Béréchit – La Création du Monde
Béréchit – La Ceréation du Monde
La Dispute de Barcelone
La Dispute de Barcelone
Une pièce
de Yehuda Moraly
d’après les textes du Ramban et les archives du
procès de l’Inquisition, conservés à Ciudad Real
A la redécouverte du théâtre juif
Nous remercions pour leur soutien à la publication de cet
ouvrage :
La Fondation du Judaïsme Français
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah
Le Fonds Social Unifié
Nous exprimons notre reconnaissance à la famille Gross, au
Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme qui nous ont autorisés
à utiliser les photographies de leurs fonds.
Nous remercions pour leurs contributions, remarques,
conseils : Sarah Moraly, Isabelle Cohen, Isaac Benabu,
Richard Sitbon, Aline Schapira, Colette Goldberg, Edith Sidi,
Michel Rottenberg, Michel Glauberg, Florence Soulam.
© Editions ADCJ : Le Voyage de Betsalel, 2024
ISBN : 978-965-93032-2-9
Auteur : Yehuda Moraly
Introduction : Michèle Fingher
Tous droits de traduction, reproduction ou représentation
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
Editions ADCJ, 10 Rehov Beer Sheva, 94507, Jérusalem,
Israël,
contact@adcj.org
Couverture : gravure sur bois sculptée par Johann von Armssheim (1483). Représente une Dispute entre érudits chrétiens
et juifs (Soncino Blaetter, Berlin, 1929. Jérusalem, Collection
B. M. Ansbacher)
Peinture murale représentant Rav Moïse ben Nachman,
le Ramban, Auditorium d’Acco.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Introduction
La Dispute de Barcelone
La première version de cette pièce a été écrite par Yehuda
Moraly en 1991 en hébreu. Elle a été jouée au Théâtre
Khan de Jérusalem en janvier 1992, avec des additifs
composés par les membres du groupe, en particulier
Jacky Levy, Ouriella Tzim et Sarah Moraly.
Bibliographie :
Nahmanide, La Dispute de Barcelone, traduit par Eric
Smilévitch et Luc Ferrier, Editions Verdier, Paris, 2008.
Haim Beinart, Records of the Trials of the Spanish
Inquisition in Ciudad Real, 3 volumes, The Israël
Academy of Sciences and Humanities, Jerusalem 1974.
Glossaire :
Acco : Saint Jean d’Acre.
Adar : Sixième mois du calendrier juif, février-mars. La
fête de Pourim tombe le 14 ou le 15 Adar.
Bonastruc da Porta : Nom attribué au Rav Moïse, fils de
Nahman, le Ramban ou Nahmanide.
Disputation (ou Dispute) de Barcelone : (20-24 juillet
1263) a lieu en présence du roi Jaime Ier. C’est une
controverse qui oppose le frère dominicain Pablo
Christiani et Nahmanide au sujet de la nature et la date
de la venue du Messie.
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Don Isaac Abarbanel : (1437-1508) Commentateur
biblique, philosophe et financier, trésorier du roi du
Portugal Alfonso V, du roi et de la reine de Castille,
Fernand et Isabelle, puis du roi de Naples Alfonso. Il
refuse de se convertir et suit ses frères juifs en exil, lors
de l’expulsion de 1492.
Elie : Prophète biblique. Le retour d’Elie fut annoncé par
les Prophètes pour les temps messianiques.
Eloul : Douzième mois de l’année juive, août-septembre
qui précède les fêtes de Tichri (début de l’année juive)
c’est-à-dire les Jours redoutables.
Guemara : Avec la Michna (Loi orale) dont elle est
le commentaire, l’une des parties constituantes du
Talmud, rédigée en araméen. Il existe deux versions
de la Guemara : l’une mise par écrit vers le 4e siècle, en
Palestine, l’autre en Babylonie, vers le 5e siècle.
Hanokh : Patriarche biblique, père de Mathusalem et
arrière-grand-père de Noé.
Inquisition : Juridiction religieuse destinée à traquer les
Juifs convertis au Christianisme.
Jaime Ier : Jacques Ier d’Aragon dit le Conquérant.
Livre de Job : Un des livres du Tanakh, se posant la
question de l’existence du Mal.
Midrach : Interprétation, investigation des Ecritures.
Désigne un genre de commentaire, de légendes, de
paraboles visant à tirer une leçon religieuse, morale ou
juridique d’un texte biblique.
Minyan : Quorum de dix hommes adultes en l’absence
duquel aucun office public ne peut être célébré.
Littéralement, « nombre ».
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Mikveh : Bain rituel de purification.
Mitzva : Précepte ou commandement. Obligation de la
Loi (au nombre de 613 dans la Torah). Par extension,
bonne action ou œuvre charitable.
Motse Shabbat : Samedi soir, après la fin du Shabbat.
Nachmanide (fils de Nahman) ou Ramban, selon les
initiales de son nom Rabbi Moïse Ben Nahman. Issu
d’une illustre famille de rabbins, c’est un des plus grands
penseurs juifs de tous les temps. Il est né en 1194 à
Gérone. Il fut à la fois médecin, chef de communauté,
poète, philosophe, kabbaliste. Il est l’auteur de très
nombreux ouvrages, dont un commentaire de la Torah,
essentiel. Forcé en 1263 d’affronter un Juif converti au
Christianisme sur l’existence du Messie, ses propos
furent jugés blasphématoires et il fut contraint de s’exiler
d’Aragon. A 75 ans, il émigra en Israël et renouvela la
présence juive à Jérusalem alors en ruines après le passage
des Croisés et des Tartares. Il édifia une synagogue, la
synagogue Ramban, avant de mourir en 1270.
Pablo Christiani : Né juif, il se convertit au Christianisme
et rejoint l’ordre des Dominicains. En 1263 il est convoqué
par Le Roi Jaime Ier pour s’opposer à Nahmanide lors
d’une Disputation. En 1269, il intercède auprès du roi de
France Louis IX pour qu’il promulgue un édit canonique
obligeant les Juifs à porter des signes distinctifs sur leurs
vêtements (la rouelle).
Pourim : (Fête des sorts) : Tombe le 14 ou le 15 Adar
et commémore le salut des Juifs de Perse grâce à
l’intervention de Mardochée et d’Esther et la défaite de
Haman, qui avait obtenu le décret de mort auprès du
roi Assuérus. Cet épisode est raconté dans le Rouleau
d’Esther (la Meguila).
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Rambam : (1135-1204) Issu d’une famille de savants
talmudistes, il quitte l’Espagne pour Fès, puis la Palestine,
lors de la persécution des Juifs par les Almohades. Il
s’établit en Egypte où il devient médecin à la cour du
sultan. Son ouvrage le plus connu est le Guide des Egarés
(écrit en arabe et traduit en hébreu).
Rabbi Yehiel de Paris : Rabbin né à la fin du 12e siècle
et décédé en 1268. En 1225, il prend la direction de la
Yeshiva de Paris qui compte alors 300 élèves. En 1240, le
roi Louis IX l’oblige à affronter un Juif converti Nicolas
Donin sur des points du Talmud qui semblent attaquer
Jésus. A la suite de cette Disputation, le Talmud est brûlé
et Rabbi Yehiel forcé de s’exiler. Il fonde une nouvelle
Yeshiva à Acco.
Raymond de Peñafort (vers 1175-1275) : Confesseur
du roi Jaime Ier, il ordonne la tenue de la Disputation
opposant Frère Pablo Christiani et le Ramban.
Roch Hodech : Premier jour d’un mois juif.
Sefer ha Yetsira : « Livre de la formation ». Livre de
mystique religieuse.
Sefer Torah : Rouleau de la Torah.
Talmud : Ensemble législatif constitué par la Michna
et la Guemara. Il existe un Talmud de Jérusalem et un
Talmud de Babylone.
Ticha be Av : Le 9 du mois d’Av, jour de deuil et de jeûne
en commémoration de la destruction du premier et du
second Temple.
Tsadik : Personne d’une grande intégrité morale, juste.
Yeshiva : Ecole talmudique.
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A la mémoire de ma mère,
qui a eu, comme le Ramban le courage de commencer
très tard sa vie en Israël, en 1992, quelques jours avant
la création de cette pièce au Théâtre Khan, à Jérusalem et
qui est décédée, 32 ans plus tard, à la fin de la rédaction de
cette nouvelle version du texte.
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Le groupe des Juifs errants
Le dramaturge
Le Ramban ( Nachmanide )
Une voix
Nahman, le fils du Ramban
Les chanteurs de l’église
Le Roi Jaime Ier, roi d’Aragon
Pablo Christiani
Raymond de Peñafort
Le secrétaire
Le moine
La Rabbanite
Le premier inquisiteur
Le deuxième inquisiteur
Maria Gonzalès
Onze témoins de l’Inquisition
La reine Isabelle la Catholique
Le roi Fernand
Premier expulsé
Une expulsée
Deuxième expulsé
Rabbi Yehiel de Paris
Le geôlier
Le teinturier
Liste des personnages
par ordre d’apparition
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La Dispute de Barcelone
Ouverture
1. Les Juifs errants
Un groupe se tient au milieu de la scène et récite
ensemble les monologues suivants, reprenant le
texte en boucle. Chacune a une valise à la main.
Adam : Ne me regarde pas comme ça, Eve. Dehors, le
monde nous attend. Nous ne sommes pas condamnés
à mort. Nous n’habitons plus au Paradis. Ne me
regarde pas comme ça…
Caïn : Je peux me reposer ici un instant ? Je n’ai pas
l’intention de rester ici, seulement me reposer. Vous
acceptez ? Je suis Caïn, sur lequel il a été dit : « Errant
tu seras sur la terre » Pourquoi crier, pourquoi me
plaindre ? Je n’ai aucun endroit où me reposer dans le
monde. Je suis Caïn, l’errant.
Levi de l’exil de Babylone : J’ai vu de mes yeux tout
brûler, le Temple et aussi de nombreux Lévites qui ont
sauté dans le brasier. D.ieu, fais taire ma voix, déchire
ma gorge qui est dédiée à Ta gloire. Je ne veux plus
jamais chanter. Le Temple est brûlé et nous sommes
entraînés de force à Babylone.
Une femme de l’exil romain : Maintenant tout est détruit. Toute ma famille, on va la vendre au marché des
esclaves à Rome. Monsieur l’officier, cher monsieur
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l’officier, ayez pitié de ma famille, veillez que nous
soyions vendus à des Romains au bon cœur.
Un homme à la frontière : N’ayez pas peur ! J’ai les
mains en l’air. Laissez-moi passer la frontière ! On ne
peut plus rester. Ils vont tous nous tuer ici !
Une femme sur un bateau de réfugiés : Bientôt, nous
n’aurons plus de provisions et nous devrons revenir
vers l’endroit que nous avons fui. Non ! Il est interdit
de perdre l’espoir. Demain, c’est sûr, nous arriverons
à un pays qui acceptera de nous recevoir. Mon fils,
endors-toi maintenant.
Une autre femme : Moi, je suis quelqu’un qui aime la
terre ferme. La mer, ça ne me convient pas. Je préfère
rester ici, sur le bord. Je suis trop vieille pour tous
ces changements. Je reste là, sur le rivage, et ici je
mourrai. D.ieu m’enverra bientôt la mort. Je ne veux
pas voir toutes ces horreurs autour de moi.
Une des personnes du chœur crie : « Je n’ai aucun
endroit où me reposer. Je suis Caïn, l’errant. » Les
monologues s’arrêtent.
2. Prière du voyage
Tous les personnages se tiennent sur une seule
rangée. Un des acteurs dit la prière du voyage :
Que ce soit selon Ta volonté, mon D.ieu ! Conduisnous en paix, assiste-nous en paix, protège-nous en
paix ! Sauve-nous de la main de tout ennemi. Envoie
la bénédiction dans toutes nos actions ! Et que nous
trouvions grâce, miséricorde et pitié à Tes yeux et aux
yeux de tous ceux que nous rencontrons. Bénis sois
Tu, qui entends la prière.
Tous répondent : Amen.
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3. Prière de la mer
Le chœur allume des bougies. Chacun des membres du
groupe prend la flamme de la bougie du dramaturge.
Prière de la mer qu’a écrite le Ramban au moment où
il a voyagé vers la Terre Sainte.
Les lumières de la salle s’éteignent. On entend une
musique judéo-espagnole. Les membres du groupe
allument des chandelles qui éclairent tout l’espace où
va se dérouler le voyage. Quelqu’un chante.
Je Te supplie, D.ieu grand et terrible,
Qui a fait des prodiges qui échappent à notre entendement,
Toi qui as créé tout ce qui existe,
Toi qui as créé le monde à partir du néant,
Et Ton salut arrive immédiatement,
Toi qui soutiens le monde au-dessus de l’abîme,
Et qui rassembles les eaux au-dessus du vide,
Toi qui donnes dans la terre les abîmes,
Et qui figes les mers comme des bougies,
Toi qui fraies un chemin dans la mer,
Et un sentier dans les eaux profondes.
4. Le théâtre juif
Le dramaturge arrive avec une valise et en sort un
crâne.
Ibsen et le théâtre réaliste ! Brecht et le théâtre épique ! Artaud et le théâtre de la cruauté ! Shakespeare
et le théâtre élisabéthain ! Le crâne que je tiens tel
Hamlet pendant son célèbre monologue symbolise le
théâtre occidental. Le théâtre occidental est mort !
Nous devons créer quelque chose qui n’a jamais
existé encore : le théâtre juif. Nous voulons créer un
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spectacle nouveau différent de tout ce qu’on a écrit
jusqu’à présent !
Nous avons voulu écrire une pièce qui montre la
grandeur du peuple juif, l’exil, les controverses, les
émeutes et les expulsions et montrer ce qui a amené
à l’exil le plus grand de tous, l’expulsion des Juifs
d’Espagne !
Nous voulons rendre hommage à un Juif qui a lutté
pour l’honneur de son peuple face à la Chrétienté, et à
la fin de sa vie est arrivé en Terre Sainte !
Je veux parler du Ramban, Nahmanide, Rabbi Moïse
ben Nahman !
Il est célèbre pour avoir mené la Dispute de Barcelone,
pour avoir affronté un Juif converti au Christianisme,
Pablo Christiani. Et cette Dispute fut un tournant dans
sa vie. Après, tout fut différent.
Ce n’est pas seulement le contenu du théâtre occidental que nous avons rayé ! c’est aussi sa structure !
Il n’y a plus de personnage !
Il n’y a plus d’unité !
Il n’y a plus d’intrigue !
Il n’y a plus de passion !
Au contraire ! C’est un texte tout ce qu’il y a de plus
juif ! Semblable à la Guemara.
De nombreuses actions parallèles, compliquées !
De nombreux lieux, en même temps !
De nombreuses époques ! en même temps !
Nous voguons entre les époques !
Nous passons entre les continents !
Les vivants se disputent avec les vivants ! Et les vivants se disputent avec les morts.
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Pas d’avant ! Pas d’après ! Tout est vrai !
Nous allons montrer cinq cents années, un grand pan
d’Histoire !
Ne vous inquiétez pas ! Vous n’allez pas faire ce
voyage un peu fou sans carte, sans guide. Nous allons
tout vous expliquer.
Voici la scène où se déroule la Dispute de Barcelone
au 13e siècle. Ici nous avons essayé de montrer
l’Inquisition, au 15e siècle. (désignant le chœur) Ces
personnages vêtus de noir que vous voyez ne sont
liés à aucune époque : ils représentent toutes les
générations, tous les endroits, toutes les errances et
toutes les époques.
Voici l’acteur qui va jouer le Ramban. Nous avons
essayé d’engager un acteur âgé avec une longue
barbe qui ait l’air d’un grand Sage. Mais nous n’avons
pas réussi. Que faire ? Dans le théâtre israélien, on
ne trouve plus d’acteur qui ait l’air de grand Sage.
Cet acteur n’a pas 73 ans, il n’a rien d’un Tsadik et il
lui manque ça… et ça…. Apportez-moi un peu de
maquillage s’il vous plait ! Dans quelques minutes,
quelques traits dessinés sur son visage et voilà ! Tout
est prêt ! Voici devant vous le Ramban.
Premier tableau ! Nous sommes en l’année 1267 !
Le Ramban voyage vers la Terre Sainte et autour de
lui on entend les voix de la tempête. Ce n’est pas
une tempête de vent et de pluie ! Ce sont les cris de
tous les Juifs expulsés de leur pays dans toutes les
générations.
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Premier tableau
Le voyage du Ramban en Terre Sainte.
Tout le groupe fouille dans les valises et reprend en
même temps les monologues de l’ouverture.
Dès que le Ramban commence à parler, les murmures
s’apaisent.
Le Ramban : Tel Jonas dans le ventre de la baleine,
me voici dans le ventre du bateau. Je regarde autour
de moi. Tout me dégoûte. Les discours des gens ivres
et les chansons obscènes. J’aimerais fermer les yeux.
Et quand je les ferme, je vois des visions encore plus
horribles, des cauchemars affreux. Des visages sans
nom hurlent à l’intérieur de moi. Je vais écrire une
lettre à mon fils bien aimé. Je vais détourner mes
pensées en écrivant ces mots.
« Ecoute, mon fils, la morale de ton père et n’abandonne pas la loi de ta mère. Mon fils, mon ami, essaie
toujours de parler avec toute personne calmement,
en toute circonstance et en toute occasion. C’est
ainsi la manière dont tu éviteras la colère qui est une
qualité très mauvaise, à éviter absolument. C’est un
défaut qu’ont tous les hommes. Et quand tu seras
sauvé de la colère, essaie de placer dans ton cœur la
modestie. Attache-toi à cette qualité. L’humilité est la
meilleure des qualités. Et c’est par cette qualité que
Moïse, notre maître, que la paix repose sur lui, a été
désigné, comme il est écrit : “Et cet homme Moïse
était extrêmement humble“. Celui qui possède cette
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qualité est aimé par le Ciel. Et quand tu seras lié à
cette qualité de l’humilité, tu pourras élever ton cœur
vers la crainte du Ciel car tu te rappelleras toujours
d’où tu viens et vers où tu vas. Ordure dans ta vie
et pourriture dans ta mort. Et devant qui un jour tu
devras rendre des comptes ? Devant le Roi des Rois,
le D.ieu tout puissant dont la splendeur remplit tout
l’univers. (Il arrête d’écrire et de lire ce qu’il écrit.)
L’humilité ! Mais moi, est-ce que ce n’est pas l’orgueil
qui m’a poussé ? Pourquoi ai-je accepté de rencontrer
ce Juif converti ? Et me voici, après la Dispute, expulsé
de ma patrie, errant loin de ma maison.
Une voix : Mais tu es en chemin vers Jérusalem. Tu as
tant rêvé d’embrasser sa poussière.
Le Ramban : Oui ! c’est vrai ! J’ai rêvé longtemps de ce
voyage avec mon fils, mon élève, mais pas de m’enfuir
d’Espagne, expulsé, avec pour seul bien cette malle.
Une voix : Dans cette malle, se trouvent tes livres, ton
commentaire de la Torah, de l’Ecclésiaste, de Job, du
Cantique des Cantiques. Ton commentaire sur le Sefer
ha Yetsira.
Le Ramban : Mes oreilles entendent des paroles,
des cris et mon âme se déchire. Je pleure car mes
souffrances n’ont pas de fin.
Une voix : Ce ne sont pas de simples cris que tu entends. C’est tout l’avenir de l’Espagne. Plus le bateau
s’approche de la Terre Sainte, plus tu t’approches de
la prophétie. Tu entends les voix de l’avenir et celles
du passé.
Le chœur s’installe pour le tableau suivant dans des
murmures.
Le Ramban : Je suis en enfer. J’aurais dû refuser
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l’invitation du Roi. Six années d’enfer sont passées sur
moi depuis cette fameuse confrontation.
La voix : Tout est pour le bien, Rabbi Moshe. Comme
tu le fais maintenant, tout le peuple retournera vers
sa terre. Tel est l’ordre du monde. La voix de Jacob a
besoin des mains d’Esaü pour se faire entendre de
manière claire et puissante.
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Deuxième tableau
Le Ramban et son fils dans leur laboratoire
Le dramaturge : Deuxième tableau ! Gérone, 1263. Le
Ramban et son fils Nahman dans leur laboratoire.
Tout en préparant les potions médicales, il réfléchit à
la lettre du Roi qu’il a reçue ce matin.
Le Ramban : J’ai reçu une lettre du Roi.
Nahman : Le Roi ? Qu’est-ce qu’il demande ?
Le Ramban : Tiens, lis !
Nahman : « A Bonastruc Da Porta connu sous le nom
de Maître de Gérone. Par la grâce de D.ieu, moi-même
Jaime I
er, roi d’Aragon, gouverneur de Majorque, duc
de Valence, comte de Barcelone, envoie cette lettre
à toi dont le nom est Rabbi Moïse ben Nahman, le
plus grand des Juifs, dont la gloire a atteint toutes
les parties de mon royaume. J’aimerais te rencontrer
dans ma Cour royale à Barcelone pour prendre part
à une Disputation à propos de quelques points centraux concernant l’existence du Messie. En face de toi,
se tiendra le représentant de l’Eglise, le Frère Pablo
Christiani »
Maudit soit son nom ! Evidemment, tu vas refuser
n’est-ce pas ? Refuse ! Moi, je le connais, ce Pablo
Christiani. Avec la bénédiction du Roi et de l’Eglise, il
parcourt toutes nos synagogues, exige que toutes les
oreilles juives écoutent les arguments des Chrétiens.
Une nuit de Shabbat à Valence, nous avons été forcés
d’écouter ses discours pendant une heure entière.
Il se moque du discours
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« Mes chers frères, moi aussi comme vous, je connais
la beauté du Shabbat ! Moi aussi comme vous, je sais
combien il est difficile de laisser le ragoût se refroidir
sur la table. Mais pourtant, puisque par la bonté du
Ciel, j’ai eu le privilège de m’éloigner du péché, je vous
demande d’abandonner les affaires matérielles pour
ne vous occuper que du salut de votre âme. Non ! Non !
N’essayez pas de sortir au milieu de mon discours !
J’ai tout prévu ! Ainsi, en dehors de la synagogue, se
tiennent plusieurs soldats du roi pour prévenir toute
fuite. Mes frères bien aimés ! Est-ce que vous êtes
sûrs d’avoir lu tout le Talmud ou peut-être avezvous oublié de lire quelques passages où il est écrit
explicitement que le Messie est déjà venu ? »
Refuse ! Tu ne dois pas y aller, tu dois absolument
refuser.
Le Ramban : Moi aussi, ce Pablo Christiani je le connais. Très bien, même. Il y a quelques années, il nous
a rendu visite dans notre Yeshiva à Gérone. Mon fils,
pour te dire la vérité, j’attendais cette occasion. Il faut
dire merci à cet homme qui croit sincèrement à ce qu’il
dit. Si j’ai l’occasion de montrer à quel point ses arguments ne sont que du vent, je ne vois pas ce qu’il y a
de mal à ça. Je montrerai à tous que ses arguments ne
sont qu’une tempête dans un verre d’eau. Et tout reviendra comme avant. Nous continuerons de vivre en
paix. En entretenant des rapports d’estime mutuelle
entre Juifs et Chrétiens. Ainsi soit-il ! Amen !
Nahman : Vraiment ? Il croit à ce qu’il dit ? Il ne croit
en rien du tout ! Il court après la gloire et l’argent !
Saleté ! Pourriture ! Ordure ! Cadavre ambulant ! Cette
histoire de Dispute est encore un autre stratagème
parmi toutes leurs ruses dégoûtantes. Tu ne peux pas
leur faire confiance ! Refuse ! Je t’aurai prévenu ! Tu
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ne te souviens pas de ce qui est arrivé à Rabbi Yehiel
de Paris ? Tout avait commencé de la même manière !
Une invitation pleine de politesse au palais du Roi pour
participer à une controverse avec un Juif converti.
Pourquoi refuser ? Mais, après, il y a le compte rendu.
Ce sont les comptes rendus qui sont importants. Et
ils sont écrits d’avance. Et tu sais très bien ce qui est
arrivé après. On a brûlé le Talmud sur la place de la
ville. Et Rabbi Yehiel a été expulsé ignominieusement
de Paris.
Le Ramban : Oui, Rabbi Yehiel se trouve maintenant
en Terre Sainte. J’ai entendu dire qu’il avait fondé une
Yeshiva à Acco.
Nahman : A Acco ? Je ne vois pas en quoi c’est important ! Les Croisés sont partout là-bas. Ils ont fait de
Jérusalem un grand monceau de pierres. Ils ont détruit
Jérusalem et sont prêts à le faire encore et encore.
C’est vrai, les Croisés ont pris la terre des mains des
Musulmans… Et alors ? Est-ce que les croisades sont
finies ? Tu ne vois pas le but de cette croisade ? Nous
sommes le but, nous les Juifs. Pendant la Dispute, tout
ce que tu diras, ils le transformeront. Ils inventeront
ce que tu n’as pas dit. Ils se serviront de ce que tu
diras comme un glaive contre tous les Juifs. A la fin,
cette Disputation, elle apportera la catastrophe,
pas seulement sur toi, ta famille mais sur toute la
communauté.
Le Ramban : Jérusalem n’est plus qu’un monceau de
pierres. (Musique) Tout est détruit. Il n’y a plus rien.
Nahman ! Nahman ! Nous sommes à Aragon, pas à
Paris. Les Juifs ici sont respectés. Nos maisons sont
construites à l’ombre du palais qui étend sur nous sa
protection.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Nahman : Mon père, mon maître, je t’en supplie ! Refuse. De tout ça, il ne sortira que des ennuis, pour toi
et pour les Juifs.
Le Ramban : Tu te trompes mon fils. Je n’ai pas peur de
ce Pablo Christiani. C’est vrai, il est juif, mais il y a des
Juifs qui ne savent rien. Lui, tout ce qu’il sait du Talmud et de la Torah, ce n’est rien du tout. Il connaît une
miette ici, une miette là-bas…. C’est un ignorant. Et le
Roi est un homme sage et droit. Non, je dois répondre
à cette invitation et faire honneur au Ciel. Avec l’aide
du Ciel, je trouverai les bons arguments, et je parviendrai à convaincre ceux qui m’écoutent. Amen.
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Troisième tableau
Le premier jour de la Dispute
Le dramaturge : Le premier jour de la Dispute ! 20 juillet 1263 ! Musique d’église, s’il vous plaît.
Les chanteurs de l’église :
Juifs scélérats
Juifs rebelles,
Juifs renégats,
Assemblée à nuque raide,
Nation désordonnée et indisciplinée,
Peuple dégoûtant, puant,
Débauché,
Pas de limite à leur vanité.
Sans honneur, sans racine,
Dans chaque endroit où ils vont,
Dans chaque endroit où ils sont,
On les méprise.
Et méprisés, haïs, détestés, vomis,
Comme des souris, ils courent après les honneurs.
Juifs scélérats…
Le Roi : Moi, Jaime Ier, roi d’Aragon, gouverneur de
Majorque, duc de Valence, comte de Barcelone,
suis heureux d’accueillir dans ma cour royale Rabbi
Moïse ben Nahman, le plus grand d’entre les Juifs.
Sa réputation a atteint toutes les frontières de mon
royaume. Nous voulions te recevoir dans notre cour
royale à Barcelone, pour que tu prennes part à une
Disputation qui éclairera quelques points obscurs et
centraux en ce qui concerne l’existence du Messie.
En face de toi, se tiendra en tant que représentant
de l’Eglise, le Frère Pablo Christiani, en présence de
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23
Raymond de Peñafort. Le Frère Pablo Christiani de
l’ordre des Frères dominicains présentera les principes
de la foi chrétienne. A cette occasion, il se servira de
documents qu’il a trouvés dans les textes sacrés juifs,
des documents qui pour les Juifs sont irréfutables.
Ces documents, le Frère Pablo Christiani les connait
parfaitement puisqu’il a appartenu à la Loi de Moïse
jusqu’au moment où la lumière de D.ieu ouvrit ses
yeux et qu’il a abandonné ce chemin trompeur. Les
points dont nous allons discuter sont les suivants :
On entend une musique liturgique qui accompagnera
tout ce qui suit, chanté comme un chant grégorien.
– Premièrement : que le Messie, c’est-à-dire Jésus
Christ est déjà venu.
– Deuxièmement : que le Messie, selon la parole
des Prophètes est à la fois un homme et un D.ieu.
– Troisièmement : que le Messie a pris une forme
humaine seulement pour faire expier les péchés
des hommes.
– Quatrièmement : que l’obligation pour les Juifs
d’attendre le Messie est abolie et n’a plus raison
d’être.
Le Ramban : Mon Seigneur le Roi m’a demandé d’assurer une controverse avec le Frère Pablo ici dans la
cour du Roi. Je ferai comme l’a ordonné mon Seigneur
le Roi, à condition que me soit permise et accordée
une entière liberté de parole.
Raymond de Peñafort : Tant que ces paroles ne
blessent pas notre Sainte foi catholique.
Le Ramban (au Roi) : Je demande une absolue liberté
de parole de même que, lui, peut parler librement.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Le Roi : Maître Moïse, je t’accorde la liberté de dire tout
ce que tu désires. Et toi, Pablo, pose-lui les questions
que tu désires.
Pablo Christiani : Mon intention est de prouver ma
thèse en m’appuyant sur le Talmud des Juifs. Dans le
Talmud, il est convenu que le Messie dont ont parlé
tous les Prophètes, ce Messie est déjà venu. Oui. Tous
les Sages du Talmud croyaient fermement que Jésus
est le Messie et qu’il n’a pas son semblable.
Le Ramban : Si ton argument est juste, et que les Sages
du Talmud ont vraiment cru à Jésus, pourquoi n’ont-ils
pas pris sur eux la religion de Jésus ? Pourquoi sontils restés fidèles à la religion de Moïse jusqu’à leur
dernier jour et n’ont pas fait comme le frère Pablo qui
a embrassé la foi de l’Eglise ?
Pablo Christiani : Tu t’éloignes du sujet de la Dispute.
Ecoute d’abord ce que j’ai à te dire !
Le Ramban : Je sais que tu ne proféreras aucune
parole véridique. Cependant, je les écouterai, puisque
telle est la volonté du Roi.
Pablo Christiani : Il y a dans le Midrach des passages
prouvant sans aucun doute que Jésus, le Messie, est
déjà venu. Tu ne peux pas nier ce que veut dire cette
histoire qu’on trouve dans le Midrach : « Un homme
juif était en train de labourer dans son champ, dans un
endroit lointain très éloigné de Jérusalem, si lointain
qu’il ignorait tout de ce qui se passait à Jérusalem.
L’homme labourait et tout à coup, son bœuf a commencé à mugir. Survint alors un Arabe qui lui dit : “Juif,
Juif, délivre ton bœuf, dénoue son joug, détache ta
charrue car le Temple est détruit. Ce n’est pas le moment de labourer maintenant. C’est le moment de se
lamenter.“ Le Juif fit comme l’Arabe lui demandait, et
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
25
soudain son bœuf se mit à mugir une deuxième fois.
Alors, l’Arabe dit : “Remets le joug sur ton bœuf et rattache ta charrue. Arrête de te lamenter, Juif, car à ce
moment même est né le Messie. » (Se tournant vers
le Ramban) : Tu vois, tout est clair et simple. (Se tournant vers le public) Le jour même où le Temple a été
détruit, le Messie est né. Ainsi le prouve cette histoire
écrite dans leurs textes sacrés. Il n’y a rien à ajouter,
le Messie est arrivé, et c’est là l’essentiel.
Le Ramban : Je ne crois pas à cette histoire que tu
viens de raconter !
Pablo Christiani : Vous avez entendu ! Il nie les textes
sacrés juifs.
Le Ramban : Je n’accepte pas cette idée selon laquelle
le Messie est né le jour de la destruction du Temple.
Il se peut très bien que l’origine de ce Midrach soit
erronée et il se peut très bien également qu’il se
cache derrière une vérité plus profonde. Car vous
devez savoir que, nous les Juifs, avons trois sortes de
livres. La première sorte ce sont les textes bibliques.
Et nous y croyons avec une foi absolue. La deuxième
sorte, c’est le Talmud qui est un commentaire des
lois de la Torah et notre croyance en lui est sans
faille. Mais nous avons une troisième sorte de textes
appelé « Midrach » et ce qui y est écrit, savez-vous à
quoi cela ressemble ? Imaginez un prêtre qui fait un
sermon, et ses paroles trouvent grâce aux yeux d’une
personne qui l’a entendu. Il écrit ces paroles. A partir
de ce moment, ces paroles vont devenir éternelles. Le
Midrach, on peut y croire mais celui qui ne veut pas y
croire, on ne peut pas l’accuser d’hérésie, mon Roi. Car
il ne conteste pas les paroles du D.ieu vivant, mais celle
d’un faiseur de sermons. Ceci étant dit, ce Midrach
que tu viens d’apporter confirme mon opinion.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
26
Le Roi : Comment peux-tu parler de la sorte ?
Le Ramban : Si nous acceptons le récit du Midrach qui
nous dit que le Messie est né le jour de la destruction
du Temple, cela signifie que ce n’est pas le Messie dont
vous parlez, car Jésus, même selon vos comptes, est
né et a été tué bien avant la destruction du Temple.
Deux cents ans selon nos comptes, et soixante-treize
ans selon vos comptes. Mais ce détail n’a aucune
importance.
Raymond de Peñafort : La Disputation ne concerne
pas la personnalité de Jésus. Nous parlons là d’une
chose essentielle : le Messie est venu ou n’est pas
venu ? Toi, maître Moïse, tu soutiens qu’il n’est pas
encore venu, et ce livre, un de vos livres, montre qu’il
est déjà venu.
Le Ramban : Les Sages n’ont pas prétendu dans le
Midrach que le Messie est déjà venu, mais seulement
qu’il est né le jour de la destruction du Temple.
Pablo Christiani : Mais c’est la même chose !
Tout au long de la scène, Pablo et Raymond reculent
vers le fond de la scène.
Le Ramban : Tu te trompes ! Ce n’est pas du tout la
même chose. Moïse, notre maître, n’a pas sauvé le
peuple d’Israël, le jour où il est né ! C’est évident !
C’est la même chose pour le Messie. Il est né le jour
de la destruction, peut-être ! Il s’est dévoilé comme
Messie ? Pas du tout !
Le Roi : Et quand se dévoilera-t-il ?
Le Ramban : Tu le sauras le jour où il arrivera au palais
du Pape et qu’il lui dira : « Délivre mon peuple » Ça, ce
sera le signe.
Pablo Christiani : Tu veux dire que le Messie est venu
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27
il y a mille deux cents ans et qu’il ne s’est pas encore
dévoilé ! (Il rit.)
Le Ramban : C’est possible.
Le Roi : Il est né le jour de la destruction du Temple et
il n’est pas encore venu ? Quel âge a-t-il ?
Raymond de Peñafort : Il n’est pas dans la nature de
l’homme de vivre mille ans.
Le Ramban : Et depuis quand l’Eglise se soucie des lois
de la nature ? Ta foi est établie sur des événements qui
n’ont aucun rapport avec les lois de la nature ! Selon
ma foi, la durée de la vie est fixée selon la volonté du
Créateur qui décide qui va vivre et qui va mourir. Adam
et Mathusalem ont vécu près de mille ans et Hanoch
et le prophète Elie, bien davantage puisqu’ils sont
encore vivants !
Le Roi : Où est-il aujourd’hui ce vieux Messie ?
Le Ramban : Peut-être le trouveras-tu aux portes de
Tolède, si tu dépêches un de tes rapides émissaires.
Le Roi : Ainsi se termine le premier jour de la Dispute
entre Rabbi Moïse fils de Nahman, et le Frère Pablo
Christiani.
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Quatrième tableau
Le chant de la mer qu’a composé le Ramban
pendant son voyage en Terre Sainte
Le dramaturge : Quatrième tableau ! Le chant de la
mer qu’a composé le Ramban pendant son voyage en
Terre Sainte !
Le chœur chante sans paroles. En même temps que
cette musique, le Ramban dit la prière de la mer.
Le Ramban :
Par la force de Ton nom, D.ieu du ciel,
Puissé-je échapper à ceux qui me haïssent
Et à la profondeur des mers,
Approche le salut de mon âme,
Ne me précipite pas dans les vagues de la mer,
Que je ne tombe pas dans les profondeurs de
l’abîme,
Réponds-moi, D.ieu, car Ta bonté est grande,
Ne cache pas Ton visage à Ton serviteur,
Oublie mes péchés de jadis,
L’âme de Ton serviteur, ne l’arrache pas,
De l’abîme des eaux immenses, sauve-moi,
Et sur des eaux calmes, conduis-moi.
Mon âme, réjouis-la,
Conduis-moi à l’endroit où je désire aller,
Je dirai la grandeur de Ton nom à mes frères,
Mon cœur et mon corps chanteront le D.ieu vivant
(Se souvenant) : « Peut-être le trouveras-tu aux
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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portes de Tolède, si tu dépêches un de tes rapides
émissaires ? »
La voix : Parle, parle, ris à gorge déployée ! Crois-tu
que tu les as convaincus ? Crois-tu vraiment que tu
les as impressionnés ? As-tu pensé à la manière dont
ils vont rapporter cette Dispute ?
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Cinquième tableau
La version chrétienne de la Disputation
Le dramaturge : Cinquième tableau ! La version
chrétienne de la Disputation comme elle a été dictée
le 6 septembre 1263 par Raymond de Peñafort.
En fond, musique chrétienne.
Raymond de Peñafort : Après qu’ont été exposées
devant ledit Moïse des preuves évidentes prises au
texte juif que le Messie est né le jour de la destruction
du Temple, ledit Moïse tenta de prouver que le Messie,
bien qu’il soit né, il y a 1200 ans, n’est pourtant pas
encore venu. Quand on lui a demandé où se trouvait le
Messie, il s’est troublé et a balbutié que le Messie se
trouvait à Tolède et qu’il ne se dévoilerait que lorsqu’il
recevrait l’autorisation du pape. (S’interrompant) Il
faut une fin plus forte !
Le secrétaire : Jamais de ma vie je n’ai ressenti
d’émotions aussi puissantes. Nous sommes en train
de forger la manière dont on verra l’histoire de la
Disputation dans des milliers d’années. Nous tirons
les fils de l’Histoire. Et tout pour la gloire de notre
mère l’Eglise.
Raymond de Peñafort : Faire l’histoire, c’est un jeu
d’enfant, mais l’écrire c’est une autre paire de
manches.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Le Ramban (Jacky Schvili) se prépare à la Dispute. Sur le sol à côté de lui
deux Juives errantes (Heli et Anna). Costumes : Irit Toledo. Mise en scène:
Yehuda Moraly . Théâtre Khan, Jérusalem, janvier 1992.
Le Roi Ferdinand (Benjamin Jagendorf) et la Reine Isabelle (Vidal Kadoch)
proclament l’Edit d’expulsion des Juifs d’Espagne.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Les Juifs sont exilés d’Espagne (Jacky Levi, Yaffit Kahana).
Maria Gonzalès (Myriam Gudal) interrogée par son inquisiteur
(Benjamin Jagendorf).
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Sixième tableau
Deuxième jour de la Disputation
Le Roi : Deuxième jour de la Disputation. 23 juillet
1263 !
Pablo Christiani : Crois-tu ou non que le Messie soit
déjà venu ?
Le Ramban : Non, je crois et je sais que le Messie
n’est pas encore arrivé ! Nos Prophètes nous ont
prédit qu’au moment de la venue du Messie, la terre
se remplira de connaissance, qu’il n’y aura plus de
guerre et que les peuples forgeront des socles de
leur glaives, qu’aucun peuple ne lèvera l’épée contre
un autre peuple. Or, depuis l’époque de Jésus jusqu’à
aujourd’hui, il y eut maintes guerres et le monde a été
plein d’oppressions et de ruines. Quant aux Chrétiens,
ils ont fait couler plus de sang que le reste des nations.
Et comme il te serait pénible, Monseigneur le Roi, ainsi
qu’à tes chevaliers de ne plus apprendre l’art de la
guerre !
Pablo Christiani : Voyez ! il est toujours à faire des
discours interminables pour s’éloigner du sujet !
C’est pourquoi, je veux l’interrompre et lui poser une
question. Dans votre Midrach, il est textuellement
écrit que le Messie recevra des souffrances pour
amener la résurrection des morts. Est-ce qu’il n’est
pas clair qu’il parle de Jésus qui, cela est connu, a reçu
de terribles souffrances de son propre gré ? Sa mise à
mort qu’il a accueillie volontairement !
Le Ramban : Malheur à celui qui n’a point de honte ! Comment est-il possible de dire que Jésus est
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34
le Messie alors qu’il n’a rien fait de ce qu’ont dit les
Prophètes ? Il n’a pas ressuscité les morts. Il n’a pas
fait revenir les exilés en Israël. En définitive, toutes
ses souffrances étaient des souffrances reçues contre son gré. Quant aux souffrances qu’il endure, elles
ne sont rien d’autre que la peine qui le tourmente du
fait de l’extrême retard de sa venue ! Il voit son peuple
en exil ! Il est impuissant à le délivrer. Il voit ceux qui
servent celui qui n’est point D.ieu, et font d’un autre le
Messie.
Pablo Christiani : Est-ce que tu nies le fait que le
Messie est un D.ieu tout en restant un homme ?
Le Ramban : Le Messie n’est pas un D.ieu. En fait,
Monseigneur le Roi, tu m’es plus cher que le Messie.
Le Roi : Comment peux-tu dire une chose pareille ?
Le Ramban : Par la vie de Monseigneur le Roi, je vis
sous ton règne et non sous le règne du Messie, fils de
David. Je peux espérer la venue du Messie. Prier pour
sa venue, mais ce qui compte vraiment pour ma vie,
c’est ton règne ! Pas le sien ! Plus tu t’opposeras à ce
que j’observe les Mitsvot, plus mon mérite sera grand.
C’est ce que je pense, mon Roi.
Le Roi : Si Jésus n’est pas un D.ieu, alors qu’est-il ?
Raymond de Peñafort : C’est le Satan ?
Le Ramban : Non.
Pablo Christiani : Mais tu prétends que Jésus a trompé
les hommes quand il leur a dit qu’il était un D.ieu.
Raymond de Peñafort : Pour les tromper ainsi, il faut
qu’il soit le Satan.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Le Ramban : Dans votre Nouveau Testament, j’ai lu que
jamais Jésus n’a affirmé être Di.eu. C’est votre Eglise
qui a déformé son enseignement et en a fait une idole.
Le Roi : Ainsi, pour toi le Christianisme serait une
idolâtrie ?
Le Ramban : Le deuxième commandement nous
ordonne : “Tu ne feras pas d’idoles, ni une image
quelconque de ce qui est dans le ciel ou en bas sur la
terre ou dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne
te prosterneras point devant elles, tu ne les adoreras
point.” Se prosterner devant un homme fils d’une
femme, comme s’il était un D.ieu, c’est de l’idolâtrie.
Ainsi les Egyptiens adoraient leur Pharaon et ainsi les
Romains adoraient leur César. Cependant, plusieurs
rabbins pensent que la Chrétienté n’est pas une
idolâtrie mais un miroir déformant du Judaïsme.
Le Roi : Un miroir déformant ?
Vive réaction parmi le public.
Le Roi : La deuxième journée de la Disputation est
terminée.
Le Roi sort avec sa garde. Tandis que le chœur chante
le chant : Juifs scélérats, etc…
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Septième tableau
Le repas de Raymond de Peñafort
et Pablo Christiani
Le dramaturge : Septième tableau ! Pour différencier
les Juifs des Chrétiens, Pablo Christiani invente la
rouelle.
Pablo et Raymond sont à table. Un moine leur sert le
repas.
