The Jazz Singer
The Jazz Singer L’immigration des Juifs en Amérique Qui est Al Jolson ? Qui sont les frères Warner ? De la nouvelle au théâtre, du théâtre au cinéma : The Jazz Singer The Jazz Singer (1927) Trois autres versions Pour résumer Conclusion Lexique Pour en savoir plus… The Jazz Singer T HE JAzz SIn g ER The Jazz Singer [Le chanteur de jazz], sorti sur les écrans en 1927 aux États-Unis, est le premier film « parlant » de l’histoire du cinéma. Le synopsis illustre le conflit entre des parents respectueux des traditions religieuses et des enfants attirés par le monde du spectacle et décrit la vie du chanteur américain Al Jolson, acteur principal du film. The Jazz Singer a inspiré des dizaines de remakes et de parodies. L’immigration des Juifs en Amérique L ’ImmI g R A TI O n D Es JU IFs En AmÉRI q U E Les pogroms de la Russie tsariste à la fin du 19e et au début du 20e siècle, les drames de la Première Guerre mondiale en Europe et les brusques changements politiques et économiques -nés de la Révolution communiste- qui affame la Russie entre 1918 et 1922 sont autant de facteurs incitant les Juifs qui n’ont rien à perdre à s’installer aux Etats Unis. Entre 1880 et 1924, deux millions et demi de Juifs débarquent en Amérique, dont plus d’un million six cent mille entre 1900 et 1914. Seule l’entrée en vigueur de l’Immigration Act de 1924, voté en raison d’une propagande antisémite et de problèmes économiques croissants, parviendra à ralentir ce flux migratoire. Désormais, en vertu de cette loi fédérale, une politique de quotas limite l’immigration de chaque groupe ethnique à 2 % de la population que comptait ce même groupe en 1890. Evolution de la population juive à New-York : 1848 10 000 1895 250 000 1917 1 500 000 1940 Près de 3 000 000 Dans les premières années du 20e siècle, l’intégration des Juifs dans la société américaine se fait relativement sans encombre. Les sentiments xénophobes à l’égard de certains groupes ethniques, répandus en Europe, n’ont guère de sens en Amérique où la population est par définition hétérogène. Si les États-Unis accueillent relativement bien les immigrants juifs, une série de lois subsistent visant à la ségrégation de la population afro-américaine. L’esclavage n’a été aboli qu’en 1865 et la discrimination raciale subsiste. Au début du 20e siècle et jusque dans les années 1960, les Noirs subissent nombre de contraintes. Ils ne peuvent prendre place dans les transports publics que dans des zones spéciales situées à l’arrière. Les accès aux restaurants et aux salles de spectacles sont différenciés. Cette politique ségrégationniste, qui interdit aux Noirs de jouer du jazz dans des cabarets L’immigration des Juifs en Amérique / Qui est Al Jolson? fréquentés par des Blancs ou d’enregistrer, donne l’idée à des musiciens blancs de se grimer en Afro-Américains et à enregistrer à leur place. Or, c’est à cette époque que des artistes juifs fraîchement débarqués d’Ellis Island commencent à se faire connaître à Broadway. Parmi ces créateurs et gens du spectacle, on peut citer pêle-mêle Georges Gershwin, Al Jolson, les Marx Brothers, Abraham Goldfaden et Sholem Aleikhem. D’autres, comme les frères Warner, se spécialisent dans l’industrie du cinéma. Beaucoup américanisent leurs noms de scène. Les auteurs traduisent et adaptent le répertoire du théâtre yiddish pour les scènes de Broadway. Alliant l’humour, l’émotion et la musique, ils inventent un nouveau concept : la comédie musicale. Cette dynamique née de la confrontation de deux cultures (juive et américaine) fonctionne aussi sur scène. QU I EsT AL J O LsO n ? Asa Yoelson (qui se fera appeler plus tard Al Jolson) est né en 1886 en Lituanie. On raconte que son père, Moses, qui exerçait le métier de ‘Hazan [chantre à la synagogue] dans un petit village de ce pays balte s’était profondément réjoui de la naissance de son deuxième fils. Il aurait déclaré à sa naissance : « En voilà un qui va être ‘Hazan ». Dès que ses deux fils, Asa et Harry commencent à babiller, leur père Moses entreprend de les préparer à leur futur métier et leur introduit des petits morceaux de bois dans la bouche pour l’agrandir. « Ainsi ils produiront des sons justes et seront de “bons ‘Hazan” ». Qui est Al Jolson? Al Jolson La vie est difficile pour les Juifs en Lituanie, où les cosaques massacrent et pillent les shtetl, enrôlent de force les jeunes garçons et violent les jeunes filles. La famille Yoelson décide d’émigrer aux États-Unis. Moses part seul pour préparer l’installation de sa famille. Après quatre ans, en 1894, il leur envoie suffisamment d’argent pour qu’ils puissent effectuer le voyage. Les deux garçons découvrent alors un mode de vie très différent de celui qu’ils avaient connu jusque-là en Lituanie. Tout les étonne : la profusion des denrées, la liberté des mœurs, l’existence d’autres minorités… Qui est Al Jolson? / Qui sont les frères Warner? La mère d’Asa meurt alors que le garçon a neuf ans. Les deux frères, très attachés à leur mère, fuient la maison autant qu’ils le peuvent. Ils se mettent à vendre des journaux dans la rue, chantent des chansons de Noirs américains pour gagner quelques sous. Le père, Moses, se remarie avec une nièce restée en Lituanie, ce qui ne fait qu’envenimer ses relations avec ses fils. À 15 ans, Asa rejoint son frère aîné qui a déjà quitté la maison. Les deux frères se font connaître sous le nom de Palmer et Jolson. Après quelques années, Jolson se produit seul et prend l’habitude de se grimer en noir. Très rapidement, il devient célèbre et ses disques se vendent à des millions d’exemplaires. En 1927, il est l’acteur principal du premier film parlant, The Jazz Singer, dont l’intrigue est basée sur sa propre histoire. QU I sO nT LEs FRèREs W ARn ER ? Les producteurs jouent un rôle fondamental dans le choix des films. Ce sont eux qui financent, réalisent des bénéfices en cas de succès et perdent leur mise en cas d’échec. Pour The Jazz Singer, ce sont quatre frères (Harry, Sam, Albert et Jack Warner) – les fondateurs et dirigeants de la Warner Brothers – qui produisent le film. Or les Warner, tout comme Al Jolson, sont eux aussi des Juifs fraîchement débarqués aux États-Unis. D’après ce qu’on sait, les parents des frères Warner sont nés en Russie et avaient pour nom Wonskolaser. C’est le père, Benjamin Wonskolaser, qui change son nom en Warner. Cordonnier, Benjamin Warner émigre le premier aux États-Unis dans les premières années du 20e siècle. Il se met immédiatement au travail et économise sou après sou pour faire venir sa femme et son fils, Harry, né en 1881. Qui sont les frères Warner? Les Frères Warner La vie étant plus difficile que ce qu’ils escomptaient, la famille émigre au Canada où naîtront les frères et sœurs de Harry : Sam, Jack, David, Sadie, Fannie, Milton, Betty et Rose. Le père, Benjamin, essaie de faire du commerce sans grand succès et revient avec toute sa famille aux États-Unis pour monter un atelier de ressemelage. L’entreprise, cette fois, connaît un certain succès et Harry fait travailler tous les membres de la famille dans l’affaire. Le ressemelage restera longtemps l’activité principale des frères Warner. Comme le père d’Al Jolson, Benjamin Warner observe les préceptes religieux et veut qu’il en soit ainsi pour ses enfants. A sept ans, Harry parle et lit couramment l’hébreu. Mais si Harry et Albert respectent les traditions juives, les autres enfants, eux, s’en éloignent. Qui sont les frères Warner? / De la nouvelle au théâtre, du théâtre au cinéma Sam s’intéresse au septième art. Il convainc son père et ses frères d’acheter un projecteur pour 1 000 dollars. Rapidement, la famille Warner entre dans l’industrie du cinéma. En avril 1926, les frères Warner décident de produire un long métrage parlant. Ils achètent les droits de la pièce The Jazz Singer pour 50 000 dollars. Le film sort sur les écrans le 26 octobre 1927 à New York et c’est un triomphe. D E LA n O UVELLE A U T HÉ â TRE, D U T HÉ â TRE A U C In ÉmA L’intrigue de The Jazz Singer est basée sur une nouvelle intitulée The Day of Atonement (littéralement « la journée d’expiation », à savoir Yom Kippour) écrite par Samson Raphaelson en 1922 pour le magazine Everybody’s Magazine. Samson Raphaelson écrit, trois ans plus tard, une adaptation pour le théâtre – The Pray Boy – dont il modifia plus tard le titre en The Jazz Singer. Devant le succès de la pièce, les frères Warner décident d’acquérir les droits cinématographiques. La nouvelle, la pièce et les différents films tirés de l’œuvre de Samson Raphaelson ont tous pour sujet le choix difficile de la jeune génération entre la vie juive traditionnelle et le monde profane symbolisé par le spectacle. Ce dilemme a aussi dominé l’existence d’Al Jolson qui, en campant le rôle principal du film de Samson Raphaelson en 1927, interprète donc une version romancée de sa propre vie. On compte au moins 30 versions de The Jazz Singer au théâtre et au cinéma : The Day of Atonement ( Nouvelle,1922 ) Réalisateur : Alan Crosland Société de production : Warner Bros Distribution : Al Jolson – Jaky Rabinowitz May McAvoy – Mary Dale Warner Oland – ‘Hazan Rabinowitz Eugénie Besserer – Sara Rabinowitz De la nouvelle au théâtre, du théâtre au cinéma Synopsis Le film commence un jour de Kippour. Le père de Jaky Rabinowitz est très strict. Depuis cinq générations, un Rabinowitz officie comme ‘Hazan à la synagogue et il compte perpétuer la tradition grâce à son fils doté d’une si belle voix. Il l’attend près du pupitre, car c’est à lui que revient l’honneur d’interpréter Kol Nidré qui ouvre l’office de Yom Kippour. Or le petit Jacky a d’autres choses en tête et a déjà commencé à se faire remarquer en chantant dans les bars de New York. Un ami de la famille le reconnaît et vient rapporter le fait aux parents. Le père furieux veut le fouetter avec sa ceinture. L’enfant se rebiffe et annonce qu’il quitte la maison. À cinq mille kilomètres de New York, Jacky Rabinowitz, devenu Jacky Robin, est remarqué par une danseuse non juive qui va l’aider à se faire un nom, car elle est bouleversée par « la larme qui est dans sa voix ». Les deux jeunes gens tombent amoureux. Ils font ensemble des tournées dans toute l’Amérique et sont engagés dans une revue qui va se jouer à Broadway. C’est la consécration. Jacky rentre chez lui sans prévenir, retrouve sa mère et l’embrasse tendrement. Mais son père surprend son fils et le chasse. Au théâtre, les répétitions vont bon train. Jacky est même la vedette de la revue. Mais son père très malade n’est plus en mesure de chanter à la synagogue. La première est prévue le soir de Kippour. Jacky est déchiré. Va-t-il aller voir son père mourant et, selon les vœux de ce dernier, chanter Kol Nidré, quitte à sacrifier sa carrière, ou va-t-il, comme le souhaite Mary, faire un triomphe sur scène dans son rôle de chanteur de jazz ? Jackie décide d’aller voir son père et chante Kol Nidré. Son père alité reconnaît la voix de son fils et meurt, le sourire aux lèvres. La dernière scène du film, la seule contenant un dialogue parlé synchronisé, montre Jacky de nouveau grimé en noir devenu une tête d’affiche. Il chante « Mamy » pour sa mère assise tout émue au premier rang. Le film exploite un procédé de sonorisation appelé Vitaphone. La bande sonore comporte tout juste 354 mots ! Il connaît un véritable triomphe. Mais aucun des frères Warner ne peut y assister. En effet, la veille de la première, Sam Warner – qui a tant fait pour exploiter le nouveau procédé au cinéma – meurt d’une pneumonie. Ses trois frères assistent à ses obsèques. 13 Trois autres versions TR O Is A UTREs VERs I O ns Jazz Singer (1952) Réalisation : Michael Curtiz Production : Warner Bros Musique : Ray Heindorf, Max Steiner Distribution Danny Thomas : Jerry Golding Peggy Lee : Judy Lane Eduard Franz : David Golding Milfred Dunnock : Mrs Ruth Golding Synopsis Les premières images du film montrent une Étoile de David surmontant le dôme d’un élégant édifice. C’est la grande synagogue de Philadelphie construite en 1790. D’un taxi émerge un jeune soldat. C’est Jerry Golding, le fils du ‘Hazan, retour de la guerre de Corée. Le soldat entre et se dépêche de revêtir un talith [châle de prière] et une kippa [calotte], car l’office de Roch ha-Chana a déjà commencé. À l’intérieur, les femmes et les hommes sont assis côte à côte. Jerry se joint discrètement à la chorale qui le laisse interpréter un solo dans la plus pure tradition de la ‘Hazanout ashkénaze. Toute la communauté l’accueille chaleureusement. Après l’office, tout le monde se congratule. Les hommes enlèvent leur kippa et la mettent dans leur poche. Jerry s’excuse de ne pas raccompagner ses parents, car il doit aller voir une amie. Il reviendra pour le repas. Son père annonce son intention de prendre sa retraite et propose que son fils le remplace au poste de ‘Hazan sans savoir que celui-ci est dans un cabaret et assiste au spectacle donné par Judy, une amie de vieille date. À la maison tout le monde attend Jerry pour le repas de fête. Les convives incluent aussi bien des Juifs que des non-Juifs. Lorsque Jerry arrive enfin, le père lève son verre et annonce que son fils va lui succéder au poste de ‘Hazan. Jerry est très embarrassé. Il n’a aucune intention de devenir ‘Hazan et, de plus, on vient de lui faire une proposition pour jouer à Broadway. Sa mère le soutient, mais son père entre dans une colère noire et le chasse de la maison. Trois autres versions C’est le jour de la première. La mère s’est déplacée à New York pour voir son fils. Mais les critiques ne sont pas tendres et le spectacle doit s’arrêter très vite. Jerry se produit alors dans différentes salles peu connues. Pour gagner sa vie, il fait de petits travaux et ne rechigne même pas à jouer la baby-sitter. Il ne parvient pas à décrocher malgré l’aide de son oncle qui le convainc néanmoins d’assister au Seder de Pessa’h avec ses parents. Judy les rejoint. Une scène montre la jeune fille et la mère de Jerry seules. La jeune fille confie qu’elle est émue d’assister pour la première fois au Seder depuis son départ de la maison parentale. Après le Seder, Jerry annonce à Judy sa décision de devenir ‘Hazan comme son père le souhaitait. Le monde du spectacle n’est pas fait pour lui. D’ailleurs il n’a pas réussi à percer. Il reste donc à Philadelphie et fait son possible pour remplir son office de chantre. Hélas, cet emploi ne lui apporte décidément aucune satisfaction et il décide donc de revenir dans le monde du spectacle. Le père le chasse à nouveau, entre dans la synagogue, ouvre l’Arche et prononce le Kaddish sur son fils. Pourtant, cette fois, le succès est au rendez-vous. En un an, Jerry acquiert une certaine renommée et décroche un rôle dans une comédie musicale à Broadway avec Judy. Sa mère va le voir à l’insu de son mari. Elle est très émue lorsque Jerry annonce sur scène qu’il va chanter pour elle parce qu’elle est dans la salle. Le jour de la première d’un spectacle décisif pour sa carrière, téléphone sonne chez Jerry. On lui demande d’accourir immédiatement au chevet de son père gravement malade. Il s’exécute et implore le pardon de son géniteur, lequel déclare vouloir lui-même présenter ses excuses pour avoir chassé ignominieusement son fils. Il a eu tort de l’obliger à faire ce qu’il ne voulait pas. Jerry comprend que son père lui donne en fait l’autorisation de poursuivre sa carrière d’artiste. Il se rend à la synagogue chanter Kol Nidré. Son père l’entend de sa chambre. La dernière scène montre Jerry qui chante à Broadway devant une salle comble, en présence de son père guéri et de sa mère, tandis que Judy l’observe en souriant depuis les coulisses. Même s’il est basé sur la même intrigue, le film de Michael Curtiz est nettement moins dramatique que The Jazz Singer de 1927. Judy est du même milieu que Jerry et le fait pour ce dernier de faire faux bond pour la première n’est pas vraiment une catastrophe, car le spectacle sera de toute façon assuré puisqu’on aura recours à la doublure. Trois autres versions The Jazz Singer (1959) Réalisation : Ralph Nelson, Production : Ernest D. Glucksman, Musique : Walter Scharf. Distribution Jerry Lewis : Joey Robin / Yossele Rabinowitz, Anna Maria Alberghetti : Genny Gibson, Eduard Franz : Morris Rabinowitz, MollyPicon : Sarah Rabinowitz. The Jazz Singer de Ralph Nelson fait partie de la série Startime de la chaîne de télévision américaine NBC. Ce film, sorti sur les petits écrans en octobre 1959, est intéressant, car deux au moins des acteurs sont juifs et connus en tant que tels : Jerry Lewis (né Joseph Levitch) et Molly Picon la célèbre actrice du théâtre et du cinéma yiddish. Synopsis La grande chanteuse Genny Gibson assiste au spectacle de Joey Robin avec son producteur pour savoir si ce dernier pourrait faire partie de son émission de télévision. Malgré l’insistance de Genny qui connaît déjà le numéro comique de l’intéressé, ce dernier n’a pas l’heur de plaire au producteur. Pour remercier Genny de son intervention, Joey vient la voir chanter. Celle- ci lui propose de participer à son émission de télévision qui se déroulera à Los Angeles. Joey accepte d’autant plus que ses parents habitent cette ville. Il envoie une carte postale à sa mère pour lui annoncer qu’il fera une visite surprise pour l’anniversaire de son père. À Los Angeles, le père est en train d’enseigner la ‘Hazanout à un jeune garçon. Lorsque la mère prononce le nom de « Yossélé » (le diminutif de Joey en yiddish), le père se met en colère : « On ne prononce pas ce nom dans cette maison. Nous n’avons pas de fils ! ». La famille Rabinowitz compte cinq générations de ‘Hazan et notre fils refuse de perpétuer la tradition. Le vieil homme ne peut malgré tout s’empêcher de regarder à la dérobée la photo de son fils plus jeune vêtu d’un talith, coiffé d’une kippa et tenant les rouleaux de la Torah. Trois autres versions C’est l’anniversaire du père de Yossélé. Toute la famille est réunie autour de la table. On apporte le gâteau avec les bougies et on chante Ava Naguila. Soudain la porte s’ouvre. Yossélé entre. Tout le monde se réjouit même si on sent de la tension dans l’air. Le père de Yossélé reproche à son fils de raconter des blagues. Un oncle réplique que le peuple juif a survécu grâce à son humour. Joey raconte qu’il va aussi dans les hôpitaux pour faire rire les enfants et qu’il est heureux de distraire petits et grands. Il annonce à tout le monde qu’il vient de signer un contrat avec la grande chanteuse Genny Gibson. Il chantera un air qu’il a appris de son père sur un rythme de jazz. Son père se met en colère. Il ne supporte pas qu’il ait changé de nom et se produise dans des cabarets pour amuser les gens. Il le chasse de la maison. Joey sort, non sans avoir embrassé la Mézouza. Joey gagne en popularité grâce à son talent et à Genny Gibson. Pourtant, il n’est pas entièrement satisfait tant il brûle d’avoir sa propre émission de télévision et d’épouser Genny. Il est en train de se grimer en noir lorsque son oncle interrompt ses rêveries pour lui demander de se rendre toutes affaires cessantes au chevet de son père gravement malade. Joey répond qu’il voudrait bien, mais que cela lui est impossible, car il ne peut pas rater la première. Il explique à sa mère, venue elle aussi, qu’il respecte son métier comme son père respecte le sien. Sa mère craint le pire. Sur scène, Joey tente de chanter, mais sa voix se brise. Il doit aller voir son père à tout prix, lequel le reçoit chaleureusement tout en se demandant à quel moment il a failli dans l’éducation de son fils. C’est le jour de Yom Kippour et la synagogue n’ayant pas de ‘Hazan, Joey annonce qu’il chantera Kol Nidré car il a encore la foi. Genny et le producteur très en colère arrivent. Le spectacle doit continuer. L’oncle réplique qu’ici un homme va peut-être mourir. Le producteur s’excuse. L’heure de la prière approche et le père veut se rendre à la synagogue pour ne pas décevoir les fidèles. Il fait quelques pas et entend la voix de Joey. La dernière scène montre Joey, le visage grimé en noir, chantant Kol Nidré, enveloppé de son talith et coiffé du bonnet du ‘Hazan. Le visage de son père s’illumine lorsqu’il entend la voix de la chair de sa chair. Trois autres versions Al Jolson et Eugénie Besserer The Jazz Singer (1980) Réalisation : Richard Fleischer Production : Jerry Leider Synopsis Distribution Neil Diamond : Yossele Rabinowitz / Jess Robin Laurence Oliver : le ‘Hazan Rabinowitz Catlin Adams : Rivka Lucie Arnaz : Molly Bell Yossef Rabinowitz est apprenti ‘Hazan. Il écrit des chansons à l’insu de son père et, le soir après l’office, se grime en noir pour se produire dans les cabarets de Harlem. Il a changé son nom en Jess Robin et propose à sa femme Rivka de venir le voir chanter. Rivka refuse. Heureusement, car, dans le cabaret, l’un des spectateurs découvre que Robin n’est pas noir. Une bagarre éclate. La police arrive et Jess jeté en prison. Trois autres versions Son père vient au commissariat pour faire sortir son fils de prison. Apprenant sur place que Yossef se fait appeler Jess et chante grimé en noir, il l’admoneste en ces termes : « N’est-ce pas assez dur d’être juif pour que tu veuilles être noir en plus ? ». Il lui rappelle que chez les Rabinowitz on est ‘Hazan de père en fils depuis cinq générations. Quelque temps plus tard, un ami lui demande de l’accompagner pour chanter à Los Angeles. Mais Jess préfère rester auprès des siens. Il prépare des enfants à la Bar Mitzva, leur apprend les airs liturgiques et continue de composer des chansons en cachette. La vie continue, monotone, jusqu’à ce qu’il reçoive un coup de téléphone de Los Angeles lui demandant d’enregistrer un disque. Rivka reste à New York avec le père de Jess, lequel pressent que son fils ne reviendra pas. À Los Angeles, il rencontre Molly, une jeune femme non-juive qui travaille dans la production. Jess se fait connaître. Tous les soirs, le public lui offre une ovation. Un producteur très connu lui demande de rester à Los Angeles. C’est le début du succès. Il téléphone à sa famille pour les avertir qu’il doit rester quelque temps encore. Sur les conseils de son beau-père, Rivka va à Los Angeles pour le persuader de revenir à New York, mais Jess refuse. C’est la rupture. Le couple se sépare. À Los Angeles, Jess remplit les salles. Son père vient sans prévenir voir son fils et découvre qu’il vit avec Molly. De son point de vue, c’est fini : il a perdu son fils et, en signe de deuil, déchire ses vêtements. Jess pourrait réussir, mais quelque chose est cassé en lui. Il téléphone à son père et lui envoie aussi des lettres qui restent sans réponse. Il abandonne la scène et part seul sur les routes. Barbu, coiffé d’un chapeau de cow-boy, il erre de motel en motel, de restaurant en restaurant et interprète ses chansons. L’un de ses amis le retrouve et lui annonce qu’il est le père d’un petit garçon. Il revient auprès de Molly. Jess répète pour son prochain spectacle lorsqu’on lui annonce que son père est malade et ne peut plus chanter. C’est la veille de la première, Jess abandonne tout pour chanter Kol Nidré. Son père essaie de ne pas le regarder en face. Mais quand Jess lui montre la photo de son petit-fils, il embrasse la photo et sourit. Trois autres versions / Conclusion La dernière scène montre Jess devant une salle comble. Dans le public sont assis côte à côte le père et Molly. Le film est un hymne à l’Amérique : le film s’ouvre sur la Statue de la Liberté puis présente en alternance le drapeau américain et les différentes minorités qui vivent à New York (juifs, asiatiques, Mexicains…). La dernière scène du film montre Jess Robin avec le bras levé dans un geste rappelant la Statue de la Liberté, laquelle figure également sur la première image du film. « Jess en délaissant la tradition s’est donné les moyens de réaliser ses rêves ». C OnC L U s I On Le sujet de The Jazz Singer est simple. Il s’agit d’un homme déchiré entre deux univers : le monde profane symbolisé par le spectacle d’une part et la tradition juive représentée par ses parents d’autre part. Cette opposition entre parents et monde moderne a longtemps été exploitée au théâtre et au cinéma. Mais, pour la première fois, les différentes versions de The Jazz Singer rendent compte d’une réalité supplémentaire : le conflit entre le spectacle – où l’artiste se donne à fond – et la foi qui implique, bien évidemment, un don de soi. Avec le temps, le conflit perd de son intensité. L’amour du héros pour sa mère n’est plus le cœur de l’intrigue. Même si le père reste attaché aux traditions, celles-ci perdent peu à peu de leur rigidité. Le judaïsme est perçu comme un ensemble de traditions appartenant au passé. Le héros choisit de réaliser ses rêves, mais chante quand même Kol Nidré, par respect pour son père, le soir de Yom Kippour. Lexique LExI q U E Abraham Goldfaden : (1840- 1908) Auteur dramatique de quelques quarante pièces de théâtre essentiellement écrites en yiddish. Alan Crosland : (1894-1936) Réalisateur, scénariste et producteur américain. C’est à lui que revient la mise en scène de la version originale du film The Jazz Singer. Al Jolson : (1886-1950) De son vrai nom Asa Yoelson, ce chanteur et acteur a connu un énorme succès pendant la première moitié du 20e siècle. Il est à la fois l’interprète principal du film The Jazz Singer et la personne ayant inspiré l’intrigue du film. Arche : Aron. Niche ou armoire où sont conservés les rouleaux de la Torah dans la synagogue. Assimilation : Processus d’abandon de sa culture propre au profit de la culture ambiante. Bar Mitzva : Cérémonie par laquelle un jeune Juif, à l’âge de 13 ans, accepte les devoirs prescrits par la Torah devant la communauté. Broadway : L’un des principaux axes nord-sud de Manhattan à New-York. Quartier des Théâtres. Au cours des années 1920, près de 200 pièces et comédies musicales se jouaient chaque année à Broadway. Ellis Island : Île située au large de New York. Elle abritait les services américains d’immigration. Georges Gershwin : (1898- 1937) De son vrai nom Jacob Gershowitz. Compositeur de la musique de nombreuses comédies musicales. Auteur de Rhapsody in Blue (1924), un chef-d’œuvre à mi-chemin entre le jazz et la musique classique. ‘Hazan : Terme hébraïque désignant le chantre qui conduit le service de la prière à la synagogue. Hava Naguila :Chant folklorique israélien très populaire en diaspora. Immigration Act : Loi fédérale votée aux Etats-Unis en 1924 pour limiter l’immigration. Lexique Jazz : Genre musical, originaire du sud des États-Unis, créé à la fin du 19e et au début du 20e siècle au sein des communautés afro-américaines. Jerry Lewis : De son vrai nom Joseph Levitch. Né en 1926. Humoriste, acteur, producteur et réalisateur de cinéma. Il interprète Al Jolson dans un remake de The Jazz Singer en 1959. Kaddich : Prière des morts qui ne peut être récitée qu’en présence de 10 hommes. Kippa : Calotte. Kol Nidré : Tous les vœux. Prière d’annulation publique des vœux qui ouvre l’office du soir de Yom Kippour. Les Marx Brothers : Les Frères Marx (Groucho, Harpo, Chico et Zeppo) sont des comédiens ayant fait carrière à Broadway, au cinéma et à la télévision. Très populaires au début des années vingt, ils passent progressivement au cinéma où ils se spécialisent dans des films comiques. Mezouza : Parchemin sur lequel sont écrits deux passages du Deutéronome. Le parchemin est placé dans un étui placé sur la partie droite du chambranle des portes des maisons. Neil Diamond : Chanteur, compositeur et acteur né en 1941. Il interprète le rôle d’Al Jolson dans un remake de Jazz Singer en 1980. Pessa’h : Fête célébrant la sortie d’Égypte et le passage des Hébreux de l’état d’esclavage à la liberté. Pogrom : Mot d’origine russe signifiant « détruire entièrement » désignant les violences perpétrées contre les Juifs de Russie et de Pologne à la fin du 19e siècle et pendant la première moitié du 20e siècle. Roch ha Chana : Nouvel An juif. Rouleaux de la Torah : Copie manuscrite de la Torah sur parchemin. Samson Raphaelson : (1894- 1983) Auteur américain ayant écrit des pièces de théâtre pour Broadway (notamment The Jazz Singer) et travaillé également comme scénariste. Seder : Rituel symbolique lié à la fête de Pessah. Par extension, on emploie le même mot pour d’autres fêtes comme Roch ha-Chana ou Tou bi-Chvat. Lexique Sholem Aleikhem : (1859-1916) Auteur de romans, de nouvelles et de pièces de théâtre. Son personnage Tevye le laitier est devenu le héros du Violon sur le toit (The Fiddler on the Roof), une comédie musicale montée à Broadway en 1964. Schtetl : Bourgade ou quartier juif de l’Europe de l’Est avant la Seconde Guerre mondiale Talith : châle de prière rectangulaire à franges. Vitaphone : Procédé de sonorisation des films utilisé par la Warner Bros entre 1927 et 1930. Warner Bros : L’une des plus grandes sociétés de production pour le cinéma et la télévision fondée en 1923 par les frères Warner. Yiddish : langue parlée dans les communautés achkénazes. Yom Kippour : jour de jeûne, appelé jour du Grand Pardon. En anglais : « The Day of Atonement ». PO U R En s A V O IR PLUs … – Yehudit Friedman, The Jazz Singer and its renditions – Inter-generational Conflict and the Yearning for Cultural and Social Integration, Thesis for the degree of « Doctor of Philosophy », Hebrew University of Jerusalem, 2014. Neher-Bernheim, Renée, Histoire juive, faits et documents de la Renaissance à nos jours. (3ème tome 2ème partie), Editions Klincksieck, Paris, 1974. Groucho Marx, Les Mémoires de Groucho Marx, Editions L’Atalante, Nantes, 1981. Neal Gabler, Le Royaume de leurs rêves, la saga des Juifs qui ont fondé Hollywood, Calmann- Lévy. Michael Rogin, Blackface, White Noise, Jewish immigrants in the Hollywood melting pot, University of California Press. Jim Hoberman et Jeffrey Shandler, Entertaining America, Jews, movies and Broadcasting, Freedom University Press. Moraly, Yehuda, « le grand- père secret du Broadway musical » dans Perspective, revue de l’Université hébraïque de Jérusalem, n°10, 25 2003. Lexique / Pour en savoir plus / Filmographie / Photographies Malachy, Thérèse, « Shalom Aleichem ou la comédie juive », » dans Perspective, revue de l’Université hébraïque de Jérusalem, n°10, 2003. F ILm O g RAPHIE : The Jazz Singer, (1927), Alan Crosland The Jazz Singer (1952-1953), Michael Kurtiz The Jazz Singer (1959), Ralph Neilson The Jazz Singer (1980), Richard Fleischer Jolson Sings Again (1949), Henry Levin The Jolson Story (1946), Alfred E. Green Du Schtetl à Broadway : un film de Fabienne Rousso-Lenoir, France, 2006, 56 minutes. PH O TO g RAPHIEs – Couverture : The Jazz Singer ; Domaine public : https://commons.wikimedia.org/wiki/ File:The_Jazz_Singer_1927_Poster.jpg P.6 Al Jonhson ;Domaine public :https:// commons.wikimedia.org/wiki/File:Al_ Jolson_-_publicity.JPG P. 8 Frères Warner ;Domaine public :https://commons.wikimedia.org/wiki/ File:Warner_Brothers_-_Albert,_ Jack,_Harry_and_Sam.jpg P.15 Al Jolson chante Blue Skies à sa maman Eugénie Besserer ; Domaine public : https://commons. wikimedia.org/wiki/File:The_Jazz_ Singer_(1927).jpg 26 Auteur : Michèle Fingher Graphisme : David Soulam Janvier 2015 Publié par les Editions ADCJ Association pour la Diffusion de la Culture Juive (Association loi 1901) 56 rue Hallé, Paris 75014, France www.levoyagedebetsalel.org Courriel : contact@adcj.org The Jazz Singer (Le Chanteur de jazz), sorti sur les écrans en 1927 aux Etats-Unis, est le premier film « parlant » de l’histoire du cinéma. Le synopsis, basé sur le conflit entre les parents respectueux des traditions religieuses et les enfants attirés par le monde du spectacle, décrit la vie du chanteur américain Al Jolson, acteur principal du film. The Jazz Singer a donné lieu à des dizaines de remakes et de parodies.
