antisémites en particulier. C’est ce que Madame Amadeo-Valensi, professeur à l’université Bar-Ilan en Israël, a brillamment souligné : « Les Juifs considèrent comme objective la subjectivité des antisémites ». Cette attitude victimaire doublée de haine de soi débouche sur une « solution » : celle de la conversion, solution qui n’est envisagée par les Bloch que comme un moyen pratique d’échapper à leur condition. Elle ne coûte d’ailleurs pas si cher, à leurs yeux, puisqu’ils resteront juifs en un autre sens. Leur énergie et leur sens des affaires pourront beaucoup plus facilement trouver à s’employer, pensent-ils, puisqu’ils auront fait disparaître l’obstacle qui les empêchait de s’épanouir. Pourquoi ne deviendraient-ils pas les banquiers de l’Eglise ? De même, une fois baptisé, André Bloch, défini jusqu’alors comme un « gringalet », prend la vie à bras le corps. Lui qui haïssait les affaires va entrer dans celles de son père. Celui-ci le serre contre lui et lui dit, dans un élan qu’on retrouve dans l’Israël d’Henry Bernstein, lorsque Gutlieb s’adresse à son antisémite de fils qui ignore tout de son ascendance juive : Bloch : Tu parles de la conquête avec une ardeur, avec un enthousiasme qui sont bien de notre race. Ne t’en défends pas, mon fils (serrant André contre son cœur), tu es juif, tu l’es tout à fait depuis que tu as reçu le baptême. (Le Baptême) Gutlieb : …J’affirme qu’un puissant instinct sémite a fait l’antisémite que voilà ! J’affirme que vous vous êtes jeté dans l’antisémitisme non par haine profonde du Juif, mais bien par une divination juive, par une ambition juive, de la cause éclatante… (Israël) Dans les deux pièces écrites à un an d’intervalle, ces marques de satisfaction à l’égard du judaïsme semblent caricaturales, l’un des personnages venant de se convertir, l’autre ignorant ses origines juives ! Là encore, Bloch et Gutlieb adoptent la même définition de la judéité que les antisémites de leur temps. On sent chez Savoir et Nozière une certaine tendresse amusée pour la naïveté de la famille Bloch : le père, la mère et le fils se croient habiles mais se font évidemment des illusions. L’évêque et de Coissy, le noble, ne cherchent qu’à les exploiter. Les Bloch s’imaginent faire une bonne affaire mais ils ne tromperont personne, on prendra leur argent, ils rendront service et, en prime, on se moquera d’eux. Leur démarche ne peut déboucher à court terme : son absence totale d’authenticité les prive de tout espoir de succès et, finalement, ce n’est que justice. L’un des personnages du Nouveau ghetto de Herzl – le docteur Bichler – fait d’ailleurs exactement le même constat. En revanche, à plus long terme, dans une ou deux générations, l’assimilation a toutes « chances » de fonctionner. Mais alors, les bénéfices escomptés du fait de leurs qualités « juives » ne seront pas au rendez-vous. Les auteurs, en revanche, admirent Hélène pour sa sincérité mais regrettent, me semble-t-il, qu’elle prenne sur elle d’entrer au couvent. La réaction de Bloch et sa résignation désespérée sont également celles des auteurs de la pièce : elle aussi tombe dans le piège que la famille s’est elle-même tendu. Elle est, de plus, l’instrument qui permet à l’évêque de lui soutirer une fortune. En fait, la solution de l’énigme se trouve dans la dernière scène où la grand-mère fait prononcer le Chéma Israël à son petit-fils. C’est elle qui, en tant qu’aïeule, est la dépositaire d’une tradition millénaire. Elle a le dernier mot : c’est une immense erreur que d’essayer de fuir sa judéité ! Tout le reste en dépend et cette judéité repose elle-même sur la fidélité à l’Alliance. Qu’en est-il aujourd’hui ? La conversion, qui semblait ouvrir la porte à l’assimilation au début du 20ème siècle, est-elle encore d’actualité ? Les Bloch, qui avaient réussi dans la banque à une époque où la vieille noblesse catholique donnait le ton, souhaitaient prendre la place à laquelle ils estimaient pouvoir prétendre : ils ont cru qu’il fallait pour cela passer par la case conversion. Ils ont également cru, bien à tort, que cela serait suffisant. Nous l’avons dit, en ce début de 21ème siècle, la conversion formelle n’est plus d’actualité et bien peu nombreux seraient ceux qui voudraient y recourir pour se faire ouvrir des portes. Risquons donc un parallèle : dans les sociétés occidentales que nous connaissons, on trouve de nombreux Juifs dans les médias ou les milieux universitaires. Sous l’influence du milieu où ils évoluent, ils sont souvent politiquement libéraux au sens anglo-saxon, ce qui se traduit par un soutien sans faille à toutes les minorités « opprimées ». Au nom de ce credo, il faut être (de préférence, violemment) antisioniste pour exister socialement dans les cercles progressistes, dans les salles de presse ou sur les campus. La tentation existe donc d’adopter des positions conformistes, de signer des articles et des pétitions, de blogger et de twitter « comme il faut ». Là encore, ceux qui résistent le plus facilement à cette tentation sont ceux qui sont religieusement les plus proches de la Tradition. En se moquant d’une conversion trop rapide et trop évidemment opportuniste, Alfred Savoir et Fernand Nozière soulèvent en fait la question de la naïveté. Monsieur Jourdain dans Le Bourgeois gentilhomme croit que des leçons de danse, de français en feront un gentilhomme tout comme les Bloch croient qu’un peu d’eau bénite va les transformer en catholiques reconnus comme tels. On ne se débarrasse pas si facilement du poids du passé et le regard de la société met longtemps à changer. L’intime conviction autant que la Foi sont les vrais moteurs de l’identité. Personnages Bloch MM. Lugné-Poe André Jehan Adès Monseigneur Lecourtois Henri Beaulieu De Coissy Paul Chevalet Lucien Félix Grouillet Cohen Raymond Aggiotti Renoir Premier invité André Mayral Deuxième invité Lamare Heller Dangré Madame Bloch Mmes Favrel Hélène Premor Mademoiselle Grenier Gasty Lillianne Madame Cohen Copernic L’aïeule Jeanne Guéret Edith Erry Gramer Berthe Hélène Dazy Caricature des personnages dans le journal La Rampe, 1925 (Un petit salon à Paris dans l’hôtel de M. Bloch. Porte au fond donnant sur une galerie. Deux portes à droite et deux portes à gauche. Le portrait équestre de M. Bloch.) Deux invités.  Scène 1  Premier invité : Un cigare ? (Il prend sur une table une boîte de cigares qu’il lui tend.) Deuxième invité : On dîne bien ici. Premier invité : Pas mal. Vous y venez souvent ? Deuxième invité : Non ! Et vous ? Premier invité : Quelquefois, aussi peu que possible. Deuxième invité : Je vous comprends. Premier invité : Je n’aime pas les Juifs. Deuxième invité : Moi non plus. Premier invité : Croyez bien que ce n’est pas un préjugé de ma part. Deuxième invité : Evidemment. Premier invité : Il y a de bons Juifs ; mais dans la société israélite, j’éprouve une certaine gêne. Deuxième invité : Un malaise, n’est-ce-pas ? Premier invité : Voilà. Deuxième invité : Je vous comprends. Premier invité : Vous ne fumez pas ? Deuxième invité : Merci. (Il prend un cigare.) Premier invité : Voici du feu. Deuxième invité : Remarquables leurs cigares ! Premier invité : Parbleu ! La vieille madame Bloch – Quel nom ! Deuxième invité : La grand-mère ? Premier invité : Oui, la grand-mère ! Elle les passe en contrebande sous sa jupe. Deuxième invité (déposant son cigare) : Je ne fume plus. Premier invité : Il y a la boîte. Deuxième invité (reprenant son cigare) : Une femme qui possède des millions. Premier invité : C’est son fils qui a de l’argent. Deuxième invité : Dites-moi, cher monsieur, qui est exactement monsieur Bloch ? Premier invité : Notre amphitryon ? Deuxième invité : Vous connaissez l’origine de sa fortune ? Premier invité (évasivement) : Il est intelligent. Deuxième invité : Vous me faites peur. Il n’a jamais eu de démêlés avec la justice, n’est-ce pas ? Premier invité : Il n’y a rien à dire sur ses mœurs. Deuxième invité : Il est vertueux, mais il est honnête ? Premier invité : Il est arrivé à Paris, il y a trente ans, en sabots. Deuxième invité : Comme tout le monde, d’où venait-il ? Premier invité : De Francfort. Deuxième invité : Lui aussi. Il n’avait absolument rien ? Premier invité : Une maladie de foie et des jambes légèrement cagneuses. Deuxième invité : C’est peu. Premier invité : On réussit très bien avec ces avantages. Il a trouvé de l’argent ; il a monté une maison de modes ; ses affaires furent si florissantes qu’il devint négociant en pierres fines, ce qui l’amena à créer une banque… Et voilà ! Deuxième invité : Il est intelligent. Premier invité : Mais oui ! Deuxième invité : Un peu ridicule ? Un peu snob ? Premier invité : Moins que sa femme et ses enfants ! Deuxième invité : Elle publie des livres, madame Bloch ? Premier invité : Comme une duchesse. Elle les signe. Elle tient à recevoir à sa table des gens de lettres. D’ailleurs elle est la cousine de l’Académicien Blumenthal. Deuxième invité : Elle a une influence sur les élections académiques ? Premier invité : Elle laisse croire qu’elle dispose d’une voix ! Deuxième invité : Le fils aîné – ce gringalet – fait de l’escrime et du football. Premier invité : Mais oui. Il a des partenaires très élégants. Deuxième invité : Et la fille – la belle Hélène – du spiritisme. Premier invité : Elle veut aussi avoir de belles relations. L’autre jour elle a eu une longue conversation avec Saint-François-d’Assise. Deuxième invité : Mâtin ! C’est en effet une belle relation. Premier invité : De tout premier ordre. Deuxième invité : Elle connaît des morts chics, mais les vivants qui viennent ici… (Il fait un geste.) Premier invité : Des Juifs ! Deuxième invité : Il y a pourtant quelques chrétiens ! Premier invité : Oui, d’abord un protestant, le pasteur Wurtz. Deuxième invité : Sans dire un mot, par sa seule présence, il offre à tous la bonne parole. Premier invité : Il y a aussi le comte de Coissy. Deuxième invité : Sa famille est de l’Anjou ? Premier invité : Je crois. Deuxième invité : Que vient-il faire ici ? Premier invité : Et nous ? Deuxième invité : Le comte de Coissy ! Grand nom ! Premier invité : Et mauvais renom. Il n’a plus le sou ! Deuxième invité : Merci. Je me tiendrai sur mes gardes. J’ai bien envie de m’en aller. Premier invité : Vous ne voulez pas entendre madame Dujardin ? Deuxième invité : La contralto de l’Opéra qui semble chanter dans un verre de lampe ? – Ah merci ! Premier invité : Nous aurons aussi mademoiselle Grenier de la Comédie-Française. Deuxième invité : La toujours jeune ? Premier invité : Et puis nous aurons l’évêque Lecourtois. Deuxième invité : Vous plaisantez ? Premier invité : Il brigue un fauteuil à l’Académie. Les voix de la droite lui sont acquises ; mais celle de Blumenthal ne lui serait pas inutile. Deuxième invité : Et c’est pour obtenir cette voix qu’il vient chez les Bloch ? Premier invité : Il faut bien faire preuve de libéralisme. Deuxième invité : Un évêque dans cette maison, j’en suis révolté ! Premier invité : Et moi donc ! Deuxième invité : Laissez-moi vous dire que j’ai grand plaisir à causer avec vous. Premier invité : Nous avons en effet les mêmes idées, les mêmes goûts. Deuxième invité : Et nous ne nous connaissons même pas. Il y avait une telle foule à ce dîner. Je n’ai pas eu le plaisir de vous être présenté. Premier invité (sortant sa carte) : Je m’appelle Géo Dreyfus. Deuxième invité (idem) : Et moi Charley Lévy. Premier invité : Charley Lévy ; mais je crois que nous sommes parents. Deuxième invité : Comment ? Premier invité : Par la vieille madame Bloch. Vous êtes son petit cousin par son mari. Deuxième invité : Il est vrai. Premier invité : Et moi je suis le petit cousin par sa sœur. Deuxième invité : Mademoiselle Cohen qui avait épousé Aggiotti de la maison Finkelberg ? Premier invité : Oui. Deuxième invité : Mais je suis allié aux Aggiotti par les Aaron. Premier invité : Alors nous sommes deux fois cousins. Deuxième invité : Mais jamais je vous aurais pris pour un israélite. Premier invité : Vous me flattez. Deuxième invité : Vous n’avez pas le type. Premier invité : Peut-être le front ! Deuxième invité : Vous n’êtes pas à la Bourse ? Premier invité : Si ! Si ! Mais à l’autre Bourse. Deuxième invité : Blé ? Premier invité : Sucre ! Deuxième invité : Alors, Géo, dites-moi ce que vous pensez des derniers cours. Vous croyez à la hausse ? Premier invité : Et bien ! Mon cher Charley… (Ils sortent ensemble.)  Scène 2  Heller, Lucien, puis M. et Mme Cohen. Sur les dernières répliques entrent Heller et Lucien. Heller : Eh bien, mon canard, tu ne fumes pas encore ? Lucien : Non, monsieur, mais voici des cigares et des cigarettes. Heller : Merci. (Ils s’assoient au fond.) Cohen (entrant avec Mme Cohen) : On s’en va ? Mme Cohen : Tu es fatigué ? Cohen : Il est dix heures. Mme Cohen : Eh bien ? Cohen : Nous voulions rentrer de bonne heure. Mme Cohen : Tu dors si mal. La nuit dernière, tu n’as pas fermé l’œil. Cohen : Précisément. Mme Cohen : Ah ! Tes intestins ! Cohen : Tu t’amuses ici ? Mme Cohen : Je veux voir l’évêque. Cohen : Tu as à lui parler, Esther ? Mme Cohen : Comme c’est intelligent ! Cohen : Un évêque, tu sais, ce n’est qu’un curé. Mme Cohen : Tu peux rire ; ce n’est pas toi qui amènerais chez nous un prélat. Cohen : Pourquoi faire ? Mme Cohen : C’est flatteur, tu le sais bien. Après- demain, on lira dans les journaux mondains que M. et Mme Bloch ont reçu en leur hôtel des Champs- Elysées l’évêque Lecourtois. Cohen : Vingt-cinq francs la ligne. Mme Cohen : C’est possible. Mais encore faut-il que l’évêque soit venu. Cohen : Il ne viendra peut-être pas. Mme Cohen : Raison de plus pour attendre. Cohen : C’est vrai. Mme Cohen : Ah ! Tu devrais bien savoir comment M. Bloch est entré en relations avec un évêque. Cohen : Comment veux-tu que je fasse ? Mme Cohen : Tu n’as qu’à le flatter… « Quel honneur pour vous et pour les vôtres ! Ce devait être bien difficile ! » Cohen : Et alors ? Mme Cohen : Alors il s’écriera : « Difficile, pas du tout. J’ai fait agir celui-ci et celui-là qui ne peuvent rien me refuser ! » Cohen : Oui ! Oui ! Mme Cohen : Ce ne sera sans doute pas exact. Il ne nous restera plus qu’à démêler la vérité du mensonge. Cohen : Comme c’est simple ! J’y renonce. Mme Cohen : Ah ! Mon pauvre David ! Tu n’as pas d’ambition. Si tu avais eu un peu plus d’énergie et de diplomatie, tout Paris s’écraserait dans nos salons. Cohen : C’est à la femme qu’il appartient de se créer des relations. Vois madame Bloch. Elle invite les gens, elle les attire, elle les racole. Elle a du tact. Elle sait recevoir. Avec notre double nom Cohen- Sulzbacher, ce n’est pas un évêque qui devrait venir chez nous, c’est un archevêque, c’est un cardinal. Mme Cohen : Pourquoi pas le Saint-Père ? Cohen : Pourquoi pas ? Mme Cohen : Tu es fou. Mais sache le bien, madame Bloch n’a rien fait. C’est M. Bloch. Cohen : C’est madame Bloch. Mme Cohen : C’est lui ! Cohen : C’est elle. (Ils s’aperçoivent qu’ils parlent haut.) Chut ! chut !… M. et Mme Cohen sortent. Heller : Canard ? Lucien : Monsieur ? Heller : Qui sont ces agités ? Lucien : C’est M. et Mme Cohen-Sulzbacher. Heller : Ils sont fâchés ? Lucien : Ils sont toujours ainsi. Il y a chez nous beaucoup de gens qui crient. Heller : Canard ? Lucien : Monsieur. Heller : Tu es philosophe ? Lucien : A mes heures. Heller : Il n’est pas l’heure de te coucher ? Lucien : Maman m’a dit d’attendre que l’évêque soit venu. Si par hasard il voulait me bénir ! C’est ridicule ! Heller : Canard, si toi qui es un israélite, tu ne respectes pas un évêque, que respecteras tu ? Lucien : Vous vous moquez de moi ! Heller : Non, mon petit canard. Lucien : Pourquoi m’appelez-vous ainsi ? Heller : C’est un terme d’amitié. Lucien : Pourtant vous me connaissez depuis un mois seulement. Heller : Chez les Schwartz, j’ai trouvé de l’agrément dans ta conversation. Lucien : Pourquoi me parlez-vous toujours ? Etes-vous timide ? Heller : Mais non ! Lucien : Il ne faut pas parler trop longtemps. Heller : Pourquoi ? Lucien : Maman croirait que vous êtes timide et elle ne vous inviterait plus. Heller : Pourquoi m’a-t-elle invité à cette soirée ? Lucien : Elle a lu votre article dans La Revue Ecarlate ; vous êtes sorti de l’Ecole Normale. Heller : Mais il y a bien d’autres israélites qui sont sortis de l’Ecole Normale et qui écrivent dans La Revue Ecarlate. Lucien : Elle les invite tous. Heller : Ils t’amusent. Lucien : J’aime les gens qui travaillent. Heller : Tu dois adorer ton papa. Lucien : Oui. Heller : Tu me présenteras à lui ; quand je suis arrivé, il y avait une foule qui l’entourait, je n’ai pu me glisser jusqu’à lui, ni même l’apercevoir. Lucien : Vous ne le connaissez pas ? Heller : Je ne l’ai jamais vu. (Silence) Lucien : Monsieur ? Heller : Eh bien ? Lucien : Avouez que si vous m’appelez canard, c’est parce que je marche… drôlement. Heller : Non. Lucien : Maman dit que les israélites ont une démarche bizarre. Ainsi moi, je le sais bien, je marche comme un canard. (Il marche.) Papa aussi…  Scène 3  Les mêmes, Bloch. A ce moment Bloch s’approche. Il marche effectivement comme un canard. Heller : Monsieur Bloch ? Bloch : Monsieur ? Lucien : Papa ! Bloch : Eh bien ? Lucien : Papa, je te présente mon ami, mon grand ami, M. Charles Heller. Bloch : Vous êtes parent du coulissier ? Heller : C’est mon cousin. Bloch : Excellente maison ! Vous n’en faites pas partie ? Heller : Non, monsieur. Lucien : Oh ! Mais papa ! M. Heller est sorti de l’Ecole Normale. Bloch : Je vous demande pardon, monsieur. Heller : Mais, monsieur, mon père était remisier. Bloch : Ah ! Vous êtes le fils du petit Heller que nous aimions tous à la Bourse. Heller : Tous les soirs en effet, son chapeau était défoncé. Bloch : Nous le taquinions ; mais il recevait des ordres ; c’était un malin. Je l’aimais beaucoup. Il a dû être fier d’avoir un fils intelligent, qui a des diplômes. Heller : Vous êtes trop aimable ; mais vous avez un enfant charmant. Bloch : Vous le trouvez gentil ? Heller : C’est un petit bonhomme remarquable. Bloch (caressant Lucien) : Surtout, il a du cœur, c’est l’essentiel. Lucien : Papa ! Heller : C’est votre préféré ? Bloch : J’aime également tous mes enfants, André, Hélène… Mais celui-ci c’est autre chose. C’est ma joie… Heller : Vraiment ? Bloch : Croyez-vous qu’il ne m’a jamais rien demandé ! Un bon garçon, un brave enfant. Heller : Il vous ressemble. Bloch : Tout le monde le dit. Heller : Je vous vois pour la première fois et j’en suis frappé. Bloch : Vous me voyez pour la première fois ?… Vous ne m’aviez jamais rencontré à l’Opéra, aux répétitions générales, aux courses ? Heller : En sortant de l’Ecole Normale, j’ai professé pendant deux années en province. Je n’ai un poste à Paris que depuis six mois et je sors peu. Bloch : Comment donc m’avez-vous reconnu tout à l’heure ? Heller : Grâce à votre portrait. Bloch : Il est bon, n’est-ce-pas ? Heller : C’est une toile remarquable. Bloch : Le cheval surtout est vivant. Heller : Admirable… Vous aimez les chevaux ? Vous montez souvent ? Lucien : Papa ! Bloch : Jamais cher monsieur. C’est ma femme et mon fils André qui ont désiré ce portrait équestre. Ils trouvaient même que le cheval n’était pas assez fougueux. J’ai cédé parce que ça n’a pas d’importance. Pourvu qu’on me laisse travailler en paix… Heller : Certainement. Bloch : L’hôtel, les réceptions, c’est à eux ; je les leur abandonne. Mais ils n’entrent pas, ils n’en ont guère envie, dans les bureaux de la rue du 4-Septembre. Là, je suis chez moi. Je ne prends conseil de personne. Là, je vis, je m’amuse, je travaille… Aussi que m’importent ces détails mondains ? On veut mon portrait équestre ? Soit ! Mais si on me demande : « Vous montez à cheval, M. Bloch ? » Je réponds carrément : « Non ! » Vous comprenez monsieur Heller ? Heller : Oui ! Oui ! Bloch : D’ailleurs, je ne suis pas aussi franc avec tout le monde. Heller : Je suis flatté ! Bloch : Vous m’êtes très sympathique. Lucien : Ah tant mieux ! (Il fait un pas en arrière et est heurté par André qui s’avance en fumant un cigare.)  Scène 4  Les mêmes, André, puis Mme Cohen et Edith. André (toussant) : Tu me fais encore tousser, petit imbécile. Lucien : Je ne l’ai pas fait exprès, André. André : Je l’espère. (Il tousse violemment.) Bloch : On danse à côté ? André : Oui. Les Cohen avec leur fille Edith entrent. Bloch : Vous ne bostonnez pas, monsieur ? Heller : Si, monsieur, ridiculement ! Mme Cohen : M. André valse si bien ! André : Je n’en tire aucune vanité. La danse est un sport inférieur. Bloch : Si tu valses, mon enfant, ne reste pas dans les courants d’air, ne prends pas froid. André : Est-ce que je suis malade ? Bloch : Non. André : Je tousse… C’est la fumée… Voilà tout ! Cohen : Tous les pères tremblent pour la santé de leurs enfants ! André : Quand ils sont chétifs, rien n’est plus naturel. Mais moi, je suis rompu à tous les sports. J’ai une santé à toute épreuve. Tout le monde le sait. Seuls, mes parents ne veulent pas l’admettre. Bloch : Mais si ! André : Savez-vous comment on m’a appelé dans le dernier numéro de la Vie sportive ? Edith : Comment ? André : Une organisation exceptionnelle. Bloch : C’est vrai. Edith : Dans une revue la semaine dernière j’ai vu votre portrait en costume de tennis. Lucien : Il est champion. Heller : Vous êtes champion de tennis ? André : A Asnières. Bloch : Et il conduit merveilleusement. Le cocher me le disait ce matin encore… André : Je crois qu’à l’heure actuelle, je suis le seul israélite capable de mener un mail-coach. Edith : Et comme vous avez été applaudi au Concours Hippique ! Heller : Vous avez obtenu une récompense ? Lucien : Non, monsieur Heller. André : Vous ne vous rappelez pas ce scandale ? Heller : Excusez-moi, j’étais en province. Edith : Le public vous a acclamé. André : Parce qu’il ignorait ma religion… Mais le jury ! Heller : Vous avez été victime, vous aussi, d’une iniquité judiciaire. André : Quelques journaux ont en effet comparé mon cas à… Lucien : Ils exagéraient. André : Peut-être. Quand tu seras plus âgé, mon petit Lucien, tu verras qu’on est toujours prêt à se montrer injuste envers nous. Lucien, Heller, Edith, André sortent. Pendant ce temps les Cohen interrogent M. Bloch. Cohen : Evidemment, recevoir un évêque, c’est un grand honneur et il était difficile de l’obtenir. Bloch : Difficile ! Pas du tout. Mme Bloch : Je te le disais bien, David ! Cohen : Laisse parler M. David. Bloch : Eh bien ! Voici ! Mme Cohen : Ah ! Oui, dites-nous. Cohen : Voyons ! Esther ! Esther ! Mme Bloch est entrée avec M. de Coissy.  Scène 5  Les mêmes, Mme Bloch et Coissy. Mme Bloch, à madame Cohen : Hildegarde… Permettez-moi de vous présenter monsieur de Coissy. Madame Hildegarde Cohen-Sulzbacher, son mari. Cohen : Très honoré, monsieur de Coissy. Coissy, très gentil : J’ai connu un M. Cohen. Mme Cohen : Ce n’était pas un de nos parents. Cohen : Nous n’avons pas de parents. Mme Cohen : Nous ne connaissons personne qui porte ce nom. Coissy : Moi, je connais quelques personnes qui s’appellent Cohen. C’est que nous n’avons pas les mêmes relations. Cohen : Mais nous, c’est Cohen-Sulzbacher. Coissy : De la rue du Sentier ? Cohen : Ma maison de commerce est en effet, rue du Sentier. Coissy : Dentelles, n’est-ce pas ? Cohen : Dentelles. Mme Cohen : Mon mari ne s’occupe jamais de sa maison. Elle va toute seule. Il consacre tous ses soins à sa collection de dentelles. Coissy : Il paraît qu’elle est admirable. Mme Cohen : Si vous voulez nous faire le plaisir de la visiter ? Coissy : Avec plaisir, madame. Mme Cohen : Je reçois tous les samedis, rue de la Boétie, 101. Cohen : Je n’ai pas de cartes sur moi. Coissy : Je trouverai votre adresse. Cohen : Dans l’annuaire des téléphones. Mme Cohen : Et dans le Tout-Paris. (De Coissy s’éloigne avec M. Bloch et M. Cohen.) Mme Bloch : C’est incroyable, ma chère amie. Je vous présente monsieur de Coissy et, aussitôt, vous l’invitez à vous rendre visite. Mme Cohen : Pourquoi pas ? Mme Bloch : Vraiment, Hildegarde, permettez-moi de vous le dire, vous manquez un peu de doigté. Mme Cohen : Bah ? Mme Bloch : Vous vous jetez à la tête de M. de Coissy ! Il en était choqué. Mme Cohen : Vraiment ? Mme Bloch : Et puis, quand on est israélite, on ne reçoit pas le samedi. Mme Cohen : M. de Coissy aime les dentelles : c’est un goût aristocratique. Je lui ai simplement proposé de voir notre collection et il a accepté très simplement. Mme Bloch : Mais enfin, vous devez imaginer qu’il ne nous a pas été facile de nous lier avec M. de Coissy ! Nous avons fait des démarches. Mme Cohen : Des sacrifices peut-être. Mme Bloch : Et, sans scrupules, vous profitez de nos efforts : c’est de la concurrence déloyale. Si j’agissais ainsi chez vous, que penseriez-vous de moi ? Mme Cohen : Vous pouvez inviter tous mes amis ; je vous y autorise de grand cœur. Mme Bloch : Vous ne connaissez que des israélites et des allemands. Mme Cohen : Mais ce sont vos coreligionnaires et vos compatriotes. Mme Bloch : Je suis hollandaise. Mme Cohen : Vous êtes née, par hasard, à Amsterdam, parce que vos parents voyageaient beaucoup : mais votre père était de Stuttgart et votre mère de Munich. Mme Bloch : Ma mère était de Varsovie. Mme Cohen : M. Bloch est de Francfort. Mme Bloch : Ce n’est pas vrai ! Mme Cohen : Il était à l’école avec maman. Mme Bloch : Alors, vous savez bien que monsieur Bloch n’est pas de Francfort mais d’un petit village voisin de Francfort. Mme Cohen : C’est vrai, je vous fais mes excuses. Mme Bloch : J’ai été un peu vive, mais je suis faible en ce moment. Mme Cohen : Des ennuis ? Mme Bloch : Non ! Mais j’achève un roman d’amour et je vis avec tous mes personnages. Mme Cohen : Ce doit être fatigant. Mme Bloch : Et cet évêque Lecourtois qui ne vient pas ! Mme Cohen : Il n’est pas tard. Mme Bloch : Dix heures et demie ! Je vous demande pardon : je voudrais dire un mot à M. de Coissy (Il vient d’entrer avec André.) Mme Cohen : Je vous laisse. Mme Bloch : Excusez-moi. Mme Cohen : Oh ! Ne vous excusez pas. Je vais jouer au poker. Mme Bloch : Toujours cette passion. Mme Cohen : Toujours ! (Madame Cohen sort.)  