Pablo Christiani : Bien sûr, ce n’était qu’un début ! Mais
je sens que notre vérité est en train de pénétrer les
cœurs. Je sens que la lumière catholique qui sort de
notre victoire spirituelle va se répandre dans tout le
royaume. Je sens qu’une mission m’a été confiée, une
mission sacrée et je sens que je pourrai endurer tous
les coups que ce Nahmanide me porte. L’important
c’est que je puisse sauver une seule âme. Je sens…
Raymond de Peñafort : Tu sens, tu sens, qu’est-ce que
tu sens ? C’est une catastrophe. Ce sale Juif te tourne
en ridicule. Il se moque de toutes tes opinons. Il balaie
tes arguments d’un revers de main. Aucune de tes
paroles n’atteint son but. Tu bégaies et tu t’embrouilles
dans des arguments sans valeur, tu t’emmêles dans
des idioties. Tu jettes des paroles en l’air. Le Juif, lui,
se tient ferme sur ses positions. Et toi tu ne fais que
glousser autour de lui. Tu ridiculises l’Eglise. Cette
Disputation doit finir. Nous devons terminer cette
Disputation. Plus de Disputation ! Immédiatement !
Pablo Christiani : Oui, oui, mais comment ?
Raymond se tait.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Pablo Christiani : Peut-être pourrais-je demander
à Nahmanide de renoncer. Je vais essayer de le
persuader. Je vais lui parler.
Raymond de Peñafort : Sornettes ! Finis avec tes
sornettes, tu as assez parlé. Il y a deux jours que tu ne
fais que parler. Nous allons publier cette annonce : “Le
Ramban a fui sans prévenir personne. Les Chrétiens lui
ont fait honte. Et les Juifs l’ont supplié d’arrêter avant
que sa chute ne lui soit fatale et qu’il mette toute la
communauté en grand danger.” Voilà ! Les Juifs sont
comme une arête plantée en travers la gorge de la
Chrétienté. Avec leur argent pourri, ils achètent tout
le royaume, même le Roi, ils parviennent à l’acheter !
Ils se promènent parmi nous avec arrogance. Leurs
mains, les mains de chacun d’entre eux, sont pleines
du sang de notre Seigneur Jésus. Et ils osent encore se
tenir parmi nous et nous affronter dans des disputes
théologiques ! Depuis peu, se répand cette épidémie
de la copulation monstrueuse entre des mâles juifs et
des vierges chrétiennes. Cette épidémie se développe
parmi nous et nous détruit. Et nous ne pouvons rien
faire contre cela. On ne sait pas comment s’y opposer.
Ils nous ressemblent tellement. Ces démons n’ont ni
corne ni queue.
Pablo Christiani : Le Vatican a promulgué une loi
ordonnant aux Juifs de se signaler par une rouelle
jaune cousue à un endroit bien visible. Ainsi, on peut
s’assurer qu’aucun démon juif ne s’approchera d’une
vierge chrétienne.
Raymond de Peñafort : C’est une excellente idée.
C’est une excellente idée ! Très bon début. Le Roi doit
nous recevoir dans sa Cour dans deux heures. Essaie
de le persuader de promulguer cette loi dans tous ses
territoires.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Pablo Christiani : Je vais prier le Ciel pour qu’il vienne
à mon aide. Prier !
Il sort
Raymond de Peñafort : Assez de prières ! L’Eglise a
besoin de faits ! De victoires ! D’ordre ! Et de discipline !
Le chœur range les valises. Trois femmes allument
des veilleuses pendant que le chœur récite les noms
des victimes de l’Inquisition.
Juan Gonzales
Juan Soga
Antonio de Pass
Pédro de Vigas
Juan de Ciudad
Fernand Calio
Pedro Alégra
Léonor Gonzales
Bernado de Olivia
Anton Toledano
Pedro Lorenço
Fernand Sersa
Diego Lopez
Leonor Albera
Pedro de Romane
Cathelina Gomes
Maria Alenço
Isabelle de Taba
Ines Carmona
Constança Dias
Catalina Catalane
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Mariana Garcia
Catalina de Semoura
Beatrice Dias
Ines Lopez
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Huitième tableau
La Rabbanite et le Ramban sur le bateau
Le Ramban : Un feu, un feu immense embrase
l’Espagne. Mes Juifs, mon troupeau sont en proie aux
flammes. (Il crie.) Au feu ! Au feu !
La Rabbanite : A quoi rêves tu, Rabbi ? Pardonne-moi,
mais tu as crié dans ton sommeil.
Le Ramban : Non, non ce n’est rien, de mauvais rêves,
d’étranges cauchemars.
La Rabbanite : Tu voyages en direction de Gênes n’estce pas ? Et tu comptes t’installer là-bas ?
Le Ramban : Non, non ! Gênes n’est pour moi qu’une
escale. De là, je continue vers Alexandrie et de là en
Terre Sainte.
La Rabbanite : Vraiment ? En Terre Sainte ? Pour de
vrai ? D’après ce que j’ai pu entendre, il semble qu’il n’y
a plus aucun homme là-bas à part des vagabonds, des
brigands, des pirates qui égorgent tous les passants !
Pourquoi ne pas t’installer à Gênes et fonder là-bas
une nouvelle Yeshiva ?
Le Ramban : Je dois observer un commandement plus
grand encore !
La Rabbanite : Plus grand encore ? Etudier est le plus
grand commandement qui soit. En Terre Sainte ? Mais
il n’y a plus personne là-bas ! Plus de cacherout, plus
de Mikvé, plus de Minyan, plus de Sefer Torah, plus de
commerce…
Le Ramban : Personne ne connaît le salaire des commandements. Un seul commandement pèse plus que
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
41
tous les autres ensemble. Ainsi, le commandement du
Shabbat et celui d’habiter en Israël. Habiter en Israël
est plus important que toutes les Mitzvot de la Torah !
La Rabbanite : Permettez-moi de vous contredire,
mais de la bouche de mon mari, le grand rabbin de
Gênes, j’ai entendu des choses bien différentes. La
communauté juive de Gênes est extrêmement riche
et réside là-bas de génération en génération. Nous
avons l’habitude de la dénommer « la Nouvelle Jérusalem »
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
42
Neuvième Tableau
Dans les caveaux de l’Inquisition
Le dramaturge : Deux cents ans plus tard ! Les caveaux
de l’Inquisition. Gênes, 1484. C’est l’interrogatoire
de Maria Gonzalès ! Une des ancêtres de Maria
Gonzalès était cette femme riche que nous venons de
rencontrer dans le tableau précédent. La famille de
Maria Gonzalès s’est convertie au catholicisme. Les
inquisiteurs veulent vérifier, pour son bien, si elle est
une fidèle Chrétienne.
1er inquisiteur : Au nom du Père, du Fils et du Saint
Esprit, dans la ville de Gênes, le 16 août 1484, j’ouvre
la séance de notre Sainte inquisition.
2e inquisiteur : Quel est ton nom ?
Maria : Maria Gonzalès, Votre Honneur.
2e inquisiteur : Situation familiale ?
Maria : Mariée, Votre Honneur
2e inquisiteur : Quel est le nom de ton mari ?
Maria : Diego Sanchez de Madrid.
2e inquisiteur : Où habitez-vous ?
Maria : Gênes , Votre Honneur. Mais pour l’instant nous
sommes prisonniers de la Sainte Inquisition.
1er inquisiteur : Nom du père ?
Maria : Juan Marinès.
1er inquisiteur : Nom du grand-père ?
Maria : Isaac Marinès.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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2e inquisiteur : Est-il Juif ou Chrétien ?
Maria : Il est né Juif. Il s’est converti ensuite.
2e inquisiteur : Et quand a-t-il reçu le baptême ?
Maria : Je ne sais pas. C’était bien avant ma naissance,
Votre Honneur.
1er inquisiteur : Nom de la mère ?
Pas de réponse.
1er inquisiteur : Nom de la mère ?
Maria : Elvira Lopès De las Olivès, Votre Honneur.
1er inquisiteur : Est-ce que vos parents ont été interrogés par les juges de l’Inquisition ?
Maria : Oui, Votre Honneur. A Séville, à la cour de l’Inquisition.
2e inquisiteur (corrigeant sévèrement) : A la cour de
Justice de la Sainte Inquisition de Séville.
Maria : A la cour de Justice de la Sainte Inquisition de
Séville, votre Honneur.
1er inquisiteur : Maria Gonzalès, vous considérezvous fidèle aux commandements de la Sainte Eglise
catholique ?
Maria : Bien sûr ! Votre Honneur !
1er inquisiteur : Est-ce que les Juges de la Sainte
Inquisition interrogent les catholiques droits et
fidèles ?
Maria : Non, évidemment, Votre Honneur !
1er inquisiteur : S’il en est ainsi, Signora Gonzalès,
pensez-vous que vous auriez été invitée à cet
interrogatoire, si vous aviez été pour de bon une
Chrétienne fidèle ?
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
44
Maria se tait.
2e inquisiteur : Ton silence est éloquent ! Tu avoues
que tu n’es pas une Chrétienne fidèle.
Maria : Pas du tout ! Je suis une Chrétienne fidèle,
Votre Honneur !
1er inquisiteur : Tu accuses ainsi la Sainte Inquisition
d’inculper des innocents ?
Maria : Votre Honneur ! Je ne comprends pas de quelle
accusation vous parlez !
2e inquisiteur : Avoue pour le salut de ton âme
souillée ! L’Eglise pleine de pitié te demande d’avouer.
Maria : Non, non, je n’ai rien à avouer !
1er inquisiteur : La Sainte Inquisition de Gênes va
maintenant prêter oreille aux témoignages des
accusateurs.
1er témoin : J’habite en face de la famille Gonzalès.
Tous les vendredis soir, ils ferment consciencieusement leurs fenêtres et leurs portes. Il m’est venu des
doutes.
2e témoin : Je suis servante dans la maison de la
famille Gonzalès, votre Honneur. Tous les ans, au
printemps environ, ils me renvoient chez moi une
semaine et parfois plus, comme ça, sans que je le leur
demande. Et ils me donnent toute la farine et tous les
gâteaux qu’il y a dans le garde-manger.
3e témoin : Je suis une servante, votre Honneur.
Madame Maria me demande toujours de laver le
sang de la viande avant la cuisson. Je ne pose pas
de questions, votre Honneur. Si j’avais su ce que cela
signifie, j’aurais abandonné cette maison.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Maria : Mensonges ! Je n’ai jamais rien fait contre la
sainte religion catholique !
2e inquisiteur : La Sainte Eglise authentifie ces
témoignages qui ont été fournis sous le sceau
du serment. Est-ce que la Sainte Eglise est une
menteuse ?
4e témoin : Le samedi, tous les samedis, elle et son
mari s’habillaient de vêtements propres et blancs.
5e témoin : Tous les vendredis soir, votre Honneur,
arrivaient des invités, des marranes je suppose et ils
s’enfermaient chez eux une heure et plus.
6e témoin : Une nuit, je suis passé près de la fenêtre
des Gonzalès et soudain, j’ai entendu de l’intérieur, un
murmure bizarre que même le Satan ne comprendrait
pas.
7e témoin : J’étais assise à côté de Maria à l’Eglise, et
par le nom de notre Seigneur, chaque fois qu’il fallait
répondre “Amen”, elle toussait !
8e témoin : Je suis boucher, Mme Gonzalès achète
chez moi depuis des années, et je ne me souviens pas
qu’elle ait jamais acheté de la viande de porc.
9e témoin : Le samedi, j’ai remarqué qu’elle ne travaille pas. Une fois, un samedi, je suis venu chez elle,
et je lui ai demandé de coudre un vêtement pour les
enfants. Elle a commencé par me raconter qu’elle ne
trouvait pas son aiguille, mais moi, il y a longtemps
que j’avais senti qu’il y avait quelque chose de bizarre
dans son comportement. Alors qu’est-ce que j’ai fait ?
J’ai apporté une aiguille et je la lui ai donnée ! Vous
auriez dû voir comment elle cousait ! Comme si elle
enfonçait l’aiguille dans de la pierre.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
46
Les témoins se mettent à rire. Les Inquisiteurs mettent
sur la tête de Maria une cagoule noire et sortent.
10e témoin : Je suis un bon ami de son mari Diégo. Une
fois, nous avons mangé chez moi, c’était un beau pâté
de sanglier. J’ai demandé à Maria Gonzalès, pourquoi
elle ne mangeait pas ? Elle m’a répondu qu’elle n’avait
pas faim. Diégo souleva la tête de son assiette et dit :
« Femme, tu vas nous attirer des ennuis. » Et qu’est-ce
que Maria a répondu ? « Je m’en moque de ces ennuis.»
Maria et le garde sortent.
11e témoin : Toute sa foi est dirigée vers le D.ieu des
Juifs. Tous les samedis, je collais mon oreille à sa
fenêtre. D.ieu me pardonne ce que j’ai entendu. Un
vrai Sabbat de sorcières. Le Satan, ils l’invitent à leur
repas du samedi !
Les témoins et tout le chœur s’approchent sur le
devant de la scène et crient toutes leurs accusations.
A la fin, ils disent : « Juifs ! Juifs ! »
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Dixième tableau
Isabelle et Fernand ; le décret d’expulsion
Le dramaturge : Roch Hodech Adar, 1492. Le Roi Don
Fernand et la Reine Isabelle expulsent les Juifs de leur
royaume.
Le Chœur :
Les Juifs ont une queue dans le dos !
Ainsi l’affirment les savants,
C’est une punition du Ciel,
C’est une punition d’en Haut,
Les Juifs mâles saignent du sang menstruel,
Ainsi le dit la science, ainsi le disent les savants,
C’est une punition du Ciel,
C’est une punition d’en Haut,
Les Juifs ont une queue dans le dos.
Isabelle : Chers princes, chers gouverneurs, chères
communautés juives de toutes les provinces du
royaume. Santé…
Fernand : … Et grâce !
Isabelle : Nous avons été informés, à notre grand
regret, que dans notre royaume se trouvent des
Chrétiens qui se sont écartés du droit chemin et se
sont mis à agir en secret comme des Juifs…
Fernand : Et portent ainsi une grave atteinte à notre
Sainte Eglise.
Isabelle : Ont commencé à se tisser l’année dernière
des liens entre les Juifs et les Chrétiens sur la place
de la ville de Tolède. Pour votre souvenir, nous avons
interdit que pareils contacts aient lieu et nous avons
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
48
demandé que les Juifs s’éloignent des Chrétiens. Qu’ils
habitent dans des cours et des quartiers séparés et
fermés dans le but d’éviter la dissémination de ce mal
social. Ainsi nous avons ordonné que soient envoyées
à Tolède des brigades de Juges de la Sainte Inquisition.
Fernand : Comme nous l’avions prévu, l’Inquisition a
découvert de nombreux coupables.
Isabelle : Il s’avère qu’un grand tort a été causé à nos
sujets chrétiens. Les liens impurs qu’ils ont tissés
avec les Juifs constituent un mal incommensurable.
Fernand : Nous surveillons de près ces liens puisqu’il
est connu de génération en génération que les
Juifs essaient par tous les moyens de voler le cœur
des Chrétiens et de les éloigner de la Sainte Foi
Catholique…
Isabelle : …de les induire en erreur et de rapprocher
leur cœur de leur foi satanique.
Fernand : Ainsi, selon le conseil des dignitaires
de notre cour royale, hommes de science et de
conscience, après en avoir longuement discuté, nous
sommes arrivés…
Isabelle : …aux conclusions suivantes…
Fernand : Tout Juif et toute Juive nés dans notre
royaume ou arrivés ici pour quelque raison que ce
soit…
Isabelle : devront tous…
Fernand : jusqu’à la fin du mois de juillet de cette
année…
Isabelle : …quitter le territoire du royaume avec leurs
fils et leurs filles…
Fernand : …leurs serviteurs…
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
49
Isabelle : …et leurs servantes…
Fernand : …et tous leurs parents juifs !
Isabelle : qu’ils soient jeunes…
Fernand : …ou âgés.
Isabelle : Tout Juif qui n’obéirait pas à cet édit et se
trouverait après cette date dans notre royaume…
Fernand : …ou qui traverserait notre territoire…
Isabelle : …sera puni de mort…
Fernand : …et de confiscation de tous ses biens au
bénéfice du trésor royal !
Isabelle : Et tout cela sans jugement !
Fernand : De la même manière, nous interdisons à
tous nos sujets, qu’ils soient nobles ou roturiers,
d’abriter, d’inviter dans sa maison…
Isabelle : …ou de donner refuge…
Fernand : … de manière publique…
Isabelle : …ou secrète…
Fernand : …à tout Juif…
Isabelle : … à toute Juive…
Fernand : … depuis la date susdite…
Isabelle : …et pour l’éternité !
Fernand : Ainsi, nous permettons aux Juifs et aux
Juives de sortir de notre royaume par la voie de la mer
ou celle de la terre, avec tous leurs biens, à l’exclusion
de l’argent, de l’or, de toute pièce de monnaie et des
biens qu’il est interdit de sortir de notre royaume
selon nos lois. Nous ordonnons également aux nobles
gouverneurs, aux fonctionnaires de l’Etat et à tous
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
50
les représentants royaux de faire tout ce qui est en
leur pouvoir pour que soient exécutées les conditions
de cet édit. Cet édit royal doit être respecté dans les
moindres détails et appliqué sans la moindre pitié.
Le Roi et la Reine sortent en traversant le public tandis
qu’on entend une magnifique musique.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
51
Onzième tableau
L’Expulsion, 2 août 1492.
Don Isaac Abarbanel : Torquemada, ce Satan, a gagné
la bataille. Nous avons été expulsés sans pouvoir
rien faire. Nous avons laissé tout notre argent. Le
Roi voulait que je reste en Espagne alors que mon
peuple était expulsé. Et moi, Don Isaac Abarbanel, je
n’ai pas voulu trahir. Non, non, cela ne sera pas ! Je
partirai avec mon peuple et souffrirai avec lui tous
les tourments. Le Ciel te punira, Espagne, et nous les
Juifs, nous n’oublierons jamais ce que tu nous as fait.
Trois Juifs expulsés s’assoient sur le devant de la
scène et s’adressent au public.
1er expulsé : Vous voulez savoir ce qui s’est passé
pendant l’expulsion d’Espagne ? Venez ! Je vais vous
raconter. Tout a commencé à Roch Hodech Adar. Dans
nos rues, flottait déjà l’odeur de Pourim. Les femmes
avaient déjà commencé à faire cuire les gâteaux. Les
enfants riaient ! Alors apparut sur la place quelqu’un
qui a crié d’une voix terrible : « On nous expulse
d’Espagne ! Le Roi a promulgué un édit d’expulsion ! »
Je ne l’ai pas cru. Personne ne l’a cru. On pensait que
c’était un fou.
Une expulsée : Le Roi n’oserait jamais nous expulser !
Les Juifs sont la colonne vertébrale de l’Espagne. Que
d’argent nous avons donné au Roi, chaque année,
chaque jour, des impôts, des impôts. Savez-vous
comment les Juifs ont soutenu le Roi ? Nous avons
financé toutes les guerres qu’il a faites. Et maintenant,
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
52
c’est impossible ! Il ne peut pas nous jeter comme ça.
Don Isaac Abarbanel va lui parler ! Il va le persuader
de ne pas nous expulser. Il doit réussir, il le doit !
1er expulsé : Vous entendez ? J’ai bâti ma maison avec
mes deux mains. Cette maison, je l’ai bâtie avec mon
sang. J’ai planté tous les arbres fruitiers de cette cour.
Dans cette cour, je me suis marié avec Sarina et dans
cette maison sont nés tous nos enfants. Et je suis
devenu quelqu’un de riche ! Vous entendez ! « Jacob,
m’a dit ma femme Sarina, nous ne pouvons partir sans
un sou. Et les enfants, ils vont mourir en chemin. Et où
irons-nous ? Où ? » Elle me parle, elle me parle et moi,
je ne veux plus l’entendre. « On va rester ici, comme
ma sœur Maria et son mari. Elle s’est convertie et c’est
tant mieux pour elle. Tout le monde l’aime. Personne
n’osera l’expulser. On dit que tous ceux qui vont se
convertir seront exempts d’impôts et l’Inquisition ne
pourra pas leur porter atteinte pendant dix ans. Allons,
viens, on va faire une petite aspersion d’eau bénite et
comme ça on pourra vivre en paix. On aura des enfants,
des arrière-petits-enfants ! Ecoute-moi, Jacob. » Et
moi j’étais presque d’accord. Ma tête tournait. Elle a
raison. On va se convertir et on va rester ici. Il n’y a
rien d’autre à faire. Et tout d’un coup, je vois mon père,
mon vieux père qui se tient devant moi et qui crie en
tremblant : « Jacob, faut-il que j’atteigne l’âge de 90
ans pour que j’entende mon fils abandonner la foi de
nos ancêtres en échange d’un peu de paix ? J’ai honte
de toi. » J’ai reçu un coup, comme ça, au cœur. Et j’ai
décidé qu’on allait partir d’ici. On va tout vendre. On va
donner notre maison aux voisins. Femme, je te dis, on
y arrivera, on sera les plus forts.
2e expulsé : On ne savait pas quoi prendre. On ne
pouvait pas prendre l’argent. On ne pouvait pas
prendre l’or. J’avais besoin d’une monture. J’ai vendu
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
53
ma maison pour un âne, un pauvre âne gris. J’ai tout
mis dans des sacs. J’ai dit à ma femme : « Prends les
chandeliers. »
L’expulsée : Non, on ne peut pas prendre d’argent.
2e expulsé : Prends des vêtements. Qu’est-ce que tu
vas faire avec cette robe ?
1er expulsé : Jette, jette, mais jette ça aussi !
L’expulsée : J’ai pleuré, j’ai tant pleuré sur tout ce que
j’ai laissé en Espagne !
2e expulsé : La nourriture ! Prends de la nourriture, on
a besoin de nourriture pour le chemin.
1er expulsé : Non, non, tout va pourrir ! Prenons de la
marchandise !
L’expulsée : Prenons des pots, des marmites, des vêtements, prenez…
2e expulsé : On plie sous le poids du fardeau. On
tremble, mais il faut marcher, marcher, fuir. Ça y est.
On a commencé à marcher, on abandonne Séville !
L’expulsée : Ça y est ! On a commencé à marcher ! On
abandonne Cordoue !
1er expulsé : Ça y est ! On a commencé à marcher ! On
abandonne Tolède !
2e expulsé : Je me tiens avec ma femme et mes enfants
sur le quai près du navire, et moi et tous les autres, on
le sait, c’est Ticha Be Av.
Les 3 expulsés ensemble : Je me tiens sur le quai et je
ne sais pas, non, je ne sais pas ce qui m’attend, moi et
toute ma famille.
Le chœur se met en ligne et revient sur la dernière
phrase.
Yehuda Moraly La Dispute de Barcelone
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Douzième tableau
Le Ramban à Saint-Jean d’Acre
Chant de Rabbi Yehuda ha Levi : Yaffe Nof
Ville sublime,
Joyau suprême de la Création,
Ville d’un grand Roi,
Mon âme se languit de Toi,
Des profondeurs de l’occident,
Quand je me souviens des jours passés,
Ma gorge se serre.
Ton honneur a été chassé et Ton palais détruit.
Mais, je vais reconstruire Tes murailles et rebâtir
Ton palais,
Le goût de Ta terre est pour moi meilleur que celui
du miel.
Le dramaturge : Douzième tableau, le Ramban à Acco.
L’homme qui entre sur scène est le Rabbi Yehiel
de Paris. Comme le Ramban, il a participé à une
Disputation, à Paris, en 1240, avec un Juif apostat, et
comme le Ramban, il a été expulsé du royaume.
L’époque : Motse Shabbat, le mois d’Elo
Les Bibliques au théâtre
Aujurd’hui on va s’intéresser à un sujet un peu osé.
Je vous rassure, pas dans le sens où on le comprend d’habitude. Non ! Mais disons un sujet inhabituel : voilà !
Et si on transposait les héros de la Bible à l’heure actuelle ? Si on faisait d’Abraham, de Yossef, de Samson, de David… des personnages confrontés aux mêmes genres de situation décrites dans la Bible, mais dans des contextes actuels : la société de consommation, l’informatique, les médias, et même en revenant un peu en arrière le pouvoir dictatorial de l’ex-URSS.
Et en plus pour couronner le tout, si on les transformait en vulgaires personnages de théâtre ! Une infamie, n’est-ce pas ?
Et bien non, les héros bibliques sont éternels. Et incarner un personnage biblique aide à mieux comprendre, mieux «intégrer» l’histoire biblique.
Alors, rejoingnez-nous sur scène et surtout, amusez-vous bien !
Le Voyage de Betsalel
Le Voyage de Betsalel Le Voyage de Betsalel nous fait découvrir, par son site et ses ouvrages, la période qui s’inscrit de l’antiquité à nos jours dans différentes thématiques telles que les arts de l’espace, les arts du visuel, les arts du quotidien et les arts du spectacle. Partant du fait que la première œuvre d’art juif est le tabernacle du désert Le Voyage de Betsalel propose à la jeunesse diverses expressions artistiques. Pourquoi Betsalel ? En référence à celui qui a construit le tabernacle du désert et au sujet duquel il est dit dans le livre de l’Exode שמות ספר Parachat Vayakel 36 ; 31-35 L’Éternel a désigné nominativement Betsalel, fils d’Ouri, fils de Hour, de la tribu de Juda. Il l’a rempli d’un souffle divin ; d’habileté, de jugement, de science, d’aptitude pour tous les arts ; lui a appris à combiner des tissus ; à mettre en œuvre l’or, l’argent et le cuivre ; à tailler la pierre pour la sertir, à travailler le bois, à exécuter toute œuvre d’artiste. Il l’a aussi doué du don de l’enseignement, lui et Oholiab, fils d’Ahisamak, de la tribu de Dan. Pourquoi un voyage pour Betsalel ? Car depuis la destruction du 2e Temple (70), la communauté d’Israël s’est scindée en une multitude de communautés éparpillées à travers le monde. Là elles ont pris racines et se sont développées à partir de ce que leur proposait leur terre d’accueil. Betsalel dans sa barque voyage de pays en pays, de communauté en communauté pénétrant ainsi l’art de chacune d’elle. Le Voyage de Betsalel 5 L’art a, de tout temps, été présent dans le judaïsme. Au cours de l’histoire, architectes, orfèvres, bijoutiers, enlumineurs, scribes, brodeurs, tisserands, menuisiers n’ont cessé d’embellir les lieux et les objets destinés au culte. Connu et recherché parmi les Juifs, cet art a été méconnu en dehors de la communauté juive restant la production d’une minorité. Cela n’empêche pas certains artisans, (orfèvres, enlumineurs, bijoutiers) d’honorer des commandes extérieures sans lien avec la communauté et d’être reconnu en dehors des murs du ghetto pour leur dextérité. L’art juif à l’origine répond à l’injonction du Hidour Mitsva une ordonnance qui incite l’embellissement de l’accomplissement d’un commandement et par extension à l’embellissement de l’objet voué à ce commandement ou plus exactement à l’exercice du culte. En Diaspora, dans chaque pays où des communautés juives ont vécu, les artistes se sont inspirés des traditions artistiques de la terre d’accueil. Il en est ainsi en art du visuel dans l’antiquité pour les fresques de la synagogue de Doura Europos, inspirés de l’art byzantin : Synagogue, Doura Europos, Syrie, 245 6 Puis au moyen âge tardif pour les Haggadot de Pessa’h enluminées dont le travail se rapproche de celui des scribes locaux en Espagne : Haggadah de Rylands, Espagne, 1330 Le Voyage de Betsalel 7 Haggadah Dorée, Espagne, 14e siècle Le Voyage de Betsalel 8 De même en art de l’espace pendant le haut moyen âge avec les premières synagogues de plan basilical en terre d’Israël : Synagogue, Doura Europos, Syrie, 245 Le Voyage de Betsalel 9 L’art du quotidien : comprend l’ensemble des objets rituels utilisés dans le cadre des pratiques religieuses. Ces objets sont souvent décorés de motifs symboliques tels que des étoiles de David, des lions, des cerfs et des épis de blé. Différentes techniques sont abordées. En orfèvrerie on trouve : plats de seder, verres de Kidouch, ‘Hanoukkiot, boîtes à cédrat, boîtes à offrande, bijoux ; dans le textile : des robes de mariée, des nappes brodées à l’aiguille ou décorées au tampon ; l’utilisation du bois est également fréquente dans la fabrication d’objets cultuels tels que le mobilier de synagogue, les ‘Hanoukkiot, les toupies de ‘Hanoukka, ou les crécelles de Pourim. ‘Hanoukkia, Irak, 1900 Le Voyage de Betsalel 10 Verre de Kidouch, Erets Israël, 1910 Le Voyage de Betsalel 11 Boite à Bessamim, Allemagne, 1740 Le Voyage de Betsalel 12 Du moyen âge au 17e siècle, en Europe, le commanditaire le plus important d’œuvres d’art est l’Eglise. Les communautés juives et chrétiennes vivent selon un certain consensus et ne se mélangent pas. Si un membre de la communauté juive désire s’initier aux arts de la terre d’accueil, il doit sortir de sa communauté. C’est avec le processus d’émancipation qui a eu lieu au 18e siècle que les juifs ont enfin eu accès aux académies d’art, leur permettant ainsi de fréquenter des écoles d’art sans avoir à renoncer à leur religion ou se convertir au christianisme. Cette ouverture a donné lieu à une coexistence entre l’art cultuel, lié à la pratique religieuse, et l’art produit par des artistes juifs qui s’inscrivent dans différents courants artistiques tout en gardant leur judéité confidentielle. Quant au 19e siècle, on a voulu aborder l’histoire de l’art et en faire une nouvelle discipline, la plupart des historiens étaient néophytes en matière d’art juif. Car pour avoir une idée de l’expression artistique des communautés juives dans les pays d’accueil il aurait fallu des échanges culturels. Ces échanges ne devinrent possibles en Europe qu’au 18e siècle, avec l’avènement des Lumières. Ainsi, selon certains historiens du 19e siècle, les juifs étaient considérés comme n’ayant pas de penchant artistique, car ils respectaient le verset : Tu ne te feras point d’idole, ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Exode 20 ; 3 Ces historiens se limitaient au verset, sans prendre connaissance des commentaires établis depuis des siècles concernant les lois relatives à la représentation. Or, ces commentaires offrent des explications approfondies sur de nombreux aspects de la vie juive, permettant de mieux comprendre les diverses perspectives au sein de la tradition juive, ainsi que les raisons sous-jacentes aux choix artistiques et aux restrictions qui ont émergé au fil du temps. Le Voyage de Betsalel 13 H i s t o i r e d e l ’ a r t e t histoire des arts L’histoire de l’art apparaît en France avec la création des musées instaurés après la Révolution, dans le but de rendre accessible au grand public les œuvres des collections royales et de la noblesse. Les assemblées révolutionnaires mettent en place des musées. L’ouverture du Muséum central des arts de la République est célébrée le 10 août 1793 pour commémorer le premier anniversaire de la chute de la monarchie. Il deviendra le Musée du Louvre. On demande alors aux spécialistes de classer, mesurer, archiver et préparer des catalogues. Les objets sont répertoriés en fonction de leur lieu d’origine, par continent, par pays, et les historiens s’accordent sur l’existence d’un art africain, chinois, anglais, allemand, italien, français, etc. Nous sommes à la fin du 18e siècle. À cette époque, les communautés juives à travers le monde sont des minorités méconnues pour leur terre d’accueil. L’histoire de l’art est introduite en France dans le système universitaire au 19e siècle, et elle devient à partir de 1893 une matière à part entière et non plus un satellite de l’archéologie. Au 19e siècle, l’histoire de l’art entre à l’université. Au 21e siècle, elle est intégrée dans le programme de l’Education nationale, contrairement aux arts plastiques déjà en place au sein de l’Education nationale depuis 1968. L’histoire de l’art se concentre sur les arts majeurs, notamment les beaux-arts et l’architecture. L’histoire de l’art aborde les styles, les écoles, et les mouvements artistiques, en analysant comment ces œuvres ont été produites et ce qui les relient entre elles. Histoire de l’art et histoire des arts 14 Cet enseignement jusqu’au 20e siècle, ne touche que l’université ou les écoles supérieures spécialisées dans les domaines des arts et de la culture. A la fin du 20e siècle, en 1989, un évènement va changer la donne. Il est proposé de nommer ce nouvel enseignement Histoire des Arts, afin d’étendre l’intérêt aux arts de l’espace, du visuel, du quotidien, du spectacle vivant, des techniques, de la littérature, de la musique. Dès 1993, l’histoire des arts réunit un ensemble de matières et commence son parcours. Elle est enseignée initialement par des enseignants volontaires. Au 21e siècle, en France, après l’Allemagne et l’Italie, l’histoire de l’art devient officiellement, pour le ministère de l’Education nationale, L’histoire des arts. Cette matière devient obligatoire à l’école primaire dès la rentrée 2008 et au collège en septembre 2009. Le Bulletin officiel de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de l’Education nationale précise : L’enseignement de l’histoire des arts est un enseignement de culture artistique partagée. Il concerne tous les élèves. Il est porté par tous les enseignants. Il convoque tous les arts. Son objectif est de donner à chacun une conscience commune : celle d’appartenir à l’histoire des cultures et des civilisations, à l’histoire du monde. Bulletin Officiel n° 32 du 28 août 2008 A la lecture des textes officiels, l’histoire des arts s’intéresse à tous les domaines artistiques à travers le monde. A la fin de la scolarité, les élèves devraient être en mesure de situer une œuvre dans son contexte historique, politique et religieux, ainsi que d’acquérir des connaissances générales, une réflexion esthétique et un lien personnel avec une œuvre. A l’ère du numérique et au moment où l’histoire des arts est intégrée aux programmes scolaires de trois pays en Europe Le voyage de Betsalel prend l’initiative de mettre à disposition un site pédagogique et ludique dédié à l’histoire des arts juifs, accessible à tous. Histoire de l’art et histoire des arts Histoire de l’art et histoire des arts 15 Face à la multitude d’images, il est important de fournir des clés de lecture permettant aux enfants d’identifier et de référencer leurs connaissances. L’histoire des arts permet de comprendre le monde contemporain et établit des liens interdisciplinaires favorisant une culture réflexive. L’art juif témoigne de la créativité des artistes ayant vécu au sein de communautés dispersées à travers le monde après avoir été dépossédés de leur terre en l’an 70. Ces artistes se sont nourris des matériaux, des formes et des couleurs de leur nouvelle terre d’accueil, sans jamais renier leur identité. Le voyage de Betsalel offre une présentation des diverses expressions artistiques des Juifs dispersés aux quatre coins du monde. Au début du 20e siècle, les premiers historiens juifs à publier des ouvrages sur les arts juifs ont eux-mêmes amalgamé les styles des pays et des communautés, ne sachant pas à qui attribuer telle représentation ou tel motif. Il a fallu du temps pour réunir, classer et comparer ces éléments, comme l’avaient fait les premiers historiens avant l’ouverture du futur Musée du Louvre en 1793, afin de compiler un matériel sur lequel les étudiants, les néophytes et les érudits ont pu élaborer leurs recherches. 16 U n e o u v e r t u r e s u r différentes communautés L’œuvre d’art se prête à plusieurs interprétations. Au-delà des couleurs, des matériaux, des formes et des lignes, elle s’inscrit dans un contexte, révèle les intentions de l’artiste et fait appel à l’observation ou à l’intuition du spectateur. Face à cette diversité, la nécessité d’un outil pour explorer la création artistique des multiples communautés juives dans le monde s’est imposée à nous, car cela permet d’obtenir une vision d’ensemble de la vie de ces communautés dans leurs terres d’accueil et de comprendre leur manière d’interpréter la loi. Les us et coutumes varient d’un pays à l’autre, d’une ville à l’autre et même d’une communauté à l’autre. Les fêtes du calendrier et les événements marquants de la vie sont célébrés de manière unique dans chaque communauté. La variété des motifs décoratifs que nous retrouvons dans l’ornementation des objets et des parchemins utilisés lors des rituels religieux nous permet de mieux appréhender les particularités de chaque communauté. La familiarisation dès le plus jeune âge avec ces us et coutumes, ainsi qu’avec les différents styles et influences artistiques, favorise l’échange, le dialogue entre les communautés, encourage l’ouverture à autrui et contribue au développement d’un esprit critique et autonome. Afin d’aider les élèves à s’approprier leur Histoire, il est nécessaire d’adopter une approche pluridisciplinaire alliant l’Art, l’Histoire et le Kodech. En explorant les oeuvres et en découvrant le patrimoine dès leur plus jeune âge, les élèves peuvent concilier le savoir textuel avec les images qui s’y rapportent, évitant ainsi la confusion entre style, matière, pays, communauté et coutumes. Comme la Ketouba – le contrat de mariage-, est l’un des documents les plus richement décorés au sein des communautés juives, nous avons choisi de commencer par ce document pour illustrer la multiplicité des décors. Une ouverture sur différentes communautés 17 Ketouba, France, 1748 En France les contrats de mariage décorés remontent au 18e siècle et proviennent du comtat Venaissin. Ces Ketoubot, de dimensions réduites, sont rédigées sur des parchemins au texte entouré d’une bordure florale simple. Une ouverture sur différentes communautés 18 Ketouba, Italie, 1828 Une ouverture sur différentes communautés En Italie chaque communauté va avoir un modèle de Ketouba. Dans le Vénéto, à Venise et Padoue le parchemin est arrondi dans sa partie supérieure et les décors sont symboliques, bibliques, géométriques et floraux. 19 Ketouba, Italie, 1722 Une ouverture sur différentes communautés 20 Une ouverture sur différentes communautés Dans le Latium, à Rome le bas de la Ketouba va être découpée en pointe et les décors seront bibliques ou allégoriques. Ketouba, Italie, 1771 21 Au Maroc, on observe la présence de quatre types de motifs décoratifs dominants, qui sont issus de différentes régions. Le premier motif est caractérisé par un arc en forme de fer à cheval, d’influence espagnole, que l’on retrouve notamment à Meknès. Le deuxième motif se compose d’une bande d’écriture florale qui surplombe le texte, et il est spécifique à la ville de Sefrou. Le troisième motif est représenté par une couronne, importée d’Europe, qui est présente sur les contrats de mariage de Mogador. Enfin, le dernier motif se caractérise par une composition entièrement géométrique, rappelant les tatouages traditionnels des femmes du sud marocain. Une ouverture sur différentes communautés 22 Ketouba, Maroc, 1855 Une ouverture sur différentes communautés 23 Ketouba, Maroc, 1945 Une ouverture sur différentes communautés 24 Ketouba, Maroc, 1905 Une ouverture sur différentes communautés 25 Ketouba, Maroc, 1886 Une ouverture sur différentes communautés 26 En Erets Israël, les Ketoubot de Jérusalem se distinguent par la présence du dôme du Rocher et de la mosquée Al-Aqsa. Ces représentations symbolisent l’emplacement du Temple et rappellent le souvenir de sa destruction. De plus, on trouve fréquemment ces motifs accompagnés d’images d’autres lieux saints tels que le tombeau des rois, la tombe de Rachel ou encore le tombeau des patriarches. Ces éléments sont souvent présents sur les contrats imprimés au début du 20e siècle. Ketouba, Erets Israël, 1896 Une ouverture sur différentes communautés 27 Un motif emblématique de la communauté de Damas en Syrie se distingue par la représentation d’un vase orné d’un bouquet de fleurs, positionné au-dessus du texte de la Ketouba. Ketouba, Syrie, 1883 Une ouverture sur différentes communautés 28 Ketouba, Iran, Ispahan, 1859 Ketouba, Iran, 1859 La communauté d’Ispahan en Iran revendique fièrement le titre de la plus ancienne communauté juive du pays. Sur leurs contrats de mariage, ils utilisent le symbole du lion au soleil rayonnant, qui est un symbole emblématique de l’Iran. Une ouverture sur différentes communautés 29 P r o p o s i t i o n d ’ u n e démarche d’interprétation Le Voyage de Betsalel, suit une thématique qui s’élabore chronologiquement à partir de l’art du visuel, de l’art de l’espace, de l’art du quotidien et de l’art du spectacle. Par diverses rubriques, le Voyage de Betsalel rassemble, compare, nomme, analyse, partage et déconstruit les idées reçues sur l’art juif. L’art du visuel englobe une variété de techniques artistiques telles que l’enluminure, les fresques, la gravure, la peinture, la photographie, la mosaïque, la sculpture. Chacune de ces techniques permet aux artistes de témoigner à leur manière du ressenti de l’époque qu’ils traversent. L’observation, la comparaison, l’analyse aident à ancrer l’œuvre dans un contexte historique et à parvenir à un regard critique et innovant. Mosaïque, Erets Israël, Beit Alpha, 517 Proposition d’une démarche d’interprétation 30 Haggadah, Allemagne, 15e siècle Proposition d’une démarche d’interprétation 31 Mizra’h, Lituanie, 1877 Proposition d’une démarche d’interprétation 32 Arthur Szyck, Etats-Unis, 1948 Proposition d’une démarche d’interprétation 33 L’art de l’espace regroupe l’architecture et l’urbanisme. Tout au long de l’histoire, les hommes ont construit des structures architecturales pour s’abriter, prier, vivre ensemble. Ces constructions, dont les matériaux et les caractères esthétiques ont évolué de l’antiquité à nos jours, sont le témoignage de leurs modes de vie et de leur relation à l’espace. Synagogue, Chine, 12e siècle Proposition d’une démarche d’interprétation 34 Synagogue, Tunisie, 19e siècle Proposition d’une démarche d’interprétation 35 Synagogue, Italie, 1595 Proposition d’une démarche d’interprétation 36 Synagogue, France, 1882 Proposition d’une démarche d’interprétation 37 L’art du quotidien comprend l’ensemble des objets rituels utilisés dans le cadre des pratiques religieuses. Ces objets sont souvent décorés de motifs symboliques tels que des étoiles de David, des lions, des cerfs et des épis de blé. Différentes techniques sont abordées. En orfèvrerie on trouve : plats de seder, verres de Kidouch, ‘Hanoukkiot, boîtes à cédrat, boîtes à offrande, bijoux ; dans le textile : des robes de mariée, des nappes brodées à l’aiguille ou décorées au tampon ; l’utilisation du bois est également fréquente dans la fabrication d’objets cultuels tels que le mobilier de synagogue, les ‘Hanoukkiot, les toupies de ‘Hanoukka, ou les crécelles de Pourim. Boite à Etrog, Allemagne, 1900 Proposition d’une démarche d’interprétation 38 Robe de mariée, Maroc, 20e siècle Proposition d’une démarche d’interprétation 39 Toupie, Israël, 2004 Proposition d’une démarche d’interprétation 40 Amulette, Afghanistan,1920 Proposition d’une démarche d’interprétation 41 L’art du spectacle rassemble le théâtre et le cinéma réalisés par des dramaturges et réalisateurs d’origine juive. A travers l’analyse des pièces et des films, c’est un voyage dans l’histoire du peuple juif que l’on effectue. En classe, le théâtre permet de développer la communication, la réflexion. Monter ensemble une pièce donne une excellente idée de ce qu’est l’outil théâtral : la possibilité d’approfondir un sujet en s’amusant. Proposition d’une démarche d’interprétation Un violon sur le toit, Norman Jewison 42 Nos publications Portail enseignant Nos publications invitent les jeunes lecteurs à se construire une culture personnelle et à découvrir la diversité du patrimoine artistique dans les multiples terres d’accueil des communautés juives. Elles comprennent un portail dédié aux enseignant, un portail destiné aux jeunes lecteurs et une variété de publications. Pistes pédagogiques – des pistes pédagogiques pour travailler en classe sur une œuvre d’art et en comprendre la composition, l’interprétation, les sources et la technique. Ces pistes aideront les élèves à mieux comprendre les différents aspects de l’œuvre. Nos publications (site) 43 Attention au détail – outil indispensable pour découvrir une œuvre et pour en explorer les moindres détails, tant psychologiques qu’environnementaux. Attention au détail nous permet d’entrer dans l’intimité de l’œuvre et de la découvrir dans toute sa complexité. Arrêt sur images – faire un “arrêt sur images” permet une approche nuancée pour étudier les détails d’une œuvre d’art en les isolant de leur contexte global. .C’est plonger dans la créativité et l’imaginaire de l’artiste Portail enseignant 44 Portail jeunesse Jeux : -des quiz – pour mesurer les connaissances ; -des puzzle – pour mémoriser et reconstituer une œuvre ; -des BD – pour découvrir l’histoire des fouilles archéologiques. Fiche des enseignants – des outils pédagogiques conçus et réalisés par des enseignants pour soutenir l’apprentissage des élèves. Elles sont adaptées aux .différents cycles d’enseignement de l’Education nationale 45 Berechit : une exposition sur le premier livre de la Bible illustré par Eliahou Sidi. 140 planches pour examiner l’œuvre instinctivement, s’en imprégner, la faire parler. Portail jeunesse Voyage avec Betsalel – des cartes géographiques des terres d’accueil, étayées d’un historique du lieu et de ses caractéristiques, pour connaitre l’ampleur de la dispersion. Raconte-moi ton histoire – pour découvrir le point de vue de l’artiste, ce qui le meut et ce qu’il choisit de nous faire ressentir par son travail. 46 Déjà paru Facettes d’art juif – Pour les enseignants et les équipes éducatives une nouvelle collection de livres comprenant douze fiches descriptives organisées selon les arts du visuel, de l’espace, du quotidien et du spectacle. Ces fiches proposent une approche structurelle de l’œuvre. Elles permettent d’identifier ce que l’on sait de l’œuvre (description, contexte, art, histoire, kodech, technique…) et offre au lecteur et à celui qui la regarde un moyen d’établir un lien avec celle-ci. Facettes d’art juif visuel ISBN 978-965-91970-9-5 / 79 pages / Tout public Portail jeunesse 47 A la redécouverte du théâtre juif – propose un ensemble de pièces de théâtre, principalement méconnues ou totalement inconnues du grand public. Ces pièces offrent un excellent support pour comprendre le mode de vie et les aspirations des Juifs à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, notamment dans les Schtetls, en Autriche et en France. Le Nouveau Ghetto ISBN 978-965-91970-5-7 / 127 pages / Enseignant, Cycle 3, Tout public Le Baptême ISBN 978-965-91970-6-4 / 146 pages / Enseignant, Cycle 3, Tout public Dossiers thématiques – Destinés aux enseignants et aux équipes éducatives des dossiers thématiques, de 20 à 40 pages, pour en savoir plus et approfondir les fiches descriptives présentées dans la collection Facettes d’art Juif. Sur le site cette rubrique propose des dossiers sur des thèmes liés aux domaines des arts du Visuel, de l’Espace, du Quotidien, du Théâtre, des Fêtes, du Cycle de la vie, de l’Archéologie et des Techniques d’art. Enseignant / Tout public 48 Betsalel au théâtre – regroupe deux ouvrages consacrés à des moments de vie de personnages sionistes et de personnages bibliques sous forme de pièces à monter en classe. Les pièces mettent en lumière des moments marquants de la vie de ces personnages, mettant en valeur leurs expériences, leurs émotions et leurs défis. Cela permet aux élèves de mieux comprendre les motivations, les aspirations et les valeurs de ces personnages, tout en établissant des liens avec leur propre vie et leur propre contexte. Les Sionistes au théâtre ISBN 978-965-91970-7-1 / 104 pages / Enseignant, Cycle 4, Tout public L’Art en fête – est une collection, de quatre tomes, conçue spécialement pour les enfants de 10 à 13 ans. Cette collection explore l’histoire des œuvres d’art qui embellissent les fêtes du calendrier juif. Chaque tome est consacré à une fête spécifique et met en lumière les créations artistiques associées à cette célébration. Art en Fête Tome 1 ISBN 978-965-91970-0-2 / 82 pages / Tout public Art en Fête Tome 2 ISBN 978-965-91970-2-6 / 82 pages / Tout public Art en Fête Tome 3 ISBN 978-965-91970-3-3 / 82 pages / Tout public Art en Fête Tome 4 ISBN 978-965-91970-4-0 / 82 pages / Tout public Portail jeunesse Portail jeunesse 49 Mais où est passée la Ménorah ? – est un livre-jeu dans lequel trois personnages se lancent sur les traces de la Ménorah à travers l’histoire, de l’Antiquité à nos jours. Ce livre combine une intrigue avec des éléments éducatifs sur l’histoire de la Ménorah et son importance dans la culture juive. Mais où est passée la Ménorah ? ISBN 978-965-91970-8-8 / 52 pages / Tout public Lire et rêver – des nouvelles de personnages qui ont traversé le temps et l’espace.Le Collectionneur est un personnage qui possède la capacité de voyager à travers le temps et l’espace. Il explore différentes époques et lieux, à la recherche d’objets rares et précieux à ajouter à sa collection. Le Collectionneur ISBN 978-965-93032-0-5 / 54 pages / Tout public Portail jeunesse 50 T r a n s m i s s i o n d ’ u n patrimoine : un devoir de mémoire La reconnaissance de l’art juif en tant qu’entité spécifique du monde de l’art est relativement récente. Les historiens commencent à l’évoquer au début du 20e siècle et à le diffuser aux États-Unis vers les années 50. En France on s’y intéresse à partir des années 70. Il est grand temps au 21e siècle de proposer à la jeunesse l’histoire de notre patrimoine artistique. Car comment expliquer, sinon par manque de moyens ou peut-être de motivations, qu’un enfant connaisse les fouilles de Pompéi alors qu’il n’a jamais entendu parler de celles de la synagogue de Doura-Europos qui montre l’existence d’un programme iconographique juif au troisième siècle alors que l’art chrétien n’en possédait pas encore ? Aussi, comment faire l’impasse sur les mosaïques de la synagogue de Beth Alpha qui témoignent de la vie des Juifs pendant les siècles qui suivirent la destruction du Second Temple en Erets-Israël ? Comment présenter l’Église Santa Maria la Blanca sans savoir qu’elle était à l’origine la Grande Synagogue de Tolède construite en 1180 et transformée en 1405 en église ? Egalement, comment ignorer la Bible de Kennicott enluminée en Espagne en 1476, seize ans avant l’expulsion de la communauté ? Comment étudier les croisades sans rien connaître de la synagogue romane de Worms, où Rachi a étudié ? Et que dire des Bibles, Ma’hzorim, Sidourim, Haggadot, Méguilot et autres manuscrits enluminés qui jalonnent l’histoire juive ? En faisant partager ce savoir avec les jeunes générations, nous cultivons leur appréciation de l’histoire et renforcons leur lien avec leur propre culture et celle des autres. Transmission d’un patrimoine : un devoir de mémoire 51 L’historien René Huyghe dans son introduction Sens et destin de l’art écrit : … L’art est une sorte de respiration de l’âme, assez analogue à celle physique, dont ne peut se passer notre corps… Ainsi, il considère l’art comme une nécessité vitale qui nourrit notre être intérieur, stimule notre imagination et facilite une communication profonde entre les individus. Sa transmission nous permet de nous épanouir, de réfléchir et d’établir une connexion avec le monde qui nous entoure, faisant ainsi émerger nos émotions et nos reflexions les plus profondes.