‘Hanoukka
‘Hanoukka Histoire de la fête de ‘Hanoukka La situation politique en Judée Les plans d’Antioche Mattathias et la révolte La Ménorah du Temple et le miracle de ‘Hanoukka Lampes à huile Comment allumer les lumières de ‘Hanoukka Huile, mèches et bougies Formes et matériaux L’allumage des bougies de ‘Hanoukka Lexique Pour en savoir plus… ‘Hanoukka 3 ‘HAn O U KKA En hébreu ‘Hanoukka signifie consécration ou inauguration. La fête de ‘Hanoukka a lieu, le 25 Kislev, en plein hiver. Elle commémore la victoire des Maccabées trois ans après la profanation du Temple. La fête dure 8 jours durant lesquels, dans toutes les communautés juives du monde, on allume les ‘Hanoukkiot. Dans le domaine de l’art du quotidien, chaque communauté a élaboré différents modèles de ‘Hanoukkiot. Des représentations de l’allumage des bougies et des us et coutumes des différentes communautés pendant ‘Hanoukka viennent enrichir le témoignage visuel de la fête. HIsTO IRE D E LA FêTE D E ‘HAn O U KKA Quand Juda Maccabée entre dans le Temple pour rétablir le culte, la première chose à faire est de rallumer la Ménorah. Pour cela il faut de l’huile pure. C’est dans les décombres du Temple qu’est découverte une fiole d’huile intacte. L’huile qu’elle contient sert normalement à alimenter la Ménorah pour un jour, mais là, elle va servir à alimenter la Ménorah durant 8 jours. La fête célèbre : le miracle de la fiole, Quand après leur victoire les Hasmonéens voulurent rallumer la Ménorah du Temple ils ne trouvèrent qu’une seule fiole d’huile, scellée au sceau du grand prêtre, que les idolâtres n’avaient pas souillée. Elle contenait une quantité suffisante pour allumer le candélabre pendant un jour. Un miracle se produisit et cette mesure éclaira le luminaire pendant huit jours… (Talmud de Babylone, Traité de Chabbat) la victoire de Juda Maccabée des Hasmonéens, la restauration de la royauté en Erets Israël. L’histoire de ‘Hanoukka n’est pas consignée dans la Torah. La fête est instaurée l’année qui suit l’évènement, le 25 Kislev. Elle est écrite dans les deux livres des Maccabées et dans le récit qu’en a fait l’historien Flavius Josèphe. L’histoire écrite par les Pharisiens retient le miracle de la fiole. Le miracle existe par l’intervention divine. Plus que la victoire militaire, les Pharisiens ont voulu transmettre la lumière. LA s ITU A TI O n P O LITI q U E En JU D ÉE En l’an 333 AEC, Alexandre le Grand conquiert la Judée et c’est ainsi que commence le règne des Grecs en Judée et en Erets Israël. Il permet aux habitants de la région une autonomie relative. A sa mort, ses généraux appelés diadoques s’affrontent. Son royaume se scinde en deux et la guerre éclate entre deux camarades d’armes : le diadoque d’Egypte : Ptolémée. (Ptolémée fonde la dynastie Lagide), le diadoque de Syrie : Séleucos. (Séleucos fonde la dynastie Séleucide). Ptolémée conquiert l’Egypte et fait d’Alexandrie sa capitale. Séleucos règne sur Antioche en Syrie et sur Séleucie en Babylonie. Le général Ptolémée vainc la Judée en 312 AEC. Il protège les Juifs de Judée et leur permet de faire commerce de leurs productions d’huile d’olive et de vin. Son ambition est de conquérir la Syrie. De 281 à 198 AEC, les deux royaumes vont s’affronter à cinq reprises. Les guerres vont transformer la Judée en champ de bataille. Finalement, en 198 AEC, Antioche III roi de Syrie bat l’armée de Ptolémée V d’Egypte. Il conquiert la Judée. Rome s’inquiète de la victoire. Antioche III respecte les traditions de la communauté juive et lui laisse son autonomie. La civilisation grecque gagne les classes aisées de la Judée. Deux courants du judaïsme se forment : les Mityavnim, les hellénisants, les ‘Hassidim. Les Mityavnim, hellénisants, s’habillent comme des Grecs, prennent des noms grecs, adoptent la langue et la culture grecque. Ils appartiennent aux classes aisées de la société. Les ‘Hassidim rassemblent une population qui habite les campagnes. Pour ces derniers, l’acceptation de la culture helléniste amènerait la ruine du judaïsme. LEs PLAns D ‘ AnTI O C HE Lorsqu’Antioche IV arrive au pouvoir en 175 AEC la situation change radicalement pour la communauté juive de Judée. Antioche IV, appelé Antioche Epiphane, est un empereur épris de culture helléniste. Il veut voir briller cette culture dans tous les pays conquis et transformer Jérusalem en ville grecque. Comme il a besoin d’argent pour continuer ses conquêtes militaires il convoite le trésor du Temple. Au Temple, le prêtre Onias III, qui est un ‘Hassid, va être remplacé par son frère Jason qui est helléniste. Jason va proposer à Antioche d’acheter sa charge de prêtre pour 150 talents. En contrepartie il fait construire un gymnase et un éphébion tout près du Temple fréquenté par l’aristocratie sacerdotale. Mais la faveur accordée à Jason dure peu de temps. Il est remplacé par Ménélas qui propose à Antioche d’acheter sa charge de prêtre pour 300 talents de plus que Jason. Ménélas, une fois nommé grand- prêtre, pour réunir les sommes promises à Antioche, pille le mobilier du Temple. En l’an 168 AEC, Antioche Epiphane décide d’effacer toute trace de judaïsme. Il massacre une partie des habitants de Jérusalem et pille le Temple de Jérusalem. Il fait construire un autel dans le Temple en l’honneur de Zeus et y sacrifie des animaux interdits. Il installe des statues de divinités grecques dans le Temple et oblige les Juifs à apporter des offrandes. Il construit des autels dans les villes de Judée. De plus il interdit : le respect du Chabbat, la circoncision, l’étude de la Torah, la célébration de la néoménie. En l’an 167 AEC une partie de la population juive, menée par Mattathias, se soulève contre les oppresseurs. M A T T A THI As ET LA RÉV O L TE Mattathias le Hasmonéen déclenche la révolte contre les Grecs. Il est d’une famille de Cohen c’est-à-dire de prêtres et habite le village de Modiin au nord de Jérusalem. Forcé, par des soldats syriens, pour donner l’exemple, de faire une offrande en immolant des porcs sur un des autels de la ville, il refuse. Une rixe a lieu. Mattathias aidé de ses fils se bat avec les soldats syriens et se réfugie dans les montagnes avec ses cinq fils : Jean, Simon, Judas, Eléazar et Yonathan. L’appel de Mattathias au peuple est : Que celui qui a du zèle pour la Torah me suive. C’est ainsi qu’il est représenté sur une affiche. Le bras levé, il appelle ses fils et le peuple à le suivre. Lithographie, Lion Antokolski, Lituanie, 1902 La lutte de guérilla contre l’armée organisée d’Antioche IV est difficile. Un an après les combats, Mattathias meurt et son fils Juda Maccabée poursuit la résistance. Fin stratège, il va battre les Syriens, reconquérir la Judée et restaurer le culte du Temple de Jérusalem. LA MÉn O RAH D U TEmPLE ET LE mIRA C LE D E ‘HAn O U KKA Moïse donne les instructions à Betsalel pour la construction de la Ménorah. Elle est décrite dans le livre de l’Exode : Tu feras aussi un candélabre d’or pur. Ce candélabre, c’est-à-dire son pied et sa tige, sera fait tout d’une pièce ; ses calices, ses boutons et ses fleurs feront corps avec lui. Six branches sortiront de ses côtés : trois branches du candélabre d’un côté et trois branches du candélabre de l’autre. Trois calices amygdaloïdes à l’une des branches, avec bouton et fleur et trois calices amygdaloïdes, avec bouton et fleur à l’autre branche ; ainsi pour les six branches qui sailliront du candélabre. Le fût du candélabre portera quatre calices amygdaloïdes, avec ses boutons et ses fleurs ; savoir, un bouton à l’origine d’une de ses paires de branches, un bouton à l’origine de sa seconde paire de branches, un bouton à l’origine de la troisième : ils répondront aux six branches partant du candélabre. Boutons et branches feront corps avec lui ; le tout sera fait d’un seul lingot d’or pur. Puis tu feras ses lampes au nombre de sept ; quand on disposera ces lampes, on en dirigera la lumière du côté de sa face. Puis, ses mouchettes et ses godets, en or pur. Un kikkar d’or pur sera employé pour le candélabre, y compris tous ces accessoires. Exode 25 ; 31 – 39 Dans le Temple de Salomon il y a 10 Ménorot en or dans le Hékhal – le Saint. Elles sont sans doute semblables à la Ménorah du Sanctuaire. Pendant 4 siècles, sept flammes alimentées d’huile d’olive sont allumées chaque après-midi par le grand-prêtre. Il se sert d’huile d’olive pure pour allumer les mèches d’un Ner Tamid qui brûle jour et nuit : Et toi, tu ordonneras aux enfants d’Israël de te choisir une huile pure d’olives concassées, pour le luminaire, afin d’alimenter les lampes en permanence. Exode 27 ; 20 Selon une légende, des captifs de Babylonie emmènent avec eux une des Ménorot. Ils la ramènent avec eux lors du retour de Babylonie et la déposent dans le second Temple. Lorsqu’Antioche Epiphane pille le Temple, le candélabre en or est pris en butin. Juda Maccabée, lorsqu’il réinstaure le culte dans le Temple, édifie une nouvelle Ménorah en matériaux simple. Ensuite il la refaçonne en argent et pour finir, quand il a les fonds nécessaires, en or. Lorsque les romains détruisent Jérusalem, ils emportent la Ménorah comme butin de guerre. La fiole scellée, retrouvée dans le Temple au moment où Juda Maccabée veut renouveler le rituel, va servir à rallumer la Ménorah en métal qu’il vient de fabriquer. LAmPEs À HU ILE Flavius Josèphe nous informe que l’année qui suit la reconquête du Temple par Juda Maccabée les habitants de Jérusalem, pour commémorer la date, allument une petite lampe à huile pendant huit jours devant leur habitation. Chaque après-midi une lampe est remplie d’huile et allumée pour se rappeler le miracle. Les premières lampes à huile utilisées pour l’allumage des lumières de ‘Hanoukka sont en terre cuite. Ces lampes ont la forme d’un petit bol où l’on verse l’huile à la surface de laquelle est placée une mèche. Par la suite on ferme le réservoir et on y ajoute un bec par lequel on passe une mèche. Cette lampe couverte est appelée Ner Mekhuse. Puis la lampe va être moulée. Cette technique va réduire le coût de production des lampes et en multiplier le nombre car elles seront fabriquées en série et copiées. Aux époques grecque et romaine, les lampes en terre cuite sont également utilisées. Les lampes à huile, à moins d’être dotées de plusieurs becs comme au Ier siècle AEC, donnent un éclairage équivalant à celui de veilleuses. Posées à plat ou parfois suspendues, elles doivent être remplies d’huile toutes les deux heures et demie environ. De l’époque romaine nous sont parvenues des lampes en terre cuite avec la représentation de la Ménorah et des lampes plus grandes, rectangulaires, avec 8 ouvertures. Ces lampes sont appelées Polymyxos. Les classes sociales élevées utilisent des lampes à huile en bronze. CO mmEnT ALLU mER LEs LU mIÈREs D E ‘HAn O U KKA La lampe de ‘Hanoukka a différentes formes. Elle obéit cependant à certaines règles de Halakha. Les flammes du luminaire doivent être séparées les unes des autres pour ne pas avoir l’air d’une torche et pour bien différencier les huit jours durant lesquels la flamme va brûler, Un Chamach, serviteur en hébreu, allumera toutes les lumières car chaque lumière de ‘Hanoukka a pour seule fonction de témoigner du miracle et ne peut pas servir à allumer une autre flamme. Selon le rav Isaac Alfassi, le Chamach est placé au-dessous des bougies de ‘Hanoukka. A l’époque du Maharal, le Chamach est finalement placé au- dessus des 8 godets et fait partie intégrante de la ‘Hanoukkia. Les lumières de ‘Hanoukka sont allumées tous les soirs précisément avant le coucher du soleil. Les lumières sont placées à l’entrée de la maison et, si cela n’est pas possible, près d’une fenêtre, de manière à ce que la lumière soit vue de la rue. Il y a 2 écoles pour allumer les lumières de ‘Hanoukka : L’école de Chamaï, L’école de Hillel. Selon l’école de Chamaï on allume 8 flammes dès le premier soir et en supprime successivement une, les soirs suivants, pour terminer par une seule flamme. Selon l’école de Hillel on allume une flamme le premier soir et en rajoute une chaque soir suivant pour terminer par 8 lumières allumées. A l’origine chaque famille allume une lampe par maison. En l’absence d’hommes la femme, allumera la ‘Hanoukkia. HU ILE, mÈC HEs ET b O Ug IEs Aux époques grecque et romaine, le proche Orient comme l’Afrique du Nord, l’Espagne, l’Italie et la Grèce produisent de l’huile d’olive. Il est écrit dans le Talmud que la meilleure huile provient de la ville de Tekoa en Judée : Tekoa est la région par excellence de l’huile d’olive. Michna Mena’hot 9-5 Tossefta Flavius Josèphe parle également de la Galilée comme lieu important de production. L’huile d’olive sert à éclairer, à chauffer, à guérir, à parfumer. On l’utilise également en temps de guerre. Flavius Josèphe décrit comment l’huile d’olive bouillante est versée sur les assaillants. Elle sert aussi à des fins religieuses. A l’époque du second Temple l’allumage rituel se fait : au Temple où la Ménorah doit brûler sans interruption, dans chaque foyer où la maîtresse de maison allume les bougies de Chabbat le vendredi, durant les 8 jours de ‘Hanoukka. Cet allumage ne peut pas servir à éclairer. Les rabbins permettent l’huile de lin, l’huile de noix, l’huile de radis, l’huile de poisson, l’huile de coloquinte… jusqu’à ce que Rabbi Tarphon décrète que l’huile la plus adaptée pour l’allumage rituel est l’huile d’olive. Il faut exactement 8 jours pour fabriquer de l’huile d’olive. Pour les mèches, les interdits sont nombreux : on ne peut utiliser ni fibres de lin, ni déchets de soie, ni fibres de saules, ni fibres d’orties, ni algues. La bougie, appelée cire pour chandelles, apparaît vers 1300. Elle tire son nom de la ville de Bougie (Bejaia) en Algérie, d’où on l’importait. Elle se présente sous forme d’une mèche tressée enveloppée de cire. Les bougies de cire d’abeille, de couleur blanche, moulées, cylindriques, étaient onéreuses et utilisées surtout par l’aristocratie pour les salles de réception. Dans les cuisines et les autres pièces de service, on s’éclaire avec des bougies de cire de couleur naturelle (beige), utilisées également en période de deuil. Malgré leur prix, les bougies se doivent d’être changées tous les jours. Ainsi, dans la plupart des foyers, on vit autant que possible à la lumière du jour pour économiser les précieuses bougies, utilisées avec parcimonie et principalement dans les grandes occasions. Au 17e siècle, les bougies deviennent de plus en plus populaires en Europe. F O R mEs ET m A TÉRI A Ux Lampe en albâtre, Yémen, 1900 Les modèles de ‘Hanoukkiot sont aussi nombreux qu’il y a de communautés. Les matériaux employés à leur fabrication sont le cuivre, le bronze, le laiton, l’argent, l’étain, le bois, la céramique, la pierre taillée, le verre. Jusqu’à nos jours, on retrouve des lampes en albâtre au Yémen et en marbre en Afrique du Nord. On utilise l’huile comme combustible pour ce modèle de lampe. ‘Hanoukkia, Europe, 1400 A l’époque des Croisades, la lampe est allumée à l’intérieur des maisons. Elle n’est plus posée mais accrochée au mur par un crochet près de la porte d’entrée. Désormais fabriquée en métal, elle va prendre sa forme avec un dosseret triangulaire décoré d’une rosace ajourée et 8 godets. Cette forme de lampe à dosseret et à godets va influencer la forme des ‘Hanoukkiot en Europe. Elle va être reproduite jusqu’au 15e siècle. ‘Hanoukkia, Pologne, 1890 Au 13e siècle, Rav Mordekhaï ben Hillel écrit : Le nom du cuivre en hébreu, Ne- ‘Ho-She-T, dans lequel est fabriquée la ‘Hanoukkia, est composé des initiales N-‘H- S-T de Ner ‘Hanoukka Shemen Tadlik – Tu allumeras la ‘Hanoukkia avec de l’huile. A la fin du moyen âge, le Chamach est placé au-dessus des godets. Cette ‘Hanoukkia en argent a été fabriquée à Varsovie par l’orfèvre Antoni Riedel. Ce modèle a influencé de nombreux orfèvres et a également été fabriqué en cuivre. ‘Hanoukkia, Allemagne, 1825 Les lumières de ‘Hanoukka ont pour origine le souvenir des lumières du candélabre du Temple. La lampe de ‘Hanoukka peut donc évoquer la Ménorah du Temple et elle est parfois même appelée Ménorah. A l’époque de la Renaissance en Italie, apparaît la ‘Hanoukkia en forme de chandelier qui évoque la Ménorah. Cette forme est en usage dans les communautés d’Europe. La forme de chandelier à 5, 6 ou 8 branches est autorisée par le Talmud. Cependant celle à 7 branches est interdite car elle rappelle la Ménorah du Temple. L’orfèvre Heinrich Kommerel, de Tuebingen en Allemagne, a imaginé ce modèle de ‘Hanoukkia à 8 godets en argent. Le Chamach, au centre, est surélevé par rapport aux autres godets. Lampe de ‘Hanoukka, Allemagne, 1800 Aux 18e et 19e siècles, en Europe, la lampe, appelée Judenstern, a la forme d’une étoile à 8 branches. Destinée à être suspendue au plafond de la synagogue, elle servait également à l’allumage des lumières de ‘Hanoukka. Sa particularité est un personnage sculpté au sommet du fût central. Il est vêtu d’une longue robe et tient un bâton. La plupart de ces lampes ont été fabriquées à Nuremberg. ‘Hanoukkia, Israël, années 50 Dans les années 50 apparaissent des modèles de ‘Hanoukkiot différant de ceux à dosserets ou à pied. Celle-ci a été fabriquée dans l’usine Pal Bell. Maurice Ascalon, connu sous le nom de Moche Klein, a fondé les usines Pal Bell en 1939. Sculpteur de métier, il va créer une nouvelle ligne d’objets cultuels en bronze et en cuivre qui connaîtront un succès en Israël et aux Etats-Unis. L ‘ ALLU mA g E D Es b O Ug IEs D E ‘HAn O U KKA Peu de peintures, de gravures, de lithographies sur Mattathias et ses fils sont parvenues jusqu’à nous. Les peintres ont surtout représenté l’allumage des lumières de ‘Hanoukka qui symbolise le miracle. Le miracle de l’huile qui donna la lumière qu’il nous est recommandé d’allumer et de voir chaque année. Deux toiles de Daniel Moritz Oppenheim et d’Arthur Szyk décrivent l’allumage des lumières de ‘Hanoukka. Ces deux artistes se servent de leurs pinceaux pour présenter au spectateur une communauté idéalisée. Daniel Moritz Oppenheim est considéré comme le premier peintre juif reconnu au sein de la société allemande. Il naît le 7 janvier 1800 à Hanau dans une famille juive orthodoxe. Il entre aux Beaux-Arts à l’âge de 17 ans. Il est le premier peintre juif à recevoir une formation académique classique. Pour parfaire ses études, il fait le voyage en France et en Italie. A Paris, il étudie chez Jean- Baptiste Regnault. De 1821 à 1824, il étudie à Rome avec les Nazaréens, un groupe d’artistes qui aspire à un retour à la peinture religieuse, qu’il teinte de romantisme patriotique. Autoportrait, Daniel MoritzOppenheim, 1814-1816 En 1825, il s’installe à Francfort. Il ne se convertira pas au christianisme pour mener à bien sa carrière d’artiste peintre comme le firent d’autres peintres au 18e siècle. Connu pour ses portraits de personnalités juives et non juives, il peindra également des scènes de vies juives et se servira de son talent pour décrire l’intégration de sa communauté au sein de la société allemande. Allumage des lumières de ‘Hanoukka, Daniel Moritz Oppenheim,Allemagne, 1880 Dans ses scènes de genre, Daniel Moritz Oppenheim va se servir de motifs qui reviennent souvent pour décrire le changement qui s’opère au sein de sa communauté. Les idées du siècle des Lumières vont gagner l’Allemagne. Les Juifs vont, selon les Etats qui composent l’Allemagne, lentement commencer à être admis dans la société allemande. Les personnages de Daniel Moritz Oppenheim ne sont plus habillés comme les Juifs des ghettos. Ils ne portent plus de redingotes noires, ni de Tsitsit. Ils sont habillés à la mode de l’époque. Les chemises blanches et redingotes claires leur confèrent un air respectable. Le calot dont ils sont coiffés ne se porte qu’à la maison. Un bonnet de dentelle recouvre la tête de la mère dont les cheveux sont retenus en chignon, tout comme il en est de la mode de l’époque. Ainsi, à l’extérieur de leur habitation, l’apparence vestimentaire des Juifs ne les distingue plus des autres Allemands. Les intérieurs des maisons appartiennent à la bourgeoisie moyenne. Ce n’est pas le ghetto aux logis étroits. Il y a souvent une bibliothèque avec des livres, une lampe à huile basse suspendue au milieu de la pièce, un miroir, des tables, de grandes fenêtres. L’ambiance est feutrée, posée. On ne sait pas ce qui se passe dehors. L’essentiel est porté sur l’allumage des bougies ainsi que sur l’ambiance de ‘Hanoukka dans une famille juive. L’attitude des personnages est naturelle et décontractée, le père penche sa tête vers son fils pour l’écouter réciter sa prière. A côté, deux hommes assis jouent aux échecs. Les enfants jouent à la toupie. Dans la pièce du fond, des hommes parlent, assis autour d’une table, en attendant que les bougies des ‘Hanoukkiot posées sur le rebord de la fenêtre se consument. Daniel Moritz Oppenheim donne l’image du Juif qui allie modernité et religion. Les Juifs s’intègrent tout en gardant leur pratique religieuse. Leurs habitations, leurs vêtements en sont la preuve. Il informe le spectateur de ces transformations et l’invite à connaître les rites de la communauté juive. Arthur Szyk est né à Lodz, en Pologne, en 1894. Enfant, il montre un don pour le dessin. Il étudie à Cracow et son père l’envoie parfaire son éducation artistique à l’académie Julian à Paris. De retour à Lodz en 1913, il étudie à l’académie de Jan Matejko. Caricaturiste et illustrateur de livres, il aime représenter des scènes bibliques. Il se fait connaître durant l’entre-deux guerres en Pologne, en France, en Angleterre, en Israël et aux Etats-Unis. En 1914, il fait le voyage en Erets Israël avec des artistes polonais. Il est émerveillé par le travail des pionniers. Son voyage est interrompu par la première guerre mondiale. En 1921, il vit de ses dessins en France et continue ses visites en Pologne. En 1937, il est en Angleterre et en 1940, il s’installe aux Etats Unis. Arthur Szyk va se servir de son crayon pour défendre les idées politiques des pays dans lesquels il a vécu, mettant ainsi son art au service du pays d’accueil. L’art n’est pas un but mais un moyen, dira-t-il. Il lutte contre l’antisémitisme par ses dessins. Aux Etats-Unis, il devient populaire. Ses caricatures d’Hitler, de Mussolini et d’Hirohito sont publiées dans la presse. On en fait des posters, des cartes postales, des timbres. 1948 est pour Arthur Szyk l’année de tous les miracles. Il reçoit la nationalité américaine et se dit heureux d’avoir trouvé son chez lui sur une terre de liberté et de justice comme les Etats-Unis. En mémoire de ma mère chérie assassinée par les allemands quelque part dans un ghetto de Pologne, Arthur Szyk, 1942 Il vit l’annonce du 14 mai 1948 de la déclaration de l’indépendance de l’Etat d’Israël comme le moment le plus heureux de sa vie. Il commémore ce moment en enluminant le texte de la déclaration de l’indépendance de l’Etat d’Israël. Il présente près de 25 expositions durant les années de guerre aux Etats- Unis. Après la guerre, il continue son engagement politique et lutte contre les injustices raciales. Après sa mort, en septembre 1951, son œuvre tombe dans l’oubli. Elle est remise à jour en 1991 quand est créée la société Arthur Szyk fondée en Californie par George Gooche. Allumage des lumières de ‘Hanoukka, Arthur Szyk, Etats-Unis, 1948 Arthur Szyk décrit l’allumage des lumières de ‘Hanoukka dans une famille juive polonaise. Cette toile est peinte en 1948. Par les vêtements des personnages, nous comprenons qu’Arthur Szyk ne peint pas un évènement contemporain à son époque. Il peint un souvenir. Un souvenir vécu ou un souvenir raconté. Nous sommes au mois de décembre, en Pologne, et personne ne semble avoir froid. On y voit une famille, le père, la mère et les 4 enfants. L’aîné va allumer la ‘Hanoukkia. Tous les personnages présents écoutent une personne que nous ne voyons pas. Le grand- père, par le geste de la main, intervient. Des voisins assistent à la cérémonie. Le tapis, la tenture, le mobilier, la ‘Hanoukkia, la couleur et les broderies des tissus des vêtements décrivent une famille aisée. LExI q U E AEC : abréviation de avant l’ère commune. Alexandre le Grand : (356-323 AEC) Alexandre III, dit Alexandre le Grand, est roi de Macédoine. Grand conquérant de l’Antiquité son règne dure 11 ans. Ba’al ChemTov : l’acronyme de Becht. Rabbi Israël ben Eliezer (1698-1760) naît en Ukraine. Il est rabbin, kabbaliste, fondateur du ‘Hassidisme. Chabbat : samedi. Septième jour de la semaine juive et jour de repos. Chamaï : président du Sanhédrin, Av Beit Din. Ephébion : salle de sport où s’entraînent de jeunes gens parvenus à la puberté. Erets Israël : terre, pays ou Etat d’Israël. Flavius Josèphe : historien né à Jérusalem en 37. Il est lié à la monarchie des Hasmonéens par sa mère. Il a écrit La Guerre des Juifs contre les Romains (75-79). Gymnase : stade où les sportifs s’entraînent à la course et à la lutte. Halakha : partie juridique du Talmud. ‘Hanoukka : fête célébrée le 25 Kislev (novembre- décembre) qui commémore la victoire de Juda Maccabée sur le roi syrien Antioche Epiphane. ‘Hanoukkia (plur.’Hanoukkiot) : lampe de ‘Hanoukka. Hasmonéen : descendant de Hasmon famille sacerdotale qui dirige la résistance aux Séleucides. ‘Hassidisme : mouvement populaire mystique fondé au 18e siècle par le Baal Chem Tov. Dans la prière l’accent est mis sur le chant, la danse, la joie de vivre. Hillel : Hillel est Nassi c’est- à-dire président du Sanhédrin. C’est un sage venu de Babylonie qui étudie la Torah toute sa vie. Jan Matejko : (1838-1893) peintre polonais, il est le maître de Maurycy Gottlieb. Lexique 27 Juda Maccabée : fils de Mattathias. Il règne sur la Judée de 166 à 160 AEC. Judée : région située entre la mer Morte et la Méditerranée. Judenstern : étoile juive. Nom yiddish donné aux lampes à huile de Chabbat ou de fête en forme d’étoile à 6 branches. Ces lampes sont suspendues au plafond. Kislev : le mois de Kislev coïncide avec novembre- décembre. Ménorah : nom du candélabre à sept branches dont le prototype est confectionné pour le Tabernacle du désert. Mityavnim : hellénisants. Ner Tamid : lumière éternelle. Pharisien : mouvement fidèle à l’observance religieuse. Il apparaît au 2e siècle AEC et joue un rôle dans la conservation et la survie du judaïsme. Rabbi Tarphon : prêtre de la génération qui suit la destruction du Temple, élève de rabbi Yohanan Ben Zakaї, il dirige un centre d’étude à Lod. Talent : monnaie grecque adoptée par Alexandre le Grand. Talith : châle de prière rectangulaire à franges. Temple : allusion au Temple de Jérusalem construit par le roi Salomon sur le Mont Moriah à Jérusalem, il est détruit par Nabuchodonosor II en 586 AEC. Il est reconstruit par les Juifs qui reviennent de captivité de Babylonie en 538 AEC. Le roi Hérode le remanie et l’agrandit en l’an 19 AEC. Titus le détruit en l’an 70. Torah : enseignement. Regroupe les cinq livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Tsitsit : franges longues nouées aux quatre coins du Talith. Zeus : roi des dieux dans la mythologie grecque. PO U R En s A V O IR PLUs… Mireille Hadas-Lebel La révolte des Maccabées 167-142 av. J.-C. Lemme edit, 2012 Mordekhai Narkiss The Hanukkah Lamp Jerusalem, 1939 Nancy M. Berman The Art of Hanukkah Hugh Lauter Levin Associates, Inc. 1996 The Israel Museum Architecture in the Hanukkah Lamp The Israel Museum, Jerusalem, December 1978 Victor Klagsbald A l’ombre de Dieu Peeters 1997 Photographies 29 PH O TO g RAPHIEs – Couverture : Allumage des lumières de ‘Hanoukka, Daniel Moritz Oppenheim, 1880 ; L’art en fête, tome 2, P. 25, Musée d’Israël pour le Voyage de Betsalel. – P. 7 : Lithographie, Lion Antokolski, Lituanie, 1902, Collection Famille Gross. – P. 13 : Lampe en albâtre, 1900, Collection particulière, Israël. P. 14 : ‘Hanoukkia, Europe, 1400 ; https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Hanukiah#/media/File:14th_ century_Hannu kah_lamp_(hanukiah),_France_-Mus%C3%A9e_d’art_et_d’histoire_du_Juda%C3%AFsme.jpg – P. 15 : ‘Hanoukkia, Pologne, 1890, Collection Famille Gross. P. 16 : ‘Hanoukkia, Allemagne, 1825, Collection Famille Gross. P. 17 : ‘Hanoukkia, Allemagne, 1800, Collection Famille Gross. – P. 18 : ‘Hanoukkia, Israël, 1950, Collection Famille Gross. P. 19 : Autoportrait, Daniel Moritz Oppenheim, 1814-1816 ; Domaine public ; https://commons.wikimedia. org/wiki/File:Moritz_Daniel_Oppenheim_-_Self-Portrait_-_Google_Art_Project.jpg. P. 20 : Allumage des lumières de ‘Hanoukka, Daniel Moritz Oppenheim, Allemagne,1880 ; L’art en fête, tome 2, P. 25, Musée d’Israël pour le Voyage de Betsalel. P. 24 : En mémoire de ma mère. , Arthur Szyk, 1942 ; Domaine public ; https://commons.wikimedia.org/wiki/ File:Arthur_Szyk_(1894-1951)._We%27re_Running_Short_of_Jews_(1943),_New_York.jpg. P. 25 : Allumage des lumières de ‘Hanoukka, Arthur Szyk, 1948 ; L’Art en fête, tome 2, p. 25, Yeshiva University Museum pour le Voyage de Betsalel. Graphisme : David Soulam Publié par les Editions ADCJ Association pour la Diffusion de la Culture Juive (Association loi 1901) 56 rue Hallé, Paris 75014, France www.levoyagedebetsalel.org Courriel : contact@adcj.org Jan vier 2015 mise à jour Août 2021 © Florence Soulam En hébreu ‘Hanoukka signifie consécration ou inauguration. La fête de ‘Hanoukka a lieu, le 25 Kislev, en plein hiver. Elle commémore la victoire des Maccabées trois ans après la profanation du Temple. La fête dure 8 jours durant lesquels, dans toutes les communautés juives du monde, on allume les ‘Hanoukkiot. Dans le domaine de l’art du quotidien, chaque communauté a élaboré différents modèles de ‘Hanoukkiot. Des représentations de l’allumage des bougies et des us et coutumes des différentes communautés pendant ‘Hanoukka viennent enrichir le témoignage visuel de la fête.