Scène 6  Mme Bloch, Coissy, André, puis Bloch. Mme Bloch, à Coissy : Dix heures et demie. Coissy : Dix heures vingt. Mme Bloch : Vous croyez ? Coissy : L’heure de la Bourse. M. Bloch vient de me la donner. Mme Bloch : Vous avez voulu savoir l’heure exacte, vous êtes inquiet. Coissy : Mais non ! Mais non ! André : Il ne viendra pas, votre évêque. Coissy : Patience ! Patience ! Bloch, entrant : Dix heures vingt-trois ! Mme Bloch : Mais non ! Mais non ! Bloch : L’heure de la Bourse. Je crois bien que nous avons eu tort d’annoncer à nos amis la visite de Monseigneur Lecourtois. Coissy : Il était certain que c’était inutile. Mme Bloch : S’il ne venait pas, on rirait de nous. Bloch : S’il vient, nous ne serons pas moins ridicules. Mme Bloch : Mais, Coissy, il vous avait bien promis, n’est-ce pas ? Coissy : Monseigneur désire vous connaître. André : Il tient à la voix de l’oncle Blumenthal. Coissy : Mon cher ami, nous cherchons tous des relations mondaines qui peuvent nous être utiles et agréables. André : Il aura redouté les indiscrétions de la presse. Mme Bloch : Au moment de venir, il aura sans doute été pris de scrupules. André : C’est ce que je voulais dire. Coissy : Mais pourquoi donc, madame ? Mme Bloch : Un évêque chez des Juifs ! Coissy : Bah ! Juif, on l’est aujourd’hui et demain on ne l’est plus. Bloch, inquiet : Que voulez-vous dire ? André : Jacques a raison. Personne ne connaît l’avenir. Bloch : Je ne vous comprends pas. Mme Bloch : L’avenir est impénétrable. André : C’est une vérité qu’on ne peut mettre en doute. Bloch : Evidement, à ce point de vue… Coissy : Toutes les hypothèses sont permises, n’est-ce pas ? Et on peut les envisager de sang-froid. Bloch : Si ce ne sont que des idées générales ! Coissy : Supposons, par exemple, que votre fille ressente une inclinaison, un penchant pour un catholique. Bloch : C’est improbable. Pourquoi souriez-vous ? Coissy : C’est que vous semblez regarder cette possibilité comme un malheur. Ce ne serait pas terrible cependant. Bloch : Mais, monsieur… Coissy : Croyez-vous que votre fille se mésallierait en épousant un chrétien ? Regardez-vous toujours les israélites comme les élus du Seigneur et conservez- vous du mépris pour l’étranger, pour le « goy » ? Bloch : Je ne ressens de mépris pour personne, monsieur. Je pense que ma fille ne serait pas heureuse en entrant dans une famille chrétienne, dans une vieille famille chrétienne. Je sens aussi que je la perdrais. Coissy : Permettez-moi de vous dire, monsieur Bloch, que vous devriez vous élever au-dessus de ce vieux préjugé. Vous vous plaignez souvent d’être isolé, d’être tenu à l’écart et vous vous irritez à la seule pensée d’avoir pour gendre un des nôtres. André : Il faut être logique papa. Mme Bloch : Dix heures et demie ! Coissy : Je vais le chercher. Bloch : Non ! Non ! Je me passerai fort bien de sa visite. Mme Bloch : Tu n’as pas d’ambition. André : Sois tranquille, papa, il ne viendra pas. Coissy : Je saute dans une auto et je l’amène. Bloch : A quoi bon ? (Coissy sort. A madame Bloch) Tu ne rentres pas dans les salons ? Tes invités ? Mme Bloch : Ils causent, ils jouent, et d’ailleurs, Hélène est avec eux. (Monsieur Bloch va pour sortir.) Mme Bloch : Ne t’en vas pas, l’évêque sera ici dans quelques minutes. Bloch : Eh bien ? Mme Bloch : Il convient que tu sois près de moi pour le recevoir. Bloch : Nous serons tous là et grand’mère aussi. Mme Bloch : Elle n’est pas couchée ? Bloch : Non ! Non ! Ma bonne vieille mère ! Elle a gagné dix louis au poker et, en ce moment, elle écoute mademoiselle Dujardin qui chante le grand air de Samson. Mme Bloch : Elle aurait bien dû choisir un autre morceau. André : C’est un manque de tact de nous parler ainsi de nos ancêtres. Bloch : Vous plaisantez, n’est-ce pas ? Mme Bloch : Naturellement. Mais ne penses-tu, mon ami, que ta mère devrait se reposer. Elle n’est plus toute jeune. Bloch : Elle a soixante-douze ans, mais elle est solide, heureusement. André : Ah ! Elle a une belle santé ! Bloch : Ma bonne vieille mère ! Mme Bloch : Ecoute, mon ami, crois-tu qu’il soit possible de présenter ta mère à Monseigneur Lecourtois ? Bloch : Pourquoi pas ? Je ne rougis pas de ma mère. Mme Bloch : Ce n’est pas la question. André : Grand-mère est intelligente et bonne, nous le savons. Mme Bloch : Tout le monde le sait. Mais ne crois-tu pas qu’elle sera mal à l’aise devant un prélat ? Bloch : Elle n’a pas de préjugés. Mme Bloch : Enfin, est-il bien utile que Monseigneur Lecourtois la rencontre ? Bloch : Utile ! Utile ! André : Elle sera certainement choquée en voyant un prêtre chez son fils. Bloch, inquiet : Tu crois ? André : Voyons, papa, c’est certain. Elle imaginera que nous sommes sur le point de nous convertir. Bloch : Ce n’est pas vrai ! Mme Bloch : Il serait bon de lui épargner ces vaines inquiétudes. Bloch : Ah ! Vous croyez tous les deux ?… André : Evidemment ! Bloch : Eh bien ! Il faudrait peut-être lui parler. André : J’y vais. Bloch : Non ! Non ! Je l’appellerai. Elle est là, tout près ; elle s’est placée au dernier rang afin de pouvoir sortir si la musique l’ennuie. Mme Bloch : Il est certain que je ne vois pas très bien ta grand’mère avec Monseigneur Lecourtois. Ah ! Si ma mère vivait ! C’était une femme qui avait de belles manières. Tu te rappelles ? André : Très vaguement. Mme Bloch : Tu étais si jeune quand je l’ai perdue.  Scène 7  Mme Bloch, André, M. Bloch, l’aïeule. Bloch, entrant avec la vieille madame Bloch : Tu es bien ? L’aïeule : Très bien, mon enfant, je suis heureuse, si heureuse. Mme Bloch : De quoi donc ? L’aïeule : Mais de tout, de voir que vous vous élevez et que vos enfants grandissent. Te rappelles-tu, Ephraïm, notre pauvre existence à Francfort ?… André : Pourquoi songer à ce passé ? L’aïeule : Mais pour mesurer le progrès qu’a fait mon fils, j’en suis fière. Est-ce assez beau, ces tentures, ces rideaux… André : Voyons, grand’mère. L’aïeule, tâtant les rideaux : Pure soie, mon petit. J’en ai vendu, je sais que c’est beau, on ne fait pas mieux. (Elle tousse.) Mme Bloch : Toujours votre rhume ? L’aïeule : Oh ! Oui, Je tousse ! Ma poitrine est déchirée. Bloch : Tu exagères. L’aïeule : Ah ! Mon enfant, je t’affirme que je suis bien malade. André : La tête ? L’aïeule : Et les reins et les intestins. Tout ! Tout ! C’est à peine si je peux tenir sur mes jambes. Mme Bloch : Si vous étiez bien sage… L’aïeule : Oui ! Oui ! Mme Bloch : Vous iriez faire un bon petit somme. L’aïeule : Me coucher ? Mais, moi aussi, je veux jouir de la vie et prendre ma part des plaisirs, de tous les plaisirs. Rentrer dans ma chambre ? J’attendrai que tous les invités soient partis. André : Tu les as tous vus. L’aïeule : Et l’évêque ? Bloch : Bah ! L’aïeule : Comment peux-tu parler ainsi d’un évêque ? Rappelle-toi de l’évêque de Francfort ! Quel grand et puissant seigneur ! Il me semble que j’entends encore le bruit de son carrosse quand il passait devant nos petites fenêtres. Et aujourd’hui un évêque vient chez toi. Ah ! Quel bonheur ! Ach ! Mein Kind ! Bloch ; Ach ! Meine liebe Mutter !  Scène 8  Les mêmes, Coissy, puis Hélène, Mademoiselle Grenier, Lucien. Coissy, entrant brusquement : Monseigneur me suit ! Il monte l’escalier ! Mme Bloch, allant à la porte : Hélène ! Hélène Hélène, entrant avec mademoiselle Grenier : Qu’y a-t-il, maman ? Mademoiselle Grenier veut bien nous lire quelques vers de madame Desbordes- Valmore. Mme Bloch : Tout à l’heure, mademoiselle, je vous en prie ; Monseigneur Lecourtois arrive. Hélène : Ah ! Melle Grenier : Oh ! Je serai si heureuse de le voir ! C’est un esprit si distingué. André : C’est bien ! C’est bien ! (Il appelle un domestique.) Ne laissez entrer personne dans ce salon. (Le domestique disparaît.) Il ne faut pas que Monseigneur se trouve brusquement dans une foule d’inconnus. L’aïeule : On pourrait peut-être faire venir le pasteur Wurtz : c’est un confrère ? Bloch : Non ! Maman ! C’est un concurrent ! Coissy : C’est bien ! C’est bien ! Mme Bloch, à mademoiselle Grenier : Ne deviez-vous pas, mademoiselle, dire des vers de madame Desbordes-Valmore. Melle Grenier : Si vous le voulez bien, madame, j’attendrai que Monseigneur soit là. Coissy, à Mme Bloch : Monsieur Lecourtois ne dédaigne pas d’assister aux représentations de la Comédie-Française. Il sait toute la distance qu’il y a entre les sociétaires de la Maison et les actrices du Boulevard. André : Et Lucien ? Où est Lucien ? (Il appelle.) Lucien. Lucien, entrant : Me voici ! Me voici !  Scène 9  Les mêmes, Monseigneur Lecourtois. (Monseigneur Lecourtois entre appuyé sur un jeune prêtre.) Coissy : Monseigneur, permettez-moi de vous présenter mes bons amis : Madame Bloch, qui est la mère de M. Bloch, madame Bloch qui est sa femme, mademoiselle Hélène, monsieur André et monsieur Lucien Bloch, ses enfants. Les Bloch : Monseigneur ! Monseigneur : Je marche difficilement. J’ai pris la liberté, madame, d’amener avec moi ce jeune lévite. L’aïeule : Soyez le bienvenu, monsieur Lévy. Monseigneur : Mais, n’est-ce pas mademoiselle Grenier que j’aperçois. Melle Grenier : Je n’espérais pas, Monseigneur, que vous me feriez l’honneur de me reconnaître. Monseigneur : Eh bien ! Etes-vous satisfaite de votre cure ? Melle Grenier : Mais oui, Monseigneur, et je conserve un précieux souvenir des quelques jours passés non loin de votre Grandeur. Coissy : Vous avez rencontré mademoiselle pendant une cure ? Monseigneur : Mais oui ! Hélène : A Lourdes ? Melle Grenier : Non. A Châtel-Guyon. Monseigneur : Et mademoiselle m’a puissamment aidé à organiser une fête de charité ; nous avons collaboré. Melle Grenier : Oh ! Monseigneur ! Monseigneur : Vous avez dit, avec un art merveilleux, des vers de madame Desbordes-Valmore. Melle Grenier : Et quel magnifique discours vous avez prononcé, Monseigneur. Monseigneur : Une simple improvisation ! Melle Grenier : Elle a été reproduite par le Courrier de Riom. J’ai conservé la coupure. Monseigneur : Ce sont des harangues qui ne gagnent pas à être imprimées. Elles ne s’excusent que par l’accent et la conviction. Melle Grenier : Ah ! Monseigneur. Quelle ardeur et quelle articulation ! Monseigneur : Vous me flattez ! C’est vous qui avez une diction admirable, impeccable. La semaine dernière, je vous ai applaudie à la Comédie- Française. Melle Grenier : Dans Le Monde où l’on s’ennuie ? Monseigneur : Non, mademoiselle, je n’entends que les œuvres classiques. Melle Grenier : Pardon, Monseigneur. Monseigneur : On donnait Tartuffe. Vous jouez délicieusement ce joli personnage de Marianne. Melle Grenier : Je suis confuse. Monseigneur : Si, si, délicieusement. Melle Grenier : Je vous demande pardon, Monseigneur. Mais je dois aller dire quelques vers. Monseigneur : Faites, mon enfant, j’irai tout à l’heure vous applaudir. Melle Grenier : Monseigneur ! Bloch : Vous permettez, Monseigneur que j’accompagne mademoiselle Grenier. Monseigneur : Faites, monsieur, je ne veux troubler personne. Bloch : Viens maman, viens Lucien ! Monseigneur : Le charmant enfant ! Je l’ai à peine aperçu. Mais nous nous reverrons ! (Bloch, Mademoiselle Grenier, l’aïeule, Lucien sortent.)  Scène 10  Monseigneur, Mme Bloch, Hélène, André et Coissy. Monseigneur : Quelle charmante artiste ! Mme Bloch : Tout à fait charmante. Monseigneur : Vous devez apprécier tout particulièrement son talent, madame, car vous écrivez des vers qu’on goûte. Mme Bloch : Je n’ose croire, Monseigneur, que mes modestes essais vous soient connus. Monseigneur : J’en ai souvent entendu parler et j’ai eu la tentation de les lire ; mais les seuls titres de vos livres effraient un peu l’homme d’église. Mme Bloch : Mon prochain volume vous rassurera, Monseigneur. Mon inspiration devient austère, et, si j’ose dire, presque chrétienne. Monseigneur : Monsieur de Coissy m’a dit en effet, madame, quelles étaient vos sympathies pour notre religion. Je sais que votre fils André a protesté hautement contre la loi de séparation et qu’il a reçu des coups pour la défense des églises. André : J’estime, Monseigneur, que devant une injustice, il ne saurait plus être question de religion. Un honnête homme doit se battre pour le bon droit. Monseigneur : Il me plaît de vous entendre parler ainsi. Enfin, madame, votre fille Hélène est une belle âme, une très belle âme. Hélène : Monseigneur ! Monseigneur : Oh ! Ne protestez pas, mademoiselle. Je connais vos actes de charité, c’est une joie pour moi, pasteur chrétien, de trouver dans une famille… dissidente…. Des élans aussi purs. Mme Bloch : Il se pourrait, Monseigneur, que cette famille ne restât pas dissidente. Monseigneur : Oui ! Oui ! Monsieur de Coissy m’a vaguement parlé de vos projets. Mais, madame, je vous supplie de ne pas vous hâter. Ecoutez la voix qui vous appelle et ne lui obéissez que si vous reconnaissez bien la voix de Dieu. André : Mais… Monseigneur : Croyez-moi, cher monsieur, j’ai l’expérience des conversions. Cet hiver, en Afrique… Hélène : Quoi, Monseigneur, vous avez porté la bonne parole aux peuplades sauvages ? Monseigneur : Non, mademoiselle, c’était au Caire. J’ai eu la chance d’amener à Dieu trois banquiers levantins qui soignaient au soleil leurs rhumatismes, comme je le faisais moi-même. Hélène : Vous n’avez pas eu, Monseigneur, le désir d’aller plus loin ? Monseigneur : Plus loin ? Coissy : Pourquoi ? Hélène : Vous n’avez pas porté la parole évangélique aux tribus barbares. Monseigneur : C’est un apostolat, que ma santé et mon âge ne me permettent plus. André : C’est un sport terriblement dur. Monseigneur : N’est-ce pas, monsieur ? Et pourquoi chercher si loin des infidèles ? Il en est tant que l’on peut convertir à Paris pendant l’hiver et, quand vient l’été à Vichy ou à Dieppe. Mme Bloch : La France d’abord ! Monseigneur : Certainement. Nous devons aimer tous les hommes ; mais, malgré moi, je ressens une plus vive sympathie pour les israélites français que pour les nègres et les chinois. Je crois servir plus efficacement la cause de l’Eglise et de Dieu en baptisant un financier parisien qu’en baptisant un roi anthropophage. André : Vous devez rencontrer de violentes résistances. Monseigneur : Je parviens à les vaincre. Hélène : Nos parents et nos grands-parents sont fermement attachés à la tradition. Monseigneur : On peut les détacher doucement. Coissy : Le plus souvent ils ne tiennent si obstinément à la religion que parce qu’ils redoutent la colère de leur Dieu. Ils pensent qu’ils seraient punis s’ils abandonnaient la foi de leurs ancêtres. André : C’est précisément ce qu’on appelle le sentiment religieux. Monseigneur : Non ! Non ! Monsieur ! Le sentiment religieux, c’est l’appel d’une volonté supérieure qui nous attire vers le ciel, c’est la voix du cœur, c’est la grâce. Hélène : Parlez ! Parlez ! Monseigneur ! Monseigneur : Oh ! Mademoiselle, ce n’est pas ici qu’il convient de vous initier à ces mystères. Ce n’est ni le lieu, ni la saison. Nous sommes à la veille du grand prix. L’agitation de la semaine, les préparatifs pour les villégiatures ne sont pas favorables au recueillement, à la méditation. Hélène : Mais quand cette agitation sera apaisée ? Monseigneur : Nous verrons… Depuis que l’on nous opprime, les miracles se multiplient. Il semble que Dieu veuille encourager ses fidèles serviteurs. En ces derniers temps, bien des âmes égarées nous sont parvenues. Mme Bloch : Si mon mari pouvait vous entendre ! Monseigneur : Il m’entendra. André : N’avez-vous pas dit, Monseigneur, que vous iriez à Dieppe ? Monseigneur : Non ! À Vichy ! Mme Bloch : Nous avons une villa près de Vichy. Nous pourrions y rester pendant un mois. Monseigneur : Je le souhaite. Hélène : Je serais si heureuse, Monseigneur, d’écouter vos conseils et vos leçons. Monseigneur (se lève) : Je suis touché de votre confiance mademoiselle. Mais j’ai promis à mademoiselle Grenier de l’entendre. Mme Bloch (se lève) : Si vous voulez venir, Monseigneur. Monseigneur : N’aurai-je pas le plaisir de rencontrer dans la salle de concert votre cousin Blumenthal ? Mme Bloch : Il n’a pu venir. Il est enrhumé. Jeudi il a eu l’imprudence de revenir de l’Académie, à pied, sous la pluie, sans son cache-nez. Monseigneur : C’est un savant éminent. Son interprétation de la Bible est souvent contraire à l’enseignement de l’Eglise. Mais quelle science et quelle ingéniosité. J’aurais grand plaisir de le connaître. Mme Bloch : Si vous vouliez, Monseigneur, le rencontrer un jour, ici ? Monseigneur : Très volontiers. Je m’acquitterai de la visite d’usage. Mais ce ne sera pas seulement un acte de politesse ; je lui manifesterai ainsi l’admiration qu’il m’inspire, avec certaines réserves que vous comprenez. Mme Bloch : Je lui ferai connaître vos sentiments. Coissy : Vous posez décidément votre candidature à l’Académie. Monseigneur : Oui, mon cher Coissy. Nos amis m’ont affirmé que je le devais. Ils veulent faire sur mon nom une imposante manifestation. Puis-je me dérober à ce devoir sacré ? Mme Bloch : Non. Monseigneur : N’est-ce pas ? Coissy : Vous avez d’ailleurs des titres. Monseigneur : Oui ! Oui ! Précisément, madame, je me suis permis de vous apporter mes œuvres complètes. Mme Bloch : Oh ! Monseigneur, je suis touchée… Monseigneur, lui offrant un petit volume que lui donne le lévite : Les voici. (Il sort avec Madame Bloch, André et le lévite.)  Scène 11  Coissy, Hélène. Coissy, à Hélène qui va sortir : Etes-vous si désireuse, mademoiselle, d’entendre les vers de madame Desbordes-Valmore ? Hélène : Mais oui, monsieur, n’aimez-vous pas le talent de mademoiselle Grenier. Coissy : Si ! Si ! Depuis mon enfance… Hélène : Vous venez à peine d’en sortir. Coissy : Seriez-vous méchante ? Hélène : Je m’efforce au contraire d’être bonne. Mais… Coissy : Mais… Hélène : Mais vous me semblez si jeune ! Coissy : Bah ? Hélène : Vous êtes fâché ? Coissy : Je souffre ! Hélène : Non ! Vous boudez ! Coissy : Je vous affirme, mademoiselle… Hélène : Ne protestez pas. Je vous connais bien. Je vous ai longuement observé. Vous ne vous souciez que de vos costumes et de vos jeux. Coissy : Que faudrait-il faire pour vous plaire ? Hélène : Mais vous me plaisez. Coissy : Serait-il vrai, mademoiselle ? Hélène : Vous me plaisez beaucoup. Coissy : S’il en est ainsi, il faut que vous m’écoutiez. Hélène : Très volontiers. Coissy : Puisque j’ai eu le bonheur de retenir votre attention, vous avez dû observer que je n’étais pas demeuré insensible à votre grâce, à votre intelligence. Hélène : Je crois en effet que vous restez près de moi sans ennui. Coissy : Vous pensez bien, mademoiselle, qu’il me serait doux de rester auprès de vous toujours. Hélène : Vous voulez m’épouser ? Coissy : Mais, mon Dieu. Oui… mademoiselle. Hélène : Mais je ne vous aime pas. Coissy : Je m’en doute bien, mademoiselle. Hélène : Alors ! Coissy : Mais vous m’avez dit tout à l’heure que je ne vous déplaisais point. Hélène : C’est la vérité. Coissy : Ne croyez-vous pas qu’une grande sympathie réciproque pourrait suppléer provisoirement… Hélène : Vous me paraissez soudain beaucoup moins jeune. Coissy : Vous ne partagez pas mes sentiments, vous ne m’aimez pas… Mais êtes-vous bien sûre que, si vous me rejetez, vous ferez un mariage d’amour ? Le cas est-il si fréquent autour de nous ? Hélène : Evidemment, non ! Coissy : Et puis vous finirez bien par vous rendre à ma tendresse. Hélène : Vous êtes donc bien sûr que je ne résisterai pas à la vanité de porter votre nom ? Coissy : Mon nom ! J’en suis très fier, certes… Mais vous n’y attachez pas grande importance, je le sais… Cependant j’ai autre chose d’infiniment précieux à vous offrir. Hélène : Vraiment. Coissy : Si vous voulez être mienne, nous nous en irons loin d’ici ; je vous emmènerai (Un temps) en Anjou. Hélène : Savez-vous seulement si je désire quitter mes frères ? Coissy : Pourquoi dissimuler devant moi un fait que j’ai deviné depuis longtemps ? Ici, vous tous ne rêvez que d’une chose… Hélène : Et c’est ? Coissy : De vous séparer du milieu spécial où vous vivez, de rompre le cercle invisible et pourtant réel qui vous enferme. Hélène : Vous me croyez snob, n’est-ce pas ? Coissy : Non, mademoiselle. Mais dans votre milieu d’agitation, de fièvre, personne n’est heureux. Vous moins que les autres ! Et vous vous en rendez compte tous. Hélène : C’est vrai. Coissy : Il est naturel que vous tourniez les yeux pour chercher une issue… C’est pourquoi, moi, en loyal garçon que je suis, vous aimant, je vous dis : suivez- moi ailleurs. Hélène : Je vous remercie de votre franchise, personne ne m’a jamais parlé ainsi… Mais savez- vous qu’il ne serait pas généreux de ma part d’accepter votre proposition. Coissy : Pourquoi donc ? Hélène : Dois-je m’éloigner de mes frères ? Coissy : En restant avec eux, leur serez-vous de quelque secours ? Hélène : Si je vous épouse je devrai abandonner la vieille religion. Coissy : Mais je respecterais une femme qui se convertirait par amour. Hélène : Vous auriez tort. Ce n’est que par conviction qu’il faut embrasser une foi nouvelle. Coissy : Mais tout à l’heure, quand vous parliez à Monseigneur Lecourtois, vous paraissiez déjà animée d’un souffle divin. Hélène : Oui ! Oui ! Parfois, il me semble qu’une voix m’appelle. Coissy : Eh bien ! Hélène : Mais tout à coup cette voix se tait… Je suis calme… Attendez monsieur, attendez. Coissy : Oh ! Mademoiselle, je suis très heureux. Hélène : Je ne vous ai rien promis. Coissy : Je comprends… Je comprends… Hélène : Mais je puis vous affirmer que si jamais votre projet se réalise, c’est une chrétienne, une vraie chrétienne que vous conduirez à l’autel. Coissy : Je l’espère… Vous avez des élans passionnés vers la foi… Moi-même je suis plutôt croyant. Hélène : Est-ce bien vrai ? Coissy : Mais certainement… J’appartiens à une famille où de père en fils on observe les commandements religieux. Hélène : Allez-vous souvent à l’église ? Coissy : Tous les dimanches. Et vous ? Hélène : Quand nous sommes en voyage, le Baedeker à la main. Coissy : Et ici à Paris ? Seriez-vous insensible à la poésie si intense de nos églises ? Hélène : Oh ! Non… Mais quand j’y rentre, j’ai le sentiment d’être une intruse, de toucher à ce qui ne m’appartient pas. Coissy : Mais si je suis à côté de vous, ce sentiment s’évanouira, n’est-ce pas ? Voulez-vous de moi pour guide et aussi pour prier ensemble. Nous irons en Italie. Le commun ne se doute pas des beautés que recèle ce sol béni, retourné par le levier de la foi. Avez-vous séjourné en Toscane ? Hélène : Non… Coissy : J’y connais une pauvre chapelle de village, délabrée et vermoulue. Hélène : Vermoulue ! Coissy : Les touristes ne la connaissent pas car elle se cache au fond d’une vallée dans un pays perdu… A première vue son aspect n’a rien de remarquable, mais ayant franchi le seuil, vous pénétrez dans une crypte moyenâgeuse fort basse et si sombre qu’on n’y voit rien. Hélène : Et on ne connaît pas ça ! Coissy : Et c’est pourtant là que se trouve l’écho le plus merveilleux que j’aie jamais entendu. Pour peu que vous appeliez : « ho » les murs séculaires vous répondent dix fois ou peut-être davantage : « hoho ! hoho ! » N’est-ce pas prodigieux ? Hélène : Oui… Mais n’allons-nous pas rejoindre Monseigneur Lecourtois ? Coissy : J’aurais encore tant de choses à vous dire ! (Lucien entre, pensif.)  Scène 12  Les mêmes, Lucien, puis Mme Bloch et André. Hélène : Où est Monseigneur ? Lucien : Monseigneur ? Il est déjà parti. Coissy : Ah ! Lucien : Presque tout le monde est parti. Les salons se sont vidés en un clin d’œil. (Il s’assied à l’écart avec un soupir.) Hélène : Mais qu’as-tu Lucien ? Lucien : Rien. Je suis fatigué… Tout ce bruit…. Cette agitation. Coissy : Souffrez que je prenne congé de vous, il se fait tard. Hélène : Au revoir, ami. Coissy : Au revoir. (Madame Bloch et André entrent.) Mme Bloch, à Coissy : A bientôt j’espère… je vous remercie. André, à Coissy : Demain, au polo. Coissy : C’est entendu. (Il sort.)  Scène 13  Mme Bloch, Hélène, Lucien, André. Mme Bloch : Je suis éreintée…. A bout de force. Hélène : Je comprends. Mme Bloch : Si tu les avais vus ! Ils se sont rués tous à la fois sur Monseigneur, pour le saluer, lui serrer la main. André : J’ai eu quelque peine à dégager le vieillard… Hélène : Aussi, quels gens recevons-nous, oh ! Mon Dieu ! Mme Bloch : Ils n’ont aucun usage… André, interrompant : Et ils sont ennuyeux ! Hélène : Et envieux ! Mme Bloch : Et malveillants ! André : A l’heure qu’il est, ils se moquent de nous. Mme Bloch : Encore une soirée de manquée ! André : Tant que nous recevrons des israélites ! Mme Bloch : Allons-nous coucher. André : Ça vaudra mieux. Mme Bloch : Bonsoir Hélène. Hélène : Bonsoir. Bonne nuit. André : Bonsoir. (Hélène sort par la gauche tandis que madame Bloch sort avec André par la droite.) Tant que nous recevrons…  Scène 14  M. Bloch entre. Il éteint quelques lampes électriques et aperçoit Lucien qui est assis dans un coin. Bloch : Que fais-tu là ? Lucien : Rien. Bloch : Je croyais que tu étais couché. Lucien : Je n’ai pas sommeil. Bloch : Tu n’as pas pris congé de Monseigneur Lecourtois ? Lucien : Pourquoi faire ? Bloch : Tu t’es bien amusé ? Lucien : Oui. Bloch : Toi qui aimes la musique, tu as dû être heureux d’entendre madame Dujardin. Elle a divinement chanté. Lucien : Elle a chanté un peu faux. Bloch : Vois-tu, mon enfant, tu es trop difficile. Sais-tu bien qu’à ton âge je n’avais entendu que la musique militaire. Quand elle jouait dans le jardin du commandant de la place, je m’arrêtais devant la grille. Je tendais le cou à travers les barreaux. Je ne pensais pas que je serais abonné à l’Opéra de Paris. Ça ne te fait pas rire ? Lucien : Non, papa ! Bloch : Voyons ! Qu’as-tu, mon enfant ? Tu es tout triste. Lucien : Non ! Bloch : Si ! Si ! Lucien : Eh bien ? Bloch : Quoi ? Lucien : Tu ne te moqueras pas de moi ? Bloch : Mais non ! Dis toujours ? Lucien : Je ne suis pas heureux. Bloch : Mais que te manque-t-il ? Moi, à ton âge… Lucien : Tu étais plus heureux que moi, papa. Bloch : Tu crois ? Lucien : Oui, parce que tu étais chez toi. Bloch : Chez moi ? Lucien : Oui, chez toi, à Francfort. Bloch : Toi, tu n’es pas chez toi ? Lucien : Non. Bloch : Mais je me suis fait naturaliser ! Tu es né en France. Lucien : Dès que je suis entré au lycée, on ne m’a pas considéré comme un Français, mais comme un Juif. Bloch : Absurde taquinerie d’enfant ! Tu es français. Tu serviras la France comme plusieurs milliers d’israélites. Tu paieras les impôts, tu obéiras à la loi, tu défendras de ton sang le sol de ce pays qui est ton pays. Lucien : Cependant je ne suis pas semblable à mes compatriotes. Dans la rue on me reconnaît. Hier, un petit pâtissier a ricané en me voyant : « Tête de Juif, tête de Juif ! » Bloch : Alors ? Lucien : Père ! Père ! Pourquoi n’es-tu pas resté à Francfort ? J’y vivrais tranquille parmi les nôtres. Bloch : Tu crois ? Lucien : Ici, je me sens exposé aux insultes et à la haine du passant. Là-bas, je serais respecté, je serais chez moi, chez nous. Bloch : Crois-tu que si j’avais été chez moi à Francfort, je serais venu ici. Mais j’y serais demeuré, petit imbécile. Lucien : Tu n’étais pas chez toi, à Francfort ? Bloch : Mais non ! Naturellement ! Lucien : Alors où serons-nous chez nous ? Bloch : Je ne sais pas. Lucien : Ni ici, ni là-bas, ni ailleurs. Bloch : Tu m’en demandes trop ! Je n’ai pas posé à mon père de telles questions ! Et que répondras-tu à ton fils s’il t’interroge ainsi, quelque jo

Béréchit – La Création du Monde

Découvrez la paracha de la semaine à travers les couleurs ! Le coloriage, idéal pour stimuler la créativité des enfants, les aide aussi à se préparer à l’apprentissage de l’écriture tout en leur offrant un moment de détente. Pour la paracha Béréchit, nous avons illustré les six jours de la création du monde. Dieu commence par créer la lumière, séparant le jour de la nuit, puis façonne le ciel, la terre, la mer, les plantes, les étoiles, et la vie dans les eaux et les airs. Le cinquième jour, il crée les animaux marins et les oiseaux, leur ordonnant de se multiplier. Enfin, il crée l’homme et la femme à son image, leur confiant la domination sur la terre. Le septième jour, Dieu se repose.