Le théâtre juif
Le théâtre juif
Dossiers Thématiques
Divers
2 Sommaire
Sommaire
Le théâtre juif
Chronologie sommaire du théâtre juif
L’Exagogè d’Ezéchiel
Le Pourimspiel
De la Haskala au théâtre yiddish
Le théâtre et l’holocauste
Le théâtre moderne
Conclusion
Le théâtre juif 3
Zero Mostel incarnant Tevye dans la pièce de théâtre « Un violon sur le toit ».
4 Le théâtre juif
L e t he ât r e j u i f
Qu’est-ce que le théâtre juif ? Question difficile !
On peut le définir de différentes manières. Une chose est certaine : l’auteur doit
être juif. Quant au sujet, il peut porter sur :
– des épisodes de la Bible,
– la tradition juive,
– la vie communautaire des Juifs,
– la confrontation entre Juifs et non-Juifs.
Mais comment peut-on différencier le théâtre juif du théâtre breton ou marseillais
par exemple ? Tous font référence à un milieu, une certaine façon de vivre, une
communauté.
En fait, il faut savoir qu’outre leurs coutumes – leurs « traditions » comme dit Tevye
le laitier dans la comédie musicale Le Violon sur le toit – les Juifs possèdent une
certaine façon de se voir et de voir leur prochain. On peut parler d’autodérision ou
bien au contraire d’appartenance à un peuple « autre ».
Quels que soient la définition adoptée ou le message sous-tendant l’intrigue, le
théâtre juif a derrière lui une longue histoire remontant bien avant notre ère et qui,
par conséquent, précède largement la condamnation énoncée dans le Talmud de
Jérusalem qui assimile l’art théâtral à l’idolâtrie et aux jeux de cirque de l’époque
romaine.
Chronologie sommaire du théâtre juif 5
C h r o n o l o g i e s o m m a i r e d u
t hé ât r e j u i f
199 -100 avant notre ère : à Alexandrie, Ezechiel écrit en grec Exagogè, première
pièce connue écrite par un Juif sur un sujet juif.
15e siècle : premières traces des Pourimspiel, à savoir des représentations données
jusqu’à nos jours à l’occasion de la fête de Pourim.
18e siècle : en Italie et en Allemagne, plus de deux cents pièces en hébreu et en
yiddish sont composées à l’époque de la Haskala. Parmi elles :
Le règne de Saül deYossef Efrati en 1794
Légèreté et hypocrisie – transposition de Tartuffe à l’univers juif – de Aaron Wolfson en
1794
Amel et Tirsa de Shalom Hacohen en 1812
Serkele de Shlomo Ettinger en 1825
Vérité et croyance de Adam Hacohen en 1842
Ces pièces étaient lues à plusieurs voix dans des salons. Les débuts du théâtre juif
professionnel datent de la fin du 19e siècle avec Goldfaden.
Dans la première moitié du 20e siècle, le théâtre yiddish se développe en Russie, en
Pologne, en Angleterre et surtout aux États-Unis. On comptait à l’époque à New
York 17 théâtres yiddish qui jouaient simultanément. Parmi des milliers de pièces, on
peut citer :
Shulamit d’Abraham Goldfaden en 1884
Mirele Efrat de Jacob Gordin en 1893
La Chaîne d’or de I.L. Peretz en 1906
6
Tevye le laitier de Shalom Aleichem en 1915
Le Dybbouk de Shalom An-ski en 1920
Les pays de culture séfarade ne sont pas en reste. Des pièces à sujet juif sont jouées
en ladino à Constantinople, Smyrne, Salonique et dans les Balkans. Les trois tomes
du livre d’Elena, El teatro de la sefardiés orientales, en répertorient 684, dont les plus
connues sont :
Aman et Mordechai de Barukh Nitrani en 1859.
Dreyfus de Jacques Loria en 1903
Don Isaac Abravanel de Simo Santo en 1910
Joseph vendu à ses frères d’Isaac Barsilai en 1911
Les chants d’Esther de Salomon Reuven en 1932
La vocation du Théâtre Habima créé en URSS en 1917 est de jouer en hébreu des
pièces à thèmes juifs. Le Dybbouk (Moscou, 1922) est l’œuvre la plus célèbre.
La Shoah porte un coup fatal au théâtre et au cinéma yiddish. Cependant, même
dans certains camps et ghettos, on continue à jouer ou à écrire des pièces de
théâtre.
En Israël, on assiste à un renouveau du théâtre juif, de jeunes dramaturges laïques
n’hésitant pas à renouveler ce genre jusque-là cantonné à des sujets religieux :
Il était une fois un hassid dans une mise en scène de Yossi Izraéli en 1968
Le Roi marocain de Gaby Ben Simhon en 1980
Et il dit et il alla de Rina Yerushalmi en 1996
Le fils du roi et le fils de la servante (d’après R. Nahman de Breslev) de Shuli Rand en
2000
Chronologie sommaire du théâtre juif
Voir dans Perspectives, revue de l’Université Hébraïque de Jérusalem – Le Théâtre juif, Éditions Magnès,
2003, l’article de Sarah et Yehuda Moraly «Repères chronologiques », p. 9-13.
L’Exagogè d’Ezéchiel 7
L’Exagogè d’Ezéchiel
C’est un juif nommé Ezechiel qui écrit Exagogè (« exode » en grec) aux alentours du
IIe siècle avant notre ère.
Le texte ne nous est pas parvenu dans sa totalité. Malgré tout, un certain nombre
de vers cités dans un autre ouvrage nous permet de reconstituer la trame de la
tragédie. L’intrigue est tirée des quinze premiers chapitres de l’Exode, le deuxième
livre du Pentateuque.
Avec Exagoge, Ezéchiel théâtralise le texte biblique qui relate la sortie d’Égypte.
Puisqu’il est impossible de montrer la traversée de la mer Rouge sur scène, il choisit
de faire raconter la débâcle de l’armée du Pharaon par un soldat égyptien.
Conformément aux conventions du théâtre grec, il s’interdit tout changement de
lieu, compresse le temps de l’action, omet ou ajoute des scènes.
Masque de tragédie grecque, 4e siècle av. notre ère
8 Le Pourimspiel
Le Pourimspiel
Le Pourimspiel est souvent une pièce de théâtre comique centrée sur le Livre
d’Esther.
Le Pourimspiel est à l’origine du théâtre yiddish. Il se répand chez les Juifs
ashkénazes à partir des années 1500.
Au 18e siècle, dans certaines régions de l’Europe de l’Est, les Pourimspiel se
transforment en œuvres plus ambitieuses comportant de la musique et de la danse.
L’histoire d’Esther n’y est plus qu’un prétexte.
Pourim : Fêtards en costume, d’après une estampe figurant à l’origine dans l’ouvrage de Johann
Leusden intitulé Philologus Hebræo-Mixtus et paru en 1657.
Le Pourimspiel 9
Abraham Goldfaden, appelé le « père du théâtre yiddish», est né en Russie. Il
s’installe à New York où il fait jouer en yiddish ses nombreuses pièces décrivant le
mode de vie de ses contemporains d’Europe de l’Est et de Russie.
Abraham Goldfaden
10
D e l a H a s k a l a a u t h é â t r e
yiddish
À la fin du 18e siècle, le mouvement des Lumières vise à promouvoir le rationalisme,
l’individualisme et la liberté et, ce faisant, affaiblit l’autorité religieuse. Il contribue à
la formation de la Haskala.
Les Juifs sortent de leur ghetto et s’intègrent progressivement à la société non juive.
Des auteurs dépeignent la vie des Juifs en proie à une assimilation progressive. Parmi
eux, Shalom Aleichem se distingue par plusieurs nouvelles – dont Tevye le laitier – qui
donneront lieu à des adaptations théâtrales puis cinématographiques.
Portrait de Sholem Aleichem réalisé par Chaim Topol
De la Haskala au théâtre yiddish
11
En France, malgré l’affaire Dreyfus, des auteurs juifs n’hésitent pas à produire des
pièces sur l’identité juive. Il convient notamment de citer Alfred Savoir et Fernand
Nozière avec Le Baptême (1907) et Henry Bernstein avec Israël (1908).
Portrait de Henry Bernstein peint par Edouard Manet
De la Haskala au théâtre yiddish
12
Alfred Poznański (dit Alfred Savoir)
Dans la pièce Le Baptême, Alfred Savoir et Fernand Nozière se posent la question de
savoir pourquoi les Juifs cherchent à s’assimiler. Selon Bloch, le père du petit Lucien,
être juif est une malédiction :
Bloch : Hélas, de père en fils, éternellement, nous éprouvons le même
malaise. Être Juif, mon enfant, je vois maintenant ce que c’est.
Lucien : C’est une religion ?
Bloch : Non!
Lucien : C’est une race ?
Bloch : Non, mon petit Lucien, c’est un malheur, un grand malheur.
De la Haskala au théâtre yiddish
13
Toutefois, le petit Lucien renoue avec la tradition grâce à sa grand-mère qui lui fait
répéter le Shema Israël juste avant que le rideau tombe.
Cette prétendue laideur se retrouve dans Israël de Bernstein, où elle est associée
à la fierté d’appartenir à la race juive. Voici comment Gutlieb s’adresse à son
antisémite de fils qui ignore tout de son ascendance juive :
Gutlieb : J’affirme qu’un puissant instinct sémite a fait l’antisémite que
voilà ! J’affirme que vous vous êtes jeté dans l’antisémitisme non pas par
haine profonde du Juif, mais bien par une divination juive, une ambition juive.
À Vienne, en 1894, Théodore Herzl, auteur prolifique puisqu’il a écrit 17 pièces
travaille sur Le Nouveau Ghetto2
, sa seule œuvre théâtrale mettant en scène des
personnages juifs.
Sa rédaction lui fait soudain prendre conscience de l’impasse dans laquelle se
trouvent les Juifs de diaspora. Les Juifs n’ont rien à faire à Vienne ni ailleurs;
quoi qu’ils fassent, quels que soient leur statut social, leur moralité, leur désir de
s’intégrer, il subsistera toujours un mur entre eux et les non-Juifs.
1
Israël, Henry Bernstein, 1908, acte III,
scène 3, Éditions du Rocher, 1997.
2 Le Nouveau Ghetto, Théodore Herzl,
in «À la redécouverte du théâtre juif »,
Éditions ADCJ, 2018.
De la Haskala au théâtre yiddish
À l’acte II, quand Bloch annonce à Lucien que toute la famille se convertit, Lucien
proteste :
Lucien : Est-ce que (le baptême) me redressa le nez ? Et mes jambes qui
sont arquées… et mes oreilles (…) je suis laid… abominablement… si laid
que je voudrais me cacher, disparaître (…) la laideur des autres, c’est un
accident : les passants le déplorent; la laideur juive, c’est une malédiction,
on en rit. 1
14
Herzl par Ephraim Moses Lilien, Domaine public
De la Haskala au théâtre yiddish
15
Le thé âtre et l’holocauste
Parmi les pièces les plus connues montées pendant la Shoah, on compte Brundibár,
un opéra joué en 1942 dans le camp de concentration de Theresienstadt.
Brundibár est un opéra pour enfants écrit en 1938 par Adolf Hoffmeister sur une
musique de Hans Krasa. Il fut interprété pour la première fois à Prague, dans un
orphelinat juif en 1942, et connut un grand succès lors de ses représentations dans
le camp de Theresienstadt.
En tchèque, le mot Brundibár désigne un bourdon. Dans la pièce, il s’agit du nom
d’un joueur d’orgue de barbarie malfaisant inspiré d’Adolf Hitler.
Affiche pour une représentation de Brundibár donnée à Theresienstadt, aquarelle.
Une représentation de Brundibár est donnée dans le cadre d’une visite du camp par
la Croix-Rouge en 1944. Cette initiative relève d’un stratagème destiné à faire croire
à l’existence d’un ghetto « confortable ». À l’approche de la visite, les Allemands
transfèrent un grand nombre de résidents à Auschwitz pour donner une meilleure
image du camp, lequel est surpeuplé. Après la visite, ils n’hésiteront pas à envoyer la
plupart des participants au spectacle, dont bon nombre d’enfants, vers la chambre à
gaz.
Le théâtre et l’holocauste
16
Après-guerre, de nombreux auteurs font référence à la Shoah dans leur œuvre. On
pense à Jean-Claude Grumberg avec L’Atelier ou à Liliane Atlan avec Un Opéra pour
Terezin.
Jean-Claude Grumberg, photographie de Claude Truong-Ngoc
Le théâtre et l’holocauste
17
L e t hé â t r e m o d e r n e
Bon nombre de dramaturges ont vu leurs œuvres montées au théâtre ou au cinéma
au cours des 60. Aux États-Unis, Funny Girl donne lieu à un film interprété par
Barbara Streisand. Les Marx Brothers sont les héros de nombreux films. Quant au
très célèbre Charlie Chaplin, à la question de savoir s’il est juif, il aurait répondu qu’il
n’a pas cette chance. Cette boutade ne manquera pas d’alimenter les rumeurs selon
lesquelles Charlot serait un enfant d’Israël.
Barbara Streisand Marx Brothers Charlie Chaplin
Conclusion
Même si le théâtre juif, et en particulier la comédie, est extrêmement diversifié, une
chose est certaine : les auteurs ont souvent pour objectif de mettre en scène un ou
plusieurs héros confrontés à une société différente si ce n’est hostile.
Alors que dans la comédie traditionnelle, un coup de théâtre finit par rétablir un
semblant d’ordre, dans les comédies de Shalom Aleichem ou les films de Charlot, le
héros est pris dans un monde absurde où il doit se débattre.
Le théâtre moderne / Conclusion
18 Crédits Photographiques
Crédits
Photographiques
Couverture :
Charlie Chaplin Strauss-Peyton Studio, Public domain, via Wikimedia Commons
P. 3 Zero Mostel – Fiddler ; Graphic House, New York, Public domain, via Wikimedia Commons
P.7 Greek tragedy mask, 4th cent. B.C. (PAM 4640, 1-6-2020).jpg par George E. Koronaios
P.8 Purim Jewish Encyclopedia, Public domain, via Wikimedia Commons
P.9 unbekannt (Ausschnitt Abraham Goldfaden von birkho), Public domain, via Wikimedia
Commons
P.10 Portrait de Sholem Aleichem réalisé par Chaim Topol, Public domain, via Wikimedia
Commons
P.11 Henri Bernstein peint par Édouard Manet, Public domain, via Wikimedia Commons
P.12 Alfred Poznański Unknown photographer, Public domain, via Wikimedia Commons
P.14 Herzl par Ephraim Moses Lilien, Public domain, via Wikimedia Commons
P.15 Affiche Brundibar, Walter Heimann (1903–1945), Public domain, via Wikimedia Commons
P.16 Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons – cc-by-sa-3.0, CC BY-SA 3.0
P.17 Barbara Streisand [1], Public domain, via Wikimedia Commons
P.17 Marx Brothers Ralph F. Stitt, Public domain, via Wikimedia Commons
P.17 Charlie Chaplin Strauss-Peyton Studio, Public domain, via Wikimedia Commons
19
Auteur : Michèle Fingher
Graphisme : David Soulam
Janvier 2023
Publié par les Editions ADCJ
Association pour la Diffusion de la Culture
Juive
(Association loi 1901)
56 rue Hallé, Paris 75014, France
www.levoyagedebetsalel.org
Courriel : contact@adcj.org
20
Indépendamment de la définition
ou du message qui sous-tend une
pièce, le théâtre juif possède une
riche histoire qui remonte bien avant
notre ère.
Cette tradition antérieure dépasse
largement la critique faite dans le
Talmud de Jérusalem, qui compare
l’art théâtral à l’idolâtrie et aux jeux
de cirque romains.
Chabbat & Roch ‘Hodech
Nous remercions pour leur soutien à la publication de cet ouvrage : Ezra Venture La Fondation du Judaïsme Français La Fondation Sitcowsky – sous l’égide de la FJF L’Institut Alain de Rothschild La Fondation Ignace Picard La Fondation pour la Mémoire de la Shoah * Nous exprimons notre reconnaissance à la famille Gross, au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme et au Musée de Tel-Aviv, qui nous ont autorisés à utiliser les photographies de leurs fonds. * Nous remercions pour leur contribution, remarques et conseils, Shalom Tsabar, Yehouda Moraly, Elisheva Revel, Laurence Sigal, Déborah Elalouf, Gilles Elalouf, Laurent Edel, Nathalie Serfaty, Nelly Hansson, Isabelle Cohen, Jean-Jacques Wahl, Chantal Mettoudi, Richard Sitbon, Corinne Kalifa, Edith Sidi, Amandine Saffar, Joyce Krief. * © Editions ADCJ – Le Voyage de Betsalel, 2016 ISBN : 978-965-91970-4-0 Auteures : Michèle Fingher et Florence Soulam Illustration : Tamar Hochstadter Tous droits de traduction, reproduction ou représentation intégrale ou partielle sont réservés pour tous les pays. Editions ADCJ, rue Hallé 56, Paris 75014, France. contact@adcj.org www.levoyagedebetsalel.com Chabbat et Roch ‘Hodech Ecrit par Michèle Fingher et Florence Soulam Illustré par Tamar Hochstadter L’Art en fête 6 Chabbat et Roch ‘Hodech 7 Chabbat 10 Les lumières de Chabbat 12 La synagogue 14 Vendredi soir 18 En l’honneur de Chabbat 20 Bénir les enfants 22 Echet ‘Haïl 23 Le Violon sur le toit 24 La Liste de Schindler 26 Des verres de Kidouch 28 La nappe de Chabbat 30 Un plat pour les ‘Hallot 31 Chabbat Chalom ! 32 Un Sidour pour Chabbat 34 Un sac à Talith 35 L’Arche sainte 36 Le rideau de l’Arche sainte 38 Protéger les rouleaux de la Torah 40 Plaque de Torah 42 Couronne de Torah 43 Des pommes, des grenades ou un arbre de vie 44 Des mains de lecture 46 « Une bande » en trois langues ! 48 Chabbat après-midi 50 La fin de Chabbat 52 Boîtes à aromates 54 Roch ‘Hodech 58 A chaque mois son signe 60 Où est la lune ? 62 Prière pour le nouveau mois 64 Observons la lune 66 Quiz 68 Réponses 72 Dico 75 Crédits photographiques 83 L’Art en fête L’Art en fête comprend quatre livres. Le premier livre présente les cinq fêtes du mois de Tichri : Roch ha-Chana, le Nouvel An, Kippour, le jour du Grand Pardon, Souccot, la fête des Cabanes, Hochana Rabba, le 7e jour de Souccot, Sim’hat Torah, la fête de la Torah. Le second livre évoque deux victoires juives qui encadrent la fête de Tou bi-Chevat dans le calendrier juif : ‘Hanoukka, le 25 Kislev, fête la résistance spirituelle du judaïsme, Tou bi-Chevat, le 15 Chevat, est évoqué dans la Michna comme le nouvel an des arbres, Pourim, le 14 et 15 Adar, rappelle comment les Juifs du royaume d’Assuérus ont échappé à un massacre. Le troisième livre regroupe les six fêtes du printemps et de l’été : Pessa’h, la Pâque juive, tombe le 15 Nissan, Yom ha-Choah, Yom ha-Zikaron, les jours du souvenir et Yom ha-Atsmaout le jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël, Lag ba-Omer, le 33e jour de l’Omer, se rattache à Rabbi Akiva, Chavouot, la fête du don de la Torah sur le mont Sinaï, Ticha be-Av, le 9e jour du mois d’Av, pour se souvenir de la destruction du Temple, Tou be-Av, le 15e jour du mois d’Av où à l’époque du second Temple les jeunes gens choisissaient leur fiancées. Le quatrième livre aborde Chabbat et la Roch ‘Hodech. 6 Chabbat et Roch ‘Hodech Chabbat commence le vendredi soir à la tombée de la nuit. Il signifie littéralement « repos ». La création du monde se fit en six jours, le septième jour, le Créateur se reposa de son œuvre. Chabbat est le seul jour qui ait un nom. Les autres s’appellent « premier jour », « deuxième jour », jusqu’au sixième qui précède Chabbat. Il est écrit dans le livre de la Genèse : Ainsi furent terminés les cieux et la terre, avec tout ce qu’ils renferment. Dieu mit fin, le septième jour, à l’œuvre faite par lui ; et Il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu’Il avait faite. Dieu bénit le septième jour et le proclama saint, parce qu’en ce jour il se reposa de l’œuvre entière qu’il avait produite et organisée. (Genèse 2 ; 1-3) Roch ‘Hodech est le premier jour de chaque mois de l’année. Il commence avec la nouvelle lune. Ce jour-là, en Erets Israël, à l’époque du premier Temple, on apportait des offrandes au son des trompettes. Comme il est écrit dans le livre des Nombres : Et au jour de votre allégresse, dans vos solennités et vos néoménies, vous sonnerez des trompettes… . (Nombres 10 ; 10) Les habitants cessaient tout travail et organisaient de grands banquets. Au retour de l’exil de Babylonie, Roch ‘Hodech perd son caractère de fête. De nos jours on le célèbre à la synagogue par des prières. Certaines familles l’accueillent comme un jour de fête. ַư ָ»ת רֹא חi ֶד ֶא ֶר יִ ְ ָר ֵאל 7 Livre des coutumes, Hollande, 1707 L’homme travaille six jours et se repose le septième. Ce rythme hebdomadaire de six jours ouvrés et d’un jour de repos est le legs transmis par Israël à l’humanité. C’est le 4e commandement que l’Eternel dicte à Moïse. 10 Pense au jour du Chabbat pour le sanctifier. Durant six jours tu travailleras et t’occuperas de toutes tes affaires, mais le septième jour est la trêve de l’Eternel ton Dieu : tu n’y feras aucun travail, toi, ton fils, ta fille, ton esclave mâle ou femelle, ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes murs. Car en six jours l’Eternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment et il s’est reposé le septième jour ; c’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du Chabbat et l’a sanctifié. (Exode 20 ; 8-11) Us et coutumes La maîtresse de maison allume deux lumières avant l’entrée de Chabbat. La première lumière pour se rappeler, Zakhor, car il est écrit : Pense au jour du Chabbat pour le sanctifier…, (Exode 20 ; 8). La deuxième pour observer, Chamor, selon le verset : Observe le jour du Chabbat pour le sanctifier… (Deutéronome 5 ; 12). ָזכiר ָ מiר La synagogue Le vendredi soir, juste après la prière de Min’ha, les fidèles récitent la Kabbalat ַ ָ»ת ַק ָ» ָלת ִמ ְנ ָחה, Chabbat, la prière d’Arvit, la Amida et d’autres bénédictions relatives au Chabbat. L’office du samedi matin débute par la prière de Cha’hrit. Elle est suivie de bénédictions, du Chema, de la Amida, de la lecture de la Torah et de la Haftara. La prière du Moussaf clôt les prières du samedi matin à la synagogue. La maison On accueille Chabbat comme on accueille une nouvelle mariée. La maison est nettoyée, la table dressée avec une nappe blanche. Les plats ont été préparés auparavant et placés sur une plaque chauffante qui permet de garder les aliments au chaud. Les repas sont précédés d’un Kidouch. Puis, avant la bénédiction sur le pain, ha-Motsi, on se rince les mains et on récite Nétilat Yadaïm. Le samedi soir, lorsque la nuit est tombée, le maître de maison consacre la séparation entre Chabbat et les autres jours de la semaine en récitant la Havdala. ְר ִבית, ֲע ִמי ָדה ַע ַ ֲח ִרית ְ ַמע ְפ ָט ָרה מn ָסy ַה ִקיnT i ִציא ַה ְנ ִטי ַלת ָי ַד ִי! ַה ְב ָT ָלה 11 Les lumières de Chabbat sont allumées pour être contemplées. L’huile qui était utilisée à l’origine est souvent remplacée par des bougies. Les luminaires de Chabbat en argent, en laiton ou en cuivre peuvent être des lustres suspendus au plafond, des chandeliers posés sur une table ou même de très petits bougeoirs à emporter en voyage. Ce luminaire de Chabbat en laiton était déjà utilisé en Allemagne dès 1600. Suspendu au plafond, il a la forme d’une étoile, d’où son nom « Judenstern ». Ces luminaires étaient souvent fabriqués à Nuremberg qui était à cette époque le centre de production de laiton en Allemagne. Au 19e siècle, en Lituanie, Vilna était le centre de l’orfèvrerie juive. C’est Elijah Moucha Asas de Vilna qui a réalisé ce modèle de bougeoirs. Tous ses bougeoirs ont la meme dimension, mais présentent des décors différents. Lampe, Allemagne, 1800 Bougeoirs de Chabbat, Lituanie, 1857 12 Avec quelle huile peut-on allumer les bougies de Chabbat ? Lampe de Chabbat, Afghanistan, 1925 Utilisée pour Chabbat et les fêtes, cette lampe en argent a la forme des lampes afghanes. Les deux godets sont remplis d’huile. Sur l’axe central, au sommet, on peut lire sur le Maguen David : Une lumière en l’honneur des Chabbatot et des jours saints… . Plus bas est gravé le nom de la propriétaire de l’objet : Bru’ha femme de Tsvi Yatsav Batsal. La petite communauté afghane a produit de nombreux objets insolites. ָמֵג ָד ִויד 13 La synagogue est un lieu de prière et d’étude. A l’époque du second Temple, il y avait déjà des synagogues à Jérusalem. Celles-ci se multiplient après la destruction du second Temple. Chaque communauté, si petite soit-elle, a l’habitude de s’y réunir pour prier. ַת ְלמnד 14 La façade et les portes d’entrée des premières synagogues sont tournées vers Jérusalem. Le Talmud recommande que les synagogues soient construites à l’endroit le plus haut de la ville. Cette recommandation n’a pas toujours été appliquée. En Europe, la synagogue est de dimensions modestes. Au 19e siècle, on remplace peu à peu les petites synagogues par des édifices monumentaux. Pourquoi d’après toi, est-il r monter dans le grenier de la En 929, la communa se réunit pour décider construction d’une no synagogue. Celle-ci s non en bois comme la surtout sera plus vast raconte que lorsque l creusèrent les fondati découvrirent les murs culte datant de l’époque du second Temple. Synagogue Vieille-Nouvelle de Prague, République Tchèque, 1270 Inspirée du modèle de la synagogue de Worms, l’architecture de la synagogue Vieille-Nouvelle est simple. A l’intérieur, une voûte à deux nefs repose sur deux piliers octogonaux. 12 fenêtres, en référence aux 12 tribus d’Israël, éclairent l’intérieur de la synagogue. A l’extérieur, les architectes lui ont accolé deux annexes. Selon une autre légende, sous les combles de la synagogue subsistent les restes du Golem créé par le Rabbi Loew connu aussi sous le nom du Maharal de Prague. $ֹ ֶל 15 iט$ֵ La synagogue C’est l’architecte et sculpteur polonais Leonardo Marconi qui dessina les plans de la synagogue de Varsovie en 1876. Elle comprenait 2,200 places assises, une bibliothèque et des pièces annexes. Inaugurée en 1878, le jour de Roch ha-Chana, elle fut dynamitée par les nazis le 16 mai 1943 lors du soulèvement du ghetto de Varsovie. Grande synagogue de Varsovie, Pologne, 1878 16 La Grande synagogue de Florence a été réalisée d’après le projet de trois architectes : Marco Trêves, Mariano Falcini et Vincenzo Micheli. Le plan de la synagogue s’inspire de l’église Sainte- Sophie de Constantinople. Un dôme en cuivre vert surplombe l’édifice. A l’intérieur, les parois et le plafond sont entièrement recouverts de fresques de style mauresque. Les maçons et maîtres artisans mirent huit ans pour achever l’édifice. Grande synagogue de Florence, Italie, 1882 Pourquoi construit-on des synagogues monumentales, en Europe, au 19e siècle ? Les Juifs s’installent en Chine vers le 8e siècle. La première synagogue construite est celle de Kaifeng en 1163. Elle est détruite à trois reprises. Seule la dernière version nous est connue. Avec l’assimilation des Juifs de Chine, la synagogue cesse d’être entretenue. Au 19e siècle, elle tombe en ruine. son existence. Synagogue de Kaifeng, Chine, 1653 En 1838, le navire de Chlomo Salem Choravi fait naufrage sur les côtes d’Alibag, en Inde. Il en réchappe sain et sauf. Dix ans plus tard, il célèbre ce miracle en y faisant construire une synagogue. En 1910 la synagogue est restaurée. On y accède par un escalier qui mène à un porche où les fidèles se déchaussent avant d’entrer. Une double rangée de fenêtres éclaire l’intérieur de la synagogue. La Teva est au centre de la pièce. ָבה י ֵ Synagogue Maguen Avot à Alibag, Inde, 1848 17 Isidore Kaufmann est un peintre d’origine roumaine. En 1894, il se rend dans diverses communautés de Russie, de Pologne et d’Europe de l’Est pour voir la façon de vivre des Juifs. Il en ramène de nombreux dessins qu’il utilisera par la suite dans ses peintures. L’artiste décrit une femme assise près d’une table dressée pour Chabbat. ַחi?ת Seule, plongée dans la prière, les mains croisées sur les genoux, elle goûte au calme qui règne dans la maison. La table est recouverte d’une nappe blanche. On y voit deux chandeliers allumés. Ils encadrent un verre de Kidouch. Les ‘Hallot sont recouvertes d’un napperon. Un livre de prières est ouvert près d’elle. Un lustre éclaire la pièce aux murs blancs. Cette toile est peinte un an avant le décès de l’artiste. Son aspect inachevé lui donne un caractère moderne. 18 Isidore Kaufmann, Vendredi soir, New York, 1920 19 Dans certaines communautés, les femmes portaient des bijoux spéciaux pour Chabbat. Sur cette bague en cornaline, on a gravé à l’or la devise : « Allumer la bougie de Chabbat ». Ces mots entourent un chandelier à sept branches. Bague de Chabbat, Ukraine, 1850 20 Tabatière, Lybie, 1900 Le jour de Chabbat et les jours de fêtes, dans certaines communautés, les fidèles prisaient du tabac pensant que cela les aiderait à rester concentrés pour prier. Ils inhalaient le tabac réduit en poudre et se passaient la boîte à tabac de mains en mains. Beaucoup de ces tabatières étaient en argent. Cette boîte, fabriquée en Lybie, a appartenu à Elijah Moïse Panigel, rabbin de Jérusalem et d’Erets Israël à l’époque de l’Empire ottoman. 21 Le vendredi soir, en revenant de la synagogue, le père pose les deux mains sur la tête de ses enfants et les bénit comme le montre cette chromolithogravure. ְמַנ ֶưה ֵא ְפ ָר ִי , Pour un garçon il dit : Puisse Dieu te faire ressembler à Ephraïm et à Menaché… . Pour une fille il dit : Puisse Dieu te faire ressembler ָ ָרה, ִר ְב ָקה, ָר ֵחל, ֵל ה à Sarah, Rebecca, Rachel et Léa… . Cette bénédiction apparaît pour la première fois en Italie à Modène au 17e siècle. 22 Détail de carte de voeux, Allemagne, début 20 siècle e Echet ‘Haïl Abraham Borchevsky, Echet ‘Haïl, Jérusalem, 2006 Abraham Borchevsky est un scribe enlumineur originaire de Saint-Pétersbourg qui vit et travaille à Jérusalem. Il a écrit la bénédiction de la « femme vaillante », Echet ‘Haïl, ִיל ָח ֵא ֶ ת en écriture carrée achkénaze. Récitée avant la prière du Kidouch de Chabbat, cette bénédiction comprend 22 versets tirés du livre des Proverbes. L’enlumineur a écrit les deux premiers mots à l’encre rouge. Les premières lettres des versets suivants sont à l’encre noire rehaussée sur un fond d’entrelacs. Des points, en or, séparent chaque verset. % ְ ְcַנז 23 La verve particulière de Cholem Aleichem souligne l’humour juif de Tèvié. Malgré ses soucis, le laitier juif qui lutte pour gagner son pain quotidien manifeste une confiance absolue en Dieu. Le Chabbat est son seul moment de repos. A cette occasion, il peut être auprès de sa femme Goldè et de ses cinq filles Tseitel, Hodel, ‘Hawe, Sprintsé et Beilkè. ִאi&ב Tèvié le laitier a bien du souci. Son cheval qui lui permet de livrer le lait se fait vieux ; il est pauvre comme Job et, en plus, il doit s’occuper de marier ses cinq filles, dont certaines ne respectent pas toutes les traditions. ִיי ִדי En 1939, Maurice Schwartz adapte les nouvelles de Cholem Aleichem et en fait un film en yiddish où il met l’accent sur le côté tragique des événements. La plupart des acteurs ont de la famille en Pologne à un moment où les troupes nazies envahissent le pays. Puis en 1964, Joseph Stein adapte à son tour ces nouvelles et en tire une comédie musicale : Le Violon sur le toit. C’est un triomphe. La pièce est jouée plus de 3 000 fois. En 1971, Norman Jewison reprend l’idée de la comédie musicale pour en faire un film et y mélange avec succès le tragique et le comique. 24 Le Violon sur le toit, Norman Jewison, 1971 25 La Liste de Schindler est un film réalisé par Steven Spielberg en 1993. Le film est basé sur le roman de Thomas Keneally et s’inspire de la vie d’Oskar Schindler, un industriel allemand, qui réussit à sauver plus de 1,100 Juifs promis à la mort en les faisant travailler dans sa propre usine d’émail et de munitions. Oskar Schindler ira jusqu’à saboter sa propre marchandise pour qu’elle ne soit pas utilisée. Il a été enterré à Jérusalem et a été nommé « Juste parmi les nations ». Le film a été tourné à Cracovie. 30,000 figurants furent embauchés. Spielberg choisit de le tourner en noir et blanc sauf six scènes. 26 Steven Spielberg refusa de toucher un salaire en tant que réalisateur. Car selon lui cela aurait été « l’argent du sang ». La Liste de Schindler a remporté sept Oscars. La Liste de Schindler, Steven Spielberg, 1993 27 Le verre de Kidouch est la coupe sur laquelle on récite la bénédiction : « Béni sois-tu Seigneur … qui crées les fruits de la vigne ». Le verre de Kidouch est l’objet le plus familier de tous les objets rituels. La plupart sont fabriqués en métal précieux, le plus souvent en argent, en argent plaqué or, ou bien en verre. Cette coupe de Kidouch a été fabriquée par Hieronymus Mittnacht, orfèvre à Augsbourg, en Allemagne. On peut lire sur le rebord de la coupe : Zakhor, car il est écrit : Pense au jour du Chabbat… (Exode 20 ; 8) et Chamor, en référence au verset : Observe le jour du Chabbat… (Deutéronome 5 ; 12). Elle est décorée de feuilles de vigne et de grappes de raisin. Ces coupes octogonales étaient fabriquées à Augsbourg et à Nuremberg au 18e siècle. 28 Verre de Kidouch, Allemagne, 1763 Verre de Kidouch, Erets Israël, 1910 Verre de Kidouch, Irak, 1925 Ce verre de Kidouch en laiton, cuivre et argent fait partie des premiers objets produits par l’Ecole de Betsalel à Jérusalem. En 1910, des artisans yéménites et syriens travaillent l’orfèvrerie à l’Ecole de Betsalel. Le décor géométrique en damasquinure présente dans sa partie haute une Ménorah stylisée qui se répète à l’infini. Il y avait de nombreux orfèvres parmi les artisans juifs à Bagdad. En Irak, le verre de Kidouch était souvent placé sur une soucoupe. Un couvercle orné d’un oiseau recouvre le verre. On retrouve le même oiseau sur différents objets de culte provenant de la région. ְמנi ָרה 29 La nappe de Chabbat Pourquoi d’après toi cette nappe est-elle ronde et richement brodée ? Nappe de Chabbat, Kurdistan, 1875 30 C’est la future mariée qui brodait la nappe destinée aux repas de Chabbat et des jours de fêtes. Cette nappe est décorée de lettres kabbalistiques et de motifs floraux que l’on retrouve sur des objets de la région. Parmi les 15 nappes retrouvées provenant du Kurdistan, celle-ci est la seule à être datée. Un plat pour les ‘Hallot Observons ensemble ! Cherche dans ce livre un autre objet où figurent deux lions, une couronne et les tables de la Loi ! Plat pour les ‘Hallot de Chabbat, Italie, 18e siècle Ce plat ovale en argent destiné à recevoir les pains de Chabbat provient de Venise. Au centre, l’artisan a gravé les tables de la Loi qu’il a entourées de lions rampants. Au-dessus, il a placé une couronne. Sur le rebord du plat est gravé le verset : Moïse dit : Mangez-la aujourd’hui, car c’est aujourd’hui Chabbat en l’honneur de l’Eternel… . (Exode 16 ; 25) 31 Eliahou Sidi dessine sur les trois étages d’une maison les bénédictions qui précèdent le repas du vendredi soir. Au rez-de-chaussée, la maîtresse de maison et sa fille allument les lumières de Chabbat. Au premier étage, le père vient de réciter le Kidouch et s’apprête à faire passer la coupe aux membres de sa famille. Au second étage, la bénédiction sur le pain se fait en compagnie de quatre invités. Une nappe blanche figure sur chaque scène. i’ ָרה De chaque côté de la maison, on peut voir deux tourelles. A leur sommet, les mots « Chamor » et « Zakhor » sont inscrits sur un fanion. Ils encadrent le mot « Torah » dessiné sur une couronne. Aux fenêtres des tourelles, fleurissent des arbres. Leurs racines sont les fondations de la maison. Au bas des tourelles, deux portes mènent vers l’intérieur de la maison éclairée par la lumière de Chabbat. L’inscription « Chabbat Chalom » encadre les racines. Pour l’artiste, le Chabbat est la base de la vie familiale, la base du judaïsme. 32 Eliahou Sidi, lithographie, 1972 33 ִמ ְ ָנה ֲהָגדiת ֶ( ַסח 34 Sidour de Chabbat, Vienne, 1738 Ce Sidour a été copié et illustré par Aaron Wolf Herlingen. On peut y lire des psaumes, les prières de Chabbat, des passages de la Michna et certaines lois sur Chabbat. Sa reliure est en or filigrané. Aaron Wolf Herlingen était scribe à la bibliothèque royale de Vienne. Il a copié et enluminé denombreux manuscrits dont des Haggadot de Pessa’h. Regarde de plus près. Que tiennent les hommes à la main ? Un sac à Talith Les sacs à Talith sont souvent des housses rectangulaires. Ils peuvent aussi avoir la forme de petits cartables ou de bourses. Ce sac retenu par des lanières et protégé par une housse en argent est rare. On y voit gravés trois mains ouvertes, deux palmiers, une Ménorah allumée et le nom de son propriétaire : David Boukhaya. ַט ִלית A quoi sert le marchepied qui se trouve au bas de la Ménorah ? Sac à Talith, Algérie, 1936 35 L’Arche sainte est une structure encastrée dans le mur de la synagogue orienté vers Jérusalem ou, lorsque la synagogue est à Jérusalem, vers le Temple. C’est là que sont déposés les rouleaux de la Torah. ַהi+ ֶדש ָפ ַר ִTי! ְס ֲאר*i ֵהי ָכל, L’Arche sainte a plusieurs noms : elle est appelée Aron ha-kodech chez les Achkénazes et Hékhal chez les Séfarades. Au moyen âge, on la place dans une armoire en bois sculpté encastrée dans une niche. Au 16e siècle, l’Arche sainte devient le point central de la synagogue. Dans la synagogue Adès, à Jérusalem, l’Arche sainte est en bois incrusté de nacre. Elle a été ramenée de Syrie, morceaux par morceaux, à dos de chameau. 36 Arche sainte, Synagogue Adès, Jérusalem, 1901 37 ְT ִביר, ָ(רi ֶכת Dans le Tabernacle du désert, un tissu séparait l’Arche d’Alliance du reste du mobilier. Cette idée est reprise dans le Temple où un voile séparait également le Hekhal du Dvir. A la synagogue, la Parokhet, en général brodée par les femmes de la communauté, reprend cette notion de séparation en recouvrant l’Arche sainte dans laquelle sont déposés les rouleaux de la Torah. Sur ce rideau en coton, les motifs sont peints à l’aquarelle. En bas de la Parokhet, un vase empli de fleurs symbolise l’arbre de vie. Au milieu, l’artiste a dessiné le Dôme du Rocher, en référence au Temple de Jérusalem détruit. De chaque côté de l’édifice est écrit en hébreu : l’emplacement de notre Temple. Tout à fait en haut de la Parokhet, deux scènes bibliques accompagnées de versets : Moïse frappant le rocher, … qui change le rocher en nappe d’eau… (Psaumes 114 ; 8) יִ ְצ ַחק Le sacrifice d’Isaac, … par son sacrifice il nous donnera la vie… (Extrait des supplications récitées à Roch ha-Chana et à Kippour) 38 Parokhet, Israël, 20e siècle 39 ֵס ֶפר i’ ָרה ִ יק Le rouleau de la Torah, en hébreu Sefer Torah, est le bien le plus précieux des communautés. Le Talmud recommande de le protéger. Dans les communautés orientales et séfarades le rouleau, le tik, est placé dans un écrin travaillé en métal précieux ou en bois incrusté. L’officiant sort le rouleau de la Torah du Tiq et le déroule pour le lire. En Europe, on n’utilise un Tiq que pour transporter le rouleau de la Torah en dehors de la synagogue. Au sommet de cet écrin est écrite une dédicace en hébreu : « Ce Tiq et le Sefer Torah se trouvant à l’intérieur ont été donnés par Ye’hezkiel à la mémoire de son père Ezra Ye’hezkiel Yosef Ezra Kalif… ». 40 Ecrin de Torah, Irak, 1885-86 En Europe, une fois la lecture achevée, on enveloppe le rouleau de la Torah dans une housse appelée Méïl avant de le replacer dans l’Arche sainte. Dans les communautés séfarades, le rouleau de la Torah protégé par le Méïl est placé dans un Tiq. En Italie et en Algérie, on utilise soit le Méïl soit le Tiq. Lorsqu’il est hors d’usage, le Méïl doit être déposé dans une Guenizah. Ce Méïl en soie sauvage a des broderies et des applications en fils d’argent. Il a été donné à la synagogue par Moché fils de Méïr Heimann et de son épouse Miriam fille de Naftali Boelack. ְמ ִעיל ְ$ ִניָזה A quelles fêtes te font penser les motifs de ce Méïl ? Méïl de Torah, France, 1886/87 41 ַטס 42 Plaque de Torah C’est en Europe qu’apparaissent les premières plaques de Torah appelées Tass. Le Tass s’inspire du pectoral porté par le grand prêtre au Temple. Populaires en Allemagne et en Pologne, les Tass ont souvent des motifs représentant les lions, les tables de la Loi ou une couronne. Lorsqu’on sort les rouleaux de la Torah de l’Arche sainte, on lui accroche un Tass. Celui-ci peut être destiné à une fête particulière ou bien avoir un rectangle vide. Dans ce rectangle, un petit rouleau de parchemin sur lequel sont inscrits les noms des fêtes est déroulé selon le calendrier. Adam Renner, l’auteur de ce Tass en argent, était un orfèvre de renom dans la région de Bratislava au 19e siècle. Tass, Slovaquie, 1835 Couronne de Torah L’usage de placer une couronne au sommet d’un rouleau de la Torah apparaît au moyen âge en Europe. Les couronnes sont inspirées de celles portées par les souverains. Fabriquée dans un atelier de Cracovie comme l’indique le poinçon, cette couronne ressemble à celles que portaient les rois de Pologne. Du bandeau de la couronne partent 6 arceaux surmontés d’une seconde couronne. Aux symboles polonais, l’artiste ajoute deux autres symboles : une pièce de monnaie russe utilisée souvent comme amulette et un demi-dollar américain, symbole du Nouveau Monde. Pourquoi d’après toi y a-t-il un aigle à deux têtes entre chaque arceau ? Couronne de Torah, Pologne, 1800 43 ַn(‘ ִחי! ִרי iנִי! Le rouleau de la Torah est formé de plusieurs bandes de parchemins cousues ensemble. Les parchemins s’enroulent sur deux axes. A l’origine, ces axes se terminaient par des ornements en bois appellés : Tapou’him – pommes, chez les Séfarades, Rimonim – grenades, dans les communautés orientales, ַח&ִי! ֵע/ Ets ‘Haïm – arbre de vie, chez les Achkénazes. Maïmonide utilise le mot Rimonim encore en usage de nos jours. Au moyen âge, les orfèvres fabriquent des Rimonim amovibles. Ce sont des boules en or ou en argent. Plus tard, ils prennent la forme de tours ou de tourelles à étages souvent munies de clochettes. C’est l’orfèvre David Robel qui a fabriqué ces Rimonim en argent pour la communauté juive portugaise d’Amsterdam. A l’occasion des fêtes, on sortait les rouleaux de la Torah pour les montrer aux fidèles et on remplaçait ces Rimonim par d’autres plus importants. Ces Rimonim ont deux parties : au sommet, une couronne, dans la partie inférieure, 6 clochettes. 