Pourim
La fête de Pourim La lecture de la Méguila Epoque de l’histoire d’Esther L’histoire d’Esther dans le temps Principaux personnages Ecriture de la Méguila d’Esther L’histoire d’Esther dessinée Des Méguilot d’Esther décorées Les scènes narratives de Moché Pescarol Affiches et objets de Pourim Lexique Pour en savoir plus… Pourim Pourim commémore le moment où le Pour – le sort, lancé par Aman pour fixer la date de l’extermination de tous les Juifs, a été déjoué et la communauté juive de Suse sauvée : …car Aman, fils de Hamedata, l’Agaghite, persécuteur de tous les Juifs, avait formé le dessein d’anéantir les Juifs et consulté le Pour, c’est-à-dire le sort, à l’effet de les perdre et de les détruire… Esther 9 ; 24 La Méguila lue par l’officiant à Pourim n’est pas décorée. Par contre, il n’existe pas d’interdit pour décorer une Méguila appartenant à un particulier et cela dans toutes les communautés. La fête de Pourim / La lecture de la Méguila LA FêTE D E PO U RIm Pourim se déroule sur plusieurs jours : Le 13 Adar est consacré au jeûne d’Esther – Taanit Esther. Le 14 Adar est le Pourim des villes ouvertes et le 15 Adar le Pourim des villes fortifiées : …puis ils avaient pris du repos le 14e jour et en avaient fait un jour de festin et de joie, tandis que les Juifs, dans Suse, s’étaient rassemblés le 13e et le 14e jours et avaient pris du repos le 15e jour dont ils avaient fait un jour de festin et de joie. Esther 9 ; 17 A la maison, on fête Pourim par un grand festin durant lequel on est censé boire suffisamment pour ne plus faire de distinction entre Aman et Mordekhaï. Au cours de la fête, les familles offrent à leurs voisins, à leurs amis et aux pauvres de la nourriture en référence au verset : …des jours de festin et de réjouissances et une occasion d’envoyer des présents l’un à l’autre et des dons aux pauvres. Esther 9 ; 22 Chaque communauté juive fête Pourim et cela depuis que la fête a été instaurée. LA LECTU RE D E LA MÉG U ILA Avant la lecture de la Méguila à la synagogue, on distribue un demi-chekel aux pauvres en souvenir de l’impôt que l’on versait à partir du premier Adar pour contribuer aux travaux de maintenance du Temple. La Méguila est lue à deux reprises : le soir de Pourim après la prière d’Arvit et le matin de Pourim. Hommes, femmes et enfants écoutent sa lecture. La lecture de la Méguila / Epoque de l’histoire d’Esther Celui qui la lit doit prononcer trois bénédictions à l’intention de l’assistance qui répond Amen : Al mikra méguila (sur la lecture de la Méguila), Béni sois-Tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’Univers, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné la lecture de la Méguila. Che assa nissim (qui a fait des miracles), Béni sois-Tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’Univers, qui a fait des miracles pour nos pères en ces jours-là, en ce temps-ci. Che He’heyanou (qui nous a fait vivre). Béni sois-Tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’Univers, qui nous a fait vivre, exister et parvenir jusqu’à ce moment. Lors de la lecture de la Méguila d’Esther, les enfants apportent à la synagogue une crécelle ou un objet avec lequel on peut faire du bruit afin de couvrir le nom d’Aman. EP O q U E D E L ‘HIsTO IRE D’EsT HER L’histoire décrite dans la Méguila d’Esther s’est déroulée en Perse à l’époque du roi Assuérus – A’hachveroch. Un roi puissant qui a régné sur 127 provinces de l’Inde à l’Ethiopie. Il semble que le livre d’Ezra identifie Assuérus à Xerxès Ier roi de Perse (519 à 465 AEC). Mais aucune source ne vient confirmer ces faits, d’où la difficulté de situer l’histoire d’Esther chronologiquement avec précision. Le livre d’Esther, dernier des 5 rouleaux des Hagiographes – Ketouvim, comporte dix chapitres. Il ne cite pas le nom de Dieu. L’histoire d’Esther dans le temps L ‘HIsTO IRE D’EsT HE R D Ans LE TEmP s Dans la Méguila d’Esther, une multitude d’évènements s’enchaînent sans interruption. Le personnage principal du récit est Esther, une jeune fille juive choisie par le roi le plus puissant de l’époque pour devenir reine. L’histoire commence par le festin organisé par le roi Assuérus auquel sont conviés le peuple et les ministres du royaume. La semaine suivante son épouse Vachti refusant de paraître au festin, sur simple ordre du roi, organise de son côté un banquet pour les femmes. En colère contre la rébellion de son épouse il la répudie et décide de se choisir une autre conjointe. Mordekhaї au courant des faits du palais demande à sa nièce Esther de se porter candidate à la place de Vachti et lui recommande de taire son origine juive. De toutes les jeunes femmes qui lui sont présentées Assuérus choisit Esther pour sa grande beauté. Mordekhaï au courant d’un complot fomenté par les propres gardiens d’Assuérus en fait part à Esther. Celle-ci en informe le roi qui ordonne que ces faits soient consignés dans le recueil des annales du palais. Au fil de leur rencontre Aman prend conscience que Mordekhaï refuse catégoriquement de se prosterner devant lui. Pris de rage il décide de détruire toute la nation à laquelle appartient Mordekhaï et fait construire une potence pour l’y pendre. Assuérus, plein de confiance envers son premier ministre, lui abandonne tout pouvoir. Quelque temps plus tard n’arrivant pas à trouver le sommeil Assuérus consulte les recueils des annales et découvre que Mordekhai lui a sauvé la vie et n’en a pas été récompensé. Au petit jour Aman se présente devant le roi pour lui demander d’anéantir le peuple de Mordekhaï. Mais Assuérus prend la parole en premier et demande à Aman d’honorer Mordekhaï comme il se doit pour l’avoir sauvé du complot de Bightan et Terech, les gardiens du palais. L’histoire d’Esther dans le temps Contrit, Aman s’exécute. Mordekhaï informe Esther des plans d’Aman d’anéantir leur peuple et lui demande d’intercéder en sa faveur auprès du roi. Au péril de sa vie Esther se présente devant le roi et le convie ainsi qu’Aman à un banquet. Assuérus demande à Esther l’objet de sa requête. Pour toute réponse Esther les invite tous deux le lendemain pour un second banquet. Lors du second banquet la reine désigne au roi le nom du traitre qui veut anéantir son peuple : Aman. Le roi décide d’utiliser la potence qu’Aman avait préparé pour Mordekhaï pour le pendre lui et ses fils. La colère d’Assuérus s’apaise et Esther sauve son peuple. Considérée comme intemporelle l’histoire d’Esther s’adapte à toutes les communautés de Diaspora. Les Juifs de Suse sont des Juifs de Diaspora. Ils connaissent la langue perse, les us et coutumes des Perses, le palais du roi. Ils n’ont aucun lien avec Jérusalem. Principaux personnages PRIn C I P A UX PERsO nnA G Es Les principaux personnages de l’histoire d’Esther sont trois hommes et trois femmes : Assuérus, Aman, Mordekhaï, Vachti, Zérech, Esther. Assuérus représente l’autorité. Il est marié à Vachti qu’il répudie car elle refuse de se présenter à son festin. Aman représente l’usurpateur du pouvoir. Il est prêt à tout pour régner. Mordekhaï va tout mettre en œuvre pour sauver sa communauté. Vachti représente la rebelle. Elle veut elle aussi, en tant que femme, montrer son autorité. Zerech représente la mauvaise conseillère. Elle ne pense qu’au pouvoir et encourage son mari, Aman, à en acquérir encore plus. Esther lutte pour sauver sa communauté. Le peuple ne réagit pas. Désemparé, il prie en attendant des jours meilleurs. Ecriture de la Méguila d’Esther EC RITU RE D E LA MÉG U ILA D EsT HER L’écriture de la Méguila répond à des règles précises aussi strictes que celles de l’écriture d’un Séfer Torah. Elles sont consignées dans la Massékhet Sofrim, dans le Michné Torah du Rambam et dans le Choul’han Aroukh. Ces lois concernent la préparation du parchemin, la forme des lettres, l’espace entre les lettres et les mots. Si, lors de la copie, le scribe oublie une lettre ou un mot, le rouleau est inutilisable. Les scribes recopient leur texte de manière à avoir le même nombre de lignes du début à la fin du rouleau. Cette règle est fixée par la tradition, et non par la loi. Seul le feuillet où figurent les noms des dix fils d’Aman, est lui imposé par la loi et comporte 11 lignes sur toutes les Méguilot. L’histoire d’Esther dessinée L ‘HIsTO IRE D’EsT HER En ImA G E La première mise en image de l’histoire d’Esther date de l’an 245 et a été retrouvé sur les murs de la synagogue de Doura Europos en Syrie. Fresque, Doura Europos, 245, Syrie Elle illustre le verset : Aman prit donc le vêtement et le cheval, il habilla Mardochée et le promena à cheval par la grande place de la ville, en s’écriant devant lui : Voilà ce qui se fait pour l’homme que le roi veut honorer ! Esther 6 ; 11 Le dessin de la fresque, se lit de droite à gauche et, est composé de quatre parties : A droite, le roi et Esther sont assis sur le trône royal. Les escaliers du trône sont décorés d’aigles et de lions. Un messager remet un pli au roi. Il s’agirait du décret permettant aux Juifs de se défendre. Quatre hommes vêtus de toges romaines accueillent Mordekhaï en le saluant de la main. A Suse, Aman promène Mordekhaï sur le cheval blanc du roi. D Es MÉG U ILO T D’EsT HER D ÉCO RÉEs Aucune règle n’interdit de décorer une Méguila d’Esther lorsqu’elle appartient à un particulier. Mais la Méguila lue par l’officiant à la synagogue, le soir et le matin de Pourim, ne comporte pas de décoration. Avec l’apparition de l’imprimerie, commanditaires et scribes-enlumineurs vont s’inspirer des décors de livres imprimés pour embellir les Méguilot d’Esther. Au fil du temps, les décors floraux et géométriques recouvrent l’espace libre laissé par le scribe. Ces décors sont plus en usage dans les communautés de terre d’Islam où il est rare de voir la représentation d’un personnage. Méguila d’Esther, Maroc, 1775 Sur cette Méguila d’Esther d’Essaouira, au Maroc, l’arabesque, le losange, le cercle, le triangle, le rectangle nous rappellent les motifs courants des tapis et des tatouages du Sud marocain. Sur chaque Méguila, un feuillet entier est laissé au scribe pour écrire les noms des dix fils d’Aman. Des Méguilot d’Esther décorées Selon les lois d’écriture, cet espace doit rester vide. Mais cette règle a rarement été respectée sur les Méguilot écrites pour des particuliers car, mises à part les marges, c’est le seul espace vide où l’artiste peut laisser libre cours à son imagination. Dans cette illustration la fille d’Aman est penchée à la fenêtre pour voir son père promené sur le cheval du roi. Elle jette le contenu d’un pot de chambre sur la personne tenant la bride du cheval royal. Comprenant très vite sa méprise, et voyant qu’elle vient de déverser des eaux sales, sur son père, elle se jette par la fenêtre et se tue. Cet acte met fin à toute possibilité de descendance d’Aman. Cette scène n’est pas racontée dans l’histoire d’Esther et elle est rarement dessinée sur les Méguilot. Elle est citée dans un Midrach (Traité Méguila page 16a). Méguila d’Esther, Hambourg, 1700 Des Méguilot d’Esther décorées Le scribe enlumineur, anonyme, auteur de cette Méguila décrit ici le festin du roi Assuérus. Il y a une sorte de peur du vide dans le décor. Une multitude d’évènements répondent au rythme du récit de l’histoire d’Esther. Au- dessus des premiers versets est dessinée une ville. D’autres Méguilot de la main du même illustrateur ont été retrouvées. Editée à Amsterdam cette Méguila d’Esther a été vendue un peu partout en Europe. Le début de la Méguila est conçu comme la page-titre d’un livre. On y retrouve les bénédictions de la Méguila et les évènements principaux de l’histoire d’Esther. Les décors de la Méguila sont gravés, alors que 18 colonnes sont laissées vides de manière à ce que le scribe puisse écrire son texte. Méguila d’Esther, Allemagne, 1700 Méguila d’Esther, Hollande, 1700 Des Méguilot d’Esther décorées Rarement représentée la scène décrivant la communauté de Suse en prière, au moment de l’intercession d’Esther auprès du roi, figure sur les trois Méguilot de Moché Pescarol. Elle illustre le verset : Va rassembler tous les Juifs présents à Suse, et jeûnez à mon intention; ne mangez ni ne buvez pendant trois jours – ni jour ni nuit- moi aussi avec mes suivantes, je jeûnerai de la même façon. Et puis je me présenterai au roi, et si je dois périr, je périrai ! Esther 4 ; 16 Sur le dessin, dix hommes sont réunis dans une synagogue de Ferrare. Les murs de la synagogue sont blancs, des lampes à huile éclairent la pièce. Il n’y a pas de fenêtres. Les hommes assis ainsi que Mordekhaï portent le Talith et les Téfilines. Mordekhaï est debout devant l’Arche sainte. Il prie pour que le roi Assuérus reçoive Esther mais aussi pour qu’Esther sache comment formuler sa requête et sauver les juifs du royaume d’Assuérus. Méguila d’Esther, Italie, 1619-20 Les scènes narratives de Moché Pescarol LEs sC Èn Es nARR A TIVEs D E MO C HÉ PEsCAR O L Abraham ben Moché Pescarol compte parmi les rares scribes-enlumineurs qui ont signé et daté leurs œuvres. Il est en Italie le premier enlumineur à insérer des scènes narratives qui accompagnent le texte. Trois de ses Méguilot sont parvenues jusqu’à nous. Celle-ci provient de la collection de la famille Gross. Le colophon de la Méguila nous apprend qu’elle a été écrite et enluminée dans la ville de Ferrare. Par comparaison avec les deux premières Méguilot de sa main, celle-ci daterait de 1619-1620. Moché Pescarol a vécu et travaillé en Italie, à Ferrare, en 1618. Les personnages de ses dessins portent des vêtements italiens. Nous ne sommes plus à Suse mais à Ferrare, en Italie. A cette époque une menace plane au-dessus de la communauté juive de Ferrare. Le pape Clément VIII ne reconnaît pas César d’Este comme le successeur du duc Alphonse II d’Este et s’approprie la ville. La cour est alors obligée de quitter la ville de Ferrare et, avec elle, une grande partie de la communauté juive. L’histoire d’Esther est intemporelle et adaptable à chaque communauté menacée comme le fut celle de Suse à l’époque d’Assuérus et comme l’est à ce moment de l’histoire la communauté juive de Ferrare. Moché Pescarol propose quatre lectures possibles de l’histoire d’Esther : par le texte, par les détails issus du Midrach, par les images illustrant le texte, par les faits inspirés de la vie juive à Ferrare. Les scènes narratives de Moché Pescarol …étalant la richesse de son faste royal et la rare magnificence de sa grandeur – cela pendant une longue durée de cent quatre- vingts jours. Esther 1 ; 4 En ce temps-là, le roi Assuérus étant établi sur son trône royal, dans Suse la capitale, il donna, dans la troisième année de son règne, un festin à l’ensemble de ses grands et de ses serviteurs, à l’armée de Perse et de Médie, aux satrapes et aux gouverneurs des provinces [réunis] en sa présence… Esther 1 ; 2-3 Les scènes narratives de Moché Pescarol La reine Vachti donna, de son côté, un festin aux femmes dans le palais royal appartenant au roi Assuérus. Esther 1 ; 9 Lorsque ces jours furent révolus, le roi donna à toute la population présente à Suse, la capitale, aux grands comme aux petits, un festin de sept jours dans les dépendances du parc du palais royal. Esther 1 ; 5 Les scènes narratives de Moché Pescarol Le septième jour, comme le cœur du roi était mis en liesse par le vin, il ordonna à Mehouman, Bizzeta, Harbona, Bigta, Abagta, Zêtar et Carcas (les sept eunuques qui étaient de service auprès du roi Assuérus), d’amener devant le roi la reine Vachti… Esther 1 ; 10-11 Mais la reine Vachti refusa de se présenter, suivant l’ordre du roi transmis par les eunuques. Le roi en fut très irrité, et sa colère s’enflamma. Esther 1 ; 12 Les scènes narratives de Moché Pescarol … de façon à ne pouvoir être rapporté, dispose que Vachti ne paraîtra plus devant le roi Assuérus, et que sa dignité royale sera conférée par le roi à une autre femme valant mieux qu’elle. Esther 1 ; 19 Puis le roi, s’adressant aux sages, initiés à la connaissance des temps – car c’est ainsi que les affaires du roi étaient portées devant ceux qui connaissent la loi et le droit ;… Esther 1 ; 13 Les scènes narratives de Moché Pescarol Le roi se prit d’affection pour Esther plus que pour toutes les autres femmes; mieux que toutes les jeunes filles elle gagna ses bonnes grâces et sa bienveillance. Il posa la couronne royale sur sa tête et la proclama reine à la place de Vachti… Esther 2 ; 17 Tous les serviteurs du roi, admis à la cour royale, s’agenouillaient et se prosternaient devant Aman, car tel était l’ordre donné par le roi en son honneur ; mais Mardochée ne s’agenouillait ni ne se prosternait… Aman, s’apercevant que Mardochée ne s’agenouillait ni se prosternait devant lui, fut rempli d’une grande colère. Esther 3 ; 2,5 Les scènes narratives de Moché Pescarol … alors que Mardochée se tenait à la porte du roi, Bigtân et Térech, deux des eunuques du roi, préposés à la garde du seuil, … cherchèrent à attenter à la vie du roi Assuérus. Mardochée eut connaissance du complot et en informa la reine Esther, qui en fit part au roi au nom de Mardochée. Une enquête fut ouverte, qui confirma la chose ; les deux [coupables] furent pendus à une potence,… Esther 2 ; 21,22,23 Puis Aman dit au roi Assuérus : Il est une nation répandue, disséminée parmi les autres nations dans toutes les provinces de ton royaume ; ces gens ont des lois qui diffèrent de celles de toute autre nation ; quant aux lois du roi, ils ne les observent point: il n’est donc pas de l’intérêt du roi de les conserver. ther 3 ; 8 Les scènes narratives de Moché Pescarol On convoqua les scribes du roi le treizième jour du premier mois, et un message fut rédigé, d’après les prescriptions d’Aman, à l’adresse des satrapes du roi, des gouverneurs de chaque province et des seigneurs de chaque nation seigneurs de chaque nation – en conformité avec le système d’écriture de chaque nation et l’idiome de chaque peuple – ; le message était écrit au nom du roi et scellé du sceau royal. Esther 3 ; 12 Et dans chacune des provinces, partout où parvinrent l’ordre du roi et son édit, ce fut un grand deuil pour les Juifs, accompagné de jeûnes, de pleurs et de lamentations : la plupart s’étendirent sur un cilice et sur des cendres. Esther 4 ; 3 Les scènes narratives de Moché Pescarol Elle envoya des vêtements pour les mettre à Mardochée, en enlevant son cilice ; mais il ne les accepta point… ; Il lui remit aussi le texte de l’ordre écrit qui avait été promulgué à Suse de les exterminer, pour le montrer à Esther et la mettre au courant, … Esther 4 ; 4,8 Les suivantes d’Esther et ses eunuques vinrent lui raconter la chose, et la reine en fut toute bouleversée… ; Alors Esther appela Hatac, un des eunuques du roi qu’on avait attaché à son service, et le dépêcha à Mardochée pour savoir ce que cela voulait dire et pourquoi cette manière d’agir. Esther 4 ; 4,5 Les scènes narratives de Moché Pescarol Va rassembler tous les Juifs présents à Suse, et jeûnez à mon intention ; ne mangez ni ne buvez pendant trois jours – ni jour ni nuit – moi aussi avec mes suivantes, je jeûnerai de la même façon. Et puis je me présenterai au roi, et si je dois périr, je périrai ! Esther 4 ; 16 … et pour lui recommander de se rendre chez le roi, afin de lui présenter une supplique et de le solliciter en faveur de son peuple. Hatac revint et rapporta à Esther les paroles de Mardochée. Esther 4 ; 8,9 Les scènes narratives de Moché Pescarol Cette même nuit, comme le sommeil fuyait le roi, il ordonna d’apporter le recueil des annales relatant les événements passés, et on en fit la lecture devant le roi. Esther 6 ; 1 Lorsque le roi aperçut Esther debout dans la cour, elle éveilla sa sympathie, et le roi tendit à Esther le sceptre d’or qu’il tenait en main. Esther s’avança et toucha l’extrémité du sceptre. Esther 5 ; 2 Les scènes narratives de Moché Pescarol Va vite, dit le roi à Aman, prendre le vêtement et le cheval dont tu as parlé, et fais comme tu l`as dit à l’égard du Juif Mardochée, qui est assis à la porte du roi ; n’omets aucun détail de tout ce que tu as proposé. Esther 6 ; 10 Aman étant entré, le roi lui dit : Que convient-il de faire pour l’homme que le roi désire honorer ? Et Aman de se dire à part soi : Est- il quelqu’un à qui le roi tienne à rendre plus d’honneurs qu’à moi-même ? Esther 6 ; 6 Les scènes narratives de Moché Pescarol Aman raconta à sa femme Zérech et à ses amis tout ce qui lui était advenu ; et ses sages et sa femme Zérech lui dirent : S’il est de la race des Juifs, ce Mardochée devant qui tu as commencé à tomber, tu ne pourras l’emporter sur lui ; au contraire, tu t’écrouleras entièrement. Esther 6 ; 13 Aman prit donc le vêtement et le cheval, il habilla Mardochée et le promena à cheval par la grande place de ta ville, en s’écriant devant lui : Voilà ce qui se fait pour l’homme que le roi veut honorer ! Esther 6 ; 11 Les scènes narratives de Moché Pescarol Et le second jour encore, le roi dit à Esther pendant le festin, à l’heure du vin : Fais connaître ta demande, reine Esther, et elle te sera accordée… La reine Esther répondit en ces termes : Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, et si tel est le bon plaisir du roi, puisse-t-on, à ma demande, me faire don de la vie et, à ma requête, sauver mon peuple !… Cet homme, répliqua Esther, cruel et acharné ; c’est ce méchant Aman que voilà ! Esther 7 ; 2,3,6 Le roi s’était dans sa colère, levé du festin pour gagner le parc du palais… Esther 7 ; 7 Les scènes narratives de Moché Pescarol Alors Harbona, un des eunuques, dit devant le roi : Ne voilà-t-il pas que la potence, préparée par Aman pour Mardochée, qui a parlé pour le salut du roi, se dresse dans la maison d’Aman, haute de cinquante coudées ! Qu’on l’y pende ! s’écria le roi. Esther 7 ; 9 … les dix fils d’Aman, fils de Hamedata, persécuteur des Juifs, ils les mirent à mort… Esther 9 ; 10 Les scènes narratives de Moché Pescarol / Affiches et objets de Pourim C’est pourquoi les Juifs des campagnes, qui habitent des villes ouvertes, font du quatorzième jour du mois d’Adar un jour de joie, de festin, un jour de fête, et s’envoient réciproquement des cadeaux. Esther 9 ; 19 AFFI C HEs ET O b jETs D E PO U RIm Cette affiche célébrant Pourim a été imprimée dans le premier atelier de lithographie ouvert à Jérusalem par Abraham Leib Monsohn en 1892. Elle fait partie de ses premiers travaux. Monsohn a utilisé pour cette composition des dessins originaux et des copies d’illustrations sur Pourim. On peut y voir de droite à gauche : L’audience d’Esther auprès du roi Assuerus, Mordekhaï sur le cheval du roi, Les coursiers, La pendaison d’Aman, La pendaison des fils d’Aman. Affiches et objets de Pourim Affiche de Pourim, Erets Israël, fin 19e siècle Le dessin de cette affiche a été réalisé par Moché Chah Mizra’hi, l’un des premiers artistes à essayer de vivre de son art au début du 20e siècle à Jérusalem. En habillant ses personnages de l’uniforme porté par les soldats turcs de son époque, il donne un style personnel à ses compositions. Affiches et objets de Pourim / Adloyada à Tel Aviv Dans certaines communautés, on disposait les mets sur des assiettes ou dans des boîtes en bois. Sur le fond de cette assiette en faïence, on peut voir Mordekhaï promené par Aman sur le cheval du roi. Vêtu d’un manteau rouge au large drapé et coiffé d’un chapeau à plumes, il tient le sceptre du roi à la main. Aman est coiffé d’un tricorne et porte la moustache. Il est habillé d’un justaucorps s’arrêtant au genoux qui laisse apparaître une épée. Autour de la scène située sur le fond de l’assiette est écrit : Voilà ce qui se fait pour l’homme que le roi veut honorer ! Esther 6 ; 9 Sur l’aile de l’assiette on peut lire : …d’envoyer des présents l’un à l’autre et des dons aux pauvres. Esther 9 ; 22 Assiette en faience, les Islettes, France, 18e siècle AD LO y AD A à TEL A VIV Le premier défilé de Pourim, appelé à l’époque carnaval, s’est déroulé à Tel Aviv en 1912. Selon les témoignages, beaucoup de monde y a assisté. Adloyada à Tel Aviv Programme du défilé de l’Adloyada, Tel Aviv – Jaffa, Israël, 1955 En 1932, l’écrivain Berkovitch propose de nommer le défilé Adloyada, en se référant à une explication rabbinique où il est prescrit de boire à Pourim jusqu’à ne plus distinguer entre Béni soit Mordekhaï et Maudit soit Aman. Le mot Adloyada est alors entré dans le langage courant. Ce programme du défilé qui date de 1955 porte le sceau de la ville de Tel Aviv – Jaffa. Il montre Aman menant par la bride le cheval royal monté par Mordekhaï. Effacer le souvenir d’Aman EF F A C ER LE sO UVEn IR D ‘ AmAn Lors de la lecture de la Méguila d’Esther à Pourim les enfants ont l’habitude d’apporter à la synagogue une crécelle qu’ils font tourner à toute vitesse lorsque le nom d’Aman est prononcé. Cette coutume d’effacer tout souvenir d’Aman trouve sa source dans le verset du Deutéronome concernant Amalec, peuple ancien mentionné dans la Bible, descendant d’Esaü ; il vivait dans les terres désertiques du sud du pays d’Israël. C’était un peuple de nomades guerriers vivant de razzias. Souviens-toi de ce que t’a fait Amalec, lors de votre voyage, au sortir de l’Egypte ; comme il t’a surpris chemin faisant, et s’est jeté sur tous tes traînards par derrière. Tu étais alors fatigué, à bout de forces, et lui ne craignait pas Dieu. Aussi, lorsque l’Eternel, ton Dieu, t’aura débarrassé de tous tes ennemis d’alentour, dans le pays qu’il te donne en héritage pour le posséder, tu effaceras la mémoire d’Amalec de dessous le ciel : ne l’oublie point. Deutéronome 25 ; 17, 18,19 La coutume de faire du bruit lorsque le nom d’Aman est prononcé a été instaurée par les rabbins ashkénazes. Elle figure ainsi dans le Ora’h ‘Haïm : …quand le lecteur mentionne le nom d’Aman et de ses fils, les jeunes enfants frappent et frottent deux pierres lisses ou deux bouts de bois sur lesquels ont été inscrits le nom d’Aman et de ses fils, constamment, jusqu’à ce que ces noms soient entièrement effacés. Mais faire du bruit à chaque mention du nom d’Aman afin d’effacer son souvenir n’est pas particulier à Pourim ; en effet, certaines communautés ont l’habitude de faire du bruit quand est prononcé le nom d’un ennemi d’Israël. Crécelle en bois, 20e siècle,Israël Crécelle en métal, 20e siècle, Israël Les formes de crécelles diffèrent selon les communautés. Parmi les plus connues, celles faites d’un manche et d’une partie rotative dont la lame en bois craque sur la partie crantée du manche. D’autres ont la forme d’un marteau composé d’un manche et d’une tête, de castagnettes, ou encore de boîte au centre de laquelle se trouve un rouleau qui se divise en vagues et sur lequel s’appuient de petites languettes de bois ou de métal reliées aux parois de la boîte. Elles peuvent être en bois, corne, métal, pierre ou plastique. Lexique LEXI q U E Abraham Leib Monsohn : (1871-1930) étudie la lithographie à Frankfort. Il revient en Israël en 1892 et ouvre avec son frère la première imprimerie couleurs à Jérusalem. Adar : le mois d’Adar coïncide avec février-mars. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Amalec : petit-fils d’Esaü dont il est dit qu’il est l’ancêtre d’Aman. Aman : premier ministre du roi Assuérus. Arche sainte : Aron ha-Kodech. Niche ou armoire où sont conservés les rouleaux de la Torah à la synagogue. Arvit : office du soir. Assuérus : roi de Perse identifié à Xerxès 1er. Berkovitch Isaac Dov : (1885- 1967) originaire de Biélorussie, enfant il étudie au ‘Heder. Auteur, éditeur et traducteur de Chalom Aleichem, il vit aux Etats- Unis où il écrit en hébreu et en yiddish. Chekel : ancienne monnaie hébraïque appelée sicle dans l’antiquité. Choul’han Aroukh : codification de la Halakha, loi religieuse rédigée par Joseph Caro à Safed au 16e siècle. Colophon : note à la fin d’un ouvrage qui renseigne le lecteur sur le titre de l’œuvre, le nom de l’auteur, du copiste ou de l’enlumineur, la date d’écriture, la date d’impression, l’imprimeur. Deutéronome : Devarim. Cinquième livre du Pentateuque. Demi-Chekel : à l’époque du Temple pièce en argent collectée une fois par an pour l’entretien du service du Temple. Esaü : frère jumeau de Jacob et fils d’Isaac et Rebecca. Esther : reine des Perses, deuxième épouse du roi Assuérus. Elle sauve son peuple du massacre projeté par Aman. Ezra : prêtre issu de la tribu de Levi, qui a ramené de Babylone quelques 5000 exilés à Jérusalem après la destruction du 1er Temple. Lexique Halakha : partie juridique du Talmud. Massekhet Sofrim : traité du Talmud relatif à l’écriture et aux règles des livres saints et de la Loi. Méguila : rouleau. Méguilat Esther : rouleau d’Esther. La Méguila d’Esther relate comment à l’époque du roi Assuérus la reine Esther, d’origine juive, aidée de son oncle Mardochée déjoua les plans du premier ministre Aman qui voulait la destruction de tous les Juifs du royaume. Michné Torah : yad ‘Hazaka. Code de la loi juive rédigé par Maimonide. Moché Chah Mizra’hi : artiste originaire de Téhéran. Il arrive en Israël en 1880 et vit à Jérusalem où il travaille en tant que scribe enlumineur. Mordekhaï : Mardochée. Fils de Yaïr de la tribu de Benjamin ; c’est lui qui élève Esther jusqu’à ce qu’elle entre au harem du roi Assuérus. Ora’h ‘Haïm : section du Choul’han Aroukh qui traite des lois journalières de la vie juive, des bénédictions, du Chabbat, des fêtes et des jeunes. Pourim : sorts. La fête de Pourim a lieu le 14 et le 15 Adar. Elle commémore la victoire des Juifs sur leurs ennemis. Rambam : (1138-1204) originaire de Cordoue, il est connu sous le nom de Moise Maimonide. Auteur du Sefer ha-Mitsvot, du Michné Torah et du Guide des égarés, il est considéré comme le plus grand penseur du moyen âge. Sefer Torah : copie manuscrite de la Torah sous forme d’un rouleau. Suse : ville de l’empire perse. Talith : châle de prière rectangulaire à franges. Taanit Esther : jeûne d’Esther. Téfilines : deux boîtes quadrangulaires en cuir, retenues par des lanières, que les hommes portent au bras gauche et sur le haut du front pendant la prière du matin. Vachti : première femme d’Assuérus. Zerech : femme d’Aman. Pour en savoir plus PO U R En s A V O IR PLUs… Gaster, Purim and Hanukkha in Custom and Tradition, New York 1950. M.Metzger, Un type de Méguila illustrée, Bulletin de nos communautés, Mars, 1960. M. Metzger, The John Rylands Megillah and some other Illustrated Megilloth of the XVth to XVII centuries, Bulletin of the John Rylands Library Manchester, 45, 1, 1962-63, pp. 148-184. M Metzger, Une Méguila rococo du XVIIIe siècle, Bulletin de nos communautés, 20, 1964, p.3 L. Altshuler, Esther Scrolls from the H.U.C.A, 1975. M. Garel, An Esther Scroll by Shalom Italia Israel Museum Journal, 5, 1986, pp. 107-108. Philipp Goodman, The Purim Anthology, The Jewish Publication Society, 1988 E. Fromovic, The Perfect Scribe and an Early Engraved Esther Scroll, British Library Journal, 23/1, 1997, pp. 68-79. PH O TO G RAPHIEs P. 8 : Fresque de la synagogue de Doura Europos, 245, Syrie. L’Art en fête, tome 2, p.45, Museum Beth Hatefutsoth P. 9 : Méguilat Esther, Maroc, 1775, L’Art en fête, tome 2, p.49, Collection Famille Gross P. 10 : Méguilat Esther, Italie, 1745,L’Art en fête, tome 2, p.55 Collection Famille Gross – P. 10 : Méguilat Esther, Autriche, 1825, Collection Famille Gross – P. 10 : Méguilat Esther, Hambourg, 1700, Collection Famille Gross P. 11 : Méguilat Esther, Allemagne, 1700, L’Art en fête, tome 2, p.54, Collection Famille Gross P. 11 : Méguilat Esther, Hollande, 1700 , L’Art en fête, tome 2, p.51, Collection Famille Gross P. 12 : Méguilat Esther, Italie, 1619-20, L’Art en fête, tome 2, p.53, Collection Famille Gross – P. 14-28 : Méguilat Esther, Moche ben Abraham Pescarol, Italie, 1619-20, Collection Famille Gross – P. 29 : Affiche de Pourim, Erets Israël, fin 19e siècle, L’Art en fête, tome 2, p.59, Collection Famille Gross – P. 30 : Assiette en faïence, les Islettes, France, 18e siècle, France, L’Art en fête, tome 2, p. 60, Musée du MAHJ P. 31 : Programme du défilé de l’Adloyada, Tel Aviv – Jaffa, 1955, Israël. L’Art en fête, tome 2, p.67, Département des Collections Spéciales et des Archives Universitaires, Bibliothèque Universitaire de Stanford P. 32 : Crécelle en bois, Collection particulière P. 33 : Crécelle en métal, Collection particulière Auteur : Florence Soulam Graphisme : David Soulam Janvier 2021 Publié par les Editions ADCJ Association pour la Diffusion de la Culture Juive (Association loi 1901) 56 rue Hallé, Paris 75014, France www.levoyagedebetsalel.org Courriel : contact@adcj.org Pourim commémore le moment où le Pour – le sort, lancé par Aman pour fixer la date de l’extermination de tous les Juifs, a été déjoué et la communauté juive de Suse sauvée : …car Aman, fils de Hamedata, l’Agaghite, persécuteur de tous les Juifs, avait formé le dessein d’anéantir les Juifs et consulté le Pour, c’est-à-dire le sort, à l’effet de les perdre et de les détruire… (Esther 9 ; 24).