Le Voyage de Betsalel

Le Voyage de Betsalel Le Voyage de Betsalel nous fait découvrir, par son site et ses ouvrages, la période qui s’inscrit de l’antiquité à nos jours dans différentes thématiques telles que les arts de l’espace, les arts du visuel, les arts du quotidien et les arts du spectacle. Partant du fait que la première œuvre d’art juif est le tabernacle du désert Le Voyage de Betsalel propose à la jeunesse diverses expressions artistiques. Pourquoi Betsalel ? En référence à celui qui a construit le tabernacle du désert et au sujet duquel il est dit dans le livre de l’Exode שמות ספר Parachat Vayakel 36 ; 31-35 L’Éternel a désigné nominativement Betsalel, fils d’Ouri, fils de Hour, de la tribu de Juda. Il l’a rempli d’un souffle divin ; d’habileté, de jugement, de science, d’aptitude pour tous les arts ; lui a appris à combiner des tissus ; à mettre en œuvre l’or, l’argent et le cuivre ; à tailler la pierre pour la sertir, à travailler le bois, à exécuter toute œuvre d’artiste. Il l’a aussi doué du don de l’enseignement, lui et Oholiab, fils d’Ahisamak, de la tribu de Dan. Pourquoi un voyage pour Betsalel ? Car depuis la destruction du 2e Temple (70), la communauté d’Israël s’est scindée en une multitude de communautés éparpillées à travers le monde. Là elles ont pris racines et se sont développées à partir de ce que leur proposait leur terre d’accueil. Betsalel dans sa barque voyage de pays en pays, de communauté en communauté pénétrant ainsi l’art de chacune d’elle. Le Voyage de Betsalel 5 L’art a, de tout temps, été présent dans le judaïsme. Au cours de l’histoire, architectes, orfèvres, bijoutiers, enlumineurs, scribes, brodeurs, tisserands, menuisiers n’ont cessé d’embellir les lieux et les objets destinés au culte. Connu et recherché parmi les Juifs, cet art a été méconnu en dehors de la communauté juive restant la production d’une minorité. Cela n’empêche pas certains artisans, (orfèvres, enlumineurs, bijoutiers) d’honorer des commandes extérieures sans lien avec la communauté et d’être reconnu en dehors des murs du ghetto pour leur dextérité. L’art juif à l’origine répond à l’injonction du Hidour Mitsva une ordonnance qui incite l’embellissement de l’accomplissement d’un commandement et par extension à l’embellissement de l’objet voué à ce commandement ou plus exactement à l’exercice du culte. En Diaspora, dans chaque pays où des communautés juives ont vécu, les artistes se sont inspirés des traditions artistiques de la terre d’accueil. Il en est ainsi en art du visuel dans l’antiquité pour les fresques de la synagogue de Doura Europos, inspirés de l’art byzantin : Synagogue, Doura Europos, Syrie, 245 6 Puis au moyen âge tardif pour les Haggadot de Pessa’h enluminées dont le travail se rapproche de celui des scribes locaux en Espagne : Haggadah de Rylands, Espagne, 1330 Le Voyage de Betsalel 7 Haggadah Dorée, Espagne, 14e siècle Le Voyage de Betsalel 8 De même en art de l’espace pendant le haut moyen âge avec les premières synagogues de plan basilical en terre d’Israël : Synagogue, Doura Europos, Syrie, 245 Le Voyage de Betsalel 9 L’art du quotidien : comprend l’ensemble des objets rituels utilisés dans le cadre des pratiques religieuses. Ces objets sont souvent décorés de motifs symboliques tels que des étoiles de David, des lions, des cerfs et des épis de blé. Différentes techniques sont abordées. En orfèvrerie on trouve : plats de seder, verres de Kidouch, ‘Hanoukkiot, boîtes à cédrat, boîtes à offrande, bijoux ; dans le textile : des robes de mariée, des nappes brodées à l’aiguille ou décorées au tampon ; l’utilisation du bois est également fréquente dans la fabrication d’objets cultuels tels que le mobilier de synagogue, les ‘Hanoukkiot, les toupies de ‘Hanoukka, ou les crécelles de Pourim. ‘Hanoukkia, Irak, 1900 Le Voyage de Betsalel 10 Verre de Kidouch, Erets Israël, 1910 Le Voyage de Betsalel 11 Boite à Bessamim, Allemagne, 1740 Le Voyage de Betsalel 12 Du moyen âge au 17e siècle, en Europe, le commanditaire le plus important d’œuvres d’art est l’Eglise. Les communautés juives et chrétiennes vivent selon un certain consensus et ne se mélangent pas. Si un membre de la communauté juive désire s’initier aux arts de la terre d’accueil, il doit sortir de sa communauté. C’est avec le processus d’émancipation qui a eu lieu au 18e siècle que les juifs ont enfin eu accès aux académies d’art, leur permettant ainsi de fréquenter des écoles d’art sans avoir à renoncer à leur religion ou se convertir au christianisme. Cette ouverture a donné lieu à une coexistence entre l’art cultuel, lié à la pratique religieuse, et l’art produit par des artistes juifs qui s’inscrivent dans différents courants artistiques tout en gardant leur judéité confidentielle. Quant au 19e siècle, on a voulu aborder l’histoire de l’art et en faire une nouvelle discipline, la plupart des historiens étaient néophytes en matière d’art juif. Car pour avoir une idée de l’expression artistique des communautés juives dans les pays d’accueil il aurait fallu des échanges culturels. Ces échanges ne devinrent possibles en Europe qu’au 18e siècle, avec l’avènement des Lumières. Ainsi, selon certains historiens du 19e siècle, les juifs étaient considérés comme n’ayant pas de penchant artistique, car ils respectaient le verset : Tu ne te feras point d’idole, ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Exode 20 ; 3 Ces historiens se limitaient au verset, sans prendre connaissance des commentaires établis depuis des siècles concernant les lois relatives à la représentation. Or, ces commentaires offrent des explications approfondies sur de nombreux aspects de la vie juive, permettant de mieux comprendre les diverses perspectives au sein de la tradition juive, ainsi que les raisons sous-jacentes aux choix artistiques et aux restrictions qui ont émergé au fil du temps. Le Voyage de Betsalel 13 H i s t o i r e d e l ’ a r t e t histoire des arts L’histoire de l’art apparaît en France avec la création des musées instaurés après la Révolution, dans le but de rendre accessible au grand public les œuvres des collections royales et de la noblesse. Les assemblées révolutionnaires mettent en place des musées. L’ouverture du Muséum central des arts de la République est célébrée le 10 août 1793 pour commémorer le premier anniversaire de la chute de la monarchie. Il deviendra le Musée du Louvre. On demande alors aux spécialistes de classer, mesurer, archiver et préparer des catalogues. Les objets sont répertoriés en fonction de leur lieu d’origine, par continent, par pays, et les historiens s’accordent sur l’existence d’un art africain, chinois, anglais, allemand, italien, français, etc. Nous sommes à la fin du 18e siècle. À cette époque, les communautés juives à travers le monde sont des minorités méconnues pour leur terre d’accueil. L’histoire de l’art est introduite en France dans le système universitaire au 19e siècle, et elle devient à partir de 1893 une matière à part entière et non plus un satellite de l’archéologie. Au 19e siècle, l’histoire de l’art entre à l’université. Au 21e siècle, elle est intégrée dans le programme de l’Education nationale, contrairement aux arts plastiques déjà en place au sein de l’Education nationale depuis 1968. L’histoire de l’art se concentre sur les arts majeurs, notamment les beaux-arts et l’architecture. L’histoire de l’art aborde les styles, les écoles, et les mouvements artistiques, en analysant comment ces œuvres ont été produites et ce qui les relient entre elles. Histoire de l’art et histoire des arts 14 Cet enseignement jusqu’au 20e siècle, ne touche que l’université ou les écoles supérieures spécialisées dans les domaines des arts et de la culture. A la fin du 20e siècle, en 1989, un évènement va changer la donne. Il est proposé de nommer ce nouvel enseignement Histoire des Arts, afin d’étendre l’intérêt aux arts de l’espace, du visuel, du quotidien, du spectacle vivant, des techniques, de la littérature, de la musique. Dès 1993, l’histoire des arts réunit un ensemble de matières et commence son parcours. Elle est enseignée initialement par des enseignants volontaires. Au 21e siècle, en France, après l’Allemagne et l’Italie, l’histoire de l’art devient officiellement, pour le ministère de l’Education nationale, L’histoire des arts. Cette matière devient obligatoire à l’école primaire dès la rentrée 2008 et au collège en septembre 2009. Le Bulletin officiel de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de l’Education nationale précise : L’enseignement de l’histoire des arts est un enseignement de culture artistique partagée. Il concerne tous les élèves. Il est porté par tous les enseignants. Il convoque tous les arts. Son objectif est de donner à chacun une conscience commune : celle d’appartenir à l’histoire des cultures et des civilisations, à l’histoire du monde. Bulletin Officiel n° 32 du 28 août 2008 A la lecture des textes officiels, l’histoire des arts s’intéresse à tous les domaines artistiques à travers le monde. A la fin de la scolarité, les élèves devraient être en mesure de situer une œuvre dans son contexte historique, politique et religieux, ainsi que d’acquérir des connaissances générales, une réflexion esthétique et un lien personnel avec une œuvre. A l’ère du numérique et au moment où l’histoire des arts est intégrée aux programmes scolaires de trois pays en Europe Le voyage de Betsalel prend l’initiative de mettre à disposition un site pédagogique et ludique dédié à l’histoire des arts juifs, accessible à tous. Histoire de l’art et histoire des arts Histoire de l’art et histoire des arts 15 Face à la multitude d’images, il est important de fournir des clés de lecture permettant aux enfants d’identifier et de référencer leurs connaissances. L’histoire des arts permet de comprendre le monde contemporain et établit des liens interdisciplinaires favorisant une culture réflexive. L’art juif témoigne de la créativité des artistes ayant vécu au sein de communautés dispersées à travers le monde après avoir été dépossédés de leur terre en l’an 70. Ces artistes se sont nourris des matériaux, des formes et des couleurs de leur nouvelle terre d’accueil, sans jamais renier leur identité. Le voyage de Betsalel offre une présentation des diverses expressions artistiques des Juifs dispersés aux quatre coins du monde. Au début du 20e siècle, les premiers historiens juifs à publier des ouvrages sur les arts juifs ont eux-mêmes amalgamé les styles des pays et des communautés, ne sachant pas à qui attribuer telle représentation ou tel motif. Il a fallu du temps pour réunir, classer et comparer ces éléments, comme l’avaient fait les premiers historiens avant l’ouverture du futur Musée du Louvre en 1793, afin de compiler un matériel sur lequel les étudiants, les néophytes et les érudits ont pu élaborer leurs recherches. 16 U n e o u v e r t u r e s u r différentes communautés L’œuvre d’art se prête à plusieurs interprétations. Au-delà des couleurs, des matériaux, des formes et des lignes, elle s’inscrit dans un contexte, révèle les intentions de l’artiste et fait appel à l’observation ou à l’intuition du spectateur. Face à cette diversité, la nécessité d’un outil pour explorer la création artistique des multiples communautés juives dans le monde s’est imposée à nous, car cela permet d’obtenir une vision d’ensemble de la vie de ces communautés dans leurs terres d’accueil et de comprendre leur manière d’interpréter la loi. Les us et coutumes varient d’un pays à l’autre, d’une ville à l’autre et même d’une communauté à l’autre. Les fêtes du calendrier et les événements marquants de la vie sont célébrés de manière unique dans chaque communauté. La variété des motifs décoratifs que nous retrouvons dans l’ornementation des objets et des parchemins utilisés lors des rituels religieux nous permet de mieux appréhender les particularités de chaque communauté. La familiarisation dès le plus jeune âge avec ces us et coutumes, ainsi qu’avec les différents styles et influences artistiques, favorise l’échange, le dialogue entre les communautés, encourage l’ouverture à autrui et contribue au développement d’un esprit critique et autonome. Afin d’aider les élèves à s’approprier leur Histoire, il est nécessaire d’adopter une approche pluridisciplinaire alliant l’Art, l’Histoire et le Kodech. En explorant les oeuvres et en découvrant le patrimoine dès leur plus jeune âge, les élèves peuvent concilier le savoir textuel avec les images qui s’y rapportent, évitant ainsi la confusion entre style, matière, pays, communauté et coutumes. Comme la Ketouba – le contrat de mariage-, est l’un des documents les plus richement décorés au sein des communautés juives, nous avons choisi de commencer par ce document pour illustrer la multiplicité des décors. Une ouverture sur différentes communautés 17 Ketouba, France, 1748 En France les contrats de mariage décorés remontent au 18e siècle et proviennent du comtat Venaissin. Ces Ketoubot, de dimensions réduites, sont rédigées sur des parchemins au texte entouré d’une bordure florale simple. Une ouverture sur différentes communautés 18 Ketouba, Italie, 1828 Une ouverture sur différentes communautés En Italie chaque communauté va avoir un modèle de Ketouba. Dans le Vénéto, à Venise et Padoue le parchemin est arrondi dans sa partie supérieure et les décors sont symboliques, bibliques, géométriques et floraux. 19 Ketouba, Italie, 1722 Une ouverture sur différentes communautés 20 Une ouverture sur différentes communautés Dans le Latium, à Rome le bas de la Ketouba va être découpée en pointe et les décors seront bibliques ou allégoriques. Ketouba, Italie, 1771 21 Au Maroc, on observe la présence de quatre types de motifs décoratifs dominants, qui sont issus de différentes régions. Le premier motif est caractérisé par un arc en forme de fer à cheval, d’influence espagnole, que l’on retrouve notamment à Meknès. Le deuxième motif se compose d’une bande d’écriture florale qui surplombe le texte, et il est spécifique à la ville de Sefrou. Le troisième motif est représenté par une couronne, importée d’Europe, qui est présente sur les contrats de mariage de Mogador. Enfin, le dernier motif se caractérise par une composition entièrement géométrique, rappelant les tatouages traditionnels des femmes du sud marocain. Une ouverture sur différentes communautés 22 Ketouba, Maroc, 1855 Une ouverture sur différentes communautés 23 Ketouba, Maroc, 1945 Une ouverture sur différentes communautés 24 Ketouba, Maroc, 1905 Une ouverture sur différentes communautés 25 Ketouba, Maroc, 1886 Une ouverture sur différentes communautés 26 En Erets Israël, les Ketoubot de Jérusalem se distinguent par la présence du dôme du Rocher et de la mosquée Al-Aqsa. Ces représentations symbolisent l’emplacement du Temple et rappellent le souvenir de sa destruction. De plus, on trouve fréquemment ces motifs accompagnés d’images d’autres lieux saints tels que le tombeau des rois, la tombe de Rachel ou encore le tombeau des patriarches. Ces éléments sont souvent présents sur les contrats imprimés au début du 20e siècle. Ketouba, Erets Israël, 1896 Une ouverture sur différentes communautés 27 Un motif emblématique de la communauté de Damas en Syrie se distingue par la représentation d’un vase orné d’un bouquet de fleurs, positionné au-dessus du texte de la Ketouba. Ketouba, Syrie, 1883 Une ouverture sur différentes communautés 28 Ketouba, Iran, Ispahan, 1859 Ketouba, Iran, 1859 La communauté d’Ispahan en Iran revendique fièrement le titre de la plus ancienne communauté juive du pays. Sur leurs contrats de mariage, ils utilisent le symbole du lion au soleil rayonnant, qui est un symbole emblématique de l’Iran. Une ouverture sur différentes communautés 29 P r o p o s i t i o n d ’ u n e démarche d’interprétation Le Voyage de Betsalel, suit une thématique qui s’élabore chronologiquement à partir de l’art du visuel, de l’art de l’espace, de l’art du quotidien et de l’art du spectacle. Par diverses rubriques, le Voyage de Betsalel rassemble, compare, nomme, analyse, partage et déconstruit les idées reçues sur l’art juif. L’art du visuel englobe une variété de techniques artistiques telles que l’enluminure, les fresques, la gravure, la peinture, la photographie, la mosaïque, la sculpture. Chacune de ces techniques permet aux artistes de témoigner à leur manière du ressenti de l’époque qu’ils traversent. L’observation, la comparaison, l’analyse aident à ancrer l’œuvre dans un contexte historique et à parvenir à un regard critique et innovant. Mosaïque, Erets Israël, Beit Alpha, 517 Proposition d’une démarche d’interprétation 30 Haggadah, Allemagne, 15e siècle Proposition d’une démarche d’interprétation 31 Mizra’h, Lituanie, 1877 Proposition d’une démarche d’interprétation 32 Arthur Szyck, Etats-Unis, 1948 Proposition d’une démarche d’interprétation 33 L’art de l’espace regroupe l’architecture et l’urbanisme. Tout au long de l’histoire, les hommes ont construit des structures architecturales pour s’abriter, prier, vivre ensemble. Ces constructions, dont les matériaux et les caractères esthétiques ont évolué de l’antiquité à nos jours, sont le témoignage de leurs modes de vie et de leur relation à l’espace. Synagogue, Chine, 12e siècle Proposition d’une démarche d’interprétation 34 Synagogue, Tunisie, 19e siècle Proposition d’une démarche d’interprétation 35 Synagogue, Italie, 1595 Proposition d’une démarche d’interprétation 36 Synagogue, France, 1882 Proposition d’une démarche d’interprétation 37 L’art du quotidien comprend l’ensemble des objets rituels utilisés dans le cadre des pratiques religieuses. Ces objets sont souvent décorés de motifs symboliques tels que des étoiles de David, des lions, des cerfs et des épis de blé. Différentes techniques sont abordées. En orfèvrerie on trouve : plats de seder, verres de Kidouch, ‘Hanoukkiot, boîtes à cédrat, boîtes à offrande, bijoux ; dans le textile : des robes de mariée, des nappes brodées à l’aiguille ou décorées au tampon ; l’utilisation du bois est également fréquente dans la fabrication d’objets cultuels tels que le mobilier de synagogue, les ‘Hanoukkiot, les toupies de ‘Hanoukka, ou les crécelles de Pourim. Boite à Etrog, Allemagne, 1900 Proposition d’une démarche d’interprétation 38 Robe de mariée, Maroc, 20e siècle Proposition d’une démarche d’interprétation 39 Toupie, Israël, 2004 Proposition d’une démarche d’interprétation 40 Amulette, Afghanistan,1920 Proposition d’une démarche d’interprétation 41 L’art du spectacle rassemble le théâtre et le cinéma réalisés par des dramaturges et réalisateurs d’origine juive. A travers l’analyse des pièces et des films, c’est un voyage dans l’histoire du peuple juif que l’on effectue. En classe, le théâtre permet de développer la communication, la réflexion. Monter ensemble une pièce donne une excellente idée de ce qu’est l’outil théâtral : la possibilité d’approfondir un sujet en s’amusant. Proposition d’une démarche d’interprétation Un violon sur le toit, Norman Jewison 42 Nos publications Portail enseignant Nos publications invitent les jeunes lecteurs à se construire une culture personnelle et à découvrir la diversité du patrimoine artistique dans les multiples terres d’accueil des communautés juives. Elles comprennent un portail dédié aux enseignant, un portail destiné aux jeunes lecteurs et une variété de publications. Pistes pédagogiques – des pistes pédagogiques pour travailler en classe sur une œuvre d’art et en comprendre la composition, l’interprétation, les sources et la technique. Ces pistes aideront les élèves à mieux comprendre les différents aspects de l’œuvre. Nos publications (site) 43 Attention au détail – outil indispensable pour découvrir une œuvre et pour en explorer les moindres détails, tant psychologiques qu’environnementaux. Attention au détail nous permet d’entrer dans l’intimité de l’œuvre et de la découvrir dans toute sa complexité. Arrêt sur images – faire un “arrêt sur images” permet une approche nuancée pour étudier les détails d’une œuvre d’art en les isolant de leur contexte global. .C’est plonger dans la créativité et l’imaginaire de l’artiste Portail enseignant 44 Portail jeunesse Jeux : -des quiz – pour mesurer les connaissances ; -des puzzle – pour mémoriser et reconstituer une œuvre ; -des BD – pour découvrir l’histoire des fouilles archéologiques. Fiche des enseignants – des outils pédagogiques conçus et réalisés par des enseignants pour soutenir l’apprentissage des élèves. Elles sont adaptées aux .différents cycles d’enseignement de l’Education nationale 45 Berechit : une exposition sur le premier livre de la Bible illustré par Eliahou Sidi. 140 planches pour examiner l’œuvre instinctivement, s’en imprégner, la faire parler. Portail jeunesse Voyage avec Betsalel – des cartes géographiques des terres d’accueil, étayées d’un historique du lieu et de ses caractéristiques, pour connaitre l’ampleur de la dispersion. Raconte-moi ton histoire – pour découvrir le point de vue de l’artiste, ce qui le meut et ce qu’il choisit de nous faire ressentir par son travail. 46 Déjà paru Facettes d’art juif – Pour les enseignants et les équipes éducatives une nouvelle collection de livres comprenant douze fiches descriptives organisées selon les arts du visuel, de l’espace, du quotidien et du spectacle. Ces fiches proposent une approche structurelle de l’œuvre. Elles permettent d’identifier ce que l’on sait de l’œuvre (description, contexte, art, histoire, kodech, technique…) et offre au lecteur et à celui qui la regarde un moyen d’établir un lien avec celle-ci. Facettes d’art juif visuel ISBN 978-965-91970-9-5 / 79 pages / Tout public Portail jeunesse 47 A la redécouverte du théâtre juif – propose un ensemble de pièces de théâtre, principalement méconnues ou totalement inconnues du grand public. Ces pièces offrent un excellent support pour comprendre le mode de vie et les aspirations des Juifs à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, notamment dans les Schtetls, en Autriche et en France. Le Nouveau Ghetto ISBN 978-965-91970-5-7 / 127 pages / Enseignant, Cycle 3, Tout public Le Baptême ISBN 978-965-91970-6-4 / 146 pages / Enseignant, Cycle 3, Tout public Dossiers thématiques – Destinés aux enseignants et aux équipes éducatives des dossiers thématiques, de 20 à 40 pages, pour en savoir plus et approfondir les fiches descriptives présentées dans la collection Facettes d’art Juif. Sur le site cette rubrique propose des dossiers sur des thèmes liés aux domaines des arts du Visuel, de l’Espace, du Quotidien, du Théâtre, des Fêtes, du Cycle de la vie, de l’Archéologie et des Techniques d’art. Enseignant / Tout public 48 Betsalel au théâtre – regroupe deux ouvrages consacrés à des moments de vie de personnages sionistes et de personnages bibliques sous forme de pièces à monter en classe. Les pièces mettent en lumière des moments marquants de la vie de ces personnages, mettant en valeur leurs expériences, leurs émotions et leurs défis. Cela permet aux élèves de mieux comprendre les motivations, les aspirations et les valeurs de ces personnages, tout en établissant des liens avec leur propre vie et leur propre contexte. Les Sionistes au théâtre ISBN 978-965-91970-7-1 / 104 pages / Enseignant, Cycle 4, Tout public L’Art en fête – est une collection, de quatre tomes, conçue spécialement pour les enfants de 10 à 13 ans. Cette collection explore l’histoire des œuvres d’art qui embellissent les fêtes du calendrier juif. Chaque tome est consacré à une fête spécifique et met en lumière les créations artistiques associées à cette célébration. Art en Fête Tome 1 ISBN 978-965-91970-0-2 / 82 pages / Tout public Art en Fête Tome 2 ISBN 978-965-91970-2-6 / 82 pages / Tout public Art en Fête Tome 3 ISBN 978-965-91970-3-3 / 82 pages / Tout public Art en Fête Tome 4 ISBN 978-965-91970-4-0 / 82 pages / Tout public Portail jeunesse Portail jeunesse 49 Mais où est passée la Ménorah ? – est un livre-jeu dans lequel trois personnages se lancent sur les traces de la Ménorah à travers l’histoire, de l’Antiquité à nos jours. Ce livre combine une intrigue avec des éléments éducatifs sur l’histoire de la Ménorah et son importance dans la culture juive. Mais où est passée la Ménorah ? ISBN 978-965-91970-8-8 / 52 pages / Tout public Lire et rêver – des nouvelles de personnages qui ont traversé le temps et l’espace.Le Collectionneur est un personnage qui possède la capacité de voyager à travers le temps et l’espace. Il explore différentes époques et lieux, à la recherche d’objets rares et précieux à ajouter à sa collection. Le Collectionneur ISBN 978-965-93032-0-5 / 54 pages / Tout public Portail jeunesse 50 T r a n s m i s s i o n d ’ u n patrimoine : un devoir de mémoire La reconnaissance de l’art juif en tant qu’entité spécifique du monde de l’art est relativement récente. Les historiens commencent à l’évoquer au début du 20e siècle et à le diffuser aux États-Unis vers les années 50. En France on s’y intéresse à partir des années 70. Il est grand temps au 21e siècle de proposer à la jeunesse l’histoire de notre patrimoine artistique. Car comment expliquer, sinon par manque de moyens ou peut-être de motivations, qu’un enfant connaisse les fouilles de Pompéi alors qu’il n’a jamais entendu parler de celles de la synagogue de Doura-Europos qui montre l’existence d’un programme iconographique juif au troisième siècle alors que l’art chrétien n’en possédait pas encore ? Aussi, comment faire l’impasse sur les mosaïques de la synagogue de Beth Alpha qui témoignent de la vie des Juifs pendant les siècles qui suivirent la destruction du Second Temple en Erets-Israël ? Comment présenter l’Église Santa Maria la Blanca sans savoir qu’elle était à l’origine la Grande Synagogue de Tolède construite en 1180 et transformée en 1405 en église ? Egalement, comment ignorer la Bible de Kennicott enluminée en Espagne en 1476, seize ans avant l’expulsion de la communauté ? Comment étudier les croisades sans rien connaître de la synagogue romane de Worms, où Rachi a étudié ? Et que dire des Bibles, Ma’hzorim, Sidourim, Haggadot, Méguilot et autres manuscrits enluminés qui jalonnent l’histoire juive ? En faisant partager ce savoir avec les jeunes générations, nous cultivons leur appréciation de l’histoire et renforcons leur lien avec leur propre culture et celle des autres. Transmission d’un patrimoine : un devoir de mémoire 51 L’historien René Huyghe dans son introduction Sens et destin de l’art écrit : … L’art est une sorte de respiration de l’âme, assez analogue à celle physique, dont ne peut se passer notre corps… Ainsi, il considère l’art comme une nécessité vitale qui nourrit notre être intérieur, stimule notre imagination et facilite une communication profonde entre les individus. Sa transmission nous permet de nous épanouir, de réfléchir et d’établir une connexion avec le monde qui nous entoure, faisant ainsi émerger nos émotions et nos reflexions les plus profondes.

Le théâtre juif

Le théâtre juif
Dossiers Thématiques
Divers
2 Sommaire
Sommaire
Le théâtre juif
Chronologie sommaire du théâtre juif
L’Exagogè d’Ezéchiel
Le Pourimspiel
De la Haskala au théâtre yiddish
Le théâtre et l’holocauste
Le théâtre moderne
Conclusion
Le théâtre juif 3
Zero Mostel incarnant Tevye dans la pièce de théâtre « Un violon sur le toit ».