44 Pourquoi toutes les communautés mettent- elles des clochettes sur les Rimonim ? Rimonim, Hollande, 1732 Rimonim, Italie 1880 Rimonim, Dagestan, 1900 Ces Rimonim en argent, ont été fabriqués à Gênes au 19e siècle. Ils sont la réplique d’un modèle vénitien du début du 18e siècle. Sur la tourelle à deux étages, on peut voir les ustensiles du Temple et les mains des Cohanim. Des clochettes suspendues à des chaînes ornent la partie basse de la tourelle. A son sommet, un bouton de rose. Travailler l’argent niellé est une spécialité du Caucase et en particulier de Kubachi. Ces Rimonim sont un exemple rare du travail d’orfèvrerie des Juifs de Madjalis appelés également « Juifs des montagnes ». Des animaux fantastiques accompagnent le nom du donateur de ces Rimonim : « Elkana fils de […] Chlomo […] de la ville de Madjalis ». 45 ָיד 46 Le Yad – la main de lecture – est en général composé d’une baguette et d’une main aux doigts repliés et à l’index tendu pour suivre la lecture. On utilise le Yad pour éviter de toucher les lettres du Sefer Torah. En effet le contact de la main sur le parchemin risque d’humidifier l’encre des lettres. Ce contact pourrait à la longue effacer une partie du texte et le rendre inutilisable. On commence à utiliser le Yad au 16e siècle. On prend l’habitude d’attacher la main de lecture par une chaîne au rouleau de la Torah. Dans certaines communautés séfarades, on suit le texte avec un tissu ou les franges du châle de prière. Yad, Afghanistan, 1848 Le décor oriental de ce Yad, à l’index tendu, est propre aux communautés d’Afghanistan. Il provient de la ville de Balch. Rehaussé de turquoises à ses extrémités, il est entièrement gravé de motifs floraux. Sur ce Yad en provenance du Maroc, les cinq doigts de la main sont tendus. Les décors reprennent les motifs des bijoux en argent de la région. Le cordon qui rattache le Yad au Sefer Torah est d’origine. 47 ַמ ָ(ה ַ»ר ִמ ְצָוה חn ָ(ה La Mappa est une bande de tissu qui sert à maintenir les rouleaux de la Torah lorsqu’ils sont déposés dans l’Arche sainte. Elle est appelée Mappa en italien, Wimpel en allemand, Bindel en yiddish. Utiliser le lange sur lequel est placé le nouveau-né lors de la circoncision pour attacher les rouleaux de la Torah est une tradition qui a vu le jour en Allemagne au 16e siècle. On la retrouve en Alsace, en Suisse, en Bohême, en Moravie et en Italie. Les femmes découpaient le tissu puis le cousaient en une longue bande de 15 cm sur 2 mètres 50. Elles le brodaient ou le peignaient en prenant soin d’écrire le nom de l’enfant, celui de son père et surtout les vœux qu’elles souhaitaient au nouveau-né. On utilisait la Mappa de l’enfant à l’occasion de sa Bar Mitsva et du Chabbat précédant son mariage. Cette Mappa a été peinte pour la naissance d’Acher bar Raphaël. Les dessins ressemblent aux illustrations des livres d’enfants du début du 20e siècle. Parmi les scènes décrites il y a : un couple sous la ‘Houppa, un couple se promenant sur une route de campagne et une classe d’enfants. 48 Mappa, France, 1934 49 Moritz Daniel Oppenheim est issu d’une famille juive orthodoxe. C’est le premier peintre juif à être reconnu dans la société allemande du 19e siècle sans avoir à se convertir au christianisme. ִcי ָ(ה Moritz Daniel Oppenheim se sert de son art pour faire connaître les rites de la communauté juive. Il décrit dans ses peintures des personnes appartenant à la classe moyenne. Bien qu’elles soient habillées à la mode de l’époque, des détails comme la Kippa, révèlent que la scène se passe dans une famille juive. Le verre de Kidouch, la nappe blanche, le pain tressé indiquent que la scène se déroule après le repas de Chabbat midi. 50 Moritz Daniel Oppenheim, Après le repas de Chabbat, Allemagne, 1866 51 52 Livre des coutumes, Hollande, 1768 On entre dans Chabbat en allumant des lumières et on en sort de la même façon. Une courte cérémonie appelée Havdala marque la séparation entre le sacré et le profane, le Chabbat et les six jours ouvrables. Elle a lieu après la prière de Maariv. Sur la gravure, le père tient la coupe de Kidouch. Le premier enfant porte une bougie allumée, le second une boîte à aromates. Trois bénédictions sont faites pour la Havdala sur : une coupe de vin remplie à ras bord, des aromates, la flamme d’une bougie. A quel moment précis sait-on que Chabbat est terminé ? ַמֲע ִריב 53 L’objet qui marque la Havdala est la boîte à aromates. Elle circule pendant la Havdala de mains en mains. A partir du 16e siècle, la boîte à aromates a souvent l’aspect d’une tourelle dans les communautés achkénazes ou bien d’une fleur, d’un poisson… En fait, chaque communauté, chaque famille a son modèle de boîte à aromates. Cette boîte à aromates est l’un des 8 spécimens qui nous restent de ceux fabriqués à Wurtemberg. En forme de tour filigranée, elle est décorée de scènes bibliques sur émail. Ces scènes semblent avoir un rapport avec les noms des commanditaires. Il existe peu d’objets pour la Havdala qui combinent comme ici la coupe de Kidouch et la boîte à aromates. Celle-ci date du début du 19e siècle alors que les modèles retrouvés sont plutôt fabriqués à la fin du 19e siècle. Les épices sont placées dans la partie ciselée du couvercle. 54 Boîte à aromates, Allemagne, 1740 Boîte à aromates, Pologne, 1830 Cette boîte à aromates a été dessinée par Maurice Spertus, collectionneur et fondateur du musée juif de Chicago. Il s’inspire des boîtes à aromates en forme de fleurs utilisées en Ukraine dont il est originaire. Maurice Spertus compose un bouquet en ivoire, ébène, corail et argent. Ainsi, chaque participant peut sentir sa propre fleur. 55 Boîte à aromates, USA, 1970 Roch ‘Hodech Ęnė ĘĂĄĆ 58 Livre des coutumes, Hollande, 1708 A l’époque du Sanhédrin, des témoins oculaires venaient témoigner devant le grand tribunal rabbinique qu’ils avaient vu la nouvelle lune. Les membres du Sanhédrin vérifiaient alors leur témoignage pour annoncer le début du mois en faisant sonner le Chofar dans toutes les villes d’Erets Israël. Dans le traité Massekhet Sofrim, on décrit les repas organisés pour Roch ‘Hodech. Toute la communauté, les anciens, les dirigeants de la ville, les élèves participent au repas. ַס ְנ ֶה ְT ִרי* ַמ ֶo ֶכת סi ְפ ִרי! Lorsque le Sanhédrin cesse d’exister, Hillel II fixe le calendrier par des calculs mathématiques et astronomiques. Il rend ainsi possible l’observance du calendrier pour toutes les communautés à travers le monde. Lors de Roch ‘Hodech à la synagogue, on lit le Psaume 104 : Il a fait la lune pour marquer les temps. Le calendrier est luni-solaire : le cycle des mois est basé sur celui de la lune (29 jours et demi). Le cycle de l’année est basé sur celui du soleil afin que chaque fête tombe toujours à sa saison. La plupart des mois ont une durée fixe : 29 jours pour Chevat, Nissan et Av, 30 jours pour Tichri, ‘Hechvan, Adar, Iyar, Tamouz et Eloul. Deux mois, Kislev et Tevet, ont parfois 29 jours, parfois 30. 59 Un livre de prières publié par Tsvi Hirsch Segal Spitz en 1744 en Allemagne présente les mois de l’année. Des vignettes indiquent de quel mois il s’agit, quel est le signe astrologique qui lui correspond et les activités agricoles pratiquées à cette époque. ִ’ ְ ִרי ֵח ְ ָו* ִc ְס ֵלו ֵט ֵבת ְ ָבט ֲא ָדר ִני ָס* ִאיָ&ר ִסיָו* ַ’ nז 2ב ֱאלnל Ainsi, on peut voir que : Au mois de Tichri, un homme laboure un champ pendant qu’un couple cueille des fruits. Au mois de ‘Hechvan, des bergers gardent des moutons à l’orée d’un bois. En Kislev, on peut voir une scène de chasse. En Tevet, la rivière traverse la campagne ; la terre est en attente. En Chevat, les pluies inondent les champs. Au mois d’Adar, on se croirait au théâtre : des personnages déguisés sont debout sur une scène. Au mois de Nissan, c’est le printemps, un homme marche dans son champ et regarde la nature s’éveiller. En Iyar, l’homme surveille sa future récolte. Au mois de Sivan, des personnes se baignent dans la rivière. En Tamouz, un couple regarde la récolte qui est sortie de terre. En Av, des paysans labourent leurs champs et fauchent le blé. En Eloul, enfin, c’est le temps de la moisson. 60 Vignettes des mois de l’année, Allemagne, 1744 61 Tout jeune, Alphonse Lévy est doué pour le dessin. A l’âge de 17 ans il entre à l’atelier de Jean-Louis Gérôme où il se lie d’amitié avec Carolus Duran. ִ» ְר ַcת ְ? ָבנָה ַה 62 Il décide de donner un témoignage du judaïsme achkénaze de France au 19e siècle, concentré à cette époque essentiellement en Alsace et en Lorraine. A la fin de sa vie, il rejoint sa famille installée en Algérie. La nuit vient de tomber. Le maître de maison est monté à l’étage le plus haut pour être à ciel ouvert. Sa femme tient une bougie pour éclairer le texte du Birkat ha-Lévana. Le ciel nuageux est éclairé par la lune. L’homme revêtu d’une redingote est coiffé d’une calotte noire. La femme a un bonnet blanc et porte l’habit traditionnel de Chabbat des femmes alsaciennes. Prière de la nouvelle lune, Alphonse Lévy, France, 1883 63 Sur ce livre de prières, dix fidèles sont sortis de la synagogue pour voir la nouvelle lune. Parmi eux, deux témoins représentés de dos scrutent le ciel. Ils constatent qu’il y a effectivement un croissant de lune. L’artiste a dessiné le premier croissant de lune avec un visage de profil et l’a posé sur un nuage étoilé. Les fidèles attendent la décision des deux témoins avant d’ouvrir leurs livres de prières. Il semble que l’enlumineur ait voulu différencier les témoins des fidèles : les témoins oculaires sont vêtus d’une cape noire, coiffés d’un bonnet noir et portent une fraise bordée de dentelle blanche. Le reste de l’assemblée, coiffé de bonnets noirs aplatis sur le côté, porte des redingotes et des pantalons colorés. 64 Livre de prières, Allemagne, 1728 65 66 Ce dessin fait partie d’un livre de prières provenant d’Allemagne. Ce manuscrit n’est pas signé mais, en le comparant à l’écriture et à la facture des dessins de quatre autres manuscrits de sa main, on peut dire que c’est effectivement Wolf Leib Katz Poppers qui en est l’auteur. Le Sidour de Wolf Leib Katz Poppers comprend les prières de Min’ha et de Maariv. Il est décoré de quelques scénettes réalisées à la plume et à l’encre. Un groupe de quatre hommes sort de la ville pour mieux voir la lune. Le premier porte un étendard triangulaire éclairé de deux torches sur lequel est inscrite la prière de Roch ‘Hodech. Tous les quatre ont le visage tourné vers le ciel. Ils réciteront la prière dès qu’ils auront vu la lune. Livre de prières, Allemagne, 1744 67 1. Texte p. 11 Pourquoi allume-t-on deux bougies le vendredi soir avant l’entrée du Chabbat ? a. pour pouvoir éclairer la pièce où l’on mange le vendredi soir. b. pour symboliser les six jours de la semaine (1e bougie) et le septième jour (2e bougie). c. pour se souvenir (1e bougie) et observer (2e bougie) le jour du Chabbat. 2. Texte p. 19 Sur le tableau d’Isidore Kaufmann intitulé Vendredi Soir, qu’y a t-il sous le napperon posé sur la table ? a. des ‘Hallot. b. un Sefer Torah. c. des livres de prières. יi טiב ָכה דi ִדי ְל 3. Texte p. 22 A quel moment a-t-on pris l’habitude de bénir ses enfants ? a. tous les matins avant le petit-déjeuner. b. tous les vendredis soirs avant le dîner de Chabbat. c. tous les midis des jours de Yom Tov avant le déjeuner. 4. Texte p. 23 Quels sont les deux premiers mots issus du Livre des Proverbes récités chaque vendredi soir ? a. Chamor (Observe) et Zakhor (Souviens-toi). b. Echet (Femme) ‘Haïl (Vaillante). c. Lekha (Viens) Dodi (Ma fiancée). 5. Texte p. 28 Les décorations de la coupe provenant d’Allemagne rappellent la boisson que l’on consomme pour le Kidouch. Laquelle ? a. de la bière. b. du lait. c. du jus de raisin. 6. Texte p. 32 Eliahou Sidi rappelle trois bénédictions qui inaugurent le soir de Chabbat. Lesquelles ? a. la bénédiction sur les bougies, sur le jus de raisin et sur le pain. b. la bénédiction sur les bougies, sur le jus de raisin et sur les enfants. c. la bénédiction sur les bougies, sur le pain et sur les habits neufs de Chabbat. 7. Texte p. 41 Par quel élément décoratif voit-on qu’un Sefer Torah est le bien le plus précieux de la communauté juive ? a. par le papier utilisé pour écrire ce Sefer. b. par la housse (Méïl) ou l’écrin qui entoure et protège ce Sefer. c. par la main (Yad) en argent qui est accrochée au Sefer. 8. Texte p. 42 A quelle tribu des Enfants d’Israël correspond le motif du lion ? a. la tribu d’Éphraïm. b. la tribu de Lévi. c. la tribu de Juda (Yéhouda). 9. Texte p. 43 Que couronne-t-on chaque semaine à la synagogue ? a. le roi d’Israël. b. le Sefer Torah. c. le président de la communauté. 10. Texte p. 46 A quoi sert la main qui accompagne le Sefer Torah ? a. à lire dans le Sefer Torah. b. à montrer où se trouve le Sefer Torah dans la synagogue. c. à pointer celui qui n’écoute pas pendant la lecture de la Torah. 11. Texte p. 52 Dans le livre des Coutumes de Hollande illustrant la Havdala, pourquoi le maître de maison pince-t-il les doigts de sa main gauche ? a. pour demander aux enfants de se taire. b. pour empêcher une mouche de tomber dans son verre rempli du vin de la Havdala. c. pour éclairer ses ongles à la lumière de la bougie de la Havdala. מi ָצ ֵאי ַ ָ»ת 12. Texte p. 54 A quoi servent les boîtes à aromates ? a. à épicer le gâteau de Motsé Chabbat (Samedi soir). b. à embaumer la pièce où l’on prononce la Havdala. c. à accomplir la bénédiction sur les épices pendant la Havdala. 13. Texte p. 59 Quand débute un nouveau mois du calendrier hébraïque ? a. tous les trente jours. b. à chaque nouvelle lune. c. quand les rabbins du Sanhédrin le voulaient. 14. Texte p. 59 Dans le Psaume 104, on dit que Dieu …a fait la lune pour marquer les temps… . A quelle occasion le récite-t-on à la synagogue ? a. à Roch ha-Chana. b. à Roch ‘Hodech. c. à Tou bi-Chevat (Roch ha-Chana des arbres). 15. Texte p. 62 Que veut dire Lévana en hébreu ? a. la lune. b. la sortie de Chabbat. c. le mois. 16. Texte p. 63 Que fait le couple sur le balcon ? a. il cherche quel voisin fait du tapage. b. il accueille ses amis pour le dîner de Chabbat. c. il récite la bénédiction de la nouvelle lune. Page 12 La bougie apparaît en 1300, elle tire son nom de la ville de Bougie – Bejaia, en Algérie, d’où on l’importait. Page 13 Pour les Sages, on peut utiliser de l’huile de sésame, de lin, de noix, de radis, de poisson… Mais pour rabbi Tarphon, seule l’huile d’olive est assez pure pour l’allumage rituel. Page 14 La première grande synagogue de Paris est celle de la rue Notre-Dame de Nazareth. Reconstruite en 1851, elle est inaugurée en 1852. L’architecte Jean- Alexandre Thierry en dessine les plans. Page 15 Selon la légende, c’est le rabbi de Loew, connu sous le nom du Maharal de Prague, qui a conçu le Golem. Le Golem était un automate, de forme humaine, fait d’argile, que le rabbi de Loew maintenait en vie. Un jour il devint si dangereux que le rabbi décida de lui ôter la vie et l’entreposa dans les combles de la synagogue Vieille-Nouvelle. Page 16 Au 19e siècle, on bâtit des synagogues monumentales afin de mettre sur un pied d’égalité Juifs, catholiques et protestants. Page 19 Le dessin au crayon du mur, des plafonds et de l’armoire reste visible. Il n’a pas encore été peint. Page 21 Le dessin rappelle l’épisode de Samson qui tue un lion à mains nues. Page 23 Il y a 22 versets comme les 22 lettres de l’alphabet hébraïque. Chaque verset commence par une lettre de l’alphabet. Le premier commence par Aleph א, le dernier par Tav ת. Page 25 Dans le film, Goldè allume les bougies et récite la bénédiction juste avant de commencer le repas et non pas à la tombée de la nuit. Page 27 Spielberg avait envisagé d’engager des grandes stars américaines pour les rôles d’Oskar Schindler et d’Itzhak Stern. Il y a renoncé pour ne pas dénaturer l’intrigue. Un tel acteur aurait donné une connotation hollywoodienne à des personnages historiques. Page 28 Non, les bords du verre de Kidouch doivent être lisses. Page 30 Cette nappe est ronde car la table qu’elle recouvre est ronde et basse. Ses précieuses broderies indiquent qu’elle était utilisée pour Chabbat et les jours de fête. Page 31 Sur la plaque de Torah page 42, il y a deux lions, une couronne et les tables de la Loi. Page 32 S’il venait d’un pays d’Orient, l’artiste aurait dessiné une main ouverte au sommet de la maison à la place de la lettre ה. Page 34 Les hommes tiennent un verre de Kidouch en argent. Page 35 Le prêtre montait sur le marchepied pour nettoyer les mèches de la Ménorah du Temple. Page 41 La couronne et le Chofar rappellent Roch ha-Chana et Yom Kippour. Page 43 L’aigle à deux têtes rappelle que Cracovie où a été fabriquée la couronne fait partie de l’Empire austro-hongrois. Page 44 Tous les ornements du Sefer Torah ont un rapport avec l’habit du Grand Prêtre. Ainsi, il y a des clochettes et des grenades sur les Rimonim parce qu’il y avait des grenades et des clochettes d’or sur le vêtement du Grand Prêtre. Page 48 La ‘Houppa désigne le mariage ; le couple marchant sur la route, la bonne entente ; la classe d’enfants, l’éducation que recevront leurs enfants. Page 50 Moritz Daniel Oppenheim a omis de représenter les Tsitsit portés par les hommes. Page 53 Chabbat se termine lorsque trois étoiles rapprochées sont visibles dans le ciel. Page 60 Quatre mois : ‘Hechvan, Kislev, Adar et Sivan. Page 62 Il est préférable de réciter la Birkat ha-Lévana en présence d’un Minyan c’est-à-dire de 10 personnes. Mais s’il n’y a pas Minyan il est possible de la réciter tout seul. Page 64 On récite la Birkat ha-Lévana à la tombée de la nuit. Page 66 On récite la Birkat ha-Lévana à l’extérieur afin de pouvoir voir la lune et vérifier qu’elle ne soit pas cachée par un nuage. Les quatre hommes sont sortis de la ville pour avoir une meilleure visibilité. A Aaron Wolf Herlingen : (1710-1757) scribe enlumineur, né à Gewitsch en Moravie. Abraham Borchevsky : scribe enlumineur auteur de la plus grande Mezouza du monde. Achkénaze : terme désignant depuis le moyen âge la culture des Juifs vivant en Europe. Adam Renner : orfèvre du 19e siècle qui a travaillé à Bratislava, en Slovaquie. Adar : le mois d’Adar coïncide avec février-mars. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Alphonse Lévy : (1843-1918) peintre et illustrateur originaire de Strasbourg. Amida : prière qui se récite debout, les pieds joints. Arche d’Alliance : coffre en bois fabriqué par Betsalel pour contenir les tables de la Loi. Arche sainte : Aron ha-Kodech. Niche dans laquelle sont conservés les rouleaux de la Torah à la synagogue. Arvit : office du soir. Av : le mois d’Av coïncide avec juillet-août. B Bar Mitsva : cérémonie par laquelle le jeune garçon, à l’âge de treize ans, accepte les devoirs prescrits par la Torah devant la communauté. Bénédiction des Cohanim : prière où les Cohanim, le visage caché dans leur châle, lèvent les mains vers l’assemblée et récitent Que Dieu te bénisse et te garde. Que Dieu fasse briller Sa face sur toi et qu’Il soit indulgent à ton égard… . (Nombres 6, 24-26) Bindel : en yiddish, bande de tissu qui sert à maintenir les rouleaux de la Torah lorsqu’ils sont déposés dans l’Arche. Birkat ha-Lévana : bénédiction de la lune. C Carolus Duran : (1837-1917) peintre originaire de Lille. Chabbat : samedi. Septième jour de la semaine juive et jour de repos. Cha’hrit : office du matin durant lequel on porte le Talith. Chamor : observe. Chavouot : semaines. C’est la fête qui célèbre le don de la Torah. 75 76 Chema : texte central des prières quotidiennes du matin et du soir. Chevat : le mois de Chevat coïncide avec janvier – février. Cholem Aleichem : (1859-1916) de son vrai nom Cholem Na’humovich Rabinovich. Il grandit dans un Shtetl de la Russie impériale. En 1883, il décide de n’écrire qu’en yiddish. A la suite de la vague de pogroms de 1905, il quitte la Russie pour New-York, puis part à Genève. Il laisse une œuvre traduite dans plus de 40 langues. Beaucoup de ses nouvelles sont adaptées au théâtre et au cinéma. Chromolithogravure : technique d’impression utilisée au 19e siècle pour la publicité et les cartes postales. La chromolithogravure permettait d’imprimer plusieurs couleurs à partir d’une même pierre. Cohanim : prêtres issus de la tribu de Levi. Cornaline : pierre de la famille du quartz, de couleur rouge brun. D Damasquinure : petits filets d’argent, d’or ou de cuivre incrustés à coups de marteau dans un autre métal. David Robel : orfèvre du 18e siècle qui a travaillé à Amsterdam. Deutéronome : Devarim, cinquième livre du Pentateuque. Dôme : toit de forme hémisphérique qui couvre un édifice. Dôme du rocher : sanctuaire construit sur l’emplacement du Temple de Jérusalem par le calife Abd el Malik. Le Dôme du Rocher fut achevé en l’an 691. Dvir : le Saint des Saint dans le Temple. L’endroit où se trouvait l’Arche d’Alliance. E Echet ‘Haïl : femme vaillante. Ecole de Betsalel : Ecole des Beaux-Arts de Jérusalem. Eliahou Sidi : peintre et sculpteur d’origine française vivant en Israël. Ses œuvres illustrent les textes bibliques et incluent des détails de la vie contemporaine. Elijah Moïse Panigel : (1850-1919) rabbin séfarade d’Erets Israël à l’époque de l’Empire ottoman. Elijah Moucha Asas : orfèvre du 19e siècle qui a travaillé à Vilna en Lituanie. Entrelacs : ornement décoratif dont les motifs s’entrecroisent. Ephraïm : fils de Joseph et frère de Manassé. Erets Israël : terre, pays ou Etat d’Israël. Ets ‘Haim : arbre de vie. Exil de Babylone : déportation des Juifs du royaume de Juda sous Nabuchodonosor II, roi de Babylone, en 586 AEC. Il prend fin en 538 AEC. Exode : Chemot, deuxième livre du Pentateuque. F Filigrane : fils de métal précieux finement soudés entre eux de manière à former de délicats motifs de décoration. G Genèse : Béréchit, premier livre du Pentateuque. Ghetto : quartier où les Juifs étaient forcés de résider. Golem : créature d’apparence humaine formée à partir d’argile et à qui la vie peut être donnée par un kabbaliste. Guenizah : lieu attenant à la synagogue dans lequel sont remisés, lorsqu’ils sont usés, les livres en hébreu ainsi que tout document portant le nom de Dieu. H Haftara : passage du livre des Prophètes lu le Chabbat après la lecture de la Torah. Haggadot de Pessa’h (sing. Haggadah) : recueil lu pendant le Seder. La Haggadah est composée de passages de la Bible, de littérature rabbinique, de poèmes et de chants célébrant la sortie d’Égypte. ‘Hallot : pains tressés de Chabbat. Ha-Motsi : bénédiction sur le pain. ‘Hanoukka : fête célébrée le 25 Kislev qui commémore la victoire de Juda Maccabée sur le roi syrien Antioche Epiphane. Havdala : séparation. Cérémonie qui marque la fin du Chabbat. ‘Hechvan : le mois de ‘Hechvan coïncide avec octobre-novembre. Hekhal : dans le Temple, le Hekhal était la pièce précédant le Dvir ; à la synagogue, chez les séfarades, c’est l’Arche sainte. 77 78 Hieronymus Mittnacht : orfèvre du 18e siècle qui a travaillé à Augsbourg en Allemagne. Hillel II : président du Sanhédrin qui créa le calendrier hébraïque moderne. Hochana Rabba : le dernier des sept jours de Souccot. ‘Houppa : dais nuptial. I Isaac : fils de Sarah et d’Abraham, mari de Rebecca, père de Jacob et d’Esaü. Isidore Kaufmann : (1853-1921) peintre austro-hongrois. Iyar : le mois de Iyar coïncide avec avril- mai. J Jean-Louis Gérôme : (1824-1904) peintre et sculpteur français. Job : personnage biblique qui incarne le juste frappé par le malheur. Joseph Stein : (1912-2010) né à New-York dans une famille juive d’origine polonaise. Il adapte « Tèvié le laitier » de Cholem Aleichem. Judenstern : nom yiddish donné aux lampes à huile de Chabbat ou de fête en forme d’étoile à 6 branches. Ces lampes étaient suspendues au plafond. Juste parmi les nations : -expression qui désigne les personnes qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs durant la 2e guerre mondiale. K Kabbalat Chabbat : accueil du Chabbat. Kidouch : prière de sanctification récitée sur le vin et sur le pain le soir du Chabbat et les jours de fêtes. Kippa : calotte. Kippour : jour de jeûne, appelé aussi jour du Grand Pardon. Kislev : le mois de Kislev coïncide avec novembre-décembre. L Lag ba-Omer : 33e jour de l’Omer. Léa : fille de Laban et femme de Jacob. Leonardo Marconi : (1835-1899) architecte et sculpteur polonais d’origine italienne qui a travaillé au 19e siècle. Lettre kabbalistique : lettre provenant de la Kabbale. Livre des Proverbes : recueil portant sur la morale dans la vie de tous les jours. M Maariv : office récité tous les soirs après la tombée de la nuit. Maguen David : bouclier de David, par extension, étoile de David. Maïmonide : (1135-1204) Moché ben Maïmon né à Cordoue, en Espagne ; rabbin, penseur et médecin. Mappa : bande de tissu servant à maintenir ensemble les rouleaux de la Torah. Massekhet Sofrim : traité du Talmud relatif à l’écriture et aux règles des livres saints et de la Loi. Mauresque : terme qui désigne la civilisation et les coutumes des Maures Berbères d’Afrique du Nord. Maurice Schwartz : (1889-1960) originaire d’Ukraine, il est l’un des derniers acteurs du théâtre yiddish new-yorkais. En 1939, il monte et joue le rôle de Tèvié dans le film Tevye the Milkman. Le film était considéré comme perdu jusqu’à ce qu’on en retrouve une copie en 1978. Maurice Spertus : (1903-1986) homme d’affaires et philanthrope. Il a fondé le musée Spertus à Chicago. Méïl : manteau. Ménorah : nom du candélabre à sept branches dont le prototype fut confectionné pour le Tabernacle du désert. Michna : du verbe lechanen : répéter, signifie au sens propre apprendre par cœur une tradition orale. Elle désigne l’ensemble des traditions religieuses développées jusqu’en l’an 200. Min’ha : office de l’après-midi. Moïse : prophète qui a fait sortir le peuple hébreu d’Egypte. Moritz Daniel Oppenheimer : (1800-1882) originaire de Hanau, il est appelé le premier peintre juif. Il étudie l’art à l’académie de Munich, à Paris et à Rome, puis il revient à Francfort où il termine sa vie. Moussaf : prière supplémentaire pour le Chabbat et les fêtes. N Nef : allée centrale qui, en architecture, traverse un lieu de prière. Dans une synagogue, c’est l’espace qui va de l’entrée à l’Aron ha-Kodech. 79 80 N Nef : allée centrale qui, en architecture, traverse un lieu de prière. Dans une synagogue, c’est l’espace qui va de l’entrée à l’Aron ha-Kodech. Néoménie : la nouvelle lune. Netilat Yadaïm : ablution des mains. Niellé : en orfèvrerie c’est l’incrustation d’un filet de sulfure d’argent noir pratiquée sur un autre métal. Nissan : le mois de Nissan coïncide avec mars-avril. Nombres : ba-Midbar, quatrième livre du Pentateuque. Norman Jewison : né en 1926 au Canada, dans une famille protestante, il produit et met en scène près de quarante films, dont Le Violon sur le toit. O Omer : mesure d’orge qu’on offrait le deuxième jour de Pessa’h au Temple de Jérusalem. Par extension, période de sept semaines qui sépare Pessa’h de Chavouot. Oskar Schindler : (1908-1974) industriel d’origine tchèque. Il sauva plus de 1,100 Juifs pendant la guerre en les faisant travailler dans ses usines. En 1967, le Mémorial de Yad Vashem le proclame « Juste parmi les nations ». P Parokhet : rideau qui, dans le Tabernacle, séparait le Saint du Saint des Saints. A la synagogue c’est le rideau placé devant l’Arche sainte où sont conservés les rouleaux de la Torah. Pentateuque : ‘Houmach, les cinq livres de la Torah. Pessa’h : Pâque. Fête célébrant la sortie d’Egypte et le passage des Hébreux de l’état d’esclavage à la liberté. Pourim : sorts. La fête de Pourim a lieu le 14 et le 15 Adar. Elle commémore la victoire des Juifs sur leurs ennemis. R Rabbi Loew : (1520-1609) Yehouda Loew ben Betsalel, connu sous le nom de Maharal. Originaire de Moravie il fut rabbin de Prague sous le règne de l’empereur Rodolphe II. Rachel : femme de Jacob qui donna naissance à Joseph et à Benjamin. Rebecca : fille de Betouel, femme d’Isaac et mère de Jacob et d’Esaü. Rimonim : grenades. Roch ha-Chana : Nouvel An juif. Roch ‘Hodech : commencement du mois. Le mois hébraïque commence avec la nouvelle lune. S Sanhédrin : constitué de 71 anciens, le Sanhédrin était la haute cour de justice d’Erets Israël. Sarah : femme d’Abraham et mère d’Isaac. Séfarade : Juif originaire d’Espagne ou du Portugal. Après les expulsions, les Juifs séfarades se sont répartis sur le pourtour du bassin méditerranéen. Sefer Torah : copie manuscrite de la Torah sous forme d’un rouleau. Sidour : livre qui contient les prières journalières. Sim’hat Torah : joie de la Torah. Jour où l’on achève la lecture du Pentateuque. Sivan : le mois de Sivan coïncide avec mai-juin. Souccot : fête qui rappelle les 40 ans d’errance dans le désert avant le retour en Erets Israël. Steven Spielberg : né en 1946 à Cincinnati dans l’Ohio. Cinéaste, il a aussi fondé les Archives Spielberg du film juif et une fondation qui recueille les témoignages des survivants de la Shoah. Synagogue : lieu de prière. T Tabernacle : tente où était enfermée l’Arche d’Alliance dans le désert avant la construction du Temple. Talith : châle de prière rectangulaire à franges. Talmud : ensemble des lois et traditions juives accumulées pendant sept siècles : depuis 200 AEC jusqu’à l’an 500. Tapou’him : pommes. Tass : plaque de Torah qui s’inspire du pectoral porté par le grand prêtre. Temple : Temple de Jérusalem. 81 Teva : chez les Séfarades, la Teva est l’endroit d’où on lit la Torah à la synagogue. Il est aussi appelé Bima ou encore Almemar dans les communautés achkénazes. Tevet : le mois de Tevet coïncide avec décembre-janvier. Thomas Keneally : écrivain australien né en 1935. Thomas Keneally est surtout connu pour son livre qui inspira La Liste de Schindler. Ticha be-Av : 9e jour du mois d’Av. Jour de jeûne qui commémore la destruction du premier Temple en 586 AEC et du second Temple en 70 l’an. Tichri : le mois de Tichri coïncide avec septembre-octobre. Tiq : écrin. Torah : enseignement. Regroupe les cinq livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Tou be-Av : 15e jour du mois d’Av. Tou bi-Chevat : nouvel an des arbres dans le calendrier agricole. Tsitsit : longues franges nouées aux quatre coins du Talith. Tsvi Hirsch Segal Spitz : éditeur du 18e siècle en Allemagne. W Wimpel : en allemand, bande de tissu qui sert à maintenir les rouleaux de la Torah lorsqu’ils sont déposés dans l’Arche. Wolf Leib Katz Poppers : scribe et illustrateur originaire de Hildesheim en Allemagne au 18e siècle. Y Yad : main. Yom ha-Atsmaout : jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël. Yom ha-Choah : jour du souvenir de l’Holocauste. Yom ha-Zikaron : jour du souvenir des victimes de guerre. Yom tov : jour de fête. Z Zakhor : souviens-toi. 82 Crédits Photographiques Couverture © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 8-9 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 10 : © Collection Famille Gross ; Page 12 : © Collection Famille Gross ; Page 12 : © Collection Famille Gross ; Page 13 : © Collection Famille Gross ; Page 14 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 15 : © Beth Hatefutsoth, Musée du peuple Juif, Tel Aviv ; Page 16 : © Beth Hatefutsoth, Musée du peuple Juif, Tel Aviv ; Page 16 : © Beth Hatefutsoth, Musée du peuple Juif, Tel Aviv ; Page 17 : © Beth Hatefutsoth, Musée du peuple Juif, Tel Aviv ; Page 17 : © Photographie Laurent Soulam ; Page 18 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 19 : © The Jewish Museum, New York ; Page 20 : © Collection Famille Gross ; Page 20 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 21 : © Collection Famille Gross ; Page 22 : © Collection particulière, Jérusalem ; Page 22 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 23 : © Collection particulière, Jérusalem ; Page 25 : © MGM Media Licensing A division of MGM Home Entertainment Distribution Corp ; Page 26 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 27 : © NBCUniversal ; Page 28 : © Collection Famille Gross ; Page 29 : © Collection Famille Gross ; Page 29 : © Collection Famille Gross ; Page 30 : © Collection Famille Gross ; Page 31 : © MAHJ © Photo © Robert David ; Page 31 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 33 : © Collection Famille Sidi ; Page 34 : © The Israel Museum Jerusalem – Photo © The Israel Museum Jerusalem by Ardon Bar-Hama ; Page 34 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 35 : © Collection Famille Gross ; Page 37 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel © Photo Laurent Soulam ; Page 38 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 39 : © MAHJ © Photo © Mario Goldman ; Page 40 : © Collection Famille Gross ; Page 41 : © Collection Famille Gross ; Page 42 : © Collection Famille Gross ; Page 43 : © Collection Famille Gross ; Page 43 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 44 : © Collection Famille Gross ; Page 45 : © Collection Famille Gross ; Page 45 : © Collection Famille Gross ; Page 46 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 47 : © Collection Famille Gross ; Page 47 : © Collection Famille Gross ; Page 49 : © Collection Famille Gross ; Page 50 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 51 : © The Israel Museum Jerusalem ; Page 52 : © Collection Famille Gross ; Page 53 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 54 : © Collection Famille Gross ; Page 54 : © Collection Famille Gross ; Page 55 : © Collection Famille Gross ; Page 56-57 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 58 : © Collection Famille Gross ; Page 61 : © Collection Famille Gross ; Page 62 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 63 : © MAHJ Photo © Niels Forg ; Page 65 : © Collection Famille Gross ; Page 66 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel ; Page 67 : © Collection Famille Gross. Composition : Danny Battat Achevé d’imprimer en Juillet 2016 par Printiv Publié par les Editions ADCJ 10 Beer Sheva Street, 94507 Jérusalem – Courriel : contact@adcj.org Dépôt légal : février 2016, ISBN 978-965-91970-4-0 Imprimé en Israël Trombinoscope Michèle Fingher, docteur en Histoire du Théâtre, initiatrice du projet : Le Voyage de Betsalel Florence Soulam, docteur en Histoire de l’art, initiatrice du projet : Le Voyage de Betsalel Eliezer Schilt, docteur en Histoire. Tamar Hochstadter, illustratrice pour enfants. A étudié à l’Ecole des Beaux-Arts de Betsalel Déjà parus : Roch ha-Chana, Yom Kippour, Souccot, Hochana Rabba et Sim’hat Torah ‘Hanoukka, Tou bi-Chevat, Pourim Pessa’h, Yom ha-Choah, Yom ha-Zikaron, Yom ha-Atsmaout, Lag ba-Omer, Chavouot, Ticha be-Av, Tou be-Av
De Pessa’h à Tou be-Av