La Ketouba
Sommaire Le mariage dans le Pentateuque Le Mohar et le Mattan Le contrat de mariage pré-rabbinique Le mariage à l’époque talmudique Les fiançailles et le mariage Le libellé de la Ketouba L’évolution du Mohar : Tossefet, Nedounya, Tossefet ha-chlich Calligraphie Scribes et enlumineurs La Ketouba enluminée Lexique Pour en savoir plus… La Ketouba LA KETO U bA L’étymologie du mot Ketouba signifie écrit. Ce document fait son apparition au retour de l’exil de Babylonie. La Ketouba nous renseigne sur la date et le lieu de la cérémonie, le nom des époux et parfois ceux des parents, les engagements du mari envers son épouse, les montants du douaire et de la dot – les clauses les plus importantes du document – ainsi que sur le nombre et les noms des divers témoins officiellement présents lors de la cérémonie. Les plus anciens contrats de mariage décorés datent du 10e siècle. Ils ont été découverts à la genizah du Caire en Egypte. Feuille volante parfois abondamment illustrée, la Ketouba enluminée représente, dans le domaine de l’art juif, un témoignage majeur de l’activité artistique des diverses communautés juives dans le monde. Le mariage dans le Pentateuque LE mARI A g E D Ans LE PEn T A TEUq U E Le Pentateuque est prodigue en détails sur les unions prohibées. Cependant, de la Genèse au Deutéronome, les renseignements sur le mariage, les obligations entre conjoints, le contrat de mariage, la cérémonie de noce, n’abondent pas et figurent de manière éparse et succincte. La Genèse nous renseigne sur la création du monde et nous rapporte les faits principaux de l’histoire des familles d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. On y apprend que le sixième jour Dieu créa l’homme puis, afin qu’il ne demeure pas seul, il lui fit une aide : L’Éternel-Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit isolé ; je lui ferai une aide digne de lui. Béréchit 2 ; 18 Eve est créée afin d’apprendre à Adam le partage. Les rabbins de l’époque du Talmud déduisent de ce verset que le mariage est d’essence divine et que seule cette union à caractère complémentaire permet à l’homme de mener une existence équilibrée. Ce verset ouvre d’ores et déjà la discussion au sujet de la monogamie. Il est précisé … Je lui ferai une aide… Le Pentateuque mentionne cependant plusieurs exemples de polygamie mais la préférence va à la monogamie. Les épouses, dans les cas de polygamie, sont généralement issues d’une même famille et s’il en est autrement les causes de l’union sont toujours justifiées. Ainsi Abram prend une seconde épouse, Agar, sur l’instigation de Saraï son épouse : Saraï dit à Abram : Hélas ! L’Éternel m’a refusé l’enfantement ; approche-toi donc de mon esclave : peut-être, par elle, aurai-je un enfant. Abram obéit à la voix de Saraï. Béréchit 16 ; 2 Ou encore Jacob épouse Léa en premières noces, et non Rachel qu’il aime vraiment, à la suite d’une machination de Laban son beau-père : Mais, le soir venu, il prit Léa sa fille et la lui amena et Jacob s’unit à elle. Béréchit 29 ; 23 Le mariage dans le Pentateuque Quand Jacob se sépare de Laban, celui-ci lui arrache la promesse de ne pas épouser d’autres femmes : Si tu outrageais mes filles ; si tu associais d’autres épouses à mes filles… nul n’est avec nous ; mais vois ! Dieu est témoin entre moi et toi ! Béréchit 31 ; 50 On constate dans le Pentateuque de légères modifications quant à la manière dont sont contractées les premières unions. Il est écrit prendre une femme : Lamekh prit deux femmes, la première nommée Ada, et la seconde Tsilla. Béréchit 4 ; 19 Ou bien choisir une femme : Les fils de la race divine trouvèrent que les filles de l’homme étaient belles, et ils choisirent pour femmes toutes celles qui leur convinrent. Béréchit 6 ; 2 L’homme choisit sa femme mais aucun détail n’est signalé quant à l’acquiescement de la femme. A l’époque des Patriarches, une innovation apparaît. Le terme donner sa fille est employé pour la première fois : Laban répondit : J’aime mieux te la donner que de la donner à un autre époux… Béréchit 29 ; 19 L’union devient un accord passé entre le père et le futur époux, auquel la femme ne prend pas de part active. A une époque où les mariages précoces étaient une pratique courante, le père agissait en tant que représentant légal de sa fille et décidait du choix de l’union afin de la protéger. Une fois celle-ci majeure ou mariée, le père est alors déchu des droits qu’il a sur elle. Si la jeune femme n’a ni père ni tuteur, elle est alors libre de faire le choix qui lui convient et de contracter elle-même le mariage : Voici ce que l’Éternel a prescrit au sujet des filles de Celof’had : elles pourront épouser qui bon leur semblera ; toutefois, c’est dans une famille de leur tribu paternelle qu’elles doivent contracter mariage. Bamidbar 36 ; 6 Le mariage dans le Pentateuque Les unions entre membres d’une même tribu sont les seules autorisées jusqu’à l’époque postérieure au partage de la terre entre les 12 tribus, cela sans doute dans le but de préserver l’héritage et les biens de chaque tribu : De la sorte, aucun héritage, chez les enfants d’Israël, ne sera transporté d’une tribu à une autre, mais chacun des enfants d’Israël demeurera attaché à l’héritage de la tribu de ses pères. Bamidbar 36 ; 7 Par la suite, il y a des unions entre jeunes de tribus différentes, mais les mariages avec des étrangers restent interdits, à moins que le conjoint étranger ne se plie à la Loi : Toutefois, à ce prix nous serons d’accord avec vous : si vous devenez comme nous, en circoncisant tout mâle d’entre vous. Béréchit 34 ; 15 Pour les peuples de l’Antiquité, la manière la plus simple de valider un mariage était la cohabitation. Elle fut adoptée par les Hébreux à l’époque des Patriarches : lsaac la conduisit dans la tente de Sarah sa mère ; il prit Rébecca pour femme et il l’aima et il se consola d’avoir perdu sa mère. Béréchit 24 ; 67 Cette coutume ne nous renseigne pas sur la condition de la femme en cas de divorce ou de veuvage. Tant que les futurs époux vivent sous la tutelle de leurs parents, la décision appartient à ces derniers de choisir pour leurs enfants un parti leur convenant de par sa naissance ou de par sa famille. Le Mohar et le Mattan LE MO H AR ET LE M A T T An Le Mohar, ou douaire en français, signifie prix d’achat. Il n’est pas ordonné par la Loi et se règle selon les possibilités de chacun. La première notion de Mohar se manifeste avec Jacob quand il déclare à Laban qu’il le servira sept ans en échange de sa fille Rachel : Jacob avait conçu de l’amour pour Rachel. II dit : Je te ser virai sept ans pour Rachel, ta plus jeune fille. Béréchit 29 ; 18 Dans le Pentateuque le mot Mohar réapparaît à deux reprises et il se retrouve aussi dans le livre de Samuel. C’est en fait un droit que possède le père sur sa fille. Il peut recevoir de son gendre des années de service ou encore une somme d’argent. Cette obligation de verser une somme d’argent ou l’équivalence en service à la famille de la fiancée donne au mariage l’apparence d’un achat, mais en fait il est le gage par lequel la femme passe de la tutelle de son père à celle de son époux. La jeune femme n’est pas consultée en ce qui concerne le Mohar. Le Mattan ou présent est mentionné pour la première fois quand Eliezer rencontre la famille de Rebecca et lui offre des présents. Ce sont des cadeaux offerts gracieusement à la mariée ou à ses parents : …puis il étala des bijoux d’argent, des bijoux d’or et des parures, les donna à Rébecca et donna des objets de prix à son frère et à sa mère. Béréchit 24 ; 53 La cérémonie du mariage est succinctement décrite. Aucun détail n’est donné quant à la durée du festin, au nombre de participants ou à la fête. Il semble cependant que, déjà à cette époque, un temps soit marqué entre le moment des fiançailles et celui où l’homme prend sa promise pour femme : Et si quelqu’un a promis mariage à une femme et ne l’a pas encore épousée…. Deutéronome 20 ; 7 Le Mohar et le Mattan / Le contrat de mariage pré-rabbinique Cette phrase suggère une différence de statut de la femme dans les deux situations et peut-être, par là même, l’existence d’un document témoignant d’une union. Les mariages aux temps bibliques n’ont donc pas de cérémonial fixe. Chaque union a son caractère propre. Les autorités rabbiniques de l’époque du Talmud se fondent sur le Pentateuque pour élaborer, à partir des divers éléments vus ci-dessus, un statut juridique de la femme mariée. LE CO nTR A T D E mARI A g E PRÉ-RAbbIn I q U E L’utilisation de contrats de mariage était pratique courante chez les Babyloniens. Les Hébreux, à leur contact, adoptèrent la coutume d’établir un contrat lors d’une union. Ce document juridique daterait de l’époque d’Ezra, époque à laquelle une preuve était demandée quant à la pureté de l’ascendance. La lecture du livre d’Ezra nous fournit la description de facteurs sociaux précurseurs d’une future règlementation des mariages. Il y est écrit qu’un grand nombre d’unions mixtes ont eu lieu, en exil et depuis le retour à Sion, avec des femmes de peuplades étrangères installées à Jérusalem et dans ses environs après la destruction du Temple. Ces mariages introduisent de nouvelles croyances ainsi que des éléments idolâtres au sein d’un judaïsme affaibli et privé de structure. Au retour du premier exil, Ezra tente de redonner une assise religieuse aux membres de la communauté. Ses premiers efforts concernent les mariages mixtes. Au mois de Kislev, 5 mois après son retour en Judée, Ezra publie un avis invitant tous les judéens à se réunir à Jérusalem trois jours plus tard. Il demande à l’assemblée de répudier les femmes non-juives. Les mariages mixtes sont ainsi dissous. Le contrat de mariage pré-rabbinique / Le mariage à l’époque talmudique Les plus anciens contrats de mariage découverts ont été trouvés en Egypte dans l’ancienne colonie juive d’Eléphantine. Ils datent de l’an 440 AEC, preuve que l’usage de libeller un contrat de mariage à l’occasion d’une union était un fait établi. LE mARI A g E à L ‘ÉP O q U E T A L m UD I qUE C’est en Babylonie et en Palestine, dans les deux grands foyers du judaïsme après la destruction du Temple, que les rabbins se penchent longuement sur le statut de la femme, en vue d’établir un document juridique la protégeant en cas de divorce ou de veuvage. Ces conversations sont reproduites dans la section III du corps michnaïque Nachim du Talmud Babylonien et du Talmud Palestinien. Elles sont consacrées au droit matrimonial et débattent des questions relatives au texte de la Ketouba. Le traité Ketoubot attribue la clause principale de la Ketouba, qui est celle du Mohar, douaire, au rabbin Chimon ben Cheta’h qui fut président du Sanhédrin sous le règne du roi asmonéen Alexandre Jannée. Malgré tous ces écrits, le Talmud ne nous donne pas une formule unique du libellé de la Ketouba. Il est, en Palestine et en Babylonie, rédigé en référence aux clauses citées dans la Michna mais aussi en réponse aux besoins spécifiques de chaque mariage. De la fin du 6e siècle au 11e siècle, va se mettre en place un contrat qui se retrouvera dans de nombreuses communautés. Le Talmud se fonde sur le Pentateuque pour faire du mariage un devoir moral et obligatoire incombant à chaque homme. Il tire de ce livre les divers éléments relatifs à l’établissement du mariage, et les étudie pour en élaborer un rituel. Le mariage à l’époque talmudique / Les fiançailles et le mariage La femme à l’époque talmudique jouit d’un statut légal plus favorable et d’une plus grande indépendance qu’à l’époque biblique. Plusieurs passages du Talmud condamnent les mariages contractés par les pères pour leurs filles et conseillent de les éviter. Abba bar Aivu, connu sous le nom de Rav, la plus grande autorité rabbinique du 3e siècle, proteste avec véhémence contre la pratique des mariages prématurés. Il déconseille aux parents de marier leurs filles sans leur consentement. Le père est contraint d’attendre qu’elle soit majeure et qu’elle accepte librement le parti présenté. Les jeunes gens peuvent se rencontrer par l’intermédiaire de parents, d’amis de la famille ou d’un Chad’han. Certaines lois matrimoniales seront remaniées, après la clôture du Talmud, par des autorités rabbiniques dont Maїmonide, Judah ben Barzilaї de Barcelone, au 12e siècle, Eliezer Joël ha-Levi de Bonn au 13e siècle, Simon Ben Zema’h Duran de Majorque au 15e siècle, Joseph Caro et Moїse Israël Isserles au 16e siècle. Ces remaniements seront acceptés par les communautés achkénazes et séfarades fixant un libellé unique de la Ketouba. LEs FI An çAILLEs ET LE mARI A g E La rédaction de la Ketouba se fait au moment des Iroussin c’est-à-dire des fiançailles. Les fiançailles dans la loi juive ne sont pas un simple agrément afin de contracter un mariage à une date ultérieure, elles constituent une partie du statut matrimonial. C’est à ce moment que prennent naissance et que sont rédigés les droits et obligations des conjoints. Les fiançailles et le mariage La fiancée, la Aroussa, est assimilée à la femme mariée. Cependant, la cérémonie terminée, la Aroussa demeure encore une année entière dans la maison de son père avant d’entrer par les Nissouin, c’est-à-dire les noces, dans la maison de son mari. Selon la Michna, il est d’usage de respecter un intervalle d’un an entre les fiançailles et la noce. A partir des Iroussin, la jeune fille est considérée comme épouse ; elle ne peut en aucun cas être promise à un autre homme mais il n’y a pas cohabitation. Selon la Halakha, il est interdit au fiancé de rester, ne serait-ce que quelques instants, seul en compagnie de sa promise avant qu’il ne lui ait remis l’acte de la Ketouba. Le terme Kidouchin, dont la racine dérive du verbe k-d-ch, signifie sanctifier et daterait de l’époque hellénistique. Les rabbins, par l’introduction d’une bénédiction, veulent démontrer qu’une dot et un contrat ne suffisent pas pour permettre une union. Pour être valable, l’union doit être consacrée par la cérémonie des Kidouchin. Par les Nissouin, le mariage, la fiancée entre dans la maison de son futur époux. Aux 11e et 12e siècles, la cérémonie des noces prend de plus en plus d’importance aux dépens des fiançailles. L’usage est alors de ne rédiger la Ketouba qu’au moment des Nissouin. Rachi, dans une Responsa, écrit que cette habitude s’est établie dans les communautés d’Allemagne et de France à la suite du refus d’instaurer deux réceptions de la même ampleur pour les fiançailles et le mariage, cela pour des questions financières. La coutume de célébrer les fiançailles et les noces en une cérémonie prend naissance en Allemagne, et gagne la France et l’Espagne au 13e siècle. En Italie cette pratique apparaît graduellement. Certaines communautés réduisent l’intervalle séparant les fiançailles des noces à un jour puis une seule célébration devient la règle. La cérémonie des Kidouchin commence lorsque le fiancé et sa promise sont réunis sous la ‘Houppa, le dais sous lequel sont rassemblés l’officiant et la famille. L’officiant prononce deux bénédictions : la première sur une coupe de vin et la seconde pour louer Dieu qui a sanctifié son peuple par l’institution du mariage. Les fiançailles et le mariage / Le libellé de la Ketouba Le fiancé met l’alliance au doigt de sa fiancée en prononçant : Par cet anneau tu m’es consacrée selon la loi de Moїse et d’Israël. La cérémonie des Nissouin débute à ce moment par la lecture du contrat de mariage. Deux témoins et parfois le fiancé apposent leurs signatures au bas du contrat. Les mariés entendent ensuite les Cheva Berakhot qui rappellent, par l’évocation messianique de Jérémie, que tout foyer juif qui se fonde apporte une pierre à la réédification des murs du Temple. Avant de quitter la ‘Houppa, le marié brise un verre en souvenir de la destruction du Temple. LE LIbELLÉ D E LA KETO U bA La Ketouba nous renseigne tout d’abord sur le jour, la date, le lieu du mariage et les noms des futurs époux. Mention est ensuite faite de la formule de mariage prononcée par le mari puis des engagements de celui-ci à l’égard de sa femme. Sont rédigés après cela les apports respectifs des époux, c’est-à-dire du Mohar, et de l’augment du Mohar ou de la Tossefet, de la dot Nedounya et enfin de la Tossefet ha-chlich c’est-à-dire de l’augment du tiers. Le montant du douaire et de la dot se retrouvent sur chaque Ketouba alors que l’augment du douaire et l’augment du tiers apparaissent de façon irrégulière. Certaines communautés séfarades adoptent un modèle de Ketouba accompagné des Tenaïm, des conditions. Ces conditions comportent la description détaillée des accords matériels contractés par les fiancés et les questions successorales en cas de divorce ou de décès de l’un des conjoints. Le libellé de la Ketouba La lettre Bet, ב, par laquelle débute chaque contrat de mariage, est aussi la lettre qui introduit le livre de la Genèse. Elle annonce, sur le contrat de mariage, le jour de la cérémonie. A notre époque, les mariages se célèbrent tous les jours de la semaine, Chabbat et jours de fête exceptés, car il est défendu en ces jours d’aborder des questions financières telles que la dot. Au temps de la Michna, l’habitude était de célébrer le mariage des vierges le mercredi et celui des veuves et des divorcées le jeudi. La formule la plus utilisée pour indiquer l’année fait allusion à la création du monde, cependant la destruction du Temple peut aussi être mentionnée et certaines communautés d’Arabie, du Yémen, d’Egypte et d’Iran utilisent le système de datation Séleucide, appelé l’année des Chtarot, qui débute en l’an 311. Le lieu du mariage, la ville, vient après la date. Selon la coutume séfarade, la ville est toujours accompagnée du nom du fleuve ou de la mer se trouvant à proximité. Ces détails précieux n’apparaissent pas sur les contrats de mariages achkénazes. Ils sont cependant d’une grande utilité car il est courant de constater que le nom d’une ville a changé à la suite d’une conquête, ce qui est plus rare pour un fleuve ou une mer. Quand aucun fleuve n’est situé près de la ville, le nom d’une montagne peut être indiqué comme c’est le cas au Kurdistan. Les noms des époux sont ensuite écrits, accompagnés parfois des noms des parents et de leurs titres indiquant le rang social au sein de la communauté. Sur certains contrats de mariage, les noms des ancêtres peuvent remonter à plusieurs générations. Les noms de familles comportent des variantes : certains sont bibliques et proviennent des fonctions attribuées à différentes tribus ou personnes à l’époque du Temple, tels les Levi (servants du Temple), les Cohen (prêtres), les Gabbaї (trésoriers), les Chamach (gardiens) ou encore les ‘Hazan (chantres) ; d’autres dérivent du nom des villes dont les familles sont originaires ou des noms de métiers exercés par ces familles, ou encore ils sont la traduction littérale d’un nom hébreu dans la langue du pays où la famille est venue s’installer. Le libellé de la Ketouba Au patronyme fait suite la formule de mariage prononcée de vive voix par le mari : Par cet anneau tu m’es consacrée selon la loi de Moïse et d’Israël. Cette formule existait sous diverses formes avant l’apparition de la Ketouba. Le fiancé prononçait différentes expressions : Sois-moi consacrée, Sois mienne, Sois ma femme, Sois ma fiancée. Le fait d’y ajouter : Selon la loi de Moїse et d’Israël daterait de l’époque d’Hillel, au 1er siècle. Mais cette formule n’est régulièrement employée qu’à partir du 12e siècle et c’est la seule phrase de la Ketouba qui ne peut être changée si l’on désire que le document ait une valeur. Vient ensuite l’énumération des divers engagements du mari envers sa conjointe durant leur vie commune. Celui-ci s’engage à la prendre entièrement à sa charge, ce qui la fait en quelque sorte passer de la tutelle de son père à celle de son mari. Il s’engage à la respecter, la nourrir, la vêtir, la soigner, à veiller à son enterrement en cas de décès, à payer une rançon si elle venait à être enlevée et mise en captivité. L’évolution du Mohar : Tossefet, Nedounya, Tossefet ha-chlich L ‘ÉV O LUTI O n D U MO H AR : TOss EFE T , NED O Un Y A , TOss EFET H A – C HLI C H Le Mohar est une somme d’argent que le fiancé doit remettre au père de sa promise. A l’époque biblique, il se règle en service ou en somme d’argent. A l’époque talmudique, il subit plusieurs transformations. La valeur du Mohar s’élève à 200 zouz pour une vierge et à 100 zouz pour une veuve ou une divorcée. La fille d’un prêtre peut prétendre à un Mohar plus élevé que la fille d’une famille de niveau commun. A l’origine, le paiement du Mohar de 200 zouz est fait au beau-père, lequel le garde en toute propriété. L’évolution sociale modifie la nature juridique du Mohar et par là même améliore la condition de la femme. La première transformation a pour effet que le beau-père ne détient plus l’argent du Mohar de sa fille qu’en qualité de dépositaire. Ensuite le mari devient dépositaire de l’argent pour le compte de son épouse. La troisième étape est franchie quand l’argent peut être employé pour l’achat d’articles nécessaires au foyer. Mais, là encore, l’homme est obligé, pour se marier, de fournir la somme de 200 zouz. D’après Rav Juda le fait de débourser une telle somme dissuadait les hommes de se marier. Le Talmud de Babylone déclare à deux reprises que c’est Chimon Ben Cheta’h qui rédige le texte de la Ketouba. Il décrète que le Mohar ne serait plus une valeur payée au moment de la conclusion du mariage mais lors de son éventuelle dissolution. Il a introduit en effet dans le texte de la Ketouba la formule suivante : Tous mes biens serviront de garantie et de sécurité au paiement de ta Ketouba. L’évolution du Mohar : Tossefet, Nedounya, Tossefet ha-chlich Par ce fait, le Mohar se transforme en prix de divorce. Le Mohar devient la somme qui servira à assurer une certaine sécurité en cas de répudiation ou de veuvage. Chimon ben Cheta’h transforme la Ketouba en un contrat concernant seulement le mari et la femme, où il est stipulé que tous les biens du mari serviront à assurer la sécurité de la femme. La Tossefet ou l’augment apparaît en général après le Mohar ; il est une augmentation de ce dernier au profit de la femme. La loi rabbinique permet au mari d’élever le Mohar par un augment où la générosité du mari peut s’exercer sans limites. La Nedounya est la dot. C’est habituellement le trousseau de la femme que cette dernière fait entrer dans la maison de son mari et qui est en règle générale constitué par son père. C’est une donation matrimoniale qui trouve sa justification dans le fait que la femme juive, qui n’a pas le droit à la succession paternelle contrairement à ses frères, se marierait difficilement si elle n’apportait pas de dot à son époux. Cette considération prévalait à une époque où les femmes n’avaient pas le droit à l’héritage. La dot est composée de biens matériels et d’une somme d’argent dont le montant s’évalue dans la monnaie du pays où vit la communauté, et non plus en zouz comme le Mohar. La Tossefet ha-Chlich est l’augment du tiers. C’est une somme, équivalant au tiers de la dot, que le mari règle au père. Cette clause n’apparaît pas dans tous les contrats. Un résumé de tout ce qui vient d’être cité est réécrit à la fin du contrat, qui s’achève par la signature du fiancé et des témoins officiels qui sont étrangers aux familles des partis. C’est pour renforcer la valeur juridique de la Ketouba que les rabbins demanderont la signature du fiancé et celles des témoins au bas du document. Calligraphie CALLI g RAPHIE Le texte juridique est souvent accompagné de versets bibliques ou d’épithalames. Ceux-ci encadrent le document ou figurent au sein du texte de manière décorative. La formule traditionnelle est : Sous un bon signe, sous une bonne étoile Il est également courant de lire les versets de Jérémie : On entendra des accents d’allégresse, des cris de joie, le chant du fiancé et le chant de la fiancée… Jérémie 33 ; 11 Du livre des Psaumes ce verset rappellent aux fiancés de ne pas oublier en ce jour de félicité les souffrances du peuple juif et de prier pour la restauration d’Israël : Si je t’oublie jamais Jérusalem, que ma droite me refuse son service ! Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens toujours de toi, si je ne place Jérusalem au sommet de toutes mes joies ! Psaumes 137 ; 5 Encore du livre des Psaumes, ce verset traduit les voeux de descendance prodigués au futur époux : Ta femme sera comme une vigne féconde dans l’intérieur de ta maison, tes fils comme des plants d’olivier autour de la table, Psaumes 128 ; 3 Scribes et enlumineurs SC RIbEs ET En LU mIn EU Rs Tout Juif lettré peut, selon la loi hébraïque, rédiger un contrat de mariage. Toutefois cette tâche revient habituellement aux Sofrim, aux scribes. Deux ouvrages sur la façon de rédiger ces actes sont parvenus jusqu’à nous. Le premier, le Kol ‘Héfèz, a été imprimé à Venise en 1552. C’est une compilation du rabbin Eliezer Melli sur les instructions données aux scribes quant à la façon d’écrire un contrat de mariage et autres actes publics. Le guide le plus utilisé dans la communauté achkénaze est connu sous le titre de Na’halat Shiva. Il a été imprimé pour la première fois à Amsterdam en 1667. L’auteur est un rabbin polonais, Samuel ben David Moїse ha- Levi. L’importance de l’écriture y est primordiale car, si un mot vient à manquer, le sens du contrat risque d’être faussé. Les corrections ainsi que les rajouts sont interdits. L’écriture, soigneusement calligraphiée, doit présenter un aspect clair et sans ratures. Les instruments nécessaires à l’élaboration d’un contrat de mariage sont le support, la plume et l’encre. Le premier support des contrats de mariage est le papyrus. Originaire d’Egypte, il est exporté dans le bassin méditerranéen à partir du 3e millénaire et deviendra le matériel des scribes en Erets Israël et en Mésopotamie. Le cuir apparaît également en Egypte, bien que la ville de Pergame en Asie mineure revendique son origine en le nommant parchemin. Son utilisation n’a pratiquement jamais cessé malgré l’invention du papier. Certaines régions d’Asie, par contre, ne possèdent que des contrats de mariage sur papier. L’instrument de travail à l’aide duquel le scribe écrit son texte sur le papier ou le parchemin varie selon les parties du monde où sont installées les communautés. Les scribes des communautés séfarades et orientales utilisent le calame, une tige de roseau taillée en pointe, alors que la plume d’oie est employée dans les communautés achkénazes. Scribes et enlumineurs / La Ketouba enluminée Le contrat de mariage est souvent rectangulaire. L’araméen prime dans la rédaction de la Ketouba, probablement à cause du caractère international de cette langue à l’époque où les Juifs adoptent les actes écrits. Toutefois, les contrats provenant de pays où les communautés ont été contraintes à la conversion à l’Islam sont rédigés en écriture perse. En Europe, également, certains contrats ont été rédigés dans la langue du pays d’adoption. L’écriture carrée -pour l’hébreu et l’araméen- est la plus utilisée par les scribes dans la rédaction des Ketoubot. LA KETO U bA En LU mIn ÉE Les décors des Ketoubot varient d’un pays à l’autre et d’une communauté à l’autre ; ils varient notamment en fonction des différentes interprétations et recommandations rabbiniques les concernant. Les décors sont souvent inspirés d’ouvrages manuscrits ou imprimés de motifs décoratifs que l’on retrouve dans l’artisanat local. La présence de décors sur un contrat de mariage relève peut-être du fait que, remis à la mariée un jour de fête, il lui est conféré dans certaines communautés en plus d’une fonction juridique, celle d’un présent. Il est intéressant de constater que le montant de la dot n’a souvent aucun rapport avec la richesse décorative du document. Cependant, en Italie au 18e siècle, la Ketouba devient un réel travail d’art. Certaines familles investissent des sommes importantes pour la réalisation artistique de ces documents. Afin de réformer ces abus, une loi est édictée par les autorités communautaires de la ville d’Ancône, en 1766, interdisant aux familles de leur juridiction de payer plus de 40 Paoli pour l’enluminure d’un contrat de mariage. La Ketouba enluminée La symétrie est l’une des caractéristiques communes au scribe et à l’enlumineur. Il est rare qu’un scribe termine un texte en milieu de page cela afin que pas un mot ne puisse être rajouté au contrat de mariage, ce qui risquerait d’en fausser le sens. Aussi frustre que soit le décor, il est presque toujours symétrique. L’artiste, par la symétrie, cherche à représenter l’harmonie souhaitée au couple. Les premiers contrats de mariage décorés proviennent de la Genizah du Caire. Ils sont datés du 10e au 13e siècle et sont décorés de motifs géométriques, floraux ou micrographiques. Selon de nombreux écrits rabbiniques et une Responsa de Ben Zema’h Duran, le fait d’apposer un décor sur un contrat de mariage est une pratique courante en Espagne. A L’époque du