4 Le théâtre juif
L e t he ât r e j u i f
Qu’est-ce que le théâtre juif ? Question difficile !
On peut le définir de différentes manières. Une chose est certaine : l’auteur doit
être juif. Quant au sujet, il peut porter sur :
– des épisodes de la Bible,
– la tradition juive,
– la vie communautaire des Juifs,
– la confrontation entre Juifs et non-Juifs.
Mais comment peut-on différencier le théâtre juif du théâtre breton ou marseillais
par exemple ? Tous font référence à un milieu, une certaine façon de vivre, une
communauté.
En fait, il faut savoir qu’outre leurs coutumes – leurs « traditions » comme dit Tevye
le laitier dans la comédie musicale Le Violon sur le toit – les Juifs possèdent une
certaine façon de se voir et de voir leur prochain. On peut parler d’autodérision ou
bien au contraire d’appartenance à un peuple « autre ».
Quels que soient la définition adoptée ou le message sous-tendant l’intrigue, le
théâtre juif a derrière lui une longue histoire remontant bien avant notre ère et qui,
par conséquent, précède largement la condamnation énoncée dans le Talmud de
Jérusalem qui assimile l’art théâtral à l’idolâtrie et aux jeux de cirque de l’époque
romaine.
Chronologie sommaire du théâtre juif 5
C h r o n o l o g i e s o m m a i r e d u
t hé ât r e j u i f
199 -100 avant notre ère : à Alexandrie, Ezechiel écrit en grec Exagogè, première
pièce connue écrite par un Juif sur un sujet juif.
15e siècle : premières traces des Pourimspiel, à savoir des représentations données
jusqu’à nos jours à l’occasion de la fête de Pourim.
18e siècle : en Italie et en Allemagne, plus de deux cents pièces en hébreu et en
yiddish sont composées à l’époque de la Haskala. Parmi elles :
Le règne de Saül deYossef Efrati en 1794
Légèreté et hypocrisie – transposition de Tartuffe à l’univers juif – de Aaron Wolfson en
1794
Amel et Tirsa de Shalom Hacohen en 1812
Serkele de Shlomo Ettinger en 1825
Vérité et croyance de Adam Hacohen en 1842
Ces pièces étaient lues à plusieurs voix dans des salons. Les débuts du théâtre juif
professionnel datent de la fin du 19e siècle avec Goldfaden.
Dans la première moitié du 20e siècle, le théâtre yiddish se développe en Russie, en
Pologne, en Angleterre et surtout aux États-Unis. On comptait à l’époque à New
York 17 théâtres yiddish qui jouaient simultanément. Parmi des milliers de pièces, on
peut citer :
Shulamit d’Abraham Goldfaden en 1884
Mirele Efrat de Jacob Gordin en 1893
La Chaîne d’or de I.L. Peretz en 1906
6
Tevye le laitier de Shalom Aleichem en 1915
Le Dybbouk de Shalom An-ski en 1920
Les pays de culture séfarade ne sont pas en reste. Des pièces à sujet juif sont jouées
en ladino à Constantinople, Smyrne, Salonique et dans les Balkans. Les trois tomes
du livre d’Elena, El teatro de la sefardiés orientales, en répertorient 684, dont les plus
connues sont :
Aman et Mordechai de Barukh Nitrani en 1859.
Dreyfus de Jacques Loria en 1903
Don Isaac Abravanel de Simo Santo en 1910
Joseph vendu à ses frères d’Isaac Barsilai en 1911
Les chants d’Esther de Salomon Reuven en 1932
La vocation du Théâtre Habima créé en URSS en 1917 est de jouer en hébreu des
pièces à thèmes juifs. Le Dybbouk (Moscou, 1922) est l’œuvre la plus célèbre.
La Shoah porte un coup fatal au théâtre et au cinéma yiddish. Cependant, même
dans certains camps et ghettos, on continue à jouer ou à écrire des pièces de
théâtre.
En Israël, on assiste à un renouveau du théâtre juif, de jeunes dramaturges laïques
n’hésitant pas à renouveler ce genre jusque-là cantonné à des sujets religieux :
Il était une fois un hassid dans une mise en scène de Yossi Izraéli en 1968
Le Roi marocain de Gaby Ben Simhon en 1980
Et il dit et il alla de Rina Yerushalmi en 1996
Le fils du roi et le fils de la servante (d’après R. Nahman de Breslev) de Shuli Rand en
2000
Chronologie sommaire du théâtre juif
Voir dans Perspectives, revue de l’Université Hébraïque de Jérusalem – Le Théâtre juif, Éditions Magnès,
2003, l’article de Sarah et Yehuda Moraly «Repères chronologiques », p. 9-13.
L’Exagogè d’Ezéchiel 7
L’Exagogè d’Ezéchiel
C’est un juif nommé Ezechiel qui écrit Exagogè (« exode » en grec) aux alentours du
IIe siècle avant notre ère.
Le texte ne nous est pas parvenu dans sa totalité. Malgré tout, un certain nombre
de vers cités dans un autre ouvrage nous permet de reconstituer la trame de la
tragédie. L’intrigue est tirée des quinze premiers chapitres de l’Exode, le deuxième
livre du Pentateuque.
Avec Exagoge, Ezéchiel théâtralise le texte biblique qui relate la sortie d’Égypte.
Puisqu’il est impossible de montrer la traversée de la mer Rouge sur scène, il choisit
de faire raconter la débâcle de l’armée du Pharaon par un soldat égyptien.
Conformément aux conventions du théâtre grec, il s’interdit tout changement de
lieu, compresse le temps de l’action, omet ou ajoute des scènes.
Masque de tragédie grecque, 4e siècle av. notre ère
8 Le Pourimspiel
Le Pourimspiel
Le Pourimspiel est souvent une pièce de théâtre comique centrée sur le Livre
d’Esther.
Le Pourimspiel est à l’origine du théâtre yiddish. Il se répand chez les Juifs
ashkénazes à partir des années 1500.
Au 18e siècle, dans certaines régions de l’Europe de l’Est, les Pourimspiel se
transforment en œuvres plus ambitieuses comportant de la musique et de la danse.
L’histoire d’Esther n’y est plus qu’un prétexte.
Pourim : Fêtards en costume, d’après une estampe figurant à l’origine dans l’ouvrage de Johann
Leusden intitulé Philologus Hebræo-Mixtus et paru en 1657.
Le Pourimspiel 9
Abraham Goldfaden, appelé le « père du théâtre yiddish», est né en Russie. Il
s’installe à New York où il fait jouer en yiddish ses nombreuses pièces décrivant le
mode de vie de ses contemporains d’Europe de l’Est et de Russie.
Abraham Goldfaden
10
D e l a H a s k a l a a u t h é â t r e
yiddish
À la fin du 18e siècle, le mouvement des Lumières vise à promouvoir le rationalisme,
l’individualisme et la liberté et, ce faisant, affaiblit l’autorité religieuse. Il contribue à
la formation de la Haskala.
Les Juifs sortent de leur ghetto et s’intègrent progressivement à la société non juive.
Des auteurs dépeignent la vie des Juifs en proie à une assimilation progressive. Parmi
eux, Shalom Aleichem se distingue par plusieurs nouvelles – dont Tevye le laitier – qui
donneront lieu à des adaptations théâtrales puis cinématographiques.
Portrait de Sholem Aleichem réalisé par Chaim Topol
De la Haskala au théâtre yiddish
11
En France, malgré l’affaire Dreyfus, des auteurs juifs n’hésitent pas à produire des
pièces sur l’identité juive. Il convient notamment de citer Alfred Savoir et Fernand
Nozière avec Le Baptême (1907) et Henry Bernstein avec Israël (1908).
Portrait de Henry Bernstein peint par Edouard Manet
De la Haskala au théâtre yiddish
12
Alfred Poznański (dit Alfred Savoir)
Dans la pièce Le Baptême, Alfred Savoir et Fernand Nozière se posent la question de
savoir pourquoi les Juifs cherchent à s’assimiler. Selon Bloch, le père du petit Lucien,
être juif est une malédiction :
Bloch : Hélas, de père en fils, éternellement, nous éprouvons le même
malaise. Être Juif, mon enfant, je vois maintenant ce que c’est.
Lucien : C’est une religion ?
Bloch : Non!
Lucien : C’est une race ?
Bloch : Non, mon petit Lucien, c’est un malheur, un grand malheur.
De la Haskala au théâtre yiddish
13
Toutefois, le petit Lucien renoue avec la tradition grâce à sa grand-mère qui lui fait
répéter le Shema Israël juste avant que le rideau tombe.
Cette prétendue laideur se retrouve dans Israël de Bernstein, où elle est associée
à la fierté d’appartenir à la race juive. Voici comment Gutlieb s’adresse à son
antisémite de fils qui ignore tout de son ascendance juive :
Gutlieb : J’affirme qu’un puissant instinct sémite a fait l’antisémite que
voilà ! J’affirme que vous vous êtes jeté dans l’antisémitisme non pas par
haine profonde du Juif, mais bien par une divination juive, une ambition juive.
À Vienne, en 1894, Théodore Herzl, auteur prolifique puisqu’il a écrit 17 pièces
travaille sur Le Nouveau Ghetto2
, sa seule œuvre théâtrale mettant en scène des
personnages juifs.
Sa rédaction lui fait soudain prendre conscience de l’impasse dans laquelle se
trouvent les Juifs de diaspora. Les Juifs n’ont rien à faire à Vienne ni ailleurs;
quoi qu’ils fassent, quels que soient leur statut social, leur moralité, leur désir de
s’intégrer, il subsistera toujours un mur entre eux et les non-Juifs.
1
Israël, Henry Bernstein, 1908, acte III,
scène 3, Éditions du Rocher, 1997.
2 Le Nouveau Ghetto, Théodore Herzl,
in «À la redécouverte du théâtre juif »,
Éditions ADCJ, 2018.
De la Haskala au théâtre yiddish
À l’acte II, quand Bloch annonce à Lucien que toute la famille se convertit, Lucien
proteste :
Lucien : Est-ce que (le baptême) me redressa le nez ? Et mes jambes qui
sont arquées… et mes oreilles (…) je suis laid… abominablement… si laid
que je voudrais me cacher, disparaître (…) la laideur des autres, c’est un
accident : les passants le déplorent; la laideur juive, c’est une malédiction,
on en rit. 1
14
Herzl par Ephraim Moses Lilien, Domaine public
De la Haskala au théâtre yiddish
15
Le thé âtre et l’holocauste
Parmi les pièces les plus connues montées pendant la Shoah, on compte Brundibár,
un opéra joué en 1942 dans le camp de concentration de Theresienstadt.
Brundibár est un opéra pour enfants écrit en 1938 par Adolf Hoffmeister sur une
musique de Hans Krasa. Il fut interprété pour la première fois à Prague, dans un
orphelinat juif en 1942, et connut un grand succès lors de ses représentations dans
le camp de Theresienstadt.
En tchèque, le mot Brundibár désigne un bourdon. Dans la pièce, il s’agit du nom
d’un joueur d’orgue de barbarie malfaisant inspiré d’Adolf Hitler.
Affiche pour une représentation de Brundibár donnée à Theresienstadt, aquarelle.
Une représentation de Brundibár est donnée dans le cadre d’une visite du camp par
la Croix-Rouge en 1944. Cette initiative relève d’un stratagème destiné à faire croire
à l’existence d’un ghetto « confortable ». À l’approche de la visite, les Allemands
transfèrent un grand nombre de résidents à Auschwitz pour donner une meilleure
image du camp, lequel est surpeuplé. Après la visite, ils n’hésiteront pas à envoyer la
plupart des participants au spectacle, dont bon nombre d’enfants, vers la chambre à
gaz.
Le théâtre et l’holocauste
16
Après-guerre, de nombreux auteurs font référence à la Shoah dans leur œuvre. On
pense à Jean-Claude Grumberg avec L’Atelier ou à Liliane Atlan avec Un Opéra pour
Terezin.
Jean-Claude Grumberg, photographie de Claude Truong-Ngoc
Le théâtre et l’holocauste
17
L e t hé â t r e m o d e r n e
Bon nombre de dramaturges ont vu leurs œuvres montées au théâtre ou au cinéma
au cours des 60. Aux États-Unis, Funny Girl donne lieu à un film interprété par
Barbara Streisand. Les Marx Brothers sont les héros de nombreux films. Quant au
très célèbre Charlie Chaplin, à la question de savoir s’il est juif, il aurait répondu qu’il
n’a pas cette chance. Cette boutade ne manquera pas d’alimenter les rumeurs selon
lesquelles Charlot serait un enfant d’Israël.
Barbara Streisand Marx Brothers Charlie Chaplin
Conclusion
Même si le théâtre juif, et en particulier la comédie, est extrêmement diversifié, une
chose est certaine : les auteurs ont souvent pour objectif de mettre en scène un ou
plusieurs héros confrontés à une société différente si ce n’est hostile.
Alors que dans la comédie traditionnelle, un coup de théâtre finit par rétablir un
semblant d’ordre, dans les comédies de Shalom Aleichem ou les films de Charlot, le
héros est pris dans un monde absurde où il doit se débattre.
Le théâtre moderne / Conclusion
18 Crédits Photographiques
Crédits
Photographiques
Couverture :
Charlie Chaplin Strauss-Peyton Studio, Public domain, via Wikimedia Commons
P. 3 Zero Mostel – Fiddler ; Graphic House, New York, Public domain, via Wikimedia Commons
P.7 Greek tragedy mask, 4th cent. B.C. (PAM 4640, 1-6-2020).jpg par George E. Koronaios
P.8 Purim Jewish Encyclopedia, Public domain, via Wikimedia Commons
P.9 unbekannt (Ausschnitt Abraham Goldfaden von birkho), Public domain, via Wikimedia
Commons
P.10 Portrait de Sholem Aleichem réalisé par Chaim Topol, Public domain, via Wikimedia
Commons
P.11 Henri Bernstein peint par Édouard Manet, Public domain, via Wikimedia Commons
P.12 Alfred Poznański Unknown photographer, Public domain, via Wikimedia Commons
P.14 Herzl par Ephraim Moses Lilien, Public domain, via Wikimedia Commons
P.15 Affiche Brundibar, Walter Heimann (1903–1945), Public domain, via Wikimedia Commons
P.16 Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons – cc-by-sa-3.0, CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons
P.17 Barbara Streisand [1], Public domain, via Wikimedia Commons
P.17 Marx Brothers Ralph F. Stitt, Public domain, via Wikimedia Commons
P.17 Charlie Chaplin Strauss-Peyton Studio, Public domain, via Wikimedia Commons
19
Auteur : Michèle Fingher
Graphisme : David Soulam
Janvier 2023
Publié par les Editions ADCJ
Association pour la Diffusion de la Culture
Juive
(Association loi 1901)
56 rue Hallé, Paris 75014, France
www.levoyagedebetsalel.org
Courriel : contact@adcj.org
20
Indépendamment de la définition
ou du message qui sous-tend une
pièce, le théâtre juif possède une
riche histoire qui remonte bien avant
notre ère.
Cette tradition antérieure dépasse
largement la critique faite dans le
Talmud de Jérusalem, qui compare
l’art théâtral à l’idolâtrie et aux jeux
de cirque romains.

Chabbat & Roch ‘Hodech

Nous remercions pour leur soutien à la publication de cet ouvrage : Ezra Venture La Fondation du Judaïsme Français La Fondation Sitcowsky – sous l’égide de la FJF L’Institut Alain de Rothschild La Fondation Ignace Picard La Fondation pour la Mémoire de la Shoah * Nous exprimons notre reconnaissance à la famille Gross, au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme et au Musée de Tel-Aviv, qui nous ont autorisés à utiliser les photographies de leurs fonds. * Nous remercions pour leur contribution, remarques et conseils, Shalom Tsabar, Yehouda Moraly, Elisheva Revel, Laurence Sigal, Déborah Elalouf, Gilles Elalouf, Laurent Edel, Nathalie Serfaty, Nelly Hansson, Isabelle Cohen, Jean-Jacques Wahl, Chantal Mettoudi, Richard Sitbon, Corinne Kalifa, Edith Sidi, Amandine Saffar, Joyce Krief. * © Editions ADCJ – Le Voyage de Betsalel, 2016 ISBN : 978-965-91970-4-0 Auteures : Michèle Fingher et Florence Soulam Illustration : Tamar Hochstadter Tous droits de traduction, reproduction ou représentation intégrale ou partielle sont réservés pour tous les pays. Editions ADCJ, rue Hallé 56, Paris 75014, France. contact@adcj.org www.levoyagedebetsalel.com Chabbat et Roch ‘Hodech Ecrit par Michèle Fingher et Florence Soulam Illustré par Tamar Hochstadter L’Art en fête 6 Chabbat et Roch ‘Hodech 7 Chabbat 10 Les lumières de Chabbat 12 La synagogue 14 Vendredi soir 18 En l’honneur de Chabbat 20 Bénir les enfants 22 Echet ‘Haïl 23 Le Violon sur le toit 24 La Liste de Schindler 26 Des verres de Kidouch 28 La nappe de Chabbat 30 Un plat pour les ‘Hallot 31 Chabbat Chalom ! 32 Un Sidour pour Chabbat 34 Un sac à Talith 35 L’Arche sainte 36 Le rideau de l’Arche sainte 38 Protéger les rouleaux de la Torah 40 Plaque de Torah 42 Couronne de Torah 43 Des pommes, des grenades ou un arbre de vie 44 Des mains de lecture 46 « Une bande » en trois langues ! 48 Chabbat après-midi 50 La fin de Chabbat 52 Boîtes à aromates 54 Roch ‘Hodech 58 A chaque mois son signe 60 Où est la lune ? 62 Prière pour le nouveau mois 64 Observons la lune 66 Quiz 68 Réponses 72 Dico 75 Crédits photographiques 83 L’Art en fête L’Art en fête comprend quatre livres. Le premier livre présente les cinq fêtes du mois de Tichri : Roch ha-Chana, le Nouvel An, Kippour, le jour du Grand Pardon, Souccot, la fête des Cabanes, Hochana Rabba, le 7e jour de Souccot, Sim’hat Torah, la fête de la Torah. Le second livre évoque deux victoires juives qui encadrent la fête de Tou bi-Chevat dans le calendrier juif : ‘Hanoukka, le 25 Kislev, fête la résistance spirituelle du judaïsme, Tou bi-Chevat, le 15 Chevat, est évoqué dans la Michna comme le nouvel an des arbres, Pourim, le 14 et 15 Adar, rappelle comment les Juifs du royaume d’Assuérus ont échappé à un massacre. Le troisième livre regroupe les six fêtes du printemps et de l’été : Pessa’h, la Pâque juive, tombe le 15 Nissan, Yom ha-Choah, Yom ha-Zikaron, les jours du souvenir et Yom ha-Atsmaout le jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël, Lag ba-Omer, le 33e jour de l’Omer, se rattache à Rabbi Akiva, Chavouot, la fête du don de la Torah sur le mont Sinaï, Ticha be-Av, le 9e jour du mois d’Av, pour se souvenir de la destruction du Temple, Tou be-Av, le 15e jour du mois d’Av où à l’époque du second Temple les jeunes gens choisissaient leur fiancées. Le quatrième livre aborde Chabbat et la Roch ‘Hodech. 6 Chabbat et Roch ‘Hodech Chabbat commence le vendredi soir à la tombée de la nuit. Il signifie littéralement « repos ». La création du monde se fit en six jours, le septième jour, le Créateur se reposa de son œuvre. Chabbat est le seul jour qui ait un nom. Les autres s’appellent « premier jour », « deuxième jour », jusqu’au sixième qui précède Chabbat. Il est écrit dans le livre de la Genèse : Ainsi furent terminés les cieux et la terre, avec tout ce qu’ils renferment. Dieu mit fin, le septième jour, à l’œuvre faite par lui ; et Il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu’Il avait faite. Dieu bénit le septième jour et le proclama saint, parce qu’en ce jour il se reposa de l’œuvre entière qu’il avait produite et organisée. (Genèse 2 ; 1-3) Roch ‘Hodech est le premier jour de chaque mois de l’année. Il commence avec la nouvelle lune. Ce jour-là, en Erets Israël, à l’époque du premier Temple, on apportait des offrandes au son des trompettes. Comme il est écrit dans le livre des Nombres : Et au jour de votre allégresse, dans vos solennités et vos néoménies, vous sonnerez des trompettes… . (Nombres 10 ; 10) Les habitants cessaient tout travail et organisaient de grands banquets. Au retour de l’exil de Babylonie, Roch ‘Hodech perd son caractère de fête. De nos jours on le célèbre à la synagogue par des prières. Certaines familles l’accueillent comme un jour de fête. ַư ָ»ת רֹא חi ֶד ֶא ֶר יִ ְ ָר ֵאל 7 Livre des coutumes, Hollande, 1707 L’homme travaille six jours et se repose le septième. Ce rythme hebdomadaire de six jours ouvrés et d’un jour de repos est le legs transmis par Israël à l’humanité. C’est le 4e commandement que l’Eternel dicte à Moïse. 10 Pense au jour du Chabbat pour le sanctifier. Durant six jours tu travailleras et t’occuperas de toutes tes affaires, mais le septième jour est la trêve de l’Eternel ton Dieu : tu n’y feras aucun travail, toi, ton fils, ta fille, ton esclave mâle ou femelle, ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes murs. Car en six jours l’Eternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment et il s’est reposé le septième jour ; c’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du Chabbat et l’a sanctifié. (Exode 20 ; 8-11) Us et coutumes La maîtresse de maison allume deux lumières avant l’entrée de Chabbat. La première lumière pour se rappeler, Zakhor, car il est écrit : Pense au jour du Chabbat pour le sanctifier…, (Exode 20 ; 8). La deuxième pour observer, Chamor, selon le verset : Observe le jour du Chabbat pour le sanctifier… (Deutéronome 5 ; 12). ָזכiר ָ מiר La synagogue Le vendredi soir, juste après la prière de Min’ha, les fidèles récitent la Kabbalat ַ ָ»ת ַק ָ» ָלת ִמ ְנ ָחה, Chabbat, la prière d’Arvit, la Amida et d’autres bénédictions relatives au Chabbat. L’office du samedi matin débute par la prière de Cha’hrit. Elle est suivie de bénédictions, du Chema, de la Amida, de la lecture de la Torah et de la Haftara. La prière du Moussaf clôt les prières du samedi matin à la synagogue. La maison On accueille Chabbat comme on accueille une nouvelle mariée. La maison est nettoyée, la table dressée avec une nappe blanche. Les plats ont été préparés auparavant et placés sur une plaque chauffante qui permet de garder les aliments au chaud. Les repas sont précédés d’un Kidouch. Puis, avant la bénédiction sur le pain, ha-Motsi, on se rince les mains et on récite Nétilat Yadaïm. Le samedi soir, lorsque la nuit est tombée, le maître de maison consacre la séparation entre Chabbat et les autres jours de la semaine en récitant la Havdala. ְר ִבית, ֲע ִמי ָדה ַע ַ ֲח ִרית ְ ַמע ְפ ָט ָרה מn ָסy ַה ִקיnT i ִציא ַה ְנ ִטי ַלת ָי ַד ִי! ַה ְב ָT ָלה 11 Les lumières de Chabbat sont allumées pour être contemplées. L’huile qui était utilisée à l’origine est souvent remplacée par des bougies. Les luminaires de Chabbat en argent, en laiton ou en cuivre peuvent être des lustres suspendus au plafond, des chandeliers posés sur une table ou même de très petits bougeoirs à emporter en voyage. Ce luminaire de Chabbat en laiton était déjà utilisé en Allemagne dès 1600. Suspendu au plafond, il a la forme d’une étoile, d’où son nom « Judenstern ». Ces luminaires étaient souvent fabriqués à Nuremberg qui était à cette époque le centre de production de laiton en Allemagne. Au 19e siècle, en Lituanie, Vilna était le centre de l’orfèvrerie juive. C’est Elijah Moucha Asas de Vilna qui a réalisé ce modèle de bougeoirs. Tous ses bougeoirs ont la meme dimension, mais présentent des décors différents. Lampe, Allemagne, 1800 Bougeoirs de Chabbat, Lituanie, 1857 12 Avec quelle huile peut-on allumer les bougies de Chabbat ? Lampe de Chabbat, Afghanistan, 1925 Utilisée pour Chabbat et les fêtes, cette lampe en argent a la forme des lampes afghanes. Les deux godets sont remplis d’huile. Sur l’axe central, au sommet, on peut lire sur le Maguen David : Une lumière en l’honneur des Chabbatot et des jours saints… . Plus bas est gravé le nom de la propriétaire de l’objet : Bru’ha femme de Tsvi Yatsav Batsal. La petite communauté afghane a produit de nombreux objets insolites. ָמֵג ָד ִויד 13 La synagogue est un lieu de prière et d’étude. A l’époque du second Temple, il y avait déjà des synagogues à Jérusalem. Celles-ci se multiplient après la destruction du second Temple. Chaque communauté, si petite soit-elle, a l’habitude de s’y réunir pour prier. ַת ְלמnד 14 La façade et les portes d’entrée des premières synagogues sont tournées vers Jérusalem. Le Talmud recommande que les synagogues soient construites à l’endroit le plus haut de la ville. Cette recommandation n’a pas toujours été appliquée. En Europe, la synagogue est de dimensions modestes. Au 19e siècle, on remplace peu à peu les petites synagogues par des édifices monumentaux. Pourquoi d’après toi, est-il r monter dans le grenier de la En 929, la communa se réunit pour décider construction d’une no synagogue. Celle-ci s non en bois comme la surtout sera plus vast raconte que lorsque l creusèrent les fondati découvrirent les murs culte datant de l’époque du second Temple. Synagogue Vieille-Nouvelle de Prague, République Tchèque, 1270 Inspirée du modèle de la synagogue de Worms, l’architecture de la synagogue Vieille-Nouvelle est simple. A l’intérieur, une voûte à deux nefs repose sur deux piliers octogonaux. 12 fenêtres, en référence aux 12 tribus d’Israël, éclairent l’intérieur de la synagogue. A l’extérieur, les architectes lui ont accolé deux annexes. Selon une autre légende, sous les combles de la synagogue subsistent les restes du Golem créé par le Rabbi Loew connu aussi sous le nom du Maharal de Prague. $ֹ ֶל 15 iט$ֵ La synagogue C’est l’architecte et sculpteur polonais Leonardo Marconi qui dessina les plans de la synagogue de Varsovie en 1876. Elle comprenait 2,200 places assises, une bibliothèque et des pièces annexes. Inaugurée en 1878, le jour de Roch ha-Chana, elle fut dynamitée par les nazis le 16 mai 1943 lors du soulèvement du ghetto de Varsovie. Grande synagogue de Varsovie, Pologne, 1878 16 La Grande synagogue de Florence a été réalisée d’après le projet de trois architectes : Marco Trêves, Mariano Falcini et Vincenzo Micheli. Le plan de la synagogue s’inspire de l’église Sainte- Sophie de Constantinople. Un dôme en cuivre vert surplombe l’édifice. A l’intérieur, les parois et le plafond sont entièrement recouverts de fresques de style mauresque. Les maçons et maîtres artisans mirent huit ans pour achever l’édifice. Grande synagogue de Florence, Italie, 1882 Pourquoi construit-on des synagogues monumentales, en Europe, au 19e siècle ? Les Juifs s’installent en Chine vers le 8e siècle. La première synagogue construite est celle de Kaifeng en 1163. Elle est détruite à trois reprises. Seule la dernière version nous est connue. Avec l’assimilation des Juifs de Chine, la synagogue cesse d’être entretenue. Au 19e siècle, elle tombe en ruine. son existence. Synagogue de Kaifeng, Chine, 1653 En 1838, le navire de Chlomo Salem Choravi fait naufrage sur les côtes d’Alibag, en Inde. Il en réchappe sain et sauf. Dix ans plus tard, il célèbre ce miracle en y faisant construire une synagogue. En 1910 la synagogue est restaurée. On y accède par un escalier qui mène à un porche où les fidèles se déchaussent avant d’entrer. Une double rangée de fenêtres éclaire l’intérieur de la synagogue. La Teva est au centre de la pièce. ָבה י ֵ Synagogue Maguen Avot à Alibag, Inde, 1848 17 Isidore Kaufmann est un peintre d’origine roumaine. En 1894, il se rend dans diverses communautés de Russie, de Pologne et d’Europe de l’Est pour voir la façon de vivre des Juifs. Il en ramène de nombreux dessins qu’il utilisera par la suite dans ses peintures. L’artiste décrit une femme assise près d’une table dressée pour Chabbat. ַחi?ת Seule, plongée dans la prière, les mains croisées sur les genoux, elle goûte au calme qui règne dans la maison. La table est recouverte d’une nappe blanche. On y voit deux chandeliers allumés. Ils encadrent un verre de Kidouch. Les ‘Hallot sont recouvertes d’un napperon. Un livre de prières est ouvert près d’elle. Un lustre éclaire la pièce aux murs blancs. Cette toile est peinte un an avant le décès de l’artiste. Son aspect inachevé lui donne un caractère moderne. 18 Isidore Kaufmann, Vendredi soir, New York, 1920 19 Dans certaines communautés, les femmes portaient des bijoux spéciaux pour Chabbat. Sur cette bague en cornaline, on a gravé à l’or la devise : « Allumer la bougie de Chabbat ». Ces mots entourent un chandelier à sept branches. Bague de Chabbat, Ukraine, 1850 20 Tabatière, Lybie, 1900 Le jour de Chabbat et les jours de fêtes, dans certaines communautés, les fidèles prisaient du tabac pensant que cela les aiderait à rester concentrés pour prier. Ils inhalaient le tabac réduit en poudre et se passaient la boîte à tabac de mains en mains. Beaucoup de ces tabatières étaient en argent. Cette boîte, fabriquée en Lybie, a appartenu à Elijah Moïse Panigel, rabbin de Jérusalem et d’Erets Israël à l’époque de l’Empire ottoman. 