Nous remercions pour leur soutien à la publication de cet ouvrage : Ezra Venture La Fondation du Judaïsme Français La Fondation Sitcowsky – sous l’égide de la FJF L’Institut Alain de Rothschild La Fondation Ignace Picard La Fondation pour la Mémoire de la Shoah * Nous exprimons notre reconnaissance à la famille Gross, au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme et au Musée de Tel-Aviv, qui nous ont autorisés à utiliser les photographies de leurs fonds. * Nous remercions pour leur contribution, remarques et conseils, Shalom Tsabar, Yehouda Moraly, Elisheva Revel, Laurence Sigal, Déborah Elalouf, Gilles Elalouf, Laurent Edel, Nathalie Serfaty, Nelly Hansson, Isabelle Cohen, Jean-Jacques Wahl, Chantal Mettoudi, Richard Sitbon, Corinne Kalifa, Edith Sidi, Amandine Saffar, Joyce Krief. * © Editions ADCJ – Le Voyage de Betsalel, 2014 ISBN : 978–965–91970–3–3 Auteures : Michèle Fingher et Florence Soulam Illustration : Tamar Hochstadter Tous droits de traduction, reproduction ou représentation intégrale ou partielle sont réservés pour tous les pays. Editions ADCJ, 56 rue Hallé, Paris 75014, France. contact@adcj.org www.adcj.org L’Art en fête Pessa’h, Yom ha-Choah, Yom ha-Zikaron, Yom ha-Atsmaout, Lag ba-Omer, Chavouot, Ticha be-Av et Tou be-Av Ecrit par Michèle Fingher et Florence Soulam Illustré par Tamar Hochstadter Sommaire L’Art en fête 6 De Pessa’h à Tou be-Av 7 Pessa’h 10 La sortie d’Egypte à Doura Europos 12 Les préparatifs de Pessa’h 14 Nappes de Pessa’h 16 Plats de Seder 18 Coupes de Kidouch 20 Broderies 22 La Haggadah de Ryland 24 La Haggadah de Darmstadt 26 Une Haggadah imprimée en 1712 28 La Haggadah d’Offenbach 30 La Haggadah d’Arthur Szyk 31 Une affiche de Pessa’h 32 Un autobus sur la table du Seder 34 Reuben Rubin peint le Seder 36 Ma Nichtana ? 38 Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille 40 Du film muet au cinéma parlant 42 Décompte de l’Omer 44 Yom ha-Choah, Brundibár 47 Yom ha-Zikaron, la pyramide de Jérusalem 49 Yom ha-Atsmaout, le drapeau d’Israël 51 Lag ba-Omer 53 Danse autour du feu 54 Chavouot 57 Une Ketouba pour célébrer Chavouot 58 Matan Torah 59 ‘Hag ha-Bikourim 60 Ticha be-Av 63 Eikha 64 Tou be-Av, des fiançailles au mariage 67 Quiz 68 Réponses 72 Dico 75 Crédits photographiques 83 L’Art en fête L’Art en fête comprend quatre livres. Le premier livre présente les cinq fêtes du mois de Tichri : Roch ha-Chana, le Nouvel An, Kippour, le jour du Grand Pardon, Souccot, la fête des Cabanes, Hochana Rabba, le 7e jour de Souccot, Sim’hat Torah, la fête de la Torah. Le second livre évoque les fêtes de ‘Hanoukka, Tou bi-Chevat et Pourim : ‘Hanoukka, le 25 Kislev, fête la résistance spirituelle du judaïsme, Tou bi-Chevat, le 15 Chevat, est évoqué dans la Michna comme le nouvel an des arbres, Pourim, le 14 et 15 Adar, rappelle comment les Juifs du royaume d’Assuérus ont échappé à un massacre. Le troisième livre regroupe les six fêtes du printemps et de l’été : Pessa’h, la Pâque juive, tombe le 15 Nissan, Yom ha-Choah et Yom ha-Zikaron, les jours du souvenir et Yom ha-Atsmaout, le jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël, Lag ba-Omer, le 33e jour de l’Omer se rattache à Rabbi Akiva, Chavouot, la fête du don de la Torah sur le mont Sinaï, Ticha be-Av, le 9e jour du mois d’Av, pour se souvenir de la destruction du Temple, Tou be-Av, le 15e jour du mois d’Av où à l’époque du second Temple les jeunes gens choisissaient leur fiancées. Le quatrième livre aborde Chabbat et Roch ‘Hodech. 6 De Pessa’h à Tou be-Av Dans la Torah, le début de l’année commence le 1er jour de Nissan car c’est à ce moment-là que le peuple d’Israël s’est affranchi du joug égyptien. Le calendrier hébraïque compte trois autres débuts d’année : נִי ָס i ָרה; le 1er et le 2 Tichri : le nouvel an du monde, ִ ְ ֵרי le 15 Chevat : le nouvel an des arbres, le 1er Eloul : le nouvel an des bêtes. La fête de Pessa’h a lieu, au printemps, le 14 Nissan. Elle dure 7 jours en Israël et 8 en Diaspora. ְ ָבט ֱאלnל ֶ ַסח Le décompte de l’Omer se fait chaque soir après la prière d’Arvit. Il débute le lendemain de Pessa’h et se termine à Chavouot, soit sept semaines plus tard. ְר ִבית ַע עi ֶמר; ָ בnעiת Puis viennent les jours du souvenir avec Yom ha-Choah, Yom ha-Zikaron. Yom ha-Atsmaout est le jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël. ַהזִי ָcרו ַה i ה; יi ַע ְצ ָמאnת ָה iי iי Lag ba-Omer, le 33e jour de l’Omer se rattache à Rabbi Akiva et célèbre la vaillance de Bar Kokhba. Au mois de Sivan a lieu la fête de Chavouot. Elle commémore le don de la Torah au pied du mont Sinaï, dans le désert. ל”ג ַ»עi ֶמר ִסיוָ ִסינַי Ticha be-Av vient rappeler la destruction des 1er et 2e Temples et le début de l’exil. C’est un jour de jeûne qui commence la veille au soir, et dure 24 heures. ְ» ב ִ ְ ָעה Tou be-Av annonce le mois d’Eloul. Il est cité dans la Michna comme un jour de réjouissance. ט”ו ְ» ב; ִמ ְ ָנה 7 ;´iu¨ ´iu¨ ¡ Pessa’h Nissan est le mois de la sortie d’Egypte et de la fin de l’esclavage. La fête de Pessa’h est également appelée : Fête des Matsot ou ‘Hag ha-Matsot, Fête du printemps ou ‘Hag ha-Aviv, £ Ó ãª´ 㲡 ¯¨ ¡ ¡ ©¨ Epoque de notre libération ou Zman ‘Héroutenou. A Pessa’h, il est interdit de consommer, de profiter ou de posséder du ‘Hamets pendant sept jours pour ceux qui habitent Israël, pendant huit jours pour ceux qui sont en Diaspora. Us et coutumes Le premier né de chaque famille jeûne la veille de Pessa’h pour se rappeler la 10e plaie qui a frappé les premiers nés en Egypte. Si l’enfant est trop petit pour jeûner, son père jeûne à sa place. 10 Livre des coutumes, Hollande, 1768 La synagogue La synagogue est nettoyée et parfois repeinte. Le soir de la fête, la prière de Maariv est suivie du Hallel. Puis les familles rentrent à la maison pour le Seder. Le lendemain, à l’office du matin, on récite le Hallel et on sort deux rouleaux de la Torah de l’Aron. A partir de Pessa’h, on cesse de prier pour la pluie et on commence à réciter la prière pour la rosée. La maison On nettoie la maison de fond en comble pour se débarrasser du ‘Hamets bien avant l’entrée de la fête. La vaisselle de tous les jours est remplacée par une vaisselle utilisée spécialement pour la semaine de Pessa’h. Le 13 Nissan au soir, on recherche dans toute la maison s’il reste le moindre morceau de pain ou de farine : c’est la Bedikat ‘Hamets. Durant sept jours, qu’il ne soit point trouvé de levain dans vos maisons ; car quiconque mangera une substance levée, celui-là sera retranché de la communion d’Israël … (Exode 12-19) ¦¦ ¯¨ ¡ ;£² ¬¨ ² « ©i²Ó ´± £ ß Le 14 Nissan, c’est le soir du Seder. On dresse la table avec soin. On lit la Haggadah, on boit les quatre coupes de vin et on mange les mets symboliques disposés sur le plateau du Seder. Vers la fin de la soirée, les enfants cherchent l’Afikoman. ©¨ i±£® 11 La sortie d’Egypte à Doura Europos Cette scène est un détail de la fresque qui couvre tous les murs de la synagogue de Doura Europos. Elle se trouve en haut à droite de la niche. C’est la plus ancienne fresque représentant la sortie d’Egypte. Moïse est représenté deux fois, debout et de face, au centre de la scène. Les mains de Dieu lui indiquent le chemin. Û² ¨ A droite, il lève un bâton vers une multitude de corps qui se noient. Ce sont les Egyptiens. Cette version se rapporte au Midrach de Rabbi Nathan selon lequel les Egyptiens furent engloutis nus. A gauche, Moïse abaisse son bâton en direction de l’eau. Douze personnages portant des bannières représentent les douze tribus d’Israël. Devant eux une multitude de soldats. L’artiste ne cherche pas à décrire réellement de quelle façon s’est déroulée la sortie d’Egypte mais plutôt à montrer comment Moïse guide le peuple d’Israël. 12 La sortie d’Egypte, Doura Europos, Syrie, 245 Quand et comment la ville de Doura Europos a-t-elle 13 été découverte ? Ce feuillet du manuscrit de Rothschild a été écrit au 15e siècle, au nord de l’Italie, par le scribe Moïse ben Yekoutiel ha-Cohen. Trois petites scènes décrivent les préparatifs de Pessa’h. Sur la première scénette, en haut, un homme recherche le ‘Hamets à l’aide d’une plume et à la lueur d’une bougie. Sur celle du milieu, un homme verse de l’eau avec une louche dans un bac en bois rempli de farine. Une femme s’apprête à pétrir la pâte. ַמ ָצה La scène du bas présente les trois opérations de la préparation de la Matsa. De face, une femme étale la pâte avec un rouleau à pâtisserie. Sur le côté droit, un jeune homme pique les Matsot, alors qu’une troisième personne, à gauche, les enfourne dans un four. 14 Qu’est ce que le ‘Hamets ? Manuscrit de Rothschild, Italie, 1450 15 Nappes de Pessa’h Certaines communautés séfarades et orientales ont l’habitude de recouvrir le plat du Seder d’une nappe. £ ©¨ ©i£u Imprimée au tampon, cette nappe en coton est bordée d’un motif iranien. Au centre, quatre mains tiennent une Matsa décorée d’un Maguen David. A l’intérieur, est inscrit le mot Sion. Autour des quatre mains, les 15 étapes du Seder sont inscrites en lettres épaisses. 16 L’artiste a dessiné un lion, un daim, un aigle et un léopard en-de1s2s.o5us de la couronne. D’après toi, pourquoi ? Nappe, Erets Israël, 1920 Des passages en yiddish imprimés sur cette nappe laissent penser qu’elle était destinée à un public achkénaze. Elle fait partie des objets expédiés aux donateurs de Diaspora pour les remercier d’aider les organisations juives d’Israël. Le décor imprimé sur tissu provient des presses de Monsohn. 17 ²i²¨ «í ² è ´² ¡ ´« i²¡ ¬i² Plats de Seder Le plat du Seder est un objet que l’on retrouve dans presque toutes les familles juives. Il peut être en métal, en céramique ou en verre. On y place les sept mets symboliques consommés le soir de la fête : des Matsot, car les Hébreux n’ont pas eu le temps de faire lever la pâte avant leur départ d’Egypte, du Maror (herbes amères), en souvenir de la dureté des travaux à l’époque des pharaons, du Karpass (céleri), trempé dans de l’eau salée, pour rappeler les larmes de nos ancêtres en Egypte, de la ‘Hazeret (raifort), en souvenir de la vie amère des Hébreux en Egypte, de la ‘Harosset (mélange de pomme, cannelle et noix), car sa consistance évoque le mortier que fabriquaient les esclaves, un Zroa (os), pour rappeler le bras étendu avec lequel Dieu délivra son peuple, un œuf dur, en souvenir de la destruction du Temple. Plat de Seder, Ukraine, 1805 Ce plat ovale en argent a été fait à Lvov, en Ukraine. Au centre, une foule sort de la ville. Elle symbolise les Juifs qui quittent l’Egypte. L’artiste a adapté le paysage aux habitations d’Europe. Ce dessin se retrouve sur de nombreuses Haggadot imprimées en Europe à partir de 1695. 18 Pourquoi le pourtour de cette assiette comprend-il 16 médaillons et non 15 selon le nombre des étapes de la soirée du Seder ? En Hongrie, la fabrique Herend fondée au 19e siècle fabriquait de la porcelaine peinte et des poteries. Peu de pièces ont survécu au temps. On peut voir sur le pourtour de ce plat le premier mot de chaque étape. Il y en a 15 en tout. Plat de Seder, Hongrie, 1935 19 ִקידnש ִ» ְר ָcת ַה ָמזi ֶ ל ֶ ַסח On boit quatre coupes de vin pendant le Seder. La première coupe est versée au Kidouch, la seconde lorsqu’on lit la sortie d’Egypte, la troisième lorsqu’on récite la prière du Birkat ha-Mazone et la quatrième pour le Hallel. Ces quatre coupes correspondent aux quatre degrés de délivrance évoqués dans le livre de l’Exode. Je suis l’Eternel ! Je veux vous soustraire aux tribulations de l’Egypte et vous délivrer de sa servitude ; et je vous affranchirai avec un bras étendu, à l’aide de châtiments terribles. Je vous adopterai pour peuple… (Exode 6, 6-7) Cette coupe sur pied, en argent, est décorée d’un motif de croisillons. Elle porte l’inscription « Chel Pessa’h » encadrée de deux lions. 20 Coupe de Kidouch, Pologne, 1810-1824 Une cinquième coupe, celle du prophète Elie, est versée en même temps que celle du Kidouch. Elle reste remplie durant tout le repas du Seder. D’après le prophète Malachie, c’est le prophète Elie qui viendra annoncer la venue du Messie un soir du Seder. Cette coupe en argent niellé a été donnée par un ‘Hassid à son maître. Elle a été commandée à un artisan local des environs de Moscou. Puis le ‘Hassid £« ¡ a fait rajouter la dédicace ainsi que l’inscription en hébreu : « Coupe du prophète Eliahou ». £ ë ãæ¦ ¦Û «iè A quel moment du repas du Seder ouvres-tu 21 Coupe de vin, Russie, 1837 la porte au prophète Elie ? Jadis, la broderie était une affaire de femme. Son apprentissage faisait partie de l’éducation donnée aux jeunes filles. On brodait le linge de la maison et le linge personnel de la future mariée. Ces pièces, soigneusement rangées pendant l’année, étaient sorties à l’occasion de la fête. ָח ָכ ָר ָ ע ַ 22 Broderie, Allemagne, 1850 On voit sur cette broderie en soie les quatre fils de la Haggadah. le ‘Hakham, le Racha, le Tam, celui qui ne sait pas poser de questions. Le motif populaire en Allemagne est ici inspiré d’une gravure de la Haggadah d’Amsterdam de 1695. Dans certaines communautés, les convives placent un coussin sous leur coude pour être plus à l’aise lorsqu’ils boivent les quatre coupes de vin et mangent la Matsa. Cette taie a été brodée pour recouvrir le coussin utilisé lors du soir du Seder. Est-ce que le premier commandement a un lien avec la fête de Pessa’h ? 23 Taie brodée, Allemagne, 1895 La Haggadah de Ryland Avant le 13e siècle, la Haggadah faisait partie du livre de prière. Après le 13e siècle, elle devient un livre indépendant et s’enrichit de passages du Hallel, de versets bibliques et de Midrachim. La Haggadah de Ryland est richement décorée. Moïse, le personnage principal, est vêtu comme un espagnol du 14e siècle. Avant le texte, l’enlumineur a dessiné treize pages illustrant les treize passages du livre de l’Exode, depuis l’épisode du buisson ardent jusqu’à la traversée de la mer Rouge. La première page comprend quatre scénettes et se lit de droite à gauche. Elles illustrent l’histoire du bâton de berger qui se transforme en serpent et Moïse qui se déchausse devant le buisson ardent. 24 25 Haggadah de Ryland, Catalogne, 1330 La Haggadah de Darmstadt C’est Israël ben Meïr de Heidelberg qui a écrit la Haggadah de Darmstadt. Celle-ci est peut-être le cadeau d’un père à sa fille ou d’un mari à sa femme, on ne sait pas. En effet, les personnages représentés n’ont aucun rapport avec la sortie d’Egypte. Nous voyons des femmes assises à côté de maîtres souvent plus âgés qu’elles. On peut penser que la destinataire était érudite et savait lire l’hébreu, ce qui était exceptionnel à l’époque. Les femmes sont peu mentionnées sur les Haggadot de Pessa’h et, d’ailleurs, à l’époque de la Michna, au 2e siècle, seuls les hommes participaient au repas du Seder. ±² ß £ªß Au bas de la page, neuf hommes sont accoudés à la table du Seder. Il s’agit des cinq Sages de Bnei Brak et des quatre enfants cités dans la Haggadah : le sage, le simple, le rebelle et celui qui ne sait pas poser de questions. Seul le sage a la main posée sur un livre. 26 Haggadah de Darmstadt, Allemagne, fin du 15e siècle 27 Une Haggadah imprimée en 1712 Avec l’invention de l’imprimerie, le travail des enlumineurs et des miniaturistes disparaît progressivement. Plus besoin de travailler à la main ! Les premières illustrations ont cependant des traits épais car les graveurs utilisaient des plaques de bois. Cette Haggadah est la première à avoir des illustrations plus fines effectuées à partir de plaques en cuivre. ¦ ² Ü £ ¯² Cette première page appelée page-titre fait partie de la seconde édition d’une Haggadah imprimée en 1695. Très appréciée, elle a fait l’objet de nombreuses rééditions pendant deux siècles. A cette Haggadah, était jointe la première carte d’Erets Israël où les noms des villes étaient écrits en hébreu. Cette page-titre est composée comme une pièce de théâtre en deux actes. Sur l’avant-scène, Moïse et Aaron présentent la Haggadah, laissant le lecteur-spectateur découvrir à l’arrière-plan, encadré par un rideau, le même Moïse, plus jeune, en train de se déchausser devant le buisson ardent. 28 Haggadah de Pessa’h, Hollande, 1712 29 La Haggadah d’Offenbach Siegfried Guggenheim, originaire d’Offenbach en Allemagne, est avocat et collectionneur de livres d’art juif. Il réédite en 1927 une ancienne Haggadah parue en 1772 : la Haggadah d’Offenbach. Il fait traduire le texte hébreu en allemand et change la phrase « L’an prochain à Jérusalem » en « L’an prochain à Worms sur le Rhin notre patrie ». Les frères Klingspor impriment cette Haggadah décorée par Fritz Kredel en 300 exemplaires. Quel détail dessiné par Fritz Kredel rappelle la naissance de Moïse ? 30 La Haggadah d’Offenbach, Allemagne, 1927 La Haggadah d’Arthur Szyk Cette page de Haggadah est la 2e version d’un dessin d’Arthur Szyk jamais publié. Il avait fait figurer sur la première version le fils rebelle avec un brassard portant une croix gammée. Les éditeurs européens furent réticents à la publier. Arthur Szyk prit donc le parti de le lui ôter, mais lui laissa la moustache. La Haggadah est finalement publiée en 1940, à 250 exemplaires. Le journal Times de Londres la considère comme un véritable chef d’œuvre. La Haggadah de Szyk, Pologne, 1935 31 Une affiche de Pessa’h C’est parce que le Rav Moïse ben Maïmon est né le 14 Nissan qu’il figure sur cette affiche réalisée à l’occasion de Pessa’h. Rav Moïse ben Maïmon, connu sous le nom de « Maïmonide » ou « Rambam », est né en Espagne et doit se réfugier à Fez, au Maroc, pour fuir les persécutions. C’est là qu’il acquiert une formation de médecin. ²® « ;´iu ê ² iò ªÛ ¨ En 1165, il s’embarque pour Erets Israël et aide la communauté juive à se reconstruire. Il passe les dernières années de sa vie en Egypte. Auteur du Sefer ha-Mitsvot, du Michné Torah et du Guide des égarés, on estime que Rambam est le plus grand penseur du moyen âge. Son portrait est accompagné de la représentation de Moïse et d’Aaron, de symboles juifs et de paysages d’Erets Israël. En haut de l’affiche est écrit en hébreu : « Pendant sept jours tu respecteras la fête des Matsot et mangeras des Matsot. » 32 Comment appelle- t- on le chapeau que porte le Rambam ? 33 Affiche, Erets Israël, 1940 Il y a ni plateau du Seder ni Matsot sur le tableau d’Eliahou Sidi. Pourtant de nombreux indices indiquent qu’il s’agit d’un Seder. En effet : ֶאֶגד l’homme et la femme assis de chaque côté de la table sont accoudés, devant l’homme il y a une coupe de vin, sur la table, un autobus de la compagnie israélienne Egged rempli de voyageurs roule en direction de Jérusalem, en dessous de la table, les soldats du Pharaon se noient. 34 Repas du Seder, Eliahou Sidi, Israël, 1983 35 Reuben Rubin peint le Seder Né en Roumanie, Reuben Rubin arrive en Erets Israël en 1912 pour étudier le dessin à l’Ecole Betsalel de Jérusalem. Pendant quelques années il voyage en Europe et aux Etats-Unis. En 1922 il revient à Jérusalem et y expose pour la première fois. Juste après la fondation de l’Etat d’Israël, en 1948, il peint le « Premier Seder à Jerusalem ». ¯ãߣ± ±£ªu ãߣ± La table, recouverte d’une nappe blanche, est dressée en plein air. Rubin y réunit des Juifs issus de milieux, d’âges et d’époques différents : des enfants, des personnes âgées, des religieux, des laics, des habitants de kibboutz, des ouvriers, des militaires et même un personnage des temps bibliques. Reuben Rubin se peint lui-même sur de nombreuses toiles. Ici, il se représente, assis en bout de table, en sandale et en chemise blanche, comme un kibboutznik. 36 Premier Seder à Jerusalem, Reuben Rubin, Israël, 1949-50 37 ëò Û ë ¨ Ma Nichtana ? Lors de la lecture de la Haggadah, les enfants sont invités à poser la question : en quoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ? « Ma Nichtana ? …». Donner la parole aux enfants permet de leur faire remarquer la singularité de cette nuit : cette nuit, on ne mange pas de pain mais des Matsot ; on mange des herbes amères et on est obligé de mettre les coudes sur la table. La réponse est dans la Haggadah : « Nous étions esclaves de Pharaon en Egypte… ». La participation des enfants au soir du Seder est essentielle. Eliahou Eric Boukobza a donc représenté un enfant qui brandit deux Matsot et du Maror. Le mot Pessa’h est inscrit sur la Matsa qu’il tient dans la main. 38 Ma Nichtana, Eliahou Eric Bokobza, Israël, 2012 39 Les Dix Commandements par Cecil B. DeMille Cecil B. DeMille commence sa carrière d’acteur à Broadway en 1900 avant de s’intéresser au cinéma. Son premier film date de 1914. Avec Les Dix Commandements, DeMille met en scène le film le plus cher jamais réalisé. Le film est conçu en deux parties. Dans la première, il relate la sortie d’Egypte. La seconde partie explique les conséquences du non-respect des Dix Commandements dans une famille du début du 20e siècle. Le tournage du film nécessite 2500 figurants. Pour réduire le coût du film, Cecil B. DeMille choisit de tourner en Californie les scènes qui se passent en Egypte. Une fois le tournage terminé, il fait dynamiter les décors trop chers à transporter. Ces décors, comprenant en particulier 21 sphinx et des statues hautes de 11 mètres, ont été réalisés par 1600 ouvriers. Ils sont encore enterrés dans le sable. Le film sort sur les écrans un an après la découverte de la tombe de Toutankhamon en novembre 1922 ; il reçoit une excellente critique. ´i²ß á ´² Ü ¬ 40 Les Dix Commandements, Cecil B. DeMille, USA, 1923 41 Du film muet au cinéma parlant Bien plus tard, à l’âge de 75 ans, après avoir réalisé plus de 80 films, Cecil B. DeMille décide de refaire une nouvelle version des Dix Commandements. Le film dure cette fois plus de trois heures. La seule écriture du scénario s’étale sur trois ans. Cecil B. DeMille prend conseil auprès d’un rabbin et d’égyptologues. Le tournage dure deux ans, et se déroule en partie dans le Sinaï. Il faut à l’équipe près d’un an pour effectuer le montage et les effets spéciaux du film. Dès sa sortie en salle, le film connaît un énorme succès. DeMille ne touchera pas un dollar des recettes, qu’il consacrera à des œuvres charitables. Cecil B. DeMille s’inspire des gravures de Gustave Doré pour réaliser en particulier la traversée de la mer Rouge. 42 Les Dix Commandements, Cecil B. DeMille, USA, 1956 43 Décompte de l’Omer Du premier soir de Pessa’h à Chavouot, la période de l’Omer dure 7 semaines. C’est le nombre de jours que les enfants d’Israël ont attendu depuis la sortie d’Egypte jusqu’au don de la Torah, à Chavouot. L’Omer est une mesure d’orge apportée au Temple le second jour de Pessa’h. … quand vous serez arrivés dans le pays que je vous accorde, et que vous y ferez la moisson, vous apporterez un Omer des prémices de votre moisson au pontife […] Puis, vous compterez […] sept semaines, qui doivent être entières… (Lévitique 23, 10 et 15) Ce n’était donc qu’après avoir apporté au Temple cette offrande qu’on pouvait commencer à puiser dans l’orge nouvellement récolté. Après la destruction du Temple, seule la pratique du décompte de l’Omer subsistera. Les calendriers de l’Omer peuvent être très différents. Celui-ci, confectionné par l’orfèvre de Napoléon III, Maurice Mayer, est en argent, en pierres semi-précieuses, en verre et en parchemin. 44 Quelle relation arithmétique peux- tu établir entre le premier nombre affiché en haut du calendrier, 33, et les deux autres nombres affichés plus bas 4 et 5 ? 45 Calendrier de l’Omer, France, 19e siècle ´« ªè Yom ha-Choah, Brundibár En 1951, soit 3 ans après la création de l’Etat d’Israël, le parlement la « Knesset » décide d’instaurer un moment de recueillement pour les déportés des camps nazis. La journée du 27 Nissan commémore deux évènements : le soulèvement du ghetto de Varsovie et Yom ha-Choah. Malgré la peur qui les taraudait continuellement pendant la guerre, les Juifs n’ont pas cessé de créer. Brundibár (Le Bourdon) écrit par Adolf Hoffmeister sur une musique de Hans Krása, a été monté pour la première fois, en 1943, au camp de concentration de Terezín. Brundibár est un opéra en deux actes chanté par des enfants. Il raconte l’histoire de deux enfants qui chantent dans la rue pour gagner quelques sous. Chassés par les gens du quartier et notamment par Brundibár, un joueur d’orgue de barbarie, ils triomphent de l’adversité. C’est la victoire du faible sur le fort, de l’opprimé sur le tyran, de la beauté de la musique sur la laideur du monde. On pensait la partition originale de l’opéra perdue. Elle a été retrouvée en 1970 chez la sœur du pianiste Gideon Klein. Brundibár est joué maintenant dans le monde entier. 47 Affiche, Tchécoslovaquie, 1943 Yom ha-Zikaron, la pyramide de Jérusalem Yom ha-Zikaron est le jour du Souvenir des soldats morts lors des guerres et des civils tués dans des attentats. Il est commémoré le 4 Iyar et dure 24 heures. Le jour de Yom ha-Zikaron, une sirène retentit à deux reprises. De nombreuses cérémonies sont organisées dans tout le pays. On perpétue le souvenir des victimes : en allumant une bougie du souvenir, ¦ ¨ ¦ ;²iè £ • en récitant les prières de Yizkor, Û£ ± ;§£¨ ¡ ² El Male Ra’hamim, le Kaddich, ´i£ªÛ ¨ §£ªß ¦ £ en étudiant des Michnayot. Des monuments ont été érigés partout en Israël pour commémorer le souvenir des soldats tombés à la guerre. La pyramide de Yad Labanim à Jérusalem a été construite en 1978 par l’architecte David Resnick. Des fentes permettent à la lumière d’éclairer les murs intérieurs recouverts des noms des soldats de Jérusalem tombés pendant leur service. 49 Yad Labanim (extérieur et intérieur), Jérusalem, 1978 Yom ha-Atsmaout, le drapeau d’Israël L’indépendance de l’Etat d’Israël (Yom ha-Atsmaout) a été proclamée par David Ben Gourion le 14 mai 1948 ou, selon le calendrier hébraïque, le 5 Iyar 5708. Elle est l’occasion de réjouissances dans tout le pays. Le passage est abrupt entre Yom ha-Zikaron et Yom ha-Atsmaout. Du jour au lendemain nous passons de la plus grande peine à la plus grande joie. Aussi, quelle que soit la joie liée à la proclamation de l’indépendance d’Israël, le souvenir de ceux qui ont donné leur vie pour protéger leur pays est toujours présent. ´£¦ ¢ Durant Yom ha-Atsmaout le drapeau d’Israël est à l’honneur. C’est le poète autrichien Ludwig August Frankel, en 1860, qui choisit le bleu et le blanc comme couleurs nationales du peuple juif. En effet, les habits du grand prêtre étaient bleu et blanc, tout comme le Talith que revêtent les Juifs à la synagogue. Quand, en 1897, Théodore Herzl demande à David Wolfson un drapeau pour décorer la salle du premier congrès sioniste de Bâle en Suisse, ce dernier propose un drapeau blanc avec deux bandes bleues et, au centre, une étoile de David bleue. Le Maguen David est un symbole juif repris dans d’autres cultures. Peux-tu citer trois autres symboles spécifiquement juifs ? 51 ²æ Lag ba-Omer Lag ba-Omer (33e jour du décompte de l’Omer) est célébré le 18 Iyar. Il n’y a pas de loi qui fixe le déroulement de cette fête. Certains pensent que Lag ba-Omer marque la fin de l’épidémie qui a décimé 24 000 disciples de Rabbi Akiva. Cet événement aurait eu lieu lors du soulèvement de Bar Kokhba contre les Romains. Us et coutumes La période de l’Omer est considérée comme une période de deuil. On ne se marie pas, on ne se coupe pas les cheveux et on ne porte pas de nouveaux vêtements. Les hommes ne se rasent pas la barbe. Dans les communautés achkénazes, le 18 Iyar marque une interruption de ces interdictions. Ce jour là, les hommes peuvent se raser mais le lendemain, le 19 Iyar, la période de deuil reprend. En revanche, pour les communautés séfarades et orientales, Lag ba-Omer marque la fin de la période de deuil. En Israël, le soir de Lag ba-Omer, enfants et familles se réunissent et veillent autour de feux de camp jusqu’à une heure avancée de la nuit. 53 £Û £ ¦¨ £² ¢ Û ¦ 㦣 Danse autour du feu Zvi Malnovitzer est le fils unique d’une famille ultra-orthodoxe. Sa mère remarque très tôt son talent artistique. Le peintre Yehouda Walersteiner, voisin de la famille, accepte de lui donner des cours de dessin. Mais ses longues journées à la Yechiva l’empêchent d’étudier dans une école d’art. Devenu adulte, il travaille comme gérant dans un magasin de meubles. Un rabbin à qui il montre ses tableaux le persuade de se consacrer à la peinture. Zvi Malnovitzer aime décrire le monde ultra-orthodoxe. En le peignant, il fait le lien entre son identité juive et l’art. Ce tableau représente un homme vêtu de la traditionnelle redingote et coiffé d’un Chtraymel. Il danse devant un feu la nuit de Lag ba-Omer. La Hilloulah est une cérémonie qui a lieu dans certaines communautés séfarades et cabalistiques. Elle commémore la disparition d’un juste. ©i¬¨ Û £ß ² La plus connue est la Hilloulah de rabbi Chimon Bar Yo’hai qui a lieu durant £¡ i£ ²ß la nuit de Lag ba-Omer où les pèlerins chantent, dansent et prient autour de grands feux. 54 Danse autour du feu, Zvi Malnovitzer, Israël, 2006 55 ² i´ ©ò ¨ Chavouot La fête de Chavouot est célébrée le 6 Sivan en Israël, le 6 et 7 Sivan en diaspora. Les pèlerins venaient au Temple offrir les prémices de leur récolte en blé, orge, raisin, figue, grenade, olive et date. Chavouot s’appelle également : Matan Torah (don de la Torah), 㪴 ² i´ ©ò ¨ ´² u ¬ ¡ ©¨ Zman Matan Toratenou (temps du don de notre Torah), ‘Hag Atseret (fête de clôture), ²£u ± ¡ ‘Hag ha-Katsir (fête de la moisson), §£² ãè£ß ¡ ‘Hag ha-Bikourim (fête des prémices). Us et coutumes Dès le 3 Sivan, les restrictions de l’Omer sont levées pour toutes les communautés. ´¦ £¨ ´ã² La synagogue A Chavouot, on lit la Méguilat Ruth. La nuit on étudie la Torah. On décore la synagogue d’épis de blé, de fleurs, de branches, pour rappeler l’époque des moissons. Livre des coutumes, Hollande, 1774 La maison En Israël les maisons sont décorées de fleurs. Sur les tables le gâteau au fromage est à l’honneur. Les jeunes enfants vont à l’école coiffés de couronnes florales. 57 ß ã´è Une Ketouba pour célébrer Chavouot Certaines communautés rédigeaient une Ketouba à l’occasion de Chavouot pour sceller l’union entre Dieu et le peuple d’Israël, mais cette coutume, observée dans les communautés d’Afrique du Nord et d’Italie, était rare dans les communautés achkénazes. La couronne posée sur la tête de l’aigle bicéphale représente généralement la puissance du souverain régnant. Penses-tu qu’il s’agit là d’une allusion à l’empereur d’Autriche ? Cette Ketouba rédigée en Galicie, alors sous domination autrichienne, provient sans doute d’une communauté ‘hassidique. Elle témoigne des échanges entre communautés séfarades et achkénazes. L’aigle à deux têtes, symbole de puissance et d’autorité, est surmonté d’une couronne. Il est accompagné ici de deux lions retenant un médaillon dans lequel figurent les lettres ” (Be Ezrat Ha Chem). 58 Ketouba, Autriche, 1914 Matan Torah Durant sept semaines, le peuple d’Israël qui venait de sortir d’Egypte se prépare à recevoir la Torah, au mont Sinaï. Le calme règne sur cette montagne dessinée par le graphiste Zak. Les enfants d’Israël, enveloppés de leur Talith, assistent au don de la Torah. C’est une révélation publique. Dieu prononce les Dix Commandements en présence du peuple. Zak dessine les tables de la Loi posées délicatement sur le sommet du mont Sinaï. Affiche, Israël, 1960 59 מi ָ ִבי Chavouot en Israël dans les premiers Kibboutzim et Mochavim, est une fête champêtre qui affirme le lien de l’homme à sa terre. קק”ל ֶט ְמ ֶ»ל Sur cette affiche du KKL, des enfants portent les fruits cultivés en Israël. Une fillette les précède en dansant au son d’un tambourin. Certains sont coiffés du ַבע ic Kova Timbel, d’autres de couronnes de fleurs. Pour montrer l’importance de la terre, l’artiste a volontairement omis de figurer le ciel. 60 Affiche, Israël, 1960 Quelle prophétesse chante accompagnée de tambourins ? 61 Ticha be-Av Le mois d’Av également appelé Mena’hem Av est un mois grave. Par la Michna on apprend toutes les épreuves difficiles survenues au mois d’Av : à peine sortis d’Egypte les Juifs apprennent l’interdit d’entrer en Terre promise, le prêtre Aaron décède, le premier et le second Temples sont détruits, la ville de Bétar est rasée par les Romains, les Juifs d’Espagne sont expulsés par le roi Ferdinand d’Aragon. La synagogue Livre des coutumes, Hollande, 1707 Ó Ó §¡ ª¨ ²´ £ß Après la prière du soir, chacun s’assied à terre, pour lire l’histoire de Jérémie, la Méguilat Eikha. Des Kinot – lamentations – achèvent l’office. Us et coutumes Le jeûne de Ticha be-Av débute avant le coucher du soleil. Généralement le repas, la Seouda Mafseket, est composé d’un plat de lentilles ou d’œufs durs symboles de deuil. ;¥ £ ´± « ® ¨ ´¦ £¨ ´iª£± 㬫 63 Eikha La Méguilat Eikha réunit cinq lamentations sur la destruction du premier Temple. Elle tire son nom du mot « Eikh » qui signifie « comment » et traduit une notion de désespoir. La quatrième lamentation évoque la splendeur passée du Temple de Jérusalem. C’est cette lamentation que décrit Eliahou Sidi sur la page-titre de sa Méguilat Eikha. Il dessine les larmes de Jérémie. Le prophète, vêtu de noir, assis sur les remparts de Jérusalem, verse des larmes noires. Le titre du livre que le prophète tient dans sa paume grande ouverte est noir. La lune pleure derrière lui. Eliahou Sidi mêle des lettres hébraiques à chacune de ses compositions. Le noir est omniprésent dans cette œuvre abondamment colorée. 64 Eikha, Eliahou Sidi , Israël, 1998 65 Tou be-Av, des fiançailles au mariage A l’époque du Temple, lors de la fête de Tou be-Av, les jeunes filles revêtaient une robe blanche et dansaient dans les vignes pour rencontrer leur promis. A l’époque de la Michna, une pièce de monnaie était remise à la fiancée en signe d’acquisition. En Europe, au moyen âge, on remplace la pièce de métal par une bague. Dans le nord de l’Italie et en Allemagne, des orfèvres créent un modèle de bagues de mariage en or. Certaines d’entre elles, en forme de maison portent, gravée en hébreu, l’inscription « Mazal Tov ». Que signifie l’expression Mazal Tov ? i¢ ¦ ¨ C’est dans le quartier juif de Colmar que cette bague en or et en émail a été retrouvée. Le chaton de la bague est hexagonal. Il est bordé d’arcades et surmonté d’un toit de forme conique. Le marié la remet à sa promise en prononçant : « Tu m’es à présent sanctifiée par cet ´Û 㱨 ´Ò £² anneau, selon la loi de Moïse et d’Israël ». ´ è i ´¬ ß ¢ ß £¦ ¦ ² Ü £ Û ¨ Bague de mariage, France, 1348 67 Quiz 1. Texte p. 12 Quel est le personnage biblique dont le nom n’apparaît pas dans les Haggadot de Pessa’h mais qui a dirigé le premier Pessa’h de l’histoire ? a. Abraham. b. Moïse. c. le roi David. 2. Texte p. 20 Combien de coupes boit-on le soir de Pessa’h ? a. une. b. deux. c. quatre. 3. Texte p. 30 La page de la Haggadah d’Offenbach illustre un épisode de la sortie d’Egypte. Lequel ? a. le choix de Moïse comme vice-roi d’Egypte. b. la traversée de la mer des Joncs. c. le don de la Torah. 4. Texte p. 31 Que représentent les quatre personnages dessinés sur la Haggadah de Szyk en Pologne en 1935 ? a. les quatre chefs de la communauté juive de Pologne entre-les-deux-guerres. b. les quatre métiers les plus couramment exercés par les Juifs d’Europe de l’Est à cette époque. c. les quatre fils du récit de la Haggadah. 68 5. Texte p. 35 Pourquoi les personnages représentés sur l’œuvre d’Eliahou Sidi sont-ils accoudés à table ? a. car ils sont fatigués par une nuit de Seder très longue. b. car ils sont accoudés comme il se doit pour boire les coupes de vin. c. car ils sont tristes, Pessa’h rappelant la destruction du Temple. 6. Texte p. 37 Quelle ville, où l’on souhaite se rendre tous les ans, est représentée en arrière-plan de l’œuvre de Reuben Rubin ? a. Jérusalem. b. Worms sur le Rhin. c. New York. 7. Texte p. 39 Que sont les feuilles représentées dans le « Ma Nichtana » d’Eliahou Eric Bokobza ? a. des feuilles de houx pour le Nouvel An. b. des herbes amères pour le Seder. c. des feuilles de palmier pour le Loulav. 8. Texte p. 44 Qu’est-ce que le décompte de l’Omer ? a. une ville dans le désert du Sinaï. b. le nombre de jours qu’il a fallu aux enfants d’Israël pour recevoir la Torah après la sortie d’Egypte. c. le fleuve à traverser pour entrer en Terre Promise. 69 Quiz 9. Texte p. 45 Pourquoi « Lag » signifie-t-il 33 ? a. c’est le terme en hébreu pour dire 33. b. c’est l’abréviation du terme araméen pour dire 33. c. c’est le total des valeurs numériques des lettres « lamed » (30) et « guimel » (3) 10. Texte p. 51 A quel objet rituel fait référence le drapeau d’Israël ? a. à la nappe de Chabbat. b. au voile qui sépare le Saint des Saints dans le Temple de Jérusalem. c. à un Talith. 11. Texte p. 57 Quelle héroïne biblique est à l’honneur pour la fête de Chavouot ? a. Myriam, la sœur de Moïse. b. Ruth, la Moabite. c. la reine Esther. 12. Texte p. 58 Quel est le rapport entre une Ketouba et la fête de Chavouot ? a. Chavouot est le jour par excellence pour se marier. b. Chavouot rappelle le don de la Torah comparé à un mariage entre Israël et Dieu. c. chaque communauté doit signer un nouveau contrat de Ketouba à Chavouot. 70 13. Texte p. 61 Qu’apportent les enfants dessinés sur l’affiche du KKL de 1960 ? a. des prémices (Bikourim) apportées autrefois au Temple à Jérusalem pour la fête de Chavouot. b. des fruits pour garnir la table de fête de Chavouot. c. des décorations à fixer dans la cabane de Chavouot. 14. Texte p. 63 Pourquoi le mois d’Av est aussi appelé « Mena’hem Av » ? a. en souvenir de Rabbi Mena’hem qui est né en ce mois. b. en souvenir du premier nom en hébreu ancien de ce mois. c. en souvenir de la vertu de Dieu à consoler les endeuillés en ce mois. 15. Texte p. 65 Pourquoi la personne représentée par Eliahou Sidi pleure-t-elle ? a. car le 9 Av est le jour où l’on pleure la destruction du Temple. b. car le 9 Av est un des jours les plus chauds de l’année. c. car le 9 Av est le jour de souvenir des soldats tombés pour la défense d’Israël. 16. Texte p. 67 Pourquoi une bague de mariage illustre-t-elle les pages sur Tou Be-Av ? a. car Tou Be-Av est le jour où les vendeurs de bagues soldent leurs produits. b. car Tou Be-Av est le jour où, selon la tradition juive, les jeunes filles sortaient pour rencontrer leur futur fiancé. c. car Tou Be-Av est le jour de la fête du don de la Torah. 71 Réponses Page 13 En 1932, à Doura Europos, après de longues fouilles archéologiques, on découvre une synagogue : c’est la première synagogue entièrement décorée qu’on ait trouvée à ce jour et des inscriptions permettent de la dater entre 244 et 245. Page 14 Une pâte à base de céréales, mélangée à de l’eau, qui a été pétrie et a fermenté pendant 18 minutes. Page 16 Les 4 questions ; les 4 coupes de vin ; les 4 fils… Page 17 Ces quatre animaux sont cités dans les Pirkei Avot (chap. 5, 24) que l’on a l’habitude de lire chaque Chabbat, de Pessa’h à Chavouot. Page 19 Choul’han Ore’h est trop long pour être inscrit dans un seul médaillon. Les deux mots sont donc placés dans deux médaillons. Page 21 On ouvre la porte pour accueillir le prophète Elie après avoir bu la 3e coupe de vin. Page 23 Oui, car le premier commandement fait référence à la sortie d’Egypte. Page 24 Les trois moments représentent Moïse : recevant le bâton, regardant le bâton se transformer en serpent, constatant qu’il redevient bâton. Cette façon de dessiner s’appelle la narration continue. 72 Page 26 Le personnage le plus à droite porte un chapeau en forme d’entonnoir renversé, chapeau que portaient les Juifs au moyen âge dans certaines villes d’Allemagne. Page 28 Moïse tient un bâton et les Tables de la Loi et Aaron porte un encensoir et revêt le pectoral du grand prêtre. Page 30 Les joncs des bords du Nil où fut déposé le berceau de Moïse. Page 33 Une chechia. Rambam a vécu au Maroc et en Egypte et dans ces deux pays les hommes portaient la chechia. Page 34 L’épisode évoqué est cité dans le livre de l’Exode 13, 19 où il est dit que Moïse prit avec lui les os de Joseph pour les ramener en Israël. Page 36 Un chtraymel. Page 38 Le plus jeune des convives récite le « Ma Nichtana » pendant le « Magguid ». Page 40 Cecil B. DeMille utilise la technique de la surimpression d’images. Il filme d’abord les chars sur fond neutre, puis les superpose sur une sorte de tranchée construite en gélatine sur laquelle il fait couler de l’eau. Page 42 Les évènements de l’Exode ont eu lieu sous le règne des pharaons Seti, Ramsès et Ramsès II. Ce dernier fut un des plus glorieux souverains de l’Egypte et un très grand constructeur. Page 45 33, le nombre situé en haut est égal à 4 semaines + 5 jours. 73 Réponses Page 51 La Ménorah, le Chofar et le Loulav. Page 58 La couronne dessinée ici est la couronne de la Torah comme le mentionnent les deux mots l’entourant. Page 61 Myriam, la sœur d’Aaron et de Moïse. Page 64 Les jeûnes du 3 Tichri, 10 Tévet, 17 Tamouz. Page 67 L’expression Mazal Tov signifie « Sous une bonne étoile » afin qu’une étoile favorable préside à cet évènement. 