rabbin Salomon Adret de Barcelone, la Ketouba est lue en public à l’occasion du mariage et montrée à l’assemblée. Rehaussée d’un décor elle devient plus séduisante quant elle est dévoilée aux invités. L’ornementation des Ketoubot est un domaine de l’enluminure qui peut aller du simple ornement à un décor très élaboré, comme c’est parfois le cas en Italie. Les décors des contrats de mariage ne sont pas le reflet d’un art homogène mais présentent une analogie par le fait que les thèmes utilisés sont pour la plupart architecturaux, géométriques, floraux, zoomorphes ou symboliques. La figure humaine, l’allégorie et les représentations d’anges se retrouvent en Europe à partir du 17e siècle. En Iran, en Syrie, en Erets Israël, en Tunisie, au Maroc, chaque ville, chaque communauté possède un décor spécifique. Ketouba, Maroc Ketouba, Maroc, Meknès, 1855 Sur ce contrat de mariage, un arc en forme de fer à cheval encadre le texte. Le motif est de tradition purement espagnole ; il apparaît également à Venise sur des contrats de mariage datant du 16e siècle, sans doute rapportés par des exilés d’Espagne. Ketouba, Iran Ketouba, Iran, Ispahan, 1859 Sur les contrats d’Ispahan, en Iran, on retrouve un motif architectural à l’intérieur duquel, sur un fond floral, se détache un couple de lions dotés d’un demi-soleil rayonnant. Le lion sur le dos duquel repose le soleil est une image qui, dès le moyen âge, est appelée à devenir Ketouba, Italie Ketouba, Italie, Padoue, 1800 Parmi les motifs décoratifs sur cette Ketouba d’Italie apparaissent des scènes narratives bibliques en rapport avec le nom des mariés. A la scène allégorique représentant la concordance s’ajoutent des motifs floraux, micrographiques et des emblèmes familiaux. Ketouba, France Ketouba, France, Bordeaux, 1748 La tradition d’orner les Ketoubot en France daterait des 18e et 19e siècles et proviendrait de certaines communautés séfarades établies dans le sud de la France telles que Bordeaux, Bayonne, Carpentras. De dimensions réduites dans les deux premières villes citées, elles apparaissent rédigées sur des parchemins et sont ornées de motifs floraux simples. Ketouba, Kurdistan Ketouba, Kurdistan, Sena, 1903 Les dessins et les couleurs des contrats de mariage présentent, au Kurdistan, une similitude avec les décors employés dans les tissages des tapis de nomades pour lesquels on utilisait de la laine de mouton teinte en couleurs vives. Lexique LExI q U E Abram : premier nom d’Abraham. Abba bar Aivu : (175-247) amora du 3e siècle. Surnommé Abba Arikha. Achkénaze : désigne depuis le moyen âge la culture des Juifs vivant en Europe. Ada : première femme de Lamekh. AEC : abréviation de avant l’ère commune. Agar : servante de Sarah. Elle est la concubine d’Abraham et la mère d’Ismaël. Alexandre Jannée : (103- 76 AEC) fils de Hircan. Roi Hasmonéen de Judée. Araméen : langue sémitique, de la même famille que l’hébreu qui lui a emprunté son alphabet. Aroussa : fiancée. Babyloniens : habitants de Babylone, à l’origine un état- cité mésopotamien. Les Amorites développent Babylone. Bet : deuxième lettre de l’alphabet hébraїque. Celof’had : Celof’had a eu 5 filles : Ma’hla, Noa, ‘Hogla, Milka et Tirtsa. Celof’had n’a pas eu de garcon et à sa mort ses filles ont hérité de ses biens. Elles ont eu le droit de choisir seule un mari de la tribu de leur père. Chabbat : samedi. Septième jour de la semaine juive, jour de repos. Chad’han : marieur. Chimon ben Cheta’h : rabbin du 2e siècle AEC qui décrète que le douaire ne serait plus une valeur payée au moment de la conclusion du mariage mais lors de son éventuelle dissolution. Chtar, Chtarot : document (s), mode de conclusion des fiançailles. Cheva Berakhot : sept bénedictions. Deutéronome : Devarim. Cinquième livre du Pentateuque. Ezra : prêtre issu de la tribu de Levi. En 458 AEC, il revient de Babylone avec des exilés juifs Lexique pour se réinstaller à Jérusalem. Eliezer : serviteur d’Abraham que celui-ci envoie dans son pays natal Aram choisir une femme, dont il connaît la famille, pour son fils Isaac. Eliezer Joël Ha-Levi : (1160- 1235) originaire de Bonn. Il est talmudiste et codifie la Halakha qui régule la vie de tous les jours ainsi que les mariages. Epithalame : poème lyrique rédigé à l’occasion d’un mariage. Genèse : Béréchit, premier livre du Pentateuque. Genizah : lieu attenant à la synagogue dans lequel sont remisés, lorsqu’ils sont usés, les livres en hébreu ainsi que tout document portant le nom de Dieu. Halakha : la partie juridique du Talmud. Hillel : en l’an 70 AEC, Hillel est Nassi c’est-à-dire président du Sanhédrin. C’est un sage venu de Babylonie qui a étudié la Torah toute sa vie. ‘Houppa : tente, chambre nuptiale, actuellement dais nuptial. Iroussin : fiançailles. Isaac : fils de Sarah et d’Abraham, mari de Rebecca, père de Jacob et d’Ésaü. Jacob : fils d’Isaac et de Rebecca, père de douze enfants qui donneront leur nom aux douze tribus d’Israël. Joseph Caro : (1488-1575) naît au Portugal et grandit en Turquie. En 1536, il s’installe à Safed. Il est l’auteur du Choul’han Aroukh. Judah ben Barzilai : (né en 1070) rabbin et talmudiste originaire de Barcelone. Il codifie des lois sur le mariage. Kislev : le mois de Kislev coïncide avec novembre- décembre. Kidouchin : sanctification. Ce terme désigne également un des sept traités du livre Nachim de la Michna sur le mariage et les fiançailles. Laban : père de Rachel et Léa. Frère de Rébecca. Lamekh : fils de Mathusalem. Léa : épouse de Jacob. Le Kol Hefez : livre comprenant 38 documents juridiques rédigés selon la Halakha par Lexique le rabbin Eliezer Melli pour la famille Abarbanel. Maїmonide : rabbi Moché ben Maïmon est né à Cordoue le 30 Mars 1135. Il était rabbin, penseur et médecin. Mattan : présent. Michna : du verbe lechanen : répéter, qui signifie au sens propre apprendre par cœur une tradition orale. Elle désigne l’ensemble des traditions religieuses developpées jusqu’en l’an 200. Mohar: douaire. Le Mohar signifie prix d’achat. C’est une somme versée par la famille du fiancé à la famille de la fiancée. Moїse Israël Isserles : (1525- 1572) est originaire de Cracow où il fonde une Yechiva. Talmudiste, il est également versé dans la Cabale. Monogamie : système juridique par lequel une personne est liée à un seul conjoint. Na’halat Chiva : ouvrage composé de 69 chapitres sur la façon de rédiger des actes juridique. Le livre porte sur les mots, les formules et l’ordre selon lequel une note doit être rédigée. Nachim : femmes. Dans la Michna l’ordre des femmes comprend sept traités qui traitent du droit matrimonial. Nedounya : dot. Nissouin : noces. Papyrus : plante des bords du Nil en Egypte. Avec les tiges de cette plante, les Egyptiens fabriquent des feuilles pour écrire. Patriarches : Abraham, Isaac et Jacob. Pentateuque : les cinq livres de la Bible : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Polygamie : système juridique par lequel une personne est liée à plusieurs conjoints. Rav Juda : (135-220) originaire de Oucha. Il intervient pour changer le montant du Mohar. La somme de 200 zouz est trop élevée selon lui et empêche les jeunes de se marier. Rachel : femme de Jacob qui donne naissance à Joseph et à Benjamin. Rachi : commentateur de la Bible et du Talmud né à Troyes en 1040. Rebecca : femme d’Isaac et mère de Jacob et d’Esaü. Lexique Responsa : réponses des rabbins aux questions posées en matière de Halakha. Samuel ben David Moїse ha- Levi : (1625-1681) originaire de Bavière, il est talmudiste. Son œuvre majeure est un recueil de formules sur des questions civiles et des lois matrimoniales. Sanhédrin : constitué de 71 anciens, le Sanhédrin était la haute cour de justice d’Erets Israël. Sarah : épouse d’Abraham et mère d’Isaac. Séfarade : Juif originaire d’Espagne ou du Portugal. Après les expulsions, les Juifs séfarades se sont répartis sur le pourtour du bassin méditerranéen. Séleucide : dynastie hellénistique fondée par Séleucos qui régna de 312 à 64 AEC. Simon ben Zema’h Duran: (1361-1444) originaire de Palma de Majorque. Il écrit des commentaires sur différents traités de la Michna et du Talmud. Sion : un des noms de Jérusalem. Talmud : ensemble de commentaires et de discussions rabbiniques. Tenaїm : conditions. Les tenaїm figurent sur certains contrats de mariage. Tossefet : augment. Accroissement du douaire. Tossefet ha-Chlich : augment au tiers de la dot. Tsilla : deuxième femme de Lamekh. Zouz : monnaie citée dans la Bible, qui correspond à une mesure d’argent. Pour en savoir plus \ Photographies PO U R En s A V O IR PLUs… David Davidovitch- The Ketuba Jewish Marriage contracts through the ages Editions Levin- Epstein, 1979 Goodman- The Jewish Marriage Anthology Philadelphia, 1982 Shalom Sabar- Ketubbah, Jewish Marriage Contracts of Hebrew Union College Skirball Museum and Klau Library The Hebrew Union College, 1990 Shalom Sabar- Mazal Tov, Illuminated Jewish Marriage Contracts from the Israel Museum Collection The Israel Museum, Jerusalem, 1993 Asher Knafo et David Bensoussan- Mariage juif à Mogador La Ketouba enluminée de Mogador Les Editions du Lys- Canada, 2004 PH O TO g RAPHIEs P. 21 : Ketouba, Maroc, Meknès, 1855, Collection Famille Gross P. 22 : Ketouba, Iran, Ispahan, 1859, Collection Famille Gross P. 23 : Ketouba, Italie, Padoue, 1800, Collection Famille Gross P. 24 : Ketouba, France, Bordeaux, 1748, Collection Famille Gross P. 25 : Ketouba, Kurdistan, Sena, 1903, Collection Famille Gross Auteur : Florence Soulam Graphisme : David Soulam Mai 2016 Publié par les Editions ADCJ Association pour la Diffusion de la Culture Juive (Association loi 1901) 56 rue Hallé, Paris 75014, France www.levoyagedebetsalel.org Courriel : contact@adcj.org L’étymologie du mot Ketouba signifie écrit. Ce document fait son apparition au retour de l’exil de Babylonie. La Ketouba nous renseigne sur la date et le lieu de la cérémonie, le nom des époux et parfois ceux des parents, les engagements du mari envers son épouse, les montants du douaire et de la dot – les clauses les plus importantes du document – ainsi que sur le nombre et les noms des divers témoins officiellement présents lors de la cérémonie. Les plus anciens contrats de mariage décorés datent du 10e siècle. Ils ont été découverts à la genizah du Caire en Egypte. Feuille volante parfois abondamment illustrée, la Ketouba enluminée est, dans le domaine de l’art juif, le témoignage de l’activité artistique des diverses communautés juives dans le monde.
L’orfèvrerie
l’orfèvrerie
Les métaux utilisés par l’orfèvre Les outils de l’orfèvre
La reconnaissance d’un Art Juif par l’Académie des Belles Lettres Travail du métal auTemple
Orfèvres qui ont signé leurs œuvres
Quelques techniques d’orfèvrerie : la gravure, la ciselure, l’estampage, le filigrane, la granulation, le damasquinage, le nielle, l’émail, l’ajourage
L’orfèvrerie après le Temple
Pour en savoir plus…
L ‘ O RFEVRERIE
L’orfèvrerie à l’origine est l’art de travailler l’or. Le métier d’orfèvre est un des plus anciens métiers d’art. Le mot orfèvre dérive du latin auri faber – celui qui travaille l’or. Par extension, ce mot désigne celui qui fabrique ou vend des objets en or et en argent.
Faciles à emporter les objets de culte en bronze, en cuivre, en argent ou en or ont résisté aux tribulations de l’histoire et à l’épreuve du temps plus que les livres, les textiles, ou encore les peintures et les fresques. Chaque communauté avait ses objets
rituels. Certains, avec une signature, un poinçon, sont un témoignage inestimable de la production des communautés de diaspora.
LEs mÉ T A UX UTILIs És P AR L ‘ O RFèVRE
Exploité par l’homme depuis une période récente (4600 à 4200 AEC), l’or est apparu il y a 12 milliards d’années. Il est considéré comme le roi des métaux. Lorsqu’il est pur, l’or est jaune. L’ajout d’un autre métal peut le
colorer : avec de l’argent il peut devenir jaune clair ou vert ; additionné de
cuivre il peut devenir rose. L’argent est utilisé en Grèce à partir du 7e siècle AEC.
Le terme orfèvrerie évolue avec le temps et il désigne de nos jours la
fabrication d’objets en d’autres métaux comme l’argent, le cuivre, l’étain, le bronze, le plomb.
L’or ou l’argent se présente sous forme de barres que l’on aplatit pour obtenir des feuilles ou des tiges. La mise en forme de l’objet peut être exécutée par fonte ou par façonnage au marteau.
LEs O UTILs D E L ‘ O RFèVRE
Les outils utilisés par l’orfèvre n’ont pas évolué depuis l’antiquité et sont spécifiques à chaque motif souhaité. Ils sont en acier et varient selon les techniques employées : le ciselet, le burin, le stylet, le ciseau, la gouge, la pince, la lime, le marteau, le pointeau…
LA RECO nnAIssAn C E D’Un
AR T JU IF P AR L ‘ A CAD ÉmIE D Es BELLEs–LET TREs
En 1850, Félix de Saulcy, archéologue et numismate, entreprend, Bible à la main, un voyage en Erets Israël. Il découvre alors le contraire de ce qu’il a appris jusqu’ici à l’Académie des Belles-Lettres.
L’Académie des Belles-Lettres est persuadée qu’il n’existe aucun vestige juif en Erets Israël et que les seuls vestiges retrouvés sur place sont des vestiges grecs et romains. L’art judaïque, ainsi nommé au 19e siècle, n’existe pas. Nous sommes en 1850.
Avec Félix de Saulcy va naître l’archéologie biblique. Lors de ses différents voyages en Erets Israël, il va établir des cartes géographiques et retrouver le nom des villages mentionnés dans la Bible.
De retour en France, en 1853, il publie Le Voyage autour de la Mer Morte et
dans les Terres bibliques. Cet ouvrage va susciter une grande polémique. Félix de Saulcy va essayer de rétablir la vérité historique, en contrant les idées reçues de l’Académie des Belles-Lettres selon lesquelles il ne reste aucune trace d’un passé juif en terre sainte.
Malgré preuves et photographies à l’appui, ses découvertes seront
contestées et il va falloir une vingtaine d’années à l’Académie des Belles- Lettres pour prendre au sérieux les recherches de Félix de Saulcy.
Dans son livre Histoire de l’art Judaïque paru en 1858, il énumère les éléments concernant l’architecture, l’orfèvrerie, les tissus, les objets paraissant dans
chaque livre de la bible.
Le livre de la Genèse nous donne des détails sur les métaux employés, les monnaies, les formes et noms des bijoux de l’époque :
Seigneur, écoute-moi : une terre de quatre cents sicles d’argent, qu’est-ce que cela entre nous deux ? Enterres-y ton mort. Genèse, 23 ; 15
Lorsque les chameaux eurent fini de boire, cet homme prit une boucle en or, du poids d’un béka, et deux bracelets pour ses bras, du poids de dix sicles d’or ;…
Genèse, 24 ; 22
…puis il étala des bijoux d’argent, des bijoux d’or et des parures, les donna à Rébecca et donna des objets de prix à son frère et à sa mère. Genèse, 24 ; 53
Le livre de l’Exode nous décrit la toute première commande d’orfèvrerie
passée par Dieu au peuple d’Israël à peine sorti de l’esclavage. Les objets et les matériaux du Tabernacle y sont minutieusement décrits.
Lorsque Moїse redescend du mont Sinaï, avec les nouvelles tables de la
Loi, il charge Betsalel et son adjoint Oholiab de construire le Tabernacle du désert. Il est dit au sujet de Betsalel :
Il l’a rempli d’un souffle divin ; d’habileté, de jugement, de science, d’aptitude pour tous les arts ; lui a appris à combiner des tissus ; à mettre en œuvre l’or, l’argent et le cuivre ; à tailler la pierre pour la sertir, à travailler le bois, à exécuter toute œuvre d’artiste. Il l’a aussi doué du don de l’enseignement, lui et Oholiab, fils
d’Ahisamak, de la tribu de Dan. II les a doués du talent d’exécuter toute œuvre d’artisan, d’artiste, de brodeur sur azur, pourpre, écarlate et fin lin de tisserand, enfin de tous artisans et artistes ingénieux. Exode, 35 ; 31-35
Cette entreprise gigantesque va réunir divers artisans, orfèvres, tisserands, menuisiers, brodeurs, dirigés par Betsalel et Oholiab. L’or, l’argent et
le cuivre sont les principaux métaux utilisés par les orfèvres dans la construction du Tabernacle. Le fer n’entre pas dans la construction.
Le premier objet dont il est question dans la paracha Teroumah est l’arche d’alliance en bois recouverte d’or :
On fera une arche en bois de chittîm… Tu la revêtiras d’or pur, intérieurement et extérieurement ; et tu l’entoureras d’une corniche d’or. Tu mouleras pour l’arche quatre anneaux d’or… Tu feras des barres de bois de chittîm, que tu recouvriras d’or… Tu feras aussi un propitiatoire d’or pur… Exode, 25 ; 10-17
La seconde pièce d’orfèvrerie dont il est fait mention est celle des chérubins :
Puis tu feras deux chérubins d’or, tu les fabriqueras tout d’une pièce…Exode, 25 ;18
Le troisième groupe d’objet décrit le mobilier du Temple, à savoir la
table des pains de proposition, les vases, les cuillères, le candélabre, les mouchettes et les godets :
Tu feras ensuite une table de bois de chittîm …. Tu la recouvriras d’or pur et tu l’entoureras d’une bordure d’or… Tu y adapteras, tout autour, un châssis …et tu
entoureras ce châssis d’une bordure d’or ; … ; Tu feras pour la table quatre anneaux d’or… Exode, 25 ; 23, 24, 26
Tu feras ses sébiles et ses cuillers,… c’est en or pur que tu les confectionneras…; Tu feras aussi un candélabre d’or pur… Boutons et branches feront corps avec lui ; le tout sera fait d’un seul lingot d’or pur… Exode, 25 ; 29-31-36
Les chapitres 26 et 27 de la Paracha Teroumah nous donnent la description du Tabernacle :
Sous ces vingt solives tu placeras quarante socles d’argent… ; avec leur quarante socles d’argent deux socles sous une solive… ; il y aura donc huit solives avec
leurs socles d’argent… ; Tu le suspendras à quatre piliers de chîttim recouverts d’or, à crochets d’or, et soutenus par quatre socles d’argent… ; Tu feras, pour ce
rideau, cinq piliers de chîttim ; tu les revêtiras d’or, leurs crochets seront d’or, et tu mouleras pour eux cinq socles de cuivre. Exode, 26 ; 19-37
Tu feras ses cendriers, destinés à en recueillir les cendres ; ses pelles, ses bassins, ses fourches et ses brasiers. Pour tous ces ustensiles tu emploieras le cuivre. ; …
tu feras pour l’autel des barres de bois de chîttim que tu recouvriras de cuivre ;
… ; Il aura vingt piliers, dont les socles au nombre de vingt, seront de cuivre ; les crochets des piliers et leurs tringles d’argent ;… ; Quant aux ustensiles employés
aux divers services du Tabernacle, ainsi que ses chevilles et toutes les chevilles du parvis, ils seront en cuivre…. Exode, 27 ; 3-19
Le livre des Nombres nous renseigne sur les techniques et la fonction des objets et des bijoux :
Ce fut là le présent dédicatoire de l’autel, offert, lors de son onction, par les
phylarques d’Israël : douze écuelles d’argent, douze bassins d’argent, douze coupes
d’or. Chaque écuelle d’argent, cent trente sicles, et chaque bassin,
soixante-dix : poids total de l’argent des vases, deux mille quatre cents sicles,
au poids du sanctuaire. Douze coupes d’or, pleines de parfum, chaque coupe dix sicles, au poids du sanctuaire : total de l’or des coupes, cent vingt sicles. Nombres, 7 ; 84, 85, 86
Fais-toi deux trompettes d’argent, que tu façonneras d’une seule pièce ; elles te
serviront à convoquer la communauté et à faire décamper les légions. Nombres, 10 ; 2
Nous apportons donc en hommage à l’Éternel ce que chacun de nous a trouvé
de joyaux d’or, chaînettes, bracelets, bagues, boucles et colliers, pour racheter nos personnes devant l’Éternel. Nombres, 31; 50
Le livre du Deutéronome rapporte les pratiques artistiques des tribus du pays de Canaan et l’interdiction donnée au peuple d’Israël de ciseler ou fondre des idoles.
TR A V AIL D U mÉ T AL A U TEmPLE
Le livre des Rois mentionne le travail des artistes et des artisans à l’époque du royaume de Juda. Il nous donne la description du mobilier du Temple de Salomon.
Y est fait mention de lambris en or, de clous d’or dans la charpente, des
chérubins, des vases, des chandeliers, de fioles, de lampes, et des portes du temple elles-mêmes recouvertes de métal.
Salomon fit confectionner le reste des objets destinés à la maison du Seigneur : l’autel d’or, la table d’or pour les pains de proposition ; les candélabres d’or fin,
cinq à droite et cinq à gauche, devant le debir, avec leurs fleurons, leurs lampes et leurs mouchettes d’or ; les coupes, les couteaux, les bassins, les cuillers, les
encensoirs, en or fin ; et les gonds, soit des portes de l’enceinte intérieure, du Saint
des saints, soit des portes de l’enceinte du hêkhal, également en or. Livre des Rois I, 7 ; 48, 49, 50
Les pièces d’orfèvrerie exécutées pour embellir le Temple de Jérusalem ont été faites avec l’or et l’argent du roi David. Les artisans venaient des
contrées voisines.
Tous les travaux, entrepris par le roi Salomon pour la maison du Seigneur, étant
terminés, Salomon réunit les legs pieux de David, son père, en argent, or, vases, et les déposa dans les trésors du temple. Livre des Rois I, 7- 51
Hiram était le fils d’une fille de la tribu de Naphtali et habitait Tyr.
Il était lui aussi, comme Betsalel et Oholiab, doté du savoir des techniques et des matériaux. Expert pour travailler l’or, l’argent, l’airain, le fer, il dirigea les ouvriers employés par le roi Salomon.
Le roi Salomon fit venir Hiram de Tyr. C’était le fils d’une veuve de la tribu de Naphtali, et son père était un Tyrien, ouvrier en cuivre ; lui-même était plein de
talent et d’industrie, habile à tous les travaux du cuivre. Il se rendit auprès du roi Salomon et exécuta tous ses ouvrages. Livre des Rois I, 7-13-14
ORFèVREs q U I O nT s I gn É LEU Rs ŒUVREs
Aucun objet du mobilier du Temple ne nous est parvenu. Les premiers témoignages d’orfèvrerie que nous connaissions datent du moyen âge.
Dans toutes les communautés juives, le travail de l’orfèvrerie a été encouragé, cela afin de répondre au précepte du Hidour Mitsva, qui recommande d’embellir les objets destinés au culte.
Parmi les objets en métal des différentes communautés, nous distinguons les verres de Kidouch, le plat à ‘Halla de Chabbat, les chandeliers et lampes
de Chabbat, les tours à épices pour la Havdala, les ‘Hanoukkiot, l’étui
de Sefer Torah, les couronnes de Torah, le Tass, la main de lecture de la Torah, les plats de Pourim, les plateaux de Seder, les plats à Matsa, les
boîtes à étrog, les objets relatifs au rituel de la circoncision, les bagues et parures de mariage, les étuis de Mezouza…
En terre d’Islam, les Juifs travaillaient le métal et l’orfèvrerie. Au Yémen,
par exemple, les orfèvres juifs sont les seuls à confectionner des bijoux en argent alliant différentes techniques comme le filigrane et la granulation.
Autour du bassin méditerranéen, en Espagne jusqu’au 14e siècle, l’orfèvrerie est pratiquée par les Juifs.
En Europe, la situation est différente. Depuis le 17e siècle, en Pologne, en Bohème, en Hongrie, en Autriche et en Allemagne, l’activité d’orfèvres juifs est attestée. En Pologne, aux 17e et 18e siècles, l’orfèvre fait partie d’une
guilde et les Juifs sont exclus des guildes. Cependant, certains artisans ont exécuté des pièces sans poinçon en inscrivant parfois une date ou un nom en hébreu en guise de signature.
Parmi les noms d’orfèvres gravés sur divers objets on note en Allemagne les noms de Johann Philippe Ansel ; Carl Sichler ; Johann Valentin Schüler (1650- 1720) qui travaille à Frankfort et de son frère Johannes Michaël Schüler ;
Jeremias Zobel (1670-1741) ; Johann Adam Boller (1679-1732) ; Samson Schiff de Mannheim qui œuvre en Italie, à Trieste, entre 1852 et 1857; en France, Maurice Mayer (1801-1864) est l’orfèvre de Louis Philippe et de
Napoléon III ; au 19e siècle à Odessa et à Kiev, il y a de nombreux ateliers d’orfèvres qui vont disparaître au 20e siècle.
En Erets Israël l’orfèvrerie renaît avec l’Ecole de Betsalel, fondée par Boris Schatz, dont l’objectif est de créer un style national alliant styles européens et orientaux.
LA g R A VU RE
Verre de Kidouch, Israël, 1920
La gravure consiste à dessiner sur un objet en creusant ou en incisant sa
surface. Le graveur se sert d’un burin, une pointe en acier qui peut être
carrée, rectangulaire ou en losange.
C’est l’extrémité de cette pointe qui
trace la taille, c’est-à-dire l’enlèvement de métal sur la plaque. Sur ce verre,
on voit les monts de Judée, le dôme du rocher, le mur occidental et les pins de Jérusalem.
LA C Is ELU RE
‘Hanoukkia, Hollande, 1800
La ciselure est une technique
qui n’enlève pas de matière. Elle
s’effectue à froid à l’aide de ciselets mis en mouvement par l’action d’un marteau. Le ciselet est une tige
d’acier d’environ 10 centimètres
dont l’extrémité peut être différente pour chaque tige, en fonction du
motif désiré. La ciselure s’effectue
de 2 manières : soit par la face, c’est le défoncé, soit par le revers, c’est
le repoussé. Sur cette ‘Hanoukkia
le vase, les fleurs, les cœurs, sont au repoussé.
L’estampage 13
L ‘Es T Am P A g E
‘Hanoukkia, Algérie, 1930
L’estampage consiste à enfoncer une feuille de métal dans une matrice, soit en la frappant au marteau, soit par
pression mécanique. On obtient ainsi une forme en relief comme les motifs floraux et géométriques sur cette
‘Hanoukkia.
LE FILI g RAn E
Amulette, Tunisie, 1940
Le filigrane permet un décor fait de fins fils de métal étirés et torsadés
puis soudés sur une plaque de métal.
On utilise l’or ou l’argent pour le
filigrane. Avec un gramme de métal précieux on peut obtenir lors de
l’étirage plusieurs mètres de fils
métalliques. Sur cette amulette en or, l’intérieur de la main est en filigrane.
LA g RAnU L A TI O n
Amulette, Italie, 1825
La granulation est une opération qui consiste à couler un métal fondu
dans une cuve emplie d’eau, ce qui provoque la fragmentation et la
solidification du métal en éléments divisés aux contours arrondis. Ces minuscules grains de métal sont
ensuite soudés à une plaque de métal. Ici la technique de la granulation a été utilisée pour fabriquer les boules qui entourent le médaillon.
LA D AmAsq U InU RE
Assiette, Syrie, 1905
La damasquinure consiste à incruster à froid, dans une plaque de métal, des filets d’un autre métal en suivant les contours d’un dessin préalablement
tracés. Cette technique permet d’obtenir un décor de plusieurs couleurs de métal.
Sur cette assiette, trois métaux
différents, à savoir le cuivre, l’argent et l’or, ont été utilisés pour représenter
la scène où Joseph interprète le rêve de Pharaon.
LE n IELLE
Amulette, Iran, 1925
Le nielle est un travail d’orfèvrerie qui consiste à couler dans les creux d’une gravure un émail noir. Le nielle est
composé d’argent, de cuivre, de plomb et de soufre. Le mélange est pilé de
façon à obtenir une poudre fine que
l’on passe au feu puis en fusion et qui, en refroidissant, a un aspect lisse.
Sur cette amulette en argent, la
technique du nielle fait ressortir les lettres.
L ‘ÉmAIL
Boîte à parfum, Allemagne, 1740
Le mot émail provient du latin
Smeltum. Smalt signifie fusion. L’émail est un revêtement vitreux provenant de silicate de plomb, donc de même nature que le verre, qui remplit un
dessin cloisonné.
Les personnages des scènes
bibliques représentées sont sans doute en rapport avec le nom des commanditaires de ces boîtes à
parfums en forme de tour.
L ‘ A j OUR A g E
‘Hanoukkia, Maroc, 1930
La technique de l’ajourage consiste à percer le métal de manière à faire passer la lumière. Cette technique
confère à l’objet un aspect délicat. Sur le dosseret de cette ‘Hanoukkia, il est possible de voir en ajouré des motifs zoomorphes, floraux et géométriques.
LEXI q U E
AEC: abréviation de avant l’ère commune.
Académie des belles lettres :
institution fondée en 1663 par Colbert sous Louis
XIV. Ses recherches portent sur l’histoire, l’archéologie, l’histoire de l’art, la
linguistique, l’épigraphie, la numismatique. En 1701, elle
reçoit pour mission l’ensembl e des recherches d’Orient.
Impliquée dans les campagnes de fouilles en Erets Israël, elle ôte à Jérusalem toute trace de présence juive.
Betsalel : de la tribu de Juda. Betsalel est choisi par Moїse sur la demande de l’Eternel
pour construire le Tabernacle.
Chabbat : samedi. Septième jour de la semaine juive et jour de repos.
Dôme du Rocher: sanctuaire
construit sur l’emplacement du Temple de Jérusalem par le
calife Abd el Malik. Le dôme du Rocher est achevé en l’an 691.
Deutéronome : Devarim. Cinquième livre du
Pentateuque.
Erets Israël : terre, pays ou Etat d’Israël.
Etrog : cédrat. Ancêtre du
citron utilisé pendant la fête de Souccot.
Exode : Chemot, deuxième livre du Pentateuque.
Faconnage : donner une forme à un objet.
Felix de Saulcy : (1807-1880) militaire, archéologue,
fondateur de l’archéologie biblique, il met en doute
l’enseignement de ses maîtres en leur prouvant qu’il y a eu
une présence juive à Jérusalem.
Fonte : art de mouler des objets à partir de métal en fusion.
Genèse : Béréchit. Premier livre du Pentateuque.
Guilde : corporation de
personnes qui exercent un même métier.
‘Halla : pain tressé de Chabbat.
‘Hanoukka : fête célébrée le 25 Kislev (novembre-
décembre) qui commémore la victoire de Juda Maccabée sur
le roi syrien Antioche Epiphane.
‘Hanoukkia (pl. ‘Hanoukkiot) :
lampe de ‘Hanoukka.