21 Le vendredi soir, en revenant de la synagogue, le père pose les deux mains sur la tête de ses enfants et les bénit comme le montre cette chromolithogravure. ְמַנ ֶưה ֵא ְפ ָר ִי , Pour un garçon il dit : Puisse Dieu te faire ressembler à Ephraïm et à Menaché… . Pour une fille il dit : Puisse Dieu te faire ressembler ָ ָרה, ִר ְב ָקה, ָר ֵחל, ֵל ה à Sarah, Rebecca, Rachel et Léa… . Cette bénédiction apparaît pour la première fois en Italie à Modène au 17e siècle. 22 Détail de carte de voeux, Allemagne, début 20 siècle e Echet ‘Haïl Abraham Borchevsky, Echet ‘Haïl, Jérusalem, 2006 Abraham Borchevsky est un scribe enlumineur originaire de Saint-Pétersbourg qui vit et travaille à Jérusalem. Il a écrit la bénédiction de la « femme vaillante », Echet ‘Haïl, ִיל ָח ֵא ֶ ת en écriture carrée achkénaze. Récitée avant la prière du Kidouch de Chabbat, cette bénédiction comprend 22 versets tirés du livre des Proverbes. L’enlumineur a écrit les deux premiers mots à l’encre rouge. Les premières lettres des versets suivants sont à l’encre noire rehaussée sur un fond d’entrelacs. Des points, en or, séparent chaque verset. % ְ ְcַנז 23 La verve particulière de Cholem Aleichem souligne l’humour juif de Tèvié. Malgré ses soucis, le laitier juif qui lutte pour gagner son pain quotidien manifeste une confiance absolue en Dieu. Le Chabbat est son seul moment de repos. A cette occasion, il peut être auprès de sa femme Goldè et de ses cinq filles Tseitel, Hodel, ‘Hawe, Sprintsé et Beilkè. ִאi&ב Tèvié le laitier a bien du souci. Son cheval qui lui permet de livrer le lait se fait vieux ; il est pauvre comme Job et, en plus, il doit s’occuper de marier ses cinq filles, dont certaines ne respectent pas toutes les traditions. ִיי ִדי En 1939, Maurice Schwartz adapte les nouvelles de Cholem Aleichem et en fait un film en yiddish où il met l’accent sur le côté tragique des événements. La plupart des acteurs ont de la famille en Pologne à un moment où les troupes nazies envahissent le pays. Puis en 1964, Joseph Stein adapte à son tour ces nouvelles et en tire une comédie musicale : Le Violon sur le toit. C’est un triomphe. La pièce est jouée plus de 3 000 fois. En 1971, Norman Jewison reprend l’idée de la comédie musicale pour en faire un film et y mélange avec succès le tragique et le comique. 24 Le Violon sur le toit, Norman Jewison, 1971 25 La Liste de Schindler est un film réalisé par Steven Spielberg en 1993. Le film est basé sur le roman de Thomas Keneally et s’inspire de la vie d’Oskar Schindler, un industriel allemand, qui réussit à sauver plus de 1,100 Juifs promis à la mort en les faisant travailler dans sa propre usine d’émail et de munitions. Oskar Schindler ira jusqu’à saboter sa propre marchandise pour qu’elle ne soit pas utilisée. Il a été enterré à Jérusalem et a été nommé « Juste parmi les nations ». Le film a été tourné à Cracovie. 30,000 figurants furent embauchés. Spielberg choisit de le tourner en noir et blanc sauf six scènes. 26 Steven Spielberg refusa de toucher un salaire en tant que réalisateur. Car selon lui cela aurait été « l’argent du sang ». La Liste de Schindler a remporté sept Oscars. La Liste de Schindler, Steven Spielberg, 1993 27 Le verre de Kidouch est la coupe sur laquelle on récite la bénédiction : « Béni sois-tu Seigneur … qui crées les fruits de la vigne ». Le verre de Kidouch est l’objet le plus familier de tous les objets rituels. La plupart sont fabriqués en métal précieux, le plus souvent en argent, en argent plaqué or, ou bien en verre. Cette coupe de Kidouch a été fabriquée par Hieronymus Mittnacht, orfèvre à Augsbourg, en Allemagne. On peut lire sur le rebord de la coupe : Zakhor, car il est écrit : Pense au jour du Chabbat… (Exode 20 ; 8) et Chamor, en référence au verset : Observe le jour du Chabbat… (Deutéronome 5 ; 12). Elle est décorée de feuilles de vigne et de grappes de raisin. Ces coupes octogonales étaient fabriquées à Augsbourg et à Nuremberg au 18e siècle. 28 Verre de Kidouch, Allemagne, 1763 Verre de Kidouch, Erets Israël, 1910 Verre de Kidouch, Irak, 1925 Ce verre de Kidouch en laiton, cuivre et argent fait partie des premiers objets produits par l’Ecole de Betsalel à Jérusalem. En 1910, des artisans yéménites et syriens travaillent l’orfèvrerie à l’Ecole de Betsalel. Le décor géométrique en damasquinure présente dans sa partie haute une Ménorah stylisée qui se répète à l’infini. Il y avait de nombreux orfèvres parmi les artisans juifs à Bagdad. En Irak, le verre de Kidouch était souvent placé sur une soucoupe. Un couvercle orné d’un oiseau recouvre le verre. On retrouve le même oiseau sur différents objets de culte provenant de la région. ְמנi ָרה 29 La nappe de Chabbat Pourquoi d’après toi cette nappe est-elle ronde et richement brodée ? Nappe de Chabbat, Kurdistan, 1875 30 C’est la future mariée qui brodait la nappe destinée aux repas de Chabbat et des jours de fêtes. Cette nappe est décorée de lettres kabbalistiques et de motifs floraux que l’on retrouve sur des objets de la région. Parmi les 15 nappes retrouvées provenant du Kurdistan, celle-ci est la seule à être datée. Un plat pour les ‘Hallot Observons ensemble ! Cherche dans ce livre un autre objet où figurent deux lions, une couronne et les tables de la Loi ! Plat pour les ‘Hallot de Chabbat, Italie, 18e siècle Ce plat ovale en argent destiné à recevoir les pains de Chabbat provient de Venise. Au centre, l’artisan a gravé les tables de la Loi qu’il a entourées de lions rampants. Au-dessus, il a placé une couronne. Sur le rebord du plat est gravé le verset : Moïse dit : Mangez-la aujourd’hui, car c’est aujourd’hui Chabbat en l’honneur de l’Eternel… . (Exode 16 ; 25) 31 Eliahou Sidi dessine sur les trois étages d’une maison les bénédictions qui précèdent le repas du vendredi soir. Au rez-de-chaussée, la maîtresse de maison et sa fille allument les lumières de Chabbat. Au premier étage, le père vient de réciter le Kidouch et s’apprête à faire passer la coupe aux membres de sa famille. Au second étage, la bénédiction sur le pain se fait en compagnie de quatre invités. Une nappe blanche figure sur chaque scène. i’ ָרה De chaque côté de la maison, on peut voir deux tourelles. A leur sommet, les mots « Chamor » et « Zakhor » sont inscrits sur un fanion. Ils encadrent le mot « Torah » dessiné sur une couronne. Aux fenêtres des tourelles, fleurissent des arbres. Leurs racines sont les fondations de la maison. Au bas des tourelles, deux portes mènent vers l’intérieur de la maison éclairée par la lumière de Chabbat. L’inscription « Chabbat Chalom » encadre les racines. Pour l’artiste, le Chabbat est la base de la vie familiale, la base du judaïsme. 32 Eliahou Sidi, lithographie, 1972 33 ִמ ְ ָנה ֲהָגדiת ֶ( ַסח 34 Sidour de Chabbat, Vienne, 1738 Ce Sidour a été copié et illustré par Aaron Wolf Herlingen. On peut y lire des psaumes, les prières de Chabbat, des passages de la Michna et certaines lois sur Chabbat. Sa reliure est en or filigrané. Aaron Wolf Herlingen était scribe à la bibliothèque royale de Vienne. Il a copié et enluminé denombreux manuscrits dont des Haggadot de Pessa’h. Regarde de plus près. Que tiennent les hommes à la main ? Un sac à Talith Les sacs à Talith sont souvent des housses rectangulaires. Ils peuvent aussi avoir la forme de petits cartables ou de bourses. Ce sac retenu par des lanières et protégé par une housse en argent est rare. On y voit gravés trois mains ouvertes, deux palmiers, une Ménorah allumée et le nom de son propriétaire : David Boukhaya. ַט ִלית A quoi sert le marchepied qui se trouve au bas de la Ménorah ? Sac à Talith, Algérie, 1936 35 L’Arche sainte est une structure encastrée dans le mur de la synagogue orienté vers Jérusalem ou, lorsque la synagogue est à Jérusalem, vers le Temple. C’est là que sont déposés les rouleaux de la Torah. ַהi+ ֶדש ָפ ַר ִTי! ְס ֲאר*i ֵהי ָכל, L’Arche sainte a plusieurs noms : elle est appelée Aron ha-kodech chez les Achkénazes et Hékhal chez les Séfarades. Au moyen âge, on la place dans une armoire en bois sculpté encastrée dans une niche. Au 16e siècle, l’Arche sainte devient le point central de la synagogue. Dans la synagogue Adès, à Jérusalem, l’Arche sainte est en bois incrusté de nacre. Elle a été ramenée de Syrie, morceaux par morceaux, à dos de chameau. 36 Arche sainte, Synagogue Adès, Jérusalem, 1901 37 ְT ִביר, ָ(רi ֶכת Dans le Tabernacle du désert, un tissu séparait l’Arche d’Alliance du reste du mobilier. Cette idée est reprise dans le Temple où un voile séparait également le Hekhal du Dvir. A la synagogue, la Parokhet, en général brodée par les femmes de la communauté, reprend cette notion de séparation en recouvrant l’Arche sainte dans laquelle sont déposés les rouleaux de la Torah. Sur ce rideau en coton, les motifs sont peints à l’aquarelle. En bas de la Parokhet, un vase empli de fleurs symbolise l’arbre de vie. Au milieu, l’artiste a dessiné le Dôme du Rocher, en référence au Temple de Jérusalem détruit. De chaque côté de l’édifice est écrit en hébreu : l’emplacement de notre Temple. Tout à fait en haut de la Parokhet, deux scènes bibliques accompagnées de versets : Moïse frappant le rocher, … qui change le rocher en nappe d’eau… (Psaumes 114 ; 8) יִ ְצ ַחק Le sacrifice d’Isaac, … par son sacrifice il nous donnera la vie… (Extrait des supplications récitées à Roch ha-Chana et à Kippour) 38 Parokhet, Israël, 20e siècle 39 ֵס ֶפר i’ ָרה ִ יק Le rouleau de la Torah, en hébreu Sefer Torah, est le bien le plus précieux des communautés. Le Talmud recommande de le protéger. Dans les communautés orientales et séfarades le rouleau, le tik, est placé dans un écrin travaillé en métal précieux ou en bois incrusté. L’officiant sort le rouleau de la Torah du Tiq et le déroule pour le lire. En Europe, on n’utilise un Tiq que pour transporter le rouleau de la Torah en dehors de la synagogue. Au sommet de cet écrin est écrite une dédicace en hébreu : « Ce Tiq et le Sefer Torah se trouvant à l’intérieur ont été donnés par Ye’hezkiel à la mémoire de son père Ezra Ye’hezkiel Yosef Ezra Kalif… ». 40 Ecrin de Torah, Irak, 1885-86 En Europe, une fois la lecture achevée, on enveloppe le rouleau de la Torah dans une housse appelée Méïl avant de le replacer dans l’Arche sainte. Dans les communautés séfarades, le rouleau de la Torah protégé par le Méïl est placé dans un Tiq. En Italie et en Algérie, on utilise soit le Méïl soit le Tiq. Lorsqu’il est hors d’usage, le Méïl doit être déposé dans une Guenizah. Ce Méïl en soie sauvage a des broderies et des applications en fils d’argent. Il a été donné à la synagogue par Moché fils de Méïr Heimann et de son épouse Miriam fille de Naftali Boelack. ְמ ִעיל ְ$ ִניָזה A quelles fêtes te font penser les motifs de ce Méïl ? Méïl de Torah, France, 1886/87 41 ַטס 42 Plaque de Torah C’est en Europe qu’apparaissent les premières plaques de Torah appelées Tass. Le Tass s’inspire du pectoral porté par le grand prêtre au Temple. Populaires en Allemagne et en Pologne, les Tass ont souvent des motifs représentant les lions, les tables de la Loi ou une couronne. Lorsqu’on sort les rouleaux de la Torah de l’Arche sainte, on lui accroche un Tass. Celui-ci peut être destiné à une fête particulière ou bien avoir un rectangle vide. Dans ce rectangle, un petit rouleau de parchemin sur lequel sont inscrits les noms des fêtes est déroulé selon le calendrier. Adam Renner, l’auteur de ce Tass en argent, était un orfèvre de renom dans la région de Bratislava au 19e siècle. Tass, Slovaquie, 1835 Couronne de Torah L’usage de placer une couronne au sommet d’un rouleau de la Torah apparaît au moyen âge en Europe. Les couronnes sont inspirées de celles portées par les souverains. Fabriquée dans un atelier de Cracovie comme l’indique le poinçon, cette couronne ressemble à celles que portaient les rois de Pologne. Du bandeau de la couronne partent 6 arceaux surmontés d’une seconde couronne. Aux symboles polonais, l’artiste ajoute deux autres symboles : une pièce de monnaie russe utilisée souvent comme amulette et un demi-dollar américain, symbole du Nouveau Monde. Pourquoi d’après toi y a-t-il un aigle à deux têtes entre chaque arceau ? Couronne de Torah, Pologne, 1800 43 ַn(‘ ִחי! ִרי iנִי! Le rouleau de la Torah est formé de plusieurs bandes de parchemins cousues ensemble. Les parchemins s’enroulent sur deux axes. A l’origine, ces axes se terminaient par des ornements en bois appellés : Tapou’him – pommes, chez les Séfarades, Rimonim – grenades, dans les communautés orientales, ַח&ִי! ֵע/ Ets ‘Haïm – arbre de vie, chez les Achkénazes. Maïmonide utilise le mot Rimonim encore en usage de nos jours. Au moyen âge, les orfèvres fabriquent des Rimonim amovibles. Ce sont des boules en or ou en argent. Plus tard, ils prennent la forme de tours ou de tourelles à étages souvent munies de clochettes. C’est l’orfèvre David Robel qui a fabriqué ces Rimonim en argent pour la communauté juive portugaise d’Amsterdam. A l’occasion des fêtes, on sortait les rouleaux de la Torah pour les montrer aux fidèles et on remplaçait ces Rimonim par d’autres plus importants. Ces Rimonim ont deux parties : au sommet, une couronne, dans la partie inférieure, 6 clochettes. 44 Pourquoi toutes les communautés mettent- elles des clochettes sur les Rimonim ? Rimonim, Hollande, 1732 Rimonim, Italie 1880 Rimonim, Dagestan, 1900 Ces Rimonim en argent, ont été fabriqués à Gênes au 19e siècle. Ils sont la réplique d’un modèle vénitien du début du 18e siècle. Sur la tourelle à deux étages, on peut voir les ustensiles du Temple et les mains des Cohanim. Des clochettes suspendues à des chaînes ornent la partie basse de la tourelle. A son sommet, un bouton de rose. Travailler l’argent niellé est une spécialité du Caucase et en particulier de Kubachi. Ces Rimonim sont un exemple rare du travail d’orfèvrerie des Juifs de Madjalis appelés également « Juifs des montagnes ». Des animaux fantastiques accompagnent le nom du donateur de ces Rimonim : « Elkana fils de […] Chlomo […] de la ville de Madjalis ». 45 ָיד 46 Le Yad – la main de lecture – est en général composé d’une baguette et d’une main aux doigts repliés et à l’index tendu pour suivre la lecture. On utilise le Yad pour éviter de toucher les lettres du Sefer Torah. En effet le contact de la main sur le parchemin risque d’humidifier l’encre des lettres. Ce contact pourrait à la longue effacer une partie du texte et le rendre inutilisable. On commence à utiliser le Yad au 16e siècle. On prend l’habitude d’attacher la main de lecture par une chaîne au rouleau de la Torah. Dans certaines communautés séfarades, on suit le texte avec un tissu ou les franges du châle de prière. Yad, Afghanistan, 1848 Le décor oriental de ce Yad, à l’index tendu, est propre aux communautés d’Afghanistan. Il provient de la ville de Balch. Rehaussé de turquoises à ses extrémités, il est entièrement gravé de motifs floraux. Sur ce Yad en provenance du Maroc, les cinq doigts de la main sont tendus. Les décors reprennent les motifs des bijoux en argent de la région. Le cordon qui rattache le Yad au Sefer Torah est d’origine. 47 ַמ ָ(ה ַ»ר ִמ ְצָוה חn ָ(ה La Mappa est une bande de tissu qui sert à maintenir les rouleaux de la Torah lorsqu’ils sont déposés dans l’Arche sainte. Elle est appelée Mappa en italien, Wimpel en allemand, Bindel en yiddish. Utiliser le lange sur lequel est placé le nouveau-né lors de la circoncision pour attacher les rouleaux de la Torah est une tradition qui a vu le jour en Allemagne au 16e siècle. On la retrouve en Alsace, en Suisse, en Bohême, en Moravie et en Italie. Les femmes découpaient le tissu puis le cousaient en une longue bande de 15 cm sur 2 mètres 50. Elles le brodaient ou le peignaient en prenant soin d’écrire le nom de l’enfant, celui de son père et surtout les vœux qu’elles souhaitaient au nouveau-né. On utilisait la Mappa de l’enfant à l’occasion de sa Bar Mitsva et du Chabbat précédant son mariage. Cette Mappa a été peinte pour la naissance d’Acher bar Raphaël. Les dessins ressemblent aux illustrations des livres d’enfants du début du 20e siècle. Parmi les scènes décrites il y a : un couple sous la ‘Houppa, un couple se promenant sur une route de campagne et une classe d’enfants. 48 Mappa, France, 1934 49 Moritz Daniel Oppenheim est issu d’une famille juive orthodoxe. C’est le premier peintre juif à être reconnu dans la société allemande du 19e siècle sans avoir à se convertir au christianisme. ִcי ָ(ה Moritz Daniel Oppenheim se sert de son art pour faire connaître les rites de la communauté juive. Il décrit dans ses peintures des personnes appartenant à la classe moyenne. Bien qu’elles soient habillées à la mode de l’époque, des détails comme la Kippa, révèlent que la scène se passe dans une famille juive. Le verre de Kidouch, la nappe blanche, le pain tressé indiquent que la scène se déroule après le repas de Chabbat midi. 50 Moritz Daniel Oppenheim, Après le repas de Chabbat, Allemagne, 1866 51 52 Livre des coutumes, Hollande, 1768 On entre dans Chabbat en allumant des lumières et on en sort de la même façon. Une courte cérémonie appelée Havdala marque la séparation entre le sacré et le profane, le Chabbat et les six jours ouvrables. Elle a lieu après la prière de Maariv. Sur la gravure, le père tient la coupe de Kidouch. Le premier enfant porte une bougie allumée, le second une boîte à aromates. Trois bénédictions sont faites pour la Havdala sur : une coupe de vin remplie à ras bord, des aromates, la flamme d’une bougie. A quel moment précis sait-on que Chabbat est terminé ? ַמֲע ִריב 53 L’objet qui marque la Havdala est la boîte à aromates. Elle circule pendant la Havdala de mains en mains. A partir du 16e siècle, la boîte à aromates a souvent l’aspect d’une tourelle dans les communautés achkénazes ou bien d’une fleur, d’un poisson… En fait, chaque communauté, chaque famille a son modèle de boîte à aromates. Cette boîte à aromates est l’un des 8 spécimens qui nous restent de ceux fabriqués à Wurtemberg. En forme de tour filigranée, elle est décorée de scènes bibliques sur émail. Ces scènes semblent avoir un rapport avec les noms des commanditaires. Il existe peu d’objets pour la Havdala qui combinent comme ici la coupe de Kidouch et la boîte à aromates. Celle-ci date du début du 19e siècle alors que les modèles retrouvés sont plutôt fabriqués à la fin du 19e siècle. Les épices sont placées dans la partie ciselée du couvercle. 54 Boîte à aromates, Allemagne, 1740 Boîte à aromates, Pologne, 1830 Cette boîte à aromates a été dessinée par Maurice Spertus, collectionneur et fondateur du musée juif de Chicago. Il s’inspire des boîtes à aromates en forme de fleurs utilisées en Ukraine dont il est originaire. Maurice Spertus compose un bouquet en ivoire, ébène, corail et argent. Ainsi, chaque participant peut sentir sa propre fleur. 55 Boîte à aromates, USA, 1970 Roch ‘Hodech Ęnė ĘĂĄĆ 58 Livre des coutumes, Hollande, 1708 A l’époque du Sanhédrin, des témoins oculaires venaient témoigner devant le grand tribunal rabbinique qu’ils avaient vu la nouvelle lune. Les membres du Sanhédrin vérifiaient alors leur témoignage pour annoncer le début du mois en faisant sonner le Chofar dans toutes les villes d’Erets Israël. Dans le traité Massekhet Sofrim, on décrit les repas organisés pour Roch ‘Hodech. Toute la communauté, les anciens, les dirigeants de la ville, les élèves participent au repas. ַס ְנ ֶה ְT ִרי* ַמ ֶo ֶכת סi ְפ ִרי! Lorsque le Sanhédrin cesse d’exister, Hillel II fixe le calendrier par des calculs mathématiques et astronomiques. Il rend ainsi possible l’observance du calendrier pour toutes les communautés à travers le monde. Lors de Roch ‘Hodech à la synagogue, on lit le Psaume 104 : Il a fait la lune pour marquer les temps. Le calendrier est luni-solaire : le cycle des mois est basé sur celui de la lune (29 jours et demi). Le cycle de l’année est basé sur celui du soleil afin que chaque fête tombe toujours à sa saison. La plupart des mois ont une durée fixe : 29 jours pour Chevat, Nissan et Av, 30 jours pour Tichri, ‘Hechvan, Adar, Iyar, Tamouz et Eloul. Deux mois, Kislev et Tevet, ont parfois 29 jours, parfois 30. 59 Un livre de prières publié par Tsvi Hirsch Segal Spitz en 1744 en Allemagne présente les mois de l’année. Des vignettes indiquent de quel mois il s’agit, quel est le signe astrologique qui lui correspond et les activités agricoles pratiquées à cette époque. ִ’ ְ ִרי ֵח ְ ָו* ִc ְס ֵלו ֵט ֵבת ְ ָבט ֲא ָדר ִני ָס* ִאיָ&ר ִסיָו* ַ’ nז 2ב ֱאלnל Ainsi, on peut voir que : Au mois de Tichri, un homme laboure un champ pendant qu’un couple cueille des fruits. Au mois de ‘Hechvan, des bergers gardent des moutons à l’orée d’un bois. En Kislev, on peut voir une scène de chasse. En Tevet, la rivière traverse la campagne ; la terre est en attente. En Chevat, les pluies inondent les champs. Au mois d’Adar, on se croirait au théâtre : des personnages déguisés sont debout sur une scène. Au mois de Nissan, c’est le printemps, un homme marche dans son champ et regarde la nature s’éveiller. En Iyar, l’homme surveille sa future récolte. Au mois de Sivan, des personnes se baignent dans la rivière. En Tamouz, un couple regarde la récolte qui est sortie de terre. En Av, des paysans labourent leurs champs et fauchent le blé. En Eloul, enfin, c’est le temps de la moisson. 60 Vignettes des mois de l’année, Allemagne, 1744 61 Tout jeune, Alphonse Lévy est doué pour le dessin. A l’âge de 17 ans il entre à l’atelier de Jean-Louis Gérôme où il se lie d’amitié avec Carolus Duran. ִ» ְר ַcת ְ? ָבנָה ַה 62 Il décide de donner un témoignage du judaïsme achkénaze de France au 19e siècle, concentré à cette époque essentiellement en Alsace et en Lorraine. A la fin de sa vie, il rejoint sa famille installée en Algérie. La nuit vient de tomber. Le maître de maison est monté à l’étage le plus haut pour être à ciel ouvert. Sa femme tient une bougie pour éclairer le texte du Birkat ha-Lévana. Le ciel nuageux est éclairé par la lune. L’homme revêtu d’une redingote est coiffé d’une calotte noire. La femme a un bonnet blanc et porte l’habit traditionnel de Chabbat des femmes alsaciennes. Prière de la nouvelle lune, Alphonse Lévy, France, 1883 63 Sur ce livre de prières, dix fidèles sont sortis de la synagogue pour voir la nouvelle lune. Parmi eux, deux témoins représentés de dos scrutent le ciel. Ils constatent qu’il y a effectivement un croissant de lune. L’artiste a dessiné le premier croissant de lune avec un visage de profil et l’a posé sur un nuage étoilé. Les fidèles attendent la décision des deux témoins avant d’ouvrir leurs livres de prières. Il semble que l’enlumineur ait voulu différencier les témoins des fidèles : les témoins oculaires sont vêtus d’une cape noire, coiffés d’un bonnet noir et portent une fraise bordée de dentelle blanche. Le reste de l’assemblée, coiffé de bonnets noirs aplatis sur le côté, porte des redingotes et des pantalons colorés. 64 Livre de prières, Allemagne, 1728 65 66 Ce dessin fait partie d’un livre de prières provenant d’Allemagne. Ce manuscrit n’est pas signé mais, en le comparant à l’écriture et à la facture des dessins de quatre autres manuscrits de sa main, on peut dire que c’est effectivement Wolf Leib Katz Poppers qui en est l’auteur. Le Sidour de Wolf Leib Katz Poppers comprend les prières de Min’ha et de Maariv. Il est décoré de quelques scénettes réalisées à la plume et à l’encre. Un groupe de quatre hommes sort de la ville pour mieux voir la lune. Le premier porte un étendard triangulaire éclairé de deux torches sur lequel est inscrite la prière de Roch ‘Hodech. Tous les quatre ont le visage tourné vers le ciel. Ils réciteront la prière dès qu’ils auront vu la lune. Livre de prières, Allemagne, 1744 67 1. Texte p. 11 Pourquoi allume-t-on deux bougies le vendredi soir avant l’entrée du Chabbat ? a. pour pouvoir éclairer la pièce où l’on mange le vendredi soir. b. pour symboliser les six jours de la semaine (1e bougie) et le septième jour (2e bougie). c. pour se souvenir (1e bougie) et observer (2e bougie) le jour du Chabbat. 2. Texte p. 19 Sur le tableau d’Isidore Kaufmann intitulé Vendredi Soir, qu’y a t-il sous le napperon posé sur la table ? a. des ‘Hallot. b. un Sefer Torah. c. des livres de prières. יi טiב ָכה דi ִדי ְל 3. Texte p. 22 A quel moment a-t-on pris l’habitude de bénir ses enfants ? a. tous les matins avant le petit-déjeuner. b. tous les vendredis soirs avant le dîner de Chabbat. c. tous les midis des jours de Yom Tov avant le déjeuner. 4. Texte p. 23 Quels sont les deux premiers mots issus du Livre des Proverbes récités chaque vendredi soir ? a. Chamor (Observe) et Zakhor (Souviens-toi). b. Echet (Femme) ‘Haïl (Vaillante). c. Lekha (Viens) Dodi (Ma fiancée). 5. Texte p. 28 Les décorations de la coupe provenant d’Allemagne rappellent la boisson que l’on consomme pour le Kidouch. Laquelle ? a. de la bière. b. du lait. c. du jus de raisin. 6. Texte p. 32 Eliahou Sidi rappelle trois bénédictions qui inaugurent le soir de Chabbat. Lesquelles ? a. la bénédiction sur les bougies, sur le jus de raisin et sur le pain. b. la bénédiction sur les bougies, sur le jus de raisin et sur les enfants. c. la bénédiction sur les bougies, sur le pain et sur les habits neufs de Chabbat. 7. Texte p. 41 Par quel élément décoratif voit-on qu’un Sefer Torah est le bien le plus précieux de la communauté juive ? a. par le papier utilisé pour écrire ce Sefer. b. par la housse (Méïl) ou l’écrin qui entoure et protège ce Sefer. c. par la main (Yad) en argent qui est accrochée au Sefer. 8. Texte p. 42 A quelle tribu des Enfants d’Israël correspond le motif du lion ? a. la tribu d’Éphraïm. b. la tribu de Lévi. c. la tribu de Juda (Yéhouda). 9. Texte p. 43 Que couronne-t-on chaque semaine à la synagogue ? a. le roi d’Israël. b. le Sefer Torah. c. le président de la communauté. 10. Texte p. 46 A quoi sert la main qui accompagne le Sefer Torah ? a. à lire dans le Sefer Torah. b. à montrer où se trouve le Sefer Torah dans la synagogue. c. à pointer celui qui n’écoute pas pendant la lecture de la Torah. 