74 A 15 étapes du Seder : Kadech, Our’hats, Karpass, Ya’hats, Magguid, Ra’htsa, Motsi, Matsa, Maror, Korekh, Choul’han Orekh, Tsafoun, Barekh, Hallel, Nirtsa. Ces 15 étapes datent de l’époque de la destruction du Temple. Aaron : frère de Moïse et de Myriam. Achkénaze : terme désignant depuis le moyen âge la culture des Juifs vivant en Europe. Adolf Hoffmeister : (1902-1973) auteur du livret de Brundibár. Il était écrivain, auteur de poèmes et de livrets, mais aussi caricaturiste, publiciste et dramaturge. Afikoman : du grec « epikomon – dessert ». Moitié de Matsa que l’on garde pour être mangée après le repas, le soir du Seder de Pessa’h. Aron : arche sainte. Arthur Szyk : (1894-1951) né en Pologne, Arthur Szyk est un artiste graphique et un caricaturiste qui a illustré de nombreux livres. Arvit : office du soir. Av : le mois de Av coïncide avec juillet-août. B Bar Kokhba : Chimon bar Kokhba mena la révolte contre les Romains. Bedikat ‘Hamets : recherche du ‘Hamets. Be Ezrat ha-Chem – ה”ב : avec l’aide de Dieu. Bétar : ville de Judée qui résista aux Romains à l’époque de Bar Kokhba. Bicéphale : à deux têtes. Birkat ha-Mazone : action de grâce après le repas. Bnei Brak : ville où se réfugièrent les fidèles de Rabbi Akiva. La ville actuelle a été créée en 1924 par des Juifs de Pologne. Brundibár : opéra symbole de Terezín. Ecrit avant la guerre par l’écrivain Adolph Hoffmeister et le compositeur tchèque Hans Krasá, il est monté par les enfants de Terezín. Buisson ardent : il est dans le livre de l’Exode quand Dieu se révèle à Moïse sous la forme d’un buisson qui brûle mais ne se consume pas. C Cecil B. DeMille : (1881-1959) réalisateur né en Caroline du Nord, Etats-Unis. 75 76 Chabbat : septième jour de la semaine juive et jour de repos. Chaton : partie de la bague où est enchâssée une pierre et, par extension, la partie saillante de la bague. Chavouot : semaines. C’est la fête qui célèbre le don de la Torah. Chevat : le mois de Chevat coïncide avec janvier – février. Choul’han Orekh : repas du Seder de Pessa’h. Chofar : corne de bélier dans laquelle on souffle lors des fêtes de Roch ha-Chana et de Yom Kippour. Chtraymel : chapeau de fourrure porté par certains groupes orthodoxes pendant le Chabbat et les fêtes. D David ben Gourion : (1886-1973) homme politique israélien. Un des fondateurs de l’Etat d’Israël ; il fut Premier ministre de 1948 à 1953. David Resnick : (1924-2012) architecte israélien né au Brésil. Il s’installe en Israël en 1949 et réalise ses plus grands projets à Jérusalem. David Wolfson : (1856-1914) homme d’affaires originaire de Lituanie, président de l’organisation sioniste. Il accompagne Herzl dans ses voyages en Erets Israël. Diaspora : dispersion du peuple juif à travers le monde. Dix Commandements : injonctions prononcées et gravées par Dieu sur des tablettes au sommet du mont Sinaï. Doura Europos : ville de Syrie découverte par des soldats anglais en 1920. En 1932 est mise à jour la synagogue de Doura Europos. E Ecole Betsalel : Ecole des Beaux-Arts de Jérusalem. Egged : compagnie de transport israélienne. Eikh : comment ? Eliahou Eric Bokobza : peintre né à Paris en 1963. Il immigre en Israël à l’âge de 6 ans. Eliahou Sidi : peintre et sculpteur d’origine française vivant en Israël. Ses œuvres illustrent les textes bibliques et incluent des détails de la vie contemporaine. El Male Ra’hamim : prière commémorative. Eloul : le mois d’Eloul coïncide avec août- septembre. Erets Israël : terre, pays ou Etat d’Israël. Exode : Chemot, deuxième livre du Pentateuque. F Ferdinand d’Aragon : (1474-1504) dit Ferdinand le Catholique, roi de différentes régions d’Espagne à qui l’on doit l’Inquisition. G Galicie : région de l’Europe de l’Est située entre la Pologne et l’Ukraine. Rattachée à l’Autriche de 1772 à 1920. Ghetto : quartier où les Juifs étaient forcés de résider. Gideon Klein : (1919-1945) pianiste qui à Terezín, accompagna les interprétations de Brundibár. Guide des Egarés : livre écrit en arabe en 1190. L’auteur, rav Moïse ben Maïmon met en accord l’enseignement de la Torah avec la philosophie d’Aristote. Gustave Doré : (1832-1883) dessinateur, peintre et sculpteur français. H ‘Hag Atseret : fête du temps de l’arrêt. ‘Hag ha-Aviv : fête du printemps. ‘Hag ha Bikourim : fête des prémices. ‘Hag ha-Katsir : fête de la moisson. ‘Hag ha-Matsot : fête des Matsot. ‘Hag ‘Heroutenou : fête de notre délivrance. Haggadah (plur. Haggadot) : recueil composé de textes liturgiques extraits de la Bible, de la littérature rabbinique, de poèmes et de chants lus pendant le Seder ‘Hakham : sage. Hallel : prière de louanges. ‘Hamets : tout aliment à base des 5 céréales (blé, orge, avoine, seigle, épeautre) qui a fermenté au contact de l’eau. Hans Krása : (1899-1944) auteur de trois opéras, symphonies, concertos pour violon, Hans Kráza a joué un rôle primordial dans la vie culturelle de Terezín. ‘Harosset : pomme, noix et cannelle mélangés à du vin. ‘Hassid (plur. ‘Hassidim) : provient de la racine hébraïque ‘Hessed qui signifie « bonté ». Les ‘Hassidim appartiennent à un courant religieux né en Europe orientale au 18e siècle. 77 78 ‘Hazeret : raifort. Hilloulah : fête de pèlerinage. Hochana Rabba : dernier des sept jours de Souccot. I Israël ben Meïr de Heidelberg : scribe qui a écrit la Haggadah de Darmstadt. Iyar : le mois de Iyar correspond à avril-mai. J Jérémie : prophète né dans un village de prêtres près de Jérusalem. Joseph : fils de Jacob et de Rachel. K Kaddich : prière de l’office qui ne peut être dite qu’en présence de 10 hommes. Karpass : céleri. Ketouba : acte de mariage. La Ketouba est lue dans sa version araméenne originale. Le document est signé par deux témoins et a le statut d’un accord légal liant les deux parties. Kibboutz (plur. Kibboutzim) : exploitation agricole collective. Kibboutznik : membre d’un Kibboutz. Kidouch : prière de sanctification récitée sur le vin et sur le pain, chabbat et jours de fêtes. Kinot (sing. Kina) : cantique ou chant récité à l’occasion d’une tragédie, d’un deuil. Kippour : jour de jeûne, appelé aussi jour du Grand Pardon. KKL (Keren Kayemet le Israël) : Fonds National Juif créé en 1901 par Théodore Herzl. Kova Timbel : chapeau porté par les Israéliens jusqu’aux années 70. L Lag ba-Omer : 33e jour de l’Omer. Lévitique : Vayikra, troisième livre du Pentateuque. Livre des coutumes : Sefer ha-Minhaguim. Livre contenant les horaires de prières, la manière de prier, les habitudes alimentaires, le déroulement et la signification des principaux évènements de la vie. Le livre des Coutumes permet aux fidèles de perpétuer les traditions. Loulav : branche de palmier. Ludwig August Frankel : (1810-1894) poète et écrivain autrichien. Il se rendit à Jérusalem en 1856 et y fonda une école juive pour filles. M Maariv : prière du soir. Maguen David : bouclier de David, par extension, étoile de David. Ma Nichtana ? : qu’y a-t-il de différent ?…. Premiers mots lus par le plus jeune enfant qui assiste au Seder. Manuscrit de Rothschild : manuscrit sur parchemin de 948 pages, décoré de 816 miniatures. Il fut sans doute réalisé dans un atelier de la région de Ferrare en Italie. Il réunit des textes bibliques, rituels et littéraires. Maror : herbes amères. Matan Torah : don de la Torah. Matsa (plur. Matsot) : pain sans levain que les Juifs mangent pendant Pessa’h. Maurice Mayer : (1801-1864) orfèvre des familles séfarades de France et de Hollande au 19e siècle. Mazal Tov : bonne étoile, par extension bonne chance. Méguilat Eikha : livre des lamentations lu à l’occasion de Ticha be-Av. Méguilat Ruth : rouleau de Ruth. Une des cinq Méguilot, lue à Chavouot. Mena’hem Av : nom donné au mois de Av après le retour de Babylonie. Ménorah : nom du candélabre à sept branches dont le prototype fut confectionné pour le Tabernacle du désert. Michna (plur. Michnayot) : du verbe lechanen : répéter, qui signifie au sens propre apprendre par cœur une tradition orale. Elle désigne l’ensemble des traditions religieuses developpées jusqu’en l’an 200. Michné Torah : code de loi juive compilé par Maïmonide entre 1170 et 1180. Midrach (plur. Midrachim) : commentaire rabbinique de la Bible qui revêt différents genres littéraires comme un récit, une parabole ou une légende. Mochav (plur. Mochavim) : village qui met en commun leurs ressources agricoles. 79 80 Moïse : prophète qui a fait sortir le peuple hébreu d’Egypte. Moïse ben Yekoutiel ha-Cohen : commanditaire du manuscrit, écrit et enluminé au 15e siècle en Italie du Nord, appelé le Manuscrit de Rothschild. Monsohn : (1888-1956) Abraham Leib Monsohn va étudier la lithographie à Frankfort. Il revient en Erets Israël en 1892 et ouvre avec son frère la première imprimerie en couleur à Jérusalem. N Néoménie : célébration de la nouvelle lune. Niellé : travail d’incrustation d’un émail noir sur un métal. Nissan : le mois de Nissan coïncide à mars-avril. O Omer : mesure d’orge qu’on offrait le deuxième jour de Pessa’h au Temple de Jérusalem. Par extension, période de sept semaines qui sépare Pessa’h de la fête de Chavouot. Orient : direction qui désigne les communautés de Syrie, d’Irak, d’Iran, du Yémen… P Page-titre : première page qui présente et donne des informations sur l’ouvrage. Pessa’h : pâque. Fête célèbrant la sortie d’Egypte et le passage des Hébreux de l’état d’esclavage à la liberté. Pharaon : souverain d’Egypte pendant l’antiquité. Pirkei Avot : maximes des pères. Traité de la Michna. Prophète Elie : prophète qui lutta pour la croyance en un Dieu unique. Prophète Malachie : dernier prophète d’Erets Israël. R Rabbi Akiva : un des plus célèbres maîtres de la Michna. Rabbi Chimon bar Yo’hai : élève et disciple de rabbi Akiva. Rabbi Nathan : rabbin né en Babylonie. Il s’installa en Erets Israël et dirigea l’école talmudique de Oucha au 2e siècle. Racha : rebelle. Rav Moïse ben Maïmon : (1135-1204) philosophe et médecin juif qui vécut successivement en Espagne, au Maroc en Erets Israël et en Egypte. Reuben Rubin : (1893-1974) peintre israélien d’origine roumaine. Il fut le premier ambassadeur d’Israël en Roumanie. Roch ha-Chana : Nouvel An juif. S Seder : ordre, rituel symbolique lié à la fête de Pessa’h. Par extension, on emploie le même mot pour d’autres fêtes : Roch ha-Chana, Tou be-Chevat. Sefer ha-Mitsvot : livre des commandements. Maïmonide y recense 613 commandements. Séfarade : Juif originaire d’Espagne ou du Portugal. Après les expulsions, les Juifs séfarades se sont répartis sur le pourtour du bassin méditerranéen. Seouda Mafseket : dernier repas avant un jeûne. Sim’hat Torah : joie de la Torah. Jour où l’on achève la lecture du Pentateuque. Sinaï : péninsule triangulaire au Nord-Est de l’Egypte. Sion : un des noms de Jérusalem. Sivan : le mois de Sivan coïncide avec mai-juin Souccot : fête qui rappelle les 40 ans d’errance dans le désert avant le retour en Erets Israël. Sphinx : monstre fabuleux, lion ailé à tête et buste de femme qui tuait les voyageurs quand ils ne résolvaient pas l’énigme à laquelle il les soumettait. T Talith : châle de prière rectangulaire à franges. Tam : simplet. Temple : construit par le roi Salomon sur le Mont Moriah à Jérusalem, il a été détruit par Nabuchodonosor II en 586 AEC. Il est reconstruit par les Juifs qui reviennent de captivité de Babylonie en 538 AEC. Le roi Hérode le remanie et l’agrandit en l’an 19 AEC. Titus le détruit en l’an 70. Terezín : camp de concentration situé à 60 kilomètres de Prague. 81 Théodore Herzl : (1860-1904) journaliste autrichien, Herzl est le fondateur du mouvement sioniste et l’inspirateur de l’idée d’un Etat juif. Ticha be-Av : 9e jour du mois d’Av. Jour de jeûne qui commémore la destruction du Premier Temple en 586 AEC et du Second Temple en l’an 70. Tichri : le mois de Tichri coïncide avec septembre-octobre. Torah : enseignement. Regroupe les cinq livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Tou be-Av : 15e jour du mois d’Av. Toutankhamon : pharaon de la 18e dynastie. W Worms : ville qui au moyen âge fut, avec Spire et Mayence, un des centres de la culture juive en Allemagne. Y Yad Labanim : association des familles des soldats tombés au combat. Yechiva : centre d’étude du judaïsme. Yehouda Walersteiner : peintre israélien disciple de Jacob Steinhardt. Yiddish : langue parlée dans les communautés achkénazes. Yizkor : prière commémorative. Yom ha-Atsmaout : jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël. Yom ha-Choah : jour du souvenir de l’Holocauste. Yom ha-Zikaron : jour du souvenir des victimes de guerre. Yom Tov : bon jour. Jour de fête. Z Zman ‘Héroutenou : temps de notre libération. Zman Matan Toratenou : temps du don de notre Torah. Zroa : os avec un peu de viande grillée sur des braises. Zvi Malnovitzer : peintre israélien né à Bnei Brak en 1945. 82 Crédits photographiques Couverture © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 8-9 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 10 : © Collection Famille Gross. Page 12 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 13 : © Beth Hatefutsoth, Musée du peuple Juif, Tel Aviv, Israël. Page 14 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 15: © Musée d’Israël. © Photographie Musée d’Israël, Jérusalem par Ardon Bar-Hama. Page 16 : © Collection Famille Gross. Page 16 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 17 : © Collection Famille Gross. Page 17 : © Collection Famille Gross. Page 18: © Collection Famille Gross. Page 19 : © Collection Famille Gross. Page 19 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 20 : © Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris, France. © Photographie Musée d’art et d’histoire du Judaïsme. Page 21 : © Collection Famille Gross. Page 21 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 22 : © Collection Famille Gross. Page 22 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 23 : © Collection Famille Gross. Page 24 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 25 : © University of Manchester, Angleterre. Page 27 : © Bibliothèque de Darmstadt, Allemagne. Page 28 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 29 : © Collection Famille Gross. Page 30 : © Leo Baeck Institute, New York, USA. Page 31 : © The Arthur Szyk Society, USA. Page 32 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 33 : © Collection Famille Gross. Page 34 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 35 : © Collection particulière, Jérusalem. Page 37 : © Musée Reuben Rubin, Israël. Page 38 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 39 : © Collection Eliahou Boukobza. Page 40 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 41: © THE TEN COMMANDMENTS. © Paramount Pictures Corp. All Rights Reserved. © Photographie Margaret Herrick Library, Academy of Motion Pictures Arts and Sciences. Page 43 : © THE TEN COMMANDMENTS. © Paramount Pictures Corp. All Rights Reserved. © Photographie RA/Lebrecht Music & Arts. Page 44 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 45 : © Skirball Museum, Californie, USA. © Photographie Susan Einstein. Page 46 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 47 : © Lebrecht Music & Arts. Page 48 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 49 : © Photographie Laurent Soulam. Page 50 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 51 : © Photographie David Soulam. Page 51 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 52 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 53 : © Collection Famille Gross. Page 55 : © Zvi Malnovitzer. Page 56: © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 57 : © Fonds KKL, Israël. Page 56 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 57 : © Collection Famille Gross. Page 58 : © Collection Famille Gross. Page 59 : © Fonds KKL. Page 60 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 61 : © Fonds KKL, Israël. Page 62 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 63 : © Collection Famille Gross. Page 64 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 65 : © Collection Famille Sidi. Page 66 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 67 : © Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris, France. © Photographie Adam Rzepka. Composition : Danny Battat Achevé d’imprimer en Juillet 2014 par Printiv Publié par les Editions ADCJ 10 Beer Sheva Street, 94507 Jérusalem – Courriel : contact@adcj.org Dépôt légal : Juillet 2014, ISBN 978-965-91970-3-3 Imprimé en Israël Trombinoscope Michèle Fingher, docteur en Histoire du Théâtre, initiatrice du projet : Le Voyage de Betsalel. Florence Soulam, docteur en Histoire de l’art, initiatrice du projet : Le Voyage de Betsalel. Eliezer Schilt, docteur en Histoire. Tamar Hochstadter, illustratrice pour enfants. A étudié à l’Ecole des Beaux-Arts de Betsalel. Déjà parus Roch ha-Chana, Yom Kippour, Souccot, Hochana Rabba et Sim’hat Torah ‘Hanoukka, Tou bi-Chevat, Pourim Pessa’h, Yom ha-Choah, Yom ha-Zikaron, Yom ha-Atsmaout, Lag ba-Omer, Chavouot, Ticha be-Av, Tou be-Av A bientôt pour les prochaines fêtes ! Chabbat et Roch ‘Hodech
De ‘Hanoukka à Pourim
L’Art en fête de ‘Hanoukka à Pourim Ecrit par Michèle Fingher et Florence Soulam Illustré par Tamar Hochstadter Le temps est passé si vite depuis les fêtes de Tichri ! Les pages du calendrier annoncent déjà ‘Hanoukka, puis viendra un autre nouvel an, celui des arbres, Tou bi-Chevat, et au galop Pourim. Tourne les pages du temps et admire les exploits des Maccabées et de Judith. N’oublie pas de planter un arbre à Tou bi-Chevat et regarde comment les artistes ont dépeint Mordekhaï sur le cheval du roi. Pour te donner une idée de la façon dont on fêtait et fêtons encore ‘Hanoukka, Tou bi-Chevat et Pourim, Betsalel, Oholiab et Abigaël se sont rendus dans des communautés du monde entier. Pour toi, ils sont partis à la recherche de ‘Hanoukkiot conservées dans des musées. Ils ont visionné des films anciens, assisté à la première de pièces de théâtre, et bien entendu ont écouté la Méguila, déguisés en fleur ou en girafe ! Ne perds pas un instant et rejoins-les ! Ils t’ont préparé un merveilleux Voyage… de Betsalel. Nous remercions pour leur soutien à la publication de cet ouvrage : Ezra Venture La Fondation du Judaïsme Français La Fondation Sitcowsky – sous l’égide de la FJF L’Institut Alain de Rothschild * Nous exprimons notre reconnaissance à la famille Gross, au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme et au Musée de Tel-Aviv, qui nous ont autorisés à utiliser les photographies de leurs fonds. * Nous remercions pour leur contribution, remarques et conseils, Shalom Tsabar, Yehouda Moraly, Elisheva Revel, Laurence Sigal, Déborah Elalouf, Gilles Elalouf, Laurent Edel, Nathalie Serfaty, Nelly Hansson, Isabelle Cohen, Jean-Jacques Wahl, Chantal Mettoudi, Richard Sitbon, Corinne Kalifa, Edith Sidi, Amandine Saffar, Joyce Krief. * © Editions ADCJ – Le Voyage de Betsalel, 2012 et 2013 ISBN : 978-965-91970-0-2 Auteures : Michèle Fingher et Florence Soulam Illustration : Tamar Hochstadter Tous droits de traduction, reproduction ou représentation intégrale ou partielle sont réservés pour tous les pays. Editions ADCJ, rue Hallé 56, Paris 75014, France. contact@adcj.org www.adcj.org L’Art en fête de ‘Hanoukka à Pourim Ecrit par Michèle Fingher et Florence Soulam Illustré par Tamar Hochstadter Sommaire L’Art en fête 6 De ‘Hanoukka à Pourim 7 ‘Hanoukka 10 Mattathias 12 Juda et Judith 14 La Ménorah à travers les âges 16 ‘Hanoukkiot en terre glaise et en pierre 18 ‘Hanoukkiot en bois et en métal 20 ‘Hanoukkiot en argent 22 De la ‘Hanoukkia à la Ménorah 23 ‘Hanoukka en famille ! 24 Sevivon Sov Sov Sov ! 26 Judith au théâtre 28 Abraham Goldfaden 30 Tou bi-Chevat 34 Des arbres en bronze 35 Plantons un arbre pour Tou bi-Chevat 36 Pourim 40 La reine Esther 42 L’histoire d’Esther à Doura Europos 44 La Méguilat Esther 46 Une Méguila enluminée 48 Un décor gravé 50 Moché Pescarol : un scribe enlumineur 52 La pendaison des fils d’Aman 54 La fille d’Aman 56 Affiches de Pourim 58 Michloa’h Manot 60 Des crécelles 62 Une soirée de Pourim à Tel-Aviv 64 Adloyada à Tel-Aviv 66 Quiz 68 Réponses 72 Dico 76 Crédits photographiques 83 L’Art en fête L’Art en fête comprend quatre livres. Le premier livre présente les cinq fêtes du mois de Tichri : Roch ha-Chana, le Nouvel An, Kippour, le jour du Grand Pardon, Souccot, la fête des Cabanes, Hochana Rabba, le 7e jour de Souccot, Sim’hat Torah, la fête de la Torah. Le second livre évoque les fêtes de ‘Hanoukka, Tou bi-Chevat et Pourim : ‘Hanoukka, le 25 Kislev, fête la résistance spirituelle du judaïsme, Tou bi-Chevat, le 15 Chevat, est évoqué dans la Michna comme le nouvel an des arbres, Pourim, le 14 et 15 Adar, rappelle comment les Juifs du royaume d’Assuérus ont échappé à un massacre. Le troisième livre regroupe les six fêtes du printemps et de l’été : Pessa’h, la Pâque juive, tombe le 15 Nissan, Yom ha-Choah et Yom ha-Zikaron, les jours du souvenir et Yom ha-Atsmaout, le jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël, Lag ba-Omer, le 33e jour de l’Omer se rattache à Rabbi Akiva, Chavouot, la fête du don de la Torah sur le mont Sinaï, Ticha be-Av, le 9e jour du mois d’Av, pour se souvenir de la destruction du Temple, Tou be-Av, le 15e jour du mois d’Av où à l’époque du second Temple les jeunes gens choisissaient leur fiancées. Le quatrième livre aborde Chabbat et Roch ‘Hodech. 6 De ‘Hanoukka à Pourim Après les fêtes du mois de Tichri, abordons celles des mois d’hiver : ‘Hanoukka ou la fête des Lumières, à la fin du mois de Kislev, ֲחנוּ ָכּה; ִכּ ְס ֵלו Tou bi-Chevat ou la fête du réveil de la nature, le 15 du mois de Chevat, ָבט ְשׁ ְשׁ ָבט; ִבּ וּ”ט Pourim ou la fête des sorts, à la moitié du mois d’Adar. ‘Hanoukka et Pourim sont deux fêtes qui commémorent un moment de l’histoire où le peuple juif a failli disparaître. וּפּ ִרים; ֲא ָדר A ‘Hanoukka, on célèbre la victoire du peuple de Judée contre Antioche Epiphane qui veut imposer le culte des dieux grecs. Antioche Epiphane pille le Temple de Jérusalem, y place une statue de Zeus et détruit les rouleaux de la Torah. Ceux qui observent le Chabbat et les fêtes ou pratiquent la circoncision risquent désormais la mort. ַשׁ ָבּת ְיהוּ ָדה וֹתּ ָרה; A Pourim, on se rappelle le moment où les Juifs de l’ancien royaume de Perse ont été sauvés. Sans Esther, venue plaider la cause de son peuple devant le roi Assuérus (A’hacheveroch) au péril de sa vie, Aman, le conseiller du roi, aurait réussi à faire tuer tous les Juifs du royaume. Entre ces deux fêtes, Tou bi-Chevat traduit le lien du peuple d’Israël à sa terre. ָה ָמן ֶא ְס ֵתּר ֲא ַח ְשֵׁור;שׁוֹ 7 ‘Hanoukka חנוכה ‘Hanoukka La fête de ‘Hanoukka dure huit jours. Elle débute le 25 du mois de Kislev et commémore la victoire des ַח ְשׁמוַֹנ ִאים ֶרץ ִי ְשׂ ָר ֵאל ֶא Asmonéens sur les Grecs en Erets Israël de 167 à 165 AEC. Elle est appelée la « fête de la Dédicace » ou la « fête des Lumières ». ‘Hanoukka est la plus populaire des fêtes juives. Elle célèbre trois évènements historiques : le miracle de l’huile, la victoire des Asmonéens, la restauration de la royauté en Erets Israël. Us et coutumes De nos jours, l’usage est d’allumer une lumière le premier soir de ‘Hanoukka, deux lumières le second et ce ainsi de suite jusqu’au huitième soir. 10 Livre des coutumes, Hollande, 1724 L’Ecole de Chamaï et l’Ecole d’Hillel ont développé deux façons d’allumer les ַשׁ ַמּאי; ֵבּית bougies de ‘Hanoukka. L’Ecole de Chamaï allume huit flammes dès le premier soir et supprime une lumière chaque soir, pour terminer la fête par une seule lumière. L’Ecole d’Hillel commence par une seule lumière le premier soir pour arriver à huit lumières le huitième soir de ‘Hanoukka. La synagogue A la synagogue, on allume les bougies entre la prière de Min’ha et la prière d’Arvit en présence de dix hommes. Le vendredi, l’allumage a lieu avant la prière de Min’ha. La maison Le Choul’han Aroukh insiste sur l’obligation d’allumer les lumières de ‘Hanoukka. Dans chaque famille, hommes et jeunes garçons allument les lumières de leur ‘Hanoukkia après la prière d’Arvit. S’ils sont absents, c’est la femme qui procède à l’allumage. Les membres de la famille s’abstiennent de s’affairer tant que les flammes brûlent. Puisque la fête a un rapport avec l’huile, la coutume est de manger des mets frits à l’huile. ֵבּית ִה ֵלּל ִמנְ ָחה ַע ְר ִבית וּשׁ ְל ָחן ָערוּ ְך ֲחנֻ ִכָּיּה 11 Mattathias Mattathias, Lion Antolkolski, Erets Israël, 1894 L ion Antokolski représente Mattathias sous les traits d’un personnage barbu vêtu d’une longue robe blanche. Cinq personnages sont au devant de la scène. Ce sont sans doute les fils de Matthatias : Jean, Simon, Juda, Eléazar et Jonathan. 12 Mattathias, prêtre de la maison d’Asmon, mène une lutte acharnée contre Antioche Epiphane qui veut imposer le culte des dieux grecs aux habitants de la Judée. En 1900, Boris Schatz présente une sculpture de Mattathias à l’Exposition universelle de Paris. Il s’intéresse beaucoup à ce personnage et le représente âgé, en train d’haranguer les foules, debout sur le corps d’un soldat grec. Coiffé d’une toque et vêtu d’une longue cape nouée, il brandit de sa main droite une épée et désigne le chemin à suivre de sa main gauche. Mattathias a inspiré de nombreux artistes. Ils l’ont le plus souvent représenté sous les traits d’un vieil homme menant la révolte contre les oppresseurs. Le bras levé, on l’imagine ici s’adresser au peuple : Que celui qui a du zèle pour la Torah et maintient l’Alliance me suive ! (Premier livre des Maccabées, 2, 27) Que traduit en sculpture ou en peinture le geste du doigt pointé ? Mattathias, Boris Schatz, Erets Israël, 1895 Juda et Judith Le manuscrit de Rothschild est un manuscrit sur parchemin de 948 pages décoré en 816 miniatures. Réalisé dans la région de Ferrare, en Italie, il réunit des textes bibliques, rituels et littéraires. C’est Moïse ben Yekoutiel ha-Cohen qui l’a commandité en 1479. Cette enluminure provient du livre de Josippon, qui relate l’histoire des Juifs depuis les temps bibliques jusqu’à la destruction du Second Temple. יְהוּ ָדה ַה ַמ ַכּ ִבּי ְמנוֹ ָרה L’inscription hébraïque מכבי – Maccabée désigne le soldat Juda Maccabée représenté de plein pied et revêtu d’une cotte de mailles. Son bouclier est frappé de l’image du lion symbole de la tribu de Juda. L’histoire de Juda est rapportée dans le premier livre des Maccabées. Il y est écrit que Juda a instauré la fête de ‘Hanoukka trois ans après avoir reconquis le Temple. Ainsi, la Ménorah fut rallumée le 25 Kislev de l’an 165 AEC. Manuscrit de Rothschild, Italie, 1470 L’histoire de Judith a été très populaire dans les milieux juifs. La tradition la date de l’époque des Maccabées. Sur le côté droit de la page, Judith vient de trancher la tête du général Holopherne envoyé par Nabuchodonosor pour détruire la ville juive de Béthulie. Devant une tente majestueuse, elle tient d’une main une épée et de l’autre la tête d’Holopherne. Elle est vêtue d’une longue robe rouge plissée à partir de la taille. Elle est coiffée d’un voile blanc qui lui entoure le cou. A quelle époque les femmes se coiffaient-elles comme la Judith qui figure sur cette enluminure ? 15 La Ménorah à travers les âges Pourquoi la Ménorah est-elle devenue le symbole national et religieux d’Erets Israël ? Pièce en bronze, Israël, 40-37 AEC La dynastie asmonéenne s’achève avec le règne de Mattathias Antigone en 37 AEC. Mattathias Antigone est le premier dirigeant à faire figurer un motif juif sur les pièces de monnaie. La Ménorah du Temple devient symbole national et religieux. Elle remplace la corne d’abondance, la fleur de lys et les couronnes de fleurs symboles de la Grèce. 16 Au moyen âge, à Cervera, en Espagne, Joseph ha-Tsarfati écrit et enlumine une Bible. Il représente le chandelier dont a rêvé le prophète Zacharie en revenant de l’exil de Babylone en 537 AEC. C’est un chandelier en or. Des branches d’olivier alimentent trois fioles qui, à leur tour, nourrissent le chandelier. Lors du premier Chabbat de ‘Hanoukka, on lit la Haftara concernant les huit visions de Zacharie. ַה ְפ ָט ָרה Bible de Cervera, Espagne, 1300 Au 19e siècle, les marchands ambulants vendent aux pélerins venus visiter Erets Israël pour les fêtes, des feuilles volantes. Celle-ci, imprimée chez Isaac Nahum Levi, à Jérusalem, comprend des bénédictions en rapport avec ‘Hanoukka. On y voit la représentation du Temple, divers lieux saints d’Erets Israël et la Ménorah allumée. Identifie les sept lieux entourant le Temple ! 17 Prière pour ‘Hanoukka, Erets Israël, 1900 ‘Hanoukkiot en terre glaise et en pierre La ‘Hanoukkia est un objet très populaire que l’on trouve dans chaque foyer. Elle revêt différentes formes et peut être fabriquée en divers matériaux : en terre cuite, en céramique, en bois, en pierre, en métal et même en verre. Sa spécificité est que les flammes soient séparées les unes des autres pour ne pas donner l’impression d’une seule lumière. L’historien Juif Flavius Josèphe raconte l’histoire des Maccabées. Il est le premier à nommer ‘Hanoukka la Fête de la Lumière, lumière d’espoir pour le peuple. Les premières lampes en terre glaise n’ont pas de style particulier. Elles s’inspirent des luminaires en usage à cette époque. Placées devant les maisons, elles répondent à leur fonction : faire connaître le miracle de ‘Hanoukka. Lampe à huile, Erets Israël, 160 AEC 18 Les lampes de ‘Hanoukka en pierre retrouvées au Maroc et dans le sud de la France (en Avignon) se ressemblent. On allume les mèches à l’intérieur de chaque arche. Sur cette ‘Hanoukkia on peut lire le nom de son propriétaire gravé dans la partie supérieure de la lampe : Yossef Cohen. Au Yémen les lampes en pierre ont une forme différente. Elles sont rondes, en albâtre, une pierre claire qui devient translucide lorsque la mèche est allumée. Lampe à huile, Maroc, 1800 Lampes à huile, Yémen, 20e siècle A quoi te fait penser la partie supérieure de cette ‘Hanoukkia ? 19 ָמֵגן ָדּוִד שׁמָּ שַׁ נְחוֹ ֶשׁת ‘Hanoukkiot en bois et en métal Cette ‘Hanoukkia en forme de Maguen David est en bois et provient de la région d’Alibag, dans le sud de l’Inde. Ce modèle existe également en métal. Les huit godets en verre sont placés devant le dosseret en forme de Maguen David. C’est à partir de la flamme du neuvième godet, le Chamach, situé dans la partie supérieure de la ‘Hanoukkia, que sont allumées les autres flammes. Les lampes métalliques apparaissent vers le 13e siècle. Rav Mordekhaï ben Hillel est le premier à expliquer l’utilisation du cuivre dans la fabrication de la Ménorah. Les lettres du mot cuivre, Ne-‘Ho-SheT en hébreu, ְחנֻ ָכּה ֵנר sont les initiales de : Ner ֶשׁ ֶמן ת ְד ִליק 20 Quelle huile utilise t-on pour allumer les lumières de ‘Hanoukka ? ‘Hanoukkia, Inde, 20e siècle ‘Hanoukka Shemen Tadlik qui signifie : Tu allumeras la ‘Hanoukkia avec de l’huile. Influencé par les décors classiques de la renaissance italienne, l’artiste a décoré le dosseret de cette ‘Hanoukkia d’un mascaron entouré de part et d’autre d’un animal fantastique. A l’origine, cette ‘Hanoukkia était dorée à la feuille. Le dosseret de cette ‘Hanoukkia, de Bagdad, est en ‘Hanoukkia, Italie, 1700 forme d’arche. Il est décoré de motifs de lunes, d’étoiles et de mains, motifs utilisés par les communautés juives et musulmanes. Huit anneaux prêts à recevoir les godets en verre remplis d’huile sont soudés à la base du dosseret. On repeignait cette ‘Hanoukkia en doré chaque veille de fête. ‘Hanoukkia, Irak, 1900 Cette ‘Hanoukkia en verre et en métal est typique des ‘Hanoukkiot fabriquées par des artisans de l’île de Djerba. Son dosseret triangulaire est en verre moulé. 21 ‘Hanoukkia, Tunisie, 1925 ‘Hanoukkiot en argent Vers le 16e siècle, on commence à créer des ‘Hanoukkiot différentes. On peut, au choix, les poser sur un meuble ou les accrocher au mur. Cette ‘Hanoukkia, réalisée par Ludwig Nast a sur En quelle matière sont les mèches qui servent à l’allumage de la ‘Hanoukkia ? son dosseret une Ménorah entourée de deux griffons, créatures chimériques moitié aigles dans la partie supérieure et moitié lions dans la partie inférieure. L’orfèvre a placé une couronne au-dessus de la Ménorah. Huit godets sont soudés à la base du dosseret. ‘Hanoukkia, Pologne, 1845 A la fin du 19e siècle, l’Autriche est le centre de l’orfèvrerie en Europe centrale. Sur cette ‘Hanoukkia apparaissent deux têtes de lion de chaque côté d’une couronne. 22 ‘Hanoukkia, Bohème, 1875 A Vienne le paon qui fait la roue est un motif à la mode. Il se répand dans les communautés voisines comme sur cette ‘Hanoukkia fabriquée à Prague par l’orfèvre Franz Stephan. ‘Hanoukkia, Autriche, 1890 ַתּ ְלמוּד De la ‘Hanoukkia à la Ménorah Le Talmud autorise la fabrication de chandeliers à cinq, six ou huit branches pour ‘Hanoukka mais interdit l’utilisation de chandeliers à sept branches, symbole de la Ménorah du Temple. Au moyen âge, il n’était pas encore question de fabriquer des ‘Hanoukkiot en forme de chandelier. Ce chandelier de ‘Hanoukka en argent a la forme de la Ménorah avec un pied central, un modèle qui était à la mode en Europe à partir de 1750. L’orfèvre qui l’a créé, Heinrich Kommerell, était un des rares orfèvres à travailler dans la ville de Tübingen, en Allemagne. Chandelier, Allemagne, 1825 23 ‘Hanoukka en famille ! Un Maguen David à fond bleu est dessiné sur le coffre où est posée la ‘Hanoukkia. A l’intérieur du Maguen David, s’inscrit la lettre ש. A ton avis pourquoi ? ‘Hanoukka, Arthur Szyk, Etats-Unis, 1948 A l’intérieur d’une petite pièce aux murs bleus, les membres de la famille et les voisins sont réunis pour assister à l’allumage des lumières de ‘Hanoukka. Arthur Szyk imagine l’ambiance de la fête dans un Schtetl en Pologne. Le plus grand des enfants a allumé la dernière bougie et tient encore le Chamach à la main. Les regards de chacun sont dirigés vers une personne que nous ne voyons pas et à laquelle le grand-père au premier plan répond. Sur la table, on aperçoit un chandelier allumé en l’honneur de la fête. Sur la table, un chandelier est allumé en l’honneur de la fête. 24 Le peintre Moritz Oppenheim décrit l’intérieur classique et rangé d’une famille juive allemande émancipée du 19e siècle. Dans la première pièce, deux hommes jouent aux échecs tout en fumant la pipe. Un jeu de cartes est posé sur la table. Par terre, des enfants font tourner une toupie. Près de la fenêtre, un autre enfant allume une ‘Hanoukkia sous la surveillance d’un adulte. Il tient un livre de prières à la main. Plusieurs ‘Hanoukkiot sont posées sur le rebord de la fenêtre. Les rideaux ont été relevés. Certaines ‘Hanoukkiot sont déjà allumées, d’autres pas encore. Quelques marches mènent à une autre pièce où un groupe d’hommes assis conversent. Sur quoi les toupies tournent-elles ? Allumage des bougies de ‘Hanoukka, Moritz Oppenheim, Allemagne, 1880 25 ִביבוֹן ְס ִביבוֹן ְס סֹב סֹב סֹב ֵנס ָגּדוֹל Sevivon sov sov sov ! A ‘Hanoukka les enfants jouent à la toupie. En hébreu moderne la toupie est appelée « Sevivon » . Sov signifiant « tourne ». Les enfants s’amusent à faire tourner leur toupie sur l’air de « Sevivon, sov sov sov » (Toupie tourne, tourne, tourne !). On faisait déjà tourner des toupies à ‘Hanoukka à l’époque du Second Temple. Bien plus tard, dans les communautés d’Europe, certains rabbins jouaient à la toupie durant les huit soirs de ‘Hanoukka. En Diaspora, les lettres hébraïques « Noun », « Guimel », « Hé » et « Chin » sont inscrites sur les quatre faces de la toupie. Ce sont les premières initiales de la phrase : « Nes Gadol Haya Cham » (un grand miracle s’est produit là-bas). ָשׁם ָהָיה En Israël, la dernière lettre est changée en « Pe ». Ce qui donne : ֵנס ָגּדוֹל ָהָיה פֹּה « Nes Gadol Haya Po » (un grand miracle s’est produit ici). Le jeu consiste à savoir sur quelle lettre la toupie va tomber. Il existe des toupies de toutes sortes, en bois, en métal, en céramique et en plastique. 26 Cette toupie, dessinée par Olga Hatskevich, est une miniature dont la technique rappelle celle de l’Ecole de Palekh en Russie. L’artiste a peint, à la demande du commanditaire de l’objet, des épisodes de la vie de Jacob et d’Esaü. Les scènes sont peintes sur un fond noir et recouvertes de sept à huit couches de laque. ַיֲעקֹב ֵע ָשׂו Toupie, Israël, 2000 Toupie de ‘Hanoukka, Israël, 2001 27 Judith au théâtre En 1922, Henry Bernstein demande à Léon Bakst de créer les costumes de sa nouvelle pièce de théâtre : Judith. Lev Samoïlovitch Rosenberg, dit Léon Bakst, est né à Grodno, en Biélorussie, en 1866. Il change son nom après sa première exposition de peinture et devient célèbre pour ses costumes de scène. Léon Bakst est un spécialiste des pièces de théâtre biblique. Grâce à une juxtaposition originale de couleurs, il fait revivre le faste légendaire des cours royales. Le style de Léon Bakst dans les costumes et les décors qu’il crée respecte scrupuleusement les sources historiques. L’utilisation des ors, des pierreries, des étoffes aux couleurs vives provoque un choc chez les spectateurs. Pour la pièce de Judith, Henry Bernstein commande à Bakst des costumes simples et stricts pour Judith et sa servante Ada. En revanche, il demande que les costumes d’Holopherne et des généraux de Nabuchodonosor soient somptueux. 28 Costumes pour la pièce Judith, Paris, 1922 29 Abraham Goldfaden ְשׂ ָכּ ָלה ַה Abraham Goldfaden est né en Ukraine en 1840. Il est élevé dans une famille imprégnée par la Haskala et reçoit des cours privés d’allemand et de russe. Après avoir fréquenté une école rabbinique, il devient tour à tour enseignant, journaliste, poète, et pense même entreprendre des études de médecine. Mais, à 36 ans, il débute sa carrière d’auteur et de directeur de troupe de théâtre. Commence alors pour lui une vie errante où il se déplacera de ville en ville en Russie pour monter des pièces de théâtre essentiellement écrites en yiddish. En Russie, le théâtre yiddish est florissant. Mais l’année 1881 est marquée par des pogroms. Goldfaden se met à utiliser le théâtre pour appeler à des changements. Ses tragédies, basées sur des thèmes bibliques : Judith et Holopherne, Judas Maccabée, ont pour sujet la révolte. En 1883, les autorités russes interdisent le théâtre yiddish. Goldfaden quitte la Russie. Ses pièces sont jouées dans le monde entier. Pourtant, il vit dans la misère. A New-York en 1906, il écrit David en guerre, la première pièce en hébreu à être représentée en Amérique. 30 Abraham Goldfaden, Angleterre, 1890 31 Tou bi-Chevat ט”ו בשבט Tou bi-Chevat Tou bi-Chevat, le 15 du mois de Chevat, traduit le lien du peuple d’Israël à sa terre. כֹּ ֵהן Les habitants d’Erets Israël déterminaient à Tou bi-Chevat le montant de la dîme à verser sur les arbres fruitiers. Les bourgeons fleurissent en Erets Israël vers le 15 du mois de Chevat. C’est donc à cette date précise, à partir de la quantité de bourgeons, qu’on décide de calculer la dîme à donner aux Cohen et aux pauvres. Livre des coutumes, Hollande, 1707 ָפ ַר ִדּים ֵעץ ָה ָדר ְס ְפּ ִרי La fête de Tou bi-Chevat disparaît après la destruction du Second Temple mais au 15e siècle, à Safed, Isaac Louria réintroduit la coutume de manger des fruits d’Erets Israël à Tou bi-Chevat. Au 17e siècle, les communautés séfarades publient un recueil de prières intitulé « Pri Ets Hadar » (les fruits de l’arbre de la splendeur). A qui était destinée la dîme sur les arbres fruitiers ? 