Havdalah : séparation. Prière marquant le passage d’un jour de fête à un jour
ouvrable.
Hidour Mitsva : embellissement de la Mitsva.
Hiram : il est envoyé par le roi de Tyr, Hiram Ier, pour
construire le premier Temple.
Joseph : fils de Jacob et de Rachel.
Kidouch : prière de
sanctification récitée sur le vin et sur le pain le soir du
Chabbat et les jours de fêtes.
Matsa (plur. Matsot) : pain sans levain que les Juifs
mangent pendant Pessa’h.
Mezouza : parchemin mis dans un étui placé sur le montant droit des portes des maisons. Sur le parchemin sont écrits deux passages du
Deutéronome.
Mitsva : commandement.
Mont Sinaï : mont situé dans le Sinaï où Moїse rencontre Dieu devant le buisson
ardent et où il reçoit les dix commandements.
Nombres : Bamidbar. Quatrième livre du Pentateuque.
Numismate : spécialiste des monnaies.
Oholiab : de la tribu de Dan. Moїse, sur la demande de l’Eternel, le choisit pour
aider Betsalel à construire le Tabernacle.
Paracha : section hebdomadaire de lecture de la Torah.
Pays de Canaan : région
promise à Abraham par Dieu.
Le pays de Canaan est
situé sur la rive orientale de la mer Méditerranée.
Pharaon : souverain d’Egypte pendant l’antiquité.
Pourim : sorts. La fête de Pourim a lieu le 14 et le 15 Adar. Elle commémore la
victoire des Juifs sur leurs ennemis.
Royaume de Juda : royaume
qui a Jérusalem pour capitale. Il se forme après la mort du roi Salomon et est anéanti
après la destruction
de Jérusalem par le roi Nabuchodonosor. Il est composé de la tribu de
Benjamin et de la tribu de Juda.
Salomon : 3e roi d’Israël. Fils du roi David, il construit le Temple de Jérusalem.
Seder : ordre, rituel symbolique lié à la fête de Pessa’h. Par
extension, on emploie le même mot pour d’autres fêtes : Roch ha-Chana, Tou biChevat.
Sefer Torah : copie manuscrite de la Torah sous forme d’un rouleau.
Tabernacle : tente où est
enfermée l’Arche d’alliance dans le désert avant la
construction du Temple par le roi Salomon.
Tables de la Loi : les deux tables de pierre, que Dieu
donne à Moїse, sur lesquelles
figurent les dix
commandements.
Tass : plaque de Torah.
Teroumah : 19e section
hebdomadaire de la lecture de la Torah et 7e paracha du
livre de l’Exode. Elle évoque la construction du Tabernacle.
Torah : enseignement. Regroupe les cinq livres : la Genèse,
l’Exode, le Lévitique, les
Nombres et le Deutéronome.
PO U R En s A V O IR PLUs…
André Goldenberg, L’Art chez les Juifs du Maroc, Paris, 2014
Benjamin Chaia, The Stieglitz collection. Masterpieces of Jewish Art, Jerusalem,
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Pour en savoir plus / Photographies 23
Felix de Saulcy, Histoire de l’Art judaïque, Paris, 1858
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Keen M.E., Jewish Ritual Art in the Victoria and Albert
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– אוררת בהרי האטלס, מנורות חנוכה מאסף ז” שולמן במוזיאון ישראל, ירושלים, חייה
בנימין, 2002
PH O TO g RAPHIEs
P. 11 : Verre de Kidouch, Israël, 1920, Collection Famille Gross
P. 12 : ‘Hanoukkia, Hollande, 1800, Collection Famille Gross
P. 13 : ‘Hanoukkia, Algérie, 1930, Collection Famille Gross
P. 14 : Amulette, Tunisie, 1940, Collection Famille Gross
P. 15 : Amulette d’Italie, 1825, Collection Famille Gross
P. 16 : Assiette, Syrie, 1905, Collection Famille Gross
P. 17 : Amulette, Iran, 1925, Collection Famille Gross
P. 18 : Boîte à parfum, Allemagne, 1740, Collection Famille Gross
P. 19 : ‘Hanoukkia, Maroc, 1930, Collection Famille Gross
Graphisme : David Soulam Publié par les Editions ADCJ
Association pour la Diffusion de la Culture Juive (Association loi 1901)
56 rue Hallé, Paris 75014, France www.levoyagedebetsalel.org
Courriel : contact@adcj.org
Jan vier 2015 mise à jour Août 2021 © Florence Soulam
L’orfèvrerie à l’origine est l’art de
travailler l’or. Le métier d’orfèvre est un des plus anciens métiers d’art. Le mot orfèvre dérive du latin auri faber
– celui qui travaille l’or. Par extension, ce mot désigne celui qui fabrique ou vend des objets en or et en argent.
Faciles à emporter les objets de culte en bronze, en cuivre, en argent ou
en or ont résisté aux tribulations
de l’histoire et à l’épreuve du temps plus que les livres, les textiles, ou
encore les peintures et les fresques. Chaque communauté avait ses objets rituels. Certains, avec une signature, un poinçon, sont un témoignage
inestimable de la production des communautés de diaspora.
De l’Histoire de l’art juif
L’art juif est le langage artistique d’un peuple qui a vécu dispersé pendant 2000 ans au sein des nations. Dans chaque pays et à chaque époque des communautés se sont établies, vivant sans se mélanger à la population d’accueil, reléguées dans des quartiers qui leur étaient réservés. Des artistes y ont vécu et créé des œuvres connues au sein de leurs communautés, mais non en dehors. Les techniques artistiques étaient inspirées de la terre d’accueil, mais pas les thèmes abordés. 5 6 A propos d’art Juif / Le 18e siècle A propos d’art Juif De l’antiquité à nos jours, les sujets iconographiques de l’art juif comprennent les objets du mobilier du Temple, les fruits d’Erets Israël, ainsi que des personnages illustrant des scènes bibliques ou des midrachim. Les communautés juives vivant en Europe utilisent des motifs représentatifs, zoomorphes, floraux, végétaux et géométriques. Les communautés juives vivant en terre d’Islam utilisent ces mêmes motifs, à l’exception de la représentation figurée. En raison de l’histoire mouvementée des communautés juives et de leur dispersion géographique, l’art juif a souvent été méconnu. Cependant, ces dernières décennies, on observe un regain d’intérêt à son égard et une volonté croissante de le faire connaître et de le préserver en tant que patrimoine culturel. Le 18 e siècle Au 18e siècle, le statut des Juifs change en Europe. En France, les juifs connaissent les prémices de l’émancipation. Leur statut évolue, passant de celui de Juif du ghetto à celui de citoyen de confession israélite. La liberté de culte est accordée par des édits de tolérance. Ces édits sont des déclarations signées par un gouvernement ou un chef d’État, stipulant que les membres d’une religion donnée ne seront pas persécutés en raison de leur engagement dans la pratique et les traditions associées à cette religion. Un fossé social existe entre les communautés juives du nord de la France et celles du Sud, notamment de Bordeaux. En Alsace, il existe une importante communauté juive composée principalement d’une population rurale érudite, mais économiquement modeste. Elle est représentée par Cerf Beer, un marchand de chevaux devenu fournisseur des armées. A Bordeaux, la communauté juive a une composition différente. Elle est constituée de familles riches originaires d’Espagne et du Portugal qui après avoir connu l’assimilation sont revenues au judaïsme. Ces familles ont souvent occupé des positions sociales et économiques privilégiées, contribuant à la prospérité économique de la région. 7 Le18e siècle Edit de Tolérance signé par Louis XVI, 1787, France Il est important de souligner que malgré ces différences, toutes les communautés juives partagent une histoire, une culture et une religion communes qui ont façonné leur identité et leur expression artistique. Les Juifs de Bordeaux obtiennent un édit de tolérance en novembre 1787 sous le règne de Louis XVI. Déjà en 1781, l’empereur Joseph II d’Autriche avait promulgué un édit de tolérance concernant les Juifs et les protestants d’Allemagne. 8 La communauté juive de Bordeaux était tolérée en vertu de lettres patentes datant d’Henri II en 1550, qui ont été renouvelées sous Henri III et confirmées par Louis XV. Cependant, cette tolérance était conditionnelle, et la communauté devait acquitter une forte somme, régulièrement réévaluée, auprès du trésor royal. En France, avant la Révolution française, les Juifs étaient souvent exclus des cercles bourgeois et de la fonction publique, et ils n’étaient pas autorisés à s’engager dans l’armée. Des limitations d’accès à certaines institutions et professions étaient courantes, ce qui restreignait les opportunités économiques et culturelles pour les Juifs. Ils ne pouvaient entrer à l’Académie, ni accéder au Grand Théâtre, et étaient également exclus des corporations et des métiers réglementés. Ces restrictions ont eu un impact sur leur intégration dans la société française et leur accès à certains domaines professionnels et artistiques. Cependant, malgré ces obstacles, certains Juifs ont réussi à prospérer dans le domaine des affaires en tant que négociants, armateurs ou banquiers tels que Gradis, Peixotto, Raba, da Silva, Francia, Bonnaffé et Bethmann. Leurs contributions dans les affaires, la finance et les arts peuvent être considérées comme un témoignage de leur détermination et de leurs compétences individuelles. En 1789, l’abbé Grégoire a demandé à ses collègues de se pencher sur le sort des communautés juives de France, notamment celles d’Alsace qui avaient été victimes de sévices antisémites pendant l’été 1789. Leur cause a été défendue par des personnalités telles que Stanislas de ClermontTonnerre, militaire et homme politique, Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, auteur et homme politique, Adrien Duport, député à l’Assemblée nationale, et Antoine Barnave, homme politique. Le 18e siècle 9 Le 18e siècle Stanislas de Clermont-Tonnerre, Adolphe Wurtmuller, 1781, Lyon Clermont-Tonnerre dira : Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus. Il faut qu’ils ne fassent dans l’Etat ni un corps politique ni un ordre. Il faut qu’ils soient individuellement citoyens. 10 Maximilien Robespierre, 1790, France Le 18e siècle 11 Robespierre (guillotiné en 1794) dira : On vous a dit sur les Juifs des choses infiniment exagérées et souvent contraires à l’histoire. Comment peut-on leur opposer les persécutions dont ils ont été les victimes chez différents peuples ? Ce sont au contraire des crimes nationaux que nous devons expier, en leur rendant les droits imprescriptibles de l’homme dont aucune puissance humaine ne pouvait les dépouiller. On leur impute encore des vices, des préjugés, l’esprit de secte et d’intérêt les exagèrent. Mais à qui pouvons-nous les imputer si ce n’est à nos propres injustices ? Après les avoir exclus de tous les honneurs, même des droits à l’estime publique, nous ne leur avons laissé que les objets de spéculation lucrative. Rendons-les au bonheur, à la patrie, à la vertu, en leur rendant la dignité d’hommes et de citoyens ; songeons qu’il ne peut jamais être politique, quoiqu’on puisse dire, de condamner à l’avilissement et à l’oppression, une multitude d’hommes qui vivent au milieu de nous. En 1790 l’Assemblée constituante décide le 28 janvier que :… tous les Juifs connus sous le nom de Juifs portugais, espagnols, avignonnais, continueront de jouir des droits dont ils ont joui jusqu’à présent et en conséquence des droits de citoyens actifs. Le 27 septembre 1791, Louis XVI ratifie la loi déclarant les Juifs citoyens français. La Révolution française et l’émancipation des Juifs ont ouvert de nouvelles opportunités et ont favorisé leur plus grande intégration dans la société française. Cette émancipation, ainsi que par ailleurs l’évolution de l’histoire de l’art en tant que nouvelle discipline académique, ont joué un rôle important dans la reconnaissance de l’art juif. Chercheurs et historiens d’art ont commencé à explorer et à analyser les œuvres créées par des artistes juifs ou inspirées par la culture juive.Grâce à ces développements, au cours des deux derniers siècles, l’art juif a commencé à être reconnu et étudié de manière plus approfondie. Le 18e siècle 12 Le 19e siècle Le 19 e siècle Le 19e siècle sort le juif du ghetto et ouvre la période d’émancipation. Le 7 mars 1807, la communauté juive remercie Napoléon : Béni soit à jamais le Seigneur Dieu d’Israël, qui a placé sur le trône de France, un prince selon son cœur. Dieu a vu l’abaissement des descendants de l’antique Jacob et a choisi Napoléon le Grand pour être l’instrument de sa miséricorde. À l’ombre de son nom, la sécurité est rentrée dans nos cœurs et nous pouvons désormais bâtir, ensemencer, moissonner, cultiver les sciences humaines, appartenir à la grande famille de l’État, le servir et nous glorifier de ses nobles destinées. Napoléon rétablit le culte des israélites, graveur Louis François Couché, 1806, France 13 Le 19e siècle / Les découvertes archéologiques de Felix de Saulcy Felix de Saulcy, photographié par Disdéri, 19e siècle Trois facteurs essentiels vont contribuer à la reconnaissance d’un art juif au 19e siècle : • Les découvertes archéologiques de Felix de Saulcy • Les premiers collectionneurs d’art juif • Les artistes L e s d é c o u v e r t e s a r c hé o l o g i q u e s d e F e l i x d e Saulcy Qui est Louis-Félicien Caignart de Saulcy ? Louis-Félicien Caignart de Saulcy était un membre éminent de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres depuis 1842. Il était à la fois militaire, numismate, archéologue et épigraphiste. Il est considéré comme le fondateur de l’archéologie biblique. 14 Les découvertes archéologiques de Felix de Saulcy L’Académie des Inscriptions et Belles Lettres a été fondée en février 1663 par Colbert, alors ministre de Louis XIV. Elle était appelée à ce moment l’Académie royale des Inscriptions et Médailles. Elle a été créée dans le but de promouvoir les études dans les domaines de l’histoire, de l’archéologie et l’histoire de l’art, de la philologie, de la linguistique, de la littérature, de l’histoire des idées, de l’épigraphie et de la numismatique… En 1701, une réforme a été apportée à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, élargissant sa mission pour inclure l’avancement et la diffusion des connaissances de l’Antiquité classique, du moyen âge, et de l’ensemble des civilisations de l’Orient proche et lointain. Cette réforme a renforcé le rôle de l’Académie dans la préservation et la diffusion des connaissances sur le patrimoine culturel mondial. Elle est impliquée dans les campagnes de fouilles archéologiques en Terre sainte. Selon l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, au 18e siècle et dans les premières décennies du 19e siècle, les seuls vestiges en place en Terre sainte sont gréco-romains. Ces premières recherches archéologiques en Terre sainte ont été influencées par des idées préconçues et des stéréotypes sur l’art juif, ce qui a conduit à mettre ce dernier de côté. Il est important de souligner que, à cette époque, les juifs étaient encore marginalisés et soumis à des restrictions sociales. En raison de son éducation et des idées prédominantes de l’Académie, Félix de Saulcy est persuadé que l’art judaïque (appellation de l’art juif au 19e siècle) n’existe pas et n’a jamais existé. En 1850, après le décès de sa femme, Félix de Saulcy se lance dans un voyage en Grèce, en Turquie, en Syrie et en Terre sainte, accompagné de son fils. Au cours de cette expédition d’une année, il explore le pays, la Bible à la main, et étudie attentivement les vestiges archéologiques. A sa grande surprise, il se rend compte que tout ce qu’il avait appris de ses maîtres à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres n’est pas fondé. Il fait la découverte de ruines de monuments judaïques à Jérusalem, notamment le mur devant lequel les Juifs viennent prier et qu’il date du Temple de Salomon, ainsi que les tombeaux de la vallée de Cédron et le tombeau des rois. Il prend le soin de dessiner ces découvertes et publie, en 1853 son ouvrage intitulé, Le Voyage autour de la Mer Morte et dans les Terres bibliques qui remet en question les théories de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. 15 Les découvertes archéologiques de Felix de Saulcy Critiqué par de nombreux savants et archéologues de son époque pour ses méthodes de recherches jugées peu rigoureuses, Felix de Saulcy fait face aux contestations de ses interprétations. Ses traités topographiques et ses dessins sont considérés par les savants de l’Académie comme de la pure fiction et il ne parvient pas à obtenir la crédibilité souhaitée. Certains de ses détracteurs vont même jusqu’à l’accuser de n’avoir jamais effectué le voyage en Terre sainte, remettant ainsi en question l’authenticité de ses découvertes. L’ouvrage de Félix de Saulcy suscite de vives polémiques car il remet en question les théories établies de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Les divergences entre ses conclusions et les enseignements traditionnels de l’Académie entraînent un conflit d’opinions et de visions. Cette remise en question des connaissances établies va nécessiter un certain temps pour être acceptée. Confronté au scepticisme de l’Académie, Felix de Saulcy cherche un moyen de prouver ses découvertes de manière irréfutable. C’est là qu’intervient la révolution de la photographie au 19e siècle. Grâce à cette nouvelle technologie, il réalise que les photographies peuvent apporter des preuves tangibles et indéniables de ce qu’il a observé sur le terrain. Il rétablit les cartes topographiques de la région et dessine les vestiges sans oublier de prendre les empreintes des écritures. En 1853 malgré la polémique de l’Académie des Belles Lettres, une salle s’ouvre au Louvre appelée galerie judaïque. On y trouve des objets archéologiques rapporté par de Saulcy. La salle disparait en 1950. Toujours en 1853, Félix de Saulcy propose à Auguste Salzmann, peintre de métier qui s’intéresse à l’archéologie et qui est aussi photographe, de l’accompagner dans son voyage en Terre sainte. Félix de Saulcy désire documenter en images les vestiges archéologiques découverts en Terre sainte. Auguste Salzmann capture des détails précis des vestiges d’architecture juive pour rendre un service à la science en rétablissant la vérité, et en éclairant les savants de l’Académie qui à cette époque ne se déplacent pas sur les sites archéologiques. 16 Les découvertes archéologiques de Felix de Saulcy Auguste Salzmann suit attentivement la controverse suscitée par Félix de Saulcy concernant l’existence de vestiges juifs à Jérusalem. Convaincu par les arguments de de Saulcy, Salzmann décide de prendre fait et cause pour lui. L’année suivante, en 1854, ils entreprennent ensemble leur voyage en Terre sainte. Il écrit dans l’avant-propos de son livre : Dans ces circonstances, je modifiai mon itinéraire, croyant rendre un vrai service à la science, en étudiant et surtout en reproduisant par la photographie tous les monuments de Jérusalem, principalement ceux dont l’origine était contestée … Etude et reproduction photographique des Monuments de la ville sainte depuis l’époque judaïque jusqu’à nos jours. Auguste Salzmann va prendre des calotypes (procédé photographique lui permettant d’obtenir plusieurs images positives sur papier à partir d’un seul négatif) et ramener quelques 150 / 170 clichés. A Jérusalem, nos deux explorateurs recensent les monuments de l’époque juive, de l’époque grecque, romaine, chrétienne et musulmane, de manière à aider les savants de l’Académie des Inscriptions et belles lettres à y voir plus clair. Après quatre mois de travail incessant, ils rapportent à l’Académie les preuves que les premiers vestiges de Jérusalem sont d’origine juive. Les photographies apportent une dimension tangible et visuelle qui est difficile à contester, ouvrant ainsi la voie à une reconnaissance de l’existence de l’art juif en Terre sainte. Suite à cette expédition Auguste Salzmann deviendra archéologue photographe. Il dira de ce voyage :Les opinions que l’on a combattues sans voir, je viens les défendre, moi qui ai bien vu, et mes photographies aidant, il faudra bien que la vérité se fasse jour… Les découvertes de Felix de Saulcy concernant l’art juif en Terre sainte vont révolutionner l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Cependant il faut souligner que l’acceptation de ses preuves a pris près de 30 ans. Le but de Felix de Saulcy était de rétablir la vérité et de remettre en question les idées préconçues sur l’absence d’un art juif en Terre sainte. Il rédigera également en 1858 un livre sur l’art juif où il reprendra la Bible, livre par livre, et notera tous les détails qui portent sur l’art juif. 17 Les découvertes archéologiques de Felix de Saulcy Auguste Salzmann, Porte Dorée, 1854 18 Les premiers collectionneurs d’art juif L e s p r e m i e r s collectionneurs d’art juif Au sein des communautés juives, on observe l’émergence des premiers collectionneurs d’art juif dont les collections vont donner naissance aux premiers musées d’art juif en terre d’accueil. Au 19e siècle, en France, Isaac Strauss, né le 2 juin 1806 à Strasbourg et décédé à Paris le 9 août 1888, était un chef d’orchestre, compositeur et collectionneur français. Sous le règne de Napoléon III, il s’est fait connaître pour sa collection d’objets d’art religieux hébraïques. Sa passion pour la préservation du patrimoine juif lui a valu une reconnaissance au sein des cercles culturels de l’époque. Il était réputé pour la qualité et l’étendue de sa collection, qui témoignait de la richesse et de la diversité de l’art religieux juif. La collection d’Isaac Strauss va avoir une influence sur de nombreux passionnés d’art à travers l’Europe. En s’inspirant de la collection d’Isaac Strauss, d’autres collectionneurs ont été encouragés à se consacrer à l’art juif et à rassembler des pièces similaires. Cela a conduit à la création de nouvelles collections privées ainsi qu’à la fondation de musées spécialisés dans l’art juif dans différentes régions d’Europe. En 1890, la baronne Nathaniel de Rothschild acquiert la collection de Isaac Strauss et la dépose au Musée du moyen âge et de la renaissance, également connu sous le nom de Musée de Cluny à Paris. Le transfert de la collection d’Isaac Strauss au Musée de Cluny a eu un impact significatif sur la visibilité et la reconnaissance de l’art juif. En étant présentée dans un musée, la collection a attiré l’attention des visiteurs et des spécialistes de l’art, contribuant ainsi à une meilleure compréhension de l’art juif et de son importance culturelle et historique. 19 Les premiers collectionneurs d’art juif Isaac Strauss par Antoine Maurin 20 En 1893, la première chaire d’histoire de l’art est créée à la Sorbonne. A cette époque, l’étude de l’art se concentre principalement sur les courants artistiques européens et les chefs d’œuvres de l’antiquité gréco-romaine. On ne parle pas encore d’art juif dans les discours académiques et les programmes d’enseignements de l’histoire de l’art. Parmi les collectionneurs inspirés par la collection d’Isaac Strauss, le rabbin David Kaufmann de Budapest est l’un de ces passionnés d’art juif. Grâce à ses efforts et à ceux d’autres collectionneurs, le Musée juif de Vienne a été fondé en 1894. Ce musée était destiné à préserver et à présenter au public l’art juif, offrant ainsi une opportunité d’étudier et d’apprécier l’héritage artistique et historique de la communauté juive. Dès 1900, des musées d’art juif commencent à ouvrir dans différentes villes, notamment à Danzig, Prague, Berlin et Strasbourg. En 1917, le premier musée juif de Russie est inauguré à l’hospice juif de l’île Vassilevski. Ces initiatives témoignent de l’émergence et de la reconnaissance croissante de l’art juif en tant que domaine distinct. Aux États-Unis, en 1904, le Musée d’Art Juif de New York a débuté avec un don de 26 objets cérémoniels offerts à la bibliothèque du Séminaire Théologique Juif d’Amérique par le juge Mayer Sulzberger. Le Séminaire a été fondé en 1886 par des immigrants venant d’Allemagne. Ces œuvres ont engendré une série d’expositions et de dons qui ont contribué à la croissance significative du musée juif au cours du dernier siècle. Les fondateurs du Musée Juif étaient connaisseurs des us et coutumes des objets cérémoniels, une expertise qui a influencé l’expansion de la collection du musée. Parmi eux le Dr Stephen Keizer. Parmi les prêts et les dons en 1902, Cyrus Adler, l’un des dirigeants du Séminaire, a persuadé le collectionneur Éphraïm Benguiat, originaire de Damas et dont la famille vivait à Boston, de prêter sa remarquable collection d’art cérémoniel juif au Musée National des États-Unis, qui est maintenant l’Institut Smithsonian. La collection y est restée pendant 22 ans. En 1925, sa collection de manuscrits et d’objets de culte, soit près de 400 objets, a été rachetée par le Musée des objets d’art rituel juif, aujourd’hui connu sous le nom de Jewish Museum. Les premiers collectionneurs d’art juif 21 Un autre collectionneur, Benjamin Mintz, était un marchand d’antiquités. En raison des troubles en Europe, lui et sa femme sont restés à New York après avoir apporté leur collection d’objets d’artisanat juif polonais à l’Exposition universelle de 1939. Pour une somme modique, Benjamin Mintz a vendu une partie de sa collection au Séminaire et au Musée en 1947. La même année où le Musée Juif a été fondé, Lesser Gieldzinski, collectionneur d’art et conseiller artistique de l’empereur Guillaume II, a fait don de sa collection d’objets d’art juif à la communauté juive de Danzig, où elle a été exposée dans le musée situé dans la grande synagogue. En 1939, face à la menace nazie de destruction de la communauté, la collection a été envoyée au Séminaire pour être mise en sécurité, avec la stipulation que les objets devraient être restitués si, après 15 ans, la communauté de Danzig demeurait en sécurité. Les œuvres sont arrivées à New York un mois avant l’occupation de Danzig par l’armée allemande. Au cours des 20 dernières années, le musée a entrepris des agrandissements et a également fait des acquisitions dans le domaine de l’art contemporain. Le Musée d’Israël, situé à Jérusalem, a été inauguré en 1965. Il abrite une collection d’art et d’archéologie qui retrace l’histoire d’Israël. Sa collection couvre une période allant de l’Antiquité à nos jours. Le musée d’Israël possède l’une des plus grandes collections au monde d’objets cultuels liés à la culture juive. Ces objets proviennent de différentes périodes historiques et de différentes régions du monde où la culture juive s’est développée. Ils témoignent de la diversité des pratiques religieuses et des coutumes juives à travers le temps et l’espace. Parmi les objets exposés, on peut trouver des Ménorot (chandeliers à sept branches) utilisées pendant ‘Hanoukka, des ‘Hanoukkiot (chandeliers de ‘Hanoukka), des rouleaux de la Torah, des Tefillin (phylactères), des Méguilot (rouleaux d’Esther), des objets de culte pour la synagogue, des objets de prière, des vêtements liturgiques, des couronnes de Torah, des étrogim (citrons utilisés pendant la fête de Souccot), des Haggadot (livres utilisés pendant le repas de Pâque), une Souccah et des reconstitutions de synagogues d’Italie, d’Inde, de Pologne, et bien d’autres encore. A Paris, en 1978, commence la restauration de l’hôtel de Saint-Aignan en tant que monument historique. En 1986, la décision est prise d’y installer le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (Mahj). Le Mahj ouvre ses portes en 1998. Sa collection est constituée à partir de l’héritage de la collection Strauss conservée au musée de Cluny, ainsi que du fonds du musée d’art juif de la rue des Saules. Ces deux collections étaient principalement composées d’objets cultuels. Au fil des années, la collection du Mahj a été enrichie grâce à des dons, tels que celui des archives du capitaine Dreyfus par ses petits-enfants. Les premiers collectionneurs d’art juif 22 Elle s’est également agrandie grâce à la générosité de collectionneurs individuels et à l’acquisition d’œuvres et d’objets. Le musée présente des œuvres d’art liées au judaïsme, couvrant une période allant de l’antiquité à nos jours. En plus de sa propre collection, le musée bénéficie également de dépôts de la MNAM (Musée national d’art moderne, qui est situé au Centre Pompidou) qui permettent de présenter des œuvres de peintres ayant travaillé en France à partir de 1910 tels Chagall, Pascin, Modigliani, Soutine, Kikoïne, Krémègne… De nos jours, de nombreux pays abritent des musées d’art juif qui témoignent de l’apport et du mode de vie des communautés juives tout au long de l’histoire dans leurs terres d’accueil. Ces musées d’art juif jouent un rôle essentiel en tant que plateformes permettant au public d’apprendre l’histoire du judaïsme, ses valeurs, ses rituels et ses coutumes. Une profusion d’artistes Au 19e siècle en Europe, suite à la reconnaissance des droits des Juifs, certains d’entre eux désireux de se former aux disciplines artistiques ont commencé à fréquenter les académies d’art. Cette période a été marquée par des changements sociaux et politiques qui ont permis aux Juifs de s’intégrer dans la société et d’accéder aux domaines artistiques et culturels. Certains artistes ont fait le choix de se détacher de l’art cultuel traditionnellement associé à la culture juive et ont cherché à explorer de nouvelles voies artistiques. Inspirés par des courants de pensée novateurs et de nouvelles techniques artistiques, ils ont alors travaillé sans afficher ouvertement leur judéité. Cette période a parallèlement été marquée par l’antisémitisme et les stéréotypes à l’encontre des juifs dans de nombreux milieux y compris le monde de l’art. Dans ce contexte l’appellation art judaïque était utilisée pour décrire les antiquités provenant de sites archéologiques ou de synagogues anciennes et art israélite pour désigner l’art né après la période d’émancipation des Juifs. Les premiers collectionneurs d’art juif / Une profusion d’artistes 23 Une profusion d’artistes L’arrivée de nouveaux artistes n’était pas facilement acceptée et l’idée que les Juifs étaient plus aptes à être de bons vendeurs d’art plutôt que de véritables artistes talentueux était un stéréotype persistant. Malgré ces défis, certains artistes juifs ont réussi à s’imposer et à se faire reconnaître pour leur talent et leur contribution dans le monde de l’art. Leur héritage artistique est aujourd’hui reconnu et apprécié, mettant en lumière la richesse et la diversité de l’art juif à travers les différentes périodes de l’histoire. Ainsi et pour n’en citer que quelques-uns : Moritz Daniel Oppenheim, né en 1800 en Allemagne, était connu pour ses portraits et ses scènes de genre qui reflétaient la vie juive en Allemagne. Salomon Hart, né en 1806 en Angleterre, était spécialisé dans les portraits et les scènes historiques.Alexandre Laemlein, né en Allemagne en 1813, a réalisé des portraits et des scènes de genre. Abraham Solomon, né en 1823 en Angleterre, était associé au mouvement préraphaélite, connu pour ses portraits et ses scènes de genre. Jozef Israels, né le 27 janvier 1824 en Hollande, était un peintre hollandais connu pour ses scènes de genre et ses paysages. Emile Levy, né en France en 1826, a travaillé dans un style réaliste et a souvent représenté des scènes de genre. Edouard Moyse, né en 1827 en France, était spécialisé dans les portraits et les scènes historiques. Camille Pissarro, né en 1830 sur l’île de St Thomas, a été l’un des principaux représentants de l’impressionnisme. Edouard Brandon, né en 1831 en France, était connu pour ses paysages et ses scènes de genre. Siméon Solomon, né en 1840 en Angleterre, était un peintre préraphaélite qui a principalement travaillé sur des sujets bibliques et mythologiques. Henry Levy, né en 1840 en France, était spécialisé dans les portraits et les scènes de genre. Alphonse Levy, né en 1843 en France, était connu pour ses paysages et ses scènes de genre. Isidor Kaufmann, né en 1853 en Hongrie, était spécialisé dans les portraits et les scènes de genre qui représentaient souvent la vie juive d’Europe de l’Est. Maurycy Gottlieb, né en 1856 en Pologne, était connu pour ses portraits et ses scènes historiques. Isaac Levitan, né en 1860 en Russie, était connu pour ses paysages et ses scènes de la vie rurale russe. 