11. Texte p. 52 Dans le livre des Coutumes de Hollande illustrant la Havdala, pourquoi le maître de maison pince-t-il les doigts de sa main gauche ? a. pour demander aux enfants de se taire. b. pour empêcher une mouche de tomber dans son verre rempli du vin de la Havdala. c. pour éclairer ses ongles à la lumière de la bougie de la Havdala. מi ָצ ֵאי ַ ָ»ת 12. Texte p. 54 A quoi servent les boîtes à aromates ? a. à épicer le gâteau de Motsé Chabbat (Samedi soir). b. à embaumer la pièce où l’on prononce la Havdala. c. à accomplir la bénédiction sur les épices pendant la Havdala. 13. Texte p. 59 Quand débute un nouveau mois du calendrier hébraïque ? a. tous les trente jours. b. à chaque nouvelle lune. c. quand les rabbins du Sanhédrin le voulaient. 14. Texte p. 59 Dans le Psaume 104, on dit que Dieu …a fait la lune pour marquer les temps… . A quelle occasion le récite-t-on à la synagogue ? a. à Roch ha-Chana. b. à Roch ‘Hodech. c. à Tou bi-Chevat (Roch ha-Chana des arbres). 15. Texte p. 62 Que veut dire Lévana en hébreu ? a. la lune. b. la sortie de Chabbat. c. le mois. 16. Texte p. 63 Que fait le couple sur le balcon ? a. il cherche quel voisin fait du tapage. b. il accueille ses amis pour le dîner de Chabbat. c. il récite la bénédiction de la nouvelle lune. Page 12 La bougie apparaît en 1300, elle tire son nom de la ville de Bougie – Bejaia, en Algérie, d’où on l’importait. Page 13 Pour les Sages, on peut utiliser de l’huile de sésame, de lin, de noix, de radis, de poisson… Mais pour rabbi Tarphon, seule l’huile d’olive est assez pure pour l’allumage rituel. Page 14 La première grande synagogue de Paris est celle de la rue Notre-Dame de Nazareth. Reconstruite en 1851, elle est inaugurée en 1852. L’architecte Jean- Alexandre Thierry en dessine les plans. Page 15 Selon la légende, c’est le rabbi de Loew, connu sous le nom du Maharal de Prague, qui a conçu le Golem. Le Golem était un automate, de forme humaine, fait d’argile, que le rabbi de Loew maintenait en vie. Un jour il devint si dangereux que le rabbi décida de lui ôter la vie et l’entreposa dans les combles de la synagogue Vieille-Nouvelle. Page 16 Au 19e siècle, on bâtit des synagogues monumentales afin de mettre sur un pied d’égalité Juifs, catholiques et protestants. Page 19 Le dessin au crayon du mur, des plafonds et de l’armoire reste visible. Il n’a pas encore été peint. Page 21 Le dessin rappelle l’épisode de Samson qui tue un lion à mains nues. Page 23 Il y a 22 versets comme les 22 lettres de l’alphabet hébraïque. Chaque verset commence par une lettre de l’alphabet. Le premier commence par Aleph א, le dernier par Tav ת. Page 25 Dans le film, Goldè allume les bougies et récite la bénédiction juste avant de commencer le repas et non pas à la tombée de la nuit. Page 27 Spielberg avait envisagé d’engager des grandes stars américaines pour les rôles d’Oskar Schindler et d’Itzhak Stern. Il y a renoncé pour ne pas dénaturer l’intrigue. Un tel acteur aurait donné une connotation hollywoodienne à des personnages historiques. Page 28 Non, les bords du verre de Kidouch doivent être lisses. Page 30 Cette nappe est ronde car la table qu’elle recouvre est ronde et basse. Ses précieuses broderies indiquent qu’elle était utilisée pour Chabbat et les jours de fête. Page 31 Sur la plaque de Torah page 42, il y a deux lions, une couronne et les tables de la Loi. Page 32 S’il venait d’un pays d’Orient, l’artiste aurait dessiné une main ouverte au sommet de la maison à la place de la lettre ה. Page 34 Les hommes tiennent un verre de Kidouch en argent. Page 35 Le prêtre montait sur le marchepied pour nettoyer les mèches de la Ménorah du Temple. Page 41 La couronne et le Chofar rappellent Roch ha-Chana et Yom Kippour. Page 43 L’aigle à deux têtes rappelle que Cracovie où a été fabriquée la couronne fait partie de l’Empire austro-hongrois. Page 44 Tous les ornements du Sefer Torah ont un rapport avec l’habit du Grand Prêtre. Ainsi, il y a des clochettes et des grenades sur les Rimonim parce qu’il y avait des grenades et des clochettes d’or sur le vêtement du Grand Prêtre. Page 48 La ‘Houppa désigne le mariage ; le couple marchant sur la route, la bonne entente ; la classe d’enfants, l’éducation que recevront leurs enfants. Page 50 Moritz Daniel Oppenheim a omis de représenter les Tsitsit portés par les hommes. Page 53 Chabbat se termine lorsque trois étoiles rapprochées sont visibles dans le ciel. Page 60 Quatre mois : ‘Hechvan, Kislev, Adar et Sivan. Page 62 Il est préférable de réciter la Birkat ha-Lévana en présence d’un Minyan c’est-à-dire de 10 personnes. Mais s’il n’y a pas Minyan il est possible de la réciter tout seul. Page 64 On récite la Birkat ha-Lévana à la tombée de la nuit. Page 66 On récite la Birkat ha-Lévana à l’extérieur afin de pouvoir voir la lune et vérifier qu’elle ne soit pas cachée par un nuage. Les quatre hommes sont sortis de la ville pour avoir une meilleure visibilité. A Aaron Wolf Herlingen : (1710-1757) scribe enlumineur, né à Gewitsch en Moravie. Abraham Borchevsky : scribe enlumineur auteur de la plus grande Mezouza du monde. Achkénaze : terme désignant depuis le moyen âge la culture des Juifs vivant en Europe. Adam Renner : orfèvre du 19e siècle qui a travaillé à Bratislava, en Slovaquie. Adar : le mois d’Adar coïncide avec février-mars. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Alphonse Lévy : (1843-1918) peintre et illustrateur originaire de Strasbourg. Amida : prière qui se récite debout, les pieds joints. Arche d’Alliance : coffre en bois fabriqué par Betsalel pour contenir les tables de la Loi. Arche sainte : Aron ha-Kodech. Niche dans laquelle sont conservés les rouleaux de la Torah à la synagogue. Arvit : office du soir. Av : le mois d’Av coïncide avec juillet-août. B Bar Mitsva : cérémonie par laquelle le jeune garçon, à l’âge de treize ans, accepte les devoirs prescrits par la Torah devant la communauté. Bénédiction des Cohanim : prière où les Cohanim, le visage caché dans leur châle, lèvent les mains vers l’assemblée et récitent Que Dieu te bénisse et te garde. Que Dieu fasse briller Sa face sur toi et qu’Il soit indulgent à ton égard… . (Nombres 6, 24-26) Bindel : en yiddish, bande de tissu qui sert à maintenir les rouleaux de la Torah lorsqu’ils sont déposés dans l’Arche. Birkat ha-Lévana : bénédiction de la lune. C Carolus Duran : (1837-1917) peintre originaire de Lille. Chabbat : samedi. Septième jour de la semaine juive et jour de repos. Cha’hrit : office du matin durant lequel on porte le Talith. Chamor : observe. Chavouot : semaines. C’est la fête qui célèbre le don de la Torah. 75 76 Chema : texte central des prières quotidiennes du matin et du soir. Chevat : le mois de Chevat coïncide avec janvier – février. Cholem Aleichem : (1859-1916) de son vrai nom Cholem Na’humovich Rabinovich. Il grandit dans un Shtetl de la Russie impériale. En 1883, il décide de n’écrire qu’en yiddish. A la suite de la vague de pogroms de 1905, il quitte la Russie pour New-York, puis part à Genève. Il laisse une œuvre traduite dans plus de 40 langues. Beaucoup de ses nouvelles sont adaptées au théâtre et au cinéma. Chromolithogravure : technique d’impression utilisée au 19e siècle pour la publicité et les cartes postales. La chromolithogravure permettait d’imprimer plusieurs couleurs à partir d’une même pierre. Cohanim : prêtres issus de la tribu de Levi. Cornaline : pierre de la famille du quartz, de couleur rouge brun. D Damasquinure : petits filets d’argent, d’or ou de cuivre incrustés à coups de marteau dans un autre métal. David Robel : orfèvre du 18e siècle qui a travaillé à Amsterdam. Deutéronome : Devarim, cinquième livre du Pentateuque. Dôme : toit de forme hémisphérique qui couvre un édifice. Dôme du rocher : sanctuaire construit sur l’emplacement du Temple de Jérusalem par le calife Abd el Malik. Le Dôme du Rocher fut achevé en l’an 691. Dvir : le Saint des Saint dans le Temple. L’endroit où se trouvait l’Arche d’Alliance. E Echet ‘Haïl : femme vaillante. Ecole de Betsalel : Ecole des Beaux-Arts de Jérusalem. Eliahou Sidi : peintre et sculpteur d’origine française vivant en Israël. Ses œuvres illustrent les textes bibliques et incluent des détails de la vie contemporaine. Elijah Moïse Panigel : (1850-1919) rabbin séfarade d’Erets Israël à l’époque de l’Empire ottoman. Elijah Moucha Asas : orfèvre du 19e siècle qui a travaillé à Vilna en Lituanie. Entrelacs : ornement décoratif dont les motifs s’entrecroisent. Ephraïm : fils de Joseph et frère de Manassé. Erets Israël : terre, pays ou Etat d’Israël. Ets ‘Haim : arbre de vie. Exil de Babylone : déportation des Juifs du royaume de Juda sous Nabuchodonosor II, roi de Babylone, en 586 AEC. Il prend fin en 538 AEC. Exode : Chemot, deuxième livre du Pentateuque. F Filigrane : fils de métal précieux finement soudés entre eux de manière à former de délicats motifs de décoration. G Genèse : Béréchit, premier livre du Pentateuque. Ghetto : quartier où les Juifs étaient forcés de résider. Golem : créature d’apparence humaine formée à partir d’argile et à qui la vie peut être donnée par un kabbaliste. Guenizah : lieu attenant à la synagogue dans lequel sont remisés, lorsqu’ils sont usés, les livres en hébreu ainsi que tout document portant le nom de Dieu. H Haftara : passage du livre des Prophètes lu le Chabbat après la lecture de la Torah. Haggadot de Pessa’h (sing. Haggadah) : recueil lu pendant le Seder. La Haggadah est composée de passages de la Bible, de littérature rabbinique, de poèmes et de chants célébrant la sortie d’Égypte. ‘Hallot : pains tressés de Chabbat. Ha-Motsi : bénédiction sur le pain. ‘Hanoukka : fête célébrée le 25 Kislev qui commémore la victoire de Juda Maccabée sur le roi syrien Antioche Epiphane. Havdala : séparation. Cérémonie qui marque la fin du Chabbat. ‘Hechvan : le mois de ‘Hechvan coïncide avec octobre-novembre. Hekhal : dans le Temple, le Hekhal était la pièce précédant le Dvir ; à la synagogue, chez les séfarades, c’est l’Arche sainte. 77 78 Hieronymus Mittnacht : orfèvre du 18e siècle qui a travaillé à Augsbourg en Allemagne. Hillel II : président du Sanhédrin qui créa le calendrier hébraïque moderne. Hochana Rabba : le dernier des sept jours de Souccot. ‘Houppa : dais nuptial. I Isaac : fils de Sarah et d’Abraham, mari de Rebecca, père de Jacob et d’Esaü. Isidore Kaufmann : (1853-1921) peintre austro-hongrois. Iyar : le mois de Iyar coïncide avec avril- mai. J Jean-Louis Gérôme : (1824-1904) peintre et sculpteur français. Job : personnage biblique qui incarne le juste frappé par le malheur. Joseph Stein : (1912-2010) né à New-York dans une famille juive d’origine polonaise. Il adapte « Tèvié le laitier » de Cholem Aleichem. Judenstern : nom yiddish donné aux lampes à huile de Chabbat ou de fête en forme d’étoile à 6 branches. Ces lampes étaient suspendues au plafond. Juste parmi les nations : -expression qui désigne les personnes qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs durant la 2e guerre mondiale. K Kabbalat Chabbat : accueil du Chabbat. Kidouch : prière de sanctification récitée sur le vin et sur le pain le soir du Chabbat et les jours de fêtes. Kippa : calotte. Kippour : jour de jeûne, appelé aussi jour du Grand Pardon. Kislev : le mois de Kislev coïncide avec novembre-décembre. L Lag ba-Omer : 33e jour de l’Omer. Léa : fille de Laban et femme de Jacob. Leonardo Marconi : (1835-1899) architecte et sculpteur polonais d’origine italienne qui a travaillé au 19e siècle. Lettre kabbalistique : lettre provenant de la Kabbale. Livre des Proverbes : recueil portant sur la morale dans la vie de tous les jours. M Maariv : office récité tous les soirs après la tombée de la nuit. Maguen David : bouclier de David, par extension, étoile de David. Maïmonide : (1135-1204) Moché ben Maïmon né à Cordoue, en Espagne ; rabbin, penseur et médecin. Mappa : bande de tissu servant à maintenir ensemble les rouleaux de la Torah. Massekhet Sofrim : traité du Talmud relatif à l’écriture et aux règles des livres saints et de la Loi. Mauresque : terme qui désigne la civilisation et les coutumes des Maures Berbères d’Afrique du Nord. Maurice Schwartz : (1889-1960) originaire d’Ukraine, il est l’un des derniers acteurs du théâtre yiddish new-yorkais. En 1939, il monte et joue le rôle de Tèvié dans le film Tevye the Milkman. Le film était considéré comme perdu jusqu’à ce qu’on en retrouve une copie en 1978. Maurice Spertus : (1903-1986) homme d’affaires et philanthrope. Il a fondé le musée Spertus à Chicago. Méïl : manteau. Ménorah : nom du candélabre à sept branches dont le prototype fut confectionné pour le Tabernacle du désert. Michna : du verbe lechanen : répéter, signifie au sens propre apprendre par cœur une tradition orale. Elle désigne l’ensemble des traditions religieuses développées jusqu’en l’an 200. Min’ha : office de l’après-midi. Moïse : prophète qui a fait sortir le peuple hébreu d’Egypte. Moritz Daniel Oppenheimer : (1800-1882) originaire de Hanau, il est appelé le premier peintre juif. Il étudie l’art à l’académie de Munich, à Paris et à Rome, puis il revient à Francfort où il termine sa vie. Moussaf : prière supplémentaire pour le Chabbat et les fêtes. N Nef : allée centrale qui, en architecture, traverse un lieu de prière. Dans une synagogue, c’est l’espace qui va de l’entrée à l’Aron ha-Kodech. 79 80 N Nef : allée centrale qui, en architecture, traverse un lieu de prière. Dans une synagogue, c’est l’espace qui va de l’entrée à l’Aron ha-Kodech. Néoménie : la nouvelle lune. Netilat Yadaïm : ablution des mains. Niellé : en orfèvrerie c’est l’incrustation d’un filet de sulfure d’argent noir pratiquée sur un autre métal. Nissan : le mois de Nissan coïncide avec mars-avril. Nombres : ba-Midbar, quatrième livre du Pentateuque. Norman Jewison : né en 1926 au Canada, dans une famille protestante, il produit et met en scène près de quarante films, dont Le Violon sur le toit. O Omer : mesure d’orge qu’on offrait le deuxième jour de Pessa’h au Temple de Jérusalem. Par extension, période de sept semaines qui sépare Pessa’h de Chavouot. Oskar Schindler : (1908-1974) industriel d’origine tchèque. Il sauva plus de 1,100 Juifs pendant la guerre en les faisant travailler dans ses usines. En 1967, le Mémorial de Yad Vashem le proclame « Juste parmi les nations ». P Parokhet : rideau qui, dans le Tabernacle, séparait le Saint du Saint des Saints. A la synagogue c’est le rideau placé devant l’Arche sainte où sont conservés les rouleaux de la Torah. Pentateuque : ‘Houmach, les cinq livres de la Torah. Pessa’h : Pâque. Fête célébrant la sortie d’Egypte et le passage des Hébreux de l’état d’esclavage à la liberté. Pourim : sorts. La fête de Pourim a lieu le 14 et le 15 Adar. Elle commémore la victoire des Juifs sur leurs ennemis. R Rabbi Loew : (1520-1609) Yehouda Loew ben Betsalel, connu sous le nom de Maharal. Originaire de Moravie il fut rabbin de Prague sous le règne de l’empereur Rodolphe II. Rachel : femme de Jacob qui donna naissance à Joseph et à Benjamin. Rebecca : fille de Betouel, femme d’Isaac et mère de Jacob et d’Esaü. Rimonim : grenades. Roch ha-Chana : Nouvel An juif. Roch ‘Hodech : commencement du mois. Le mois hébraïque commence avec la nouvelle lune. S Sanhédrin : constitué de 71 anciens, le Sanhédrin était la haute cour de justice d’Erets Israël. Sarah : femme d’Abraham et mère d’Isaac. Séfarade : Juif originaire d’Espagne ou du Portugal. Après les expulsions, les Juifs séfarades se sont répartis sur le pourtour du bassin méditerranéen. Sefer Torah : copie manuscrite de la Torah sous forme d’un rouleau. Sidour : livre qui contient les prières journalières. Sim’hat Torah : joie de la Torah. Jour où l’on achève la lecture du Pentateuque. Sivan : le mois de Sivan coïncide avec mai-juin. Souccot : fête qui rappelle les 40 ans d’errance dans le désert avant le retour en Erets Israël. Steven Spielberg : né en 1946 à Cincinnati dans l’Ohio. Cinéaste, il a aussi fondé les Archives Spielberg du film juif et une fondation qui recueille les témoignages des survivants de la Shoah. Synagogue : lieu de prière. T Tabernacle : tente où était enfermée l’Arche d’Alliance dans le désert avant la construction du Temple. Talith : châle de prière rectangulaire à franges. Talmud : ensemble des lois et traditions juives accumulées pendant sept siècles : depuis 200 AEC jusqu’à l’an 500. Tapou’him : pommes. Tass : plaque de Torah qui s’inspire du pectoral porté par le grand prêtre. Temple : Temple de Jérusalem. 81 Teva : chez les Séfarades, la Teva est l’endroit d’où on lit la Torah à la synagogue. Il est aussi appelé Bima ou encore Almemar dans les communautés achkénazes. Tevet : le mois de Tevet coïncide avec décembre-janvier. Thomas Keneally : écrivain australien né en 1935. Thomas Keneally est surtout connu pour son livre qui inspira La Liste de Schindler. Ticha be-Av : 9e jour du mois d’Av. Jour de jeûne qui commémore la destruction du premier Temple en 586 AEC et du second Temple en 70 l’an. Tichri : le mois de Tichri coïncide avec septembre-octobre. Tiq : écrin. Torah : enseignement. Regroupe les cinq livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Tou be-Av : 15e jour du mois d’Av. Tou bi-Chevat : nouvel an des arbres dans le calendrier agricole. Tsitsit : longues franges nouées aux quatre coins du Talith. Tsvi Hirsch Segal Spitz : éditeur du 18e siècle en Allemagne. W Wimpel : en allemand, bande de tissu qui sert à maintenir les rouleaux de la Torah lorsqu’ils sont déposés dans l’Arche. Wolf Leib Katz Poppers : scribe et illustrateur originaire de Hildesheim en Allemagne au 18e siècle. Y Yad : main. Yom ha-Atsmaout : jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël. Yom ha-Choah : jour du souvenir de l’Holocauste. Yom ha-Zikaron : jour du souvenir des victimes de guerre. Yom tov : jour de fête. Z Zakhor : souviens-toi. 82 Crédits Photographiques Couverture © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 8-9 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 10 : © Collection Famille Gross ; Page 12 : © Collection Famille Gross ; Page 12 : © Collection Famille Gross ; Page 13 : © Collection Famille Gross ; Page 14 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 15 : © Beth Hatefutsoth, Musée du peuple Juif, Tel Aviv ; Page 16 : © Beth Hatefutsoth, Musée du peuple Juif, Tel Aviv ; Page 16 : © Beth Hatefutsoth, Musée du peuple Juif, Tel Aviv ; Page 17 : © Beth Hatefutsoth, Musée du peuple Juif, Tel Aviv ; Page 17 : © Photographie Laurent Soulam ; Page 18 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 19 : © The Jewish Museum, New York ; Page 20 : © Collection Famille Gross ; Page 20 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 21 : © Collection Famille Gross ; Page 22 : © Collection particulière, Jérusalem ; Page 22 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 23 : © Collection particulière, Jérusalem ; Page 25 : © MGM Media Licensing A division of MGM Home Entertainment Distribution Corp ; Page 26 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 27 : © NBCUniversal ; Page 28 : © Collection Famille Gross ; Page 29 : © Collection Famille Gross ; Page 29 : © Collection Famille Gross ; Page 30 : © Collection Famille Gross ; Page 31 : © MAHJ © Photo © Robert David ; Page 31 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 33 : © Collection Famille Sidi ; Page 34 : © The Israel Museum Jerusalem – Photo © The Israel Museum Jerusalem by Ardon Bar-Hama ; Page 34 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 35 : © Collection Famille Gross ; Page 37 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel © Photo Laurent Soulam ; Page 38 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 39 : © MAHJ © Photo © Mario Goldman ; Page 40 : © Collection Famille Gross ; Page 41 : © Collection Famille Gross ; Page 42 : © Collection Famille Gross ; Page 43 : © Collection Famille Gross ; Page 43 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 44 : © Collection Famille Gross ; Page 45 : © Collection Famille Gross ; Page 45 : © Collection Famille Gross ; Page 46 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 47 : © Collection Famille Gross ; Page 47 : © Collection Famille Gross ; Page 49 : © Collection Famille Gross ; Page 50 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 51 : © The Israel Museum Jerusalem ; Page 52 : © Collection Famille Gross ; Page 53 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 54 : © Collection Famille Gross ; Page 54 : © Collection Famille Gross ; Page 55 : © Collection Famille Gross ; Page 56-57 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 58 : © Collection Famille Gross ; Page 61 : © Collection Famille Gross ; Page 62 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 63 : © MAHJ Photo © Niels Forg ; Page 65 : © Collection Famille Gross ; Page 66 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 67 : © Collection Famille Gross. Composition : Danny Battat Achevé d’imprimer en Juillet 2016 par Printiv Publié par les Editions ADCJ 10 Beer Sheva Street, 94507 Jérusalem – Courriel : contact@adcj.org Dépôt légal : février 2016, ISBN 978-965-91970-4-0 Imprimé en Israël Trombinoscope Michèle Fingher, docteur en Histoire du Théâtre, initiatrice du projet : Le Voyage de Betsalel Florence Soulam, docteur en Histoire de l’art, initiatrice du projet : Le Voyage de Betsalel Eliezer Schilt, docteur en Histoire. Tamar Hochstadter, illustratrice pour enfants. A étudié à l’Ecole des Beaux-Arts de Betsalel Déjà parus : Roch ha-Chana, Yom Kippour, Souccot, Hochana Rabba et Sim’hat Torah ‘Hanoukka, Tou bi-Chevat, Pourim Pessa’h, Yom ha-Choah, Yom ha-Zikaron, Yom ha-Atsmaout, Lag ba-Omer, Chavouot, Ticha be-Av, Tou be-Av

De Pessa’h à Tou be-Av

1ère de Couverture du Tome 3 de l'art en fête

Nous remercions pour leur soutien à la publication de cet ouvrage : Ezra Venture La Fondation du Judaïsme Français La Fondation Sitcowsky – sous l’égide de la FJF L’Institut Alain de Rothschild La Fondation Ignace Picard La Fondation pour la Mémoire de la Shoah * Nous exprimons notre reconnaissance à la famille Gross, au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme et au Musée de Tel-Aviv, qui nous ont autorisés à utiliser les photographies de leurs fonds. * Nous remercions pour leur contribution, remarques et conseils, Shalom Tsabar, Yehouda Moraly, Elisheva Revel, Laurence Sigal, Déborah Elalouf, Gilles Elalouf, Laurent Edel, Nathalie Serfaty, Nelly Hansson, Isabelle Cohen, Jean-Jacques Wahl, Chantal Mettoudi, Richard Sitbon, Corinne Kalifa, Edith Sidi, Amandine Saffar, Joyce Krief. * © Editions ADCJ – Le Voyage de Betsalel, 2014 ISBN : 978–965–91970–3–3 Auteures : Michèle Fingher et Florence Soulam Illustration : Tamar Hochstadter Tous droits de traduction, reproduction ou représentation intégrale ou partielle sont réservés pour tous les pays. Editions ADCJ, 56 rue Hallé, Paris 75014, France. contact@adcj.org www.adcj.org L’Art en fête Pessa’h, Yom ha-Choah, Yom ha-Zikaron, Yom ha-Atsmaout, Lag ba-Omer, Chavouot, Ticha be-Av et Tou be-Av Ecrit par Michèle Fingher et Florence Soulam Illustré par Tamar Hochstadter Sommaire L’Art en fête 6 De Pessa’h à Tou be-Av 7 Pessa’h 10 La sortie d’Egypte à Doura Europos 12 Les préparatifs de Pessa’h 14 Nappes de Pessa’h 16 Plats de Seder 18 Coupes de Kidouch 20 Broderies 22 La Haggadah de Ryland 24 La Haggadah de Darmstadt 26 Une Haggadah imprimée en 1712 28 La Haggadah d’Offenbach 30 La Haggadah d’Arthur Szyk 31 Une affiche de Pessa’h 32 Un autobus sur la table du Seder 34 Reuben Rubin peint le Seder 36 Ma Nichtana ? 38 Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille 40 Du film muet au cinéma parlant 42 Décompte de l’Omer 44 Yom ha-Choah, Brundibár 47 Yom ha-Zikaron, la pyramide de Jérusalem 49 Yom ha-Atsmaout, le drapeau d’Israël 51 Lag ba-Omer 53 Danse autour du feu 54 Chavouot 57 Une Ketouba pour célébrer Chavouot 58 Matan Torah 59 ‘Hag ha-Bikourim 60 Ticha be-Av 63 Eikha 64 Tou be-Av, des fiançailles au mariage 67 Quiz 68 Réponses 72 Dico 75 Crédits photographiques 83 L’Art en fête L’Art en fête comprend quatre livres. Le premier livre présente les cinq fêtes du mois de Tichri : Roch ha-Chana, le Nouvel An, Kippour, le jour du Grand Pardon, Souccot, la fête des Cabanes, Hochana Rabba, le 7e jour de Souccot, Sim’hat Torah, la fête de la Torah. Le second livre évoque les fêtes de ‘Hanoukka, Tou bi-Chevat et Pourim : ‘Hanoukka, le 25 Kislev, fête la résistance spirituelle du judaïsme, Tou bi-Chevat, le 15 Chevat, est évoqué dans la Michna comme le nouvel an des arbres, Pourim, le 14 et 15 Adar, rappelle comment les Juifs du royaume d’Assuérus ont échappé à un massacre. Le troisième livre regroupe les six fêtes du printemps et de l’été : Pessa’h, la Pâque juive, tombe le 15 Nissan, Yom ha-Choah et Yom ha-Zikaron, les jours du souvenir et Yom ha-Atsmaout, le jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël, Lag ba-Omer, le 33e jour de l’Omer se rattache à Rabbi Akiva, Chavouot, la fête du don de la Torah sur le mont Sinaï, Ticha be-Av, le 9e jour du mois d’Av, pour se souvenir de la destruction du Temple, Tou be-Av, le 15e jour du mois d’Av où à l’époque du second Temple les jeunes gens choisissaient leur fiancées. Le quatrième livre aborde Chabbat et Roch ‘Hodech. 6 De Pessa’h à Tou be-Av Dans la Torah, le début de l’année commence le 1er jour de Nissan car c’est à ce moment-là que le peuple d’Israël s’est affranchi du joug égyptien. Le calendrier hébraïque compte trois autres débuts d’année : נִי ָס i ָרה; le 1er et le 2 Tichri : le nouvel an du monde, ִ ְ ֵרי le 15 Chevat : le nouvel an des arbres, le 1er Eloul : le nouvel an des bêtes. La fête de Pessa’h a lieu, au printemps, le 14 Nissan. Elle dure 7 jours en Israël et 8 en Diaspora. ְ ָבט ֱאלnל ֶ ַסח Le décompte de l’Omer se fait chaque soir après la prière d’Arvit. Il débute le lendemain de Pessa’h et se termine à Chavouot, soit sept semaines plus tard. ְר ִבית ַע עi ֶמר; ָ בnעiת Puis viennent les jours du souvenir avec Yom ha-Choah, Yom ha-Zikaron. Yom ha-Atsmaout est le jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël. ַהזִי ָcרו ַה i ה; יi ַע ְצ ָמאnת ָה iי iי Lag ba-Omer, le 33e jour de l’Omer se rattache à Rabbi Akiva et célèbre la vaillance de Bar Kokhba. Au mois de Sivan a lieu la fête de Chavouot. Elle commémore le don de la Torah au pied du mont Sinaï, dans le désert. ל”ג ַ»עi ֶמר ִסיוָ ִסינַי Ticha be-Av vient rappeler la destruction des 1er et 2e Temples et le début de l’exil. C’est un jour de jeûne qui commence la veille au soir, et dure 24 heures. ְ» ב ִ ְ ָעה Tou be-Av annonce le mois d’Eloul. Il est cité dans la Michna comme un jour de réjouissance. ט”ו ְ» ב; ִמ ְ ָנה 7 ;´iu¨Ž ´iu¨Ž žŽ œ¡ Pessa’h Nissan est le mois de la sortie d’Egypte et de la fin de l’esclavage. La fête de Pessa’h est également appelée : Fête des Matsot ou ‘Hag ha-Matsot, Fête du printemps ou ‘Hag ha-Aviv, ›£›‹ Ӟ 㪴Œ 㲡Œ ¯¨Œ ¡ œ¡ ©¨Ž ‡  Epoque de notre libération ou Zman ‘Héroutenou. A Pessa’h, il est interdit de consommer, de profiter ou de posséder du ‘Hamets pendant sept jours pour ceux qui habitent Israël, pendant huit jours pour ceux qui sont en Diaspora. Us et coutumes Le premier né de chaque famille jeûne la veille de Pessa’h pour se rappeler la 10e plaie qui a frappé les premiers nés en Egypte. Si l’enfant est trop petit pour jeûner, son père jeûne à sa place. 