34 Des arbres en bronze Arbres, Lev Stern, 1995 Lev Stern, architecte de métier, sculpte les arbres de Jérusalem. Ces arbres en bronze de 10 à 20 cm de hauteur sont soudés à des bases métalliques carrées. Est-ce que les lois de la dîme sur les fruits des arbres s’appliquent en dehors d’Erets Israël ? A l’époque de la Michna, l’Ecole d’Hillel observe que, vers le 15 du mois de Chevat, les pluies commencent à diminuer d’intensité, la sève des arbres reprend son ascension et les bourgeons se forment. ִמ ְשָׁנה 35 Plantons un arbre pour Tou bi-Chevat En 1908, on décide que tous les enfants des écoles d’Erets Israël planteront un arbre le 15 du mois de Chevat. ֶא ֶרץ ְבּ ִביב אָ Vingt ans plus tard, Joseph Gläser tourne un film, Aviv be Erets Israël, Printemps ְשׂ ָר ֵאל ִי en Erets Israël, financé par le Fonds national Juif, le KKL. Né à Vienne en Autriche, en 1890, Joseph Gläser change son nom en Joseph Gal-Ezer en arrivant en Erets Israël. Ami du peintre et sculpteur Boris Schatz, il monte, sur les conseils de ce dernier, une société de production de films à sujets bibliques. Dans ses premiers films, il montre comment les nouveaux immigrants travaillent la terre. Il insiste sur l’effort de reconstruction, le travail agricole et les valeurs socialistes qui guidaient les dirigeants de l’époque. En 1884, les habitants du village de Yessod ha-Maala en Galilée décident de replanter les espèces qui poussaient autrefois en Israël. Quelles espèces ont-ils replanté d’après toi ? 36 Aviv be Erets Israël, Erets Israël, 1928 37 Pourim פורים Pourim Pourim est appelé la Fête des sorts, car c’est par tirage au sort qu’Aman s’apprêtait à fixer la date du massacre des Juifs : …car Aman, fils de Hamedata, l’Agaghite, persécuteur de tous les Juifs, avait formé le dessein d’anéantir les Juifs et consulté le Pour, c’est-à-dire le sort, à l’effet de les perdre et de les détruire… (Esther 9, 25) ַתֲּענִית ְס ֵתּר ֶא On célèbre Pourim pendant trois jours : le 13 Adar : jeûne d’Esther Taanit Esther, le 14 Adar : Pourim, le 15 Adar : Pourim est célébré dans les villes entourées de remparts, comme Jérusalem. Livre des coutumes, Allemagne, 1692 ְמגִ ָלּה 40 Us et coutumes Pendant la lecture de la Méguila, chaque fois qu’est prononcé le nom d’Aman, les fidèles tapent du pied ou encore font tourner des crécelles, pour effacer son souvenir. La synagogue Avant de lire la Méguila, chacun donne le Ma’hatsit ha-chekel, un demi-chekel, destiné aux pauvres. Cette somme est un rappel de l’impôt versé à partir du 1erAdar pour la maintenance du Temple. ַה ֶשּׁ ֶקל ַמ ֲח ִצית La Méguila est lue deux fois : le premier soir de Pourim après la prière d’Arvit et le matin de Pourim. Hommes, femmes et enfants ont l’obligation d’écouter la lecture de la Méguila. L’officiant prononce trois bénédictions à l’intention de l’assistance qui répond Amen : al mikra méguila (sur la lecture de la Méguila) ְמגִ ָלּה ְק ָרא ִמ ַעל che assa nissim (qui a fait des miracles) che He’heyanou (qui nous a fait vivre) A la synagogue, l’histoire d’Esther est lue sur un rouleau de parchemin. La maison A la maison c’est par un grand festin, le 14 ou le 15 Adar, pendant lequel on doit s’enivrer au point de confondre Aman et Mordekhaï que la fête prend fin. Durant la fête, chaque famille donne à ses voisins, à ses amis et aux pauvres de la nourriture car il est écrit : …des jours de festin et de réjouissances et une occasion d’envoyer des présents l’un à l’autre et des dons aux pauvres… (Esther 9, 22) ֶשׁ ָע ָשׂה נִ ִסּים ֶשׁ ֶה ֱחָינוּ ָמ ְרֳדּ ַכי 41 La reine Esther La Méguilat Esther se présente sous la forme d’un parchemin enroulé autour d’un pivot. Elle relate la tentative de massacre fomentée par Aman et déjouée par la reine Esther. Cet épisode s’est passé en Perse à l’époque du roi Assuérus (A’hachveroch). On pense qu’il s’agit du roi Xerxès. Sur cette feuille volante, l’artiste a dessiné deux moments importants de l’histoire d’Esther : en haut de la feuille, la demande d’audience d’Esther devant le roi symbolisé par le sceptre royal, au bas de la feuille, Mordekhaï promené par Aman sur le cheval du roi. C’est Yaacov Sofer qui a réalisé les dessins et l’encadrement de la feuille en micrographie à Tibériade, en Erets Israël. La micrographie est l’écriture d’un texte en lettres hébraïques minuscules formant parfois un dessin. Les scribes des communautés orientales sont les premiers à l’utiliser à partir du 9e siècle. 42 Le moyen âge est l’âge d’or de la micrographie. Sur les marges ou à la fin des Bibles, les scribes écrivaient en micrographie les règles d’écriture de l’hébreu biblique : la préparation du parchemin, la forme des lettres, l’espace entre les lettres et les mots. Ces indications sont connues sous le nom de massorètes. Esther, Erets Israël, 1887 Que risquait Esther en se présentant devant le roi sans avoir demandé audience ? L’histoire d’Esther à Doura-Europos La première mise en image de l’histoire d’Esther date de l’an 245 et provient de la synagogue de Doura Europos en Syrie. Elle illustre le verset : Aman prit donc le vêtement et le cheval, il habilla Mardochée et le promena à cheval par la grande place de la ville, en s’écriant devant lui : voilà ce qui se fait pour l’homme que le roi veut honorer ! (Esther 6, 11) Le dessin de la fresque se lit de droite à gauche et est composé de quatre parties : ןשָׁ וּשׁ à droite, le roi et Esther sont assis sur le trône royal. Les escaliers du trône sont décorés d’aigles et de lions. un messager remet un pli au roi. Il s’agirait du décret permettant aux Juifs de se défendre. quatre hommes vêtus de toges romaines accueillent Mordekhaï en le saluant de la main. Aman promène Mordekhaï dans les rues de Suse. 44 La découverte des peintures de la synagogue de Doura Europos en 1932 a incité les chercheurs à admettre l’existence d’un art juif. Quel roi avait un trône dont les escaliers étaient décorés d’aigles et de lions ? Fresque de la synagogue de Doura Europos, Syrie, 245 45 La Méguilat Esther L’écriture de la Méguilat Esther répond à des règles précises. Si, lors de la copie, le scribe oublie une lettre ou un mot, la Méguila est inutilisable, car pas conforme au texte. Les scribes recopient leur texte de manière à avoir constamment le même nombre de lignes du début jusqu’à la fin du rouleau. Méguilat Esther, Bohème, 1750 Méguilat Esther, Tunisie, 1920 L’étui en argent de cette Méguilat Esther a été réalisé à Brno, en République Tchèque. Il est gravé de scénettes, de motifs géométriques et floraux. Au sommet de l’étui se tient un petit personnage debout, un bras à la taille, le second tendu comme s’il tenait un objet. 46 Cette Méguilat Esther provient de Djerba. Le parchemin est fixé sur un axe en métal. L’étui de la Méguila est en bois. Dans certaines communautés aisées, comme celles d’Izmir en Turquie, des particuliers se faisaient fabriquer des étuis de Méguila en or. Cet étui, en or 22 carats, exécuté pour David Ben Isaac Léon, a été travaillé en filigrane. Dans la partie haute trois couronnes se chevauchent. Une perle décore le sommet de l’étui. Méguilat Esther, Turquie, 1873 Combien de versets y a-t-il dans une Méguilat Esther et par quelle lettre commence et finit ce récit ? 47 Une Méguila enluminée Aucune règle n’interdit de décorer une Méguilat Esther lorsqu’elle est destinée à un particulier. Au fil du temps, les décors floraux et géométriques qui se trouvent dans l’artisanat local occupent l’espace libre laissé par le scribe. Il est rare de voir la représentation d’un personnage sur une Méguilat Esther réalisée dans une communauté de terre d’Islam. Cette Méguila dessinée à Essaouira est plutôt grande pour une Méguila enluminée au Maroc. Ses motifs géométriques et végétaux se retrouvent dans l’artisanat marocain. L’arabesque, le losange, le cercle, le triangle, le rectangle sont des motifs courants des tapis et des tatouages du Maroc. 48 Méguilat Esther, Maroc, 1775 49 Un décor gravé En Europe, les scribes-enlumineurs dessinent, gravent ou peignent des personnages sur leur Méguila, et ce, depuis la fin du 16e siècle. Le support de cette Méguila est en parchemin. Le décor a d’abord été gravé puis imprimé en de nombreux exemplaires. Dix-huit colonnes blanches ont été laissées au scribe pour qu’il y appose son texte. Produites à Amsterdam, ces Méguilot ont été vendues un peu partout en Europe. Sur la première page, en haut, le roi et la reine, assis sur un trône, sont encadrés par leur cour : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. ְג ָתן; ֶת ֶרשׁ ִבּ Au centre de la page, entre le dessin de la pendaison des fils d’Aman et celui de la pendaison des deux chambellans du roi, Bigtan et Terech, le scribe a écrit les bénédictions de la Méguila. Le bas de la feuille est occupé par trois scénettes : à droite, Mordekhaï, aux portes de la ville, avertit Esther du danger. au centre, Mordekhaï est promené par Aman dans la ville de Suse. à gauche, Esther et Mordekhaï rédigent un courrier aux communautés juives pour leur annoncer le renversement de la situation. 50 51 Méguilat Esther, Hollande, 1700 Moché Pescarol : un scribe enlumineur Moché ben Abraham Pescarol compte parmi les rares scribes-enlumineurs qui ont signé et daté leurs œuvres. Il a vécu et travaillé en Italie à Ferrare en 1618, après le départ des ducs d’Este. Trois de ses Méguilot nous sont parvenues. Inspiré par son époque, Pescarol a vêtu les soldats du roi Assuérus (A’hachveroch) à la mode de son temps. Tous les personnages portent la moustache. Au-dessus de la tête des soldats, les panoplies témoignent de leur grade. L’histoire d’Esther indique que le roi avait offert un festin aux officiers de son armée : … il donna, dans la troisième année de son règne, un festin à l’ensemble de ses grands et de ses serviteurs, à l’armée de Perse et de Médie, aux satrapes et aux gouverneurs des provinces [réunis] en sa présence… (Esther 1, 3) Quel lien peut-on établir entre la main du roi posée sur l’épaule du premier personnage et le chien qui saute sur la jambe du personnage au visage de profil ? Méguilat Esther, Italie, 1620 D’après toi, pourquoi ne voit-on pas de fenêtres aux murs de la synagogue ? Méguilat Esther, Italie, 1620 Cette manière d’illustrer le verset n’appartient qu’à Pescarol : Va rassembler tous les Juifs présents à Suse, et jeûnez à mon intention; ne mangez ni ne buvez pendant trois jours- ni jour ni nuit- moi aussi avec mes suivantes, je jeûnerai de la même façon. Et puis je me présenterai au roi, et si je dois périr, je périrai ! (Esther 4, 16) Nous voyons ici l’intérieur d’une synagogue à Ferrare avec les nombreuses lampes à huile accrochées au plafond. L’officiant est devant l’Aron. Seuls les trois hommes assis au premier plan sont recouverts de leur Talith. Les coiffes des hommes diffèrent. Certains portent un béret aplati, d’autres un béret à rebord. ֲארוֹן ַט ִלּית 53 La pendaison des fils d’Aman Le roi ordonna de procéder de la sorte : un édit fut publié à Suse, et on pendit les dix fils d’Aman. (Esther 9, 14) Sur chaque Méguila, un feuillet entier est laissé au scribe pour écrire les noms des dix fils d’Aman. Selon les lois d’écriture l’espace central doit rester vide. Mais cette règle a rarement été respectée sur les Méguilot écrites pour des particuliers. Méguilat Esther, Allemagne, 1700 La potence est dessinée chaque fois de manière différente. Sur cette Méguila, dont le texte est inscrit dans un espace arrondi et entouré d’un décor fantastique, onze personnes sont pendues à la même potence. Il s’agit d’Aman et de ses dix fils. Leurs corps sont comme agités par le vent. 54 Cette Méguilat Esther a été écrite et enluminée par Arié Loeb ben Daniel de Goray. Originaire de Galicie, il émigre à Venise en Italie vers 1740 où il enlumine une quinzaine de Méguilot. En reprenant des motifs de Galicie et d’Italie et en utilisant la couleur sépia, Arié Loeb ben Daniel de Goray développe un style personnel. La pendaison des fils d’Aman est dessinée dans un médaillon en bas de page. Le lion est très utilisé parmi les motifs décoratifs. De quelle tribu est-il le symbole ? 55 Méguilat Esther, Italie, 1745 La fille d’Aman Le texte est écrit dans un cadre octogonal. C’est sans doute pour laisser de la place au décor. Les costumes, les coiffures des personnages et l’architecture nous renvoient aux environs de 1700 et l’écriture séfarade indique la communauté d’Hambourg. ְד ָרשׁ ִמ La fille d’Aman n’apparaît pas dans l’histoire d’Esther. Le Midrach nous raconte qu’elle se pencha à la fenêtre et versa le contenu d’un pot de chambre sur celui qui tenait la bride du cheval. Lorsqu’elle s’aperçut de son erreur et qu’elle comprit que c’est sur la tête de son père qu’elle avait déversé les eaux sales, elle se jeta par la fenêtre et se tua. Cette scène se retrouve sur de nombreuses Méguilot. Sur la Méguila d’Hambourg on peut voir de haut en bas quatre moments de l’histoire d’Esther : la communauté de Suse se venge de ses ennemis, la fille d’Aman déverse le contenu d’un pot de chambre sur la tête de son père, la fête dans la ville de Suse, le roi et la reine, une fois le calme revenu. 56 Pourquoi les personnages ne sont-ils pas habillés à la mode perse ? Méguilat Esther, Hambourg, 1700 57 Affiches de Pourim Abraham Leib Monsohn ouvre le premier atelier de lithographie à Jérusalem en 1892. Il imprime cette affiche trois ans après son installation. Pour sa réalisation, Monsohn s’est servi à la fois de dessins originaux et d’illustrations sur Pourim qui existaient déjà. On peut y voir : l’audience d’Esther, Mordekhaï sur le cheval du roi, la pendaison d’Aman. 58 Affiche, Erets Israël, 1895 Le dessin de cette affiche a été réalisé par Moché chah Mizra’hi, l’un des premiers artistes à essayer de vivre de son art au début du 20e siècle à Jérusalem. En habillant ses personnages de l’uniforme porté par les soldats turcs de son époque, il donne un style personnel à ses compositions. Cette affiche a été publiée chez Monsohn. Quels sont les épisodes les plus marquants de l’histoire d’Esther que tu retrouves sur cette affiche ? Affiche, Erets Israël, 1902 59 Michloa’h Manot A Pourim, aussi bien en Israël qu’en diaspora, les familles s’échangent des mets, comme il est écrit : … une occasion d’envoyer des présents l’un à l’autre et des dons aux pauvres. (Esther 9, 22) Dans certaines communautés, on disposait les mets sur des assiettes ou dans des boîtes en bois. Sur le fond de cette assiette en faïence, l’artiste a reproduit Aman et Mordekhaï. Celui-ci a tous les attributs royaux : le cheval du roi, le manteau rouge et le sceptre. Seules les rues de Suse ont pris l’allure d’un paysage verdoyant. Autour de la scène centrale est écrit : Faïence, France, 18e siècle Voilà ce qui se fait pour l’homme que le roi veut honorer ! (Esther 6, 9). Sur le bord de l’assiette on peut lire le verset 9, 22. 60 Feuille volante, Hongrie, 1900 On joignait une feuille imprimée pour accompagner les mets qu’on échangeait à l’occasion de Pourim. Celle-ci provient de Hongrie dans le village de Miskolc. Joindre En haut de l’affiche, de chaque côté d’une étoile de David, l’artiste a dessiné deux barils de vin pour rappeler qu’à Pourim, il faut s’enivrer jusqu’à ne une feuille imprimée au Michloa’h Manot ne se pratique plus de nos jours. On peut voir sur cette feuille deux poissons à droite et à gauche d’une table. Ce sont les symboles du signe astrologique correspondant au mois d’Adar. plus différencier Aman de Mordekhaï. En bas, est écrit le chant le plus populaire de Pourim : Chochanat Yaacov qui se lit dans les communautés achkénazes à la fin de la lecture de la Méguilat Esther. ָמנוֹת ִמ ְשׁלוֹ ַח וֹשׁ ַשַנּת ַיֲעקֹב ְשׁ ְכַּנז אַ 61 Des crécelles Lors de la lecture de la Méguilat Esther, ont fait tourner sa crécelle à chaque fois que l’officiant prononce le nom d’Aman. אוֹ ַרח ַחיִּים Ce sont les rabbins achkénazes qui ont instauré la coutume de faire du bruit lorsque le nom d’Aman est prononcé. Cette coutume figure dans le Ora’h ‘Haïm. Pourquoi Aman et Amalec sont-ils liés ? Crécelles, Etats-Unis, 20e siècle Crécelle, Israël, 20e siècle 62 Cette coutume d’effacer tout souvenir d’Aman trouve sa source dans le verset du Deutéronome concernant Amalec : Crécelle, Europe, 20e siècle ֲע ָמ ֵלק Souviens-toi de ce que t’a fait Amalec, lors de votre voyage, au sortir de l’Egypte; comme il t’a surpris chemin faisant, et s’est jeté sur tous tes traînards par derrière. Tu étais alors fatigué, à bout de forces, et lui ne craignait pas Dieu. Aussi, lorsque l’Eternel, ton Dieu, t’aura débarrassé de tous tes ennemis d’alentour, dans le pays qu’il te donne en héritage pour le posséder, tu effaceras la mémoire d’Amalec de dessous le ciel : ne l’oublie point. (Deutéronome 25, 17-19) 63 Une soirée de Pourim à Tel-Aviv Ce billet d’entrée, pour une soirée de Pourim à Tel-Aviv, décrit avec beaucoup d’ironie un monde où tout est idéal. Hitler distribue des autorisations d’émigrer en Erets Israël, tandis que dans la voiture, transformée pour l’occasion en landau, un jeune homme sioniste entoure de ses mains protectrices un Juif du ghetto et un Arabe. Le landau sur lequel est inscrit le mot « prospérité » en anglais écrase un crocodile qui porte le mot « dépression ». Au loin, une pancarte proclame que les Juifs sont invités à immigrer en Erets Israël. La soirée est organisée par l’Union des nouveaux immigrants originaires d’Autriche. L’artiste qui a signé du nom de May prend le contre-pied des événements politiques de l’époque : Hitler a interdit aux Juifs allemands et autrichiens de quitter leurs pays et les portes d’Erets Israël ont été fermées. La situation économique est désastreuse. Les relations sont tendues entre les immigrants adeptes du socialisme, les Arabes et les riches capitalistes. 64 Billet d’entrée d’une soirée de Pourim, Tel-Aviv, 1939 Quels moyens l’artiste utilise-t-il pour montrer sa sympathie envers le jeune travailleur ? 65 « Adloyada » à Tel-Aviv Le premier défilé de Pourim, appelé à l’époque carnaval, s’est déroulé à Tel-Aviv en 1912. Selon les témoignages, beaucoup de monde y ont assisté. Des poupées géantes ont été confectionnées et des centaines d’enfants étaient déguisés pour l’occasion. ַע ְדלֹאָי ַדע En 1932, l’écrivain Berkovitch proposa de nommer le défilé Adloyada, en se référant à une explication rabbinique où il est conseillé de boire à Pourim jusqu’à ne plus distinguer entre Béni soit Mordekhaï et Maudit soit Aman. Le mot Adloyada est alors entré dans le langage courant. Ce programme du défilé qui date de 1955 porte le sceau de la ville de Tel-Aviv Jaffa. Il montre Mordekhaï sur un cheval tiré par Aman. L’artiste a choisi de placer ses deux personnages sur un fond jaune. La position penchée d’Aman, son visage gris contrastent avec la position droite de Mordekhaï. 66 67 Programme des festivités de Pourim, Tel-Aviv, 1955 Quiz 1. Texte p. 10 Pourquoi nomme t-on aussi ‘Hanoukka la fête de la Dédicace ? a. car Mattathias avait dédicacé de son vivant tous les livres des Maccabées. b. car la célèbre chanson de Maoz Tsour chantée à l’occasion de ‘Hanoukka est dédicacée pour Mattathias et ses fils. c. car le Temple qui avait été profané par Antioche Epiphane avait été à nouveau mis en usage par les Maccabées et dédicacé. d. car dédicace est le surnom de Juda Maccabée. 2. Texte p. 11 De nos jours, on ajoute chaque soir de ‘Hanoukka une lumière supplémentaire pour arriver à un total de 8 bougies au dernier soir. Suivons-nous l’Ecole de Chamaï ou celle d’Hillel ? a. l’Ecole de Chamaï. b. l’Ecole d’Hillel. c. ni l’une, ni l’autre. d. les deux. 3. Texte p. 15 Quelle héroïne des temps bibliques est liée à la fête de ‘Hanoukka ? a. Esther. b. Judith. c. Myriam. d. Déborah. 4. Texte p. 16-18 Quelle est la différence entre une Ménorah et une ‘Hanoukkia ? a. l’une est en terre cuite, l’autre en pierre. b. l’une est le symbole de l’Etat d’Israël, l’autre du Consistoire de France. c. l’une est utilisée le soir de Chabbat, l’autre seulement à ‘Hanoukka. 68 d. l’une a sept branches, l’autre huit branches plus une pour le Chamach. 5. Texte p. 17 Sur l’enluminure de Joseph Ha-Tsarfati, la Ménorah est entourée de deux oliviers. A quoi font-ils référence ? a. à Israël, pays où l’on trouve beaucoup d’oliviers. b. à l’un des sept fruits d’Erets Israël. c. à la prophétie de Zacharie. d. au symbole de la ville natale de Joseph Ha-Tsarfati. 6. Texte p. 24 Dans le tableau d’Arthur Szyk, quel plat typique de ‘Hanoukka est servi à table ? a. du poisson pané. b. des gâteaux secs. c. du blanc de poulet. d. des beignets frits. 7. Texte p. 25 Quel jeu célèbre, pratiqué particulièrement pendant les soirées de ‘Hanoukka, se retrouve sur la peinture de Moritz Oppenheim ? a. un jeu de dés. b. un jeu de toupie. c. un jeu d’échecs. d. un jeu de l’oie. 8. Texte p. 34 Tou Bi-Chevat est l’un des quatre « Nouvel An » juifs. Pour qui est-ce une nouvelle année ? a. pour tous les hommes. b. pour les enfants. c. pour les arbres. d. pour les impôts. 69 Quiz 9. Texte p. 34 Depuis quand a-t-on recommencé l’usage de consommer des fruits d’Israël à Tou Bi-Chevat ? a. au 15e siècle avec R. Isaac Louria de Safed. b. aux premiers siècles sous l’influence de l’Ecole d’Hillel. c. au 20e siècle avec la création du Fonds national juif, le KKL. d. au 17e siècle avec la sortie du livre « Pri Ets Hadar ». 10. Texte p. 36 Quelle organisation juive favorise la plantation d’arbres sur la Terre d’Israël ? a. l’Alliance israélite universelle, AIU. b. le Fonds national juif, KKL. c. l’Organisation mondiale sioniste, OMS. d. le Fonds social juif unifié, FSJU. 11. Texte p. 44-45 A Doura Europos, les habits des personnages rappellent… a. l’époque égyptienne. b. l’époque grecque. c. l’époque romaine. d. l’époque du roi Louis XIV. 12. Texte p. 46 Quelle est la responsabilité du scribe dans l’écriture de la Méguila ? a. écrire à l’encre bleue. b. écrire en faisant des pleins et des déliés. c. écrire avec un stylo à quatre couleurs. d. écrire sans oublier un mot. 70 13. Texte p. 54 Qui sont les pendus que l’on retrouve dans certaines illustrations de la Méguilat Esther ? a. les brigands de la ville de Suse. b. les Juifs de Babylone. c. Aman et ses dix fils. d. Amalec. 14. Texte p. 58-59 Dans les illustrations de la fête de Pourim, qui représente-t-on chevauchant un cheval ? a. Assuérus. b. Antioche Epiphane. c. Aman. d. Mordekhaï. 15. Texte p. 60 Pourquoi trouve-t-on des assiettes, des boîtes en carton ou en bois décorés aux motifs liés à la fête de Pourim ? a. pour faire le Michloa’h Manot. b. pour organiser un déménagement le jour de Pourim. c. pour offrir à de jeunes mariés. d. pour décorer sa maison. 16. Texte p. 62 A quoi servent les crécelles ? a. à faire des beignets pour ‘Hanoukka. b. à faire du bruit lorsque le nom d’Aman est prononcé. c. à faire du bruit lorsque l’on apporte le Michloa’h Manot. d. à faire de la musique pendant le festin de Pourim. 71 Réponses Page 13 Une image est composée de personnages ou d’objets, un peu comme une phrase est composée de mots. En Europe au moyen âge, la peinture et la sculpture informaient les personnes qui ne savaient pas lire. Divers gestes permettaient de traduire des faits ou des idées. Le doigt pointé signifiait : donner un enseignement, affirmer, refuser ou, comme avec cette sculpture de Boris Schatz : montrer le chemin. Page 15 Au 12e siècle les femmes mariées se couvraient la tête et le cou d’une écharpe ou d’un voile fin. Sous le voile les cheveux étaient épars ou nattés. Page 16 La Ménorah est le plus vieux symbole juif. Elle a été utilisée sur les pièces, les murs et les sols des synagogues, de l’antiquité à nos jours. Le 11 Chevat 72 5709, soit le 10 février 1949, l’Etat d’Israël opte pour la Ménorah comme symbole d’Israël. Page 17 La vignette centrale représente l’emplacement du Temple. Elle est entourée de sept autres vignettes décrivant le Mur occidental, la maison royale de David, la tour de David, le tombeau de Rachel, le tombeau d’Absalon, la ville de Safed, Tibériade. Page 19 Au couronnement triangulaire en haut d’un édifice, appelé fronton en architecture. Page 20 Toutes les huiles sont autorisées mais on utilise en général de l’huile d’olive en souvenir de l’huile contenue dans la fiole retrouvée au Temple. Page 22 Toutes les mèches ainsi que les bougies en cire sont autorisées. L’usage des mèches en coton reste le plus courant. Page 24 ש est l’initiale du nom de l’artiste. Szyk s’écrit en hébreu : שיק. Page 25 Les toupies tournent dans les alvéoles d’un support en bois. Page 34 Les habitants d’Erets Israël devaient prélever la dîme des arbres fruitiers pour les pauvres ainsi que pour les Cohen et les Levi qui travaillaient au Temple. Page 35 Non, et c’est pour cela que la fête a disparu après la destruction du Second Temple, car le prélèvement de la dîme était destiné en particulier pour les prêtres qui travaillaient au Temple. Page 36 Des grenadiers et des cédratiers. Page 43 La peine de mort. Page 45 Le roi Salomon. Un Midrach raconte qu’Assuérus utilisait le trône volé au roi Salomon. Page 47 Toutes les Méguilot ont 167 versets. Elles commencent et se terminent par la même lettre : le Vav. 73 Réponses Page 52 En art chrétien, le chien symbolise la fidélité. Moché ben Abraham Pescarol veut montrer que l’armée est fidèle au roi Assuérus. C’est pourquoi il dessine, à gauche, le roi posant la main sur un de ses officiers en signe de confiance, et, à droite, un chien sautant sur la jambe de l’officier. Page 53 Au début du 17e siècle, les fenêtres des habitations étaient construites en hauteur tout près du plafond. Page 55 La tribu de Juda. Page 57 Les personnages ne sont pas habillés à la mode perse parce que l’enlumineur a dessiné les costumes qu’il avait l’habitude de voir dans sa communauté d’accueil. Page 59 Le couronnement de la reine Esther, le triomphe de Mordekhaï, les messagers, la pendaison d’Aman et de ses dix fils. Page 62 Amalec est un chef de tribu qui attaqua les enfants d’Israël lors de la sortie d’Egypte, alors qu’ils étaient sans défense. Or Aman est un descendant d’Agag, roi d’Amalec. Il représente donc l’ennemi type de tous les Juifs. Page 65 Le jeune travailleur placé entre le Juif du ghetto et l’Arabe les entoure d’une large main protectrice. Il est moins caricaturé que ses deux compagnons. 74 Dico A Abraham Goldfaden : (1840-1908) auteur dramatique du 19e siècle considéré comme le père du théâtre yiddish. Achkénaze : terme désignant depuis le moyen âge la culture des Juifs vivant en Europe. Adar : le mois d’Adar coïncide avec février-mars. AEC : abréviation de avant l’ère commune. A’hachveroch : Assuérus roi de Perse, identifié à Xerxès Ier. Amalec : petit-fils d’Esaü dont il est dit qu’il est l’ancêtre d’Aman. Aman : premier ministre du roi Assuérus. Antioche Epiphane : (215-164) roi séleucide. Arié Loeb ben Daniel de Goray : originaire de Galicie, il s’établit en Italie au 18e siècle. Aron : arche sainte. Arthur Szyk : (1894-1951) né en Pologne, Arthur Szyk est un artiste graphique et un caricaturiste. Arvit : office du soir. Asmon : l’origine du nom n’est pas claire. On suppose que c’est le prénom du père ou du grand-père de Mattathias, ou bien le nom donné à toute une famille. Cela peut aussi être le nom du village d’Asmon situé en Judée du Sud. Asmonéen : descendant d’Asmon, famille sacerdotale qui dirigea la résistance aux Séleucides. Av : le mois d’Av coïncide avec juillet-août. B Berkovitch : (1885-1967) écrivain originaire de Biélorussie, il s’installe aux Etats-Unis où il écrit en hébreu et en yiddish. Béthulie : ville située en Judée. Bigtan : eunuque de l’empereur Assuérus. Boris Schatz : (1867-1932) il fonde en 1906 une école d’art qui deviendra, Betsalel, l’Ecole des beaux arts de Jérusalem. C Chabbat : samedi. Septième et dernier jour de la semaine. Ce jour-là, les Juifs s’abstiennent de travailler. Chamach : neuvième godet dont la flamme sert à allumer les huit autres bougies de la ‘Hanoukkia. 75 Dico Chamaï : (50 AEC – 30AC) Chamaï, appelé le Av Beit Din fut président du sanhédrin. Chamaï : Chamaï fut président du sanhédrin. Il était appelé le « Av Beit Din ». Chavouot : semaines. C’est la fête qui célèbre le don de la Torah. Chekel : monnaie utilisée à l’époque de la Bible. Chevat : le mois de Chevat coïncide avec janvier – février. Choul’han Aroukh : codification de la « Halakha », loi religieuse rédigée par Joseph Caro à Safed au 16e siècle. Cohen : prêtre issu de la tribu de Levi. D Deutéronome : Devarim, cinquième livre du Pentateuque. Diaspora : dispersion d’un peuple à travers le monde. Dîme : la Torah cite trois dîmes sur tous les fruits d’Erets Israël. La première, appelée « Térouma », est donnée au Cohen; la seconde appelée « Maasser Richon » est donnée à un Levi et la troisième est donnée aux pauvres. 76 Doura Europos : ville de Syrie découverte par des soldats anglais en 1920. En 1932 est mise à jour la synagogue de Doura Europos. Ducs d’Este : la famille des ducs d’Este régne sur Ferrare de 1240 à 1597. Ils sont chassés de Ferrare par le pape Clément VII. A leur départ la partie de la communauté qui leur est le plus attachée les suit. E Ecole de Palekh : école de peinture, de miniature sur laque, située à une centaine de kilomètres de Moscou. Erets Israël : terre, pays ou Etat d’Israël. Esaü : frère de Jacob et fils aîné d’Isaac. Esther : deuxième épouse du roi A’hachveroch. Exil de Babylone : déportation des juifs du royaume de Juda sous Nabuchodonosor II roi de Babylone en 586 AEC. Il prend fin avec la prise de Babylone par les Perses. L’empereur Cyrus II libère les Juifs et leur permet, en 538 AEC, de retourner dans leur pays, devenu une province perse de Judée, et d’y reconstruire le Temple de Jérusalem. Exode : Chemot. Deuxième livre du Pentateuque. F Fête de la Dédicace : ‘Hanoukka. Fête des Lumières : ‘Hanoukka. Flavius Josèphe : (37-100) historien lié à la monarchie des Asmonéens par sa mère. Il a écrit La Guerre des Juifs contre les Romains (75-79). Franz Stephan : orfèvre viennois du 19e siècle. G Galilée : région du Nord d’Israël. H Haftara : passage du livre des Prophètes lu le Chabbat après la lecture de la Torah. Halakha : partie juridique du Talmud. ‘Hanoukka : fête célébrée le 25 Kislev (novembre-décembre) qui commémore la victoire de Juda Maccabée sur le roi syrien Antioche Epiphane. ‘Hanoukkia (plu. – ‘Hanoukkiot) : lampe de ‘Hanoukka. Haskala : mouvement juif des 18e et 19e siècles qui préconise la modernisation du judaïsme. Ha-Tsarfati, Joseph : scribe-enlumineur qui vécut au moyen âge en Espagne. Henry Bernstein : (1876-1953) écrivain et dramaturge français. Hillel : Hillel était Nassi c’est-à-dire président du Sanhédrin. C’était un sage venu de Babylonie. Hitler : (1889-1945) dictateur allemand responsable de la mort de millions de Juifs. Hochana Rabba : dernier des sept jours de Souccot. Holopherne : (VIe siècle AEC) général assyrien, sous Nabuchodonosor II, assassiné dans son sommeil par Judith. I Isaac Louria : (1534-1572) rabbin et kabbaliste du 16e siècle considéré comme le fondateur de l’école kabbalistique de Safed. Isaac Nahum Levi : éditeur à Jérusalem au 19e siècle. 77 Dico J Jacob : fils d’Isaac et de Rebecca, père de garçons qui donneront leur nom aux douze tribus d’Israël. Jacob : fils d’Isaac et de Rebecca, père de douze enfants qui donneront leur nom aux douze tribus d’Israël. Joseph Gal-Ezer : (1890-1945) originaire de Vienne, il monte en 1921 la première compagnie de films à sujets bibliques en Erets Israël. Josippon : (livre de Josippon) histoire des Juifs, de la chute de Babylone à la destruction du Temple de Jérusalem, rédigée par un auteur anonyme d’Italie du Sud en 953. Juda Maccabée : fils de Mattathias. Il règne sur la Judée de 166 à 160 AEC. Judée : région située entre la mer Morte et la Méditerranée. Judith : héroïne juive qui, pour sauver la ville de Béthulie, séduit le général ennemi assyrien Holopherne et lui tranche la tête durant son sommeil. K Keren Kayemet le Israël (KKL) : Fonds National Juif créé en 1901 par Théodore Herzl. Keter Torah : couronne de la Torah. Kippour : jour de jeûne, appelé aussi jour du Grand Pardon. Kislev : le mois de Kislev coïncide avec novembre-décembre. L Lag ba-Omer : 33e jour de l’Omer. Léon Bakst : (1866-1924) peintre, décorateur et costumier de théâtre. Levi : les lévi n’étaient pas prêtres mais avaient pour fonction d’assister les cohen dans l’entretien du Temple. Lion Antokolski : (1872-1942) artiste lituanien. Lithographie : procédé d’impression d’un dessin tracé sur une pierre calcaire. 78 Livre des coutumes : Sefer ha-Minhaguim. Livre contenant les horaires de prières, la manière de prier, les habitudes alimentaires, le déroulement et la signification des principaux évènements de la vie. Le livre des coutumes permet aux fidèles de perpétuer les traditions. Ludwig Nast : orfèvre du 19e siècle en Pologne. M Maccabée : surnom de Juda Maccabée, qui fut attribué par extension à ses 4 frères : Jean, Simon, Eléazar et Jonathan qui combattirent contre Antioche IV. Maguen David : bouclier de David, par extension, étoile de David. Manuscrit de Rothschild : de 1832 à 1855, il fait partie de la collection de Salomon Parente à Trieste. La famille Rothschild l’acquiert plus tardivement. Il est volé sous l’occupation nazie et réapparaît après la guerre à New-York. Il est restitué à James de Rothschild qui en fait don au Musée d’Israël en 1957. Mardochée : (voir Mordekhaï). Mascaron : un masque fantastique décorant habitations ou objets. Massorète : ensemble de règles et d’annotations permettant la transmission correcte de l’orthographe biblique. Mattathias : chef d’une famille sacerdotale. Il engage la lutte armée contre l’oppresseur et les Juifs hellénisés. Mattathias Antigone : dernier souverain de la dynastie Asmonéenne. Méguilat Esther : Rouleau d’Esther, (pluriel : Méguilot). La Méguilat Esther relate comment, à l’époque du roi Assuérus, la reine Esther aidée de son oncle Mardochée déjoua les plans du premier ministre Aman qui voulait la destruction de tous les Juifs du royaume. Ménorah : nom du candélabre à sept branches dont le prototype fut confectionné pour le Tabernacle du désert. Michna : du verbe lechanen : répéter, signifie au sens propre apprendre par cœur une tradition orale. La Michna désigne l’ensemble des traditions religieuses developpées jusqu’en l’an 200. 79 Dico Michloa’h Manot : échange de nourriture entre connaissances, voisins ou amis. Midrach : commentaire rabbinique de la Bible qui revêt différents genres littéraires comme un récit, une parabole ou une légende. Min’ha : office de l’après-midi. Moché ben Abraham Pescarol : (17e siècle) scribe enlumineur qui vécut en Italie, dans le Piémont. Moché chah Mizra’hi : artiste originaire de Téhéran qui arrive en Erets Israël, à Jérusalem en 1880, où il travaille en tant que scribe enlumineur. Moïse ben Yekoutiel ha-Cohen : commanditaire du manuscrit, écrit et enluminé au 15e siècle en Italie du Nord, appelé le Manuscrit de Rothschild. Monsohn : (1871-1930) Abraham Leib Monsohn étudie la lithographie à Frankfort. Il revient en Erets Israël en 1892 et ouvre avec son frère la première imprimerie en couleur à Jérusalem. Mordekhaï (Mardochée) : fils de Yaïr de la tribu de Benjamin ; c’est lui qui élève Esther jusqu’à ce qu’elle entre au harem du roi Assuérus. 80 Moritz Oppenheim : (1800-1882) originaire de Hanau, il est appelé le premier peintre juif. Il étudie l’art à l’académie de Munich, à Paris et à Rome, puis il revient à Francfort où il termine sa vie. Mur occidental : connu sous le nom de Mur des Lamentations ou de Kotel. Le Mur occidental date de la construction du Temple d’Hérode et est un mur de soutènement de l’esplanade du Temple. N Nabuchodonosor : roi de Babylone. Il détruit Jérusalem et le Temple et déporte la population à Babylone. Ne’hoshet : cuivre. Nissan : le mois de Nissan coïncide avec mars-avril. O Ora’h ‘Haïm : nom donné à une section du Choul’han Aroukh qui traite des lois journalières de la vie juive, des bénédictions, du chabbat, des fêtes et des jeûnes. P Panoplie : ensemble d’armes présenté sur un panneau. Pessa’h : pâque. Fête commémorant la sortie d’Egypte et le passage des Hébreux de l’état d’esclavage à la liberté. Pourim : Sorts. La fête de Pourim a lieu le 14 et le 15 Adar. Elle commémore la victoire des Juifs sur leurs ennemis. Pri Ets Hadar : le fruit de l’arbre majestueux. Ce livre, écrit par un auteur anonyme, apparaît à Venise en 1728 sous forme de pamphlet. R Rabbi Akiva : (50-135) un des plus célèbres maître de la Michna. Rav Mordekhaï ben Hillel : (1250-1298) originaire d’Allemagne, il est l’élève de Meïr ben Baroukh de Rothenburg au 13e siècle. Roch ha-Chana : Nouvel An juif. S Sanhédrin : constitué de 71 anciens, le Sanhédrin était la haute cour de justice d’Erets Israël. Salomon : 3e roi d’Israël. Fils du roi David, il construit le Temple de Jérusalem. Schtetl : bourgade ou quartier juif de l’Europe de l’Est avant la seconde guerre mondiale. Scribe-enlumineur : personne qui écrit et décore un manuscrit. Sefer Torah : copie manuscrite de la Torah sous forme d’un rouleau. Séfarade : Juif originaire d’Espagne ou du Portugal. Expulsés de leur pays ils se répartissent sur le pourtour du bassin méditerranéen. Sépia : couleur brune extraite de la seiche. Sevivon : toupie. Sim’hat Torah : joie de la Torah. Jour où l’on achève la lecture du Pentateuque. Souccot : fête qui rappelle les 40 ans d’errance dans le désert avant le retour en Erets Israël. Suse : ville située dans l’actuel Iran du Sud. L’histoire d’Esther s’y déroule. T Talith : châle de prière rectangulaire à franges. Taanit Esther : jeûne d’Esther. 81 Dico Talmud : ensemble des lois et traditions juives accumulées pendant sept siècles : depuis 200 AEC jusqu’à l’an 500. Temple de Jérusalem : construit par le roi Salomon sur le Mont Moriah, il est détruit par Nabuchodonosor II en 586 AEC. Il est reconstruit par les Juifs qui reviennent de captivité de Babylonie en 538 AEC. Le roi Hérode le remanie et l’agrandit en l’an 19 AEC. Titus le détruit en l’an 70. Terech : eunuque de l’empereur Assuérus. Terre glaise : argile. Ticha be-Av : 9e jour du mois d’Av. Jour de jeûne qui commémore la destruction du Premier Temple en 586 AEC et du Second Temple en l’an 70. Tichri : le mois de Tichri coïncide avec septembre-octobre. Torah : Enseignement. Regroupe les cinq livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Tou be-Av : le 15e jour du mois d’Av. Tou bi-Chevat : nouvel an des arbres dans le calendrier agricole. 82 X Xerxès : roi qui régne, de 485 à 465 AEC, en Perse. Y Yaacov Sofer : scribe enlumineur qui travaille la micrographie à Tibériade au 19e siècle. Yessod ha-Maala : village situé dans la vallée de ‘Houla. Il a été construit en 1881 par les membres de la première Aliya. Yiddish : langue parlée dans les communautés achkénazes. Yom ha-Atsmaout : jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël. Yom ha-Choah : jour du souvenir de l’Holocauste. Yom ha-Zikaron : jour du souvenir des victimes de guerre. Z Zacharie : prophète qui prononça sa première prophétie durant le règne de Darius 1er et incita le peuple à la reconstruction du Temple. Zeus : roi des dieux dans la mythologie grecque. Crédits photographiques Couverture © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 8-9 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. Page 10 : © Collection Famille Gross. Page 12 : © Collection Famille Gross. Page : 13: © Photo Musée d’Israël. Page 15 : © Musée d’Israël © Photo Musée d’Israël, Jérusalem, David Harris. Page 16 : © Musée d’Israël © Photo Musée d’Israël Page 17 : © Bibliothèque nationale du Portugal. Page 17 : © Collection Famille Gross.