24 Une profusion d’artistes / Le 20e siècle Le 20 e siècle Du début du 20e siècle jusqu’en 1967 les opinions varient quant à l’existence d’un art juif. Certains critiques et historiens de l’art remettent en question la notion même d’art juif. Qu’ils soient juifs ou non juifs ils vont nier l’existence d’un art juif en invoquant le second commandement qui met en garde contre les images taillées en ronde bosse : Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point. Exode 20 ; 4-5 Ces opinions divergentes parmi les historiens mettent en lumière la méconnaissance des us et coutumes des communautés juives et du judaïsme en terre d’accueil. Certains historiens soulignent que la diversité des communautés juives dans le monde n’a pas permis de définir de manière rigide ce qui constitue l’art juif dans son ensemble. D’autres historiens reconnaissent cette diversité et soutiennent que l’art juif doit être appréhendé dans sa pluralité, en tenant compte des différentes traditions et influences culturelles des communautés juives à travers les siècles. D’autres encore adoptent une approche plus large et interdisciplinaire, en considérant l’art juif comme un mélange de différentes influences et en soulignant son caractère évolutif au fil du temps. Parmi les différentes réactions en voici quelques-unes : En 1902 l’archéologue J. Benzinger écrit que les hébreux ont un sens déficient de la couleur et que le peuple manque d’inclination artistique. Lesser Ury, né en 1861 en Allemagne, était un peintre qui a travaillé dans un style impressionniste et a souvent représenté des scènes urbaines. Samuel Hirszenberg, né en 1865 en Pologne, était connu pour ses paysages et ses scènes de genre. Hermann Struck, né en 1876 à Berlin, était un graveur et un peintre allemand connu pour son travail dans l’estampe et son style expressionniste. Maurycy Minkovski, né en 1881 en Pologne, était un peintre connu pour ses portraits et ses paysages. 25 / Le 20e siècle Son but : …rassembler les étincelles d’art juif dans le pays et dans le monde, où elles furent éparpillées durant deux millénaires. Boris Schatz était l’élève du sculpteur russe Marc Antokolski à l’école des beauxarts de Vilnius. Outre l’écrivain A’had Ha-Am, qui fut son mentor, Theodore Herzl et Nathan Strauss ont encouragé Boris Schatz à créer l’Ecole de Betsalel. L’objectif de cette école était de promouvoir l’art et l’artisanat juifs en Erets Israël dans des domaines tels que la peinture, la sculpture, l’orfèvrerie, la céramique et la tapisserie en mettant en valeur le savoir-faire des artistes et des artisans issus de divers horizons. L’école encourageait l’utilisation de motifs et de symboles juifs dans les créations artistiques. Elle a joué un rôle important dans la renaissance de l’art juif en Terre d’Israël et a contribué à la création d’un style distinctif et reconnaissable. Ecole d’art et d’artisanat de Betsalel, 1906, Erets Israël A côté de cela, en 1903 Vladimir Stassov et David Guenzburg publient L’ornement hébreu. Vladimir Stassov, critique d’art russe, soutient la thèse de De Saulcy sur la continuité de l’art juif. En 1906, Boris Schatz, un sculpteur d’origine lituanienne, crée à Jérusalem l’Ecole de Betsalel, la première école d’art appliqué depuis la dispersion du peuple juif. Cette initiative fut fortement encouragée par les idées et les écrits de Vladimir Stassov. 26 Boris Schatz entreprend en 1929, un voyage aux États-Unis et en Europe dans le but de collecter des fonds pour promouvoir l’école de Betsalel qu’il avait fondée. Malheureusement, il décède prématurément en Suisse en 1932. En 1907 Vladimir Stassov et David Guenzburg publient un second ouvrage sur des reproductions des manuscrits enluminés du 10e siècles trouvés dans la Genizah du Caire. En 1938 l’historien américain spécialisé en l’art de la renaissance Bernard Berenson soutient que : Les juifs comme leurs cousins ismaéliens les arabes et en fait peut être comme tous les sémites de pure souche ont fait preuve de peu de talent pour les arts visuels et n’en ont montré aucun dans les arts figuratifs. En 1953 Stephen Kayser conservateur en chef du musée juif de New York disait : … le hasard de la naissance peut rendre un artiste juif, mais ce qu’il fait ne nous autorise pas à caractériser ses œuvres comme juives… En 1957 l’historien hongrois Ernest Namenyi dans la préface de l’Esprit de l’Art juif en 1957 écrit : Tous ceux qui au cours du 19e siècle se sont consacrés à l’étude du judaïsme ont délibérément ignoré l’existence d’un art juif. Il était admis une fois pour toutes que le génie créateur des Juifs se limitait à la poésie et peut être à la musique, à l’exclusion des arts plastiques : comme la Bible était sans illustrations, Israël était un peuple sans images, et l’on opposait sur ce point sa tradition à la civilisation gréco-romaine… La même année Cecil Roth essayait de définir l’art juif comme …la production artistique de personnes de religion ou d’origine juive ou ayant été influencée de quelque manière que ce soit… En 1966, le critique d’art Harold Rosenberg conclut à l’inexistence d’un art juif. En 1967, la parution de La Bibliographie de l’Art Juif de Leo Ary Mayer et L’histoire du costume juif d’Alfred Rubens vont par leur abondante iconographie enrichir la connaissance sur les arts juifs et permettre un changement de mentalité. En 1975, Gabrielle Sed-Rajna publie l’ART JUIF où elle écrit en introduction : … 40 ans de découvertes successives de recherches objectives ont permis d’effacer Le 20e siècle 27 que le siècle précédent avait tracé de l’art Juif : une image ternie par des malentendus et l’image des préjugés… En 1998 Richard Cohen proposait comme définition de l’art juif celle d’un art qui reflète l’expérience juive. Pourtant divers ouvrages continuent de paraître sur l’art juif jusqu’à la publication en 1995 du livre de Gabrielle Sed-Rajna, L’art juif publié aux Éditions Citadelles Mazenod, une collection qui donne ses lettres de noblesse à l’art juif. Dans son introduction elle écrit : Cent ans de fouilles archéologiques, jalonnées de découvertes inattendues, parfois étonnantes – que l’on songe aux mosaïques des synagogues galiléennes ou aux peintures murales de la synagogue de Doura Europos -, cinquante ans de recherches foisonnantes, menées par des spécialistes éminents, ont mis au jour – au sens propre comme au sens figuré – une telle richesse d’œuvres, qu’une attitude condescendante qui considèrerait tous ces monuments comme de simples reflets des grands courants artistiques ou comme des produits de circonstance d’un artisanat populaire n’est plus de mise. Pourtant, c’est au 20e siècle, malgré tous les questionnements identitaires, que deux événements vont chacun, à leur manière, contribuer à faire évoluer les mentalités et mener à la reconnaissance de l’art juif : la découverte de la synagogue de Doura Europos avec ses murs entièrement recouverts de fresques, et la création de l’État d’Israël. Le 20e siècle 28 La découverte de la synagogue de Doura Europos L a d é c o u v e r t e d e l a s y n a g o g u e d e D o u r a Europos La ville de Doura Europos est découverte fortuitement par le capitaine britannique Murphy. Suite à la défaite de la Turquie en 1918, la révolte arabe surprend les soldats britanniques, et ils se réfugient au milieu de ce qu’ils pensent être un château arabe. Murphy ordonne de creuser des tranchées pour y placer une mitrailleuse, mais lors de l’excavation, un pan de sable s’écroule et révèle une pièce aux murs recouverts de fresques. Le capitaine Murphy demande au soldat de lui décrire ce qu’il voit, et le soldat lui répond que les murs sont recouverts de fresques. Prévoyant une découverte archéologique importante, Murphy annonce la découverte à l’état-major. Ce dernier la communique immédiatement à l’archéologue américain James Henry Breasted (1865-1935), qui se trouve alors en visite à Bagdad. Breasted recueille le plus de détails possible sur le lieu et ce qu’il voit dans la pièce. C’était le 4 mai 1920. En 1922, la nouvelle est annoncée. Mur de la synagogue de Doura Europos, 1932, Syrie 29 La découverte de la synagogue de Doura Europos La première mission française est confiée en 1923 à Franz Cumont, un archéologue belge, sous l’égide de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Cependant, c’est en 1932, le 22 novembre, que l’archéologue Clark Hopkins découvre la synagogue de Doura Europos. Dans la synagogue, les fresques représentent des sujets tirés de la Bible et du Midrach. Pour les archéologues, c’est une grande surprise, car jusqu’à cette découverte, personne n’avait jamais vu de synagogues avec des murs recouverts de fresques. L’origine de la communauté juive de Doura est peu connue, mais il est probable qu’elle était composée de marchands engagés dans le commerce entre la Méditerranée et l’Orient. La ville de Doura Europos jouait un rôle de contrôle des caravanes de marchandises et des convois militaires se déplaçant d’une satrapie à l’autre. C’était une ville cosmopolite, bien que située en marge par rapport à d’autres grandes villes telles que Palmyre, Alep ou Damas. La première synagogue construite dans une maison privée était de petite taille. Elle était orientée d’est en ouest, dans le sens de la largeur, et avait deux portes donnant accès au vestibule sur le côté. Comme dans les premières synagogues antiques, un banc en maçonnerie longeait les 4 murs. Une niche était également présente, orientée vers Jérusalem. Les archéologues et les historiens de l’art sont confrontés à des scènes narratives dans la synagogue de Doura Europos qui remontent à une époque antérieure aux premières représentations bibliques connues, lesquelles apparaissent à partir du 4e et 5e siècle dans les monuments et les manuscrits chrétiens. Il semble que le judaïsme ait précédé le christianisme dans le développement d’un art figuratif. Le christianisme devient religion officielle de l’empire romain en 380 grâce à l’Édit de Thessalonique, et il devient religion d’État en 390 par l’Édit de Théodose. La qualité du dessin et le choix iconographique suggèrent que ce type de décor n’était pas unique dans la région. Il est probable que d’autres synagogues aient également eu des décors similaires. Les artistes qui ont réalisé ces fresques devaient suivre un programme iconographique spécifique. Il est possible que d’autres synagogues, contenant des décorations similaires, aient disparu au fil du temps ou n’aient pas encore été découvertes.Les fresques de la synagogue de Doura nous donnent le premier exemple d’iconographie juive. Elles renversent les idées reçues à savoir : que l’art juif n’existait pas ; qu’il apparaît au 13e siècle en Rhénanie et en Espagne au moment où le métier de l’enluminure se laïcise ; que les juifs ne possèdent pas de registre iconographique et qu’ils s’inspirent de l’art figuratif chrétien. 30 Ar thur Szyk, Déclaration de l’indépendance de l’état d’Israël, 1948 La naissance de l’Etat d’Israël L a n a i s s a n c e d e l ‘ E t a t d’Israël La création de l’État d’Israël en 1948 a joué un rôle significatif dans la reconnaissance de l’art des différentes communautés juives. La revitalisation de la culture juive s’est concrétisée par la création de musées dédiés à la préservation et à la mise en valeur de ces cultures, qui se sont engagés dans des tâches telles que la classification, l’archivage, la mise à jour des collections et la publication de catalogues. L’art est devenu un moyen important d’exprimer et de célébrer l’identité juive. 31 La naissance de l’Etat d’Israël Par la suite, de nouvelles institutions artistiques ont été créées pour promouvoir et préserver l’art juif, offrant ainsi un espace pour les artistes juifs d’exploration et d’expression de leur créativité. De nombreux artistes ont émergé et ont contribué à renouveler la scène artistique internationale, apportant des perspectives uniques et des récits visuels inspirés de leur héritage culturel. L’art juif est diversifié car le peuple juif est composé d’individus multiples qui expriment leur judaïsme de différentes manières. L’appartenance au peuple juif ne se limite pas uniquement à l’observance stricte des commandements religieux. Être juif représente une identité complexe et plurielle, qui englobe des aspects culturels, historiques et spirituels. Chaque individu juif a sa propre façon d’exprimer son judaïsme, que ce soit à travers la musique, la littérature, la danse, l’architecture ou d’autres formes de créativité. Ces expressions artistiques peuvent être influencées par les coutumes et les traditions propres aux différentes communautés juives, ainsi que par les influences culturelles des sociétés environnantes. Le peuple juif est un peuple en mouvement continuel, et sa créativité porte la marque de cette mobilité. Si certains historiens estiment encore aujourd’hui que l’art doit être défini par un style et considèrent que l’art juif, en raison de sa diversité, ne présente pas de style homogène, d’autres historiens le voient simplement comme l’expression d’un peuple, l’âme d’un peuple qui, au fil du temps et où qu’il se soit trouvé, a su s’adapter, s’intégrer, vivre et créer sans perdre son identité. Avec l’arrivée du 21e siècle et l’émergence du Voyage de Betsalel dans le paysage médiatique, la jeunesse dispose désormais d’un accès facilité à une vaste quantité de connaissances. Le Voyage de Betsalel offre une source précieuse d’informations et de ressources éducatives, permettant aux curieux de puiser abondamment dans ce réservoir de connaissances. Des opportunités d’apprentissage et d’enrichissement sont mises à disposition, permettant aux lecteurs d’élargir leur horizon et de développer leur compréhension du monde qui les entoure. 32 Quelques dates d’émancipation au fil des siècles Q u e l q u e s d a t e s d ’ é m a n c i p a t i o n a u f i l d e s siècles Le 18e siècle : États Unis : 1776 mais avec des réserves (Interdiction d’embauche de fonctionnaires juifs jusqu’en 1877 au New Hampshire/ Mesures discriminatoires à l’entrée de certaines institutions universitaires ou bancaires / Loi Johnson-Reed sur l’immigration de 1924 à 1945 qui condamnera à mort de nombreux Juifs retenus en Europe). France : 1791 citoyenneté et égalité des droits civils République Batave : 1796 droits civils et politiques Le 19e siècle : Prusse : 1806 droits civils et politiques Grèce : 1829 droits civils et politiques. Belgique : 1830 droits civils et politiques. Pologne : 1831 droits civils et politiques. Suède : 1838 droits civils et politiques. Autriche-Hongrie : 1848 droits civils et politiques. Royaume-Uni : 1858 droits civils et politiques. Royaume d’Italie : 1867 droits civils et politiques. Royaume de Hongrie : 1867 droits civils et politiques. Allemagne : 1871 droits civils et politiques. Suisse : 1871 droits civils et politiques. Roumanie : 1877 droits civils et politiques. Le 20e siècle : Russie : 1917 droits civils et politiques. Roumanie :1920 des droits civils et politiques. 1948 : Israël – La déclaration d’indépendance d’Israël est proclamée, établissant un État juif souverain.
Genèse – Béréchit par Eliahou Sidi
Eliahou Sidi, né à Paris en 1936, s’installe à Jérusalem en 1970 pour se consacrer à son art. Il est ancré dans la tradition artistique populaire et naïve d’Erets Israël, utilisant des illustrations colorées pour interpréter les textes. Parmi ses réalisations notables, on compte les cinq Méguilot, le Sefer ha-Yetsira, le Sefer ha-Bahir, le livre de Jonas, les Maximes des Pères, le livre des Psaumes, les contes du Rabbi de Breslav, les Michnayot, et le livre de la Genèse composé de 138 feuillets. Chaque page présente un verset accompagné d’une illustration, et son interprétation des textes en hébreu, anglais et français apporte une touche d’humour personnelle à son œuvre.
Le journal de Betsalel 2010
6 Moïse à Doura-Europos Moïse à Doura-Europos
Un journal d’art juif pour la jeunesse
Le Voyage de Betsalel
Septembre 2010 | Tichri 5771
nº1
Trimestriel
14Un mariage vénitien Un mariage vénitien
28Félix Nussbaum Félix Nussbaum
34 Visite du musée Nahum Gutman Visite du musée Nahum Gutman
40 La plus grande Mezouzah du monde La plus grande Mezouzah du monde
9,50 €
Bonjour, je m’appelle
Betsalel, fils de Hour,
de la tribu de Juda.
Celle dont l’étendard
est bleu ciel et le
symbole, un lion.
Notre tribu est entourée de
celles d’Issachar et de Zabulon.
Quand nous nous
déplaçons, nous sommes
toujours en tête.
Nous avons quitté Refidim et venons
d’arriver dans le désert du Sinaï.
Moïse nous rappelle que « le septième
jour sera un jour de chomage absolu
en l’honneur de l’Éternel »,
nous ne
pourrons
donc pas
toucher
au feu.
Pour la construction du Tabernacle,
Moïse annonce au peuple d’Israël
« Voici ce que l’Éternel m’a
ordonné de vous
dire : Prélevez sur vos biens une offrande pour l’Éternel ;
que tout homme de bonne volonté (…) l’apporte (…)
de l’or, de l’argent et du cuivre (…) » ;
ça bouge de tous les côtés, hommes et femmes apportent leurs biens… À suivre…
COURRIER DES LECTEURS 4
De verset en verset 5
Moïse à Doura-Europos 6
Concours de Roch ha Chana 12
Un mariage vénitien 14
Il était une fois… 20
Expositions dans différents musées 22
Poster 24
Sur les traces de nos grands-parents… 27
Félix Nussbaum 28
Visite du musée Nahum Gutman 34
La plus grande Mezouzah du monde 40
Photographe en herbe 42
BD : la découverte de Doura-Europos 43
Solution des jeux 47
Sommaire ommaire
Rédactrices Florence Soulam Michèle Fingher Graphiste Meirav Bezzubov Illustrations Néchémia Bezzubov Dessinateur bande dessinée Raphaël Chalfine Chargée de la communication Joëlle Rubin
levoyagedebetsalel@gmail.com
Association à but non lucratif
Septembre 2010 | Tichri 5771
Trimestriel n°1
10, rehov Beer Sheva, Nahlaot
94507, Jérusalem, Israël
Bonjour,
Je vais aller à Jérusalem cet été. Est-ce que
je pourrais rencontrer un peintre israélien ?
Nathalie, 9 ans
Cher Oholiab
Pourquoi c’est toi qui pose des
questions et Betsalel qui répond ?
Je suis sûre que si Betsalel te
demandait ton avis, tu pourrais toi
aussi nous raconter des histoires.
Annaêl, 8 ans
Salut,
Votre revue est super et m’aide à
faire les devoirs. Allez-vous publier
un article sur Chagall ?
Jonathan, 12 ans
Bonjour,
Je suis élève de CM1, ma grandmère voudrait m’abonner, mais elle
habite au Canada.
Comment faire ?
Yaël, 10 ans
Chers lecteurs, hers lecteurs,
Bonjour, je m’appelle Oholiab,
celui avec le tee-shirt-vert. Mon
ami s’appelle Betsalel. Nous vous
invitons à venir nous rejoindre dans
Le Voyage de Betsalel, un journal
d’art juif pour jeunes de tous les
pays.
Venez découvrir les communautés
juives qui ont vu le jour après la
destruction du 2e Temple en l’an
70 et se sont perpétuées jusqu’à leur
retour en Israël en 1948.
Faites connaissance avec la
synagogue de Doura-Europos
en Syrie mise à jour
par hasard en 1932.
Accompagnez-nous au
mariage d’Esther et de
Jacob à Venise en 1750.
Découvrez la difficulté d’être
un peintre juif allemand
pendant la 2e Guerre
mondiale. Venez déguster
une glace dans le quartier de
Neve Tsedek avant d’entrer
dans le musée de Nahum
Gutman. Écoutez l’interview
d’Abraham Borshevsky que j’ai
réalisée et surtout participez à nos
jeux et envoyez-nous vos dessins !
Vous aurez peut-être la chance de
voir votre œuvre sur notre blog…
COURRIER
LECTEURS
DES
4
De
en
COURRI
LECTEU DES
Envoie ton dessin par la poste avant le 1er octobre à l’adresse suivante :
Le Voyage de Betsalel, 10, rehov Beer Sheva, Nahlahot 94507, Jérusalem, Israël
N’oublie pas d’ajouter ton nom, ton âge, une photo, ton courriel et la ville où tu habites !
Le meilleur dessin sera publié dans notre prochain numéro.
Les suivants paraîtront sur le blog du Voyage de Betsalel.
verset
Yona Adiv, 10 ans, Jérusalem
« Or la terre n’était que solitude et chaos ; des
ténèbres couvraient la face de l’abîme… » Genèse 1,2
Comment imagines-tu le verset qui suit ?
« D-ieu considéra que la lumière était bonne,
et Il établit une distinction entre la lumière
et les ténèbres. » Genèse 1, 4.
À tes crayons pour tes crayons pour
le prochain verset ! e prochain verset !
5
Moïse à Doura-Europos oïse à Doura-Europos
Aujourd’hui est un jour exceptionnel ! ujourd’hui est un jour exceptionnel !
Betsalel et Oholiab nous emmènent visiter une ancienne synagogue décorée
de fresques à Doura-Europos en Syrie.
Betsalel nous montre les murs où sont peints Abraham, Jacob, Moïse,
Aaron, Samuel, David, Salomon, Eli, Esther…
Entrons avec eux…
-350-100 350 100
Doura vient du mot « Dawara »
et signifie « forteresse » dans les
langues sémites anciennes.
Europos Europos est le nom du village
natal de Séleucos ıer, le fondateur
de la dynastie des Séleucides, une
dynastie qui régna en Syrie entre
-305 et 64.
Sassanide Sassanide, dynastie perse.
50 100
-332 La Judée sous
dépendance grecque
-164 Rétablissement du culte dans le Temple
-113 Les Parthes occupent
Doura-Europos
-168 Antiochus IV
efface toute trace
de judaïsme
-166 Révolte des Maccabées
contre les Grecs
-300
Fondation de
Doura-Europos
-247 Fondation
de l’École de Soura
115 Trajan occupe Jérusalem
-350 0 -300 -250 -200 -150 -100 -50
6
Une ville
peut-elle
disparaître ?
vallée de l’Euphrate et de là, il peut surveiller et protéger les
caravanes qui transportent la soie et les épices.
C’est le sable entassé pour renforcer les remparts de la ville ’est le sable entassé
à la veille de l’invasion sassanide qui a protégé les fresques assanide
de la synagogue contre les attaques du temps. L’ensemble a
été reconstitué au musée de Damas en Syrie.
La ville de Doura- a ville de DouraEuropos est située uropos
à l’est de la Syrie, à
400 km de Nehardea
où vivait une grande
communauté juive
de Babylonie.
Le général grec Séleucos
ıer crée Doura-Europos
sur les vestiges d’une
forteresse gréco-romaine.
L’emplacement est bien
choisi. En effet DouraEuropos surplombe la
Antioche
Palmyre
Sidon Damas
Jérusalem
Doura-Europos Poumbedita
Nehardea
Soura
France
Oui,
Doura-Europos a été
fondée en -300 et
anéantie en 256
7
J
retrouver les sept erreurs ?
Peux-tu aider Betsalel à
eu
Réponse page 47
Original Copie Moïse au mont Horeb près du buisson ardent. Synagogue de Doura-Europos.
-150-300 150 300
Tanakh Appellation de la Bible
hébraïque.
Torah Nom hébraïque du Pentateuque.
Araméen Langue sémitique, de la
même famille que l’hébreu.
Exode Second livre du Pentateuque (en
hébreu Chemot).
Nombres Quatrième livre du
Pentateuque (en hébreu Bemidbar).
Comment sait-on que l’on a omment sait-on que l’on a
affaire à une synagogue ? ffaire à une synagogue ?
Plusieurs indices nous lusieurs indices nous
le prouvent. e prouvent.
1. Les fresques de la synagogue illustrent le
Tanakh.
2. Il y a une niche destinée à recevoir les rouleaux
de la Torah sur le mur en direction de orah
Jérusalem.
3. Une inscription en grec commémore la
rénovation de la synagogue effectuée grâce à
Samuel Bar Idi.
4. Il y a une inscription en araméen qui rappelle la raméen
date d’inauguration de la nouvelle synagogue,
en 245-246.
8
-63 La Judée
est sous
dépendance
romaine
-63 Fin de l’État
autonome juif en Judée
166 Les Romains s’emparent
de Doura-Europos
-150 100 150 200 250 300 -100 -50 0 50
64 Achèvement
des travaux du
Temple 70 Destruction du Temple par Titus
211 Doura-Europos devient une colonie romaine
227 Les
Sassanides
remplacent les
Parthes
Niche de la Torah. Synagogue de Doura-Europos.
Betsalel entre le premier dans la synagogue. Devant lui, 26 etsalel entre le premier
fresques juxtaposées et disposées sur trois niveaux illustrent
divers épisodes du Tanakh.
Le plafond a bien 7 mètres de haut… Oholiab remarque la e plafond a bien 7 mètres de haut…
niche richement décorée dirigée vers Jérusalem.
Tout autour, il reconnaît Moïse à différents épisodes de
sa vie : lorsqu’il est sauvé du Nil (Exode 2, 5) xode , quand il est
devant le buisson ardent (Exode 3, 2-3) xode , pendant la période de
l’exode (Exodeı4-ı5) et à la source de Beer (Nombres 2 ombres ı, ı6).
Jeu
Jochebed, la mère de Moïse, se résigne à
confier son enfant au Nil (Exode 2, 3).
Bithya, la fille de Pharaon, a donné
l’enfant à Myriam qui le confie à Jochebed
(Exode 2, 7).
La fille de Pharaon prend son bain dans
le Nil et porte un jeune enfant sur sa hanche.
Un berceau flotte tout près d’elle. Derrière
elle, se tiennent trois femmes portant des
ustensiles (Exode 2, 55).
Pharaon qui donne l’ordre aux deux
sages-femmes, Chifra et Poua, de tuer les
nouveau-nés hébreux de sexe masculin
(Exode ı, ı6).
Que remarques-tu ?
9
La rédactrice a mélangé l’ordre des
paragraphes ! Aide-là à associer
les quatre parties de la fresque aux
quatre légendes !
Réponse page 47
Jochebed et Moïse. Synagogue de Doura-Europos.
0-300
A-t-on le droit de dessiner -t-on le droit de dessiner
un personnage ? n personnage ?
10
0 50 100
0
150 175 200 225 250 275 300
300 135 Prise de
Jérusalem par
Hadrien, rebaptisée
Ælia Capitolina
132 Soulèvement de Bar
Kokhba contre Rome. Début
de la Diaspora
245 Agrandissement de la
synagogue de Doura-Europos
253 Les Sassanides
reprennent Doura-Europos
256 Les Sassanides
détruisent la ville
et déportent la
population
S’étonne Oholiab en regardant Moïse ‘étonne Oholiab en regardant Moïse
Tu connais bien sûr le 2e commandement qui figure à deux reprises dans le Tanakh,
demande Betsalel : « Tu ne te feras point d’idole, ni toute image de ce qui est
en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, tu ne les adoreras point », (Exode 20, 4).
« Tu ne te feras point d’idole, l’image de quoi que ce soit dans le ciel en haut,
ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre » (Deutéronome 5, 7) eutéronome .
Deutéronome Deutéronome Cinquième et dernier
livre du Pentateuque (en hébreu
Devarim).
Idolâtrie Idolâtrie Fait d’honorer des images
gravées.
Hiératique Hiératique Figée.
200 Dédut de
la rédaction de
la Michna
Ces interdits sont une protection pour ne pas tomber dans l’idolâtrie. Mais il n’existe aucun es interdits sont une protection pour ne pas tomber dans l’idolâtrie.
interdit de raconter une histoire par des images.
Regarde la position hiératique de Moïse près du buisson ardent ! L’artiste ne cherche pas egarde la position hiératique de Moïse
à faire un « portrait ». Il ne cherche pas à exprimer la beauté du personnage ou à imiter la
nature. Peu importe si Moïse est grand ou petit, maigre ou gros, l’important est d’expliquer le
verset par une image.
L’interdiction de représenter un visage, un corps, a été ‘interdiction de représenter un visage, un corps
respectée plus ou moins sévèrement selon les époques.
Les autorités rabbiniques voulaient empêcher l’idolâtrie, éviter
qu’en regardant l’image on en oublie sa signification pour ne
s’attarder que sur sa perfection. Avec les fresques de DouraEuropos, il n’est pas question de faire du « beau »
mais de raconter par l’image les événements qui ont traversé
notre histoire.
Les fresques de la synagogue ont été conservées es fresques de la synagogue ont été conservées grâce à un hasard
miraculeux. Elles témoignent de l’existence probable d’autres fresques dans
les synagogues de la région. Malheureusement, rien jusqu’à présent n’a
été retrouvé. Le fait que la ville de Doura-Europos soit restée longtemps
inhabitée est sans aucun doute ce qui l’a préservée.
Jeu
11
Retrouve l’ombre de Jochebed !
Réponse page 47
ı
Jochebed recevant Moïse.Synagogue de Doura -Europos.
Concours de Roch ha Chana
C’est bientôt le 1er et le 2 Tichri. La ’est bientôt le 1er et le 2 Tichri. La fête de Roch ha chana tombe cette ête de Roch ha chana tombe cette année, le 9 et le 10 septembre. nnée, le 9 et le 10 septembre.
Oholiab et Betsalel ont repris l’école. En classe, on leur a demandé de
dessiner un poisson.
Ils ont donc tracé la forme d’un poisson sur une grande feuille et sont en
train de découper des petits morceaux de papier de toutes les couleurs.
Bientôt ils les colleront sur la forme et leur poisson aura des écailles multicolores !
12
Roch ha Chana
13
Peux-tu toi aussi eux-tu toi aussi
composer un collage composer un collage
représentant un poisson ? représentant un poisson ?
Envoie-le au Voyage Envoie-le au Voyage
de Betsalel sans oublier de Betsalel sans oublier
d’ajouter : ‘ajouter :
ton nom, on nom,
ton âge, on âge,
une photo, ne photo,
ton courriel, on courriel,
la ville où tu habites, la ville où tu habites,
Si ton dessin est choisi, Si ton dessin est choisi,
nous le publierons sur nous le publierons sur
le blog du Voyage de le blog du Voyage de
Betsalel. etsalel.
De l’an 1000 à l’émancipation
Un mariage vénitien
1700-1800 1700 1800
Les invités arrivent et se es invités arrivent et se
souhaitent Mazal-Tov. Betsalel ouhaitent Mazal-Tov.
rejoint le petit groupe formé
par les pères des futurs époux,
le rabbin et les deux témoins.
Il regarde par-dessus l’épaule
d’Oholiab le magnifique
parchemin enluminé étalé sur
la table et prêt à être signé par
Simha Calimani Simha Calimani Sais-tu que le rabbin Simha Calimani
(ı699-ı784) a composé le chant
récité à chaque mariage « Kol
Simha » ?
Ketouba Ketouba Contrat de mariage.
Nous sommes ous sommes
à Venise Venise
le 8 Eloul 5510 ou le 9 septembre
1750. Les familles Mendès et Cardozo
invitent nos deux amis au mariage
de leurs enfants. Les Mendès sont de
riches banquiers.
France
Jacob Mendès. L’instant est grave. Sa signature engage le jeune marié à nourrir sa femme, la
vêtir, la soigner, et même à veiller à son enterrement en cas de décès ou payer une rançon si elle
vient à être enlevée et mise en captivité. Une clause prévoit les indemnités que la jeune femme
recevra en cas de divorce ou de mort de son conjoint.
1714-1718 Guerre entre la République de Venise et l’Empire ottoman.
1700 1720 1740 1760 1780 1800 1820 1840 1860 1880
1718 Le traité de Passarowitz fixe les frontières
de la République de Venise
1700 Interdiction aux non-Juifs de séjourner dans le ghetto.
1734 Excommunication du rabbin Mosè
Chaim Luzzatto (1707-1747)
Venise
Jérusalem
Oholiab a choisi ses plus beaux habits pour l’occasion
et arrive parmi les premiers. C’est juste le moment
où le père du futur marié et celui de la fiancée sont
penchés au-dessus du contrat de mariage. Simha
Calimani, un des deux témoins, est fier de lui alimani
montrer les enluminures de la « Ketouba ». etouba
14
Les oiseaux de la Ketouba se sont échappés
et se sont mêlés à ceux d’une volière !
Retrouve-les et rends-les à Esther !
Réponse page 47 Ketouba de Venise, ı750. Bibliothèque Nationale de Jérusalem.
Jeu
15
ı
De l’an 1000 à l’émancipation
séparation, Chimon ben Chetah permit
aux plus pauvres de se marier. Il réduisit le
nombre de divorces et donna une relative
indépendance financière à la femme veuve
ou divorcée.
Oholiab demande à Simha Calimani holiab demande à Simha Calimani
pourquoi le texte est rédigé en écritures
différentes sur deux colonnes. Simha
Calimani, réputé pour sa connaissance de
l’hébreu, lui explique que le texte de droite,
en écriture carrée, est le texte de la Ketouba
proprement dite. Sur la colonne de gauche,
en cursives, sont rédigées les conditions,
les « Tenaïm ». Celles-ci décrivent très
précisément ce qu’apportent les familles
respectives – terrains, maisons… – et ce que
deviennent ces biens en cas de remariage ou
de décès d’un des conjoints.
La ketouba, a ketouba,
un document juridique n document juridique
1700-1800 1700 1800
1766 La population juive compte 1 700 habitants.
1750 Mariage de Esther Cardozo
et Jacob Mendès.