10 Livre des coutumes, Hollande, 1768 La synagogue La synagogue est nettoyée et parfois repeinte. Le soir de la fête, la prière de Maariv est suivie du Hallel. Puis les familles rentrent à la maison pour le Seder. Le lendemain, à l’office du matin, on récite le Hallel et on sort deux rouleaux de la Torah de l’Aron. A partir de Pessa’h, on cesse de prier pour la pluie et on commence à réciter la prière pour la rosée. La maison On nettoie la maison de fond en comble pour se débarrasser du ‘Hamets bien avant l’entrée de la fête. La vaisselle de tous les jours est remplacée par une vaisselle utilisée spécialement pour la semaine de Pessa’h. Le 13 Nissan au soir, on recherche dans toute la maison s’il reste le moindre morceau de pain ou de farine : c’est la Bedikat ‘Hamets. Durant sept jours, qu’il ne soit point trouvé de levain dans vos maisons ; car quiconque mangera une substance levée, celui-là sera retranché de la communion d’Israël … (Exode 12-19) ¦¦Œ žŽ ¯¨Œ ¡ ;›£²‹ ¬‰¨Ž ² «Œ ©i²Ó ´± £‹ ߇ Le 14 Nissan, c’est le soir du Seder. On dresse la table avec soin. On lit la Haggadah, on boit les quatre coupes de vin et on mange les mets symboliques disposés sur le plateau du Seder. Vers la fin de la soirée, les enfants cherchent l’Afikoman. ž œžŽ ©¨ i±£®‹ š‰ 11 La sortie d’Egypte à Doura Europos Cette scène est un détail de la fresque qui couvre tous les murs de la synagogue de Doura Europos. Elle se trouve en haut à droite de la niche. C’est la plus ancienne fresque représentant la sortie d’Egypte. Moïse est représenté deux fois, debout et de face, au centre de la scène. Les mains de Dieu lui indiquent le chemin. Û² ‡ ¨‹ A droite, il lève un bâton vers une multitude de corps qui se noient. Ce sont les Egyptiens. Cette version se rapporte au Midrach de Rabbi Nathan selon lequel les Egyptiens furent engloutis nus. A gauche, Moïse abaisse son bâton en direction de l’eau. Douze personnages portant des bannières représentent les douze tribus d’Israël. Devant eux une multitude de soldats. L’artiste ne cherche pas à décrire réellement de quelle façon s’est déroulée la sortie d’Egypte mais plutôt à montrer comment Moïse guide le peuple d’Israël. 12 La sortie d’Egypte, Doura Europos, Syrie, 245 Quand et comment la ville de Doura Europos a-t-elle 13 été découverte ? Ce feuillet du manuscrit de Rothschild a été écrit au 15e siècle, au nord de l’Italie, par le scribe Moïse ben Yekoutiel ha-Cohen. Trois petites scènes décrivent les préparatifs de Pessa’h. Sur la première scénette, en haut, un homme recherche le ‘Hamets à l’aide d’une plume et à la lueur d’une bougie. Sur celle du milieu, un homme verse de l’eau avec une louche dans un bac en bois rempli de farine. Une femme s’apprête à pétrir la pâte. ַמ ָצה La scène du bas présente les trois opérations de la préparation de la Matsa. De face, une femme étale la pâte avec un rouleau à pâtisserie. Sur le côté droit, un jeune homme pique les Matsot, alors qu’une troisième personne, à gauche, les enfourne dans un four. 14 Qu’est ce que le ‘Hamets ? Manuscrit de Rothschild, Italie, 1450 15 Nappes de Pessa’h Certaines communautés séfarades et orientales ont l’habitude de recouvrir le plat du Seder d’une nappe. £‹Ÿ ©œŒ¨ ©i£u‹ Imprimée au tampon, cette nappe en coton est bordée d’un motif iranien. Au centre, quatre mains tiennent une Matsa décorée d’un Maguen David. A l’intérieur, est inscrit le mot Sion. Autour des quatre mains, les 15 étapes du Seder sont inscrites en lettres épaisses. 16 L’artiste a dessiné un lion, un daim, un aigle et un léopard en-de1s2s.o5us de la couronne. D’après toi, pourquoi ? Nappe, Erets Israël, 1920 Des passages en yiddish imprimés sur cette nappe laissent penser qu’elle était destinée à un public achkénaze. Elle fait partie des objets expédiés aux donateurs de Diaspora pour les remercier d’aider les organisations juives d’Israël. Le décor imprimé sur tissu provient des presses de Monsohn. 17 ²i²¨ «íŽ ²‡ èŽ ´²  ¡‰ ´« i²¡‰ ¬i²‡  Plats de Seder Le plat du Seder est un objet que l’on retrouve dans presque toutes les familles juives. Il peut être en métal, en céramique ou en verre. On y place les sept mets symboliques consommés le soir de la fête : des Matsot, car les Hébreux n’ont pas eu le temps de faire lever la pâte avant leur départ d’Egypte, du Maror (herbes amères), en souvenir de la dureté des travaux à l’époque des pharaons, du Karpass (céleri), trempé dans de l’eau salée, pour rappeler les larmes de nos ancêtres en Egypte, de la ‘Hazeret (raifort), en souvenir de la vie amère des Hébreux en Egypte, de la ‘Harosset (mélange de pomme, cannelle et noix), car sa consistance évoque le mortier que fabriquaient les esclaves, un Zroa (os), pour rappeler le bras étendu avec lequel Dieu délivra son peuple, un œuf dur, en souvenir de la destruction du Temple. Plat de Seder, Ukraine, 1805 Ce plat ovale en argent a été fait à Lvov, en Ukraine. Au centre, une foule sort de la ville. Elle symbolise les Juifs qui quittent l’Egypte. L’artiste a adapté le paysage aux habitations d’Europe. Ce dessin se retrouve sur de nombreuses Haggadot imprimées en Europe à partir de 1695. 18 Pourquoi le pourtour de cette assiette comprend-il 16 médaillons et non 15 selon le nombre des étapes de la soirée du Seder ? En Hongrie, la fabrique Herend fondée au 19e siècle fabriquait de la porcelaine peinte et des poteries. Peu de pièces ont survécu au temps. On peut voir sur le pourtour de ce plat le premier mot de chaque étape. Il y en a 15 en tout. Plat de Seder, Hongrie, 1935 19 ִקידnש ִ» ְר ָcת ַה ָמזi ֶ ל ֶ ַסח On boit quatre coupes de vin pendant le Seder. La première coupe est versée au Kidouch, la seconde lorsqu’on lit la sortie d’Egypte, la troisième lorsqu’on récite la prière du Birkat ha-Mazone et la quatrième pour le Hallel. Ces quatre coupes correspondent aux quatre degrés de délivrance évoqués dans le livre de l’Exode. Je suis l’Eternel ! Je veux vous soustraire aux tribulations de l’Egypte et vous délivrer de sa servitude ; et je vous affranchirai avec un bras étendu, à l’aide de châtiments terribles. Je vous adopterai pour peuple… (Exode 6, 6-7) Cette coupe sur pied, en argent, est décorée d’un motif de croisillons. Elle porte l’inscription « Chel Pessa’h » encadrée de deux lions. 20 Coupe de Kidouch, Pologne, 1810-1824 Une cinquième coupe, celle du prophète Elie, est versée en même temps que celle du Kidouch. Elle reste remplie durant tout le repas du Seder. D’après le prophète Malachie, c’est le prophète Elie qui viendra annoncer la venue du Messie un soir du Seder. Cette coupe en argent niellé a été donnée par un ‘Hassid à son maître. Elle a été commandée à un artisan local des environs de Moscou. Puis le ‘Hassid £«‹ ¡ a fait rajouter la dédicace ainsi que l’inscription en hébreu : « Coupe du prophète Eliahou ». š£›‹ 돞Ž ãžæ¦‹ šŒ ¦Û «iè A quel moment du repas du Seder ouvres-tu 21 Coupe de vin, Russie, 1837 la porte au prophète Elie ? Jadis, la broderie était une affaire de femme. Son apprentissage faisait partie de l’éducation donnée aux jeunes filles. On brodait le linge de la maison et le linge personnel de la future mariée. Ces pièces, soigneusement rangées pendant l’année, étaient sorties à l’occasion de la fête. ָח ָכ ָר ָ ע ַ 22 Broderie, Allemagne, 1850 On voit sur cette broderie en soie les quatre fils de la Haggadah. le ‘Hakham, le Racha, le Tam, celui qui ne sait pas poser de questions. Le motif populaire en Allemagne est ici inspiré d’une gravure de la Haggadah d’Amsterdam de 1695. Dans certaines communautés, les convives placent un coussin sous leur coude pour être plus à l’aise lorsqu’ils boivent les quatre coupes de vin et mangent la Matsa. Cette taie a été brodée pour recouvrir le coussin utilisé lors du soir du Seder. Est-ce que le premier commandement a un lien avec la fête de Pessa’h ? 23 Taie brodée, Allemagne, 1895 La Haggadah de Ryland Avant le 13e siècle, la Haggadah faisait partie du livre de prière. Après le 13e siècle, elle devient un livre indépendant et s’enrichit de passages du Hallel, de versets bibliques et de Midrachim. La Haggadah de Ryland est richement décorée. Moïse, le personnage principal, est vêtu comme un espagnol du 14e siècle. Avant le texte, l’enlumineur a dessiné treize pages illustrant les treize passages du livre de l’Exode, depuis l’épisode du buisson ardent jusqu’à la traversée de la mer Rouge. La première page comprend quatre scénettes et se lit de droite à gauche. Elles illustrent l’histoire du bâton de berger qui se transforme en serpent et Moïse qui se déchausse devant le buisson ardent. 24 25 Haggadah de Ryland, Catalogne, 1330 La Haggadah de Darmstadt C’est Israël ben Meïr de Heidelberg qui a écrit la Haggadah de Darmstadt. Celle-ci est peut-être le cadeau d’un père à sa fille ou d’un mari à sa femme, on ne sait pas. En effet, les personnages représentés n’ont aucun rapport avec la sortie d’Egypte. Nous voyons des femmes assises à côté de maîtres souvent plus âgés qu’elles. On peut penser que la destinataire était érudite et savait lire l’hébreu, ce qui était exceptionnel à l’époque. Les femmes sont peu mentionnées sur les Haggadot de Pessa’h et, d’ailleurs, à l’époque de la Michna, au 2e siècle, seuls les hommes participaient au repas du Seder. ±² ߇ £ªŒß‡ Au bas de la page, neuf hommes sont accoudés à la table du Seder. Il s’agit des cinq Sages de Bnei Brak et des quatre enfants cités dans la Haggadah : le sage, le simple, le rebelle et celui qui ne sait pas poser de questions. Seul le sage a la main posée sur un livre. 26 Haggadah de Darmstadt, Allemagne, fin du 15e siècle 27 Une Haggadah imprimée en 1712 Avec l’invention de l’imprimerie, le travail des enlumineurs et des miniaturistes disparaît progressivement. Plus besoin de travailler à la main ! Les premières illustrations ont cependant des traits épais car les graveurs utilisaient des plaques de bois. Cette Haggadah est la première à avoir des illustrations plus fines effectuées à partir de plaques en cuivre. ¦šŒ ² ܇ ‹£ ¯² š Cette première page appelée page-titre fait partie de la seconde édition d’une Haggadah imprimée en 1695. Très appréciée, elle a fait l’objet de nombreuses rééditions pendant deux siècles. A cette Haggadah, était jointe la première carte d’Erets Israël où les noms des villes étaient écrits en hébreu. Cette page-titre est composée comme une pièce de théâtre en deux actes. Sur l’avant-scène, Moïse et Aaron présentent la Haggadah, laissant le lecteur-spectateur découvrir à l’arrière-plan, encadré par un rideau, le même Moïse, plus jeune, en train de se déchausser devant le buisson ardent. 28 Haggadah de Pessa’h, Hollande, 1712 29 La Haggadah d’Offenbach Siegfried Guggenheim, originaire d’Offenbach en Allemagne, est avocat et collectionneur de livres d’art juif. Il réédite en 1927 une ancienne Haggadah parue en 1772 : la Haggadah d’Offenbach. Il fait traduire le texte hébreu en allemand et change la phrase « L’an prochain à Jérusalem » en « L’an prochain à Worms sur le Rhin notre patrie ». Les frères Klingspor impriment cette Haggadah décorée par Fritz Kredel en 300 exemplaires. Quel détail dessiné par Fritz Kredel rappelle la naissance de Moïse ? 30 La Haggadah d’Offenbach, Allemagne, 1927 La Haggadah d’Arthur Szyk Cette page de Haggadah est la 2e version d’un dessin d’Arthur Szyk jamais publié. Il avait fait figurer sur la première version le fils rebelle avec un brassard portant une croix gammée. Les éditeurs européens furent réticents à la publier. Arthur Szyk prit donc le parti de le lui ôter, mais lui laissa la moustache. La Haggadah est finalement publiée en 1940, à 250 exemplaires. Le journal Times de Londres la considère comme un véritable chef d’œuvre. La Haggadah de Szyk, Pologne, 1935 31 Une affiche de Pessa’h C’est parce que le Rav Moïse ben Maïmon est né le 14 Nissan qu’il figure sur cette affiche réalisée à l’occasion de Pessa’h. Rav Moïse ben Maïmon, connu sous le nom de « Maïmonide » ou « Rambam », est né en Espagne et doit se réfugier à Fez, au Maroc, pour fuir les persécutions. C’est là qu’il acquiert une formation de médecin. ²® «Œ ;´iŸu‡ ê‹ žŽ ž² iò žªÛ‡ ¨‹ En 1165, il s’embarque pour Erets Israël et aide la communauté juive à se reconstruire. Il passe les dernières années de sa vie en Egypte. Auteur du Sefer ha-Mitsvot, du Michné Torah et du Guide des égarés, on estime que Rambam est le plus grand penseur du moyen âge. Son portrait est accompagné de la représentation de Moïse et d’Aaron, de symboles juifs et de paysages d’Erets Israël. En haut de l’affiche est écrit en hébreu : « Pendant sept jours tu respecteras la fête des Matsot et mangeras des Matsot. » 32 Comment appelle- t- on le chapeau que porte le Rambam ? 33 Affiche, Erets Israël, 1940 Il y a ni plateau du Seder ni Matsot sur le tableau d’Eliahou Sidi. Pourtant de nombreux indices indiquent qu’il s’agit d’un Seder. En effet : ֶאֶגד l’homme et la femme assis de chaque côté de la table sont accoudés, devant l’homme il y a une coupe de vin, sur la table, un autobus de la compagnie israélienne Egged rempli de voyageurs roule en direction de Jérusalem, en dessous de la table, les soldats du Pharaon se noient. 34 Repas du Seder, Eliahou Sidi, Israël, 1983 35 Reuben Rubin peint le Seder Né en Roumanie, Reuben Rubin arrive en Erets Israël en 1912 pour étudier le dessin à l’Ecole Betsalel de Jérusalem. Pendant quelques années il voyage en Europe et aux Etats-Unis. En 1922 il revient à Jérusalem et y expose pour la première fois. Juste après la fondation de l’Etat d’Israël, en 1948, il peint le « Premier Seder à Jerusalem ». ¯ãߣ±‹ ±£‹ªu‡ ãߣ±‹ La table, recouverte d’une nappe blanche, est dressée en plein air. Rubin y réunit des Juifs issus de milieux, d’âges et d’époques différents : des enfants, des personnes âgées, des religieux, des laics, des habitants de kibboutz, des ouvriers, des militaires et même un personnage des temps bibliques. Reuben Rubin se peint lui-même sur de nombreuses toiles. Ici, il se représente, assis en bout de table, en sandale et en chemise blanche, comme un kibboutznik. 36 Premier Seder à Jerusalem, Reuben Rubin, Israël, 1949-50 37 žëòŽ ۇ ‹ë ž¨Ž Ma Nichtana ? Lors de la lecture de la Haggadah, les enfants sont invités à poser la question : en quoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ? « Ma Nichtana ? …». Donner la parole aux enfants permet de leur faire remarquer la singularité de cette nuit : cette nuit, on ne mange pas de pain mais des Matsot ; on mange des herbes amères et on est obligé de mettre les coudes sur la table. La réponse est dans la Haggadah : « Nous étions esclaves de Pharaon en Egypte… ». La participation des enfants au soir du Seder est essentielle. Eliahou Eric Boukobza a donc représenté un enfant qui brandit deux Matsot et du Maror. Le mot Pessa’h est inscrit sur la Matsa qu’il tient dans la main. 38 Ma Nichtana, Eliahou Eric Bokobza, Israël, 2012 39 Les Dix Commandements par Cecil B. DeMille Cecil B. DeMille commence sa carrière d’acteur à Broadway en 1900 avant de s’intéresser au cinéma. Son premier film date de 1914. Avec Les Dix Commandements, DeMille met en scène le film le plus cher jamais réalisé. Le film est conçu en deux parties. Dans la première, il relate la sortie d’Egypte. La seconde partie explique les conséquences du non-respect des Dix Commandements dans une famille du début du 20e siècle. Le tournage du film nécessite 2500 figurants. Pour réduire le coût du film, Cecil B. DeMille choisit de tourner en Californie les scènes qui se passent en Egypte. Une fois le tournage terminé, il fait dynamiter les décors trop chers à transporter. Ces décors, comprenant en particulier 21 sphinx et des statues hautes de 11 mètres, ont été réalisés par 1600 ouvriers. Ils sont encore enterrés dans le sable. Le film sort sur les écrans un an après la découverte de la tombe de Toutankhamon en novembre 1922 ; il reçoit une excellente critique. ´i²ß‡ ዠžŽ ´² ܍ ¬‰ 40 Les Dix Commandements, Cecil B. DeMille, USA, 1923 41 Du film muet au cinéma parlant Bien plus tard, à l’âge de 75 ans, après avoir réalisé plus de 80 films, Cecil B. DeMille décide de refaire une nouvelle version des Dix Commandements. Le film dure cette fois plus de trois heures. La seule écriture du scénario s’étale sur trois ans. Cecil B. DeMille prend conseil auprès d’un rabbin et d’égyptologues. Le tournage dure deux ans, et se déroule en partie dans le Sinaï. Il faut à l’équipe près d’un an pour effectuer le montage et les effets spéciaux du film. Dès sa sortie en salle, le film connaît un énorme succès. DeMille ne touchera pas un dollar des recettes, qu’il consacrera à des œuvres charitables. Cecil B. DeMille s’inspire des gravures de Gustave Doré pour réaliser en particulier la traversée de la mer Rouge. 42 Les Dix Commandements, Cecil B. DeMille, USA, 1956 43 Décompte de l’Omer Du premier soir de Pessa’h à Chavouot, la période de l’Omer dure 7 semaines. C’est le nombre de jours que les enfants d’Israël ont attendu depuis la sortie d’Egypte jusqu’au don de la Torah, à Chavouot. L’Omer est une mesure d’orge apportée au Temple le second jour de Pessa’h. … quand vous serez arrivés dans le pays que je vous accorde, et que vous y ferez la moisson, vous apporterez un Omer des prémices de votre moisson au pontife […] Puis, vous compterez […] sept semaines, qui doivent être entières… (Lévitique 23, 10 et 15) Ce n’était donc qu’après avoir apporté au Temple cette offrande qu’on pouvait commencer à puiser dans l’orge nouvellement récolté. Après la destruction du Temple, seule la pratique du décompte de l’Omer subsistera. Les calendriers de l’Omer peuvent être très différents. Celui-ci, confectionné par l’orfèvre de Napoléon III, Maurice Mayer, est en argent, en pierres semi-précieuses, en verre et en parchemin. 44 Quelle relation arithmétique peux- tu établir entre le premier nombre affiché en haut du calendrier, 33, et les deux autres nombres affichés plus bas 4 et 5 ? 45 Calendrier de l’Omer, France, 19e siècle ´« ªè‡ Yom ha-Choah, Brundibár En 1951, soit 3 ans après la création de l’Etat d’Israël, le parlement la « Knesset » décide d’instaurer un moment de recueillement pour les déportés des camps nazis. La journée du 27 Nissan commémore deux évènements : le soulèvement du ghetto de Varsovie et Yom ha-Choah. Malgré la peur qui les taraudait continuellement pendant la guerre, les Juifs n’ont pas cessé de créer. Brundibár (Le Bourdon) écrit par Adolf Hoffmeister sur une musique de Hans Krása, a été monté pour la première fois, en 1943, au camp de concentration de Terezín. Brundibár est un opéra en deux actes chanté par des enfants. Il raconte l’histoire de deux enfants qui chantent dans la rue pour gagner quelques sous. Chassés par les gens du quartier et notamment par Brundibár, un joueur d’orgue de barbarie, ils triomphent de l’adversité. C’est la victoire du faible sur le fort, de l’opprimé sur le tyran, de la beauté de la musique sur la laideur du monde. On pensait la partition originale de l’opéra perdue. Elle a été retrouvée en 1970 chez la sœur du pianiste Gideon Klein. Brundibár est joué maintenant dans le monde entier. 47 Affiche, Tchécoslovaquie, 1943 Yom ha-Zikaron, la pyramide de Jérusalem Yom ha-Zikaron est le jour du Souvenir des soldats morts lors des guerres et des civils tués dans des attentats. Il est commémoré le 4 Iyar et dure 24 heures. Le jour de Yom ha-Zikaron, une sirène retentit à deux reprises. De nombreuses cérémonies sont organisées dans tout le pays. On perpétue le souvenir des victimes : en allumant une bougie du souvenir, š¦Œ ¨ ¦šŒ ;²i臠‹£ • en récitant les prières de Yizkor, Û£‹ ±Ž ;§£¨‹ ¡‰ ²Ž El Male Ra’hamim, le Kaddich, ´i£ªŽÛ‡ ¨‹ §£‹ªß ¦Ž £ en étudiant des Michnayot. Des monuments ont été érigés partout en Israël pour commémorer le souvenir des soldats tombés à la guerre. La pyramide de Yad Labanim à Jérusalem a été construite en 1978 par l’architecte David Resnick. Des fentes permettent à la lumière d’éclairer les murs intérieurs recouverts des noms des soldats de Jérusalem tombés pendant leur service. 49 Yad Labanim (extérieur et intérieur), Jérusalem, 1978 Yom ha-Atsmaout, le drapeau d’Israël L’indépendance de l’Etat d’Israël (Yom ha-Atsmaout) a été proclamée par David Ben Gourion le 14 mai 1948 ou, selon le calendrier hébraïque, le 5 Iyar 5708. Elle est l’occasion de réjouissances dans tout le pays. Le passage est abrupt entre Yom ha-Zikaron et Yom ha-Atsmaout. Du jour au lendemain nous passons de la plus grande peine à la plus grande joie. Aussi, quelle que soit la joie liée à la proclamation de l’indépendance d’Israël, le souvenir de ceux qui ont donné leur vie pour protéger leur pays est toujours présent. ´£¦‹ ¢Ž Durant Yom ha-Atsmaout le drapeau d’Israël est à l’honneur. C’est le poète autrichien Ludwig August Frankel, en 1860, qui choisit le bleu et le blanc comme couleurs nationales du peuple juif. En effet, les habits du grand prêtre étaient bleu et blanc, tout comme le Talith que revêtent les Juifs à la synagogue. Quand, en 1897, Théodore Herzl demande à David Wolfson un drapeau pour décorer la salle du premier congrès sioniste de Bâle en Suisse, ce dernier propose un drapeau blanc avec deux bandes bleues et, au centre, une étoile de David bleue. Le Maguen David est un symbole juif repris dans d’autres cultures. Peux-tu citer trois autres symboles spécifiquement juifs ? 51 ²æš‹ Lag ba-Omer Lag ba-Omer (33e jour du décompte de l’Omer) est célébré le 18 Iyar. Il n’y a pas de loi qui fixe le déroulement de cette fête. Certains pensent que Lag ba-Omer marque la fin de l’épidémie qui a décimé 24 000 disciples de Rabbi Akiva. Cet événement aurait eu lieu lors du soulèvement de Bar Kokhba contre les Romains. Us et coutumes La période de l’Omer est considérée comme une période de deuil. On ne se marie pas, on ne se coupe pas les cheveux et on ne porte pas de nouveaux vêtements. Les hommes ne se rasent pas la barbe. Dans les communautés achkénazes, le 18 Iyar marque une interruption de ces interdictions. Ce jour là, les hommes peuvent se raser mais le lendemain, le 19 Iyar, la période de deuil reprend. En revanche, pour les communautés séfarades et orientales, Lag ba-Omer marque la fin de la période de deuil. En Israël, le soir de Lag ba-Omer, enfants et familles se réunissent et veillent autour de feux de camp jusqu’à une heure avancée de la nuit. 53 ž› £Û‹ ‡£ ¦¨‡ ‡£²Ž ¢‡ ۇ ž¦ 㦣ž‹ Danse autour du feu Zvi Malnovitzer est le fils unique d’une famille ultra-orthodoxe. Sa mère remarque très tôt son talent artistique. Le peintre Yehouda Walersteiner, voisin de la famille, accepte de lui donner des cours de dessin. Mais ses longues journées à la Yechiva l’empêchent d’étudier dans une école d’art. Devenu adulte, il travaille comme gérant dans un magasin de meubles. Un rabbin à qui il montre ses tableaux le persuade de se consacrer à la peinture. Zvi Malnovitzer aime décrire le monde ultra-orthodoxe. En le peignant, il fait le lien entre son identité juive et l’art. Ce tableau représente un homme vêtu de la traditionnelle redingote et coiffé d’un Chtraymel. Il danse devant un feu la nuit de Lag ba-Omer. La Hilloulah est une cérémonie qui a lieu dans certaines communautés séfarades et cabalistiques. Elle commémore la disparition d’un juste. ©i¬¨‡ ۋ £ß‹ ²Ž La plus connue est la Hilloulah de rabbi Chimon Bar Yo’hai qui a lieu durant £š¡Ž i£ ²ßŽ la nuit de Lag ba-Omer où les pèlerins chantent, dansent et prient autour de grands feux. 54 Danse autour du feu, Zvi Malnovitzer, Israël, 2006 55 ž² i´ ©ò ¨Ž Chavouot La fête de Chavouot est célébrée le 6 Sivan en Israël, le 6 et 7 Sivan en diaspora. Les pèlerins venaient au Temple offrir les prémices de leur récolte en blé, orge, raisin, figue, grenade, olive et date. Chavouot s’appelle également : Matan Torah (don de la Torah), 㪴Œ ² i´ ©ò ¨Ž ´² u ¬‰ œ¡Ž ©¨Ž ‡  Zman Matan Toratenou (temps du don de notre Torah), ‘Hag Atseret (fête de clôture), ²£u‹ ± žŽ œ¡Ž ‘Hag ha-Katsir (fête de la moisson), §£²‹ ãè£ß‹ žŽ œ¡Ž ‘Hag ha-Bikourim (fête des prémices). Us et coutumes Dès le 3 Sivan, les restrictions de l’Omer sont levées pour toutes les communautés. ´¦Ž £‹œ¨‡ ´ã² La synagogue A Chavouot, on lit la Méguilat Ruth. La nuit on étudie la Torah. On décore la synagogue d’épis de blé, de fleurs, de branches, pour rappeler l’époque des moissons. Livre des coutumes, Hollande, 1774 La maison En Israël les maisons sont décorées de fleurs. Sur les tables le gâteau au fromage est à l’honneur. Les jeunes enfants vont à l’école coiffés de couronnes florales. 57 žß ã´è‡ Une Ketouba pour célébrer Chavouot Certaines communautés rédigeaient une Ketouba à l’occasion de Chavouot pour sceller l’union entre Dieu et le peuple d’Israël, mais cette coutume, observée dans les communautés d’Afrique du Nord et d’Italie, était rare dans les communautés achkénazes. La couronne posée sur la tête de l’aigle bicéphale représente généralement la puissance du souverain régnant. Penses-tu qu’il s’agit là d’une allusion à l’empereur d’Autriche ? Cette Ketouba rédigée en Galicie, alors sous domination autrichienne, provient sans doute d’une communauté ‘hassidique. Elle témoigne des échanges entre communautés séfarades et achkénazes. L’aigle à deux têtes, symbole de puissance et d’autorité, est surmonté d’une couronne. Il est accompagné ici de deux lions retenant un médaillon dans lequel figurent les lettres ž”› (Be Ezrat Ha Chem). 58 Ketouba, Autriche, 1914 Matan Torah Durant sept semaines, le peuple d’Israël qui venait de sortir d’Egypte se prépare à recevoir la Torah, au mont Sinaï. Le calme règne sur cette montagne dessinée par le graphiste Zak. Les enfants d’Israël, enveloppés de leur Talith, assistent au don de la Torah. C’est une révélation publique. Dieu prononce les Dix Commandements en présence du peuple. Zak dessine les tables de la Loi posées délicatement sur le sommet du mont Sinaï. Affiche, Israël, 1960 59 מi ָ ִבי Chavouot en Israël dans les premiers Kibboutzim et Mochavim, est une fête champêtre qui affirme le lien de l’homme à sa terre. קק”ל ֶט ְמ ֶ»ל Sur cette affiche du KKL, des enfants portent les fruits cultivés en Israël. Une fillette les précède en dansant au son d’un tambourin. Certains sont coiffés du ַבע ic Kova Timbel, d’autres de couronnes de fleurs. Pour montrer l’importance de la terre, l’artiste a volontairement omis de figurer le ciel. 60 Affiche, Israël, 1960 Quelle prophétesse chante accompagnée de tambourins ? 