Les fêtes de Tichri
Mais où est passée la Menorah ?
Betsalel ! Ton téléphone n’arrête pas de sonner, ça fait un boucan d’enfer ! hurle Oholiab. Les yeux rivés sur la tablette, Betsalel ne répond pas. Depuis ce matin, il cherche le dessin de la Ménorah du Temple. Ça doit être important, c’est le même numéro qui a appelé au moins 10 fois… Ah oui ! c’est Boaz ! Il avait dit qu’il appellerait aujourd’hui. Ah ! Il a aussi écrit : Alors, les amis, on le continue ce voyage ? Vous vouliez savoir à quoi ressemblait la Ménorah du Temple ! Eh bien, voilà, allez sur le lien https://levoyagedebetsalel.org. Abigaël sera votre guide. Je lui ai tellement parlé de vous qu’elle vous connaît déjà ! Vous allez être une semaine ensemble ! Ne la perdez surtout pas de vue, vous risquez de ne plus pouvoir revenir ! A samedi prochain, j’ai hâte que vous me racontiez ! Curieux, Betsalel clique sur le lien. Un ancien carnet de voyage aux feuillets numérotés apparaît sur l’écran. L’écriture lui est inconnue. De l’hébreu ? Oholiab se rapproche. Tous deux font défiler les sept feuillets du carnet. Sept… Comme les sept jours de la semaine ou les sept branches de la Ménorah… Le visage d’Abigaël apparaît sur l’écran. En augmentant le son, ils parviennent à entendre ce qu’elle dit : Laissez-moi deviner, toi tu es Betsalel, toi tu es Oholiab. Allez ! Venez, le temps presse ! Betsalel ! Appuie sur le point vert en haut de l’écran. Mais avant, attention, je vous préviens ! Vous partez loin ! Alors, donnez-vous la main, fermez les yeux et respirez profondément ! Lorsque Betsalel et Oholiab rouvrent les yeux, Abigaël est devant eux. A ses pieds, deux sacs à dos… Nous remercions la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et la Fondation du Judaïsme Français pour leur soutien à la publication de cet ouvrage. * Nous exprimons notre reconnaissance à la famille Gross et au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme pour avoir mis leur collection à notre disposition. * Nous remercions pour leurs contributions, remarques et conseils : Déborah Elalouf, Daniel Elalouf, Gilles Elalouf, Nathalie Serfaty, Laura Bettan, Isabelle Cohen, Philippe Levy, Jean-Jacques Wahl, Richard Sitbon, Edith Sidi, Michel Elbaz, Michel Rottenberg, Denise Berrebi et Aline Schapira. * Le Voyage de Betsalel est un projet d’initiation aux arts juifs conforme à l’organisation de l’enseignement de l’histoire des arts publié en 2008 au Bulletin officiel du ministère de l’Education Nationale. * © Editions ADCJ-Le Voyage de Betsalel, 2021 ISBN : 978-965-91970-8-8 Auteures : Michèle Fingher, Florence Soulam. Graphisme et illustrations : David Soulam Tous droits de traduction, reproduction ou représentation intégrale ou par tielle sont réservés pour tous les pays. Editions ADCJ, 56 rue Hallé, Paris, 75014, France. contact@adcj.org www.adcj.org www.levoyagedebetsalel.org MAIS oÙ EST PASSéE lA MéNoRAH ? E c R I T P A R M I c H È l E F I N g H E R E T F l o R E N c E S o U l A M I l l U S T R é P A R D A V I D S o U l A M S O M M A I R E Introduction 7 Jour 1 3e siècle Antiquité Une Ménorah à Ech-Te-Moa ! Les p’tits plus sur les premières Ménorot sculptées 8 – 13 Jour 2 an 1299 Moyen âge Perpignan, tout le monde descend ! Les p’tits plus sur les Ménorot enluminées 14 – 19 Jour 3 an 1775 Temps modernes A ‘Hanoukka on fête la Ménorah ! Les p’tits plus sur la ‘Hanoukkia et la Ménorah 20 – 25 Jour 4 an 1882 19e siècle Comment allez-vous Monsieur Eiffel ? Les p’tits plus sur la synagogue de Bordeaux 26 – 31 Jour 5 an 1959 20e siècle La tribu d’Acher ! Les p’tits plus sur les vitraux de Chagall 32 – 37 Jour 6 an 1985 20e siècle 10 Agorot qui ont traversé les siècles ! Les p’tits plus sur la pièce de 10 agorot 38 – 43 Jour 7 an 2022 Fin du voyage Quel est le programme du jour ? Les p’tits plus sur la Ménorah de Benno Elkan à la Knesset 44 – 49 JEU I n t r o d u c t i o n La Ménorah est mentionnée dans le livre de l’Exode où elle est décrite en terme botanique : II exécuta le candélabre en or pur. Il le fit tout d’une pièce, avec sa base et son fût ; ses calices, ses boutons et ses fleurs faisaient corps avec lui. Exode 37 ; 17 Dans le Talmud de Babylone, il est question d’une plante qui ressemble à la Ménorah. Cette plante appelée Marva en hébreu est une sorte de sauge. 8 Jour 1 3e siècle Antiquité Une Ménorah à Ech-Te-Moa ! Les p’tits plus sur les premières Ménorot sculptées 8 – 13 130 L’empereur Hadrien visite la Judée. 218 Fin de la rédaction de la Michna. 3e siècle Construction de nombreuses synagogues en Judée et en Galilée. Oholiab se frotte les yeux, un peu étourdi. Il enlève son pull. Autour d’eux, les collines recouvertes de vignes sont baignées d’une lumière dorée. Un homme marche au loin, précédé d’un âne lourdement chargé. Bienvenue à Echtémoa. Prenez vos sacs. Ech-té-moa ! répète Oholiab. Oui ! On en parle dans le livre de Samuel ! dit Betsalel. Je l’ai trouvé sur la tablette : Ville importante, au sud de Hébron, en Judée. Les deux enfants se regardent, ils sont en Israël ! Abigaël leur sourit : Et en plus, on est au 3e siècle ! Suivez-moi, on va voir s’il y a encore quelqu’un dans la synagogue. La fraîcheur du bâtiment les surprend. Sur le banc en pierre qui court le long des murs, des hommes discutent dans une langue inconnue. Chut, il ne faut pas les déranger ! dit Oholiab. T’inquiète pas ! On ne voit pas les voyageurs dans le temps à moins d’avoir rendez-vous ! Quelle drôle de synagogue ! Pourquoi tu nous amènes ici, il y a une Ménorah ? chuchote Betsalel. Regardez le linteau ! dit Abigaël. Retrouve-moi dans le dessin ! Livre de Samuel : on y lit la vie du prophète Samuel ; le transfert de l’Arche de Chilo à Jérusalem ; la construction de l’autel sur le mont du Temple. Hébron : ville du couronnement du roi David. Hadrien : (76-138) empereur romain. Il nomme Jérusalem Aelia Capitolina et y construit un temple dédié à Jupiter. Michna : ensemble des traditions religieuses développées jusqu’en l’an 200. Judée : région située entre la mer Morte et la Méditerranée. Galilée : région au nord d’Israël. 10 Représentation d’un Levi OU PARLE-T-On DU VILLAGE D’ECHTEmOA ? Dans le livre de Josué, il est question d’Echtémoa appartenant à la tribu de Juda. Donné aux descendants d’Aaron, le village était habité par les prêtres, les Lévi, qui assuraient le service du Temple. Josué 21 ; 14 LOnGUEUR, LARGEUR ET HAUTEUR … La synagogue d’Echtémoa faisait 30 mètres de long sur 13 mètres de large. Un mur encore debout indique que le plafond avait 8 mètres de haut. Ses dimensions révèlent qu’une importante communauté vivait au sud de Hébron, à la fin du 3e siècle. DEs TROUs DAns LE TEXTE ! La Ménorah ………….. à sept branches a été fabriquée la toute première fois dans le ……………… . Dieu a demandé à Moïse de réaliser un d’or pur, d’une seule pièce qui devait être placé dans le ………… . Moïse confie la tâche à ………….. et à ………….. 11 Un TOIT qUI TIEnT TOUT sEUL ? Les architectes de l’époque ont construit la synagogue tout en largeur afin de se passer de colonnes pour soutenir le toit. Les synagogues de Soussya et de ‘Horbat Rimon situées, elles aussi, au sud de Hébron sont construites de la même manière. EcHTEMOA A qUOI sERT Un LInTEAU ? Le linteau est un support horizontal placé au-dessus d’une porte ou d’une fenêtre. On s’en sert pour répartir le poids d’une façade sur les côtés. A Echtémoa on a dénombré 4 linteaux décorés d’une Ménorah. JERUSALEM SOUSSYA HÉBRON ‘HORBAT RIMON EcHTÉMOA MASSADA EIN GEDI 12 La synagogue de Kfar Nahum, située près du lac de Tibériade a été mise à jour par des archéologues allemands en 1905. Ménorah sculptée sur un chapiteau, Kfar Nahum, Erets Israël, 2e – 4e siècle Ménorah à sept branches sculptée sur une partie de linteau, Echtémoa, 3e siècle. La synagogue d’Echtémoa a été découverte en 1934. Les archéologues ont retrouvé 15 linteaux sculptés éparpillés autour de la synagogue. 13 JEU MORCEAUX DE CHAPITEAU 1 Parmi les morceaux extraits du chapiteau de Kfar Nahum 3, n’appartiennent pas au chapiteau. Lesquels ? 2 3 4 5 14 Jour 2 an 1299 Moyen âge Perpignan, tout le monde descend ! Les p’tits plus sur les Ménorot enluminées 14 – 19 Abigaël a zappé sur la deuxième page de sa tablette. Aussitôt les enfants sont entraînés par un grand vent. Perpignan, tout le monde descend ! On est en 1299, dit Abigaël. Betsalel et Oholiab regardent autour d’eux le dédale de rues étroites. Et il y a une Ménorah ici ? demande Oholiab. Bien sûr ! Dépêchez-vous, la nuit va tomber. Les voici arrivés devant une fenêtre entrouverte. La silhouette de Salomon ben Raphaël se découpe à la lumière d’une lampe à huile. Penché sur un pupitre, il recopie un manuscrit. Bonjour Salomon, c’est moi Abigaël, je t’amène des visiteurs ! Raphaël pose sa plume. Bonjour les enfants, entrez ! Venez voir la Bible que je suis en train d’enluminer, mais faites attention, l’encre et les couleurs ne sont pas encore sèches ! Parmi des feuillets de parchemin éparpillés sur une table, Oholiab aperçoit le dessin d’une Ménorah en or. Autour, le mobilier du Temple. Waouh ! C’est la vraie Ménorah ? demande Betsalel. Oh ! Je me suis juste inspiré de la description de Moïse Maïmonide. Je peux la photographier ? La quoi ? Abigaël sourit. Autre temps, autre époque ! dit-elle en désignant la tablette à Salomon. 1250 La reine Yolande d’Aragon force les Juifs de Perpignan à résider sur la colline du Puy St Jacques alors aride et inhabitée. 1296 Obligation aux habitants du Call de ne rentrer et sortir que par la porte principale. 1299 Interdiction pour les Juifs de toucher aux fruits sur les marchés. Retrouve-moi dans le dessin ! Aragon : région du nord de l’Espagne, près de la frontière francaise. Call : nom donné au quartier réservé à la communauté juive en Espagne. Salomon ben Raphaël : scribe et enlumineur qui a travaillé à Perpignan en 1299. Moїse Maїmonide : (1135- 1204) rabbin, philosophe et médecin né à Cordoue. Connu sous le nom de Rambam, il rédige le Michne Torah, le plus grand code de la loi juive. 16 Un sCRIbE ACCROUPI ! La statue du scribe accroupi, retrouvé à Sakkarah en Egypte est conservé au musée du Louvre. Elle date de 2600-2350 AEC. Au moyen âge les scribes de terre d’Islam écrivent encore dans la même position que le scribe de Sakkarah. En Europe, au moyen âge, le scribe s’assoit sur un tabouret ou une chaise. Le parchemin est alors placé sur un pupitre incliné. La table plate à écrire apparaît au 16e siècle. LE CALAmE OU LA PLUmE ? Pour écrire, le scribe utilise un calame ou une plume. Le calame, un roseau taillé en biais, était utilisé en orient. La plume d’oiseau, le plus souvent d’oie, était utilisée dans les communautés d’Europe. LEs P’TITs PLUs sUR LE TRAVAIL DEs sCRIbEs Sakkarah : lieu près de Memphis où sont rassemblées tombes et pyramides. AEC : abréviation de avant l’ère commune. David : second roi d’Israël. Il a régné pendant 40 ans. Kiryat Yéarim : village où se trouvait l’Arche d’alliance avant son transfert a Jérusalem. Sicles : unité monétaire en orient. TRIbULATIOns DE LA MÉnORAH ! Le roi David fait transporter l’….. d’ …….. de Kiryat Yéarim a ….. Il achète au ……., pour 50 sicles d’argent, un terrain qui surplombe Jérusalem. Il y construit un autel sur lequel le roi ………., construira le Temple. C’est là que la …….. d’or du désert prend sa place. 17 Arche d’Alliance : Aron ha- Kodech. Meuble transportable contenant les rouleaux de la Torah. Chilo : ville où a été gardé le Tabernacle jusqu’ à la construction du 1er Temple. Jébus : nom de Jérusalem avant que la ville soit conquise par David. Salomon : 3e roi d’Israël. Fils du roi David, il construit le 1er Temple de Jérusalem. DEs FEUILLEs D’OR sUR DU PARCHEmIn Le mot enluminure vient du latin lumen et signifie lumière. Enluminer consiste à décorer un manuscrit à la main. En apposant des feuilles d’or sur les pages, l’enlumineur apporte de la lumière au texte. CALCULOns EnsEmbLE ! + – :X = Comment transformer une date hébraïque ? 5782-5783-5784 Ajoute 1240 aux trois derniers chiffres de l’année hébraïque et vois ce que tu obtiens ! FRANCE PERPIGNAN PERPIGNAN COMTE DE ROUSSILLON COMTE DE CERDAGNE COURONNE D’ARAGON 18 Bible de Perpignan, France, 1299 Ecrite en 1299, la Bible de Perpignan comprend 517 feuillets. On la retrouve en Turquie, à Constantinople, où l’ambassadeur de France Achille de Harlay, Baron de Sancy, l’achète en 1620. JEU LEs ERREURs 19 Betsalel a copié la Ménorah de Salomon ben Raphaël mais il a fait 10 erreurs ! Trouve-les ! Détail Bible de Perpignan, France, 1299 Des deux côtés de la tige centrale de la Ménorah sont représentées les pincettes et les mouchettes utilisées pour l’allumage de la Ménorah. La tige centrale repose sur une base à trois pieds. Elle est encadrée des deux marchepieds sur lesquels monte le prêtre pour nettoyer les mèches du chandelier. 20 Jour 3 an 1775 Temps modernes A ‘Hanoukka on fête la Ménorah ! Les p’tits plus sur la ‘Hanoukkia et la Ménorah 20 – 25 Leur prochaine destination s’affiche : Rome. Salomon la regarde interloqué. Mais qu’est-ce que c’est que ça ? C’est quoi ? Une tablette ! Prends-la, dit-elle en s’approchant ! Regarde, tu peux agrandir l’image avec deux doigts ! Sur l’écran, une ‘Hanoukkia dorée s’affiche sous les yeux ébahis de Salomon. Mais il n’y a pas une erreur ? On est censé chercher une Ménorah ! s’écrie Oholiab. Salomon examine l’écran de plus près et remarque une Ménorah apposée au dosseret de la ‘Hanoukkia. L’image que tu vois, Salomon, est de 1775, dit Abigaël. C’est bizarre. Moi, quand je dessine une Ménorah, je respecte minutieusement les indications de Maïmonide. Ici, l’artisan a dessiné ce qu’il voulait… Excusez-moi, je suis un peu perdu… Pourquoi il y a une Ménorah sur une ‘Hanoukkia ? demande Oholiab. He ben regarde sur ta tablette ! Elle peut sûrement t’expliquer le lien entre une ‘Hanoukkia et une Ménorah. Quel miracle fête-t-on à ‘Hanoukka ? Le miracle de la fiole ! Tu te rappelles l’huile de la petite fiole qui a permis à la Ménorah de brûler pendant huit jours ! Un bruissement interrompt l’explication de Salomon. Il regarde avec suspicion l’écran afficher Jour 4. Les enfants n’ont pas le temps de lui dire au revoir. Ils ont déjà disparu dans un nuage de fumée blanche. 1775 Le pape Pie VI interdit aux Juifs de Rome de sortir du ghetto sous peine de mort. 1793 Le ghetto de Rome est mis à sac. 1798 Avec l’arrivée des troupes françaises, les Juifs de Rome bénéficient de l’égalité des droits et de la citoyenneté. Retrouve-moi dans le dessin ! Pie VI : (1717-1799) il encourage les baptêmes et l’obligation du sermon le samedi avant d’aller à la synagogue. Ghetto : quartier où les Juifs étaient forcés de résider. ‘Hanoukkia (plur. ‘Hanoukkiot) : lampe de ‘Hanoukka. ‘Hanoukka : fête célébrée le 25 Kislev (novembre-décembre) qui commémore la victoire de Juda Maccabée sur le roi syrien Antioche Epiphane. 22 Au moyen âge les ‘Hanoukkiot sont suspendues au mur. A la Renaissance on rajoute des pieds pour pouvoir les poser sur un meuble. A la même époque, au 16e siècle en Italie, apparaissent les premières ‘Hanoukkiot dont la forme ressemble à celle du chandelier du Temple. LUmIèREs DE ‘HAnOUkkA… La forme de la ‘Hanoukkia obéit à des règles de Halakha. Les flammes de la ‘Hanoukkia doivent être séparées les unes des autres. Ainsi, chaque lumière la fête. 23 Nabuchodonosor : (605 AEC- 562 AEC) roi de Babylone. détruit Jérusalem, brûle le Temple déporte la population à Babylone Talmud : ensemble de commentaires et de discussions rabbiniques. Antioche Epiphane : roi séleucide. Il règne de 175 à 163. LA mEILLEURE HUILE D’OLIVE ! A l’époque grecque et romaine, le proche orient produit de l’huile d’olive comme l’Afrique du Nord, l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Il est écrit dans le Talmud que la meilleure huile provient de la ville de Tékoa en Judée. Tékoa est la région par excellence de l’huile d’olive…Michna Mena’hot 9-5 Tossefta. Pourquoi utiliser de l’huile d’olive pour allumer la ‘Hanoukkia ? UnE FLAmmE ÉTERnELLE… La Ménorah du Temple est restée allumée pendant plus de .. ……. Il y eut deux interruptions. La première, pendant 48 ans suite à la destruction du premier Temple par Nabuchodonosor. La deuxième pendant 11 ans après la profanation du second Temple par Antioche Epiphane. FLORENCE TOSCANE CARTE SIENNE ETAT ECCLESIASTIQUE ROME ABRUZZES 24 Ce modèle de ‘Hanoukkia en bronze était courant à Rome aux 18e et 19e siècles. Sur le dosseret de la ‘Hanoukkia est apposée la Ménorah à sept branches du Temple. Elle est encadrée des deux colonnes du Temple : Yakin et Boaz. ‘Hanoukkia, Rome, 1775 Dosseret : du latin dorsum – dos, partie verticale de la ‘Hanoukkia. 25 JEU L’OmbRE DE LA ‘HANOUKKIA Parmi ces ombres une seule correspond exactement à celle de la ‘Hanoukkia. Laquelle ? ‘Hanoukkia, Italie, 1700 26 Jour 4 an 1882 19e siècle Comment allez-vous Monsieur Eiffel ? Les p’tits plus sur la synagogue de Bordeaux 26 – 37 Les enfants sont plantés devant une synagogue en construction. Autour d’eux, des ouvriers soulèvent de lourdes plaques métalliques à l’aide d’un treuil. D’autres, à califourchon sur le toit, s’en saisissent et les placent avec précaution. Abigaël donne un coup de coude à ses deux amis. Au-dessus du portail, se trouve une énorme Ménorah. Un ouvrier perché sur le toit leur demande de reculer. Il met ses mains en porte- voix et interpelle un homme posté à côté d’eux : Comme ça ? Monsieur Eiffel. Gustave Eiffel opine de la tête. Il regarde les enfants et leur lance : Pourquoi j’utilise une structure métallique, d’après vous ? Et devant leur moue, il explique : Pour dégager l’espace intérieur. Puis il s’adresse à l’ouvrier : Vite, mon ami, je dois être à Paris. Le train n’attend pas ! Pendant ce temps assis devant le portail, Betsalel s’applique à reproduire la Ménorah, lorsque Charles Durand, l’architecte qui a dessiné les plans de la synagogue lui dit : Ne te fatigue pas, j’ai tout dans ma serviette. Betsalel remarque que les branches s’inscrivent dans un demi-cercle. Gustave Eiffel s’apprête à monter dans un fiacre lorsqu’Oholiab l’interpelle : Vous savez qu’un jour vous construirez une tour qui portera votre nom ! Une tour ! Ça c’est une excellente idée ! Allons au revoir les amis, dit Gustave Eiffel. 1812 Inauguration de la 1ere synagogue de Bordeaux. Arnaud Corcelles en est l’architecte. 1873 Destruction de la synagogue de Bordeaux par un incendie. 1877-1882 Construction de la 2e synagogue de Bordeaux sous la direction des architectes Charles Durand et Paul Abadie. Retrouve-moi dans le dessin ! Gustave Eiffel : (1832-1923) ingénieur français spécialiste des constructions métalliques. Charles Durand : (1824-1891) architecte actif à Bordeaux d’où il est natif. Paul Abadie : (1812-1884) architecte actif à Bordeaux d’où il est natif. Arnaud Corcelles : (1765-1843) originaire de Bordeaux, également connu sous le nom d’Armand Corcelles. 28 Arnaud Corcelles dans la synagogue rue Causserouge SYnAGOGUEs COnsIsTORIALEs A partir du 11 décembre 1808, l’organisation des synagogues dépend du consistoire et est réglée par un décret. Il est décidé de construire 13 synagogues en France : à Paris, Strasbourg, Wintzenheim, Mayence, Metz, Nancy, Trèves, Coblence, Crefeld, Bordeaux, Marseille, Turin et Casale Monferrato. En 1814 à la chute de l’Empire le consistoire est réorganisé et certaines synagogues supprimées. LA sYnAGOGUE DE BORDEAUX La première synagogue de Bordeaux construite, rue Causserouge, en 1812 par l’architecte Arnaud Corcelles est détruite en 1873 par un incendie. Elle sera reconstruite rue Labirat. L’Etat ainsi que Daniel Osiris Iffla, les Pereire et les Rothschild participent aux frais de construction. Synagogue de Casale Monferrato, Piémont LEs P’TITs PLUs DE LA sYnAGOGUE DE BORDEAUX Daniel Osiris Iffla : (1825- 1907) originaire de Bordeaux, il est connu sous le pseudonyme d’Osiris. Il a été homme d’affaires, mécène et philanthrope. Pereire : les Pereire sont deux frères, Emile (1800-1875) et Isaac (1806-1880) d’origine portugaise installés à Bordeaux. Ils ont participé à l’essor industriel de la France. Rothschild : dynastie de banquiers et de philanthropes d’origine allemande. Ils sont installés en Europe, principalement à Francfort, Londres,Vienne, Paris et Naples. Quelles sont les 7 synagogues qui resteront attachées au consistoire ? Synagogue de la rue des Tournelles. SYnAGOGUEs DE FER ET DE PIERRE A Paris Gustave Eiffel, surnommé le magicien du fer, participe à la construction de deux synagogues. La synagogue de la rue des Tournelles est construite en 1876. En 1867 toujours dans la capitale il a participé à la construction d’une autre synagogue. Sais-tu laquelle ? 29 DIsPARITIOn DEs sYnAGOGUEs PRIVÉEs… En Europe au 19e siècle, la synagogue devient un édifice à part entière. Elle cesse d’être une pièce aménagée en salle de prière chez des particuliers. Si en 1793 le judaïsme devient une religion reconnue, il doit avoir un lieu de prière capable, tout comme l’Eglise ou le Temple protestant, d’accueillir un grand nombre de fidèles. CHARENTE INFERIEURE CHARENTE BORDEAUX BORDEAUX LANDES DORDOGNE LOT-ET-GARONNE BASSES PYRENEES GERS 30 Tympan de la synagogue de Bordeaux Un tympan est la surface en demi-sphère située au-dessus de la porte d’entrée d’un édifice religieux. Il est toujours décoré d’un motif symbolique. Le symbole choisi pour le tympan de la synagogue de Bordeaux est la Ménorah. Dessinée selon la description donnée dans le livre de l’Exode, elle est composée de tiges, de calices et de boutons de fleurs. JEU 31 REGARDE ATTEnTIVEmEnT ! SAURAs-TU RETROUVER sUR CETTE PHOTOGRAPHIE : Portes d’entrée de la synagogue de Bordeaux Colonnes Ménorah Tympan Linteau Arbre de vie Porte Etoile de David 32 Jour 5 an 1959 20e siècle La tribu d’Acher ! Les p’tits plus sur les vitraux de Chagall 32-37 Attention, attention, les enfants ! Poussez-vous ! C’est lourd ! Des déménageurs, en salopette bleue, transportent d’énormes caisses et les chargent dans un camion qui attend en double file. Abigaël chuchote : Il s’agit des douze vitraux de Marc Chagall pour la synagogue de l’hôpital Hadassah Ein Kerem, à Jérusalem. Monsieur Chagall, on arrive trop tard ? Ils sont tous emballés ? demande Oholiab. Entrez, entrez ! Il y en a un qui n’est pas encore emballé, c’est celui de la tribu d’Acher… Pourquoi avez-vous dessiné une Ménorah ? Parce qu’il est écrit qu’Acher baigne son pied dans l’huile, si je me souviens bien. Et l’huile, c’est l’abondance, la lumière. J’ai placé la Ménorah en bas, comme le pied d’Acher ! Et tout autour des oliviers… Note Oholiab ! On n’a pas besoin de noter. C’est sur la tab… Marc Chagall continue tout seul : C’est pour moi un bien modeste présent à mon peuple. C’est aussi un air de ma ville natale de Vitebsk qui se mêle à celui de Jérusalem. Vous savez les enfants, quand j’ai travaillé à ces vitraux j’ai senti revenir toute mon enfance, mes parents, mes amis, le village que j’ai quitté… Pensifs, Betsalel, Oholiab et Abigaël prennent congé.Distraite Abigaël appuie sur une touche de l’écran. 1959 Chagall accepte de réaliser les vitraux pour la synagogue de l’hôpital Hadassah à Jérusalem. 1960 Chagall arrive à Reims chez Charles et Brigitte Marq de l’atelier Simon, pour réaliser les vitraux. 1962 Inauguration des vitraux de la synagogue le 6 février. Retrouve-moi dans le dessin ! Marc Chagall : (1887-1967) peintre d’origine russe qui a obtenu la nationalité française en 1937. Tribu d’Acher : une des 12 tribus d’Israël. Vitebsk : ville de Biélorussie où fut fondée la première école artistique ; Iouri Pen, Marc Chagall, Kasimir Malevitch, Lissitzky et Zadkine en firent partie. Atelier Simon : atelier familial, de maitres-verriers, installé à Reims dont l’activité remonte à 1640. 34 NEPHTALI ACHER MENACHÉ N DAN ISSACHAR BENJAMIN O E ZABULON EPHRAïM JUDA TABERNACLE EmPLACEmEnT… Chagall a réparti ses vitraux trois par trois aux quatre RUBEN S SIMÉON points cardinaux suivant l’emplacement des 12 tribus autour du Tabernacle. A l’est se trouvent Juda, Zabulon et Issachar ; au sud Gad, Siméon, Ruben ; à l’ouest Menaché, Benjamin, Ephraïm ; au nord Nephtali, Acher et Dan. L’olivier est le symbole de la tribu d’Acher. Lors de la création de l’Etat d’Israël, la Knesset décide que le symbole d’Israël sera la Ménorah. Elle est associée à des branches d’olivier, symbole de l’abondance présagée à Acher. ACHER LE FILs DE JACOb ! Acher est le 8e fils de Jacob. C’est le fils de Zilpa, la servante de Léa. Léa dira de lui : Il est né pour mon bonheur… Béréchit 30 ; 13. Lorsque Jacob bénit son fils, il lui révèle que ses plantations d’oliviers produiront une huile abondante. C’est lui qui pourvoira aux jouissances des rois. Béréchit 49 ; 20. 35 André Malraux : (1901-1976) écrivain et homme politique, il sera ministre de la Culture. DEs VITRAUX AU PLAFOnD DE L’OPÉRA Avant d’être installés à Hadassah, les douze vitraux sont exposés quelques mois au musée des Arts décoratifs à Paris et au musée d’Art moderne de New York. En les voyant André Malraux, alors ministre de la Culture, décide de co de Paris à Chagall. QUELLE EsT LA FAUss RÉPOnsE DE CHAGA A. J’ai renoncé à dessiner des figures humaines pour les 12 vitraux de l’hôpital Hadassah à Jérusalem. B. Un an après avoir commencé les vitraux de la cathédrale de Metz, je me suis consacré à ceux de l’hôpital Hadassah. C. J’ai été enchanté de voir les vitraux installés au niveau des yeux du spectateur. BEIT ZAIT HÔPITAL HADASSAH EIN KEREM HAR HERZL YAD VASHEM JERUSALEM VITRAUX DE CHAGALL FORÊT DE AMINADAV ZOO 36 Marc Chagall travaille deux ans sur les vitraux. Ceux-ci font 3.40 mètres de haut sur 2.50 mètres de large. En bas du vitrail, la Ménorah du Temple, donne une stabilité à l’ensemble de la composition. 37 JEU LE VITRAIL FOU Le vitrail de Chagall a été désarticulé, remets-le dans l’ordre ! 38 Jour 6 an 1985 20e siècle 10 Agorot qui ont traversé les siècles ! Les p’tits plus sur la pièce de 10 agorot 38-43 Où sommes-nous ? crie Oholiab pour couvrir le bruit des machines. Les garçons se bouchent les oreilles. Abigaël consulte la tablette. Ils sont en 1985, dans un local de la Banque d’Israël, à Jérusalem. Il y a sûrement une erreur ! On devait atterrir au 21e siècle. Qu’est- ce qu’on fait ici ? On recherche une Ménorah, non ? demande Oholiab Tu as déjà vu une pièce de 10 Agorot ? Autour d’eux des techniciens suivent la production des pièces. Un homme en uniforme s’approche des enfants. Monsieur le directeur vous attend dit-il, en leur faisant signe de le suivre. Derrière un bureau, un homme chauve les accueille. Vous vous intéressez à la numismatique ? Vous devez certainement savoir que cette année le gouvernement israélien a décidé d’émettre une nouvelle pièce de monnaie. Mais attendez, je vous ai préparé un jus d’orange. Tenez ! Puis continuant son explication : C’est Nathan Karp qui a eu l’idée de reprendre l’empreinte de la pièce émise par le roi Mattathias Antigone. Le motif principal de cette pièce est la Ménorah à 7 branches du Temple de Jérusalem. Vous avez copié ! s’exclament en chœur Betsalel et Oholiab. On s’en est inspiré, mais ne le dites à personne. 1960 Emission des pièces de 1, 5 et 10 agorot 2008 La pièce de 5 agorot est mise hors circulation. 2015 La Banque d’Israël décide d’appeler sa monnaie chekel et non plus nouveau chekel israélien. Retrouve-moi dans le dessin ! Agora (plur. Agorot) : en 1960, nom donné aux pièces valant une fraction du chekel. Numismatique : étude des monnaies et des médailles. Nathan Karp : (1934-2008) né en Russie, il arrive en Israël à l’âge de 13 ans. Illustrateur, calligraphe et médailleur, il étudie à l’Ecole des Beaux-arts de Betsalel à Jérusalem. Matthathias Antigone : dernier souverain de la dynastie Hasmonéenne. 40 LA nUmIsmA…qUOI ? La numismatique est très utile pour dater les époques. De 1927 à 1937 sur la pièce de 10 Mils émise par le mandat britannique, le motif est une couronne d’olivier. Palestina, nom d’Erets Israël donné par les Romains est réutilisé par les Anglais pour nommer la terre d’Israël. L’appellation apparaît en hébreu, en arabe et en anglais. En hébreu à côté du mot Palestina les lettres (‘”x) contraction de Erets Israël sont entre parenthèses. En 1948 la dénomination Palestina est remplacée par Israël. D’Où VIEnT LA MÉnORAH sUR LA PIèCE DE 10 AGOROT ? C’est sous le dernier roi de la LEs P’TITs PLUs sUR LA PIèCE DE 10 AGOROT Mils : monnaie du mandat britannique de Palestine de 1927 à 1948. Palestina : nom donné par les Romains à la Judée. Dynastie Hasmonéenne : descendant de Hasmon famille dynastie Hasmonéenne que s’éveille la conscience nationale et religieuse du peuple juif. La Ménorah du Temple apparaît sur les pièces du règne de Mattathias Antigone, en l’an 40- 37 AEC. Elle remplace la corne d’abondance, la fleur de lys ou encore la branche de palmier que les monarques précédents utilisaient sur leurs pièces de monnaies. UnE VALEUR FACIALE ? Les pièces, les billets de banque, les timbres postaux, ont chacun une valeur faciale. Il s’agit du nombre qui figure sur chacun de ces supports. La valeur faciale d’une pièce de monnaie n’a rien à voir avec le prix du matériel utilisé pour faire la pièce. La valeur faciale, de ce timbre émis en 1973 est il un Chekel ou un nouveau Chekel ? sacerdotale qui dirige la résistance face aux Séleucides. 41 Prouta (plur. Proutot) : monnaie ancêtre de la Ago DE LA PROUTA à LA AGORA En Israël, à partir de 1948 la Prouta supplante le Mils. Elle sera remplacée en 1960 par la Agora. Les motifs évoluent. Le vase à deux anses présent sur les pièces de 10 Proutot est relayé par le palmier dattier sur celles de 10 Agorot. En 1980, le palmier dattier est remplacé par la grenade et à partir de 1985 la Ménorah devient le motif central. AGORA… AGOROT… Le mot Agora figure dans le premier livre de Samuel : Et ceux qui resteront alors de ta famille viendront se jeter à ses pieds pour une pièce d’argent (agorat kessef), pour un morceau de pain, en disant : De grâce, admets-moi à quelque service sacerdotal, pour que j’aie du pain à manger ! Samuel livre 1, 2 ; 36 CARTE LA BANQUE D’ISRAËL PALAIS DES CONGRÉS CINEMA CITY LA COUR SUPRÊME 42 La pièce de 10 agorot émise le 4 septembre 1985, a comme toutes les pièces un côté pile ou revers et un côté face ou avers. Sur l’avers, Nathan Karp a repris l’empreinte d’une pièce émise sous la dynastie des Hasmonéens. Israël y est écrit en hébreu, en arabe et en anglais. Le revers est de Gabi Neumann. Au-dessous de la valeur faciale on peut lire en caractère hébraïque la date d’émission. Gabi Neumann : (1937-2014) originaire de la république tchèque il est interné à Birkenau en 1944. En 1949 il émigre en Israël où il fera une école d’art et deviendra médailliste. 43 nUmIsmATE En HERbE ! Selon le symbole figurant sur l’avers de ces trois pièces, donne à chacune d’elle l’année de l’émission correspondante ! 1960 1980 44 Jour 7 an 2022 Fin du voyage Quel est le programme du jour ? Les p’tits plus sur la Ménorah de Benno Elkan à la Knesset 44-49 Heureusement que Chabbat existe. Demain on va enfin pouvoir se reposer, dit Oholiab. Après le repas, Abigaël n’est pas du tout fatiguée. Elle leur fait un petit discours sur la Ménorah : Devenue symbole de l’Etat d’Israël, on la retrouve sur les passeports, les timbres et les pièces… D’ailleurs, je vous réserve une visite demain. Le lendemain, quand ils sortent de la synagogue le soleil est déjà haut. Abigaël conduit les deux voyageurs en direction de la Knesset. Devant eux, s’élève la Ménorah sculptée par Benno Elkan. Elle a été offerte par la Grande-Bretagne à l’Etat d’Israël pour son huitième anniversaire. De toutes les Ménorot que l’on a vues c’est elle la plus grande. En plus, elle est vraiment différente des autres dit Betsalel. Mais alors la vraie Ménorah elle est où ? demande Oholiab. On a perdu sa trace dit Abigaël. Mais son souvenir ne nous a jamais quitté. Dans le ciel trois étoiles marquent la fin de Chabbat. Le moment est venu de nous dire au revoir. Mais si vous avez des questions, vous pouvez toujours me joindre sur www.levoyagedebetsalel.org Comment va s’appeler ton livre ? demandent les deux enfants. Mais où est passée la Ménorah ? Qu’en pensez-vous ? 46 LEs P’TITs PLUs sUR BEnnO ELkAn Arthur Hamilton Lee : (1869-1947) diplomate et philanthrope, il offre les candélabres de Benno Elkan à l’abbaye de Westminster dont il est le bienfaiteur. LEs CHAnDELIERs DE WEsTmInsTER Benno Elkan étudie la peinture à l’académie des Beaux-Arts de Munich avant de se consacrer à la sculpture en 1903. Avec la montée du nazisme il immigre en Angleterre. Arthur Hamilton Lee acquiert deux chandeliers en bronze dessinés par Benno Elkan et les offre à l’abbaye de Westminster. Ces chandeliers décrivent des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ils sont peut-être une préfiguration de la Ménorah de la Knesset. Abbaye de Westminster : église construite sous Henri III au 13e siècle. C’est là que sont couronnés les souverains britaniques. 47 Chambre des Lords : une des deux chambres du parlement du Royaume-Uni. Ses membres sont nommés à vie par la reine sur proposition du Premier ministre. Ghetto de Varsovie : créé dans un quartier de Varsovie, le 12 octobre 1940 par les Allemands il est isolé de la ville par un mur d’enceinte. LA MÉnORAH DU PEUPLE jUIF C’est en 1947 que Benno Elkan envisage de sculpter une Ménorah relatant l’histoire du peuple juif. Trois ans plus tard, il présente le projet à la Chambre des Lords qui décide de l’offrir à l’Etat d’Israël. Terminée en 1956, la Ménorah est placée, à Jérusalem, à proximité de l’ancienne Knesset sur l’actuelle rue King Georges. En 1966 elle trouve sa place définitive devant la Knesset. LIRE LA MÉnORAH L’histoire se lit du haut vers le bas. Les épisodes bibliques sont situés au sommet du chandelier. Au bas les évènements liés au ghetto de Varsovie, puis plus bas encore, la description de la vie des pionniers en Erets Israël. GAN SAKER JARDIN DES ROSES OBSERVATOIRE DES OISEAUX JÉRUSALEM LA MÉNORAH CARTE GIVAT UNIVER DE JERUSALEM LE PARLEMENT 48 La Ménorah située à proximité de l’actuelle Knesset est une sculpture de 5 mètres de haut. EIle représente des épisodes de l’histoire du peuple juif de la Bible à nos jours. 49 JEU LEs PIOnnIERs ! Benno Elkan place les fondateurs de l’Etat d’Israël à la base de la Ménorah. Ils travaillent la terre, construisent le pays et marquent ainsi le lien du peuple à sa terre retrouvée. Nomme les différents travaux agricoles des pionniers dans les 3 médaillons ci-dessous. 1 2 3 50 AIDE bETsALEL A RETROUVER LA mEnORAH ! 51 52 CRÉDITs PHOTOGRAPHIqUEs Couverture : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 7 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 9 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 10 : Représentation d’un Lévi avec ses attributs, © Collection Famille Gross. P. 10 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P.10 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 12 : Linteau de la synagogue d’Echtemoa, Domaine public, Photographe David Bena, https:// commons.wikimedia.org/w/index.php?search=Eshtemoa&title=Special:MediaSearch&go=Go&type=image. P.12 : Chapiteau de la synagogue de Kfar Nahum, Domaine public, Photographe James Emery, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Menorah_on_column_capital_0955_ (507865195).jpg. P. 13 : Chapiteau de la synagogue de Kfar Nahum, Domaine public, Photographe James Emery https://commons.wikimedia. org/wiki/File:Menorah_on_column_capital_0955_(507865195).jpg. P. 15 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 16 : Le scribe accroupi, Musée du Louvre, Domaine public, Attribution : Rama https://commons.wikimedia.org/wiki/File:The_seated_scribe-E_3023-IMG_4267- gradient-contrast.jpg. P. 17 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 17 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 18 : Bible de Perpignan © Bibliothèque nationale de France, Paris, hébreu 7, folios 12v et 13r, 1299. P. 19 : Bible de Perpignan © Bibliothèque nationale de France. P. 21 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 22 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 23 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 24 : Hanoukkia, Italie © Collection Famille Gross. P. 25 : Hanoukkia, Italie, © Collection Famille Gross. P. 27 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 28 : Arnaud de Corcelles dans la synagogue de Bordeaux, © Collection MAHJ. P. 28 : Synagogue Casale Monferrato © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 29 : Synagogue des Tournelles © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 30 : Tympan Synagogue de Bordeaux, Art Directors &TRIP /Alamy Stock Photo. P. 31 : Porte Synagogue de Bordeaux, Art Directors &TRIP /Alamy Stock Photo. P. 33 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 34 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 34 : Symbole de l’Etat d’Israël, Domaine public. P. 35 : Plafond opéra de Paris par Marc Chagall, Domaine public. P. 35 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 36 : Vitrail de Marc Chagall, P. Spiro / Alamy Stock Photo. P. 37 : Vitrail de Marc Chagall, P. Spiro / Alamy Stock Photo. P. 39 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 40 : Mils et Agora, © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 40 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 40 : Timbre vitrail de Chagall, Collection particulière. P. 41 : Prouta, 1950-1960, Collection particulière. P. 41 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P.42 : Pièce de 10 Agorot, Collection particulière. P. 43 : Agora, 1960, Collection particulière. P. 48 : Ménorah de la Knesset © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 48 : Ménorah de la Knesset © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 48 : Ménorah de la Knesset © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 48 : Ménorah de la Knesset © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 43 : Agora, 1980 P. 43 : Agora, 1985 P. 45 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 46 : Ménorah de Westminster, © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 47 : © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 48 : Ménorah de la Knesset © Editions ADCJ, Le Voyage de Betsalel. P. 49 : Ménorah de la Knesset © imageBROKER / Alamy Banque d’images. Graphisme, illustrations : David Soulam Impression : Danny Battat Publié par les Editions ADCJ 56 rue Hallé, Paris 75014, France – Courriel : contact@adcj.org Dépôt légal : Septembre 2022, ISBN 978-965-91970-8-8 Imprimé en Israël