1777 Conditions difficiles imposées
aux Juifs dans le ghetto
Zouz Pièce de monnaie en argent valant un quart de
chekel.
Chimon Ben Chetah Chimon Ben Chetah
Président du Sanhédrin sous
le règne du roi Asmonéen
Alexandre Jannée.
À l’époque de la destruction du Temple, l’époque de la destruction du Temple
plus de mille huit cents ans avant le
mariage d’Esther Cardozo et de Jacob
Mendès, l’idée d’un contrat écrit existait
déjà mais avait un but tout autre : fixer la
somme que le jeune homme devait donner
au père de la mariée pour l’épouser. C’était
le douaire, « mohar » en hébreu.
Réunir la somme de 200 « éunir la somme de 200 « zouz »était
toute une affaire pour les plus modestes
et beaucoup de jeunes gens devaient
travailler de longues années avant de se
marier. Chimon Ben Chetah himon Ben Chetah eut l’idée de
transformer cette clause en une somme
versée plus tard, au moment du divorce.
En faisant du « mohar » non pas une
condition du mariage mais une obligation
du mari envers sa femme en cas de
1700 1720 1740 1760 1780 1800 1820 1840 1860 1880
16
1737 Simha Calimani rédige
Kol Simha interprété lors
des mariages.
Détail de la Ketouba. Jérusalem entourée de murailles.
On demande un expert !
Réponse page 47
Quels sont les détails qui rappellent Jérusalem ?
Quels sont ceux qui proviennent d’Italie ?
Déchiffre le psaume inscrit au-delà des montagnes
de Judée !
Jeu
17
De l’an 1000 à l’émancipation
1700-1800
Rav Johanan Rav Johanan Rabbin (ı80-
279) qui vécut en Palestine à
l’époque des Amoraïm.
Rav Hanina Ben Hama Rav Hanina Ben Hama Rabbin
né en Babylonie au début du ıııe
siècle, qui vécut en Palestine.
Rav Abraham Ibn Ezra Rav Abraham Ibn Ezra Rabbin
andalou du XIIe
siècle, auteur
du Séfer HaYashar.
Maïmonide aïmonide Moché Ben Maïmon,
appelé le Rambam (ıı38-ı204),
auteur du Guide des Égarés.
Rampant Rampant Accolé à un arbre.
Un blason n blason
Betsalel, lui, s’intéresse au blason dessiné etsalel, lui, s’intéresse au blason
tout en haut de la Ketouba. Il a la forme d’un
cœur surmonté d’une couronne.
Jacob et Esther ne sont pas les seuls à acob et Esther ne sont pas les seuls
posséder un blason. Ils partagent ce privilège
avec les familles juives italiennes qui, depuis
le XVe
siècle, ont le droit d’avoir un blason.
Certains le gravent sur la façade de leur
maison, d’autres s’en servent pour décorer
leur papier à lettres. Beaucoup l’inscrivent sur
leurs livres de prières. Riches ou pauvres ont
désormais leur blason, et le mettre en haut de
la Ketouba n’est pas signe de noblesse.
Le lion est l’animal qui apparaît le plus e lion est l’animal
souvent sur les blasons italiens.
Symbole de la tribu de Juda, il
incarne la justice et représente
également le courage de la
jeunesse et la réflexion de l’âge
mûr. Il est dessiné la plupart
du temps rampant, tenant une ampant
palme ou couronné.
1700
17
1720
70
1740
00
1760 1780 1800 1820 1840 1860 1880
0 1800
Des étoiles pour Israël ? es étoiles pour Israël ?
1797 Abolition des restrictions envers la communauté juive
1797 Les Français occupent
la ville ; la République de
Venise n’existe plus. 1796 Napoléon Bonaparte annonce
l’émancipation des Juifs italiens
1866 Le ghetto est
définitivement aboli
Les signes du zodiaque dessinés sur la Ketouba seraient es signes du zodiaque dessinés sur la Ketouba
comme un souhait de chance, une façon de dire aux
jeunes mariés « Mazal-Tov », sous une bonne étoile.
Oholiab remarque que l’enlumineur a dessiné les signes
astrologiques de droite à gauche comme l’écriture hébraïque
en respectant l’ordre des mois de l’année.
L’attitude des autorités religieuses envers les étoiles et les ‘attitude des autorités religieuses
signes astrologiques est ambivalente. Pour Rav Johanan, av Johanan
« il n’y a pas de mazal pour Israël mais seulement pour
les nations ». Pour Rav Hanina Ben Hama, par contre, av Hanina Ben Hama
« il y a des étoiles pour Israël ».
Rav Abraham Ibn Ezra adopte une attitude positive av Abraham Ibn Ezra
envers l’astrologie alors que Maïmonide l’associe à de aïmonide
la superstition.
18
Réponse page 47 Fais correspondre les mois hébraïques
à ceux du calendrier grégorien et trouve
le signe astrologique correspondant !
Calendrier Calendrier Calendrier alendrierhébraïque hébraïque grégorien régorien
av mars-avril
kislev avril-mai
tevet mai-juin
tammouz juin-juillet
hechvan juillet-août
iyyar août-septembre
tichri septembre-octobre
eloul octobre-novembre
adar novembre-décembre
sivan décembre-janvier
chevat janvier-février
nissan février-mars
Jeu
19
Il était une fois…
Un chofar n chofar
Provenance : Maroc (Casablanca)
Matériau : corne et argent
Mode de fabrication : argent incrusté dans la corne
Date : 1920
Lieu de conservation : collection famille Gross
Dimensions : 34 cm x 21.5 cm
Le chofar est une corne d’un animal qui répond aux règles de e chofar est une corne
la cacherout comme le bélier, le mouton, la gazelle, le bouc.
On évite d’utiliser les cornes de bœuf et du gros bétail car
elles rappellent le péché du Veau d’or. L’usage le plus répandu
est d’utiliser une corne de bélier.
C’est à Roch ha Chana et à la fin de Kippour qu’on souffle le ’est à Roch ha Chana et à la fin de Kippour
chofar.
Les rabbins ont établi un ordre de sonnerie dans le traité de es rabbins
Roch ha Chana (Seder Moed).
La personne qui sonne le chofar fait entendre 4 types de a personne qui sonne le chofar
sons distincts : • Tekia : son long continu. Tekia : • Téroua : Téroua :
son court. • Shevarim : série de 9 sons saccadés. Shevarim : • Tékia
guédola : sonnerie majeure, longue et continue. uédola :
A Kippour, elle marque la
fin du jeûne.
Il est interdit de sonner du l est interdit
chofar le jour du Shabbat.
Maïmonide voit dans la aïmonide
sonnerie émise par la corne
de bélier un appel au repentir.
Très peu de chofars sont rès peu de chofars sont
décorés. Ceux qu’on a écorés
retrouvés proviennent
du Maroc mais ils sont
extrêmement rares. En
fait, il y avait des familles
spécialisées dans la
décoration des chofars. La
famille Barsheshet en faisait
partie. Elle a émigré en Israël
où elle a continué d’exercer
sa profession. Il est donc fort
possible que le chofar que
vous voyez provienne de ses
ateliers…
20
chofar du Maroc, collection famille Gross
Bon de commande À découper et à renvoyer à :
Le Voyage de Betsalel Le Voyage de Betsalel | 10, rehov Beer Sheva | Nahlaot | 94507 Jérusalem | Israël
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Veux-tu faire la
connaissance de Bar
Kokhba ?
Es-tu prêt à nous
suivre dans nos
prochaines aventures ?
Es-tu déjà entré
dans les coulisses
d’un théâtre ?
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ta photo et ton œuvre
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blog ?
Connais-tu le
nom de celle qui
voulait acheter le
Mur occidental ?
Veux-tu savoir pourquoi le « Mem » et le
« Samech » sont des lettres miraculeuses ?
Veux-tu faire collection
de posters ?
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Expositions dans différents musées xpositions dans différents musées
France (Paris) rance (Paris)
La Splendeur des Camondo,
de Constantinople à Paris,
Musée d’art et d’histoire du
judaïsme, du 6 novembre
2009 au 7 mars 2010
Allemagne (Berlin) llemagne (Berlin)
It must Schwing – Blue
Note – Photographies de
Francis Wolf et de Jimmy
Katz, Musée juif de Berlin,
du 10 octobre 2009 au 7
février 2010
Israël (Jérusalem) sraël (Jérusalem)
Shmuel Katz, Musée
d’Israël, à partir
du 25 novembre 2009
États-Unis (New York) tats-Unis (New York)
Reinventing Ritual :
Contemporary Art and
Design, Le Musée juif, du
13 septembre 2009 au 7
février 2010
États-Unis (San Francisco) tats-Unis (San Francisco)
There’s a Mystery There :
Sendak or Sendak, Musée
juif contemporain, du 8
septembre 2009 au 19
janvier 2010
Australie (Victoria) ustralie (Victoria)
Women in the Bible,
Le Musée juif d’Australie,
du 15 octobre 2009 au
14 mars 2010
Biélorussie iélorussie
(Vitebsk) Vitebsk)
Marc Chagall,
Collection
permanente
Angleterre (Manchester) ngleterre (Manchester)
Albert Einstein : Man of
the Century, Musée juif de
manchester, du 7 octobre
2009 au 17 décembre
2009
Italie (Venise) talie (Venise)
Âme et Exil : Giorgio
Celiberti, Musée juif de
Venise, du 6 septembre
2009 au 31 janvier 2010
Belgique (Bruxelles) elgique (Bruxelles)
Arnauld Stern
Rétrospective, Musée juif de
Belgique, du 13 novembre
2009 au 21 février 2010
22
Sponsorisez notre revue ! ponsorisez notre revue !
Le Voyage de Betsalel e Voyage de Betsalel
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Pour tout renseignement, écrivez-nous :
levoyagedebetsalel@gmail.com evoyagedebetsalel@gmail.com
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Michèle Fingher : 00 972 2 582 07 35 ichèle Fingher : 00 972 2 582 07 35
Florence Soulam : 00 972 2 624 91 01 lorence Soulam : 00 972 2 624 91 01
26
21
Le livre des coutumes e livre des coutumes
Livre des coutumes de Chimon Lévy Ginsburg, collection de la famille Gross.
27
Sur la page 35 du livre, une gravure sur ur la page 35
bois représente des hommes habillés
d’une longue robe plissée. Ils portent un
large chapeau aplati. Tous sont debout
devant l’Aron ha Kodech et écoutent le ron ha Kodech
chofar. En haut de la page est écrit
« Roch ha Chana ». och ha Chana
Au bas de la gravure, figurent les noms des u bas de la gravure
différentes sonneries du chofar.
L’écriture est celle de Rachi pour les ’écriture
commentaires en yiddish et l’écriture carrée
pour les citations en hébreu.
Aron ha Kodech Aron ha Kodech L’arche sainte
contenant les rouleaux de la Loi.
Roch ha Chana Roch ha Chana Nouvel an.
Le livre des coutumes est un livre qui e livre des coutumes
explique les différentes pratiques religieuses
qui ne figurent pas dans le Tanakh. Ce sont
la description des cérémonies familiales, le
déroulement des fêtes, les prières…
Le plus ancien livre des coutumes que nous e plus ancien
connaissons date du 8e siècle et s’appelle
le «Sefer hahillouqim ben Mizrah ve Erets
Israël» que l’on peut traduire par «livre des
coutumes de l’ancienne Babylonie et d’Eretz
Israël».
Pourquoi a-t-on écrit de si nombreux livres ourquoi a-t-on écrit
de coutumes ?
On peut trouver trois raisons :
– enseigner aux fidèles comment se
comporter pendant les fêtes,
– consigner les nouvelles coutumes qui
apparaissaient au fur et à mesure que les
Juifs se dispersent,
– éviter que les pogroms mettent fin aux
traditions et donc à la pratique religieuse.
Le livre des coutumes écrit par Chimon Lévy e livre des coutumes écrit par Chimon Lévy
Ginsburg a été publié par Chlomo ben Yossef insburg
Proops à Amsterdam en Hollande en ı728.
S u r l e s t r a c e s d e n o s g r a n d s – p a r e n t s . . .
1900 1905 1910 1915 1920 1925 1930 1935 1940 1945
1900-1945 1900 1945
Félix Nussbaum élix Nussbaum
Epoque moderne
Oholiab est très triste. holiab est très triste.
Les journaux annoncent
que la guerre est
imminente. Or son ami,
Félix Nussbaum, qui à
l’âge de 23 ans exposait à
Berlin, aime se promener
dans la nature pour
peindre. Oholiab lui
téléphone : « Les temps
sont dangereux, Félix.
Fais attention à toi ! »
Allemagne
Pologne
Italie
Jérusalem
France
Belgique
Philippe Nussbaum est un peintre hilippe Nussbaum est un peintre
amateur qui emmène son fils Félix dans mateur
de longues randonnées au cours desquelles
père et fils peignent les paysages
d’Osnabrück.
En ı922, Félix décide ne pas 22, Félix décide
achever ses études supérieures.
Il veut être peintre. Philippe
l’encourage. Il le soutiendra
financièrement tout au long
de sa vie. Félix quitte donc Osnabrück pour Hambourg et entame des études d’art.
Il est admis en l est admis en ı925 au Collège national des arts appliqués de Berlin. Il y rencontre Felka 25
Platek, peintre d’origine polonaise, avec laquelle il se mariera.
En ı998, un musée lui est consacré à Osnabrück, la ville où il est né. 98
1914 Première Guerre mondiale
1922 Mussolini prend
le pouvoir en Italie
1904 Naissance de
Félix Nussbaum
en Allemagne
1925 Adolf Hitler
publie Mein Kampf
1924 Académie d’art de Prusse 1925 Félix Nussbaum rencontre sa future
femme à l’Académie d’art de Berlin
1933 Limitation du nombre de
Juifs fréquentant les écoles et
universités allemandes
28
J
coloris différents de l’autoportrait
Parmi les détails lesquels ont des
eu
de Félix Nussbaum ?
Réponse page 47
Autoportrait, Félix Nussbaum, ı943
ı
29
1900 1905 1910 1915 1920 1925 1930 1935 1940 1945
1900-1945 1900 1945
Félix Nussbaum quitte élix Nussbaum quitte
Berlin en erlin ı932. L’Académie
allemande des arts lui décerne
une bourse et l’envoie à Rome
à la Villa Massimo où il
continue ses études. Durant
son séjour en Italie, il apprend
qu’un incendie s’est déclaré
dans son atelier de Berlin : ı50
toiles disparaissent.
À Rome, les choses ne Rome, les choses ne
s’arrangent pas non plus. Un ’arrangent pas non plus
élève l’insulte. Félix se bat
et est renvoyé. Il rejoint ses
parents qui se sont réfugiés
à Rapallo, une station
balnéaire italienne, dans
l’attente de savoir où aller :
en Palestine, aux États-Unis
ou revenir en Allemagne ?
Malgré les avertissements
de leur fils, Rachel et
Philippe choisissent de
regagner leur pays natal.
Félix ne reverra jamais ses
parents.
En janvier n janvier ı935, Félix et Felka 35
décident de ne plus retourner
en Allemagne.
1936 Jeux olympiques de Berlin
1937 En Allemagne les Juifs sont
exclus des professions libérales
1938 Nuit
de Cristal
1932 Réside à la Villa Massimo à Rome 1935 Il reçoit un visa de 30 touriste pour la Belgique
Félix
Villa Massimo illa Massimo
Epoque moderne
Jeu
Barques de pêcheurs sur la plage, Félix Nussbaum, ı929
Réponse page 47
31
Un bateau a fait naufrage. La
mer a rejeté sur la berge toutes
sortes d’objets, retrouve-les !
Epoque moderne
Peindre malgré le danger… eindre malgré le danger…
De nationalité allemande, sans papiers ni e nationalité allemande
permis de travail, Félix et sa femme Felka
vivent désormais dans une petite pension
de famille à Ostende en Belgique ou chez
des amis. Félix aime regarder la lumière des
bords de mer, les pêcheurs réparant leurs
filets, les barques de pêcheurs et la ligne
d’horizon où se confondent le ciel et la mer.
Il produit beaucoup de marines. Le peintre arines
expressioniste belge James Ensor remarque ames Ensor
son travail.
En ı940, la Belgique est occupée par 40, la Belgique
l’Allemagne. Félix Nussbaum se fait arrêter
en tant que citoyen allemand. Interné au
camp de Saint-Cyprien, en France, il s’enfuit
lors du transport et revient à Bruxelles.
Les arrestations contre les Juifs se es arrestations contre les Juifs
multiplient. Félix Nussbaum se cache avec
sa femme chez un marchand d’objets d’art.
Un ami lui donne des toiles pour peindre,
un studio situé au 2, rue Archimède, et de la
nourriture.
Le 2ıjuillet juillet ı944, des Allemands viennent 44
arrêter Félix et Felka. Ils seront déportés à
Auschwitz et assassinés le 2 août ı944, un
mois avant la libération de Bruxelles.
Félix Nussbaum, qui pressentait l’ampleur élix Nussbaum, qui pressentait l’ampleur
de la destruction à venir, écrira : « même e la destruction à venir, écrira : « même
si je disparais ne laissez pas mes images i je disparais ne laissez pas mes images
mourir ». ourir ».
Marines Peinture ayant la mer
pour sujet…
James Ensor James Ensor peintre Belge (ı860-
ı949) qui naquit à Ostende.
1900 1905 1910 1915 1920 1925 1930 1935 1940 1945
1900-1945 1900 1945 1940 Des premiers prisonniers arrivent au camp d’Auschwitz
1938 Retrait du permis de
conduire aux Juifs allemands
1937 Félix et Felka vivent 2, rue Archimède à Bruxelles 1944 Il est
déporté
avec sa
famille à
Auschwitz
1941 Les Juifs
allemands
doivent
porter l’étoile
jaune
1938 Il expose avec les artistes libres de Paris 32 1940 Félix Nussbaum est arrêté puis déporté à Gurs, d’où il s’échappe
Jeu
Vue du studio de la rue Archimède, Félix Nussbaum, ı938
Réponse page 47
Quels sont les détails qui pour
toi te rappellent la liberté?
33
En Israël
Visite du musée isite du musée Nahum Gutman ahum Gutman
1880-1970 1880 1970
Qui est ce peintre qui
illustre des livres en hébreu
alors que l’indépendance
d’Israël n’a pas encore été
déclarée ?
Un jeune homme
qui s’installe avec ses
parents à Neve Tsedek
pour fuir la ville de Jaffa
déjà surpeuplée.
Betsalel et Oholiab décident de faire etsalel et Oholiab décident de faire
une halte à Neve Tsedek, au sud de ne halte à Neve Tsedek, au sud de
Tel-Aviv. el-Aviv.
Ils visiteront le musée de Nahum Gutman avant de prendre une glace sur une
des terrasses qui entourent le musée. Oholiab aime Nahum Gutman et surtout
les illustrations de Bambi, Pinocchio, Simbad le marin réalisées par l’artiste. Ces
livres rédigés en hébreu font partie de la bibliothèque de son école.
1897 Théodore Herzl préside le 1er Congrès sioniste de Bâle
1887
Création
de Neve
Tsedek
1898 Naissance de
Nahum Gutman 1905 Gutman
immigre en Israël 1908 Gutman rencontre le
peintre Arnauld Lehubesky
1906 Boris
Schatz fonde
l’École des arts
de Betsalel
1909 Fondation
de Tel-Aviv
1909 Haïm-Nahman Bialik fréquente la famille Gutman
1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970
34
Jeu
En chemin vers l’école, paru dans le supplément pour enfants du journal Davar de novembre ı96ı.
Réponse page 47
Parmi les détails qui ont été extraits du
dessin, quatre montrent qu’on est dans les
années trente et non pas dans les années
soixante. Retrouve-les !
35
En Israël
Je veux apprendre à dessiner ! e veux apprendre à dessiner !
Il peint les scènes de la vie l peint les scènes de la vie
quotidienne israélienne.
Certaines de ses peintures
sont conservées au
Metropolitan Museum de
New York et au musée d’Art
moderne de Boston.
Nahum Gutman décède en
ı980.
Le musée Nahum Gutman e musée Nahum Gutman
a été fondé après sa mort.
Il est situé à Neve Tsedek,
le premier quartier où il
a habité à son arrivée en
Israël.
Nahum Gutman est né en ahum Gutman est né en ı898 en Bessarabie. Sa famille 98
est très sioniste. À Odessa, son père, le célèbre écrivain
Simha Ben Zion, est professeur dans une école où toutes les
matières sont enseignées en hébreu. En 1905, la famille émigre
en Israël. Nahum est âgé de sept ans.
À 15 ans il décide d’arrêter ses études pour apprendre le
dessin à l’Académie d’art de Betsalel à Jérusalem. Là, il suit
les cours de Boris Schatz et d’ oris Schatz Abel Pann. bel Pann
En ı9ı7, année de la Déclaration Balfour, Nahum Gutman , année de la Déclaration Balfour
s’engage comme volontaire dans les bataillons juifs de
l’armée britannique et se retrouve en Égypte comme garde
dans un camp de prisonniers turcs.
Après la guerre, il se rend en Europe, à Vienne, Berlin et Paris
pour compléter ses études d’art. À vingt-huit ans, il revient
en Israël et expose pour la première fois au théâtre Ohel à
Tel-Aviv. On est en ı926.
Boris Schatz Boris Schatz (ı866-ı932) est
originaire de Vilnius. C’est lui
qui lance l’idée d’une école d’arts
en Palestine en ı903, alors sous
occupation ottomane. L’école voit le
jour en ı906.
Abel Pann Abel Pann est né en Lettonie (ı883-
ı963). Invité par Boris Schatz, il
s’établit en Palestine en ı920 pour
enseigner à Betsalel.
Déclaration Balfour Déclaration Balfour Le 2 novembre
ı9ı7, le Royaume-Uni publie une
lettre dans laquelle il se déclare en
faveur d’un Foyer national juif en
Palestine.
1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970
1880-1980 1880 1980 1911 L’École
de Betsalel
compte 460
étudiants
1910 Emménage à Ahuzat
Bayit près de Jaffa 1913 Gutman s’inscrit à Betsalel
1914-1918 Première
Guerre mondiale
1914 Gutman retourne
à Tel-Aviv
1915 Jabotinsky lance l’idée d’une Légion juive
1917 Déclaration Balfour. Promesse d’un Foyer national juif
1920 Départ pour Vienne
36
Réponse page 47
J
Retrouve les sept erreurs !
eu
Original Copie Chabbat à Tibériade ı928, Musée Nahum Gutman.
37
En Israël
1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970
1880-1970 1880 1970
Les sculptures en terre glaise es sculptures en terre glaise que vous
voyez ici n’auraient sans doute pas existé
si Nahum Gutman n’avait pas dû subir
une opération des yeux. Les docteurs lui
interdirent de peindre ou dessiner. Ne
supportant pas l’inactivité, il se mit à
travailler l’argile, nous laissant plus d’une
centaine de figurines et objets de petites
dimensions.
Les formes données à es formes données ces sculptures
trouvent leur source dans une histoire qui
lui est arrivée.
Lors de la guerre d’Indépendance, il découvrit
une ancienne jarre à moitié enfouie dans le
sable. Il la rapporta sous sa tente, la plaça
devant son lit de camp et se mit à méditer sur
sa forme : plus il la regardait plus il imaginait
des personnes vivantes à travers ses formes
arrondies. Ce sont ces hommes et ces femmes
qu’il voyait chaque jour que nous retrouvons ici.
À partir de la forme d’une jarre, Nahum partir de la forme d’une jarre
Gutman crée un homme à deux visages, une
sorte de Janus.
L’un exprime la colère. ’un exprime la colère Ses bras sont élevés,
ses jambes semblent en mouvement. La
deuxième face, par contre, représente le même
personnage plus rasséréné. Ses jambes sont
repliées sous lui, ses yeux sont fermés.
En se basant sur la forme d’une jarre et de deux
anses qu’il transforme en bras sommaires,
Nahum Gutman réussit à exprimer des
sentiments contraires : la volonté de
convaincre, la satisfaction d’avoir convaincu.
A quoi me fait quoi me fait penser cette jarre ? enser cette jarre ?
La double face – face ı La double face – face 2 – Musée Nahum Gutman
1923 Mustafa Kemal fonde la
République turque
1917 Gutman est chassé de
Tel-Aviv par les Turcs 1923 Séjour à Berlin. Il dessine
une série de gravures sur Job
1925 Fondation de l’Université hébraïque de Jérusalem
1948 Indépendance d’Israël 1956 Campagne
de Suez
1950 Gutman publie Sipourim
Metzuiarim
1961 Réalisation de
mosaïques pour
l’immeuble du 38 Rabbinat de Tel-Aviv
Jeu
1. Mais c’est absurde, je suis restée chez moi toute la journée !
2. Mon poisson était sur le rebord de la fenêtre !
3. C’est toi qui l’as pris !
4. Arrête de crier !
La Dispute des voisines ı968-ı972. Musée Nahum Gutman
Reconstitue le dialogue des
deux voisines.
Réponse page 47
39
6
Artiste contemporain
La plusgrande Mezouzah grande Mezouzah du monde u monde
Rabbi Ichmaël Rabbi Ichmaël Contemporain de
Rabbi Aquiba
Comme vous le savez, c’est avec les 22 lettres de l’alphabet omme vous le savez, c’est avec les 22 lettres de l’alphabet
hébraïque que D-ieu a donné la Torah. C’est la raison pour
laquelle les scribes prennent leur travail très au sérieux.
D’ailleurs, rabbi Ichmaël conseillait : abbi Ichmaël
Tout d’abord, il faut que tu saches, Betsalel, que c’est au out d’abord, il faut que tu saches, Betsalel, que c’est au
Moyen-orient qu’est né l’alphabet. Pour la première fois, on oyen-orient
a associé un dessin à des sons. Chez les Égyptiens, il fallait
dessiner des actions. Ainsi, pour écrire « regarde l’eau », il
fallait dessiner un œil et de l’eau.
Les lettres ont changé de forme avec le temps mais le Talmud es lettres ont changé de forme
nous enseigne que les tables de la Loi ont été gravées en
écriture carrée. Savez-vous ce qui nous l’indique ?
D’après le Talmud (Shabbat ’après le Talmud (Shabbat ı04 ı) l’Éternel a gravé l’Éternel a gravé
les tables de la Loi sur toute l’épaisseur de la es tables de la Loi
pierre. À la place du « aleph », il y avait un
trou en forme de « aleph ». Or deux lettres
posaient problème : le « mem » et le « samech
» qui sont des lettres fermées, un peu
comme des « O ». La partie intérieure
de ces deux lettres aurait dû tomber.
Or les morceaux de pierre qui forment
le centre des deux lettres sont restés
miraculeusement en l’air. C’est de là que
nous savons que D-ieu a écrit les Dix
commandements en écriture carrée.
« Sois très soigneux car ton travail
est une œuvre divine, s’il manquait
une lettre ou si tu en ajoutais une, le
monde tout entier serait détruit »
(Talmud bab. Sota 20 a)
Avraham Hersh Borshevsky qui habite vraham Hersh Borshevsky qui habite
Jérusalem invite Oholiab et Betsalel à érusalem invite Oholiab et Betsalel à
venir voir son chef-d’œuvre : la plus enir voir son chef-d’œuvre : la plus
grande Mezouzah du monde. rande Mezouzah du monde. Mais avant de la leur montrer, il ne peut s’empêcher
de leur parler de son amour des lettres hébraïques.
40
7
Jeu Réponse page 47
Vrai ou faux ?
1. La Mezouzah d’Avraham
a 94 cm de long.
2. Le Mezouzah d’Avraham
est écrite sur 22 lignes.
3. Elle est écrite sur un
parchemin d’un animal
cacher.
4. Le texte est composé
d’extraits du Deutéronome,
6, 4-9 et 11, 13-21.
5. On doit mettre une
Mezouzah sur toutes les
portes de la maison
6. Le texte de la Mezouzah
reprend la prière du
Chema.
7. La Mezouzah d’Avraham
est conservée au musée
contemporain de la
Calligraphie à Moscou.
8. La Mezouzah d’Avraham
a été écrite Jérusalem.
Comment sait-on
en quelle écriture
D-ieu a inscrit les
Tables de la Loi ?
Pourquoi les scribes
sont-ils si soigneux
dans leur travail ?
41
Photographe en herbe
Yom Kippour vient de finir. C’est bientôt le 15 Tichri et la fête des cabanes.
Betsalel et Oholiab se promènent dans Jérusalem pour photographier les souccot.
Y-a-t-il des souccot dans ton quartier ? Près de ta synagogue ?
Photographie la plus belle et envoie-la-nous au
Voyage de Betsalel sans oublier d’ajouter ton
nom, ton âge, une photo, ton courriel et la
ville où tu habites.
Si ton cliché est choisi, tu pourras le voir
s’afficher dans la galerie virtuelle du Voyage de
Betsalel.
Félix Nussbaum élix Nussbaum
p. 23 :
p. 25 :
p. 27 : Les couleurs fraîches du printemps,
l’arbre en fleurs, les deux personnes
qui jouent, l’échelle, le linge qui
sèche à l’air libre…
Visite au musée Nahum Gutman isite au musée Nahum Gutman
p. 31 : Électrification, (1930) ;
un homme qui transporte du pain
sur; un âne (1930) ;
un homme sur un chameau (1930) ;
le tracteur (non daté) ;
une vache près d’une maison
(non daté) ;
un palmier (non daté).
p. 33 :
La plus grande Mezouzah du monde a plus grande Mezouzah du monde
p. 41 :1. V ; 2. V; 3. V ; 4. V ; 5. F ; 6. V ;
7. V ; 8. V.
Moïse à Doura-Europos oïse à Doura-Europos
p. 7 :
p. 9 : 1 2 3 4
on remarque que la scène se lit
de droite à gauche.
p. 11 : 5
Un mariage vénitien n mariage vénitien
p. 15 : 1 2 3 4 5 6
p. 17 : Jérusalem : le Temple, les
remparts, les montagnes de Judée.
Italie : les tours, les bannières, les
clochers, les toits recouverts de
tuile.
p. 19 : C. hébraïque C. grégorien
7 nissan mars-avril
8 iyar avril-mai
9 sivan mai-juin
10 tammouz juin-juillet
11 av juillet-août
12 eloul août-septembre
1 tichri septembre-octobre
2 h’echvan octobre-novembre
3 kislev novembre-décembre
4 tévet décembre-janvier
5 chevat janvier-février
6 adar février-mars
adar II mars-avril
Solutions des jeux olutions des jeux
47
Couverture : Collection de la famille Gross, Israël. | Page 3 : Collection privée, VG Bild-Kunst, Bonn 2010. | Page 15 : Collection des Ketoubot
du Fonds de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Jérusalem. | Page 17, 18 : Collection des Ketoubot du Fonds de la Bibliothèque
Nationale et Universitaire de Jérusalem. | Page 20 : Collection de la famille Gross, Israël. | Page : 24, 25 : Collection de la famille Gross, Israël |
Page 27 : Collection de la famille Gross, Israël. | Page 29 : Fonds Félix Nussbaum Osnabrück, VG Bild-Kunst, Bonn 2010. | Page 31 : Collection
Privée, VG Bild-Kunst, Bonn 2010. | Page 33 : Musée de Yad Vashem. | Page 35 à 39 : Fonds du Musée Nahum Gutman, Israël. | Page 40-41
: Abraham Borshevsky. | Page 47 : Fonds Félix Nussbaum Osnabrück, VG Bild-Kunst, Bonn 2010 ; Fonds du Musée Nahum Gutman, Israël.
Crédits Photographiques rédits Photographiques
D’où vient cette Hanoukiah ?
C’est intéressant, il faudra la
montrer à Oholiab !
Dans le prochain numéro… Dans le prochain numéro…
– BD Betsalel et Oholiab – BD Betsalel et Oholiab
– Les pièces de monnaie sous Bar Kokhba – Les pièces de monnaie sous Bar Kokhba
– La Bible de Perpignan – La Bible de Perpignan
– La synagogue de Bordeaux – La synagogue de Bordeaux
– Visite du musée d>art islamique – Visite du musée d>art islamique
– L’interview d’Eliahou Sidi – L’interview d’Eliahou Sidi
– BD Incendie rue Causserouge – BD Incendie rue Causserouge