61 Ticha be-Av Le mois d’Av également appelé Mena’hem Av est un mois grave. Par la Michna on apprend toutes les épreuves difficiles survenues au mois d’Av : à peine sortis d’Egypte les Juifs apprennent l’interdit d’entrer en Terre promise, le prêtre Aaron décède, le premier et le second Temples sont détruits, la ville de Bétar est rasée par les Romains, les Juifs d’Espagne sont expulsés par le roi Ferdinand d’Aragon. La synagogue Livre des coutumes, Hollande, 1707 ›Ó ›Ó §¡Œ ªŽ¨‡ ²´ £ßŒ Après la prière du soir, chacun s’assied à terre, pour lire l’histoire de Jérémie, la Méguilat Eikha. Des Kinot – lamentations – achèvent l’office. Us et coutumes Le jeûne de Ticha be-Av débute avant le coucher du soleil. Généralement le repas, la Seouda Mafseket, est composé d’un plat de lentilles ou d’œufs durs symboles de deuil. ;ž¥ £šŒ ´± « ®‡ ¨Ž ´¦Ž £‹œ¨‡ ´iª£±‹ ž 㬫‡ 63 Eikha La Méguilat Eikha réunit cinq lamentations sur la destruction du premier Temple. Elle tire son nom du mot « Eikh » qui signifie « comment » et traduit une notion de désespoir. La quatrième lamentation évoque la splendeur passée du Temple de Jérusalem. C’est cette lamentation que décrit Eliahou Sidi sur la page-titre de sa Méguilat Eikha. Il dessine les larmes de Jérémie. Le prophète, vêtu de noir, assis sur les remparts de Jérusalem, verse des larmes noires. Le titre du livre que le prophète tient dans sa paume grande ouverte est noir. La lune pleure derrière lui. Eliahou Sidi mêle des lettres hébraiques à chacune de ses compositions. Le noir est omniprésent dans cette œuvre abondamment colorée. 64 Eikha, Eliahou Sidi , Israël, 1998 65 Tou be-Av, des fiançailles au mariage A l’époque du Temple, lors de la fête de Tou be-Av, les jeunes filles revêtaient une robe blanche et dansaient dans les vignes pour rencontrer leur promis. A l’époque de la Michna, une pièce de monnaie était remise à la fiancée en signe d’acquisition. En Europe, au moyen âge, on remplace la pièce de métal par une bague. Dans le nord de l’Italie et en Allemagne, des orfèvres créent un modèle de bagues de mariage en or. Certaines d’entre elles, en forme de maison portent, gravée en hébreu, l’inscription « Mazal Tov ». Que signifie l’expression Mazal Tov ? ›i¢ ¦ ¨Ž C’est dans le quartier juif de Colmar que cette bague en or et en émail a été retrouvée. Le chaton de la bague est hexagonal. Il est bordé d’arcades et surmonté d’un toit de forme conique. Le marié la remet à sa promise en prononçant : « Tu m’es à présent sanctifiée par cet ´Û  㱨‡ ´Ò £²Œ ž‰ anneau, selon la loi de Moïse et d’Israël ». ´Ž è‡ i  ´¬Ž ߎ ¢Ž ߇ £¦‹ ¦šŒ ² ܇ ‹£‡Ÿ žÛ ¨ Bague de mariage, France, 1348 67 Quiz 1. Texte p. 12 Quel est le personnage biblique dont le nom n’apparaît pas dans les Haggadot de Pessa’h mais qui a dirigé le premier Pessa’h de l’histoire ? a. Abraham. b. Moïse. c. le roi David. 2. Texte p. 20 Combien de coupes boit-on le soir de Pessa’h ? a. une. b. deux. c. quatre. 3. Texte p. 30 La page de la Haggadah d’Offenbach illustre un épisode de la sortie d’Egypte. Lequel ? a. le choix de Moïse comme vice-roi d’Egypte. b. la traversée de la mer des Joncs. c. le don de la Torah. 4. Texte p. 31 Que représentent les quatre personnages dessinés sur la Haggadah de Szyk en Pologne en 1935 ? a. les quatre chefs de la communauté juive de Pologne entre-les-deux-guerres. b. les quatre métiers les plus couramment exercés par les Juifs d’Europe de l’Est à cette époque. c. les quatre fils du récit de la Haggadah. 68 5. Texte p. 35 Pourquoi les personnages représentés sur l’œuvre d’Eliahou Sidi sont-ils accoudés à table ? a. car ils sont fatigués par une nuit de Seder très longue. b. car ils sont accoudés comme il se doit pour boire les coupes de vin. c. car ils sont tristes, Pessa’h rappelant la destruction du Temple. 6. Texte p. 37 Quelle ville, où l’on souhaite se rendre tous les ans, est représentée en arrière-plan de l’œuvre de Reuben Rubin ? a. Jérusalem. b. Worms sur le Rhin. c. New York. 7. Texte p. 39 Que sont les feuilles représentées dans le « Ma Nichtana » d’Eliahou Eric Bokobza ? a. des feuilles de houx pour le Nouvel An. b. des herbes amères pour le Seder. c. des feuilles de palmier pour le Loulav. 8. Texte p. 44 Qu’est-ce que le décompte de l’Omer ? a. une ville dans le désert du Sinaï. b. le nombre de jours qu’il a fallu aux enfants d’Israël pour recevoir la Torah après la sortie d’Egypte. c. le fleuve à traverser pour entrer en Terre Promise. 69 Quiz 9. Texte p. 45 Pourquoi « Lag » signifie-t-il 33 ? a. c’est le terme en hébreu pour dire 33. b. c’est l’abréviation du terme araméen pour dire 33. c. c’est le total des valeurs numériques des lettres « lamed » (30) et « guimel » (3) 10. Texte p. 51 A quel objet rituel fait référence le drapeau d’Israël ? a. à la nappe de Chabbat. b. au voile qui sépare le Saint des Saints dans le Temple de Jérusalem. c. à un Talith. 11. Texte p. 57 Quelle héroïne biblique est à l’honneur pour la fête de Chavouot ? a. Myriam, la sœur de Moïse. b. Ruth, la Moabite. c. la reine Esther. 12. Texte p. 58 Quel est le rapport entre une Ketouba et la fête de Chavouot ? a. Chavouot est le jour par excellence pour se marier. b. Chavouot rappelle le don de la Torah comparé à un mariage entre Israël et Dieu. c. chaque communauté doit signer un nouveau contrat de Ketouba à Chavouot. 70 13. Texte p. 61 Qu’apportent les enfants dessinés sur l’affiche du KKL de 1960 ? a. des prémices (Bikourim) apportées autrefois au Temple à Jérusalem pour la fête de Chavouot. b. des fruits pour garnir la table de fête de Chavouot. c. des décorations à fixer dans la cabane de Chavouot. 14. Texte p. 63 Pourquoi le mois d’Av est aussi appelé « Mena’hem Av » ? a. en souvenir de Rabbi Mena’hem qui est né en ce mois. b. en souvenir du premier nom en hébreu ancien de ce mois. c. en souvenir de la vertu de Dieu à consoler les endeuillés en ce mois. 15. Texte p. 65 Pourquoi la personne représentée par Eliahou Sidi pleure-t-elle ? a. car le 9 Av est le jour où l’on pleure la destruction du Temple. b. car le 9 Av est un des jours les plus chauds de l’année. c. car le 9 Av est le jour de souvenir des soldats tombés pour la défense d’Israël. 16. Texte p. 67 Pourquoi une bague de mariage illustre-t-elle les pages sur Tou Be-Av ? a. car Tou Be-Av est le jour où les vendeurs de bagues soldent leurs produits. b. car Tou Be-Av est le jour où, selon la tradition juive, les jeunes filles sortaient pour rencontrer leur futur fiancé. c. car Tou Be-Av est le jour de la fête du don de la Torah. 71 Réponses Page 13 En 1932, à Doura Europos, après de longues fouilles archéologiques, on découvre une synagogue : c’est la première synagogue entièrement décorée qu’on ait trouvée à ce jour et des inscriptions permettent de la dater entre 244 et 245. Page 14 Une pâte à base de céréales, mélangée à de l’eau, qui a été pétrie et a fermenté pendant 18 minutes. Page 16 Les 4 questions ; les 4 coupes de vin ; les 4 fils… Page 17 Ces quatre animaux sont cités dans les Pirkei Avot (chap. 5, 24) que l’on a l’habitude de lire chaque Chabbat, de Pessa’h à Chavouot. Page 19 Choul’han Ore’h est trop long pour être inscrit dans un seul médaillon. Les deux mots sont donc placés dans deux médaillons. Page 21 On ouvre la porte pour accueillir le prophète Elie après avoir bu la 3e coupe de vin. Page 23 Oui, car le premier commandement fait référence à la sortie d’Egypte. Page 24 Les trois moments représentent Moïse : recevant le bâton, regardant le bâton se transformer en serpent, constatant qu’il redevient bâton. Cette façon de dessiner s’appelle la narration continue. 72 Page 26 Le personnage le plus à droite porte un chapeau en forme d’entonnoir renversé, chapeau que portaient les Juifs au moyen âge dans certaines villes d’Allemagne. Page 28 Moïse tient un bâton et les Tables de la Loi et Aaron porte un encensoir et revêt le pectoral du grand prêtre. Page 30 Les joncs des bords du Nil où fut déposé le berceau de Moïse. Page 33 Une chechia. Rambam a vécu au Maroc et en Egypte et dans ces deux pays les hommes portaient la chechia. Page 34 L’épisode évoqué est cité dans le livre de l’Exode 13, 19 où il est dit que Moïse prit avec lui les os de Joseph pour les ramener en Israël. Page 36 Un chtraymel. Page 38 Le plus jeune des convives récite le « Ma Nichtana » pendant le « Magguid ». Page 40 Cecil B. DeMille utilise la technique de la surimpression d’images. Il filme d’abord les chars sur fond neutre, puis les superpose sur une sorte de tranchée construite en gélatine sur laquelle il fait couler de l’eau. Page 42 Les évènements de l’Exode ont eu lieu sous le règne des pharaons Seti, Ramsès et Ramsès II. Ce dernier fut un des plus glorieux souverains de l’Egypte et un très grand constructeur. Page 45 33, le nombre situé en haut est égal à 4 semaines + 5 jours. 73 Réponses Page 51 La Ménorah, le Chofar et le Loulav. Page 58 La couronne dessinée ici est la couronne de la Torah comme le mentionnent les deux mots l’entourant. Page 61 Myriam, la sœur d’Aaron et de Moïse. Page 64 Les jeûnes du 3 Tichri, 10 Tévet, 17 Tamouz. Page 67 L’expression Mazal Tov signifie « Sous une bonne étoile » afin qu’une étoile favorable préside à cet évènement. 74 A 15 étapes du Seder : Kadech, Our’hats, Karpass, Ya’hats, Magguid, Ra’htsa, Motsi, Matsa, Maror, Korekh, Choul’han Orekh, Tsafoun, Barekh, Hallel, Nirtsa. Ces 15 étapes datent de l’époque de la destruction du Temple. Aaron : frère de Moïse et de Myriam. Achkénaze : terme désignant depuis le moyen âge la culture des Juifs vivant en Europe. Adolf Hoffmeister : (1902-1973) auteur du livret de Brundibár. Il était écrivain, auteur de poèmes et de livrets, mais aussi caricaturiste, publiciste et dramaturge. Afikoman : du grec « epikomon – dessert ». Moitié de Matsa que l’on garde pour être mangée après le repas, le soir du Seder de Pessa’h. Aron : arche sainte. Arthur Szyk : (1894-1951) né en Pologne, Arthur Szyk est un artiste graphique et un caricaturiste qui a illustré de nombreux livres. Arvit : office du soir. Av : le mois de Av coïncide avec juillet-août. B Bar Kokhba : Chimon bar Kokhba mena la révolte contre les Romains. Bedikat ‘Hamets : recherche du ‘Hamets. Be Ezrat ha-Chem – ה”ב : avec l’aide de Dieu. Bétar : ville de Judée qui résista aux Romains à l’époque de Bar Kokhba. Bicéphale : à deux têtes. Birkat ha-Mazone : action de grâce après le repas. Bnei Brak : ville où se réfugièrent les fidèles de Rabbi Akiva. La ville actuelle a été créée en 1924 par des Juifs de Pologne. Brundibár : opéra symbole de Terezín. Ecrit avant la guerre par l’écrivain Adolph Hoffmeister et le compositeur tchèque Hans Krasá, il est monté par les enfants de Terezín. Buisson ardent : il est dans le livre de l’Exode quand Dieu se révèle à Moïse sous la forme d’un buisson qui brûle mais ne se consume pas. C Cecil B. DeMille : (1881-1959) réalisateur né en Caroline du Nord, Etats-Unis. 75 76 Chabbat : septième jour de la semaine juive et jour de repos. Chaton : partie de la bague où est enchâssée une pierre et, par extension, la partie saillante de la bague. Chavouot : semaines. C’est la fête qui célèbre le don de la Torah. Chevat : le mois de Chevat coïncide avec janvier – février. Choul’han Orekh : repas du Seder de Pessa’h. Chofar : corne de bélier dans laquelle on souffle lors des fêtes de Roch ha-Chana et de Yom Kippour. Chtraymel : chapeau de fourrure porté par certains groupes orthodoxes pendant le Chabbat et les fêtes. D David ben Gourion : (1886-1973) homme politique israélien. Un des fondateurs de l’Etat d’Israël ; il fut Premier ministre de 1948 à 1953. David Resnick : (1924-2012) architecte israélien né au Brésil. Il s’installe en Israël en 1949 et réalise ses plus grands projets à Jérusalem. David Wolfson : (1856-1914) homme d’affaires originaire de Lituanie, président de l’organisation sioniste. Il accompagne Herzl dans ses voyages en Erets Israël. Diaspora : dispersion du peuple juif à travers le monde. Dix Commandements : injonctions prononcées et gravées par Dieu sur des tablettes au sommet du mont Sinaï. Doura Europos : ville de Syrie découverte par des soldats anglais en 1920. En 1932 est mise à jour la synagogue de Doura Europos. E Ecole Betsalel : Ecole des Beaux-Arts de Jérusalem. Egged : compagnie de transport israélienne. Eikh : comment ? Eliahou Eric Bokobza : peintre né à Paris en 1963. Il immigre en Israël à l’âge de 6 ans. Eliahou Sidi : peintre et sculpteur d’origine française vivant en Israël. Ses œuvres illustrent les textes bibliques et incluent des détails de la vie contemporaine. El Male Ra’hamim : prière commémorative. Eloul : le mois d’Eloul coïncide avec août- septembre. Erets Israël : terre, pays ou Etat d’Israël. Exode : Chemot, deuxième livre du Pentateuque. F Ferdinand d’Aragon : (1474-1504) dit Ferdinand le Catholique, roi de différentes régions d’Espagne à qui l’on doit l’Inquisition. G Galicie : région de l’Europe de l’Est située entre la Pologne et l’Ukraine. Rattachée à l’Autriche de 1772 à 1920. Ghetto : quartier où les Juifs étaient forcés de résider. Gideon Klein : (1919-1945) pianiste qui à Terezín, accompagna les interprétations de Brundibár. Guide des Egarés : livre écrit en arabe en 1190. L’auteur, rav Moïse ben Maïmon met en accord l’enseignement de la Torah avec la philosophie d’Aristote. Gustave Doré : (1832-1883) dessinateur, peintre et sculpteur français. H ‘Hag Atseret : fête du temps de l’arrêt. ‘Hag ha-Aviv : fête du printemps. ‘Hag ha Bikourim : fête des prémices. ‘Hag ha-Katsir : fête de la moisson. ‘Hag ha-Matsot : fête des Matsot. ‘Hag ‘Heroutenou : fête de notre délivrance. Haggadah (plur. Haggadot) : recueil composé de textes liturgiques extraits de la Bible, de la littérature rabbinique, de poèmes et de chants lus pendant le Seder ‘Hakham : sage. Hallel : prière de louanges. ‘Hamets : tout aliment à base des 5 céréales (blé, orge, avoine, seigle, épeautre) qui a fermenté au contact de l’eau. Hans Krása : (1899-1944) auteur de trois opéras, symphonies, concertos pour violon, Hans Kráza a joué un rôle primordial dans la vie culturelle de Terezín. ‘Harosset : pomme, noix et cannelle mélangés à du vin. ‘Hassid (plur. ‘Hassidim) : provient de la racine hébraïque ‘Hessed qui signifie « bonté ». Les ‘Hassidim appartiennent à un courant religieux né en Europe orientale au 18e siècle. 77 78 ‘Hazeret : raifort. Hilloulah : fête de pèlerinage. Hochana Rabba : dernier des sept jours de Souccot. I Israël ben Meïr de Heidelberg : scribe qui a écrit la Haggadah de Darmstadt. Iyar : le mois de Iyar correspond à avril-mai. J Jérémie : prophète né dans un village de prêtres près de Jérusalem. Joseph : fils de Jacob et de Rachel. K Kaddich : prière de l’office qui ne peut être dite qu’en présence de 10 hommes. Karpass : céleri. Ketouba : acte de mariage. La Ketouba est lue dans sa version araméenne originale. Le document est signé par deux témoins et a le statut d’un accord légal liant les deux parties. Kibboutz (plur. Kibboutzim) : exploitation agricole collective. Kibboutznik : membre d’un Kibboutz. Kidouch : prière de sanctification récitée sur le vin et sur le pain, chabbat et jours de fêtes. Kinot (sing. Kina) : cantique ou chant récité à l’occasion d’une tragédie, d’un deuil. Kippour : jour de jeûne, appelé aussi jour du Grand Pardon. KKL (Keren Kayemet le Israël) : Fonds National Juif créé en 1901 par Théodore Herzl. Kova Timbel : chapeau porté par les Israéliens jusqu’aux années 70. L Lag ba-Omer : 33e jour de l’Omer. Lévitique : Vayikra, troisième livre du Pentateuque. Livre des coutumes : Sefer ha-Minhaguim. Livre contenant les horaires de prières, la manière de prier, les habitudes alimentaires, le déroulement et la signification des principaux évènements de la vie. Le livre des Coutumes permet aux fidèles de perpétuer les traditions. Loulav : branche de palmier. Ludwig August Frankel : (1810-1894) poète et écrivain autrichien. Il se rendit à Jérusalem en 1856 et y fonda une école juive pour filles. M Maariv : prière du soir. Maguen David : bouclier de David, par extension, étoile de David. Ma Nichtana ? : qu’y a-t-il de différent ?…. Premiers mots lus par le plus jeune enfant qui assiste au Seder. Manuscrit de Rothschild : manuscrit sur parchemin de 948 pages, décoré de 816 miniatures. Il fut sans doute réalisé dans un atelier de la région de Ferrare en Italie. Il réunit des textes bibliques, rituels et littéraires. Maror : herbes amères. Matan Torah : don de la Torah. Matsa (plur. Matsot) : pain sans levain que les Juifs mangent pendant Pessa’h. Maurice Mayer : (1801-1864) orfèvre des familles séfarades de France et de Hollande au 19e siècle. Mazal Tov : bonne étoile, par extension bonne chance. Méguilat Eikha : livre des lamentations lu à l’occasion de Ticha be-Av. Méguilat Ruth : rouleau de Ruth. Une des cinq Méguilot, lue à Chavouot. Mena’hem Av : nom donné au mois de Av après le retour de Babylonie. Ménorah : nom du candélabre à sept branches dont le prototype fut confectionné pour le Tabernacle du désert. Michna (plur. Michnayot) : du verbe lechanen : répéter, qui signifie au sens propre apprendre par cœur une tradition orale. Elle désigne l’ensemble des traditions religieuses developpées jusqu’en l’an 200. Michné Torah : code de loi juive compilé par Maïmonide entre 1170 et 1180. Midrach (plur. Midrachim) : commentaire rabbinique de la Bible qui revêt différents genres littéraires comme un récit, une parabole ou une légende. Mochav (plur. Mochavim) : village qui met en commun leurs ressources agricoles. 79 80 Moïse : prophète qui a fait sortir le peuple hébreu d’Egypte. Moïse ben Yekoutiel ha-Cohen : commanditaire du manuscrit, écrit et enluminé au 15e siècle en Italie du Nord, appelé le Manuscrit de Rothschild. Monsohn : (1888-1956) Abraham Leib Monsohn va étudier la lithographie à Frankfort. Il revient en Erets Israël en 1892 et ouvre avec son frère la première imprimerie en couleur à Jérusalem. N Néoménie : célébration de la nouvelle lune. Niellé : travail d’incrustation d’un émail noir sur un métal. Nissan : le mois de Nissan coïncide à mars-avril. O Omer : mesure d’orge qu’on offrait le deuxième jour de Pessa’h au Temple de Jérusalem. Par extension, période de sept semaines qui sépare Pessa’h de la fête de Chavouot. Orient : direction qui désigne les communautés de Syrie, d’Irak, d’Iran, du Yémen… P Page-titre : première page qui présente et donne des informations sur l’ouvrage. Pessa’h : pâque. Fête célèbrant la sortie d’Egypte et le passage des Hébreux de l’état d’esclavage à la liberté. Pharaon : souverain d’Egypte pendant l’antiquité. Pirkei Avot : maximes des pères. Traité de la Michna. Prophète Elie : prophète qui lutta pour la croyance en un Dieu unique. Prophète Malachie : dernier prophète d’Erets Israël. R Rabbi Akiva : un des plus célèbres maîtres de la Michna. Rabbi Chimon bar Yo’hai : élève et disciple de rabbi Akiva. Rabbi Nathan : rabbin né en Babylonie. Il s’installa en Erets Israël et dirigea l’école talmudique de Oucha au 2e siècle. Racha : rebelle. Rav Moïse ben Maïmon : (1135-1204) philosophe et médecin juif qui vécut successivement en Espagne, au Maroc en Erets Israël et en Egypte. Reuben Rubin : (1893-1974) peintre israélien d’origine roumaine. Il fut le premier ambassadeur d’Israël en Roumanie. Roch ha-Chana : Nouvel An juif. S Seder : ordre, rituel symbolique lié à la fête de Pessa’h. Par extension, on emploie le même mot pour d’autres fêtes : Roch ha-Chana, Tou be-Chevat. Sefer ha-Mitsvot : livre des commandements. Maïmonide y recense 613 commandements. Séfarade : Juif originaire d’Espagne ou du Portugal. Après les expulsions, les Juifs séfarades se sont répartis sur le pourtour du bassin méditerranéen. Seouda Mafseket : dernier repas avant un jeûne. Sim’hat Torah : joie de la Torah. Jour où l’on achève la lecture du Pentateuque. Sinaï : péninsule triangulaire au Nord-Est de l’Egypte. Sion : un des noms de Jérusalem. Sivan : le mois de Sivan coïncide avec mai-juin Souccot : fête qui rappelle les 40 ans d’errance dans le désert avant le retour en Erets Israël. Sphinx : monstre fabuleux, lion ailé à tête et buste de femme qui tuait les voyageurs quand ils ne résolvaient pas l’énigme à laquelle il les soumettait. T Talith : châle de prière rectangulaire à franges. Tam : simplet. Temple : construit par le roi Salomon sur le Mont Moriah à Jérusalem, il a été détruit par Nabuchodonosor II en 586 AEC. Il est reconstruit par les Juifs qui reviennent de captivité de Babylonie en 538 AEC. Le roi Hérode le remanie et l’agrandit en l’an 19 AEC. Titus le détruit en l’an 70. Terezín : camp de concentration situé à 60 kilomètres de Prague. 81 Théodore Herzl : (1860-1904) journaliste autrichien, Herzl est le fondateur du mouvement sioniste et l’inspirateur de l’idée d’un Etat juif. Ticha be-Av : 9e jour du mois d’Av. Jour de jeûne qui commémore la destruction du Premier Temple en 586 AEC et du Second Temple en l’an 70. Tichri : le mois de Tichri coïncide avec septembre-octobre. Torah : enseignement. Regroupe les cinq livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Tou be-Av : 15e jour du mois d’Av. Toutankhamon : pharaon de la 18e dynastie. W Worms : ville qui au moyen âge fut, avec Spire et Mayence, un des centres de la culture juive en Allemagne. Y Yad Labanim : association des familles des soldats tombés au combat. Yechiva : centre d’étude du judaïsme. Yehouda Walersteiner : peintre israélien disciple de Jacob Steinhardt. Yiddish : langue parlée dans les communautés achkénazes. Yizkor : prière commémorative. Yom ha-Atsmaout : jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël. Yom ha-Choah : jour du souvenir de l’Holocauste. Yom ha-Zikaron : jour du souvenir des victimes de guerre. Yom Tov : bon jour. Jour de fête. Z Zman ‘Héroutenou : temps de notre libération. Zman Matan Toratenou : temps du don de notre Torah. Zroa : os avec un peu de viande grillée sur des braises. Zvi Malnovitzer : peintre israélien né à Bnei Brak en 1945. 82 Crédits photographiques Couverture © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 8-9 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 10 : © Collection Famille Gross. Page 12 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 13 : © Beth Hatefutsoth, Musée du peuple Juif, Tel Aviv, Israël. Page 14 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 15: © Musée d’Israël. © Photographie Musée d’Israël, Jérusalem par Ardon Bar-Hama. Page 16 : © Collection Famille Gross. Page 16 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 17 : © Collection Famille Gross. Page 17 : © Collection Famille Gross. Page 18: © Collection Famille Gross. Page 19 : © Collection Famille Gross. Page 19 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 20 : © Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris, France. © Photographie Musée d’art et d’histoire du Judaïsme. Page 21 : © Collection Famille Gross. Page 21 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 22 : © Collection Famille Gross. Page 22 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 23 : © Collection Famille Gross. Page 24 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 25 : © University of Manchester, Angleterre. Page 27 : © Bibliothèque de Darmstadt, Allemagne. Page 28 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 29 : © Collection Famille Gross. Page 30 : © Leo Baeck Institute, New York, USA. Page 31 : © The Arthur Szyk Society, USA. Page 32 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 33 : © Collection Famille Gross. Page 34 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 35 : © Collection particulière, Jérusalem. Page 37 : © Musée Reuben Rubin, Israël. Page 38 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 39 : © Collection Eliahou Boukobza. Page 40 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 41: © THE TEN COMMANDMENTS. © Paramount Pictures Corp. All Rights Reserved. © Photographie Margaret Herrick Library, Academy of Motion Pictures Arts and Sciences. Page 43 : © THE TEN COMMANDMENTS. © Paramount Pictures Corp. All Rights Reserved. © Photographie RA/Lebrecht Music & Arts. Page 44 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 45 : © Skirball Museum, Californie, USA. © Photographie Susan Einstein. Page 46 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 47 : © Lebrecht Music & Arts. Page 48 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 49 : © Photographie Laurent Soulam. Page 50 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 51 : © Photographie David Soulam. Page 51 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 52 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 53 : © Collection Famille Gross. Page 55 : © Zvi Malnovitzer. Page 56: © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 57 : © Fonds KKL, Israël. Page 56 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 57 : © Collection Famille Gross. Page 58 : © Collection Famille Gross. Page 59 : © Fonds KKL. Page 60 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 61 : © Fonds KKL, Israël. Page 62 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 63 : © Collection Famille Gross. Page 64 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 65 : © Collection Famille Sidi. Page 66 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 67 : © Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris, France. © Photographie Adam Rzepka. Composition : Danny Battat Achevé d’imprimer en Juillet 2014 par Printiv Publié par les Editions ADCJ 10 Beer Sheva Street, 94507 Jérusalem – Courriel : contact@adcj.org Dépôt légal : Juillet 2014, ISBN 978-965-91970-3-3 Imprimé en Israël Trombinoscope Michèle Fingher, docteur en Histoire du Théâtre, initiatrice du projet : Le Voyage de Betsalel. Florence Soulam, docteur en Histoire de l’art, initiatrice du projet : Le Voyage de Betsalel. Eliezer Schilt, docteur en Histoire. Tamar Hochstadter, illustratrice pour enfants. A étudié à l’Ecole des Beaux-Arts de Betsalel. Déjà parus Roch ha-Chana, Yom Kippour, Souccot, Hochana Rabba et Sim’hat Torah ‘Hanoukka, Tou bi-Chevat, Pourim Pessa’h, Yom ha-Choah, Yom ha-Zikaron, Yom ha-Atsmaout, Lag ba-Omer, Chavouot, Ticha be-Av, Tou be-Av A bientôt pour les prochaines fêtes ! Chabbat et Roch ‘Hodech

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